Membres

mardi 18 juin 2019

Jean Balue, article 2/3,de l'aumônier au chapeau de Cardinal 1464-1491

Ajouter une légende
Le roi qui espérait, comme à son habitude, se créer un serviteur dévoué va multiplier ses faveurs envers notre Clerc, et le charger par lettre royale de décembre 1464, de la responsabilité " de donner et conférer les bourses du Collège de Navarre en Paris, tant en Grantmaire, que dans les Ars et la Théologie ", mais lui sera donné aussi la responsabilité des Hôtels dieu, des Maladreries et des Aumôneries

Le monarque va lui bailler en 1465 le titre de secrétaire, notons l'importance de ce poste sous le règne de Louis XI, tant dans la corporation des notaires que dans celle des secrétaires royaux !!!. C'était le premier pas de la carrière politique, et Louis recrutait parmi eux ses agents les plus actifs, et ses conseillers les plus intelligents, tel Olivier le Roux,Jean  de Reilhac, Guillaume de Cerisay, ou Jean Bourré (voir article), pour ne citer que les plus connus, et enfin notre retors Jean Balue

Ce dernier devint rapidement le conseiller du monarque et se verra confier la charge de maître Clerc à la Chambre des Comptes, celle ci venant depuis peu d'être élevée au rang de cour souveraine !!!

L'universelle Araigne, ne croyait pas aux hommes et ne leur connaissait qu'un seul mobile, l'intérêt. C'est par l'appât du gain, et en les gorgeant de libéralités que Louis prétendait leur inspirer un dévouement sans faille et une obéissance sans limite. Le problème c'est qu'il n'y avait pas de limite à l'appétit de Jean Balue !!!!

En décembre de la même année, Balue, devenait conseiller Clerc au parlement, et il allait en quelques années obtenir les plus hautes dignités ecclésiastiques, puis devenir l'un des hommes politique les plus en vue

Pour devenir grand dignitaire de l'église il manquait donc à notre Clerc jean Balue, les titres d'évêque et de cardinal, qu'à cela ne tienne !!, deux années lui suffiront pour parvenir à cette élévation, et notre aumônier fut bientôt, grâce à de savantes tractations, devenir évêque d'Evreux et d'Angers, puis nommé Cardinal prêtre de Sainte Suzanne, par un légat du Pape

Vous devez bien vous douter que cette fulgurante progression de notre Clerc n'était pas du goût de tout le monde, la jalousie et les ressentiments étaient nombreux envers ce protégé de louis XI










L'opinion publique qui n'approuvait pas l'élévation de Balue à l'épiscopat, ne se gênera pas pour le faire savoir, il courut même à cette occasion une caricature insultante sur Louis XI et son favori, ou l'on raillait l'aveuglement du monarque et l'ignorance de ce prêtre. Il semble que jean Balue était doué en Droit comme en politique, mais ne valait pas tripette en religion !!

Cependant rendant de multiples services au roi comme au Pape il fut nommé Cardinal et élevé à cette dignité le 18 septembre 1467. Il faut savoir qu'il était à la fois titulaire de l'évêché d'Evreux comme de celui d'Angers ou il ne mis jamais les pieds, ou si peu !!!!, et notre Balue, conservera ces deux postes jusqu'à son arrestation !


Alors que se passa t'il vraiment lors de cette entrevue du camp de Péronne entre louis XI et le Téméraire ???, ou notre monarque malgré un sauf conduit se trouva en grand danger et prisonnier aux mains du Duc de Bourgogne !!!. Balue a t'il trahi son roi ???, rien n'est moins sur !!!


Mais suite à l'échec de cette entrevue il fallait un coupable, et il fut tout désigné au monarque par son entourage. Il faut dire que le cardinal n'avait que peu d'amis, encore une fois, force est de constater que la distance est courte du Capitole à la roche Tarpéienne, notre insatiable Cardinal Jean Balue aurait du s'en souvenir !!!!







PS: dans l'article suivant nous parlerons de cette entrevue au camp de Péronne, ainsi que le rôle que va y jouer notre personnage, nous constaterons que c'est le côté appât du gain qui va le perdre Jean Balue, et que la trahison ne viendra que plus tard M de V

Ce Clerc nommé Jean Balue, article 1/3, de l'an 1421 à 1464

Ajouter une légende
Nous commencerons par son nom, le père Griffet, en parlant de notre personnage, nous dit je cite: Il paroit qu'on doit le nommer " Balue ", et non point " La Balue ", car dans les lettres que l'on a de lui, il ne signe que Balue, et n'est pas nommé autrement par Monstrelet, Commines et les autres historiens.

Si l'on ne peut avoir aucun doute sur son nom il en va tout autrement en ce qui concerne la date et le lieu de naissance de cet ecclésiastique. Les auteurs de biographies sur Jean Balue sont d'accord pour dire qu'il naquit en 1421 ?? Son épitaphe nous dit qu'il mourut septuagénaire en 1491, cette inscription détruite depuis longtemps nous montre que Balue serait entré au service du roi à plus de 40 ans !!, et il est fort peu de carrières politiques à cette époque qui commencent aussi tard ??

Cependant un chroniqueur, contemporain de Balue, nommé Jean Maupoint, et qui l'avait vu, écrit qu'en 1468 il était âgé de 30 ou 34 ans, ce qui ramènerait sa naissance à 1434 ou 1438 ? Il est donc bien difficile d'affirmer son année de naissance avec un vide historique allant de 13 à 17 ans ???








Nous en sommes également réduit à des hypothèses plausibles sur son lieu d'origine et sur sa famille. Certains le dise fils de meunier, ou fils de tailleur, d'autres pensent qu'il serait issu de petite noblesse ?? Quelques historiens prétendent qu'il est originaire de Verdun, mais la plupart parlent du Bourg d'Angle en Poitou.

