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mercredi 8 juillet 2020

1/3) Les Alchimistes dans la Société Médiévale

On ne peut aborder ce sujet sans se poser bien des questions !!!....Comment pouvait on devenir Alchimiste à cette époque ?, y avait il pour ce faire, une filière réputée normale ?, et aussi des itinéraires plus détournés ?

Un point semble devoir être noté avec certitude: si tout un chacun pouvait décider de se mettre à pratiquer l'alchimie il devait se procurer plusieurs manuscrits traitant du sujet, et ils ne devaient pas être facile à trouver, car il ne faut pas oublier que l'imprimerie ne fut inventée qu'à la toute fin du Moyen âge !!. Puis notre étudiant devait se constituer un laboratoire, acheter ustensiles et ingrédients afin de passer à la pratique !!

Il semble loisible de croire qu'il n'avait aucune chance de réussir " le Grand Oeuvre " tant qu'il n'aurait pas rencontré un Maître, qui l'instruirait des secrets décisifs pour ces opérations. Car aussi complet que puisse être un Traité, qui bien souvent était semé de pièges en écritures afin d'égarer les curieux, il restait toujours une pierre d'achoppement pour l'autodidacte médiéval, qui ne serait pas guidé par un Mentor !!

Or donc comme le dit le vieil adage, l'union fait la force !!, d'ou la compréhensible tendance chez nombre d'alchimistes à cette époque de vouloir se rencontrer et se concerter sur les problèmes pratiques, mais également à confronter expériences et résultats. Bien sur nous sommes encore dans le cas des hypothèses plausibles, mais tout le moyen âge en est pavé !








Paris comptait au XIV et XV siècles, deux lieux de rencontre ou nos spécialistes, qu'ils viennenr de la Capitale, des Provinces, ou de Pays étrangers étaient toujours assurés de nouer contacts avec leur pairs en alchimie !!

L'un de ces lieux était le portail de l'église Saint Jacques-la-Boucherie, point de départ parisien du pèlerinage de Compostelle, l'autre étant la façade de Notre Dame de Paris avec ses trois portails. Nicolas Flamel relatait ainsi ses rapports avec des confrères lors de maintes discussions....Je cite: de sorte qu'il ne se passoit pas jour, mesmement ( même) les festes et dimanches que nous nous assemblions au logis de quelqu'ung, et fort souvent le mien, ou à notre Dame la grande, qui est l'église la plus fréquentée de Paris, afin de parlementer des besoignes (travaux alchimiques) passées aux jours précédents !!!

Parfois des alchimistes décidaient d'associer leurs recherches et donc de travailler de concert à la poursuite du Grand Oeuvre. Le cas le plus exceptionnel sera l'association de trois compères Normands qui seraient parvenus au but final, si l'on en croit la tradition ??. Ce fut au château de Flers que ce trio d'adeptes labourèrent ensemble, Nicolas Valois, Nicolas  Grosparmy et le curé Vicot. Ce ne sera qu'en 1975 que fut édité deux des Traités les plus importants du trio "les cinq livres ou la clef des secrets" et "le secret des secrets", mais des copies amoureusement caligraphiées de ces manuscrits passérent d'alchimiste en alchimiste jusqu'à la fin du XVIII siècle !!!










On pouvait aussi trouver de véritables sociétés d'alchimistes. C'est près de Naples, devant les membres d'un groupement de ce genre que Raymond Lulle (docteur illuminatus) aurait selon la tradition "teint" du mercure vulgaire ?

Vers 1450 deux alchimistes, l'un Français (jean Casnier), l'autre Italien (Jean de Pavie) s'éléveront avec force contre une société qui faisait circuler des livres réservés normalement à leurs seuls membres

A la même époque, milieu XV siècle, une société Anglaise d'alchimistes se réunissait dans l'église de l'Abbaye de Westminster. Il nous faut rappeler qu'au Moyen âge les lieux de culte servaient volontiers, en dehors des services religieux, à différentes sortes de réunions. Que ce soit des particuliers, des marchands des corporations ou des guildes. Il n'existait alors aucune structure ressemblant à une salle de conférence, un lieu de réunion, ou un foyer culturel

Si l'église était avant tout pour l'homme médiéval la "Maison de Dieu", c'était aussi en grande partie une maison commune. La loi en Droit Canon, précise que si le coeur de l'édifice appartient à Dieu et au Clergé qui y officie, le lieu de prière, lui, appartient au peuple des fidèles !!










C'était en fait le principal, voir même l'unique lieu possible pour des rencontres nombreuses, à cette époque une église grouillait de monde et pas seulement aux offices religieux

Pour terminer cet article, l'un des principaux alchimistes du XIII siècle, Saint Albert le Grand, donnait au début de son Traité "De Alchimia", une série de conseils destinés à ceux qui souhaiteraient travailler à la réalisation du Grand Oeuvre, il y mêlait étroitement les conseils de prudence aux impératifs financiers !!

Je cite: un alchimiste doit habiter loin des hommes, une maison particulière, l'alchimiste doit être silencieux et discret et ne doit révéler à personne le résultat de ses opérations. Il devra vivre dans la solitude à l'écart des hommes. Il choisira l'heure propice à ses travaux et devra attendre que les Constellations soient favorables

Il devra être patient et persévérant en opérant selon les régles ; la Trituration, la Sublimation, la Fixation, la Calcination, la Solution, la Distillation et la Coagulation. Il n'utilisera que des vases de verres ou des poteries vernissées. Il doit être assez riche pour supporter la dépense éxigée par ses travaux, et il évitera tout contact avec les Princes et les Gouvernants !!!





PS: article tiré du livre de Serge Hutin, Docteur ès Lettres, attaché de recherche au CNRS (la vie des Alchimistes au Moyen âge M de V

dimanche 21 juin 2020

Le Roy Arthur l'homme et le mythe

Dans les îles britanniques, quatre siècles d'impérialisme romain laissent des traces. En 410 l'Empereur Honorius conseille aux britanniques de se défendre seuls contre les envahisseurs, cela ne mettra pas fin pour autant à l'influence romaine en Albion.

En fait Honorius a besoin de tous ses soldats pour se battre contre Germains et Barbares il pensait que cela ne devait pas durer longtemps, à ce moment la, il ne sait pas encore que ceux ci envahiront l'Empire d' Occident. Malgré des difficultés économiques énormes et une population en baisse le style de vie romain survit tant bien que mal dans des cités comme Bath, Carlisle, et York. Plusieurs siècles après, les édifices romains existent toujours et de grandioses villas dominent encore la campagne du Sud Ouest, mais qui est alors au pouvoir ?????

