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jeudi 14 mars 2019

Les Armées Anglaises au XIV siècle

On possède actuellement beaucoup de renseignements sur l'organisation des armées Anglaises au XIV siècle et sur les avantages qu'elles en retiraient. Le professeur A E Prince a fait des recherches approfondies sur le recrutement, l'effectif et le financement des corps expéditionnaires les plus importants du règne de Edouard III, on y trouve quelques récits détaillés

Les professeurs Lewis et Mac Farlane ont établis un rapport entre ces récits et l'organisation de la société Anglaise pendant la même période. Puis de chaque côté de la Manche des historiens ont publiés des détails chiffrés afin de mettre en évidence les grands profits et rançons au bénéfice de soldats Anglais et la façon dont ils étaient partagés

Nous avons ainsi l'image d'armées assez petites mais bien payées, recrutées par des contrats appelés " endentures ", passés par le roi avec les capitaines de ces compagnies et ceux ci avec leurs soldats. Ces contrats garantissaient au roi le service de soldats de métier en groupes structurés et disciplinés, et à leurs capitaines la sûreté de la solde ainsi que la protection de leurs terres et possessions en Albion

En outre ils recevaient une portion équitable des profits de la guerre (chevauchées et raids), leur voyage de retour en Angleterre était assuré, ainsi qu'une indemnité pour les chevaux perdus en service actif. C'est une image impressionnante d'une machine de guerre efficace, considérée comme très en avance sur celle de son adversaire Français, dont on ne trouve sur ce sujet aucun récit satisfaisant

Mais ce n'est pas tout, ces armées étaient fondée sur une courte durée de service, elles consistaient en forces organisées en compagnies, sous le commandement de leurs capitaines et du roi, lequel garantissait un taux de solde et des conditions fixées à l'avance. Ces troupes n'étaient pas tenues de rester en France au delà de la période nécessaire pour terminer la campagne









Quand la campagne était terminée ces compagnies retournaient en Albion et étaient rayées des états de solde du Roi. En théorie !!..car en pratique si le roi avait des problèmes de liquidités, ou que le parlement anglais ne voulait pas fournir les capitaux, ces compagnies restaient en France et se nourrissaient sur le terrain !!

Ces troupes n'étaient donc pas permanentes, sauf dans la mesure ou il était envisageable qu'elles puissent compléter des compagnies futures recrutées en Albion. Les historiens du XIV siècle ont concentré leur attention sur les grandes chevauchées de cette période, tandis que l'image du XV siècle reste pour une grande part celle de la conquête, de l'occupation et de l'administration de la Normandie

Selon le professeur Newhall, la politique militaire était très différente pendant ces deux périodes, je cite: En général l'époque d'Edouard III et du Prince Noir était une époque de Tactique, tandis que celle de Henri V et de Bedford était une époque de Stratégie. Pour lui il est évident que dans la seconde période il y a une extension beaucoup plus forte sur notre territoire. Il nous dit que Crécy et Poitiers ont été des événement décisifs de la guerre au XIV siècle, mais que les résultats auxquels ils ont aboutis n'ont eu que peu ou pas de permanence militaire ??

Newhall continue en disant, je cite: Edouard III a été déçu dans ses tentatives de couvrir de grandes parties de la France, parce que le pays était parsemé de Châteaux, forteresses et villes fortes, que tout progrès était nécessairement très lent et qu'il fallait beaucoup d'hommes pour tenir les provinces vaincues







En conséquence Newhall pense que les campagnes de Edouard III et du Prince Noir sont devenues des raids de ravages parce qu'il a manqué de compréhension, et n'a pas saisi la vraie nature du problème militaire !!!!! il enfonce le clou en disant que son petit fils, Henri V, lui c'était occupé de cette situation

De telles idées résultent sans doute dans l'attention que Newhall a porté sur la phase de la guerre au XV siècle, plus que sur celle du XIV siècle, et bien qu'il y ait quelques réalités dans ce qu'il dit !!!, il y a de graves malentendus sur les objectifs de Edouard III et les moyens militaires et financiers dont il disposait !!!

Si prédominantes que soient les grandes expéditions du XIV siècle, il était nécessaire pour le gouvernement Anglais de maintenir des forces militaires permanentes en France au début de ce conflit qui dura 116 ans. Bien sur c'était évident pour la Guyenne, possession Anglaise depuis déjà 200 ans, mais cela devint nécessaire en Bretagne, puis à Calais, ensuite en Normandie !!!

Sans oublier les Flandres ou les Français menaçaient le commerce de la laine Anglaise. Dans toutes ces régions des garnisons anglaises sont venues s'implanter dans les villes châteaux et forteresses, financièrement l'effort exigé par le gouvernement Anglais était énorme !!!, bien plus important que le financement de forces expéditionnaires envoyées pour les chevauchées et les raids limités dans le temps !!








Bien sur c'est l'avis de professeurs et de doctes historiens, mais perso le nain rejoint l'avis de Kenneth Fowler, je ne pense pas que Edouard III avait l'intention de conquérir la France, ce n'était pas un benêt, loin s'en faut !!!, il savait pertinemment qu'il n'en avait pas les moyens. Car il faut savoir qu'à cette époque l'Angleterre comptait environ 6 millions d'âmes, alors qu'en France, selon les recensements de l'époque et les historiens, les Français étaient 16 millions !!!

De plus pour son pays c'était un gouffre financier et de nombreuses fois le parlement Anglais avait resserrés très fort les cordons de la bourse.