On trouve peu de documents sur la jeunesse de Jean Balue, on sait qu'il acquit en 1457 (au plus tard), le titre de " Licentié ez Loiz ", il est probable que ce soit à l'Université d'Angers ??. Nous savons qu'il embrasse très tôt l'état ecclésiastique, attaché à la personne de Jacques Juvenel des Ursins évêque de Poitiers

Il devient rapidement un de ses familiers et le confident de ses plus intimes secrets, Balue s'occupait aussi bien de ses affaires privées que de celles de l'évêché. lorsque Jouvenel des Ursins fut proche de la mort il le nommera comme exécuteur testamentaire (1457)

Quand 12 ans plus tard, Balue sera arrêté, il fut déclaré qu'il avait détourné à son profit une grosse partie de cette succession destinée aux pauvres ??. Pour le moment notre jeune Clerc ayant perdu son protecteur entre au service de Jean de Beauvau évêque d'Angers, dont il s'attire bien vite les faveurs, recevant prébendes et bénéfices, comme le doyenné de Condé et le canonicat de Saint Mathurin. Il sera associé très rapidement au gouvernement du diocèse recevant des lettres de grand Vicaire









Lorsque l'évêque d'Angers part pour une ambassade vers Rome, son grand vicaire l'accompagne. Arrivé la bas notre Balue découvre d'autres horizons, mais loin de rester inoccupé ce jeune Clerc ignoré de l'église va s'entremettre dans mille et une petites négociations !!, faisant preuve d'habileté, va trouver l'un, puis se porte vers l'autre, se remue et montre un génie de l'intrigue extraordinaire. Bref il se met en vue, et quand il rentre en France c'est avec le titre de Protonotaire Apostolique !!

De retour à Angers il continuera ce rôle d'intriguant qu'il ne devait plus jamais quitter et jouer des coudes pour accumuler bénéfices et prébendes. C'est en 1463 qu'il se rendra à Paris afin de se pourvoir auprès du Roi Louis XI au sujet d'un poste lucratif et vacant dont il désirait prendre possession.

C'est alors qu'il va rencontrer un certain Thibaut de Vitry, Chanoine de Notre Dame et un proche de la maison du roi, Charles Melun. Il saura se rendre indispensable et leur procurer quelques menus services. Bientôt Charles Melun le présenta au roi Louis XI. Notre Clerc avait, dit on, la grâce insinuante et la souplesse de caractère qu'il fallait pour plaire à Louis, bref le parfait sournois !!!!

Introduit à la cour et dénué de scrupules, il y fit une rapide fortune tant au point de vue ecclésiastique que politique et en 1464 notre Jean Balue devenait l'aumônier du roi, poste enviable s'il en est puisqu'il avait l'oreille de notre monarque !!





PS: documentation de l'école des Chartes et de la BNF, le personnage mérite un autre article qui portera de l'année 1464 ou il devint aumônier du roi à l'année de sa mort en 1491...;M de V

mardi 11 juin 2019

N°315) Louis XI et l'Imprimerie

Ajouter une légende
Il faut bien dire que l'un des principaux événements qui marqua le règne de Louis XI fut l'arrivée de l'imprimerie en France. Certains on avancé l'hypothèse que ce roi, toujours défiant, ne paraissait pas avoir favorisé cette invention nouvelle, ni avoir cherché à s'en servir dans l'exécution de ses projets politiques !! Rien n'est moins exact !!

Ce nouvel art d'écrire à l'aide de caractères mobiles en métal était un perfectionnement mis en usage par Gutenberg en 1457 à Mayence. Cet art demeurait un secret gardé par les Allemands des bords du Rhin qui paraissaient à cette époque avoir une supériorité marquée dans tout ce qui touchait la mécanique;

Charles VII avait essayé de surprendre leur secret en envoyant vers le Rhin son graveur de médailles, Nicolas Janson, mais le roi Charles meurt avant que Janson ne rentre en France et en 1462 les troupes d'Adolphe de Nassau mettent Mayence au pillage, les imprimeurs des ateliers de cette ville vont se disperser

L'ennui c'est que notre Janson au lieu de revenir en France va prendre le chemin de Venise ( ah le fourbe !!), apportant de ce fait le secret de ce procédé aux Vénitiens, cette cité commerçante va exploiter l'imprimerie de la manière la plus artistique qui soit, et l'occasion était perdue pour nous









Ce n'est que quelques années plus tard que le livre imprimé entra en Paris, avec Pierre Shoeffer, qui était comme on disait à l'époque le "facteur", ou si vous préférez le commissionnaire de Gutenberg. Il fit dans la cité le commerce du livre ou il mourut sans avoir été naturalisé. Cela explique que son atelier fut saisi, car il était "Aubin", c'est à dire un étranger

Mais Louis XI curieux des inventions s'était intéressé à ce nouvel art. Nous possédons même une quittance montrant qu'il avait donné une grosse somme d'argent à Shoeffer afin de l'encourager. Ce roi très avisé déclare avoir reconnu que le nouvel art pouvait contribuer à l'enrichissement de la chose publique

La première presse Parisienne fut installée à la Sorbonne par le recteur de l'université de Paris, Jean de la Pierre, c'est lui qui eut l'idée de fonder une première imprimerie afin de mettre à la disposition des maîtres et des étudiants, des livres corrects dans le but de remplacer les copies plus ou moins défectueuses que les ateliers de copistes de ce temps n'arrivaient à multiplier qu'en petit nombre

Un certain Guillaume Fichet, professeur de Rhétorique partageait ses vues, étant de plus le bibliothécaire de la Sorbonne









L'atelier de la Sorbonne fut mis au service du roi de France , ce qui ne serait surement pas arrivé si Louis XI n'avait étendu sa protection au nouvel art et aux compagnons Allemands, Michel Freiburger, Ulrich Gering et Martin Grantz que l'université avait fait venir.

On le vit bien quand sorti de la presse le troisième livre de la Sorbonne, c'était un Salluste, auteur très lu au moyen âge. l'ouvrage paraissait au moment ou Louis XI venait de déclarer la guerre à ce paon bouffi d'orgueil de Charles le Téméraire !!

Les typographes de l'imprimerie de l'université vont s'adresser au peuple de Paris et affirmer leur fidélité au roi bien qu'ils fussent étrangers, en ces termes je cite:

"Le plus grand roi de la terre prépare maintenant ses armes et ses soldats, menaçant de destruction ses éternels ennemis. C'est maintenant peuple de Paris dont la gloire militaire fut grande jadis, qu'il te faut étudier l'art de la guerre, comme les faits des grands hommes rapportés par Salluste dans son oeuvre, qu'ils te servent aujourd'hui d'exemples. Compte au rang de tes auxiliaires les Allemands qui ont imprimés ces livres ils seront des armes pour toi", on ne saurait être plus clair !!!!!!










