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lundi 12 mars 2018

La prise de Calais selon Jéhan Froissart 1346-1347

Après la bataille de Crécy, Edouard III va faire le siège de Calais, pendant onze mois !, tenant fortement la position et affamant la population. Le roi de France, Philippe VI de Valois, benêt notoire (selon les chroniqueurs de l'époque), ne fera rien de bon, se contentant de se rendre avec son armée jusqu'à Sangatte, pour repartir quelques jours plus tard la queue basse sans combattre.


Je me propose pour complaire à mes lecteurs, de vous relater la prise de la cité selon Jéhan Froissart (voir article), Jéhan n'a que dix ans lors de ces événements, mais à partir de 1362, alors qu'il est le secrétaire de Philippa de Hainaut, Reine d'Angleterre, il utilisera les chroniques de Jean le Bel, puis interrogera les acteurs de cette scène historique.

Précisons que ce chroniqueur vie parmi les grands des royaumes  d'Angleterre ou de France, il est poète, aime tournois et récits d'amour courtois, idéalise la chevalerie et le cycle Arthurien dont se gargarisent toute cette catégorie de la société médiévale du XIV siècle, il réécrira ses chroniques en fonction des demandes de ses différents protecteurs tout au long de sa carrière de chroniqueur, relatant la geste des grands de cette Europe de fin du moyen âge.








Or donc, ainsi s'approchait le roi Philippe avec toute sa grande puissance et vint jusqu'au mont de Sangatte, entre Calais et Wissant, les français chevauchaient brillamment armés, comme s'ils étaient prêts à combattre, bannières déployées !!C'était belle chose à voir et quand les défenseurs de Calais appuyés sur leurs murailles, les virent poindre bannières et pennons au vent ils en eurent grande joie! se croyant déjà débarrassés et délivrés de leur siège.

Quand le roi de France ce fut logé sur le mont de Sangatte il envoya ses maréchaux, le seigneur de Beaujeu et le seigneur de Saint Venant, pour regarder et aviser par ou son armée pourrait le plus aisément passer, pour approcher les Anglais et les combattre (nota: ils avaient trop attendu, les Anglais avaient eut largement le temps de pourvoir à leurs défenses)

Ores il n'y avait que deux chemins, l'un par les dunes que le roi  Anglais avait bloqué par ses vaisseaux, chargés de bombardes, arbalétriers et archers, l'autre était garni de fossés, fondrières et marécages, il n'y avait qu'un seul pont permettant l'accès qu'on appelait le pont de Nieulay, tenu par le Comte de Derby avec grande foison de gens d'armes et d'archers. Les deux seigneurs après avoir considéré les passages et détroits s'en retournèrent auprès du roi et lui dirent en brèves paroles qu'ils ne voyaient aucun moyen pour lui d'approcher les anglais.









Le lendemain après messe le roi Philippe envoya un grand message au roi d'Angleterre, les messagers passèrent le pont de Nieulay avec la permission du Comte de Derby, les quatre chevaliers purent aviser et bien considérer le rude passage et comme le pont était bien gardé, ils vinrent jusqu'au roi d'Angleterre entouré d'un grand nombre de ses barons. Il me faut la faire un commentaire! car la demande du roi de France faites au roi d'Angleterre, prouve deux choses, sa bêtise et son aveuglement provoqué par son idéal chevaleresque des légendes Arthuriennes, jugez plutôt !!!!

Ainsi s'exprime le roi de France par la bouche d'Eustache de Ribaumont, Sire le roi de France nous envoie vers vous et vous signifie qu'il est arrêté sur le mont de Sangatte pour vous combattre, mais il ne peut trouver chemin pour arriver jusqu'à vous c'est chose impossible! Il verrait volontiers que vous réunissiez quelques personnes de votre conseil et des siens, afin que de l'avis de tous soit choisi un lieu pour combattre !!!

La réponse sera cinglante!! Edouard III est tout sauf un rêveur : J'ai bien entendu ce que vous requérez de moi, dites lui donc, de par moi, que je suis en cet endroit et que j'y ai demeuré depuis près d'un an, il l'a bien su et il serait venu plus tôt s'il avait voulu. Je ne puis donc faire à son gré et à son plaisir, ni abandonné ce que j'ai conquis, dites lui que si ses gens ne peuvent passer par la !! qu'ils cherchent à l'entour pour trouver une voie!!!









Or sachez que de tous ces parlements et délais ennuyaient cruellement ceux de Calais qui loin de la délivrance continuaient à jeûner! et pendant qu'on parlementait le roi d'Angleterre faisait faire de grands fossés sur les dunes afin que les Français ne pussent venir les surprendre.Quand le roi Philippe vit que Calais était perdu pour lui, il en fut durement courroucé et se retira sans rien faire, on leva donc les tentes en grande hâte et le roi pris le chemin d'Amiens, donnant congé à toutes sortes de gens d'armes dont il n'avait plus besoin, quand ceux de la ville virent le délogement de l'ost ils en furent tout déconfits et désolés !

Ils étaient en si grande détresse de famine, que les plus forts et les plus robustes se soutenaient à grand peine, ils tinrent donc conseil et il leur sembla qu'il valait mieux se soumettre à la volonté du roi d'Angleterre, s'ils pouvaient en obtenir plus grand merci que de se laisser mourir de famine!

Si prièrent ils messire Jean de Vienne, Capitaine de la garnison de monter aux créneaux de la ville et de prendre langue avec les Anglais, ce sera le sire Gauthier de Mauny et le sire de Basset, qui reçurent la demande et en firent part au roi d'Angleterre !








La colère d'Edouard III était grande car il haïssait fort les habitants de Calais, à cause des grands maux et dommages que du temps passé ils avaient fait sur mer aux Anglais !! Il faut bien avouer que les raids des marins Français en mer et sur les côtes d'Albion furent féroces, brûlants villes et bourgs, massacrant la population, pillant et forçant femmes et filles.

Il fut décidé après que le roi fut calmé, que la ville serait vidée totalement de ses habitants, hormis six Bourgeois, nu-tête, nu pieds, en chemise avec la corde au col, dont il ferait son bon plaisir. Quand ils furent à genoux devant lui, le monarque les regarda avec si grande colère qu'il ne pouvait mie parler, mais commanda qu'ils eussent tantôt la tête tranchée ! l'entourage du roi le priait de bien vouloir avoir pitié!