Rien à voir avec le XV siècle ou Henri V a profité de la guerre civile en France, de la folie d'un roi, puis du conflit entre noblesse de bourgogne et les Armagnacs, le roi d'Angleterre va profiter  de la rapacité des oncles du roi fou pour s'installer tel un coucou et revendiquer la couronne de France




PS: selon les actes du colloque International de Cocherel en 1964, soit 600 ans après la bataille qui marque en cet endroit la première victoire française en 1364 de cette guerre de cent ans, ou notre, Bertrand, Breton teigneux, fait prisonnier Jean III de Grailly Captal de Bush....M de V

mercredi 13 mars 2019

La " Faide " Chevaleresque au X siècle

Les grands de cette époque ne cessent de se brouiller et de se réconcilier, de faire pression les uns sur les autres, directement ou indirectement. Il s'agit pour eux de se répartir les Comtés et les Châteaux, et par la on rivalise pour obtenir la meilleure position sociale possible

Les opérations de guerre, lorsqu'il y en a, sont menées par des troupes de combattants (milites) dont les plus efficaces sont à cheval et bien armés. Ils évitent en général les vraies batailles et se rencontrent dans des escarmouches ou guet-apens, faisant marches et contre marches pour aller mettre le siège devant un château, ou pour s'en retourner chez eux, de petites campagnes durant de deux à huit semaines. Les places ne se rendaient guère qu'à la suite de négociations ou de trahison de l'un des défenseurs attitrés. Mais un siège ou une chevauchée étaient surtout l'occasion de se livrer au pillage des paysans de la contrée de l'adversaire à titre de représailles contre celui ci

L'anthropologie emploie ce mot de " Faide ", pour diverses sociétés, aussi bien pour des Vendettas, que pour de véritables guerres de l'intérieur. L'auteur, D Barthélemy, nous propose de prendre le terme de " Faide Chevaleresque ", comme un type de guerre revendicatrice de biens, portant atteinte aux biens d'un autre, avec l'aide d'hommes rétribués en terres et en biens !!, mais également de vengeance, de haine mortelle, qui venge le sang à l'aide de sa Parentelle, donc liés par le sang et faisant couler celui de l'autre








La vengeance de sang n'est pas inconnue au X siècle et précisément à la fin de l'Empire Carolingien ayant permis de grandes " Faides ", fort bien analysées par Régine Le Jan (familles et pouvoirs dans le monde Franc du VII au X siècles). D'autant qu'il n'est pas impossible qu'une revendication de biens dégénère en haine de sang, il en existe un saisissant exemple dans les histoires du moine moraliste Raoul Glaber

Cependant la compétition, que nous nommeront pudiquement " politique", n'était meurtrière qu'occasionnellement, car entre gens de bonnes compagnies, s'affrontant pour des positions et des richesses, on se capture plutôt qu'on ne se tue, et l'on se donne des otages et des promesses en échange de libérations. Il s'agit en revanche de véritables actions de guerre, dans un discours sur la vengeance d'honneur !!, c'est à dire de la revendication par ces nobles de leurs droits, tels qu'ils l'apprécient dans leur entourage

Ces actions nuisent avant tout aux faibles, que sont les petites gens et paysans de l'adversaire, et en un sens cette guerre techniquement chevaleresque ne l'était pas du tout moralement. C'est une vengeance indirecte, mais fort propre à ancrer dans les esprits l'idée d'appartenance de ces hommes à leurs seigneurs. Car chacun de ces derniers en s'en prenant aux paysans de l'autre, en le visant à travers eux, lui rend le service de souligner à quels point ces pauvres bougres sont siens !!

Par le fait, le XII siècle n'aura pas vraiment à inventer la vocation des chevaliers afin de protéger les faibles et la justice, car cet idéal est déjà bien défini depuis le IX siècle !!, mais il va subir dans la pratique toutes sortes de perversions et ce à toutes les époques.









Le chevalier du temps des annales de Flodoard de Reims ( 894-966), est au service du droit, c'est à dire du sien propre !!, et s'il protège les paysans c'est avant tout les siens. Il n'est chevaleresque qu'avec le chevalier ennemi, auquel le lie une connivence à demi consciente, et il va le ménager en vue d'une réconciliation future, celle ci se trouve toujours assez proche puisqu'il s'agit bien moins souvent de querelle de sang, que de lutte pour des avantages matériels ou territoriaux, ceux ci étant plus facilement compensables et négociable qu'un meurtre !!

Mais il le ménage aussi afin de se concilier l'opinion " noble et défendable ", à tout le moins lors d'un plaid judiciaire. Par la, il espère se rallier ceux qui ayant des liens avec les deux parties, auront à choisir leur camp, ou à s'interposer comme négociateurs. Or donc, entre eux, les chevaliers du IX et X siècles auront quelques beaux gestes de clémence et d'estime.

Encore faut il préciser que la ruse, les coups tordus, les actes d'inclémence ne sont pas rares, et nos preux chevaliers du haut moyen âge , dans la réalité des choses ne seront jamais qu'à demi chevaleresque et encore qu'envers ceux de leur caste !!!

Pour autant on peut montrer que dans l'idéologie, un annaliste comme Flodoard de Reims, pour sobre et factuel qu'il soit, participe lui même à cette violence symbolique, tant dans ses petits développements que dans certains mots qu'il emploie !!!. A l'en croire les actes de guerre sont argumentés et ciblés, il épouse donc les raisons des protagonistes et fait paraître toute naturelle la Faide chevaleresque





PS: Les vrais victimes restent donc les paysans et au moment de la paix, les chevaliers se tiennent quittes, par concessions équilibrées des torts faits aux paysans de l'autre !!! Une autre idée du chevalier n'est ce pas ????
Sur un texte de D Barthélemy, ancien élève de G Duby, il est professeur à l'Université de Paris Sorbonne, il a publié deux ouvrages chez Fayard la mutation de l'an mil a t'elle eu lieu..et l'an mil et la paix de Dieu ...M de V


vendredi 8 mars 2019

N°295) Jehan Froissart raconte le bal des Ardents

Or il advint, qu'en l'hôtel du roi allait se faire le mariage d'un jeune chevalier de Normandie et d'une jeune demoiselle de la Reine. Le roi la reine et tout l'hôtel en furent réjouis, le roi voulut faire les noces en l'hôtel Saint Pol à Paris devant grande foison de bonnes gens et seigneurs. On y dansa et mena grande fête tout le jour, puis le soir venant, le roi donna à souper aux dames et la reine y tint sa cour.