Et tandis que la guerre éclatait entre les deux rivaux la presse de la Sorbonne imprima et publia les lettres et les harangues de Bessarion, Patriarche de Constantinople qui exhortait les princes à mettre fin à leurs querelles afin de s'unir contre les Turcs dans une sorte de croisade ou l'on voyait le salut de la civilisation !!

La presse de la Sorbonne était donc bien un outil de propagande, mais qui travaillait aussi pour la culture, le beau latin de Cicéron en même temps que pour la paix et pour le roi

Nos vieux imprimeurs voulaient contribuer à l'éclat du règne de Louis XI, et formaient des voeux pour qu'il triompha sous Arras de Charles le Téméraire en disant que ce roi était l'ennemi de l'enflure et de l'orgueil, et il faut bien dire que sous ce registre le Téméraire détenait la palme !!!

PS: pour faire suite à mon dernier article sur l'imprimerie au moyen âge tiré du livre de Pierre Champion, ancien élève de l'école des Chartes M de V

vendredi 31 mai 2019

L'imprimerie au XV siècle

Beaucoup de gens pensent que pour avoir été inventé au moyen âge l'imprimerie est un art fort simple !! Mais lorsqu'on en étudie le mécanisme dans toutes ses parties on reste émerveillé du génie qu'il fallu pour en combiner les mille et un ressorts, afin que la science de chacun devienne le patrimoine de tous

Si l'on en croit certains vulgarisateurs de l'histoire, il ne manquait aux Romains pour réaliser cette machine, que la permission de l'une de leurs divinités, sans penser qu'avant de trouver l'imprimerie ils auraient à en inventer la mécanique et la chimie !!, quand bien même savaient t'ils, comme les Egyptiens, faire du papier, un art qui fut perdu pour nous et redécouvert plus tard dans le moyen âge

Mais tant de choses furent perdues puis redécouvertes après les grandes invasions barbares, qu'on en oublie que le papier en faisait partie










D'aucuns vous diront aussi que l'on aurait pu imprimer sur du Vélin au moyen âge, puisque nous n'avions pas encore retrouvé la façon de faire du papier, oui c'est vrai !!, mais vélins et parchemins, il faut bien le dire, manquaient au moyen âge au point que les moines étaient souvent forcés pour écrire un cartulaire ou un office de gratter un Tacite ou un Cicéron !!

Non toute chose vient en son temps, le hasard n'est pour rien dans ces sortes d'inventions. On les trouve que dans la mesure ou on les cherche, et on ne les cherche que parce que l'on en a besoin. La réalisation de cette précieuse industrie était devenu une nécessité au XV siècle et par conséquent l'objet de beaucoup de recherches par bon nombre de personnes

Dans cette époque ou tant d'esprits aspiraient à puiser aux sources de la science il fallait qu'un travail mécanique vînt suppléer aux mains trop lentes des copistes, qui ne pouvaient déjà plus suffire à la confection des livres nécessaires aux classes privilégiées de cette fin de moyen âge. Aussi avons nous découvert presque dans le même temps trois types différents d'impression










La Xylographie, impression sur planches de bois, la Chalcographie type d'impression à partir de planche de métal, et bien sur la Typographie, ou l'impression au moyen de caractères mobiles. C'est à dire l'imprimerie proprement dite, et qui a fait l'objet de ce modeste article

On sait par exemple que l'impression sur planche de bois, ou Xylographie, remonte au XIV siècle puisque l'on imprimait déjà à cette époque des cartes à jouer. Quand aux images des Saints l'impression sur planche de bois remonte au début du XV siècle

Tout cela pour en arriver à la typographie de Gutenberg, né à Mayence vers 1400 et mort en février 1468 dans sa ville natale. Cet imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles a été déterminante pour la diffusion des textes et du savoir.

Associé à Johann Fust et Peter Schoeffer, notre homme va perdre en justice, contre son associé, mais néanmoins financier Fust !!!, ce dernier fera saisir son atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Il ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe de Nassau, qui lui accordera une rente à vie et le titre de Gentilhomme

PS: documentation BNF, livre de A Bernard (de l'origine et des débuts de l'imprimerie en Europe) ...M de V

samedi 11 mai 2019

Les Drapiers de Paris en 1219

   
Les Drapiers constituaient le premier des six corps de métiers, auxquels appartenait le gouvernement du commerce de Paris. Cet article vient compléter la documentation du Blog sur cette profession, je citerais l'article 272 sur le drap "escarlate" au moyen âge, le 257 sur les drapiers de Reims aux XIII, XIV et XV siècles et pour finir le 211 sur les soies d'or et d'argent au moyen âge









Cette corporation Parisienne faisait remonter leurs privilèges et leur constitution au règne de Philippe Auguste, comme on le constate dans le préambule d'une Ordonnance qu'ils obtinrent du roi Jean II le Bon en 1362

Oyez la supplication dis cet acte, à nous faicte, de par noz bien amez, les maîstres et confrères de la draperie de nostre bonne ville de Paris. Contenant aux environ de l'an mil quatre vint et huit, au mois de décembre, que la confrarie de la dicte draperie a esté encommencée !!!!!

De ces termes il résulte qu'en 1362 les drapiers ne sont pas en mesure de produire cette Charte de Philippe Auguste ??, puisque dans l'ordonnance on y énonce d'une manière approximative ce fameux document !! De la peuvent naître des doutes sur la véritable période à laquelle nos drapiers Parisiens commencèrent à former un corps de métier ??

Cependant on sait par d'autres documents qu'ils agissaient déjà comme une communauté en 1183, car cette année la ils reçurent du roi, moyennant cent livres Parisis de cens annuel, 24 maisons confisquées aux Juifs. Ces maisons saisies étaient situées non loin du palais dans une rue qui s'appelait " Judoearia pannificorum ", et qui plus tard portera le nom de rue de la vieille Draperie












L'ordonnance de 1362 dont nous parlions plus haut, révèle cependant un fait qui expliquerait ?....jusqu'à un certain point, comment avait pu disparaître un document aussi important pour le corps des Drapiers !!, document qui confirmait leur institution.