Taisez vous répondit il, en grinçant des dents ceux de Calais on fait mourir tant de mes gens qu'il me faut faire mourir ceux ci, alors la Reine qui était grosse de son fruit, se jeta à genoux et implora que lui fussent donné les six bourgeois. Le roi tarda à parler, mais il eut peine à la courroucer au point ou elle en était de sa grossesse et n'osa lui refuser, tenez dit il, je vous les donne ; faites en votre bon plaisir!! Ainsi fut prise la ville de Calais dont le siège avait commencé en l'an de grâce 1346 au mois d'août et conquise l'an de grâce 1347 du même mois





Ensuite il ordonna à monseigneur Gauthier de Mauny et à ses deux maréchaux le comte de Warwick et le Baron de Stafford de prendre saisie et possession de la ville, de prendre tous les chevaliers Français les mettre en prison, ou de leurs faire jurer foi et rançon, puis de faire quitter la ville à tous les autres soldats qui n'étaient la que pour gagner leur argent, ainsi que toute la population de cette ville, car je désire la repeupler de purs Anglais !!! Tout fut fait ainsi que le roi le commanda. Le roi Edouard resta à Calais au château de la ville, jusqu'à ce que la reine fut relevée, après la naissance d'une fille qui eut nom Marguerite.


PS: j'ai pris quelques libertés au niveau de la longueur des textes du Chroniqueur Jéhan Froissart, mon but étant de faire un article et non une chronique, Calais restera Anglaise 211 ans, jusqu'en 1558  M de V



samedi 10 mars 2018

La Bataille de Castillon 1453

Pour les Français, le contentieux était lourd, car ce qui s'achève à Castillon avait commencé trois cents ans plus tôt, grâce aux frasques de la très ravissante Aliénor, Duchesse d'Aquitaine, le tout aggravé par son mariage Anglais !!

Ils s'agissait de laver également les affronts afin d'oublier les défaites de Crècy, Poitiers et Azincourt lors de cette guerre qui durait ma fois, depuis 116 ans  !!

Sans oublier bien sur Calais !!!
qui plantée comme un furoncle dans le fessier Français restait Anglaise ce qui peut être gênant pour l'assise du royal postérieur de la France !!!, bon d'accord j'arrête de taquiner les Lys du royaume ! Ok !! mais un peu d'humour cela détend l'atmosphère de cette page d'histoire de notre pays non ???





La confrontation au son du canon fut grandiose et ce rendez vous de l'histoire fut fatal aux léopards ! Plantons le décor, quelques jours avant la rencontre, le chef Anglais John Tablot, menait ses troupes à la reconquête de la Guyenne.

Il faut dire que l'hégémonie Anglaise sur les côtes atlantiques étaient mise à mal, car depuis peu la Normandie était revenue dans le giron de la France, et Charles VII concentrait désormais ses efforts sur la Guyenne que l'Angleterre avait de nouveau fait sienne !

Tout ne se passait pas au mieux pour le roi de France, les Aquitains menés par leurs seigneurs et les bourgeois, édiles ou jurats, renâclaient à l'idée de se soumettre!! Les exigences du roi de France allaient au rebours de leurs estomacs et faisaient regretter la tutelle Anglaise !

Les nouveaux impératifs commerciaux et l'annulation des privilèges, firent beaucoup, et en 1452 Bordeaux retombait une nouvelle fois dans l'escarcelle de l'Angleterre.








Or donc en 1453, les Français constituent une armée et se dirigent sur la ville rebelle, ils vont prendre la petite cité de Gensac, qui fort peu défendue tomba pratiquement sans coup férir! les troupes poursuivent vers Castillon, mais ne vont pas battre remparts, car les défenses de la ville sont imposantes !!

Ils vont établir à l'est et à moins d'une lieue, un camp fortifié, sur la rive droite de la Dordogne. nous y trouvons une armée composée d'une dizaine de millier de soldats, francs archers, arbalétriers et gens d'armes des compagnies de l'ordonnance (voir article), fort bien organisés et disciplinés l'armée de France avait retenue la leçon, elle avait évolué dans le bon sens ! Une armée royale voyait le jour, de Charles V à Charles VII elle avait beaucoup appris de ses erreurs !!! aucune comparaison possible avec l'ost désordonné de Crècy, Poitiers ou Azincourt !







La guerre avait évolué, il y avait surtout 300 canons sur roues très mobiles, manoeuvrés par six ou sept cent servants dirigés par les frères Bureau, Jean et Gaspard étaient des stratèges dans leur domaine !!!, nous ajouterons  à cela mille recrues fraîchement arrivées de Bretagne.

Côté Anglais, les forces se composaient de six à sept mille hommes, renforcés par fort contingent de combattant Gascon de trois mille hommes

Les officiers, Connétable et maréchaux de Charles VII, vont décider de battre une fois pour toute l'armée anglaise d'Henri VI, ils vont au préalable placer un verrou de 700 hommes d'armes au prieuré de Saint Florent au nord ouest de leur position afin de protéger le dispositif de l'armée royale.








Au matin du 17 juillet, Talbot ordonnait d'emporter la position française de ce petit retranchement, ce qui fut fait tambour battant, la garnison submergée s'enfuit après quelques corps à corps féroces, les anglais vont mettre en perce quelques futailles abandonnées par les français et permettant de fêter cette brève victoire.

L'affaire s'engageait au mieux pour le parti Anglais, qui après leurs agapes décident d'entendre la messe, passant allègrement du ciboire aux prières !!

C'est alors que des guetteurs les informent d'un mouvement de repli des troupes françaises, de forts nuages de poussières étaient effectivement visibles et s'élevaient de leurs lignes de front !!








Sinistre méprise ! on sut plus tard, la poussière provenait du fait que les français continuaient avec entrain leurs installations défensives, faisant évacuer chariots et matériel qui n'était pas indispensable au dispositif de combat ! Talbot voulu poursuivre son avantage, ce chef de guerre vieillissant, âgé de 69 ans est en dehors de la réalité guerrière de ce milieu du XV siècle, il lui semblait loisible de croire qu'il pouvait mettre en déroute ces impudents français !!