Des Aristocrates Romano-Britanniques s'entre déchirent ils pour gouverner Albion ????. Quoi qu'il en soit une forte personnalité s'impose en 430 " Vortigern " le grand Roy, et il va échoir à ce monarque la tâche colossale d'organiser les défenses britanniques contre les envahisseurs Barbares. Ce ne sont pas que les Germains venus à l'Est, mais aussi les Pictes au Nord et les Irlandais à l'Ouest !!!!

Vortigern reprend à son compte une vieille tactique romaine qui a fait ses preuves: il recrute chez l'ennemi Germains, Angles, Saxons et Jutes principalement. Ainsi il augmente singulièrement ses forces, et en échange de quoi il les autorise à s'installer dans l'Est

Cette tactique malheureusement va se retourner contre lui, lorsqu'en 449 les troupes d'Hengest (l'Etalon), et de Horsa (le Cheval), se révolteront et commenceront à repousser les limites du territoire que le monarque Vortigern leur avait consenti !!!!

Ainsi commence entre les Roys Britanniques et les chefs Germaniques la longue épreuve qui nourrira la légende pendant des siècles. De nombreux Bretons que les Anglo Saxons appelent Gallois (Welsh, les étrangers), sont purement et simplement assimilés. Leur langue et ce qu'il restait de la vie romaine disparaissent à jamais, la ou passe le raz de marée des migrants Germains du Nord !!









Malgré de belles victoires britanniques comme au Mont Badon en 500, les Germains continuent à envahir l'Ouest et le le Nord. En l'an 600, seuls restent le Pays de Galles, Dumnonia (Devon, Cornouailles, Somerset), Stratclyde et la Cumbrie.

Entre temps des tribus entières de Bretons du Sud Est traverseront la Manche pour s'installer sur une terre qui portera leur nom, pour devenir notre Bretagne. Nombre de Roys qui se sont battus contre les Anglo Saxons restent enveloppés de mystère. Le plus énigmatique d'entre eux devint l'un des plus grands personnages légendaires de la littérature occidentale !!

Les histoires sur Arthur sont si populaires que l'on oublie bien souvent que Merlin, Guinevere, Camelot, Excalibur et la Table Ronde ont été inventés des siècles plus tard !!. Geoffrey de Monmouth est le premier auteur à les évoquer en 1151

Son histoire des Roys de la Grande Bretagne a soulevé un tel intérêt pour la geste Arthurienne que son héros est devenu l'objet d'un véritable culte dans les îles Britanniques, après notre auteur fut nommé évêque de Saint Asaph. Son oeuvre s'inspire de légendes du Haut Moyen Age qu'il a ensuite mêlées aux récits des chroniqueurs de l'époque

Il dit s'être inspiré aussi d'un vieux livre qu'il se refusa toujours à nommer ??. Ces contes d'héroïsme, de magie, d'amour, de violence, d'adultère et de trahison constituent le premier récit des périodes troubles de l'histoire britannique !!












Quand au vrai Arthur il apparaît pour la première fois en 830, dans l'histoire des Bretons écrite par un Gallois nommé Nennius, puis en 960 dans les annales du Pays de Galles


Arthur se serait battu à Badon et serait mort à Camlann. A l'époque de Nennius et des annales Arthur était déjà une légende et le fait que l'on ne sache presque rien sur lui laisse le champ libre à l'imagination !


Plus la frontière fut menacée et plus son nom devint un symbole de la résistance acharnée des Britanniques face aux Saxons















PS: les infos de cet article ont été prises sur les chroniques de L'Angleterre, votre copiste le Nain vous souhaite un bon retour à la vie normale hors confinement M de V

mardi 2 juin 2020

N°355) l'histoire de Jehan Lequinio

Dans ses chroniques Dom Pézeran dont nous avons tiré le combat des trente pour notre dernier article, fait état d'un enfant nommé Jéhan Lequinio, le gamin avait fait le guetteur lors du fameux combat en champ clos

Plus tard l'enfant fut remarqué par un autre ecclésiastique nommé Dom Gilbert, supérieur de la belle Abbaye de Josselin, ce moine avait une grande réputation dans l'art de l'enluminure, et il avait remarqué des dispositions pour cet art chez cet enfant grace à certains portraits que Jéhan traçait au charbon sur les murs !

Le moine va se charger de l'instruction de l'enfant comptant bien que son art s'enrichisse d'un élément de valeur qu'il aurait formé lui même !!!. Jéhan fut installé dans une petite cellule de moine attenante à la bibliothéque de l'Abbaye et non loin de celle du supérieur .

L'enfant se crut le plus chanceux de tout le Duché de Bretagne, et il avait la ferme intention de prouver par son assiduité et son travail sa reconnaissance envers son protecteur . Ce fut en traçant les lettres sur du parchemin, utilisant plumes et calames qu'il apprendra à lire, bon moyen utilisé par Dom Gilbert afin de hâter son instruction tout en travaillant 

Car comme dit l'auteur de cette chronique, ce qui nous vient des yeux impressionne plus l'esprit, que ce qui vient des oreilles







Jéhan fit des progrès si rapides qu'il étonna son maître, mais ce qui charmait le plus ce bon moine était la pureté et la facilité avec lesquelles Jéhan copiait son modéle, non cotent de prodiguer des louanges à son élève , Dom Gilbert, avec orgueil, mettait sous les yeux des autres moines copistes du Scriptorium les pages tracées par son petit prodige et d'en faire ressortir toute la perfection.

Il blessa ainsi l'amour propre d'un jeune moine, fils cadet d'une famille de noblesse, qui voyait d'un oeil malcontent que le fils d'un manant vienne lui voler la vedette !!. La régle de l'abbaye ne permettait pas d'admettre au réfectoire et à la salle d'étude un manant qui n'était engagé par aucun voeu envers l'église !!. N'ayant d'autre caractère que celui d'un intrus toléré par égard pour Dom Gilbert, on regardait sa présence au sein de l'Abbaye comme une intrusion !!

Un assez long temps s'écoule (environ deux ans), et notre Jéhan fait des progrès si marqués que Dom Gilbert déclare que avant la fin de cette année le garçon serait le plus habile copiste enlumineur du Duché de Bretagne, ce qui n'est pas pour plaire au jeune moine issu de la noblesse qui va faire son possible pour discréditer Jéhan au sein de l'Abbaye !!

