Membres

dimanche 18 juin 2017

Le Prévôt Etienne Boileau et le livre des Métiers XIII siècle

Nous avons déjà cité ce personnage dans un article précédent, concernant la corporation des Apothicaires.Il est indissolublement attaché à l'histoire du monde du travail et des corporations. Nous ne savons que peu de choses sur Etienne Boileau ou Boileaue, selon les manuscrits, né aux environs de l'an 1200, on sait qu'il est marié en 1225, qu'il suit Saint Louis lors de la croisade de 1248, qu'il sera fait prisonnier en 1250 et mis à rançon.

Sa vie politique ne débute qu'en 1258, lorsque Louis IX le nomme à la Prévôté de Paris, fonction la plus élevée de la Capitale. Le Prévôt Boileau est donc le premier magistrat de sa ville, représentant du Roi et de son autorité.

Il administre les finances, commande en chef le Guet Bourgeois, assurant de ce fait l'ordre et la sécurité publique, avec les prérogatives du pouvoir judiciaire et le droit de légiférer au Châtelet.



C'est de ce poste au Châtelet qu'il entreprend l'immense tâche de répertorier, codifier et réviser tous les statuts des corporations. Il va mettre de l'ordre dans ce chaos que sont les dispositions qui régissaient les corporations.

Il va leurs enseigner leurs obligations et leurs droits, prévenir les malfaçons, les déloyautés etc.., le tout dans un document appelé le Livre des métiers. Joinville dans ses mémoires le cite comme quelqu'un d'intègre, que brigands et fraudeurs de tout poils craignaient comme la peste.

Le livre de Boileau devait rester à travers les âge, le bréviaire des corps de métiers parisiens. Pour le prévôt nous ignorons la date de sa mort, sachant qu'il occupait encore son poste en 1267, mais plus en 1270.

L'esprit des corporations du XIII et XIV siècles était le même partout, France, Allemagne, Angleterre, donnant naissance à des coutumes identiques. On cherche à empêcher que quelques uns s'enrichissent abusivement au détriment de la collectivité, afin d'assurer à chacun son pain quotidien. Exemple on peut citer un conflit existant entre Couteliers et Gainiers Fourreliers, les premiers voulant fabriquer des étuis pour leurs couteaux, mais ce n'était possible, selon les ordonnances que dans le cas ou le fourrelier ne pouvait honorer sa commande à temps.



Une corporation à pour base la répartition des artisans en trois classes, apprentis, valets et maîtres c'est à dire ceux qui s'instruisent, ceux qui servent et ceux qui commandent, avec pour chacun d'entre eux des droits et des devoirs.

Mais tous ne deviennent pas maître, car si l'apprentissage fini nécessairement avec le temps, faisant passer l'apprenti au stade de valet, la maîtrise est une autre affaire.

La promotion à la maîtrise suppose des connaissances et un certain avoir que beaucoup ne posséderont jamais. De plus c'est au XIV siècle que le compagnonnage devient obligatoire, et l'on introduit dans le statut des corporations la réalisation et la présentation d'un chef d'œuvre en fin de parcours.



L'autorité supérieure dans une corporation est confiée à des prud'hommes jurés, élus parmi les maîtres de ce corps de métier. Leurs fonctions sot temporaires, ils surveillent la fabrication, les malfaçons, peuvent effectuer des saisies, ils ont aussi les protecteurs désignés des apprentis.

Aucune limite d'âge n'est fixée pour l'apprentissage, nous dirons entre 10 et 12 ans, et accepté par un maître. Cependant il ne suffisait pas toujours d'avoir la maîtrise pour enseigner, car les règlements des métiers ne permettait à celui ci d'avoir un apprenti que s'il offrait les garanties nécessaires dans l'intérêt de l'enfant dont il demandait la garde.

Exemple, on interdira à un maître qui vient de s'installer de prendre un apprenti pendant un an et un jour, afin qu'il soit libéré des embarras d'une entreprise à ses débuts, qui ne laissaient pas toujours à l'artisan le temps d'instruire.





Parlons d'une corporation dont on ne sait pratiquement rien quand à son organisation et pour cause!!

Les Bouchers, sont avec les porteurs d'eau la plus vieille corporation de Paris, l'organisation en était toute particulière. Quelques familles, les Bonnefille, les Thibert, les Amilly et surtout les Saint Yon exerçaient sur le métier un pouvoir oligarchique héréditaire

Jamais corps de métier ne fut plus jaloux de ses privilèges et les défendit avec tant d'ardeur et d'obstination. Propriétaires de leurs étaux et les seuls qu'il fut permis d'exploiter, les bouchers refusaient systématiquement de louer ou de céder ces emplacements à d'autres que des fils de bouchers, le métier était totalement verrouillé.



Tous établis derrière le Châtelet ils versaient une redevance annuelle aux religieuses de Montmartre (anciennes propriétaires ) de 50 livres. Leur monopole fut confirmé en 1297, ils ne subirent qu'une seule attaque contre leurs privilèges dans les années 1280, par le tout puissant ordre du temple, qui se prévalant de leur droit de seigneurie sur un faubourg de Paris avaient ouvert des boucheries.

Il y eut procès ! et le parlement autorisa le temple à ne conserver que deux boucheries, ce qui au vu du rapport de force vous laisse mesurer la puissance des bouchers parisiens. Personne à ce jour n'avait réussi à restreindre sur une terre seigneuriale, et contre le gré du seigneur l'exercice d'une profession.

Les bouchers cachaient soigneusement leurs titres et leurs archives, surement par crainte que le pouvoir royal n'entreprît de diminuer leurs franchises.

C'est aussi pour cette raison qu'ils ne firent pas enregistrer leurs règlements lors de la rédaction du livres des métiers d'Etienne Boileau. Il sera constaté quatre siècle plus tard la même détermination, la même méfiance et le même esprit de dissimulation. De plus ils joignaient au commerce de la viande abattue, celui du bétail sur pied et faisaient également l'élevage et l'engraissage.

 C'étaient des gens au sang chaud qui filaient les miquettes à tout le monde, même pour l'époque!!, parlant fort, souvent couvert de sang, avec toujours un hachoir ou un grand couteau en main.


Du coté des tailleurs la mode au XIV siècle abandonne la cotte hardie,ajustée à la ceinture et qui tombait jusqu'aux pieds, par dessus laquelle on revêtait une tunique appelée surcot, car l'homme porte désormais un vêtement court, d'étoffe riche et colorée nommé Pourpoint.