Depuis des décennies la réussite militaire d'envergure était du côté des léopards, il venait de commettre une erreur fatale, identique à celle qu'avaient commis les français à Crècy, Poitiers et Azincourt, il avait omis la reconnaissance du terrain !! 









Les godons vont se trouver face à un parc d'artillerie inconnu à ce jour !! et fort loin de ces piètres bombardes et couleuvrines sans effet qu'étaient les premières bouches à feu du XIV siècle !!!

Les défenses françaises avaient été installées en trois jours seulement, savamment disposées et diablement efficaces et protégées par un talus sinueux aux ouvertures permettant les tirs croisés.

L'ensemble dominait la plaine jusqu'à la Dordogne, le dispositif était infranchissable, hormis par un seul et unique guet, le pas de Rozan, véritable piège pour la cavalerie et  un bourbier infâme pour l'infanterie !!

Les trois cent bouches à feu ouvraient leurs gueules noires et béantes, prêtes à vomir, feu, acier et mitraille sur les anglais, à l'ouest des bosquets et une forêt  empêchait tout déploiement de troupes, au nord la Lidoire grossie par un barrage représentait un obstacle impossible à franchir !

Nos anglais pressés par leur trop vieillissant chef, ne vont pas attendre leur propre artillerie ni leurs renforts et vont se jeter à l'assaut du camp fortifié ou attendaient les français !! offerts en sacrifice par un vieux fou qui pensait que le courage était un rempart contre la mitraille !!!







Le carnage fut effrayant, les troupes à pied, empêtrées dans leurs équipements étaient embourbés par les pièges du terrain, ne pouvant ni se protéger ni se dissimuler et les décharges d'artillerie les abattaient comme blé mur, ils se regroupaient cependant, pauvres chairs envahies de peur, mais de nouvelles salves les fauchaient !!!

Une heure après le début des hostilités, la cavalerie bretonne intervenait pour les mettre en déroute. Puis les piétons vont entrer dans la danse pour terminer le grand massacre.

Talbot ira jusqu'au bout ! fidèle à sa parole il ira au combat sans armure, son cheval abattu et lui même déjà blessé il sera achevé d'un coup de hache, la débandade va devenir générale !, beaucoup vont se noyer en tentant de traverser la Dordogne

Il sera fait quelque sept cent prisonniers, les fuyards vont se réfugier sur Saint Emilion ou sur Castilllon






La guerre de cent ans se stoppa ainsi et par la même le conflit opposant la France et l'Angleterre.

Le fait troublant de l'histoire, reste qu'aucun traité de paix ne fut signé ! et ce n'est que 22 ans plus tard, en 1475, que le document du traité de Picquigny, qui n'était qu'une simple trêve, représentera le seul acte officiel marquant la fin de cette guerre de cent ans !!!

Ce traité permettait à Louis XI de monnayer le départ de troupes Anglaises venues en France à l'appel du Duc de bourgogne, Charles le téméraire . Les anglais ne sont pas mécontents de ce traité, car la guerre des deux roses (voir article) fait rage chez eux, opposant les York aux Lancastre, une rose blanche contre une rose rouge !!!!!

PS: voir articles Warwick, Marguerite d'Anjou et la guerre des deux roses M de V










mardi 6 mars 2018

Sarlat et le traité de Brétigny

Mettant à profit la défaite de Poitiers et la captivité du roi, des bandes armées ravageaient le Sarladais !! et Gilbert de Domme conçu le projet  de livrer la cité aux Anglais.


C'est avec la complicité de deux marchands de la ville, Bernard et Sicard Donadeï, qu'il monta cette entreprise, mais ils furent découverts, Bernard mourut en prison et Sicard cousu dans un sac fut noyé dans la Cuze.


En représailles Gilbert de Domme ravagea les faubourgs de la ville et dévasta les environs, les Sarladais n'obtinrent la paix  qu'en lui versant cinq cent Florins.


Le jour vint, ou aux calamités que les Sarladais avaient supportés, s'ajouta la souffrance morale de la domination Anglaise.

Le Périgord comptait au nombre des régions de France que le roi Jean II le Bon cédait aux Anglois, par le traité de brétigny. Il y eut indignation et sourdes révoltes, mais la soumission était le lot des perdants! ce pathétique roi de France délia ses sujets de leur serment de fidélité et les habitants de Sarlat durent en prêter un autre au roi Edouard III d'Angleterre.

Ce piètre roi, pétris d'idéal chevaleresque, sans aucun sens de ses devoirs de roi, digne fils de son père Philippe VI premier des Valois, et de son grand père cette baudruche de Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel et hypothétique roi de Constantinople !!!!!!







En 1360 l'illustre Capitaine John Chandos, vint à Sarlat pour recevoir au nom de son suzerain Edouard III d'Angleterre, le serment de fidélité de la population de cette ville, des terres, tenures et populations qui en dépendaient.

Il y retrouve Jean I le Meingre (dit Boucicaut), Maréchal de France, qui se trouvait sur place pour préparer tant que faire se peut les esprits du cru à cette sinistre tâche !

Mais plusieurs causes vont contribuer à adoucir le joug de la domination Anglaise, premièrement Albion n'est pas stupide ! elle ne changera rien dans la situation et l'administration  de la cité, que ce soit sur le plan judiciaire ou religieux.

Le 2 janvier 1361, John Chandos va confirmer tous les anciens privilèges de cette ville au nom du roi d'Angleterre










En septembre 1361, Elie de Salignac évêque de Sarlat sera nommé Archevêque de bordeaux et remplacé dans la cité périgourdine par Austence de Sainte Colombe, c'était un prélat fort dévoué au parti anglais !!!

Le nouvel évêque jouissait d'une grande faveur, tant auprès d'Edouard III, qu'à Bordeaux auprès d'Edouard de Woodstock, Prince de Galles, Duc d'Aquitaine, surnommé plus tard le Prince noir.

Pour son fils, en 1363 le roi d'Angleterre, va ériger le Duché en Principauté et ce fut cet évêque de Sarlat qui recevra le privilège de se rendre en délégation auprès du Pape pour lui notifier la décision du roi d'Angleterre.