Dom Gilbert va enjoindre son petit prodige à prononcer ses voeux afin d'obtenir une position en tant que moine dans l'Abbaye de Josselin, le bon moine ne s'attendait surement pas à une telle levée de boucliers contre son projet !!!









Jéhan Lequinio de son côté entrevoyait avec joie le jour ou il pourrait prendre une place dans cette communauté, et ainsi faire taire les insinuations que faisait courrir sur lui ce cadet de famille noble qui avait la langue plus longue que ses talents en écriture

Dom Gilbert formule cette proposition à L'Abbé, sont supérieur dans l'abbaye de Josselin, qui était lui même fort désireux de s'attacher un copiste enlumineur si talentueux. Mais c'était sans compter sur l'opposition qu'ils trouvèrent tous deux au sein du chapitre de l'abbaye !!!, grand fut leur étonnement quand la majorité des moines repoussa la proposition, en alléguant que ce jeune manant, tout en copiant les saintes écritures ne les comprenait point

Un événement inattendu vint changer la condition de Jéhan Lequinio. La copie d'un manuscrit admirablement enluminé par lui avait été envoyé au pieux Charles de Blois, alors prisonnier à la Tour de Londres, ceci afin de le distraire de sa captivité, il en fut tellement enchanté, qu'il fit savoir à son épouse en Bretagne, qu'il désirait attacher à sa maison un homme aussi habile que Jéhan Lequinio. Ainsi fut il donc fait et Jeanne de Penthièvre formula par message une demande à l'Abbaye de Josselin










Le message arriva à l'abbaye avec la proposition de convoyer vers elle le jeune prodige, à Dinan, ou elle résidait alors. Jéhan avait éprouvé bien des déboires et essuyé bien des propos venimeux depuis qu'il étudiait en ce lieu et connaissait le refus qu'il lui était fait au sein du chapitre de l'abbaye !!

La demande de Jeanne fut acceptée par l'Abbé du monastère de Josselin, et l'on vit donc à quelques temps de la se présenter un envoyé, avec mission de conduire Jéhan auprès de l'épouse du Comte de Blois. Notre envoyé se nommait Autfroy de Mont-Boucher, il se trouva fort dépité de trouver face à lui un gamin de figure chétive et pale d'avoir tant étudié !!

En fait l'homme et sa maîtresse cherchaient un moyen secret de faire évader le Comte de Blois de la Tour de Londres !!!!. Charles de Blois ayant demandé qu'on lui envoya le jeune copiste pour adoucir les rigueurs de sa captivité, et le Roy d'Angleterre n'ayant trouvé aucun danger à cette requète avait donné son accord

Jeannne de Penthièvre comptait utiliser ce jeune homme au coeur dévoué à la Bretagne afin de trouver un moyen de faire évader son époux, c'est ainsi que Jéhan parti pour Londres, dans le modeste équipage d'un copiste enlumineur avec mission de trouver un moyen de faire évader le Comte de Blois




PS: si vous désirez connoître la suite lisez la doc BNF, le combat des trente suivi de l'histoire de Jéhan Lequinio, écrit par P Lavayssière M de

lundi 27 avril 2020

le combat des trente

Le nain s'en va à sa façon vous conter ce haut fait d'armes de Bretagne, issu des manuscrits de Dom Pézeran, ce savant Bénédictin, qui laissa de nombreux écrits, en forme de chronique, sur l'histoire de cette région. Ce moine aimait à relater les faits illustres des seigneurs du Duché Breton, voir même ce qui pouvait faire honneur aux manants des campagnes et des cités de son Duché !!

Exposons les faits et les griefs de chacun comme point de départ de la situation. Entre les deux prétendants au Duché de Bretagne, une trêve avoit été signée, pour la nécessité de laisser se reposer une région par trop dévastée. Des deux côtés il estoit difficile d'observer celle ci. Les troupes de Charles de Blois se composaient de français, d'espagnols, d'allemands et de génois, bref des soldats ramassés dans tous les conflits de la guerre de cent ans, et peu contenus par la discipline ils étoient habitués comme ceux de l'autre camp aux pilleries et forcements de toutes nature !!!!

A ces troupes s'estoient unis pour diverses causes ou raisons, un grand nombre de seigneurs Bretons, mais il en estoit une qui les unissaient tous !!...la haine de l'Anglois. Car dans l'autre camp Jean de Montfort les avaient appelés en prompt renfort, ce Duc leur accordait trop et leur laissait bride sur le cou, mais pouvait il faire autrement ???, et les gens d'Albion faisaient un abus déplorable des concessions du Duc Jean. Les troupes de ce dernier n'estoient ni mieux composées, ni plus disciplinées que celles de Charles de Blois !!!

Bref deux troupes qui aimaient en découdre et qui possédaient toutes les deux le goût du massacre et du pillage et possédaient de fort bonnes excuses pour pratiquer ce sport sur le dos des pauvres gens.










Cependant il y avait une grande différence entre les partisans des deux camps. Charles de Blois protégeait les monastères, abbayes, couvents et églises, ainsi que tous les gens appartenant au clergé, tandis que les auxiliaires Anglois dévastaient sans avoir ce genre de scrupules, se livrant aux plus abominables excès grâce à la tolérance de jean de Montfort !!

Or donc il fut décidé lors d'une réunion des différents capitaines Bretons, en la ville de Josselin que la chose avoit assez duré !!. C'est autour d'une table qu'une trentaine de chevaliers, présidée au haut bout de la table, par Robert de Beaumanoir, que fut pris une décision

Mais encore fallait il pour aller tirer la moustache de l'Anglois, ne pas rompre la trêve jurée !!!. Le sire de Tinteniac qui avoit le sang chaud se lève et  apostrophe Beaumanoir..." qu'attend t'on pour aller tirer Bembrough de Ploërmel Beaumanoir !!"

Il fut décidé après moult palabres que l'on provoquerait l'Anglois en champ clos pour un duel à outrance, trente Anglois contre trente Bretons. Le 25 mars 1351 le gant était jeté et relevé par l'Anglais, rendez vous fut pris pour le 27 dans une lande à égale distance de Ploërmel et de Josselin

La séance de Bourre Pif pouvait avoir lieu à grand renfort de lances, épées, haches, masses et poignards, à pieds ou à cheval, dans un lieu ou un seul chêne se dressait











Le 27 au matin Beaumanoir et ses trente tenants entendirent messe, puis allèrent prendre un solide repas avant de se mettre en selle, nos Bretons furent les premiers arrivés auprès du chêne de cette lande, nommée à l'époque "lande Haëslan", les Anglois arrivèrent à quelques temps de la !!