Nous parlons la d'une missive de Philippe VI de Valois (le roi trouvé), qui s'adresse à son Prévôt de Paris, ce document est daté du 21 avril 1339, dans lequel le roi déclare rétablir la corporation suspendue précédemment ?, n'est ce pas à cette suppression temporaire de cette confrérie (dont on ne connait pas le motif), qu'il faut rapporter la perte, voir la destruction volontaire, faite sur ordre du roi de ce document fondamental ?????

Le livre des métiers d'Etienne Boileau (voir article), ne renferme aucune disposition relative aux Drapiers. Le titre cinquantième de son livre I, parle des "Toisserans de lange", mais cela concerne seulement les fabricants de drap commun et de couvertures établis en Paris. Mais ni ce titre ni ceux qui suivent après, quoiqu'ils se rapportent aux Foulons et Teinturiers, ne font pas la moindre allusion au commerce de nos Drapiers ???

Cette absence presque complète de documents pour une corporation dont la suprématie ne fut jamais contestée reste un mystère !!. Nous ne trouvons qu'un acte d'août 1219, un contrat de vente passé entre la Confrérie des marchands Drapiers et un bourgeois de la cité, nommé Raoul Duplessis, lequel cède à la dite confrérie une maison située derrière le mur du petit pont, ainsi que les droits qu'il percevait sur diverses maisons contiguës à l'hôtel ou se tenait les réunions de la corporation des Drapiers




PS: documents BNF, sur des textes de l'école des Chartes M de V

jeudi 9 mai 2019

L'émeute de l'Université de Paris en 1453

Les documents utilisés pour le présent article se rattachent à une querelle qui eut lieu entre l'Université et le Prévôt de Paris. De tout temps celle ci c'est montrée jalouse de son pouvoir et ardente à poursuivre les infractions faites à ses privilèges

Il semble que ce soit surtout au XV siècle qu'elle donne la pleine mesure de sa puissance et de sa colère. Car lorsqu'en 1404 éclate l'affaire de Charles de Savoisy, ou pour une légère insulte faite à des éscoliers, on vit un Chambellan du Roi banni, et ses protecteurs pourtant puissants, intimidés et muselés !!, et jusqu'à l'hôtel du Chambellan qui fut détruit et rasé de fond en comble par une foule en fureur

Trois ans plus tard, en 1407, c'est le premier magistrat de la ville, le Prévôt de Paris, qui pour avoir fait exécuter deux éscoliers, pourtant convaincus de crime par leurs propres aveux, se voit destitué de son office malgré la résistance du Roi, il sera obligé de demander pardon à l'université qu'il avait offensé. Ces deux exemples sont célèbres !!!

L'affaire dont nous parlerons ici n'a pas eu le même retentissement, car elle ne fut mentionnée par aucun chroniqueur. Cependant elle coïncide avec la réformation des études opérée par le Cardinal d'Estouteville en 1452, qui faillit mener à une sorte de schisme entre l'université et l'évêque de Paris

Nous allons voir ce qu'en dit Du Boulay, qui puisa son récit dans les archives de l'université. Vers le commencement de l'an 1453 quelques éscoliers, la plupart innocents, selon Du Boulay, avaient été arrêtés par ordre du Lieutenant criminel, puis incarcérés au Châtelet.

Le recteur de l'université convoque une assemblée qui se tiendra le 9 mai.Il y fut décidé que le recteur accompagné de l'orateur de l'université et d'une suite conséquente iraient trouver le prévôt de Paris afin de réclamer les prisonniers. Ce dernier leur fit bon accueil, et ordonne à un certain Nicolas de relâcher aussitôt les étudiants présumés innocents sans condition

Comme le recteur et sa suite, au nombre de 800 tant maîtres qu'écoliers s'en retournaient par la rue Saint Antoine, ils trouvèrent en chemin un commissaire et dix à douze sergents, armés et embastonnés. Les esprits étaient trop échauffés pour qu'une pareille rencontre n'amenât pas querelle !!. Aux premiers échanges verbaux, les sergents tombent à bras raccourcis sur les écoliers, bastonnant à tout va !!, pour disperser la bande. Ce faisant ils blessent quelques écoliers, mais tuent un Bachelier nommé Raymond de Mauregard. Nos sergents furent aidés dans leur tache par les bourgeois du quartier, qui n'aimaient pas ces fauteurs de troubles que sont les écoliers, et firent donc cause commune avec les sergents...!!!!!









L'affaire fut si chaude que le recteur de l'université  lui même courut de grands dangers. Mais l'université de Paris lorsqu'elle était menacée ou frappée !!, avait une arme terrible, qu'elle ne se faisait pas faute d'utiliser, elle suspendait sur le champ l'exercice des leçons, et cette espèce d'excommunication intellectuelle, dans laquelle elle plongeait la capitale, durait jusqu'à ce qu'elle obtienne satisfaction !!

Le lendemain de ce grand béhourd estudiantin, le recteur convoque une nouvelle assemblée, ou il exposa avec de grandes envolées de manches, l'outrage fait à l'université. Il fut décidé que toutes leçons et prédications seraient suspendues immédiatement, et que le corps enseignant ne songerait plus qu'à poursuivre la lutte jusqu'à réparation des griefs fait à l'université. Le même jour, tous les membres ou presque, assistèrent à l'enterrement de Raymond de Mauregard

Dès que les décisions de l'université furent connues, le président de la Chambre des Comptes, le Prévôt des Marchands et les échevins de la ville, vont se rendre à l'université pour les prier de suspendre ce décret !!

Ce qui nous amène à une nouvelle assemblée du recteur et des maîtres, mais les décisions qui en sortent feront pire que mieux. L'université demande que l'évêque de Paris jette l'interdit sur les trois quartiers de la capitale ou le crime avait été commis, et elle déposait dans le même temps une plainte au Parlement, se portant partie contre le Prévôt royal et le Lieutenant criminel, son adjoint !!

Le 12 mai le recteur et les délégués de l'université se rendent au Parlement afin d'exposer les faits, puis de conclure qu'ils demandaient l'emprisonnement du prévôt et de son adjoint, disant que la cessation des leçons durerait tant que l'emprisonnement n'aurait pas été ordonné !!

La cour va instruire l'affaire des sergents qui avaient blessés des écoliers et tué Raymond de Mauregard. Le 21 juin la cour en condamne huit à l'amende honorable, et un à avoir le poing tranché !!