Ce prélat fit tout son possible pour faire aimer aux sarladais leurs nouveaux maîtres ! faisant accorder des privilèges permettant de les rattacher étroitement aux rois Anglais.


Les circonstances vont l'aider, les souvenirs des malheurs passés vont s'estomper et grâce à l'état de calme et de prospérité renaissante qui suit le traité de Brétigny, aideront le prélat dans sa propagande antifrançaise !!

Les sarladais jouiront de cette paix, ils la croiront même durable ! Dans cette époque ou l'esprit de clocher domine, ou le peuple ne connaissait comme patriotisme, que le patriotisme local, ils vont accepter leur sort comme des gens pratiques ce qu'ils étaient au demeurant.

Ne généralisons pas pour autant et aller jusqu'à croire que l'on aima l'Anglois dans la région, il restait même détesté dans les traditions locales !!

Mais en 1360 et dans les quelques années de paix qui suivront ce fameux traité, aucune révolte ne fut à déplorer, les sarladais ne songèrent qu'à profiter de cette paix , embellir et fortifier leur ville !








A Bordeaux ou il avait établi sa résidence, Edouard le prince noir, vivait au milieu des délices et du faste d'une des plus brillante cours d'Europe !

Dépensant follement les revenus de ses provinces en fêtes et tournois sans cesse renouvelés, il faut dire que le prince était aussi dépensier qu'il était donnant envers ses amis et les fidèles serviteurs de sa principauté !

Mais ses provinces dévastées par les guerres continuelles étaient pauvres et souffraient de la dilapidation de leurs maigres ressources.

Tout fut consommé lorsqu'en 1368 le prince convoqua les états généraux pour obtenir des subsides plus élevés, ses besoins financiers étaient dus au fait que la campagne Hispanique pour la Castille qui l'avait opposé au parti Français avait épuisé sa trésorerie !

De plus les Castillans n'avaient pas remboursé la dette financière contractée envers le prince noir et celui ci avait contracté une maladie lors de cette campagne qui le laissait amoindri physiquement, le roi Charles V de France va sauter sur cette opportunité et relancer la guerre de cent ans, en 1369, il n'y aura pas moins de 921 villes, bourgs et châteaux qui auront rejoint le mouvement insurrectionnel !




PS: Les Sarladais  partagent au Moyen âge toutes les idées, toutes les passions et tous les préjugés de l'époque. Or donc écrire l'histoire de leur vie sociale, dans cette période, reviendrait à écrire celle de tous leurs compatriotes Français !

Il y avait à Sarlat comme partout, des corporations d'ouvriers, d'artisans de chaque métiers, unis entre eux et obligés d'observer les règles communes de travail et de vente, leur liberté était donc restreinte et l'initiative personnelle limitée. Car comme dans toute corporation de métier, seul le fils du maître pouvait espérer devenir maître à son tour (voir article sur les métiers).

Ces inconvénients étaient rachetés par des avantages précieux, pas de pression au niveau du rendement, pas de concurrence dans les métiers et pas de jalousie entre marchands et artisans car les maîtres des guildes y veillaient. Il existait entre les membres des corporations un lien de confraternité, ils s'entraidaient et ils s'aimaient ! le pauvre était sur de trouver des ressources et le malheureux du secours auprès de ses compagnons plus aisés.

Sarlat était un centre administratif, religieux et commercial qui avait acquis une importance remarquable au moyen âge car tout le favorisait, d'abord de part sa situation au milieu d'une verte région boisée ou tous les groupes sociaux étaient faibles, et la sécurité que la cité procurait par ses fortes murailles au fond de son vallon qui la rendait pratiquement imprenable, alors que les campagnes environnantes étaient désolées par les guerres. C'est à partir de 1368 que Charles V et Du Guesclin vont entamer la reconquête du pays M de V

lundi 26 février 2018

N°130) Philippe de Commynes l'autre chroniqueur

Sans contestation possible, Jéhan Froissart fut le chroniqueur incontournable du XIV siècle (voir article), Philippe de Commynes sera celui du XV siècle, nous pouvons affirmer que le seul point commun entre les deux hommes, fut qu'ils étaient tous les deux Flamands !


Si Froissart était un Clerc, Commynes lui était Laïc, né vers 1445, d'une riche famille de la bourgeoisie, on peut avancer l'hypothèse que son éducation fut bâclée, car il ne savait pas le latin, langue des doctes et des savants de l'époque.

Il est attaché un temps à la Maison du Comte de Charolais, possession du vaste empire Bourguignon, le Comte n'est autre que le jeune Charles, futur Duc de Bourgogne, qui sera bientôt nommé le téméraire !!!!


Puis il changera d'allégeance, pour servir le Roi Louis XI, la constante amitié des deux hommes et les grands services qu'il va rendre au monarque, lui assurent une haute situation et d'immenses richesses. A la mort du roi il sera disgracié et suivant son expression " tâta des fameuses cages de fer ", comme on dit: Arx tarpeia capitoli proxima !!!!!! ou des honneurs à la déchéance.








Mais comme Jean Bourré, autre fidèle serviteur de l'universelle araigne ( voir article ), il continuera de servir les rois qui vont suivre !

Charles VIII ne pouvait se passer d'un conseiller et d'un diplomate comme Commynes! qui s'il ne connaissait pas le latin, maîtrisait à fond l'italien, l'espagnol, le flamand et l'allemand, il servira aussi sous Louis XII et restera en faveur jusqu'au dernier moment (1511)

Il ne faut demander à Commynes aucune des qualités de Froissart, son prédécesseur ! Chez lui toute la partie descriptive est faible, il ne se met pas lui même en scène.

Son oeuvre est impersonnelle, il décrit et commente les actions politiques, il a vu Louis XI donner le coup de grâce à cette chevalerie obsolète, représentée par un personnage comme Charles le téméraire.








La diplomatie commence son règne en Europe, dans cette toute fin du Moyen âge ! Philippe de Commynes a senti passer le souffle des temps nouveaux.


Ainsi dans ses mémoires comprenant, les chroniques de Louis XI et de Charles VIII il nous fait assister à la fin des luttes féodales ! et à l'avènement de la guerre moderne ( voir article Louis XI et ses instructeurs militaires Suisses)

A l'inverse de Froissart, il méprise les grands coups d'épées, les prouesses héroïques prisées par les grands du royaume !  Ce qui l'intéresse ce n'est pas le détail pittoresque d'un événement, mais la suite et l'enchaînement logique!