Il y avait la un jeune écuyer de Normandie qui avait pour nom Hugonin de Guisay, lequel en son particulier, s'avisa de faire un divertissement afin de complaire au roi et aux dames. Le jour des Noces fut un mardi avant la chandeleur, sur ce soir d'hiver il fit porter et mettre en une chambre six habits de toile, qu'il fit parsemer de fin fils de lin teintés aux couleurs de cheveux !!

Le moment venu, après le repas il en fit revêtir un au roi, puis un autre au Comte de Joigny, le troisième à messire Charles de Poitiers, puis un à messire Yvain de Galles Bâtard de Foix, le cinquième au fils de Monseigneur de Nantouillet, puis se vêtit du sixième. Quand ils furent tous dedans enfermés et cousus, ils semblaient être des hommes sauvages, car ils étaient comme couverts de poils de la tête à la plante des pieds !!

Cette idée plaisait fort au roi de France et il en savait grand grè à l'écuyer qui l'avait imaginé. Ils s'étaient revêtus si secrètement dans cette chambre que nul en l'hôtel ne savait rien de cette affaire !, sauf eux mêmes et les valets qui les avaient habillés.

Messire Yvain de Foix eut en pensée le danger de ces costumes, et de ce qu'il pourrait en advenir, aussi dit il au roi " sire faites commander bien sévèrement que l'on ne nous approche avec des torches !!, car si on le faisait et que l'air du feu entrât dans ces habits dont nous sommes déguisés, le poil prendrait l'air du feu et nous serions brûlés et perdus sans remède je vous le dit ! "









Au nom de Dieu dit le roi, vous parlez bien et sagement, il en sera fait ainsi. Le roi fit donc défense aux valets de les suivre avec des torches, puis fit venir l'huissier d'armes qui se trouvait à l'entrée de la chambre et lui dit " va t'en en salle ou l'on danse et commande de par le roi, que toutes les torches se retirent à part et que nul ne s'approche des six hommes qui vont venir !!

L'huissier fit son commandement, tant et si bien que ceux qui tenaient des torches se retirèrent à part, dans la salle ne demeurait plus que les dames et demoiselles, ainsi que les chevaliers et écuyers qui dansaient.

A quelques temps de la arriva le Duc d'Orléans, accompagné de quatre chevaliers et six porteurs de torches, qui ne savaient rien du commandement du roi, il commença par regarder les danses puis dansa lui même. A ce moment voici venir les hommes sauvages et le roi, il n'y avait ni hommes ni femmes qui pût les reconnaître !. Cinq étaient attachés entre eux et le roi menait le cortège, on ne s'occupa plus que de les regarder et personne ne songea plus aux torches !!

Le roi se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, ce qui fut heureux!!, et s'en vint vers la Duchesse de Berry, sa tante, qui était aussi la plus jeune. La Duchesse par gaieté le prit et voulait à toute force savoir qui il était ?, le roi par jeu ne voulait point se nommer, la Duchesse dit alors " vous ne m'échapperez point sans que je sache votre nom "








En ce désordre survint le grand malheur dont le Duc d'Orléans fut la cause, quoique la jeunesse et peut être l'ignorance en furent causes ??. Il voulu lui aussi à tout prix savoir qui étaient ces sauvages et pendant que les cinq autres dansaient, il abaissa la torche que tenait l'un de ses valets si prêt que la chaleur entra dans le lin d'un habit !!

Vous savez que l'on ne peut éteindre le Lin quand il est enflammé, et la flamme échauffa la poix par laquelle les fils de lin étaient fixés à l'habit de toile, le feu s'en prit aux chemises garnies de Lin et de poix des autres qui se mirent à brûler et ceux qui les portaient commencèrent à pousser des cris horribles

Certains chevaliers s'avancèrent pour les aider, mais la chaleur de la poix brûlait les mains et ils en furent tous blessés. L'un des cinq, Nantouillet, s'avisant que l'office était proche y courut et se jeta dans un cuvier plein d'eau ou l'on rinçait les verres, ce qui le sauva d'être brûlé et tué comme les autres

Dans la salle le désordre, la douleur et les cris étaient tels que l'on ne savait que faire. La Duchesse de Berry sauva le roi en le cachant de sa robe dont elle le couvrit pour qu'il échappe au feu, le roi voulait la quitter à toute force, " ou voulez vous aller dit elle !! vos compagnons brûlent, mais qui êtes vous ??, je suis le roi dit il !....Ah monseigneur allez vite mettre un autre habit afin que la reine vous voie, car elle est dans une grande inquiétude









 Ainsi fit le roi et s'en vint dans sa chambre et se fit déshabiller, puis revêtit un habit et vint ensuite vers la reine, pendant ce temps le bâtard de Foix qui brûlait criait à haute voix sauvez le roi, sauvez le roi. Vraiment il fut sauvé de la manière que je vous dit, lorsqu'il se sépara de ses compagnons pour aller vers les dames, car s'il fut demeuré avec eux il était perdu et mort sans remède

Dans la salle de l'hôtel Saint Pol, vers minuit, le spectacle et l'odeur étaient horribles, que c'était grande pitié à voir et à sentir !!! Des quatre qui brûlaient deux moururent sur place, et le feu s'éteignant, le Bâtard de Foix et le Comte de Joigny furent portés en leurs en leurs hôtels ou ils moururent dans les deux jours à grande peine et martyre !!!