Or donc la belle emprise en champ clos avec armes de guerre pouvoit commencer, les Anglois exécutent un mouvement tournant au petit galop sur la gauche comme s'ils avaient l'intention de heurter la droite du parti breton, le but étant pour eux d'avoir le soleil dans le dos tandis que la troupe de Beaumanoir l'aurait de face !!!

Quelque rapide que fut la réaction des Bretons ils reçurent un choc terrible et plusieurs d'entre eux furent désarçonnés. Ce grand mangeur de charrette ferrée qu'estoit Bembrough poussa un hourra et se préparoît à une seconde charge sur la droite des bretons, mal lui en pris car Beaumanoir resta au contact, et lança ses petits chevaux bretons entre les rangées Anglaises. Alors s'engagea le jeu des épées, des masses d'armes et des haches, qui retentissaient comme marteaux sur enclumes !!!

Plusieurs Anglois furent renversés et basculèrent cul par dessus teste le nez dans la fange. Un simple escuyer, nommé Geoffroy de la Roche quoique lui aussi démonté tua un Anglois d'un magistral coup de hache e se distingua tant pendant la première partie du combat, qu'au moment de la pose, les combattants des deux camps étant harassés, il demanda à Beaumanoir le grade de chevalier, ce qui lui fut accordé avant la reprise des hostilités










Le combat repris et la mêlée estoit furieuse, frappant de droite comme de gauche, Bembrough avec deux de ses hommes d'armes cherchait le contact avec Beaumanoir, ce dernier fort entouré soutint sa réputation fourni force horions, tuant l'un à la hache, renversant l'autre et faisant une fort belle estafilade à Bembrough !!

Cependant il estoit blessé en plusieurs endroits et perdait son sang, écrasé de fatigue et creuvant la soif il s'écarte du combat en demandant à boire, c'est à ce moment qu'il y eut cette repartie célèbre de Geoffroy Duboys " bois ton sang Beaumanoir et tu sera désaltéré "....., Il revint au combat avec rage

Pendant ce temps Bembrough citait à ses compagnons une prophétie de Merlin qui selon lui promettait la victoire aux Anglois. Dans les deux camps ils étaient presque tous démontés, mais Bembrough réussit à saisir par derrière Beaumanoir, le tenant à la gorge il lui crie de se rendre, seulement voila !!!...il n'avait pas vu Alain de Kéranré, qui arrivant sur le côté va le percer de part en part, notre Anglois, tel une masse, tombe au sol ensanglanté

La chute du chef des gens d'Albion ne rétablissait pas encore la balance car ils disposaient toujours de quelques hommes d'armes à cheval de plus que les Bretons, c'est alors que Guillaume de Montauban sauta sut un cheval sans maître et charge furieusement nos Anglois, ce choc imprévu rallie les Bretons qui se jettent sur ceux d'Albion provoquant la défaite des cavaliers

Les Bretons restèrent maîtres du terrain et ce qui restoit d'Anglois se rendit, alors Beaumanoir, ne voulant ni rançon, ni prisonniers dit: enlevez vos morts reprenez armes et chevaux et retirez vous aussi libres que lorsque vous êtes venus. parmi les gens connus de ce parti Anglais se trouvaient deux guerriers réputés, Robert Knoles, et Hugues Calverley 




PS: selon les historiens et les époques il y a divergence d'opinions au sujet du nombre de morts et de blessés dans les deux camps,je ne donnerais donc pas de chiffres. Cependant les rudes paroles de Geoffroy Duboys traverseront les âges " bois ton sang Beaumanoir et tu sera désaltéré "...un vrai poète le Geoffroy mordious !!!!!!!..M de


vendredi 10 avril 2020

Le Chancelier Nicolas Rolin 1380-1461

Nicolas Rolin est né à Autun, sur la paroisse de Notre Dame, dans une maison de la rue des Bans. La famille de Nicolas était originaire de Poligny, et détenait depuis de longues années le Fief seigneurial de La Roche Bazot, à six lieues de Autun. La date de naissance exact de notre homme nous est inconnue, elle est fixée de manière approximative à l'année 1380

L'histoire ne nous laisse aucun document qui puisse nous donner des détails sur l'enfance de cet homme célèbre ??. Sa famille ne brillait pas par l'éclat que peuvent procurer de hautes fonctions dans le royaume, ni par les faits d'armes glorieux dans l'Ost. Le nom de Rolin n'avait, semble t'il, jamais franchi les limites des environs de sa cité, on peut donc en déduire que notre Chancelier de Bourgogne fut le premier à briller de cette souche dont il était issu

Après avoir fait d'excellentes études dans le Collège des évêques d'Autun, Rolin se rendit à Dijon. La brillante cour des Ducs de Bourgogne avait attiré, dans cette Capitale, bon nombre d'érudits, de doctes personnes et de savants. C'est parmi tous ces protégés et favoris du Duc Philippe le Hardi (fils de Jean II le Bon), que Nicolas va évoluer et achever de se perfectionner. Notre homme était très versé dans l'Art Oratoire, donc un Juriste, métier très en vogue à cette époque, c'est donc tout naturellement qu'il va embrasser la profession d'Avocat









Nommé de bon heure au Parlement à l'avènement de Jean sans Peur, fils de Philippe, sur le trône Ducal, Nicolas se marie l'année suivante avec Marie, fille de Berthold de Landes, qui était en charge de la fonction honorifique de Valet de chambre du Roy, tout en assurant également la fonction de Général Maître des monnaies de France

La mère de Marie était la fille de Michel de Culdoë, Prévôt des marchands de Paris, voila notre Nicolas fort bien marié !!!. Mais son épouse mourra en couches dans l'année 1410, Rolin habitait alors rue des Fols, un bel Hôtel qu'il fera rénover en 1412, un an après son second mariage

Conseiller de Jean sans Peur autour de 1408, celui ci lui fera présent du château et de la seigneurie d'Autume, ancien Fief de la maison dès De Vienne. Donc en 1411 il épouse Guigone de Salins, dont la famille remontait à Gauthier de Salins, Chevalier en 1150. le frère de Guigone, Guy de Salins, était conseiller de la Duchesse et maître de l'hôtel du Duc Jean. Voila notre Nicolas une nouvelle fois fort bien marié, mais non plus à la haute bourgeoisie, mais avec l'ancienne Noblesse d'épée !!!