Commynes sait analyser et juger avec une clairvoyance impitoyable, chacun des acteurs qu'il met en scène ! Cet historien Philosophe cherche à comprendre les événements à en découvrir les causes, il mesure leurs portées et prévois les conséquences, mais c'est aussi un homme qui possède une haute idée des devoirs de la royauté.

Commynes reste un grand esprit, mais ce n'est pas un artiste, il ne fait nul poésie comme Froissart, son style n'a ni éclat ni relief, mais il est clair, précis et solidement conçu !!!









Voici une partie du portrait qu'il nous trace de Louis XI dont il admire le génie politique.

Entre tous ceux que j'ai jamais connu, le plus sage pour se tirer d'un mauvais pas dans les moments d'adversité, était le roi Louis XI, notre maître et le plus humble en paroles comme en habits.

Il travaillait sans relâche à gagner un homme à sa cause, qui le pouvait servir ou qui pouvait lui nuire! Nullement rebuté par les refus d'un homme qu'il essayait de gagner à sa cause, il continuait sans relâche promettant largement, donnant argent et charges.

Quand à ceux qu'il avait chassé en temps de paix et de prospérité, ils les rachetaient bien cher quand il en avait besoin, s'en servant et ne les tenant en nulle haine pour les choses passées.

Il était naturellement l'ami des gens de moyen état, et l'ennemi des grands qui pouvaient se passer de lui ! Nul roi ne prêta tant l'oreille aux gens, ni ne s'enquit de tant de choses pour les connaître, cette façon de pratiquer lui sauva sa couronne !

Vu les ennemis qu'il s'était lui même acquis lors de son avènement en royauté!, bien lui servit sa grande largesse. Mais si tant est qu'il se conduisait sagement dans l'adversité, à l'opposé dès qu'il se sentait en sécurité ou lors de trêves, il se mettait à mécontenter les individus, car il était léger en paroles, parlant des gens même en leurs présence, sauf de ceux qu'il craignait et qui étaient nombreux, car il était craintif de nature !!!








PS: j'ai évité de mettre les images d'un Louis XI retors et démoniaque sur cet article cela fait trop cliché, et ne représente pas la réalité historique du personnage M de V

jeudi 22 février 2018

Deux Rois pour l'Aquitaine

Le Léopard et le Lys se combattirent tels des titans d'un autre temps. Dans chaque camp nul ne recula d'un pouce, on préférait s'estropier que de céder.

Dans la marmite du diable le ragoût mijotait à gros bouillons, comme des bulles, les vies venaient y crever en surface, car était advenu le temps des règlements de compte, et personne ne s'en priva.

Par la vanité des familles, la suffisance des seigneurs, l'égotisme des individus, l'outrecuidance des suzerains, la prétention des vassaux, la province d'Aquitaine ne pouvait échapper au cataclysme attendu !!

Comme plume au vent la guerre se répand c'est tout le pays qui sera  meurtri, terres pillées et gens pantelants !!!



Alors il y eut grand fracas d'armes, formidable vacarme,se répercutant de plaines en collines et de combes en cimes. Aux cliquetis des armes et aux froissements des armures, succédaient les ânonnements des adversaires, les cris de rages et de douleurs des hommes et des chevaux emplissaient l'atmosphère.




Les terres dégueulèrent de gens d'armes efflanqués, de routiers faméliques, s'engraissant sans scrupules sur les sols foulés par leurs destriers.

Comment se défendre ? contre un adversaire implacable et lutter contre cet invincible ennemi.

Sur ces territoires stigmatisés par maintes tueries, exactions sans nombre et massacres sauvages, vont se dresser les survivants à leurs mâchoires pousseront les crocs de la vengeance !!! 










Les deux héros ne fléchissaient toujours pas, les horions stimulants les plaies vives, ainsi perdurait cette guerre qui par le jeu de trêves et de traités, les forces reconstituées et d'un coeur vaillant se précipitaient à nouveau sur l'antagoniste créature, lui portant sans compter force coups violents....la lutte sans fin se poursuivait !!!!

Albion se fit impérieuse, la France lui opposant son mépris ! Les deux se faisaient face en se toisant qui triompherait ???

On se gaussa au début que l'agresseur fut le plus insignifiant des deux, se disant qu'il faudrait un beau jour que la loi revînt au nombre et à la force !!!






Albion redoubla d'efforts, maints vaisseaux alimentaient les ports de débarquement, les pontons se couvraient de troupes, les forges tournaient à plein rendement, façonnant les minerais nécessaires aux équipements.

Cela ne faisait aucun doute, pour ces soldats sans fortune !! on allait conquérir un territoire revendiqué de droit, sur lequel on ferait fortune !

La France se relevait dolente des premiers échanges et lorsque flamboyèrent à l'horizon les pennons des envahisseurs, on ne voulut pas croire au danger qui se manifestait !






La France se disait : tout juste de quoi se divertir et tenir les hommes en forme ! Aux premières confrontations on comprit tout, plus de ronds de jambes ni de belles manières, plus de tergiversations ni d'arguties hors saison !!

Ils étaient férus de tournois, de légendes Arthuriennes et d'amour courtois ! dans la bataille ils épargnaient l'ennemi pour toucher rançon, il en allait tout autrement de la stratégie d'Albion !!

L'Anglais était venu pour tuer, non pour jouer, pour eux champs clos et joutes ne correspondaient qu'aux temps de paix !

Lorsqu'un chevalier Français mettait bas les armes, il se trouvait un piéton d'Albion pour l'égorger, les volées de flèches telle des nuées de frelons piquaient les armures à 300 pieds !

Les Anglais à un contre quatre vont étriller d'importance les français, infanterie et cavaliers vont se faire étriper ! Albion vainquit, le pré ensanglanté prouvait vers qui la fortune des armes s'était tournée  !






L'outrage de cette deuxième rencontre engendra des représailles, plus de beaux gestes, de majestueuses actions ou de grands comportements, on s'accepta désormais comme routier de basse engeance quel que fut le camp !