Véritable révolution vestimentaire, le pourpoint crée deux nouveaux métiers (statut de 1323), les pourpointiers et les doubletiers, qui doublaient intérieurement d'étoffes les vêtements de nos tailleurs pourpointiers. Ce qui n'était pas du gout de tout le monde, mais bon la mode ne se discute pas!!!

Dans le domaine des vêtements Les fripiers vendaient des affaires d'occasion, selon les ordonnances il leur était interdit d'acheter et à plus forte raison de vendre des habits mouillés ou sanglants, entendez par la des vêtements ayant appartenu à des noyés ou à des victimes de meurtres, nous ajouterons bien sur les affaires ayant été portés par des lépreux.



Le Serrurier: les mots serrure, serrurerie et serrurier, viennent du verbe serrer, qui dans bien des régions de France était équivalent de renfermer ou de clore.

Son travail était donc très varié allant des grilles de fenêtres, des portails, ferrures de portes, serrures, et même des " Orloges ".

Au Moyen âge le serrurier ne se sert presque jamais de la lime pour terminer ses ouvrages d'art, il la connait bien sur mais ne s'en sert que pour de menus travaux,l'art consiste à n'utiliser que le fer les pinces et surtout le marteau

Le marteau, cet outil qui donne les reliefs mâles et puissants, ce martelage qui donne une fois le produit fini cette impression de robustesse.

Cet ouvrier, ou ce maître serrurier, aime son travail, son adresse est sans égal, le métal lui obéit au gré de ses inspirations ou de ses fantaisies






Le fer utilisé au moyen âge était fabriqué et façonné en le chauffant avec du charbon de bois, la houille ou charbon de terre est pour ainsi dire inconnue.

La houille ne s'exploitait que dans certaines régions comme le Boulonnais, le plus souvent sur des gisements considérés comme à fleurs de terre.

D'une part il était rare, et d'autre part il était mal considéré de pratiquement tous les forgerons, parce que difficile d'emploi et ne fournissant pas rapidement les températures voulues

Mais les forgerons considéraient surtout, que seul le charbon de bois donnait certaines propriétés au fer, une certaine souplesse, en le chauffant, que la houille ne pouvait fournir.

Au XIII siècle le charbon de bois valait un denier le sac, comme en témoigne le vieux cri parisien:                         " Charbon le sac por un denier "





Dès le XIV siècle nous comptons parmi les serruriers d'habiles mécaniciens fabricants d'Orloges à poids.

Tel était Gérard de Juvigny, Orlogeur au Louvres en 1328, ou Robert d'Origny, Fèvre et Orlogeur du Roi en 1380, on peut citer encore:

Henri de Vic qui à la même époque plaça une horloge dans l'une des tours du palais, ou un Jean de Loisel, maître de l'Orloge du Beffroi d'Amiens.

L'acier dont se servait le serrurier du XIII siècle était semble t'il de l'acier poitevin, nous trouvons, dans l'inépuisable source qu'est le livre des métiers de Etienne Boileau, une ordonnance concernant le péage pour les marchandises entrant dans la capitale:

Acier Poitevin, 4 deniers par charrette, puis 2 deniers à dos de cheval et 1 denier à dos d'âne

La fonte payait 2 deniers et le fer forgé 4 deniers, on achetait le fer sur le marché de foire, ou plus au détail chez le ferron




PS: Les corporations sous Louis XI (1461-1483), le génie profondément politique de l'universelle araigne, comprit de suite toute la force que recelait en elle une organisation telle que celle des métiers, il résolut donc de placer les corporations sous sa tutelle immédiate et d'en faire les clientes et les protégées de la royauté. Son premier soin fut de réviser toute la législation des métiers, moins pour y introduire des modifications, que pour affirmer sa volonté de ne laisser périmer aucun des droits du pouvoir royal ....M de V.

vendredi 16 juin 2017

L' indispensable Haubergon du moyen âge par F Buttin

Les meilleurs haubergons étaient ceux couverts de mailles d'acier, rondes ou plates, auxquelles la trempe avait donné la dureté et l'éclat.

Elles reprenaient avec le fourbissage, le brillant du neuf, on employait pour ce faire, le son des céréales, on trouve souvent dans les livres de compte des armuriers, les dépenses faites pour l'achat de cette matière.

Froissart lui même n'a pas manqué de citer le haubergon parmi les armes et armures, que les combattants fourbissaient entre deux combats

Pour les confectionner, ils étaient obligés selon les lois et les règlements de leurs guildes de n'utiliser que des mailles neuves! Les mailles qu'ils récupéraient sur des vêtements hors d'usages ne pouvaient servir qu'à monter d'autres pièces







 Certains textes précisent que les mailles devaient être en bon acier trempé, mais que toutefois les Haubergiers pouvaient les confectionner en maille de fer, pour peu que le fait soit déclaré sans ambiguïté à tous les clients.

Dans les maisons nobles, les trésoriers spécifiaient dans leurs dépenses, les quittances de remise en état d'un Harnois du maître des lieux ou de l'un de ses chevaliers. celles ci précisaient l'emploi du cuir pour la réparation. Les pans et les manches du Haubergon, plus exposées à souffrir du frottement des pièces d'armures demandaient de fréquentes réparations. On peut lire dans les dépenses de la Comtesse d'Artois qu'elle fait refaire les pans et les bras en cuir de cerf du harnois de son neveu Robert, futur Comte de Beaumont.

Les peaux brutes, ou crues destinées à cet usage étaient spécialement travaillées à l'Alun. La peau non traitée a tendance à se rigidifier et à se rétracter, le tannage à l'alun, appelé Mégissage au moyen âge, était employé dans une solution d'eau, de sel, de farine, de jaune d'œuf et d'huile d'olive. Une pâte est faite par réduction au feu de ces ingrédients, cette pâte sera ensuite appliquée au moins deux fois sur la peau pour devenir par réaction du cuir. Le produit obtenu donnait un cuir très blanc d'une grande souplesse, que l'on pouvait teinter comme un tissu.







Le harnois pouvait être fait entièrement dans ce cuir, ou dans une confection tissu et cuir, les mailles étaient clouées dessus. Si le harnois demandait une révision complète, il était confié à un maître artisan, travail délicat car il fallait déclouer les mailles pour les nettoyer sur les deux faces, en les faisant passer dans la botte à tourner avant de les reclouer sur notre haubergon

Mais avant de remonter les mailles le maître confiait à l'un de ses aides ou apprentis la tâche de battre à bras rompus avec un bâton le vêtement. Ils obtenaient par ce procédé le retrait du dépôt de poussières accumulée dans le tissu et dans le cuir par une longue utilisation du vêtement par son propriétaire.