PS: La traduction est de votre copiste le nain, soyez indulgent, la transcription de Froissart n'est pas dès plus simple M de V

jeudi 7 mars 2019

Le Bijou Emblématique à la fin du Moyen âge

Obsession aristocratique par excellence, le souci de paraître s'intensifie au XIV et XV siècles, permettant un essor nouveau " l'Emblématique ", c'est à dire les signes servant à désigner l'identité d'un individu

Au début du XIV siècle, l'emblème est le plus souvent utilisé sous forme d'armoiries, avec pour rôle essentiellement utilitaire, d'affirmer le rang et l'identité de son porteur et notamment lors des conflits armés. Cependant la complexité croissante des armoiries les rend de moins en moins lisibles

Ceci va justifier à partir de ce siècle la diffusion de nouveaux emblèmes comme le Cimier et le Badge, afin de répondre au besoin de cette aristocratie de la fin du moyen âge (dixit le nain, de nos Paons rutilants, mangeurs de charrettes ferrées !!! )

Ce badge, quel que soit la forme qu'il revêt peu être peint, sculpté, brodé ou prendre l'aspect d'un bijou. Il sert avant tout à proclamer l'identité de son émetteur, composé d'une figure ( ou corps ), représentant un animal, un végétal ou un objet, associé parfois, ou accompagné d'une inscription appelée " le mot ", qui au fil du temps va devenir une sorte de publicité de luxe pour l'aristocratie du bas moyen âge









Puis nous avons " l'Enseigne de Livrée ", qui reproduit le badge identitaire de ce Prince sur la tenue de ses fidèles, de ses proches, ainsi que son personnel de maison. Cette reproduction aura au fil du temps une connotation politique, mais s'inscrit également dans l'emblématique. Comme l'affirme M Pastoureau, c'est le signe d'une société qui cherche dans le " paraître " une compensation au déclin de son rôle militaire, politique et économique !!

D'abord réservé à l'usage unique du grand Feudataire et apposé sur ses effets personnels il sera peu à peu diffusé lors des " livrées ". La coutume de la livrée se produisait une à deux fois par an selon les maisons, le prince remettait à son personnel et ses proches des vêtements, des broderies ou des enseignes (insignes), mais aussi sous forme de cadeaux à ses fidèles. Celui ci servait le plus souvent de signe de reconnaissance ou de ralliement lors de luttes entre des maisons rivales !!!

Certains badges de ces princes se présentaient sous forme de colliers, de broches ou d'enseignes ( insignes ). Il étaient Façonnés dans les métaux les plus divers, or, argent, recouverts d'émaux, voir enrichis de pierres précieuses. Il est évident que pour le personnel ces représentations étaient de plomb ou d'étain, reproduisant dans cet alliage et à moindre coût le badge du maître de maison. tout cela était fonction de la richesse personnelle de ce grand personnage du royaume









La popularité du badge s'explique par l'absence de règles précises comme l'héraldique. Le prince pouvait laisser libre court à sa fantaisie, son goût, sa culture, voir même son humour. Le badge semble d'origine Anglaise dès le début du règne de Edouard III, par contre son introduction chez nous est contemporaine du règne de Jean II le bon, mais fort peu répandue !!

Il faut attendre la fin du XIV siècle et Charles VI le Fou pour que le badge devienne un emblème d'usage courant au sein de notre aristocratie. Il semble acquis chez nos historiens que le contexte de la guerre de cent ans ai favorisé l'introduction du badge en France, en raison des contacts fréquents entre les cours de France et d'Angleterre

Prenons l'exemple Anglais de John Talbot, Comte de Shrewsbury, possédait pour badge " un Talbot ", chien dont la race est aujourd'hui éteinte. Dans un poème on parle de John Talbot retenu prisonnier en France entre 1449 et 1453, ou il est désigné comme suit " le garde de notre porte est enchaîné, c'est Talbot notre bon chien "

Dans la maison d'un grand du royaume les enseignes (insignes) dits de livrée sont portés sous formes de petites broches sur les vêtements et apparaissent comme des témoignages d'allégeance par les fidèles et les membres de sa maison et arborées de façon ostentatoire sur la poitrine ou le couvre chef. Ce qui n'allait pas sans orions et coups de pieds de par le cul, quand des personnes de deux maisons rivales se rencontraient !!...Wouais ben on fait pas mieux maintenant hein !!!!!









En France, Jean sans peur, Duc de bourgogne, distribua son badge " au Rabot ", sous forme de broches d'or garnies de saphirs, de diamants et de perles à ses chevaliers et ses fidèles, mais son train de maison et ses serviteurs ne portaient que de simples insignes de plomb ou d'étain. Y a des limites tout de même hein !!!!!!

Dans la guerre emblématique qui précéda la guerre civile au XV siècle il y eut deux badges célèbres, ceux de Louis d'Orléans et de Jean sans Peur, tous deux chefs de factions opposées. Louis avait prit pour badge un bâton noueux, sorte de gourdin chargé de noeuds protubérants, avec la légende (le mot), " je le tiens ", qui bien sur s'adressait à Jean. Ce dernier comme nous l'avons dit plus haut avait lui opté pour le Rabot, afin de dégauchir les inégalités du gourdin menaçant de son ennemi de cousin !!. Ha ils avaient de l'humour hein !!!!!

