Le terme est très anciennement attesté dans la langue française. On le trouve au tout début du XII siècle dans un passage de la chanson de Roland. Les chansons de geste témoignent aussi qu'aux XII et XIII siècles " Oriflamme ", n'est pas un nom propre et ne désigne pas un objet singulier unique, mais plutôt un type de Gonfanon caractérisé par sa couleur d'un beau rouge que l'on déploie dans les armées féodales !
Selon un chroniqueur Anglo-Normand du XII siècle, Orderic Vital, le Roy Louis VI vaincu à la bataille de Brémule (1119), se fit prendre son gonfanon par un chevalier à la solde de son adversaire Henri Premier Beauclerc, Roy d'Angleterre et Duc de Normandie.
Si le Roy de France parvint à récupérer son destrier ainsi que son harnachement il fut gros Jean comme devant pour son étendart !!!
Henri Premier Beauclerc avait racheté à son chevalier ledit trophée, pour la somme considérable à cette époque, de 20 Marcs, ce qui représentait environ un lingot de cinq kilos d'argent !!!!. On peut supposer qu'il fut remis à la garde d'une église pour y être exhibé, ex voto, selon l'usage attesté dans cette période.
Ce n'est qu'un épisode parmi tant d'autres émaillant notre histoire médiévale les trophées pris aux vaincus finissaient la plus part du temps par orner les lieux de cultes des vainqueurs. Quel que soit le pays ou la provenance, du Saint Empire Germanique, de Flandres, D'angleterre, d'Italie, de l'Espagne ou d'Outre mer, il fallait bien se justifier de quelque chose de Saint de façon à s'en mettre plein le grouin sur le terrain !!!
Ne nous voilons pas la face c'est toujours d'actualité ! ou nos dirigeants, la conscience drapée d'innocence, montrent du doigt l'adversaire, le mécréant ou le méchant !!!
Cependant quand l'Empereur germanique, Henri V, menace d'envahir le royaume en 1124, Louis VI décide de rassembler l'Ost contre lui. il se rend à l'Abbatiale Saint Denis, prier le Saint Martyr, le protecteur de la monarchie Capétienne
Il y prend le Gonfanon de Saint Denis, comme il est habilité à le faire en tant que détenteur du Comté de Vexin et Fief de cette Abbaye. Il devient de plein droit le Gonfanonnier, le porte drapeau de l'Abbaye !, au même titre par exemple, que le Comte d'Anjou avait le droit d'emporter à la bataille l'étendart de Saint Martin, premier évêque de Tours !
Ainsi se trouve attesté, pour la première fois, un rite qui devait se renouveler à maintes reprises jusqu'en 1465. Pendant trois siècles la coutume voulut que lorsque le Roy partait pour la guerre il se rende à l'Abbaye Saint Denis pour y recevoir le Gonfanon, ou Enseigne Saint Denis, le restituant au retour lors d'une cérémonie !
C'est à Guillaume Le Breton que l'on doit la première description de l'Oriflamme, dans son poème " la Philippide " à l'occasion de la bataille de Bouvines (1214), je cite : simple enseigne tissée de cendal ( étoffe de soie), d'un rouge éclatant, flamme dorée est son nom vulgaire
Il est dit aussi de cette flamme rouge, sans ornement, qu'elle fut portée comme une bannière d'église, c'est à dire sur une barre transversale attachée à une hampe (manche) tenue par le porteur verticalement
La couleur rouge n'est pas une innovation du début du XIII siècle. Dès l'origine, pour tout le monde, le mot Oriflamme évoquait un bannière de couleur rouge sang, mais représentait surtout la Pourpre symbole de la souveraineté du pouvoir suprême
A l'époque ou Louis VI avait, le premier, pris l'enseigne de Saint Denis, la monarchie n'avait pas encore de véritables armoiries. L'oriflamme est antérieur au développement de l'Héraldique !!
Selon les textes, ce ne fut qu'un peu plus tard, sous Philippe Auguste, que flotta dans l'Ost royal la bannière fleurdelisée. A partir de ce moment les Roys emportaient l'oriflamme avec eux comme une relique, une sorte de talisman, devant protéger et donner la victoire à l'Ost !
L'oriflamme va sortir plutôt mal en point des défaites successives subies lors de la guerre de cent ans, Crécy, puis Poitiers et pour finir Azincourt vont compromettre définitivement la destinée de l'antique Oriflamme !
On ne le vit plus jamais sur aucun champ de bataille. Tout juste une fois, sous Louis XI, lors de la guerre du bien public. Bien sûr l'objet existait encore, il était conservé à l'Abbaye de Saint Denis, on le montrait aux pèlerins, mais il semble que les restes tangibles de l'Oriflamme n'aient guère dépassés 1600 ????
PS: l'église s'efforça tout au long de cette période, par le biais d'une cérémonie de remise de l'Oriflamme, de faire admettre aux Roys de France qu'ils étaient ses vassaux. Prétention exorbitante à laquelle la monarchie n'a jamais franchement consenti ...M de V
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