Ajoutons que le harnois étant fort coûteux, peu de guerriers avaient la possibilité d'en posséder plusieurs, il devait donc être confié à un armurier que lorsque ce n'était plus possible de l'entretenir soi même.

Il est évident que si les mailles étaient juste plaquées par dessus version cotte de maille l'entretien était plus facile.







Encore nous faut il différencier deux sortes de haubergons, le harnois de toute botte et le harnois de botte cassée.

Le premier, de toute botte n'était qu' à l'épreuve de l'arc, ce qui pour nous pouvait paraître suffisant, mais pour le combattant du moyen âge la nécessité est tout autre !!!

Le second quand à lui, dit de botte cassée, est d'un tout autre niveau, il avait subit l'épreuve du vireton d'arbalète tendue par engin !! Nous parlons là de l'arbalète de guerre, tendue à l'aide du pied et du crochet de ceinture ou de l'arbalète à manivelle ou à cry.

La c'est du sérieux!! la force d'impact était énorme car l'arbalète est une arme à tir tendu d'une grande force. Pour résumer la valeur de notre Haubergon dépendait de la qualité des étoffes et des cuirs employés, de la nature des mailles , rondes, plates, du type de montage clouées ou plaquées. Et le plus important si les mailles étaient d'acier, façon, de toute botte ou de botte cassée, ou alors s'ils étaient simplement.......en fer.  Haaarrrghhh !!! mauvais plan le fer, visez un peu le monstre en dessous, et dites moi maintenant quel Haubergon vous choisiriez ???





PS: Il suffisait d'une quinzaine de jours pour devenir un tireur correct à l'arbalète, alors qu'il fallait cinq ans d'entrainement quotidien pour devenir un bon archer.

Cette arme terreur des chevaliers, pouvait même à 90 mètres encore percer une armure et sa portée selon l'arme pouvait aller jusqu'à environ 300 mètres. M de V

jeudi 15 juin 2017

Armurier au XIV siècle métier d'avenir

La fabrication des armes et des armures occupait au moyen âge un très grand nombre de gens mécaniques (ouvriers), il arriva même qu'à certaines périodes de cette guerre de cent ans..... ( 116 ans) en fait ! ou les conflits étaient épisodiques mais fréquents, que la fabrication d'armes soit insuffisante par rapport à la demande.

 Même les armuriers de Paris qui étaient pourtant fort nombreux intra- muros, ne pouvaient suffire à la tâche



Cette profession était fort considérée, ceux qui la pratiquait dans l'une ou l'autre des différentes spécialisation, revendiquaient le droit de ne pas fournir de personnel de leurs officines pour le guet de la ville. Ils en sont affranchis par le fait que leur métier est de servir les nobles, chevaliers et écuyers, sergent d'armes et les garnisons des châteaux

La communauté des armuriers sur une ville comme Paris était la plus nombreuse parmi les artisans. Selon un recensement ils sont au nombre de 148 au XIII siècle, 126 au XIV siècle et 91 au XV siècle.Fin du XVI siècle alors que les techniques de combats avaient évoluées on trouvait encore une soixantaine de Maîtres armuriers dans la capitale.


Au XIV siècle il faut même parler " des statuts des corporations " du métier d'armurier !!! ce terme n'existe pas encore. Ainsi trouve t'on le Fourbisseur, il fabrique épées, lances, Braquemarts, miséricorde, haches et masses, toutes ces choses permettant de longues discussions philosophiques en plein air !!!!

Les Haubergiers, fabricants cotes et jupes de mailles, les Heaumiers fabricants toutes variétés de casques de cuirasses et bras d'armures, les Ecassiers pour boucliers écus targes et rondaches, les Brigandiniers, pour les cuirasses légéres (brigandines) pour les fantassins, et pour finir les Trumeliers forgeant cuissards grèves et solerets.



Ce n'est que dans le courant du XV siècle que ces métiers, ces savoirs différents furent regroupés en une seule corporation celle des Armuriers. Pour les manches des armes le travail était confié aux menuisiers et pour les fourreaux des épées, les étuis des poignards c'était les Fourreliers qui travaillaient le cuir et particulièrement le cuir bouilli

Il nous faut aussi parler de ces " armes du diable " dénomination inspirée par la condamnation lors du second Concile de Latran, je veux bien sur parler de l'Arc et de l'Arbalète qui appartiennent au paysage médiéval au même titre que la hache ou la masse d'arme.

Une différence reste à noter si le facteur d'arc ne fait que des arcs, l'armurier fait des arbalètes mais pas d'arcs



Les Archiers en France fabriquaient leurs arcs et leurs flèches avec de l'érable, ils avaient une puissance et une portée moindre par rapport à l'arc de guerre Anglais en If .

Les Arbalestriers fabriquaient leurs redoutables armes à tir tendu ( pouvant atteindre les 200 pas), les viretons épais servants de projectiles sont appelés bougeons ou bougons, ces projectiles étaient fabriqués par des Bougonniers ou Bougeniers.

La supériorité de l'arc réside dans la rapidité du tir, il pouvait traire au moins 8 fois, dans le temps d'un seul tir et du rechargement de l'arbalète.

Par contre cette dernière était bien plus puissante et beaucoup plus précise du fait de son tir tendu, il était beaucoup plus facile de devenir un bon tireur à l'arbalète que devenir un maître archer, cependant le matériel était fort lourd et le Pavois aussi. Les arbalétriers ont payés fort cher leur spécialité a Crécy.




L'état d'armurier revêt donc tout au long du moyen âge une grande importance, toutes ces armes et armures de formes et de façons si diverses, si savamment étudiées et assemblées.

Que ces hommes portèrent pendant plusieurs siècles, ces chevaliers et leurs chevaux bardés d'acier dont le métier était la guerre. je vous laisse imaginer la colossale quantité d'armes et d'armures fabriquées par ces artisans, pour ne pas dire artistes !!! car il suffit de se rendre dans un musée pour constater que certaines étaient de véritables œuvres d'art

Ce n'est que vers le milieu du XIV siècle que les parties de l'armure, jusqu'à lors distinctes les unes des autres, commencent à constituer un ensemble ou tous les éléments se relient et forment une carapace articulée d'acier avec rivets, charnières, boucles et cuirs.

Nos chevaliers ruinaient leurs domaines pour se procurer des armes et des armures de plus en plus résistantes et perfectionnées.