Albion connut aussi quelques années plus tard une guerre civile " la guerre des deux roses ", lutte pour le pouvoir entre la maison d'York qui avait pour badge une rose blanche et la maison de Lancastre, qui avait pour emblème la rose rouge, elles permettaient de renforcer les liens entre partisans et jouaient le rôle de signe de reconnaissance et de ralliement



PS: la documentation provient de la BNF, sur un texte de D Bruna....M de V

mercredi 6 mars 2019

Eclairage au Moyen âge

Peu de gens ignorent que chez nos ancêtres les moyens d'éclairage se réduisait à l'emploi de la lampe alimentée par de l'huile, cet ustensile était si mal combiné, que l'on peu dire que son pouvoir éclairant était nul. Elle se composait généralement d'une vasque métallique formant le réservoir, sur lequel on pratiquait un bec saillant, d'ou sortait une mèche composée de plusieurs fils entortillés, quelques fois cette mèche était placée au centre du réservoir

Elle était de forme bizarre chez les égyptiens, élégante chez les grecs et les romains, peu économique elle produisait constamment un filet de fumée et prodiguait une maigre lumière rougeâtre, en outre, la masse du réservoir gênait l'afflux d'air autour de la mèche. Dès lors, l'air étant insuffisant, l'huile ne brûlait pas entièrement, une partie de ce liquide se réduisait en vapeurs âcres et irritantes

Pendant le Moyen âge, aucune amélioration ne fut apportée à cette lampe venant de l'antiquité, on l'utilisait toujours dans les mêmes dispositions. Mais petit à petit l'usage de la chandelle va se généraliser, car rien n'était plus facile que de fabriquer des chandelles

Il suffisait de prendre du suif de mouton que l'on mélangeait à du suif de boeuf, de fondre, puis de couler le mélange dans des moules cylindriques, pourvus à l'avance d'une mèche tressée à l'intérieur, celle ci était le plus souvent en corde de chanvre. Grossièrement façonnée au début, la chandelle acquit une certaine perfection quand on apprit à fabriquer les chandelles avec le procédé dit " à la baguette ", c'est à dire par l'immersion directe des mèches dans le suif fondu

Notre chandelle remplacera souvent la lampe. Or donc de la chaumière du Vilain, celle du Bourgeois, ou du noble tout le monde s'éclairait au moyen au moyen de cette fumeuse et malodorante chandelle, il semble même que le Roi (hormis peut être dans son privé), se trouvait pour l'éclairage au même niveau que ses sujets









 Ce moyen se répandit surtout dans les pays du nord de l'Europe, car pour le midi de la France, l'Italie et l'Espagne l'abondance et le bas prix de l'huile rendait inutile ce procédé nauséabond !!!

En France les Bouchers fondaient la graisse et fabriquaient eux même les chandelles, du moins jusqu'à ce que le métier de Chandelier voit le jour et que ces gens de métier forment une corporation vers 1016, mais ne seront régularisés par un statut que bien plus tard

La Lanterne fut imaginée au début du moyen âge, c'était une enveloppe de métal pourvue sur un ou deux côtés de lames de cornes transparentes. Elle renfermait selon sa taille, soit une petite lampe ou une chandelle, ces lanternes se fabriquaient chez les Peigniers-Tabletiers, qui avaient le privilège de travailler la corne

Ces lanternes se portaient à la main, on en trouvait aussi parfois sous une statue pieuse, ou encore à la poterne d'entrée des Couvents, Monastères et Abbayes. Mais jamais aux carrefours des rues, car larrons et marchands de mort subite auraient tôt fait de la faire disparaître, afin de pratiquer leurs méfaits en toute tranquillité, les rues étaient de vrais coupes gorge une fois l'heure du couvre feux venue  ( voir article ) !!!!!








Bien sur vous allez me dire " Ho !! et la bougie hein ", on se calme !!! la chandelle de suif pour les pauvres et la bougie de cire pour les gens fortunés, car si le Roi en son privé s'éclairait à la bougie et quelques privilégiés fortunés aussi c'était fort rare

La cire était alors importée par les vénitiens, maîtres du commerce avec l'Orient, le prix de la matière brut était donc déjà très élevé, je ne vous parle donc pas du prix de la bougie après la transformation de la matière!!

On entourait parfois les chandelles de suif avec de la cire, ce qui donnait une chandelle plus économique. Le prix des bougies de cire restera toujours très élevé, même au Bas moyen âge des XIII, XIV et XV siècles




PS: même au XVII et XVIII siècles beaucoup de gens utilisaient encore la chandelle de suif dans leurs demeures, la documentation provient de la BNF, comme il se doit M de V

mardi 5 mars 2019

Pour remettre les pendules à l'heure

En hommage à J Flori, mort en 2018 ( RIP), disciple de G Buby et spécialiste, en tant que directeur de recherche au CNRS, de la chevalerie.

Remettons avec lui les pendules à l'heure, foin de ces personnes qui s'équipant d'armures rutilantes le WE, se parent du titre de Médiéviste, sans même avoir fait les études correspondantes, il faut raison garder et dans ce domaine le titre de Reconstituteur suffit à la tâche. On sait le débat qui, depuis plus de 30 ans oppose les meilleurs historiens de la société médiévale à propos des rapports qu'il convient d'établir entre Noblesse et Chevalerie à partir des XI et XII siècles

Tandis que les uns soulignaient à juste titre le caractère interchangeable des termes " Miles " et " Nobilis ", dans certains documents Latins, et diplomatiques en particulier, ainsi que la réelle conscience d'appartenir à une classe dominante qui unissait entre eux, tous les membres du groupe Aristocratique dont les " Milites " faisaient partie

Les autres, avec autant de raisons, insistaient sur l'hétérogénéité de cette classe aristocratique ainsi définie. Ils remarquaient que la Noblesse de cette époque, était avant tout fondée sur la naissance, et sur l'appartenance à un lignage clairement revendiqué. Pour eux Noblesse et Chevalerie ne sauraient être confondues avant le moyen âge tardif, voir XIV et XV siècles dans certaines régions !!!









Selon certains la noblesse " de droit ", serait issue de la noblesse " de fait ", les autres niaient cette filiation en rappelant que la noblesse est antérieure à la chevalerie, et repose sur des critères qui ne doivent rien à la chevalerie, comme la naissance, l'appartenance à un sang illustre, ou la revendication d'un lignage

Ces positions si radicalement opposées, fondées sur l'étude de documents irréfutables, mais issus de régions différentes, ont inspiré depuis trente ans un grand nombre de thèses de grandes valeur. Ainsi peu à peu se dessinait une sorte de consensus, qui pour la plupart des régions de France, conduisait à distinguer la chevalerie de la noblesse, qui lui était antérieure, et au sein de laquelle les chevaliers parvinrent à se glisser au terme d'une lente et progressive ascension d'ordre social autant qu'idéologique !!