Les combats gagnèrent en intensité ce qu'ils perdirent en bravoure, les adversaires n'en avaient cure ! peu importait les moyens pourvu qu'on l'emportât, l'un comme l'autre s'arc-boutant sur leurs positions du moment !

Les positions d'un jour et perdues le lendemain, au repli de la veille succédait l'avancée du matin, l'après midi passait à dénombrer les défunts et les veillées funèbres se substituaient aux chants guerriers !






Mais tant pis on poursuivait, on achevait la veuve, on massacrait l'orphelin ! puis on profanait le reste quel que soit le camp, les fourrageurs s'en chargeaient il fallait bien manger !

Le monarque d'Albion en décousait avec le souverain de la francisque !! Deux rois pour un seul territoire, deux rois avec les mêmes prétentions, tout deux légitimes, revendiquant sans concession la province tant aimée d'Aquitaine !



PS : sur un texte de légendes et chimères de l'Aquitaine médiévale de Serge Pacaud, livre que je me félicite de vous recommander M de V



lundi 19 février 2018

Les Estuves au Moyen âge

Métier à part entière, qu'est celui de la gestion d'un établissement d'estuves. Soumis à des règles et ordonnances précises dans les cités et notamment en Paris sous le contrôle du prévôt de la Capitale.

Dans son livre des métiers, Etienne Boileau (voir article), composé à partir de 1268, dédie un chapitre exclusif, rien qu'au métier d'estuveur !!

Quiconque veut être estuveur en la ville de Paris peut l'être, tant qu'il oeuvre selon les us et coutumes du métier, selon l'accord commun suivant:

On ne peut faire annonce publique, par crieur, pour telle ou telle maison, tant que le jour n'est point levé.

La maison d'estuve ne peut être ouverte le dimanche jour du seigneur, ni aucun autre jour de fête.

Le prix est fixé par ordonnance, le client doit s'acquitter à l'entrée d'un paiement de deux deniers, pour les bains chauds, le tarif sera plus élevé du fait de la quantité de charbon de bois nécessaire à chauffer l'eau.Tous ceux qui ne respectent pas les ordonnances sont passibles de sanctions et doivent payer une amende de dix sous Parisis









Dans les estuves on ne fait pas que se laver, transpirer ou se relaxer au chaud, les estuveurs donnent aussi à manger et à boire sur des plateaux de bois permettant de consommer tout en étant dans l'eau, ces estuves comme dans les tavernes sont des lieux de grande sociabilité.

Bien sur il existe le bain privé, chez soi pour peu que l'on en ai les moyens, modeste ou luxueux, généralement installé dans la chambre du maître de maison entre le lit et la cheminée.

La cuve à baigner peut être ronde, ovale ou rectangulaire, faite de bois ou de métal, voir même d'argent ou d'or pour les plus fortunés.

Froissart fait état d'une baignoire en argent chez le comte de Flandres et les registres du bon Roi René d'Anjou (qui d'ailleurs ne fut jamais roi!), font état d'au moins cinq baignoires dans son château d'Angers.

Mais pour le commun des mortels ce sont les étuves ou l'on se baigne et lave le corps à plusieurs, avec de l'eau chauffée dans de gros poêlons, déversés ensuite dans les cuves à baigner.









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Les bains communs restent appréciés tout au long du moyen âge, il suffit pour préserver la morale que la séparation des sexes soit assurée !

Personne ne s'offusque de la nudité commune, pourvu qu'elle ne rassemble que des hommes ou des femmes.

Dans les statuts des estuveurs donnés par le Prévôt, il est noté le prix à payer pour la location d'un drap couvrant sa nudité pendant le bain, ce qui nous amène à penser qu'il était permis de ne pas en vouloir ?


Les étuves étaient nommées aussi maison de tolérance, car partout ou l'on peut découvrir le fonctionnement de ces établissements, il est évident que c'était des maisons prostibulaires servant à deux fins : honnête et déshonnête.

Car malgré les innombrables ordonnances interdisant d'y recevoir des prostituées, il fut très vite trouvé une parade à ces lois, le maître du lieu se pourvoyait en de jeunes et fortes accortes chambrières, qui ne se trouvaient point la uniquement pour verser l'eau chaude dans les cuves à baigner.









On y dénombre force chambres et lits imposants, que ces maisons soient à Rouen, Paris, Lyon, Avignon le scénario était identique pour toutes les cités.

Il est certain que les propriétaires des murs hébergeant des maisons d'étuves, n'ignoraient rien des activités de leurs locataires.

Bien souvent ces notables, hauts personnages s'il en est !! Laïcs ou Clercs, quelques gras et riches chanoines voir évêques !! n'ont jamais renâcler à empocher de gros bénéfices !

Le flux de personnes dans ces établissements, cette clientèle aussi abondante que variée, faisait des bains le centre d'une prostitution notoire et permanente ! Mais qui ne doit pas faire oublier ou masquer, comme un arbre cachant la forêt les Bordelages, Bordels ou Bordeaux, tant publics que privés, qui fleurissaient dans toutes grandes cités, tenus par de fortes maquerelles qui bien souvent étaient protégées par des notables des villes .


PS: jetons un voile pudique en la circonstance !!! la vie était courte au moyen âge, entre les guerres les maladies, la peste je pense qu'ils vivaient avec plus d'intensité que nous, ne leurs jetons pas la pierre M de


vendredi 16 février 2018

Avènement de Jean III de Grailly, Captal de Buch

Outre Duchés et Comtés, baronnies, Seigneuries et autres Châtellenies, l'Aquitaine comprenait une désignation supplémentaire des domaines nobiliaires. Le " Captalat ", synonyme de seigneurie, que l'on pourrait associer à la Capitainerie !, ce qui indique bien à l'origine, une puissance dominatrice régionale.

Le titre de Captal de Buch d'après les chroniques d'Aquitaine de " Serge Pacaud " désignait un Seigneur qui dirigeait domaines et fiefs appartenant à la fière cité de Bordeaux qui fut au centre du conflit de la guerre de 116 ans entre Anglois et Français !






Une famille de Noblesse aisée de cette cité détenait les droits de ces terres, issues des Comtes de Bordeaux, dans la seconde moitié du XIII siècle leurs possessions furent érigées en Captalat, afin de les différencier des autres seigneuries.