 En France on fabriquait de bonnes armures réputées pour leur légèreté, en Allemagne pour leur solidité et en Italie pour leur élégance.

C'est ainsi que des Artisans étrangers obtenaient lettres patentes les autorisant à s'installer en France. Il suffit de lire Christine de Pisan pour être convaincu qu'au quatorzième siècle, le commerce des armes et armures était plus que florissant.

Nos armuriers avaient une si large besogne, (veuillez considérer la taille de l'ost français à Crécy, Poitiers, Azincourt) et je ne parle la que des grandes batailles!!! et cela même s'il faut rabattre sur les chiffres des chroniqueurs de l'époque (voir articles sur les différentes batailles)


Nos armuriers purent tout à loisir peaufiner leur savoir et perfectionner leur art. M de V



PS: Selon le statut de 1290 le Fourbisseur ou l'Armurier était tenu de vêtir ses ouvriers, pour un montant d'au mois cinq sous par tête. On se doit de représenter la corporation et l'on n'accueille pas quelqu'un de noblesse ou même le plus simple chevalier et leurs épées avec des ouvriers en guenilles


mercredi 14 juin 2017

N°70) Philippe IV le Bel - Le Roi de Fer 1268/1314

Philippe IV le Bel monte sur le trône du royaume de France à l'âge de 17 ans, à la mort de son père Philippe III le Hardi le 5 octobre 1285.


En cette fin de siècle le royaume de France apparaît alors au sommet de sa puissance, il est le plus peuplé de la chrétienté entre 14 et 16 millions d'âmes, ce qui correspond au tiers de la population latine. Au début de son règne le pays connait une grande prospérité économique, extension maximum de défrichements, et les foires de Champagne sont à leur apogée.


Le pouvoir monarchique de Philippe IV entouré de ses conseillers instruits en droit " les légistes " tels que Flote, Nogaret, Plaisians, fait de ce gouvernement le premier état moderne et centralisé d'Europe.






Pourtant ce décor optimiste, comme une peinture vieillie se craquelle, les nombreuses dévaluations de la monnaie, le déclin des foires de Champagne de nos pieds poudreux, qui sont concurrencées des le début du XIV siècle par le commerce maritime direct des Italiens, puis l'énorme montée en puissance de la ligue Hanséatique. Avec juste après sa mort la grande famine de 1315 à 1317.

Il échoue à établir des impôts directs, et sera impuissant à établir une administration efficace, épine dorsale de tout gouvernement.







mort à la bataille de Courtrai en 1302
mort à Courtrai en 1302
Une série de procès et de scandales politiques et privés entourent la personne de ce roi d'un halo troublant. Le procès de l'Evêque de Troyes Guichard, accusé d'avoir fait mourir la Reine par sorcellerie.

Le procès de l'Evêque de Pamiers Bernard Saisset, qui bien que mérité va aggraver les relations du roi avec la papauté et Boniface VIII.

Le procès très controversé des chevaliers de l'ordre des Templiers, qui furent éradiqués par des moyens iniques     ( voir article sur la fin de l'ordre du temple ) .

Puis bien sur l'emprisonnement des brus du Roi de Fer et l'exécution particulièrement raffinée des frères Philippe et Gauthier d'Aulnay, les amants de marguerite et Blanche de Bourgogne, les épouses de Louis le Hutin et de Charles son frère








Ce roi reste une énigme, fut il l'instigateur de la politique française moderne de cette période du bas moyen âge, ou un simple instrument dans les mains de ses conseillers? si l'on suit les chroniqueurs de ce temps, hostiles aux aspects fiscaux et monétaires de cette politique, ils font de Philippe IV le Bel un souverain mal conseillé.

Mais c'est une idée reçue de la littérature historique ou tous les souverains sont mal conseillés!!, car en creusant on entrevoit un monarque qui n'a plus rien à voir avec ce moyen âge féodal classique, que son frère le pompeux Charles Comte de Valois nommait le  " bon temps " leitmotiv de cette époque qui était de déplorer les détériorations survenues depuis le temps de Saint louis

On pressent avec ce roi d'un nouveau type, une autre époque qui s'annonce, avec cette modernité, qui est le signe avant coureur de ce que seront les avancées sociales et technologiques du XIV siècle.








Roi pieux et réputé tel malgré ses démêlés avec le pape, ce que nul ne tenait à cette époque comme un signe d'impiété, ce roi vouait une grande vénération à son grand père Louis IX, dont il obtient la canonisation par le pape Boniface VIII avant leur querelle.

Pour ce qui est de trancher dans les rapports entre ce roi et ses conseillers, reportons nous au procès de Bernard Saisset , lorsqu'il fut dit que    " le roi ferait mieux de siéger au conseil plutôt que de chasser, laissant par la même ses conseillers commettre des injustices! "




C'est Guillaume de Nogaret qui laisse transparaître la vérité, disant du roi en 1310 " il craignait toujours de mal se comporter envers dieu et envers les hommes s'il n'avait pas pris de sages décisions après en avoir délibéré avec son conseil ". En cela il suffit de relire les mémoires de Joinville sur la vie de Saint Louis pour comprendre que Philippe IV était comme son grand père épris de justice. Comme le dit J Favier, " la politique du roi fut la politique de ses conseillers! ce qui demeure c'est le discernement avec lequel il les choisit, l'esprit novateur avec lequel il les imposa et la constance avec laquelle il les soutint "







Suivant la coutume de ses prédécesseurs il constitua des apanages en faveur de son frères, Charles de Valois " le brouillon ", de son demi frère Louis d'Evreux " le sage " et de ses deux autres fils Philippe Comte de Poitiers " fin politique " et Charles Comte de la marche " l'Oison ou le benêt ".

Le problème le plus difficile était celui des finances, Philippe ne pouvait plus gouverner avec les seules ressources du domaine royal, même avec les taxations sur les Vassaux (domaniales), sur les Paysans (taille), sur le Clergé (décimes), ou des villes (subsides), il tentera sans succès d'établir une imposition  directe régulière.







 les confiscations de biens au détriment de groupes considérés étrangers vont continuer, ces spoliations de biens s'accompagnent d'expulsions collectives.

 Ce fut le cas des Juifs, 100 000 environ au cours de l'année 1306, mais aussi les Lombards, 1277, 1291, 1311, ces marchands Italiens  jouaient cependant un rôle important dans le grand commerce, jusque dans les finances royales, exemple les frères Biccio et Musciato Guidi de Franzesi, Banquier et conseillers du roi en matière monétaire.