Ce n'est qu'au moyen âge tardif que l'aristocratie, qui filtrait en son sein l'accès à la chevalerie par le rite de l'adoubement, met en place une nouvelle exigence, la naissance. Cette exigence fige alors la société, et crée la noblesse issue de la chevalerie. Désormais l'aristocratie n'est plus constituée que de familles pouvant revendiquer un ancêtre Chevalier

Votre copiste le nain dirait, en langage plus imagé,  qu'ils passaient leur temps à vanter les exploits de leur ancêtres, en ne participants plus qu'à des tournois, afin de ne plus prendre de raclées sur les champs de batailles









La distinction sociale entre les couches élevées de l'aristocratie et le niveau beaucoup plus modeste qu'occupaient les chevaliers ordinaires va perdurer jusqu'à la fin du XII siècle

Dans les chansons de geste, tous les héros, nous sont décrits l'épée à la main, ou bien chargeant les Sarrasins lance basse, c'est à dire en chevaliers !! Ces chansons témoignent de la faveur considérable dont jouissait la pratique guerrière auprès des couches aristocratiques !!

Mais cela n'implique pas que tous les chevaliers aient appartenu à l'aristocratie et moins encore à la noblesse !!! Il est certain cependant, que l'accent mis sur les capacités guerrières, contribua à la promotion de la chevalerie, et à l'adoption par l'aristocratie des valeurs dites " chevaleresques ", rapprochant ainsi l'élite guerrière de l'élite sociale !!

C'est par ce moyen selon J Flori, que se réalisa la fusion entre les deux entités. Sur le plan idéologique cette fusion s'accomplit au moyen âge tardif


PS: documentation BNF sur un texte de J Flori ..M de


dimanche 3 mars 2019

Les Brodeurs au Moyen âge

Venu du fin fond des âges l'art " de l'aiguille et du fil ", a été dès le haut moyen âge un travail hautement apprécié, et des témoignages écrits existent depuis le VII siècle

Des femmes de haut rang puis des spécialistes masculins et féminins l'ont illustré, vêtements ecclésiastiques ou aristocratiques, autels et manteaux, harnachements de destriers, oriflammes, murs d'églises, de châteaux, couvertures et contrepointes, ont acquis grâce à leurs ornementation brodée et leur beauté, un prestige qui rejaillissait sur les commanditaires de ces oeuvres

Les brodeurs n'ont laissés derrière eux que peu d'information sur leur métier et leur vie, car ils travaillaient en marge des autres artisans de la société médiévale. A Londres, les brodeurs se seraient regroupés pour former une guilde au XIV siècle, mais n'auraient été dotés d'une Charte qu'au XVI siècle (1561). A Paris par contre, les brodeurs ne formeront une guilde qu'au XV siècle (1471), mais à l'inverse de nos voisins d'outre Manche, ils étaient dotés de statuts à partir du XIII siècle (1292)

Les brodeurs les plus réputés au moyen âge, en Europe, étaient ceux de Londres, suivis de près par ceux de Paris








Les quelques 200 noms d'artisans Brodeurs cités dans les statuts parisiens révèlent l'étendue de la participation masculine, dans un art qui avait été considéré longtemps comme un domaine exclusivement féminin

Il y eut sans doute des dynasties familiales d'artisans brodeurs, qui tout en dirigeant leurs ateliers transmettaient le métier de génération en génération tout en formant des apprentis. Nous ne connaissons pas la taille de ces ateliers, qui devaient varier selon le lieu d'implantation, le volume des commandes et bien sur la réputation du brodeur

Certains comptaient probablement en plus du Maître des compagnons, des valets (ouvriers), et des apprentis à différents stades de leur formation. Puis d'autres ateliers, ne comptaient que le mari et la femme, avec un apprenti, qui bien souvent était leur propre enfant

C'est à partir des statuts de 1316, que nous trouvons ajouté au nom de l'artisan celui leur femme, comme formant une équipe, Jéhan d'Argenteil et sa femme, Jacques le broudeur et sa femme, Jéhan le Fournier et sa femme ou encore Nicolas de Losanne et sa femme. nous ignorons le genre d'ouvrages qu'ils exécutaient car c'était un milieu très fermé









Mais le nom d'Etienne Chevalier apparaît souvent dans les comptes royaux de la maison de France, par exemple, en 1328, notre artisan Brodeur acheta du mobilier, après le décès de Clémence de Hongrie, veuve de Louis X le Hutin !!

Il y avait entre autre, des rideaux de lits brodés en soie bleue, des housses de coussins avec des fleurs de lys et un couvre lit en soie à motifs de dauphins orné d'une bordure aux armes de Hongrie

Cette transaction nous révèle un autre aspect de la vie professionnelle des brodeurs de métier, le rachat de biens appartenant aux grands du royaume !!!

Les statuts des brodeurs exigeaient un apprentissage de huit ans, avant de devenir valet (ouvrier), puis compagnon, un des apprentissage les plus long de l'artisanat, en raison sans doute de la complexité du métier et des différentes techniques de broderies à maîtriser

Quand un brodeur avait effectué un an et un jour chez un maître en tant que compagnon, il pouvait s'établir à son compte s'il en avait les moyens bien sur








Il était fort courant d'interdire le travail de nuit dans les différents secteurs de l'artisanat, car il était problématique de travailler dans des endroits sombres à la lueurs de bougies, surtout dans un travail de précision comme la broderie

Cependant en 1316, à la demande des artisans brodeurs, le Prévôt de Paris lève l'interdiction du travail de nuit dans leurs nouveaux statuts. Mais à certaines conditions, premièrement l'urgence d'un délai de livraison, puis en cas de grosse commande et un contrôle supplémentaire de qualité pour voir si ce travail de nuit avait été bien réalisé

Les brodeurs chevronnés des grandes cités médiévales d'Europe, en particulier Londres et Paris, travaillaient pour les rois, les grands feudataires, tel que Princes, Ducs et hauts Barons, puis les grands dignitaires de l'église, Cardinaux, évêques chanoines et abbés mitrés.