Cette sentence fut jugée insuffisante par l'université, qui continua à demander l'emprisonnement du prévôt et de son adjoint, elle va donc s'adresser au Roi. Cette affaire va traîner en longueur, elle se terminera en décembre 1454 lorsque le parlement donnera satisfaction à l'université qui reprit enfin ses leçons





PS: documentation BNF et des textes de l'école des Chartes M de

vendredi 3 mai 2019

Pierre de Mornay, Chancelier de France

C'est une justice bien mal rendue que celle de l'histoire !!, car voici un personnage qui fut pendant vingt ans, le conseiller de Philippe IV le Bel, évêque d'Orléans, puis d'Auxerre, Ambassadeur, et enfin Chancelier de France.

Notre personnage joua un rôle important dans les affaires politiques de son temps, mais cependant l'homme est à peine connu, tandis que des Pierre Flote, Guillaume de Nogaret et Guillaume de Plaisians (voir articles), les âmes damnées du Roi de Fer sont en possession d'un renom historique auquel Pierre de Mornay a peut être plus de droits qu'eux !!!!

Est ce parce qu'aux époques de crises les hommes modérés, qu'elle que soit leur valeur, sont toujours sacrifiés dans l'estime publique ??, et ce au profit de certains héros dramatiques qui accaparent l'intérêt et la curiosité du peuple. De cette foule qui aime à trouver dans l'histoire des effets de Théâtre, de sorte que les noms les plus compromis sont souvent ceux qui ont le plus de chance d'échapper à l'oubli !!!

Ce que nous savons de sa vie semble prouver qu'il méritait de figurer au premier rang des conseillers du monarque Philippe IV le Bel. Pierre était le second fils de Guillaume Sire de Mornay, et en tant que cadet il était destiné à entrer dans les ordres. Sous le règne de Philippe III le Hardi, père du Roi de Fer, il devint Chanoine du Chapitre de la Cathédrale d'Orléans, et Archidiacre de Sologne.

La carrière politique de Pierre commence en 1285 à l'avènement de Philippe IV, c'est trois mois après son élévation au trône de France que le jeune roi réorganise sa maison, ou comme on disait à l'époque son Hôstel. Pierre y est appelé pour faire office de Clerc du roi, c'est à dire son secrétaire particulier, un conseiller intime de ce monarque, le poste ne devait pas être facile

Il faut bien avouer que Philippe IV était le genre à ne sourire que quand il se brûlait !!, mais comme la cuisine et l'allumage de cheminée était fait par des pages cela ne lui arrivait pas souvent. De cet office cependant, Pierre, put faire apprécier sa science profonde du Droit Romain et du Droit Canon, deux discipline importantes sous ce règne de Légistes (voir articles)

Homme de beaucoup d'esprit et de bon conseil il ne tarde pas à obtenir beaucoup de crédit grâce à sa fonction, ayant l'oreille attentive du roi, et étant considéré par les autres comme un personnage nécessaire en politique. C'est en 1288 qu'il devient évêque d'Orléans, mais bien que chef du troupeau de croyants de cette Cathédrale, il ne lui accorda  que des soins très partagés !!.

Selon toute apparence notre évêque assistait plus souvent aux réunions du conseil de Philippe IV qu'à celles du chapitre de sa Cathédrale. En fait en tant qu'évêque il ne laisse aucune trace de son administration pendant son épiscopat !! Ce qui, sans vouloir offenser le personnage, en dit quand même long sur son assiduité à veiller sur son troupeau











Notre ecclésiastique séjournait habituellement en Paris, ou il possédait une maison, porte d'Enfer, pas commun pour un prélat !! (anciennement nommée porte de Fer), le roi lui avait concédé un vaste terrain jouxtant sa demeure, avec vergers et courtils, qu'il fera clore de murs. Ce lieu de résidence était conforme au principe de résidence et l'on sent bien que la politique l'occupait bien plus que les affaires de son diocèse

En 1295, quand Boniface VIII rétablit la paix entre la France et l'Aragon, Pierre de Mornay prendra une part active à la négociation de celle ci, en tant que plénipotentiaire de Philippe IV et de son frère Charles de Valois. Il partit donc pour l'Italie ou cette paix devait être conclue. Pierre lors de cette ambassade avait eu l'occasion fréquente de voir et de côtoyer Boniface, ce nouveau pape qui devait sa Tiare à la protection du roi de Fer, et dont les dispositions à l'égard de la France étaient alors très favorables

Pierre de Mornay avait été traité avec beaucoup d'égards et reçu à Anagni comme un homme important, son mérite personnel et sa position près du monarque n'avait pas manqué d'attirer sur lui l'attention du pontife

A peine un an plus tard, en février 1296, le pape apprend, par un bref, au roi de France, qu'il transférait Pierre de Mornay de son siège épiscopal d'Orléans pour le placer sur celui d'Auxerre, un honneur pour notre prélat, qui fit son entrée dans son nouvel évêché vers le mois de mars. On peut se poser la question de savoir si c'était pour éloigner Pierre de Philippe IV ???, ce dont je doute car leurs rapports étaient encore excellents à cette époque !

En 1297, Edouard I et Philippe IV s'en remettaient à l'arbitrage de Boniface au sujet de leurs multiples différents, il faut dire que la guerre sournoise que se livraient ces deux la était féroce !, les négociations dureront près de deux ans, et se terminent par le Traité de Montreuil sur mer, conclu en juin 1299. Il sera signé en présence des représentants des deux puissances, Pierre de Mornay s'y trouvait puisqu'il participa aux négociations

On le voit par l'importance des missions confiées que Pierre de Mornay jouit d'un fort crédit auprès de son roi, mais aussi auprès de ce pape fort politisé qu'était Boniface VIII. En 1300 c'est lui que le pape charge de donner la dispense que sollicitait Charles de Valois, frère du roi, pour son mariage avec Catherine de Courtenay, Impératrice de Constantinople. Notre prélat était donc au mieux avec son monarque et Rome, et tout semblait aller au mieux dans le meilleur des mondes !!

Mais c'est à cette époque que va commencer la grande querelle entre Boniface VIII et Philippe IV le Bel, elle était sur le point d'éclater, car les griefs s'accumulant de part et d'autre, les rapports entre les deux hommes s'envenimaient singulièrement. Entre l'absolutisme Théocratique de Boniface et l'idéal hégémonique du pouvoir de Philippe IV l'engagement ne pouvait que mal se terminer pour l'un des deux !!