Parmi l'éventail de moyens utilisables dans le domaine de la finance, le roi et ses conseillers recoururent à plusieurs reprises à des altérations de la monnaie 1295, 1296, 1303, 1305. Ces mesures de déflations dommageables pour tous étaient plus gravement ressenties par le petit peuple.

Les difficultés financières vont obliger le roi à convoquer des assemblées de délégués de la nation, afin de le soutenir en paroles et en subsides, il est le premier à convoquer ensemble les représentants des trois ordres, noblesse, clergé et bourgeoisie urbaine (premières assemblées nationales 1302 1314).

Par ces consultations dépendantes du bon vouloir royal et par de vaste campagnes d'opinion, par l'action étendue des agents royaux, le roi et ses conseillers contribuèrent à la création d'une opinion publique nationale.

Une des causes de l'échec du gouvernement de Philippe IV le bel en matières d'impôts, fut l'impuissance de son administration à en fixer l'assiette. étant incapable de connaitre le nombre et la richesse des gens peuplant le pays, renseignements indispensables à la gestion du royaume. Les gens capables qui possédaient  ces compétences préfèrent, de loin,  les carrières privées, bien plus lucratives que le service du roi !! Il ne faut pas pour autant forcer le trait, l'administration était en pleine réformation.







Baillis, sénéchaux et leurs agents sont de plus en plus nombreux, choisis en dehors de la région qu'ils administrent et assignés à résidence dans leurs circonscriptions, la laïcisation des conseillers royaux s'accélère, les gardes des sceaux sont des laïcs, le conseil secret est composé de Juristes.

Quelques nobles sont proches du roi, le connétable Gaucher de Châtillon et surtout Enguerrand de Marigny, issu de petite noblesse du Vexin Normand, à la fin du règne de Philippe IV dirigea les finances aussi bien que les affaires extérieures.







Avec le pape Boniface VIII 1295 1309 les relations étaient tendues mais viables, elles avaient des hauts et des bas, mais elles se maintenaient, mais les sollicitations financières du roi de France de plus en plus pressantes faites à l'église de France se heurtaient aux mêmes sollicitations de la part des finances pontificales.

La rigidité des juristes du conseil du roi et les maladresses du pape et de la curie du Vatican vont amener une crise grave, (voir article attentat d'Anagni et Nogaret)









Le 13 octobre 1307 il fait arrêter tous les Templiers de France, pour des motifs qui ne sont pas clairs, et les hypothèses sont légion (voir article sur la fin de l'ordre du temple)

Il dut harceler le pape Clément V pour obtenir la suppression de l'ordre dans toute la chrétienté, ce pape qu'il avait fait lui même et qu'il avait installé en Avignon.


Ce sera d'ailleurs peut être sa plus grande victoire, le pape à portée des pressions et des influences Françaises.

Comme le dit J LE GOFF, cette situation allait se prolonger sur trois quart de siècle, valoir un surcroît de puissance à la France, mais au fil du temps s'en va préparant le grand Schisme qui se révélera être une victoire à la Pyrrhus.

Ce règne est aussi la première manifestation d'une évolution politique l'expression de la raison d'état.


dimanche 11 juin 2017

Guillaume d'Ockham de l'ordre des Franciscains

Né vers 1285 dans le Comté de Surrey, Guillaume d'Ockham entre jeune chez les Franciscain, il étudie à Oxford, ou il devient bachelier sententiaire en 1318-1319.

Pour des raisons qui nous sont inconnues, il n'obtient pas le droit d'enseigner comme maître et reste pendant 4 ans en attente d'un poste, ce qui lui vaudra de ce fait le surnom de " Venerabilis inceptor ".

Il en profite pour rédiger la version finale de la première partie de son commentaire des sentences (ordinatio). Cependant en 1323, l'ex chancelier de l'université Jean Lutterel va se rendre en Avignon pour soumettre à l'autorité pontificale des extraits du commentaire d'Ockham qu'il juge dangereux (en voila un bon frère en christ!!!)

En 1324, Guillaume d'Ockham est convoqué devant le pape Jean XXII pour faire face à ses accusateurs, c'est la qu'il rencontrera Maître Eckhart qui lui est accusé d'hérésie.





Arrivé en Avignon il y prépare sa défense, mais se trouve mêlé à deux crises qui vont changer radicalement son existence. Premièrement la proclamation de la primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel, par l'empereur excommunié Louis de Bavière. Créant polémique sur la plénitude de la puissance pontifical.

Deuxièmement, la querelle qui oppose les Franciscains et le Pape, sur la pauvreté du christ et des apôtres,





En 1327 le général des Franciscains, Michel de Cesena, charge guillaume d'examiner critiquement les thèses pontificales. Mais en 1328 menacés ils sont obligés de fuir Avignon, pour se réfugier chez Louis de Bavière.

L'empereur et le moine font bon ménage, et Ockham goûte fort le plaisir de rédiger des ouvrages sur les rapports entre l'église et les royaumes. D'autant qu'il y avait eut un précédent, avec Philippe IV le Bel et Boniface VIII, lui aussi proclamait la primauté du spirituel sur le temporel !!

Il ne cesse de proclamer l'indépendance de Louis de Bavière, avec comme motif irréfutable " que l'humain n'a pas attendu la naissance de l'église pour se faire gouverner par un empire "

Tout cela n'est pas du goût d'Avignon, auquel Guillaume récuse les pleins pouvoirs, car les théocrates de la papauté cultivent l'idée de la souveraineté absolue du pape sur l'église et sur le monde






Ockham s'insurge, c'est de Dieu que les hommes tiennent leurs droits, et non d'un tyran fut il pape !!!! De quel droit le vicaire de dieu sur terre pouvait il se prévaloir d'une souveraineté, que le sauveur lui même avait déclinée !!

Si le Christ a choisi de n'avoir aucun droit de propriété sur les biens et les êtres, le pape ne peut prétendre en avoir sur les royaumes.

Les thèses politiques développées par Guillaume, contre le pape Jean XXII, confortent l'Empereur dans son opposition au souverain pontife, comme avait dit Ockham en se réfugiant chez Louis de Bavière, lui disant:

Tu me defendas gladio ego te defendam calamo " protège moi de ton épée je te protégerai de ma plume "









Célèbre par son habileté dans le maniement des armes logiques, subtil dans les distinctions, il est inépuisable dans les arguments du pour et du contre, il sera sur nommé le doctor invincibilis

Ses partisans sont les Ockamistes, donc les franciscains étaient Ockamistes, par rapport aux Dominicains qui étaient Thomistes, à la suite de Thomas d'Aquin.