Ces personnages étaient intransigeants en matière de délai de commande et de qualité du produit fini, il n'était pas bon pour le commerce de mécontenter les grands, car c'était un peu leur pub. Il suffisait qu'un artisan travaille pour tel Prince ou tel dignitaire de l'église pour que toute la haute bourgeoisie se rue chez lui....cela n'a pas changé à notre époque !!!



PS: documentation BNF et un texte de J Le Goff ...M de V

jeudi 28 février 2019

N°290) Mercenariat au Moyen âge

Les mercenaires des derniers temps du moyen âge,  sont gens de métier qui louent leurs services pour suppléer une noblesse dont l'ardeur guerrière s'étiole, et qui préfère se livrer aux plaisirs dangereux mais lucratifs du Tournoi, ils laissent la place au mercenariat, une profession en forte hausse au bas moyen âge !

Or donc il y eut dans tous les états de l'Europe des combattants de métiers, qui ne disposaient d'aucun pouvoir, qui ne prétendaient pas non plus à en obtenir, mais qui cherchaient à s'employer pour vivre par le moyen des armes

Tel est le phénomène du mercenariat étranger ou indigène, comme les Archers Anglais engagés par les Ducs de Bourgogne, les Arbalètriers Génois, les Genétaires Espagnols, les Piquiers Suisses, les Mineurs Liégeois ou les Canonniers Allemands, je ne cite que ceux la car la liste est fort longue

Ces gens solidement encadrés et bien formés donnent naissance à ce que l'on peut appeler des " Militaires ". En d'autres termes, c'est faire appel à des gens de métier dont la profession est la guerre, et qui permet désormais d'éviter le recours massif au peuple. Aux gens de ces " Communes ", dont Philippe de Mézières disait à la fin du XIV siècle " qu'elles sentent aucunement de rébellion envers leurs seigneurs naturels, pour ce qu'elles se sentent toujours en servage "








Ces gens de métier suppléent aux carences militaire de la classe dirigeante, celle ci se désintéressant de la guerre en faisant reposer son pouvoir sur d'autres principes ou d'autres ressorts. Tel sera le cas des cités états d'Italie, au moins à partir du XIV siècle, et même pour L'Angleterre de la fin du moyen âge, quoique dans une moindre mesure

Mais le mercenariat présentait aussi de gros inconvénients. Il arrivait fréquemment que nos mercenaires échappent au contrôle de leurs employeurs, exerçant alors sans retenue leurs ravages sur le pays, et cherchant quand l'occasion s'en présentait à s'emparer, en tout ou partie du pouvoir !

Pour en citer quelques uns, songeons aux Cottereaux, Brabançons et routiers qui sévissaient du milieu du XII siècle , jusqu'aux premières décennies du XIII siècle. puis vint les Grandes compagnies du XIV siècle, les Ecorcheurs du XV siècle, pour finir par les compagnies d'aventure et à la Condotta en Italie

Non seulement ces gens de guerre représentaient un danger pour l'ordre public, mais également pour le pouvoir en place, car en dépit de leurs compétences, on doutait volontiers de leur dévouement, si vous arrêtiez de les payer ils partaient ou se retournaient contre vous. En bref ils n'étaient fidèles qu'envers eux mêmes au sein de leur formation de combat ( ce qui personnellement me paraît tout à fait logique)









C'est pourquoi il était conseillé aux Princes de n'y avoir recours qu'en dernière analyse et encore de façon parcimonieuse, mais voila une fois le doigt mis dans l'engrenage on y laisse passer le bras !! Car la guerre se professionnalisait de plus en plus, dès lors que la mobilisation de masse n'était plus de mise, et que le système féodal perdait une large partie de sa finalité première

Car quantité de nobles ne se souciaient plus de servir à la guerre, sinon contraints et forcés, en tant qu'éléments d'appoint et les états furent amenés à recruter de plus en plus de combattants de métier

Ainsi selon les circonstances, même s'il y eut toujours des non combattants, on trouvera désormais une masse populaire variable de non combattant de fait ou de droit, pas seulement les femmes, mais aussi les malades et les handicapés, puis les jeunes de 12, 14, 16 ans, et bien sur les vieillards au dessus de 60 ans



PS: documentation BNF, sur un texte de Philippe Contamine ...M de V

mardi 26 février 2019

Les Francs Juges de la Terre Rouge

Dans ces régions on frémissait au seul nom de ce tribunal secret de la Westphalie, qui jugeait et condamnait dans l'ombre, exécutant ses arrêts à l'improviste, et dont les règles et les lois étaient enveloppées d'un profond mystère !

On ne sait avec exactitude l'époque à laquelle fut établi cette formidable institution. Quelques écrivains la font remonter à Charlemagne lui même ?. On dit qu'ayant soumis les Saxons il créa un tribunal secret, ayant pour but de les surveiller, afin qu'il ne retombent pas dans les erreurs du Paganisme.

Il semble plus probable que cette institution faisait partie des vestiges des tribunaux ayant existé chez les germains et qui se serait maintenu en Allemagne, quand ce pays se divisa en une foule de petits états indépendants

Mais ce qu'il y a de sur c'est que du IX au XIII siècles, toute la partie Allemande comprise entre le Rhin et le Weser était livrée à l'anarchie la plus totale, les crimes s'y multipliaient à l'envie et restaient impunis !