Le premier chef de cette Maison noble fut Pierre Amanieu qui en portera le titre aux alentours de 1274, mourant sans enfant, la charge passe à son neveu vers 1300.

Mais ce Pierre de Bordeaux meurt également sans enfant ! le titre passe à sa soeur, Assalide, qui épousera Pierre II de Grailly Vicomte de Benauges, à la mort d'Assalide en 1328, les Grailly vont revendiquer la qualité et la fonction du Captalat de Bush.







Le fils de Pierre II de Grailly, va devenir véritablement sur parchemin, le premier Captal de Bush de la famille des Grailly, sous le nom de Jean II, il épousera Blanche de Foix, une fille cadette de Gaston premier de Foix Béarn, le voila par les liens du sang allié à la puissante maison des Comtes de Foix.

Leur Fils aîné Jean III fut le plus illustre personnage de cette famille, né en 1330, a la mort de son père il endossait à l'âge de 13 ans la charge de Captal de Bush.

Jean III de Grailly Captal de Bush élevé dans la maison de Foix et également lié par le sang à cette maison, son cousin germain avec lequel il n'a qu'un an de différence n'est autre que le très puissant Comte Gaston III de Foix Béarn dit " Phèbus "



                                                         
Jean III de Grailly porte d'argent à la croix de sable , chargée de cinq coquilles d'argent de même




                                 Décoré de l'ordre de la Jarretière par Edouard III d'Angleterre,



PS: voir article du 22 04 2017 sur Jean III de Grailly l'ami du Prince Noir M de V

jeudi 15 février 2018

Société Domestique des Grandes Demeures

Dans ces grandes famille les relations de société étaient semi privées, semi publique, puisque les lieux domestiques (comme le dit un vers du Roman de Renart), étaient hantés par " privés ou estranges ou amis "

Donc trois catégories de commensaux ! Les Estranges étaient ceux qu'aucun rapport affectif particulier n'attachait au Maître de Maison.

De ses Amis, qu'il faut différencier de ses Privés, ceux ci étant liés par le sang ! Par amitié dit le roman, le loup et le goupil se nomment volontiers Oncle et neveu...!! La différence tenait plutôt au fait que le " Privé ", y avait son logis attitré, alors que " l'Ami ", s'il avait libre accès à la demeure et au chef de maison n'y faisait pas résidence.







 Les " Privés " formaient ce que nomme l'homme médiéval, le Ménage ou encore plus souvent la " Maisnie ". On peut trouver cette définition dans des Olim, datant de (1282), fin XIII siècle, je cite:

Sa propre Maisnie demorant en son Ostel, ce est à entendre de ceus qui font ses propres besognes et à ses dépens. 

Donc pour cette sorte de commensaux, logement commun, nourriture commune, en fait une équipe, dirigée par un chef et dont les membres oeuvrent ensemble à une tâche commune !! Assez semblable ou équivalent de la fraternité  monastique d'une Abbaye.


La population de cet Ostel pouvait être fort nombreuse ! dans l'Angleterre du XIII siècle, la Maison de Thomas Berkeley réunissait plus de deux cent personnes. Ou pour autre exemple, l'évêque de Bristol, qui pour transporter sa maisnie n'utilisait pas moins de cent chevaux, pour aller d'un de ses domaines vers un autre !!

La cohésion de groupes aussi vastes tenait au fait qu'ils étaient dirigés par une seule main, entretenus et nourris par un seul maître !






Cependant, cette maisnie, était franchement divisée en deux, d'un côté, et mangeant un pain moins noble si ce n'est plus noir ! ceux qui servaient, et qui logeaient dans des dépendances accolées à la demeure seigneuriale.

De l'autre, les maîtres, divisés en deux catégories distinctes, fonction de leurs charges, celles de la prière et celles du combat.


En premier lieu les " Clercs " formant quand la maison était de quelque importance un collège de Chanoines, ou le maître de maison, bien que laïc, siégeait en haute place !

Puis les " Chevaliers ", serviteurs de premier rang, car si les prières des chanoines profitaient à toute la seigneurie, la demeure n'en était pas moins une forteresse d'ou la paix et la justice rayonnait au travers de ces guerriers, de ces chevaliers, sur les terres du domaine et les territoires avoisinants.

Par conséquent, aux guerriers proprement dit qui appartenaient à la maisnie, venaient se joindre tous les hommes résidant alentour, dans leurs propres demeures, et qui avaient vocation de combattre pour ce seigneur .







Ils entraient par ce fait dans le privé du maître de ce château, recevant de lui pitance et harnachement, devenant pour un temps ses privés.

Lorsqu'ils regagnaient leurs demeures, après avoir fait campagnes et opérations militaires, ils restaient ses "amis ", liés par l'hommage lige, qui faisaient d'eux des parents supplémentaires.

Il nous faut d'ailleurs constater, que la vraie parenté de filiation ou d'alliance, attachait au chef de famille la plupart des Clercs et des Cavaliers qui l'assistaient.

Tous étaient, fils, neveux, cousins, légitimes ou bâtards, quand aux autres, il avait été donné pour épouse des filles de son sang.

Les établissant sur des terres loin de sa demeure, mais unis à celle ci par le puissant lien du sang, se fondant ainsi dans la maisnie !

La demeure assurait aussi une fonction d'accueil, s'ouvrant aux pauvres admis à recueillir " ce qui tombait de la table seigneuriale ", considéré comme une bénédiction, par le maître et sa maisonnée, ce parasitisme était un mal nécessaire et rituel.

La maison noble accueillait des jeunes pour les former, une école pour former et enseigner aux garçons bien nés les usages de la courtoisie et de la vaillance, ou les fils de ses vassaux venaient chez le suzerain faire leur apprentissage en chevalerie.

Enfin elle accueillait aussi les " estranges " ou passant voyageurs, pourvu qu'ils fussent de bon rang, conviés à la table pour s'y repaître, et même y boire jusqu'à l'ivresse !! puis de s'y étendre pour la nuit une fois planches et tréteaux de tables retirées !!