C'est dans l'année 1303 que suivant un traité ratifié le 20 mai, les conquêtes de Guyenne, que la convention de Montreuil sur mer, citée plus haut, avait conservées à la France, furent restituées à l'Anglois. Pierre de Mornay fut chargé de cette restitution

Cependant la guerre de Flandre continuait et le roi Philippe IV en était accablé. Le roi écrit, le sept mai 1303, à Pierre de Mornay, je cite: Nous voulons délibérer avec vous sur la poursuite de nos guerres et sur d'autres affaires qui intéressent l'honneur et l'intérêt du royaume, rendez vous à Paris sans délai en personne à la lecture des présentes ! Ce qui laisse penser que Pierre était fort écouté de son roi et que ses avis éclairés n'étaient pas pris à la légère

Pierre de Mornay n'était pas encore Chancelier de France c'était Pierre Flote qui occupait cette charge avec celle du sceau privé. Il est fort probable que ce soit après la mort de Flote, lors de la désastreuse bataille de Courtrai qu'il occupera cette charge, ce qui fait que dans ce cas, Guillaume de Nogaret n'aurait été chargé que du sceau privé, du moins jusqu'à la mort de Mornay !!

Pierre de Mornay va mourir au château de Regenne le 29 mai 1306, ou il termine une carrière partagée entre l'église et l'état, ce ne fut donc qu'à partir de 1306 que Nogaret deviendra le véritable maître d'oeuvre de la politique du roi de Fer avec Enguerrand de Marigny !!

Les historiens de l'époque racontent que Pierre mourut subitement et qu'il fut inhumé dans l'église Cathédrale d'Auxerre, côté droit du coeur, et près de la tombe de l'un de se prédécesseurs, Gui de Mello







PS: La documentation provient de l'école des Chartes, tome V, biographie détachée d'un travail inédit " histoire de la maison de Mornay ", par F Guessard....M de V

lundi 29 avril 2019

N°310) Formation du Médecin au Bas Moyen âge

Dès le début du XIII siècle les études médicales deviennent plus complexes, les étudiants qui désirent entreprendre des études de médecine devront d'abord être "Maîtres es art", c'est à dire avoir acquis de solides connaissances en latin, Grec, Français et en Philosophie.

Ensuite les études proprement dites vont durer entre trois ou quatre ans suivant les différentes Facultés de médecine. Les cours se présentent sous la forme de lecture des différents auteurs reconnus, que les professeurs commentent. Ces enseignements se complétaient par des visites à domiciles de malades, ce qui permettait aux étudiants d'avoir un enseignement clinique somme toute assez moderne pour l'époque.

A l'issue des trois premières années d'études, l'estudiant effectue un stage pratique chez un médecin, pour une durée allant de six mois à deux ans suivant les différents écoles. Ensuite notre estudiant passe son premier diplôme le menant au titre de Bachelier, puis ce dernier devait passer une Licence, qui jusqu'à une certaine époque terminait son cycle d'études !!

Mais très vite la faculté de Paris va exiger un grade supplémentaire: la Maîtrise, et c'est également à la fin du XIII siècle que sera créé le dernier grade: le Doctorat









Ce doctorat permettait l'enseignement de la médecine avec le titre de Docteur Régent. C'est au XIV siècle que vont se fixer définitivement, avec quelques nuances selon les facultés, les règles d'organisation des études et des examens en médecine. Les études dureront au minimum trois ans avec un stage pratique obligatoire, les examens étant regroupés à la fin de ces trois années, le Baccalauréat, la maîtrise et le doctorat.

A Montpellier seule la licence sera exigée pour pouvoir pratiquer la médecine et la maîtrise pour enseigner et ce jusqu'au XVI siècle. A la différence de Paris ou la faculté préfère ne donner l'autorisation d'exercer qu'avec la maîtrise. Pour les villes éloignées d'un centre universitaire, le bachelier pouvait y pratiquer la médecine !!

Ainsi en s"appuyant sur les recherches de Danièle Jacquart, plus de la moitié des étudiants en médecine connus entre le XII et le XV siècle atteindront le diplôme de maîtrise et 38% d'entre eux deviendront Docteurs Régents. Par contre 34% des étudiants ne parviendront pas à la licence, soit en raison du coût élevé des études, soit pour un changement d'orientation

Ses recherches lui font conclure que 48% des médecins connus pour exercer la médecine durant la période pré-citée, seront passés par une formation universitaire qu'elle que soit la faculté considérée










 Or donc à partir du XIII siècle les universités vont peu à peu acquérir le droit exclusif de former les praticiens en médecine. Il faut se souvenir qu'au début du moyen âge la plus grande partie des étudiants en médecine étaient des Clercs ou des futurs Clercs !!, sauf en Montpellier ou la population estudiantine est d'ores et déjà, très mêlée et ou se côtoient Clercs et Laïcs, Français comme étrangers, exception faite des Juifs, qui en France n'ont pas accès à l'enseignement universitaire.

Les étudiants comme les professeurs forment un groupe corporatif, les gens d'origine noble peuvent s'inscrire car, contrairement à la Chirurgie et la Barberie, la pratique de la médecine n'entraînait pas de dérogeance. Par contre l'obtention d'un diplôme obtenu dans une faculté de renom comme Paris ou Montpellier donnait ipso facto la noblesse personnelle !!, ce qui attire bien évidemment les étudiants

De même que les titulaires de chaires en médecine pouvaient obtenir la noblesse héréditaire après vingt ans d'enseignement, l'entrée dans les ordres ou dans la noblesse était l'ascenseur social par excellence !!!

C'est au Moyen âge que va progresser grâce à l'université, la médecine Arabo Galénique fondée sur la pathologie humorale, et qui va créer par le fait une demande croissante de Saigneurs !!, et par voie de conséquence développer l'enseignement de la chirurgie du moins au départ !!!!









Mais comme nous l'avons vu nos universitaires sont à cette époque en majorité des Clercs, or dès le XII siècle des décisions conciliaires successives, en particulier celle du Latran de 1215, vont émettre des réglementations qui tendent à limiter l'exercice de l'art de guérir par les Clercs !!, en proclamant l'interdiction de verser ou de toucher le sang.