Quand en 1422 il remplace au poste de Chancelier, Jean de Thoisy, évêque de Tournay, Nicolas devient chef de la justice et garde des sceaux, il disposait à Dijon d'un Gouverneur de la Chancellerie,  et d'un lieutenant dans toutes les villes du bailliage. Après les guerres civiles qui se terminent en 1435, et que la paix fut proclamée entre France et Bourgogne, Nicolas sera auréolé de la gloire des négociations de cette paix. Rolin était au sommet de sa puissance.

C'est en février 1440 que le Chancelier Rolin et sa suite vont traverser la ville de Beaune, il sera touché par la misère du peuple, que la famine et les guerres civiles avaient accablés, il va décider de fonder un Hôpital pour les pauvres et les voyageurs

L'affection de sa femme Guigone pour cette ville, ou plusieurs membres de sa famille avaient résidence, vont le déterminer à le construire dans cette cité. La construction des hospices de Beaune, ce magnifique édifice que nous connaissons, commença en 1443, la Charte de fondation témoigne du soin que mettait notre Chancelier dans tous les actes qu'il entreprenait, ou il est écrit je cite:

J'érige et dote en la ville de Beaulne, un Hospital pour que les povres et infirmes y soyent receus, servis et logés. Ce terrain acquis par moi, je le donne pour toujours à Dieu tout puissant, à la Vierge Marie sa mère, et au bienheureux Saint Anthoyne, j'y attache un revenu annuel de 1000 Livres sur la Saulnerie de Salins










Il était également stipulé q'une distribution journalière de pain se devait d'être faite aux pauvres de cette ville par les Hospices de Beaune !!

Tout y était expliqué, le nombre et la disposition des lits, le service des soeurs assurant les soins, l'administration de l'établissement et des revenus, rien ne fut oublié !!

La présence quasi permanente de son épouse Guigone, et les fréquentes visites du Chancelier Rolin donnaient aux travaux toute la célérité possible !!

Nous n'avons pas d'information quand au nom du maître d'oeuvre ayant réalisé les travaux, mais le type Flamand qui caractérise ce magnifique édifice laisse supposer que Nicolas en confia la direction à un artiste de ce pays




PS: Documentation BNF sur un Texte de Ch Bigarne écrit en 1860 M de V





mardi 24 mars 2020

Le Parloir aux Bourgeois

C'est le nom qui fut donné au bâtiment qu'occupent les échevins de la ville de Paris ainsi que leur administration, place de Grève, sur la rive droite de la Seine, en pleine zone marchande de la cité. Elle fut appelée aussi, précédemment "Maison aux Piliers"

Dès avant 1170 existait en la ville de Paris une corporation des "Marchands de l'Eau" (voir article N°328), analogue à celle des Bouchers, Drapiers, Pelletiers et autres métiers, qui sont déjà attestés, et qui possède des privilèges d'ordre commercial

Le Roy va confier à ces Marchands de l'Eau la police de la Seine entre Paris et le pont de Mantes. Le trafic est réglementé entre les marchands de la Capitale, ceux de Rouen, et les Bourguignons. Dans ces limites réservées aux Marchands Parisiens, les autres marchands ne peuvent commercer sans être associés avec un de ces marchands "Hansés" et demeurant en Paris

Tout contrevenant doit payer une amende dont la moitié du montant revient au Roy. Les marchands de l'Eau de Paris prélèvent aussi des droits sur les bateaux chargés arrivant à quai, comme le sel, le vin, les harengs, le bois, le foin et les grains. Le produit de ces taxes devant permettre l'entretien des berges, et d'aménager, tant que faire se peut des ports sur la Seine









En 1221 le Roy Philippe Auguste concède aux marchands de l'eau les Crieries de Paris, moyennant bien sur une rente annuelle de 320 Livres. Ils peuvent ainsi nommer ou révoquer les Crieurs à leur gré. Ils disposent de ce fait, d'un certain nombre de pouvoirs et surveillent les mesures et les poids, perçoivent les amendes pour contrefaçon et fraude, amendes qui reviennent pour une part vers le Roy

L'association des Marchands de l'Eau, dont les membres sont très liés au Roy, se transforme vers 1260-1260, en un corps organisé qui va exercer des pouvoirs municipaux. Un Prévôt des Marchands et quatre échevins la représente.

Les pouvoirs de cette municipalité ne cessent de croître à la fin du XIII siècle (voir articles N°74 et 75), et dans la première moitié du XIV siècle, au moment ou la Bourgeoisie connait son apogée

La ville de Paris n'obtient pas de Charte de Franchise, mais les pouvoirs de cette municipalité, qui ne cessent de grandir, tiennent de la Justice et de la Police. La bourgeoisie va disposer d'une importante organisation militaire qui aura pour base la Dizaine et son Dizenier

Au XIV siècle la milice bourgeoise se partage les 19 quartiers de Paris, qui sont aux mains des Quarteniers, divisés en Cinquanteniers et Dizeniers qu'ils commandent et dépendant étroitement du Parloir aux Bourgeois !!

Les échevins s'occupent en particulier de la sécurité nocturne, ils fixent le couvre feu que sonnera la cloche de la ville, et ils organisent le Guet. Pour faire appliquer ses ordres la municipalité de la capitale dispose d'un personnel administratif et judiciaire composé de Sergents. Par exemple au XV siècle ils sont divisés en deux corps distincts: les sergents de la marchandise et les sergents du parloir aux bourgeois (voir article N°73 et 74)

Les "Sergents de la Marchandise" sont au nombre de 4, chargés de visiter les rivières pour qu'elles ne soient pas "nuisables et préjudiciables à la marchandise de l'eau. Leur zone d'intervention ne se limitant pas à la Seine et s'étendant aux rivières avoisinantes comme l'Oise, la Marne et l'Yonne










Les " Sergents du Parloir aux Bourgeois ", sont 6, chargés du contrôle de la marchandise en vertu des privilèges de la prévôté des marchands, par exemple: ils étalonnent les mesures de vin des Taverniers, et une fois l'an y apposent une fleur de Lys en signe de conformité. Ces Sergents sont intéressés aux bénéfices de la justice qu'ils exécutent, ce qui accroît singulièrement leur diligence !!!