PS: et après bien sur que Menestrels ou Troubadours aient terminés danses chants et cabriole



                                                                 oeuvre de José luis Cabréra Pena




jeudi 8 février 2018

N° 125) Du Guesclin et les grandes Compagnies en Aquitaine

Pour sur il est né disgracieux et sans patrimoine !! nous ne reviendront pas sur le sujet ( voir article ), le " Claquin " ne dut qu'à la fortune des armes son extraordinaire renommée !!

Ce Noble, mais de petite extraction, va atteindre la plus haute dignité du Royaume, comme Connétable de France !! Sa carrière le mène de sa Bretagne natale ou il conduisait une bande dépenaillée de paysans, (voir article) jusqu'à s'enrôler sous la Bannière du Roi de France en 1357.

A la bataille de Cocherel (voir article), il battait l'armée Anglo-Navarraise de Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, faisant du même coup prisonnier Jean III de Grailly, l'ami du Prince Noir !!! (voir article )

A cette époque sévissaient les Grandes Compagnies ! nuées orageuses de soldats sans emploi, ces troupes licenciées des armées tant Anglaises que Françaises, a qui l'on avait promis force pillages et gras butins se trouvaient gros jean comme devant. Car les promesses vaines et creuses des grands Feudataires n'engagent que ceux qui les écoutent !! Ils vont donc se constituer en bandes et se servir eux même sur les terres de France ( voir article )





Ces troupes terrifiantes se grossissaient de larrons, vagabonds et meurtriers de tous poils !! Des malfaisants nommés, Malandrins ou Cotteraux, qui formeront des troupes redoutables et exterminatrices.

Tel une nuée de sauterelles ils se répandaient dans les campagnes de France ! Les grandes compagnies formaient un certain nombre de bandes armées, l'ensemble se montait à environ 30 000 hommes ( voir article Seguin de Badefol ).

Ces bandes étaient commandées par de petits nobliaux, bâtards désargentés, âpres aux gains et au forcement de femmes !! Mais ils sont experts dans la guerre de raids et dans l'utilisation du terrain, on peut bien sur critiquer leurs actions ? évidemment !! mais ils essayaient eux aussi de survivre et de la seule manière qu'ils connaissaient .

Charles V eut la brillante idée de les rassembler, de leur fournir un chef qui les comprenaient !! en la personne de Bertrand, de leurs donner mission sur les terres Hispaniques ( le royaume de Castille ), afin d'éloigner ces bandes qui ravageaient la France.

C'est ainsi que notre Bertrand Du Guesclin parti avec les grandes compagnies vers l'Espagne, non sans avoir au passage rançonné le Pape en Avignon (voir article ), c'est même cette grosse baudruche d'Arnould d'Audrehem qui fut chargé de la négociation, ce personnage savait flairer les pécunes comme un chien de chasse ( voir article )






Cette campagne permet à notre capitaine Breton de vaincre Pierre le Cruel, allié des Anglois, mais sera fait prisonnier à Najéra, par Jean III de Grailly captal de Bush, celui la même que le Bertrand avait fait prisonnier à Cocherel !!!!!

Les grandes compagnie vont se dissoudre au fur et à mesure des affrontements, après les morts aux combats et les épidémies, les survivants s'engageront dans les armées régulières (jusqu'en Italie).

Entre temps le Bertrand sera libéré, Charles V payera rançon pour récupérer son chef de guerre, mais pour le Prince Noir les choses se corsent, il rentre malade d'Espagne, il va mourir à petit feu et en souffrant énormément, devenant difforme, a tel point que son épouse la belle Dame de Kent se détourne peu à peu de lui, la douleur et la déconvenue que lui apporte cette épouse qu'il aime tendrement vont le rendre méchant.....!!! (voir article ) .





Puis les Comtes d'Armagnac, de Périgord, de Comminges, ainsi que le sire d'Albret, vont en appeler à leur suzerain véritable, le roi de France, afin de mettre à la raison Edouard de Woodstock, dit " le Prince Noir ", qui exigeait des sommes astronomiques en taxes de Fouage !!

Ce dernier tentait de renflouer ses coffres, afin de combler le gouffre financier de cette dispendieuse campagne Hispanique, car le roi de Castille n'avait pas tenu ses engagements après Najèra et le Prince Noir avait du payer sur le trésor de sa principauté d'Aquitaine.

Le Hérault du roi de France venu à Bordeaux pour cette affaire fut jeté en prison, ce qui bien sur eut pour effet de déclencher la reprise de la guerre avec le père du Prince Noir, le roi Edouard III d'Angleterr







Mais ce n'est plus pareil désormais Edouard III est vieux, le Prince noir diminué par la maladie, gonflé par l'hydropisie, alors que Du Guesclin et Charles V forment un tandem idéal, un roi fort pensant qui règne et qui ne se bat pas, gouvernant de son trône, laissant à son bras armé qu'est le Bertrand, la direction des opérations.

Et il s'y entend le bougre !!!!, ce nouvel épisode de la guerre de cent ans prend une toute autre tournure, ils vont pratiquer une guerre d'usure, par ruse, embuscades, marches nocturnes, mouvements tournants et coups de mains rapides.

Ils vont harceler l'Anglais dans une guerre de l'ombre, évitant à tout prix les batailles rangées, ces deux la avaient retenu les leçons de Crécy et Poitiers !! épuisant ainsi les troupes anglaises lentement.

En 1370 Charles V offrait à Bertrand l'épée de Connétable, il va désormais se porter partout dans le royaume, frappant la ou ses ennemis l'attendaient le moins, à l'improviste, furtif et insaisissable, pratiquant à ravir les techniques de combats des routiers, qui n'en déplaise à beaucoup étaient les meilleurs combattants d'Europe en ce XIV siècle.







Dans le Sud Ouest, l'Aquitaine, plus de 120 places, villes, bourgades ou châteaux, subiront la loi du vainqueur.

A la mort du Connétable en 1380, grâce à ses efforts, conjugués à ceux du Duc d'Anjou, les Anglais ne tenaient plus en Guyenne que Bordeaux, Dax et Bayonne.

L'ironie voudra que le Monarque suivant, le Roi Fou, ( Charles VI )  règne pendant 42 ans, réduisant à néant tout ce qui venait d'être récupéré.







PS: vous avez sur ce Blog beaucoup d'articles vous permettant d'effectuer des recoupements sur cette grande aventure historique que fut celle de Bertrand et des grandes Compagnies M de V