Cette interdiction ne touchera au départ que les Clercs munis des ordres majeurs, mais elle va s'étendre peu à peu à tous les Clercs universitaires. De ce fait, en raison de l'impossibilité pour eux d'accéder à la cléricature, tous ceux qui se destinaient à la chirurgie vont abandonner cette spécialité aux Laïcs, pour ne se consacrer qu'à la médecine. C'est ainsi que tout un pan des études va se laïciser et quitter l'université











Considéré désormais comme un art mécanique le discrédit de la chirurgie ne va cesser d'augmenter, excepté à Montpellier, mais il sera de plus en plus difficile pour les étudiants en chirurgie de suivre des cours de médecine, notamment à Paris !!

L'enseignement de la chirurgie finira par être dispensé selon la relation Maître-apprenti comme n'importe quel autre corps de métier du moyen âge !!


PS: documentation du CRMH, regards sur la profession médicale en France médiévale du XII au XV siècle, pour offrir un autre regard par rapport aux articles que j'ai déjà fait sur le sujet M de V

samedi 27 avril 2019

Le sentiment national lors de la guerre de cent ans

Le XIV siècle et la première moitié du XV forment une époque de transition, de crise et de révolution. Dans ce moyen âge finissant les institutions, les idées, les aspirations et les moeurs qui le caractérisent évoluent, pour se transformer ou disparaître et faire place à un nouvel ordre des choses.

La grande Théocratie qui avait été établie par Grégoire VII va succomber sous les coups que vont lui porter les Légistes du Roi de Fer (voir article), elle ne s'en relèvera pas et Boniface VIII en fera les frais !!, puis va suivre le long séjour de la Papauté en Avignon, que les Italiens nomment "la captivité de Babylone". Cette église sera ensuite déchirée par le Schisme ( voir article) et compromise aussi par l'inconduite d'un trop grand nombre de ses dignitaires, attaquée de toutes parts avec sévérité, tant en France qu'en Albion elle n'exerce plus qu'une influence singulièrement restreinte sur les événements.

La Chevalerie échappant de ce fait aux ecclésiastiques sera frappée elle même d'une irrémédiable décadence (voir article), elle inflige par ses faits et gestes un perpétuel démenti aux efforts de nos rutilants fers vêtus, qui cherchaient à ressusciter les temps fabuleux d'Arthur et de la table ronde, mais ne vivaient que sur l'acquis de leurs ancêtres

Froissart ne l'avait surement pas prévue, mais il n'en a pas moins été frappé, à la fin de sa vie, par le déclin des sentiments chevaleresques, ce Clerc Poète et Chroniqueur qui avait été longtemps le héraut d'armes de cette chevalerie, ( voir article)










Les nations en général et la France en particulier, ont pendant le XIV siècle pris une conscience plus nette d'elles mêmes, leurs aspirations, leurs tendances et leurs passions se sont accentuées. L'idée nationale s'est dégagée dans la mesure ou l'idéal chevaleresque disparaissait ( voir article).

Les progrès de cette idée marquent pour la France le commencement de la vie moderne, enfantée dans la douleur des problèmes politiques et sociaux et dans les désastres de la guerre de cent ans ( voir article). Du même coup ils ont donnés à la nation le sentiment de son unité et aux différentes classes qui la composaient, celui de leur solidarité respective !!

De la, dans le coeur des gens et dans la conscience du pays on trouve deux tendances opposées, contraires et ennemies, l'une qui poussait les gens à s'unir contre l'étranger envahisseur, et l'autre qui mettait aux prises avec lui même, ce peuple, provoquant  ainsi agitations et haines dont l'explosion coïncide dans notre pays avec les premières manifestations de ce sentiment national

Le XIV siècle verra naître et grandir ce sentiment, on y voit Philippe IV le Bel faire chuter un Pape (voir article), un prévôt des marchands faire sa révolution (voir article), puis la grande emprise de jacques Bonhomme (voir article), mais on y voit également un peuple rassemblé derrière Charles V le Sage et luttant ensemble contre l'Anglois (voir article)










C'est l'image de cette France du XIV et et du XV siècles, qui moins accablée par ses défaites guerrières qu'épuisée par ses divisions intestines, voir même sa guerre civile du XV siècle (voir article), mais petit à petit elle va trouver son essor dans ce sentiment national

Brossons un tableau de la France à l'aube de la guerre de cent ans. notre pays était puissant et peuplé d'environ 16 millions d'âmes, doté d'une prospérité matérielle indéniable. Les paysans croissaient et multipliaient à la faveur de cette longue période de paix, et les terres produisaient au delà des besoins de la consommation.

Jehan Froissart nous dépeint les celliers remplis de vin, les greniers chargés de blé et les étables ou l'on élevait les bestiaux les plus gras et les mieux nourris du monde !!!. Si les campagnes étaient prospères, les villes et cités étaient riches, et l'industrie française se portait à merveille, les toiles de Reims (voir article), les draps de Louviers, de Saint Lô, de Caen et les velours de Limoux en Languedoc étaient célèbres

Le commerce l'était plus encore sur le littoral Normand, de la Saintonge et les côtes de la Méditerranée. Les foires de Champagne (voir article), et celles du Lendit (voir article) en étaient les grandes assises !!!











Cette abondance et le progrès des arts avaient développé dans la nation le goût du luxe et des jouissances matérielles. Dans la noblesse, nos Seigneurs recherchaient des vêtements plus courts et plus collants, faits d'étoffes onéreuses, ornés de pierres et de perles précieuses. Les Dames serraient leurs tailles afin de marquer la silhouette, chargeaient leurs têtes de faux cheveux, se rendant à l'église avec des tenues plus somptueuses que décentes.

Cette noblesse donnait aux classes inférieures qu'elles ne suivaient que trop !!. Les bourgeois se servaient de leurs grosses fortunes afin de satisfaire aux exigences de leur table, de leur mise et de leur train de maison. Le peuple, du nanti au manant, du boutiquier à l'apprenti, nul ne voulait rester en arrière, et l'on voyait bien des gens portant sur eux en étoffes, bijoux et affiquets la plus grande partie de leur avoir (voir article)

Mais Bourgeois et vilains avaient perdu l'habitude des exercices guerriers et l'instinct des vertus militaires. Quand à la noblesse, ou  lances rimait avec danse, ne pratiquant le plus souvent que le champ clos (voir article), dans des joutes et des tournois à thèmes. Cependant nos rutilants fers vêtus s'irritaient, lorsqu'ils voyaient la royauté essayer d'organiser sérieusement les milices Bourgeoises (voir article), ou bien tenter de former une armée nationale (voir article) !!!