Ils sont par ailleurs gagés et reçoivent chaque année une livrée ( robe neuve aux armes de la prévôté des Marchands). Quand au Guet il est assuré, à tour de rôle, par les artisans des métiers et leurs apprentis

Cependant du fait de la puissance acquise au fil du temps par les Prévôts des Marchands et les échevins, ils vont entrer en conflit avec les hommes du Roy, notamment avec le Prévôt Royal du Châtelet, son Lieutenant Criminel et leurs agents (voir article N°155)

Ce sont surtout les événements politiques de la guerre de cent ans qui vont fragiliser cette institution dans la seconde moitié du XIV siècle, l'heure est aux insurrections (voir article N°158), après la bataille de Poitiers (voir article N°331 et 332)


PS: documentation BNF et interprétation d'un texte de J Favier ....M de V

lundi 9 mars 2020

Seul comme un Chevalier errant

Qu'il y ait eut ou non au VI siècle un chef de guerre nommé Arthur n'y change rien: c'est au génie d'un romancier du XII siècle , Chrétien de Troyes, que le roi Arthur doit d'avoir régné pendant de longs siècles sur le roman et sur l'imagination

Chrétien prend toujours l'air entendu: le roi Arthur vous le connaissez tous !, inutile de vous raconter son histoire. Mais je vais vous en conter une qui s'est passée sous son règne, il y a bien longtemps, dans un temps qui n'est plus le nôtre, quand les chevaliers étaient courageux et les amoureux fidèles :

Or est amours tournee a fable
de nos jours, amour devient fiction
Par chou que chil qui riens n'en sentent
parce que ceux qui ne l'éprouvent pas
Dïent qu'il ayent, mais il mentent
disent qu'ils aiment, mais ils mentent
Et chil fable et menchongne en font
et ceux qui en font une fiction et un mensonge
Qui s'en vantent et droit n'i ont
se vantent d'aimer sans en avoir le droit

Pour Chrétien de Troyes, inventer une histoire, ce n'est pas mentir, c'est feindre un sentiment que l'on n'éprouve pas, c'est tricher avec soi même. Ses cinq romans en vers Français, écrits entre 1170 et 1185 environ, montrent tous de jeunes chevaliers qui au fil de leurs aventures, découvrent l'amour, se découvrent eux même et voient se dessiner leur destin

Chacun de ces destins éclaire un épisode de la grande fresque des "aventures de Bretagne" sous le règne d'Arthur, qui est comme la toile de fond de ces romans. Chacun de ces héros aspire à être digne des valeurs de la table ronde: le courage, la fidélité, l'élégance au service de l'amour, le tout sous le regard de Dieu










Li boins roys Artus de Bretaigne
le noble roi Arthur de Bretagne
La qui proeche nous ensengne
dont la prouesse nous enseigne
Que nous soions preux et cortois
à être preux et courtois

Ces valeurs courtoises étaient celles de la société aristocratique de son temps. C'étaient celles de sa protectrice, la comtesse Marie de Champagne, fille du roi de France Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine, elle même petite fille de notre vieil ami Guillaume IX, le premier Troubadour

Pour se montrer digne de ces valeurs le héros part seul à l'aventure. Chrétien de Troyes invente un type littéraire promis à un grand avenir, celui du Chevalier errant !!!

Le chevalier errant est une pure fiction. Il ne pouvait pas exister dans la réalité. Non parce qu'il n'aurait rencontré ni châteaux enchantés, ni géants, ni demoiselle en détresse ( cette dernière catégorie au moins pouvait se trouver), mais parce qu'il était impossible de revêtir seul une armure, impossible de chevaucher ainsi harnaché des jours de suite, impossible d'utiliser un cheval de combat (destrier), comme cheval de voyage (palefroi), et donc de se passer d'un écuyer qui conduisait par la bride le destrier de son maître de la main droite (d'ou le mot destrier)










A la fin du Moyen âge, on organisera des fêtes et des joutes à thème Arthurien dont les participants porteront le nom de chevaliers de la table ronde et mimeront leurs aventures

Mais seul un fou comme Don Quichotte, ce héros du roman de Cervantes, aura l'idée de se faire réellement chevalier errant, et pourtant dans le Chevalier au lion, Calogrenant se décrit ainsi sur le chemin de l'aventure

Il avint, pres a de .vi. ans,
il advint, voila bientôt six ans,
Que je seus comme païsan,
que seul comme paysan
Aloie querant aventures
j'allais en quête d'aventures
Armés de toutes armeüres
revêtu de toutes mes armes
Si comme chevalier doit estre
comme un chevalier doit l'être
Et je trouvai un chemin à destre
et je trouvai un chemin sur ma droite
Par mi une forest espesse
au milieu d'une forêt épaisse




PS: je ne saurait trop vous conseiller ce livre de Michel Zink, qui a enchanté votre copiste le nain, je n'ai pas changé un mot de ce grand médiéviste qu'est notre auteur, en quarante chapitres imagés il nous invite à plonger dans l'aventure du moyen âge. La première image de ce bref article vous donne le titre et les références bonne lecture M de V

samedi 7 mars 2020

N°350) Le Juriste Guillaume de Plaisians

Les Juristes du Bas Moyen âge sont à l'origine du droit politique moderne, et l'on nous rebat sans cesse les oreilles avec Guillaume de Nogaret, mais quid de Guillaume de Plaisians ???, son bras droit dans les grandes affaires du royaume du roi de Fer

De ce Guillaume originaire du village dont il porte le nom, qui se hissera au rang de Chevalier et deviendra Seigneur de Vézenobre et de Vinsobres (Gard). On sait qu'il étudia le Droit à la fameuse Université de Montpellier, réputée pour son école de droit et de médecine, nous avons connaissance du fait que Guillaume de Nogaret y enseignait le droit

Plaisians y deviendra "legum doctor", ou si vous préférez docteur en droit. A partir de 1298 il est en poste à Beaucaire, comme juge mage, poste qu'avait occupé avant lui Guillaume de Nogaret

Plaisians occupe encore ce poste en février 1303, en ce début de XIV siècle, ou il fut convoqué par Philippe IV le Bel pour la réunion du Parlement de Juin 1303, c'est la première marche de son ascension au gouvernement des affaires, il va devenir l'un des fameux Légistes membre du conseil du roi de fer (nous dirions ministre à notre époque), mais voila beaucoup de coïncidences et cela pose questions ??









Est il mandé par le roi, ou sur demande de Nogaret ?, ce dernier devant aller à Anagni pour une confrontation avec le Pape Boniface VIII (voir article N°54 l'attentat d'Anagni et G de Nogaret)

Nogaret avait échoué à convaincre le parlement et le roi pendant la cession, en mars 1303, de prendre des sanctions contre Boniface VIII, est ce pour avoir un appui pendant son absence qu'il fait venir Plaisians, le Juge Mage de Beaucaire à Paris ???