Les rapports entre les deux ordres vont  s'inscrire dans le débat politique. Ockham et son ordre défendit la cause des princes et des rois contre les prétentions du pape.


Excommunié, exilé, cette figure charismatique du nominalisme, se consacrera à la philosophie politique jusqu'à la mort de son protecteur en 1347, il meurt lui même en 1349, lors de l'épidémie de peste noire qui ravage Munich.







INFO: naissance des lunettes au XIII siècle, l'idée germe dans l'esprit du moine Franciscain Roger Bacon ( Docteur admirable ).

Son travail quotidien de lecture l'ayant mené à une fatigue précoce de la vue, les pièces étant sombres même en plein jour, et le peu de lumière dispensé par les bougies n'apportant que peu de clarté, eut l'idée d'assembler deux verres convexes dans deux cercles de bois reliés par un rivet ou un clou.M de V

samedi 10 juin 2017

Jugement de Voltaire sur Charles II Roi de Navarre dit le mauvais

On convient que Charles le mauvais, Roi de Navarre, Comte d'Evreux, était très mauvais; que Don Pèdre, Roi de Castille, surnommé le cruel, méritait ce titre; mais voyons si dans ces temps de la belle chevalerie, il y avait chez les princes tant de douceur et de générosité.

Le roi de France Jean, surnommé le bon, commença son règne par faire tuer le Comte d'Eu son Connétable. Il donna l'épée de connétable au prince d'Espagne Don La Cerda son favori, et l'investit des terres qui appartenaient à son beau-frère Charles roi de Navarre.

Cette injustice pouvait elle n'être pas vivement ressentie par un prince du sang, souverain d'un beau royaume ? On avait dépouillé son père des provinces de Champagne et de Brie; on donnait à un étranger l'Angoumois et d'autres terres qui étaient la dot de sa femme, sœur du roi de France.








La colère lui fait commettre un crime atroce; il fait assassiner le connétable La Cerda; et ce qui est encore triste, c'est qu'il obtient, par ce meurtre, la justice qu'on lui avait refusée.

Le roi transige avec lui sur toutes ses prétentions. Mais que fait Jean le Bon après cette réconciliation publique ? Il court à Rouen, ou il trouve le roi de Navarre à table avec le Dauphin et quatre chevaliers; il fait saisir les chevaliers, on leur tranche la tête sans forme de procès; on met en prison le roi de Navarre sur le simple prétexte qu'il a fait un traité avec les Anglais!!.

Mais comme roi de Navarre, n'était il pas en droit de faire ce prétendu traité ? Et si en qualité de Comte d'Evreux et de prince du sang, il ne pouvait sans félonie négocier à l'insu de son suzerain, qu'on me montre le grand vassal de la couronne qui n'a jamais fait de traités particuliers avec les puissances voisines !!!.

En quoi donc Charles le mauvais est il jusqu'à présent plus mauvais que bien d'autres ? Plût à Dieu que ce titre n'eût convenu qu'à lui !

On prétend qu'il a empoisonné Charles V: ou en est la preuve ? Qu'il est aisé de supposer de nouveaux crimes à ceux qui sont chargés de la haine d'un parti !! Il avait dit on engagé un médecin Juif de l'île de Chypre à venir empoisonner le roi de France. On voit trop fréquemment dans nos histoires des rois empoisonnés par des médecins Juifs; mais une constitution valétudinaire est plus dangereuse encore que les médecins.





PS: Voltaire, "Remarques pour servir de supplément à l'essai sur les Mœurs et l'Esprit des Nations", posons nous la question qui est le bon, qui est le mauvais ????  M de V

vendredi 9 juin 2017

Bataille d'Azincourt ou la Male journée ! par le Comte A de Loisne

                          La male journée

Proche voisin des lieux ou fut livré le combat et fils de l'un des chevaliers qui y trouva la mort, sa mère le mettant au monde la même année.

Tout laisse supposer que ce Magnicourt a contrôlé le récit à l'aide de ses propres renseignements, les faits sont encore très vivaces au moment ou il écrivit sa chronique !!.

Lorsque les Anglais furent passé la rivière de Blangy en Ternois, ils s'en allèrent loger en un petit village nommé Maisoncelles, à trois traits d'arcs environ de la position des Français, là, firent cette nuit, dévotement la paix avec Dieu, confessant leurs péchés, plusieurs recevant le corps de notre Seigneur, attendant la mort pour le lendemain. Pour tromper l'attente trompettes et autres instrument sonnèrent toute la nuit, tant et si fort que tout retentissait autour d'eux, ils étaient moult lassés, travaillés par la faim et le froid et autres mésaises (dysenterie).




Le lendemain XXV eme jour d'octobre, le Connétable, Ducs, Comtes et tous les autres seigneurs et gens de guerre s'armèrent et formèrent trois batailles comme suit.

L'avant garde composée de 8000 hommes d'armes, 4000 archers et 1500 arbalestriers, sous les ordres du connétable, des ducs d'Orléans et de Bourbon.

Les comtes d'Eu de Richemont et le maréchal Bouchicaut et autres officiers royaux, avec leurs 1600 hommes d'armes furent ordonnés à faire une Helle (plusieurs significations, barrière, ligne, aile), puis messire Clugnet de Brébant et Louis Bourdon, avec 800 hommes d'armes formèrent une autre helle, tous à cheval.




Dans la deuxième bataille furent ordonnés autant de gens que dans l'avant garde, sous le conduite des ducs de Bar et d'Alençon, (nous sommes environ à 30 000 hommes mais sans précisions pour la troisième bataille).

Puis la troisième bataille en arrière garde estoient tous le surplus de gens d'armes, sous la conduite des comtes de Marle, de Dammartin et de Fauquenbergue.







Dès qu'ils furent ordonnés sur leurs positions, les Français attendirent leurs ennemis, jusqu'entre 9 et 10 heures, avec espérance de victoire.

Les Anglais voyant que les Français ne les alloient point envahir, faisant appel à l'aide divine, envoyèrent de leurs coureurs embraser une grange en la ville d'Azincourt pour effrayer les Français, et d'un autre côté ils déploient par derrière 200 archers en un pré proche de Tramecourt, avec ordre de se tenir quoy, jusqu'à quand il serait l'heure de traire!!!!

