Notre personnage joua un rôle important dans les affaires politiques de son temps, mais cependant l'homme est à peine connu, tandis que des Pierre Flote, Guillaume de Nogaret et Guillaume de Plaisians (voir articles), les âmes damnées du Roi de Fer sont en possession d'un renom historique auquel Pierre de Mornay a peut être plus de droits qu'eux !!!!
Est ce parce qu'aux époques de crises les hommes modérés, qu'elle que soit leur valeur, sont toujours sacrifiés dans l'estime publique ??, et ce au profit de certains héros dramatiques qui accaparent l'intérêt et la curiosité du peuple. De cette foule qui aime à trouver dans l'histoire des effets de Théâtre, de sorte que les noms les plus compromis sont souvent ceux qui ont le plus de chance d'échapper à l'oubli !!!
Ce que nous savons de sa vie semble prouver qu'il méritait de figurer au premier rang des conseillers du monarque Philippe IV le Bel. Pierre était le second fils de Guillaume Sire de Mornay, et en tant que cadet il était destiné à entrer dans les ordres. Sous le règne de Philippe III le Hardi, père du Roi de Fer, il devint Chanoine du Chapitre de la Cathédrale d'Orléans, et Archidiacre de Sologne.
La carrière politique de Pierre commence en 1285 à l'avènement de Philippe IV, c'est trois mois après son élévation au trône de France que le jeune roi réorganise sa maison, ou comme on disait à l'époque son Hôstel. Pierre y est appelé pour faire office de Clerc du roi, c'est à dire son secrétaire particulier, un conseiller intime de ce monarque, le poste ne devait pas être facile
Il faut bien avouer que Philippe IV était le genre à ne sourire que quand il se brûlait !!, mais comme la cuisine et l'allumage de cheminée était fait par des pages cela ne lui arrivait pas souvent. De cet office cependant, Pierre, put faire apprécier sa science profonde du Droit Romain et du Droit Canon, deux discipline importantes sous ce règne de Légistes (voir articles)
Homme de beaucoup d'esprit et de bon conseil il ne tarde pas à obtenir beaucoup de crédit grâce à sa fonction, ayant l'oreille attentive du roi, et étant considéré par les autres comme un personnage nécessaire en politique. C'est en 1288 qu'il devient évêque d'Orléans, mais bien que chef du troupeau de croyants de cette Cathédrale, il ne lui accorda que des soins très partagés !!.
Selon toute apparence notre évêque assistait plus souvent aux réunions du conseil de Philippe IV qu'à celles du chapitre de sa Cathédrale. En fait en tant qu'évêque il ne laisse aucune trace de son administration pendant son épiscopat !! Ce qui, sans vouloir offenser le personnage, en dit quand même long sur son assiduité à veiller sur son troupeau
Notre ecclésiastique séjournait habituellement en Paris, ou il possédait une maison, porte d'Enfer, pas commun pour un prélat !! (anciennement nommée porte de Fer), le roi lui avait concédé un vaste terrain jouxtant sa demeure, avec vergers et courtils, qu'il fera clore de murs. Ce lieu de résidence était conforme au principe de résidence et l'on sent bien que la politique l'occupait bien plus que les affaires de son diocèse
En 1295, quand Boniface VIII rétablit la paix entre la France et l'Aragon, Pierre de Mornay prendra une part active à la négociation de celle ci, en tant que plénipotentiaire de Philippe IV et de son frère Charles de Valois. Il partit donc pour l'Italie ou cette paix devait être conclue. Pierre lors de cette ambassade avait eu l'occasion fréquente de voir et de côtoyer Boniface, ce nouveau pape qui devait sa Tiare à la protection du roi de Fer, et dont les dispositions à l'égard de la France étaient alors très favorables
Pierre de Mornay avait été traité avec beaucoup d'égards et reçu à Anagni comme un homme important, son mérite personnel et sa position près du monarque n'avait pas manqué d'attirer sur lui l'attention du pontife
A peine un an plus tard, en février 1296, le pape apprend, par un bref, au roi de France, qu'il transférait Pierre de Mornay de son siège épiscopal d'Orléans pour le placer sur celui d'Auxerre, un honneur pour notre prélat, qui fit son entrée dans son nouvel évêché vers le mois de mars. On peut se poser la question de savoir si c'était pour éloigner Pierre de Philippe IV ???, ce dont je doute car leurs rapports étaient encore excellents à cette époque !
En 1297, Edouard I et Philippe IV s'en remettaient à l'arbitrage de Boniface au sujet de leurs multiples différents, il faut dire que la guerre sournoise que se livraient ces deux la était féroce !, les négociations dureront près de deux ans, et se terminent par le Traité de Montreuil sur mer, conclu en juin 1299. Il sera signé en présence des représentants des deux puissances, Pierre de Mornay s'y trouvait puisqu'il participa aux négociations
On le voit par l'importance des missions confiées que Pierre de Mornay jouit d'un fort crédit auprès de son roi, mais aussi auprès de ce pape fort politisé qu'était Boniface VIII. En 1300 c'est lui que le pape charge de donner la dispense que sollicitait Charles de Valois, frère du roi, pour son mariage avec Catherine de Courtenay, Impératrice de Constantinople. Notre prélat était donc au mieux avec son monarque et Rome, et tout semblait aller au mieux dans le meilleur des mondes !!
Mais c'est à cette époque que va commencer la grande querelle entre Boniface VIII et Philippe IV le Bel, elle était sur le point d'éclater, car les griefs s'accumulant de part et d'autre, les rapports entre les deux hommes s'envenimaient singulièrement. Entre l'absolutisme Théocratique de Boniface et l'idéal hégémonique du pouvoir de Philippe IV l'engagement ne pouvait que mal se terminer pour l'un des deux !!
C'est dans l'année 1303 que suivant un traité ratifié le 20 mai, les conquêtes de Guyenne, que la convention de Montreuil sur mer, citée plus haut, avait conservées à la France, furent restituées à l'Anglois. Pierre de Mornay fut chargé de cette restitution
Cependant la guerre de Flandre continuait et le roi Philippe IV en était accablé. Le roi écrit, le sept mai 1303, à Pierre de Mornay, je cite: Nous voulons délibérer avec vous sur la poursuite de nos guerres et sur d'autres affaires qui intéressent l'honneur et l'intérêt du royaume, rendez vous à Paris sans délai en personne à la lecture des présentes ! Ce qui laisse penser que Pierre était fort écouté de son roi et que ses avis éclairés n'étaient pas pris à la légère
Pierre de Mornay n'était pas encore Chancelier de France c'était Pierre Flote qui occupait cette charge avec celle du sceau privé. Il est fort probable que ce soit après la mort de Flote, lors de la désastreuse bataille de Courtrai qu'il occupera cette charge, ce qui fait que dans ce cas, Guillaume de Nogaret n'aurait été chargé que du sceau privé, du moins jusqu'à la mort de Mornay !!
Pierre de Mornay va mourir au château de Regenne le 29 mai 1306, ou il termine une carrière partagée entre l'église et l'état, ce ne fut donc qu'à partir de 1306 que Nogaret deviendra le véritable maître d'oeuvre de la politique du roi de Fer avec Enguerrand de Marigny !!
Les historiens de l'époque racontent que Pierre mourut subitement et qu'il fut inhumé dans l'église Cathédrale d'Auxerre, côté droit du coeur, et près de la tombe de l'un de se prédécesseurs, Gui de Mello
PS: La documentation provient de l'école des Chartes, tome V, biographie détachée d'un travail inédit " histoire de la maison de Mornay ", par F Guessard....M de V
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