Cela semble logique, car notre homme apparaît associé très souvent aux actes de Nogaret, principal conseiller du roi depuis la mort de Pierre Flote (Garde du Sceau privé), on le trouve impliqué dans nombre de dossiers (documents de G de Nogaret et de G de Plaisians, au trésor des Chartes, Ch V Langlois, notices et extraits des manuscrits de la BNF)

Il apparaît également dans la longue lutte du monarque contre le Temple, dans divers actes, au côté de son ancien professeur de droit, lutte commencée avant eux par Pierre Flote ( du moins jusqu'à la mort de ce dernier à la bataille de Courtrai), mais aussi de Aycelin évêque de Narbonne, Philippe de Villepreux, et plus tard Enguerrand de Marigny. Plaisians décédera avant le procès final du temple en 1314 (voir article N°52 la fin de l'ordre du Temple)









S'il est entré dans les coutumes de les qualifier d'âmes damnées du Roi de Fer, ils étaient avant tout des juristes d'exception à leur époque, les meilleurs avocats de la cause de Philippe le Bel (voir article N°70 Philippe IV le roi de Fer). Ils vont oeuvrer avec méthode, inventivité et acharnement dans l'intérêt de leur maître, contre celui de la religion

Benoit XI avait succédé à Boniface VIII, une ambassade fut envoyée à Rome, en février 1304, auprès du Saint Père, elle se composait de Béraud de Mercoeur, Pierre de Belleperche, Guillaume de Plaisians et Guillaume de Nogaret, dans le but de recevoir la levée de l'excommunication du roi de fer, lancée par Boniface, mais aussi pour féliciter Benoit pour son élévation au trône de Saint Pierre

L'ambassade fut un succès, le roi reçoit l'absolution, ainsi que trois de nos Ambassadeurs !!!....Nogaret étant exclus de cette mesure, on pense que Benoit a des doutes quand à l'implication de Nogaret sur la fin de vie de son prédécesseur

Cette relation entre Nogaret et Plaisians ne peut s'expliquer que part des relations antérieures et l'on peu supposer que Plaisians étant en Montpellier dès 1292, connu Nogaret, celui ci fut peu être son professeur, que ce dernier l'apprécia. On sait que des liens très forts, professeur élève, se tissaient à cette époque










Or donc plus tard quand Nogaret acquit la confiance du roi de Fer, aurait il avancé puis protégé la carrière de cet ancien élève ?. Plaisians fut toujours le second de Nogaret, même dans la mort, car bien plus jeune que son mentor il le suivi que de quelques semaine dans la tombe

Dès 1307 Guillaume de Plaisians est Seigneur de Vezenobres, cette bourgade comprenait environ 340 feux en 1295, il va contribuer à l'agrandissement de son fief en demandant la permission d'y établir un marché hebdomadaire et Vezenobres eut son marché tous les lundi. Guillaume, époux de Sibile eut trois filles, il meurt en novembre 1313






PS: voila remis en selle un oublié de l'histoire, à la façon de votre copiste le nain M de V

vendredi 6 mars 2020

Cagots médecins au bas Moyen âge 2/2

On ne trouve guère de Cagots médecins qu'au XIV et XV siècles, c'est à dire la toute fin du moyen âge. Selon le docteur Fay, je cite: nous n'en connaissons que quatre cités dans des documents écrits ou des actes notariés, en 1374, Maître Pierre, Crestia (cagot), de Lac, qui fut appelé pour soigner des plaies, Puis en 1384 un certain Berduc de Cazenave, promet devant notaire de payer à Johan Chestia (cagot), de Meritein, 23 florins d'or pour cure de plaie de tête

Au XV siècle en 1434, Maître Berdot médecin Chrestia (cagot), d'Oloron, accepte un arrangement pour le paiement d'honoraires que lui doivent deux habitants d'Aramitz, et en 1472 c'est encore un médecin cagot qui reçut de Jean de Mailhoc la cabane de Cauterets. On suppose bien sur qu'ils ne furent pas que quatre sur toute la France ???

Force est donc d'admettre que les Cagots devaient être en assez bonne santé pour assurer l'exercice de la médecine. Le droit pour eux d'exercer s'explique par la condition libre ou ils vivaient et le peu de surveillance dont on les entourait, sans compter l'incompétence notoire de nos pédants crottés de médecins issus des Facultés. Cependant on ne leur eût pas laisser cette licence au XI et XII siècles, et encore moins plus tard au XVI siècle

Lire article N°55 la médecine et la chirurgie, N°310 formation du médecin au bas moyen âge, N°56 le métier d'Apothicaire, N°156 lèpres et léproseries, N°157 les épidémies, le feu sacré, la Suète, la peste








Au sujet des cagots médecins, M Sanzot a dit avec justesse que s'il y avait en France des écoles de médecine, que ce soit en Montpellier, ou en Paris, on n'y aurait pas reçu les Cagots !!!, et qu'il est plus probable qu'ils aient appris leur art en Espagne ou l'on trouvait des médecins Juifs et Arabes ???

Cette seconde observation de M Sanzot serait justifiée, si elle était prouvée !!. Nos cagots avaient ils appris leur art dans quelque Université étrangère ????, ou n'étaient ils pas plutôt de ces médecins non officiels qui abondaient au XIV et XV siècle, et contre lesquels fut publié plus d'une ordonnance !!!

De même que dans les léproseries, certains lépreux faisaient office de médecin, peut être en était il de même chez nos cagots ???. On peu d'ailleurs se poser la question; serait ce la, l'origine de cette croyance populaire qui faisait d'eux des Sorciers ????

Or on sait qu'en Poitou, les Devins étaient uniquement recrutés parmi les Charpentiers et les Bûcherons, et ces métiers étaient précisément les seuls qu'exerçaient les Cagots, puisqu'ils ne travaillaient que le bois

Est il loisible de croire que cette réputation de sorcellerie attachée aux familles de bûcherons puisse marquer la persistance d'une coutume, celle de cagots médecins ou sorciers ????









Divers petits faits relevés par F Michel tendraient à confirmer cette opinion, exemple: Quand on mettait le pain à l'envers sur la table, dans certains villages il est dit que les Cagots avaient le droit d'entrer et de prendre le pain, de même que l'on raconte qu'un cagot avait le droit de prendre la charge que portait une bête de somme, si celle ci n'était pas bien empaquetée ou tombait, ce sont bien la des droits assez semblables à ceux des sorciers ???

Par contre si l'on reconnait cette assimilation, certaines personnes dont Mazure (histoire du Béarn et du Pays Basque), en tirent des conclusions erronées, à savoir que ce serait à cause de la sorcellerie qu'il fallait imputer la proscription des Cagots, notre homme les accusait de Ladrerie et d'oeuvres noires !!!