Dans le même temps le roi d'Angleterre fit ordonner sa bataille, par un chevalier chenu de vieillesse, messire Thomas Erpinguen, qui fit mettre les archers devant et les gens d'armes derrière, puis les ordonna en deux lignes d'archers et de gens d'armes, lesquels archers avoient un pieu fort aiguisé aux deux bouts pour ficher devant eux, formant une haie de protection.








Ils étoient pour la plupart en pourpoing , sans armures, ni chaperons, ayant masses et épées à leurs ceintures, chevaux et bagages placés derrières ces lignes.

Ils furent moult exhortés par ce vieil chevalier, afin de combattre hardiment pour sauver leurs vies ( il faut noter que les forces en présence étaient loin d'être à leur avantage, 6000 contre plus de 30 000 ) !!!

Il se met à pied, jette au sol son bâton de commandement et avec le roi et ses troupes, poussent un très grand cri de guerre et chargent!! Puis d'un coup ils brident leur élan, reprennent vent et haleine et poussèrent une nouvelle clameur.

A donc ce deuxième cri peut être pris comme un signal !! car les 200 archers du pré de Tramecourt font voler leurs traits, comme bourdons d'aciers, sur les Français.






Et ceux de la bataille du roi tirent aussi de loin et à la vollée, les Français courbent leurs chiefs et montent leurs boucliers pour se protéger des traits.

Les princes qui estoient avec le roi, sont le duc de Bethfort, de Gloucester ses frères, puis le duc d'York son oncle, se trouvait aussi les comtes d'Urset, d'Uxforde, de Suffort et de Quin, puis les seigneurs de Camber, de Willeby et de Cornouaille et plusieurs autres seigneurs d'Angleterre, lesquels faisoient moult fort sonner trompettes et clarons.

A donc les français allèrent au contact et les firent reculer, ils y en eut beaucoup qui furent navrés par le trait des Anglais avant qu'ils fussent joint à eux.

Ils étoient si dru resserrés sur eux même qu'ils ne pouvoient lever leurs bras pour férir leurs ennemis, seuls d'aucuns qui estoient devant les boutoient de leurs lances, lesquelles ils avoient coupées par le milieu afin qu'elles fussent plus roide et faciles à manier dans la presse du combat.







Or advint que des 800 hommes d'armes qui éstoient à cheval pour rompre la bataille des Anglais, il n'en eut que 120 qui se mirent en peine d'entrer en eux, les uns furent tantôt morts et les autres ramenés rapidement par leurs chevaux affolés par les traits Anglais. Ces derniers rompirent en plusieurs endroits l'avant garde française, les faisant reculer en une terre qui estoit moult fraîche et semée, car il avait plu largement.






Et la échoient hommes d'armes en grand nombre la panique s'impose et les uns s'enfuient à l'exemple des autres à cheval !!!

Quand les Anglais virent l'avant garde ainsi rompue, ils entrèrent dedans tous ensemble, en ruant des jambes, tenant en leurs mains levées masses et épées et tuant tout ceux qu'ils encontroient faisant un grand massacre de cette première bataille.

Après ils en vinrent à la seconde bataille devant laquelle se trouvait le duc Antoine de Brabant, lequel était venu en petite compagnie pour être de la journée, il s'était bouté entre l'avant garde et la deuxième bataille, mauvaise idée!! il fut défait et mis à mort sans délai.






Ils allèrent conjointement ensuite sur la deuxième bataille, qui tantôt fut rompue elle aussi en plusieurs lieux.

Or donc quand l'arrière garde encore à cheval voit les deux autres batailles recevoir le pire !!! ils tournèrent croupières et se mirent à la fuite; excepté d'aucuns des chefs d'ycelle avec une centaine d'hommes à peine!! qui allèrent vaillamment férir l'ennemi. Mais rien ne leur valu, car en peu de temps ils furent tous morts ou pris.

Puis vinrent nouvelles au roi qu'un parti Français les assailloient par l'arrière, ce qui était vérité, il ordonna que chacun tua ses prisonniers, doutant cependant que cela fasse reculer les français.

A donc fut fait piteuse occision de prisonniers, durant cette exécution le duc d'Alençon voyant la perdition de la journée transperce vaillamment avec ses gens une grande partie de la bataille, jusqu'au plus proche du roi, abattant et navrant le duc d'York, le roi voyant l'affaire s'approche pour aider le duc à se relever, Alençon le féry d'un fort coup de hache sur le bacinet, lui arrachant une partie de sa couronne, mais entouré par les gardes du roi il ne peut s'échapper. Il dit au roi " je suis le duc d'Alençon je me rend à vous ", mais avant même que le monarque accepte il fut occis.

Les français essayèrent de se rassembler mais tantôt furent battus sans grande résistance, de cette manière le roi d'Angleterre obtint grande victoire en ce jour. Les plus chanceux des Français de cette grande meurtrerie furent surement les 1600 prisonniers desquels étoient les ducs d'Orléans, de Bourbon et également les comtes d'Eu, de Richemont, puis Vendome et jacques d'Harcourt


                                                           ce qui suit fait réfléchir !!!!


Note : Il y avait parmi les Anglais, le jour de la bataille, un roi d'armes nommé Thoison d'or, c'était Jéhan seigneur de Saint Rèmy, qui nous donne une autre version de cette bataille:

I) selon lui il n'y eut jamais de troupes d'archers Anglais placés dans un pré du côté de Tramecourt,

II) il remarque que les Français avaient placés leurs batailles entre deux petits bois l'un serrant Azincourt, et l'autre Tramecourt, ajoutant avec justesse que la place était si étroite qu'elle favorisait fortement les Anglais.

III) disant aussi qu'ils ne purent utiliser ni les archers ni leurs arbalétriers car l'endroit étant si étroit qu'il n'y avait place que pour les hommes d'armes.

IV) quand il parle du terrain je cite: il avait plu si fort toute la nuit, que la place des Français était molle et effondrée, les Français étoient si lourdement armés de cottes d'acier moult pesantes que c'est à grand peine qu'ils pouvaient avancer.


PS: certaines traductions furent difficiles j'accepte par avance votre indulgence, il reste une question comment les français ont ils pu se placer dans une posture aussi désavantageuse ???  M de V

jeudi 8 juin 2017

Albion pèlerins et pèlerinages suite 8

Les pèlerinages étaient incessants, on s'y rendait pour un vœu, guérir une maladie, une infirmité ou pour expier ses péchés, on allait prier Saint Thomas de Cantorbery ou Notre Dame de Walsingham et même la tombe de cet ermite qui ne fut jamais canonisé, Richard Rolle d'Hampole mort en 1349.