Les romans de chevalerie faisaient à cette époque pleuvoir moult sarcasmes, sur ces soldats tirés de l'officine, du comptoir ou de l'atelier











 Il faut dire que bien souvent les rois de France eux mêmes, aimaient mieux puiser dans leurs bourses, disant que par l'impôt ils se tiendraient hors du péril de leur corps, et qu'il pourraient de ce fait continuer leur commerce, administrer leurs biens, leurs marchandises et leurs terres

A l'aube de cette guerre qui devait durer 116 ans, le bourgeois, l'artisan et le propriétaire terrien y trouvaient leur compte et trouvaient somme toute que ce royal langage était raisonnable !!

C'est dans ces dispositions que le peuple de France regardait les malheurs qui s'amassaient et qui pointaient leur nez à l'horizon, et ce sera dans ces épreuves qu'ils allaient trouver cette force nouvelle, le sentiment national 






PS: les infos proviennent de la BNF, et de l'école des Chartes, pour le reste c'est mon sentiment que je vous transmet, mon idée de cette fin du moyen âge !!!

Cet article est le trois cent huitième du blog, et il fait également une petite synthèse de la fin de ces mille ans d'histoire médiévale

Le but de votre copiste de nain reste avant tout le partage avec des passionnés, de ces "hypothèses probables", car je reste ce nain juché sur les épaules de géants, c'est à dire de ceux qui ont fait l'histoire M de V 

dimanche 21 avril 2019

Boris Bove: le goût médiéval !

Le fort goût épicé est le premier trait caractéristique de la cuisine médiévale. Les mets sont d'autant plus épicés, et les épices d'autant plus variées, que l'on s'élève dans la hiérarchie sociale, car les gens modestes n'ont guère accès qu'au " Poivre rond " et probablement dans des proportions restreintes.

Pour s'en distinguer les Princes et les Hauts nobles font usage du " Poivre long ", dont le piquant est comparable à celui du piment, leur cuisine est donc très relevée (voir article sur les épices). Les cuisiniers de la fin du moyen âge conjuguent presque toujours la saveur forte des épices à la saveur acide des liquides auxquels ils les mélangent.

Le principe consiste à " Réchauffer " des morceaux de viande ou de poisson dans une sauce épicée à base de vinaigre, de verjus ou de vin. La sauce la plus courante, nommée " Calmeline ", est composée de vinaigre et/ou de vin rouge, plus quatre ou cinq épices parmi lesquels la Canelle domine, donnant ainsi sa couleur et son nom à la préparation, on va y associer du Gingembre, des graines de Paradis, des clous de girofle voir même du poivre long. On apprécie beaucoup à cette époque l'acidité, que l'on trouve dans les vins blancs d'île de France, mais aussi dans les coings, les câpres et, en méditerranée dans les jus d'agrumes. La combinaison entre liquides acides et épices piquantes semble caractéristique de la cuisine Française de la fin du moyen âge









C'est ainsi du moins que l'on peut l'appréhender à partir des livres de cuisine et des comptes des hôtels princiers (voir article). Cette cuisine est aussi très légère, puisque les viandes sont souvent bouillies ou rôties, quand aux sauces elles sont liées à la mie de pain et ne comportent donc ni farine, ni graisse en dehors de celle du bouillon.

Le goût dominant à la cour du roi de France va donc se distinguer des saveurs " douces et sucrées " de la cuisine Anglaise, Italienne et Catalane à la même époque. Cependant ces saveurs douces et sucrées vont arriver en France petit à petit à partir de Charles VII.

La saveur douce est tirée du miel, des fruits secs ( pruneaux, raisins figues et dattes), et du sucre de canne importé de Sicile, ce dernier passe alors du statut de médicament à celui de condiment. Les recettes associent alors volontiers des mets sucrés et salés. La nouvelle cuisine de la seconde moitié du XV siècle sera beaucoup plus riche, car elle est marquée par les progrès du sucre, du beurre et de la crème dans le goût des élites.

Le deuxième trait de la cuisine médiévale est donc de suivre des modes et des influences indépendantes de toutes contrainte particulière d'approvisionnement ou de diététique, en bref de révéler l'existence d'un goût particulier à une époque et une région

Le dernier trait de la cuisine des élites à la fin du moyen âge est leur penchant pour les mets colorés. Un plat destiné à un prince doit être aussi beau à voir qu'à manger !!, et sa beauté tient autant à sa capacité à conserver une belle apparence, et ce malgré les ponctions qu'on y opère, qu'aux couleurs vives dont il est paré

Les couleurs les plus appréciées sont celles qui s'éloignent du brun dominant la plupart des préparations culinaires de l'époque. On rougit donc les plats avec de la purée de fraise, ou de cerise, on blanchit avec des amandes, du riz du poulet et du gingembre blanc, on verdit à l'aide du persil et de l'oseille et on jaunit avec du safran

L'abondance des sources à la fin du moyen âge nous permet d'appréhender, avec une relative finesse, l'alimentation des hommes de cette époque. Celle ci apparaît plus abondante, plus diversifiée et moins carencée que celle de leurs aînés du XIII siècle.








Les derniers siècles du moyen âge sont donc un âge d'or culinaire, quand les aléas du climat ou de la guerre ne provoquaient pas la disette !!!

La cuisine médiévale est un terrain nouveau pour les historiens qui l'explorent depuis quelques dizaines d'années seulement. La tendance actuelle est plutôt à l'étude des discours savants sur la cuisine, puis du goût et des identités culinaires régionales.

Cette histoire de la culture et des sensibilités s'intéresse peu à la crise et donne une vision plutôt paisible de la fin du moyen âge, débarrassé de l'image sombre qui lui est associée depuis la renaissance 





PS: votre copiste le nain vous conseille le livre de Boris Bove, actuellement maître de conférence à l'université de Paris VIII Vincennes Saint Denis: 1325-1453, le temps de la guerre de cent ans, aux éditions Belin ....M de V