A Perquie (landes), on croyait même que caresses ou regards de Cagots communiquaient de graves maladies ainsi que des infirmités incurables aux enfants !!. Une chanson de Mugron (Landes), prouve clairement que l'on croyait les Cagots sorciers !!

                                " Gagot, gabot, gabère"
                                            "Couan a bis ta may sorcière"
                                                       "Et toun pay loup garous"




PS: histoire de la lèpre en France, lépreux et Cagots du Sud Ouest du Docteur H M Fay..documentation BNF....M de V

mercredi 4 mars 2020

Les Cagots du X au XV siècles 1/2

Dès le XIV siècle les médecins qui se sont occupés des Cagots les représentèrent comme des malades. Bien que peu nombreux sont ces vieux cliniciens ayant consacrés à ces malheureux quelques lignes, on doit cependant reconnaître la concordance parfaite des idées qu'ils expriment au sujet des Cagots.

Si à leur témoignage on joint les nombreux documents qui sont réunis dans les travaux du Docteur H M Fay, dont je vous livre un passage dans cet article, il apparaît clairement que nos Cagots furent de tout temps considérés comme des Lépreux

Guy de Chauliac (1383), dans son traité " de grande Chirurgie ", traité VI, doctrine I, chapitre II de Ladrerie, classe les malades soupçonnés de Ladrerie en quatre groupes: 1° ceux qui n'ont rien, et qu'il convient de doter de lettres de certificat, afin de pouvoir les présenter auprès d'un représentant ecclésiastique dont dépendent les Lépreux

2° ceux qui n'ont que des signes équivoques atténués, qu'il convient de mettre en observation, afin on suppose de voir l'évolution de cette maladie de lèpre ?










3° ceux qui ont beaucoup de signes équivoques et peu d'univoques (opposé à ambigu), ce sont nos Cagots, on leur enjoint de vivre à l'écart et de ne point se mêler au public, 4° les Ladres confirmés, qui doivent entrer en Ladrerie, et la catégorie était, si l'on veut, la "petite Lèpre", ou lèpre Blanche, par opposition à la " grande lèpre rouge".

Notre docte praticien du bas moyen âge était mieux placé que tout autre, car vivant à Montpellier sur les confins d'une région ou ces malheureux pullulaient assez librement à son époque. C'est en s'inspirant des idées de Guy de Chauliac que notre Auteur entreprend l'étude médicale des Cagots, en premier lieu, selon les médecins d'autrefois, puis ensuite avec une approche moderne, je ne vous donnerait dans cet article que l'approche médiévale, qui reste le but de ce Blog

Au XIV siècle, à Bayonne, l'autorité eut maille à partir avec des gens que des règlements de 1315 et 1319 appellent "arcabotz" et "ischaureilhatz", qui se trouvaient sans profession et qu'il fallait chasser de la ville, il semble qu'il s'agissait de Cagots, le mot arcabotz dérivant de "caffot", et ischaureilhat ou ésaurillé, se rapporte à la résorption du lobule de l'oreille, et au ratatinement de cet organe tout entier, signe évident de lèpre à l'époque.

En 1320 les lépreux furent accusés avec les Juifs d'avoir de concert empoisonné les sources, les Cagots eurent eux aussi à souffrir de représailles. Il faut attendre 1383, date d'achévement du traité de grande chirurgie, pour apprendre quelque chose en matière de " Cagoterie "










Guy de Chauliac nous dit dans son ouvrage que cette maladie est caractérisée par la présence de plusieurs signes équivoques et peu d'univoques de lèpre. la symptomatologie de la lèpre est donc celle de la catégorie, ou seul l'aspect clinique du malade, le groupement des signes, qui sont tous inconstants, a de l'importance pour le diagnostic

Ce qu'écrivait Guy de Chauliac était le fruit de l'observation, c'est par lui que nous apprenons à connaître la lèpre légère des Cagots qui ne les empêchait pas de vivre en famille, de travailler, et d'avoir droit à un minimum de considération, mais qui nécessitait cependant un certain isolement

C'est à partir de cette fin de XIV siècle que l'on va commencer à dire, en parlant des Cagots, qu'ils sont atteint "d'une espèce de Lèpre", inutile de préciser qu'on la disait fort contagieuse !!!

Une lettre de Charles VI le Fou, datée de 1407, nous montre à merveille ce que l'on en pensait en ce début de XV siècle, ce document est adressé aux Sénéchaux de Toulouse, Carcassonne, Beaucaire, Rouergue, Bigorre et Quercy, ainsi qu'au gouverneur de la province

Je vais à la mesure de mes moyens vous donner un aperçu lisible de cette lettre, mais sans vous en garantir la transcription exacte, le nain n'étant pas diplômé es langues anciennes, je m'en excuse, mais vous voila prévenus !!!









Ou il est dit: que les Capitouls de Toulouse et les principaux du Duchié de Guyenne, lui ont fait exposer que dans lezdites sénéchaussées et duchié, y avoient plusieurs personnes malades d'une maladie, laquelle est une espèce de lèpre ou meselerie, et les entachés d'icelle maladie, sont appelés en d'aucune contrées Capots, et en d'autres contrées Casots, et sont acoustumés de ces lieux de toute ancieneté, et doivent porter certaine enseigne pour estre connus des saines personnes (lire article 194, les signes d'infamie au M-A)

Aussi doivent ils demourer et vivre séparement, afin que les sains ne soyent entachés et corrompus. Nous mandons et enjoignons que dorénavant lesditz Capots ou Casots ou malades de la dite maladie, ne soient si osés ni si hardis, qu'ils aillent et viennent, sans pouvoir être repérés aucunement parmi les saines personnes, qu'ils portent désormais la dite enseigne d'anciéneté acoustumée, et de manière que chacun puisse la voir !!

A quelques année de la , le Dauphin Louis (futur Louis XI), se trouvant à Toulouse, nomma en 1439 des commissaires afin de visiter des personnes, hommes, femmes et enfants qui s'étaient répandus dans la ville de Toulouse " qui estoient entachiés d'une très horrible et griève maladie, nommée maladie de lèpre ou capoterie ", afin qu'ils ne se mêlent aux habitants






PS: je ne vous donne ici qu'un aperçu de l'immense travail du Docteur Fay, son livre faisant plus de 800 pages, je ne saurai trop vous conseiller de le consulter sur le site de la BNF, dont une fois de plus je salue le travail qui nous permet d'avoir accès à ces documents M de V