Ces deux sanctuaires avaient une renommée Européenne, riches et pauvres s'y présentaient en foule, la grande majorité accomplissaient avec une dévotion sincère le chemin les menant vers ce but. Dans cet état d'esprit si un chevalier trouvait sur son chemin un pèlerin comme lui, mais ouvrier ou marchand, il ne le traitait pas avec hauteur, faisant même montre à l'occasion d'une certaine jovialité ou de camaraderie

Arrivé au but de leur voyage ils priaient avec ferveur dans la posture la plus humble qui soit, un émoi religieux leur emplissait l'âme quand ils se trouvaient enfin devant ces mystères de la foi, qu'ils étaient venus vénérer de si loin, et ce au prix de tant de fatigues.

Soyons logiques on trouvait aussi l'homme pratique, venu rapidement à cheval, pour marchander une faveur divine, avec le Saint ou la relique, voir même pour juste se donner bonne conscience, ou l'émissaire d'un haut personnage envoyé pour faire une offrande, ce qui se faisait bien sur au moment de grande affluence !!! Mais pour la grande majorité de nos pèlerins, l'émotion était pieuse, ils repartaient soulagés ou consolés.






La prière et le recueillement achevé, chacun fait une offrande en proportion de sa fortune, puis on achetait une médaille commémorative, en plomb ou en étain, en souvenir de ce lieu de pèlerinage.

On portait ces souvenirs bien apparents, cousus sur les vêtements ou sur le chapeau. chaque lieu possédait sa propre médaille, attestant par le fait le passage de notre pèlerin.

Nous venons de décrire le pèlerin de circonstance, qui après avoir réalisé son vœu, retourne chez lui pour reprendre le cours de sa vie, retrouver sa famille et son travail, mais il n'en est pas de même avec le pèlerin de profession, que l'on nomme Palmer ou  Paumier, dont l'existence entière se passait à voyager de sanctuaires en sanctuaires, et de pays en pays.







Toujours en route, toujours mendiant c'est l'un des plus curieux exemple de la race religieuse nomade. Le Palmer changeait constamment de pays, il avait une grande expérience des choses et des hommes.

Ce genre de personnage avait beaucoup vu, mais à cette longue expérience se mêlait  une foule de détails et d'aventures ou d'anecdotes nées de son imagination, lui servant à édifier la moutonnière multitude, à qui il tendait la main.

Ces belles histoires, qu'il enluminait de ses pieux mensonges, et dont il était le héros lui permettaient de gagner son pain, et l'habitude aidant il finissait par avoir dans sa voix cet accent de conviction qui captive un auditoire.

La foule écoutait attentive, voir, recueillie et le grand nombre de médailles cousues à son vêtement et sur son chapeau parlaient en sa faveur. Pour compléter sa panoplie, il possédait un grand sac à provisions et un bâton de pèlerin (nommé aussi bourdon), qu'il tenait avec ostentation, sorte de viatique vers l'au delà. Au sommet de ce symbole du pèlerin on trouvait le plus souvent une plaque métallique avec la devise " Haec in tute dirigat iter " qui au sens littéral voulait dire qu'il te conduise et te protège sur ta route.







Il fallait des lettres testimoniales afin de pèleriner, mais aussi un passeport en règle pour traverser la mer, ce document ne se délivrait que dans certains ports fixés par avance par les lois du royaume, tel que Londres, Sandwich, Douvres, Southampton, Plymouth, Dartmouth, Bristol etc.

Des peines très sévères sont prescrites, pour les gardiens de ports, inspecteurs et capitaines de navires qui transgressaient la loi en se montrant négligents ou en favorisant ces nomades.

Mais l'attrait des pèlerinages lointains était grand, avec ou sans lettre ou passeport, on traversait la Manche, on arrivait à Calais, ou en Aquitaine voir même directement en Espagne, en fonction du lieu de son pèlerinage. On s'arrêtait quelques temps dans une " maison Dieu ". Celles ci étaient construites avec les dons des âmes pieuses qui les avaient dotées de revenus.







Puis on partait pour Boulogne implorer une vierge miraculeuse, Amiens vénérer une tête de Saint jean Baptiste, Rocamadour pour sa célèbre Madone et bien sur Saint jacques de Compostelle.

A en juger par les complaintes de certains pèlerins, nul ne devait s'attendre à un grand confort sur les Bateaux, il faut dire que ces cogghes n'avaient rien qui puisse faire penser à une croisière d'agrément, le pèlerin était le souffre douleur du marin tout au long de la traversée, soit il était malade, soit il gênait ou se plaignait trop du mal de mer.

En règle générale il ne fallait pas penser à rire quand on allait à Saint jacques par mer, bousculé par les marins, et les remarques railleuses de ces gens de mer sont pénibles à entendre, disent certains pèlerins

Le voyageur au retour racontait ses souvenirs en ajoutant lui aussi mille et un pieux mensonges à ses compatriotes, et l'envie leurs venaient d'en faire autant.







Ceux qui restaient au village s'associaient de tout cœur à l'œuvre du pèlerin, en ville beaucoup de guildes et de confréries prévoyaient dans leurs règlements le possible départ d'un de leurs membre pour un pèlerinage, dans ce cas tous les frères et sœurs de la corporation accompagnaient hors la ville le pèlerin pour lui faire ses adieux.

Souvent lui était remis de l'argent pour faire face à ses dépenses, puis on le laissait partir de son pas mesuré, commencer un voyage de plusieurs mois à travers maints pays.

Il y avait aussi des guildes qui tenaient maison ouverte pour recevoir les pèlerins de passage, sans être cependant une maison Dieu, mais afin de s'associer par une bonne œuvre à celle des voyageurs. Ce lieu était tenu généralement par un  homme et une femme, qui lavaient rituellement les pieds des voyageurs et qui prenaient soin d'eux.








Mais en ce XIV siècle la foi disparaît, ou se transforme, on devient à la fois sceptique et intolérant, il y a dans cette période le doute qui s'insinue provocant des accès de désespoirs et un déchirement profond dans la société de l'homme du XIVeme siècle

Il faut noter que ce sentiment, ce mal être pouvait provoquer un retour vers la foi entraînant de nouveaux vœux de pèlerinages, cette période qui fut riche en guerres, famines et épidémies de peste ne marque aucunement un ralentissement des pèlerins vers les lieux saints ou les saintes reliques.



PS: ces voyages pouvaient aller de plusieurs mois à plusieurs années selon l'endroit et les conditions de voyage du pèlerin, et encore je ne parle pas du pèlerinage pour faute, sur décision de justice. M de V