Des hommes vont donc créer cette juridiction, qui vigoureusement va comprimer ces désordres barbares. Elle reçut le nom de Vehmgericht, ce qui signifie Tribunal Vehmique. Il avait pour domaine d'investigation, toute la Westphalie, qu'ils désignaient sous le nom de " terre rouge "

Sortis des limites de ce territoire, il n'y avait pas de réunion de tribunal, mais les Francs Juges avaient la prétention de réprimer certains crimes commis hors des Terres Rouges et assignaient à comparaître devant eux, des personnes domiciliées ailleurs, voir même fort loin de la Westphalie !








On ne connait pas toutes les localités ou siégeaient les tribunaux de la terre rouge, mais le plus célèbre tenait ses séances sous un tilleul devant le château de Dortmund, chaque tribunal était composé d'un nombre très important de Francs Juges, de plus ces tribunaux avaient deux juridictions l'une publique et l'autre secrète !!!

Les Francs Juges possédaient un signe secret dont ils faisaient usage pour se reconnaître entre eux, et un des statuts fondamentaux du Tribunal de la Terre Rouge, condamnait au plus cruel supplice le membre qui aurait trahi les secrets de leur ordre

En Westphalie, était considéré comme traître, quiconque fournissait le moindre indice donné à un proche, ou un membre de sa famille, permettant de lui faire comprendre, qu'il était poursuivi ou condamné par ce Tribunal, que l'on nommait aussi " la Sainte Vehme " !! Un écrivain allemand écrira, " le frère craignait le frère, l'hospitalité n'existait plus "

Nos Francs Juges, fort nombreux, parcouraient le pays avec pour mission de rechercher les crimes, les dénoncer et infliger une peine immédiate. Il fallait sept juges pour former un tribunal, mais si trois juges surprenaient un malfaiteur en flagrant délit, ils pouvaient le saisir, puis le juger sur l'heure et lui faire subir le châtiment !!

A lire ces lignes cela ne fait guère envie à votre Copiste de se retrouver en Westphalie à cette époque et comment avoir foi en la probité et l'impartialité de ces Francs Juges ???








Les peines applicables à tel ou tel délit étaient laissées à l'appréciation du tribunal rassemblé en un lieu pour juger. mais les règlements de cette institution sont muets à cet égard ??? Ils se bornent à dire que les coupables seront punis " selon le droit du Ban secret ". Bien évidemment la peine capitale était appliquée à tous les délits graves, et le plus souvent par pendaison

Mais la Sainte Vehme ou Tribunal des Terres Rouges, qui un temps imposait un frein salutaire aux seigneurs, toujours prêts à se mettre au dessus des lois, puis à châtier les bandits que l'impunité avait encouragés à tout oser, va évoluer

Elle ne tarde pas grâce à la terreur qu'elle inspire, à manifester des prétentions exagérées, puis à s'écarter de la juste mesure de ses fonctions. Dès le XV siècle, les Francs Juges n'étaient plus ces hommes d'un intégrité austère qui rendaient la justice, mais des gens élevés à cette dignité par l'argent, bref ils achetaient leur charge.

Les basses vengeance et la corruption minaient la coutume Vehmique. Au dire d'un historien, on admettait comme juges bien des gens qui auraient mérités d'êtres jugés. mais ne leur jetons pas la pierre, car soyons réalistes, cela ne change guère de notre époque actuelle non ????

PS: documentation de la BNF....M de V

lundi 25 février 2019

Le Vieux de la Montagne

Selon les écrits de Marco Polo, célèbre au XIII siècle, ce Prince se nommait Alaodin, il aurait fait faire dans une vallée encaissée entre deux montagnes, un magnifique jardin, dont l'entrée se trouvait protégé par une formidable forteresse.

Il était rempli d'arbres et de fruits de toutes sortes, et autour de ces plantations, le vieux avait fait ériger Palais et pavillons, décorés avec magnificence de peintures, de meubles et de tentures de soies. L'ensemble était traversé par tout un réseau de canaux aux eaux limpides, et pour parfaire l'ensemble il y aurait logé des jeunes filles, belles et pleines de charmes

Ce Prince faisait croire, par ruse, à ses gens, que ce jardin était le paradis. Comme Mahomet avait dit que ceux qui obéiraient à ses volonté iraient au paradis, le vieux, lui, faisait croire à ses disciples qu'il était prophète et compagnon de Mahomet !! Il avait à sa cour des jeunes gens de dix à vingt ans, pris parmi ceux qui peuplaient la montagne et qui lui paraissaient les plus propres aux maniement des armes

Il faisait de temps à autre, ou selon ses besoins, donner à une dizaine d'entre eux, une boisson qui les endormait, puis les faisait transporter dans le jardin, lorsqu'ils se réveillaient et qu'ils découvraient les merveilles que nous avons décrites, ils ne doutaient plus qu'ils fussent au paradis. Au bout de deux ou trois jours ils étaient endormis à nouveau et ramenés à la cour du Prince 








Ces élus racontaient alors ce qu'ils avaient vécus devant la cour et le vieux leur disait qu'il ferait entrer au paradis quiconque combattrait et mourrait pour son seigneur. Donc celui à qui il était ordonné de se sacrifier s'estimait heureux. Tous les seigneurs ou les ennemis du vieux de la montagne étaient mis à mort par ses assassins, et si puissants qu'ils fussent ils ne pouvaient manqués d'être tués

De son récit traduit de l'original en vieux français, Marco Polo, attribue l'initiative ou l'invention de ce système de domination à Alaodin, alors que ce dernier ne faisait que continuer une tradition de sa race. Il n'est autre que le successeur du fameux Hassan, fils d'Ali, lequel vers le milieu du XI siècle, profita des troubles qui désolaient l'Asie, pour se créer un royaume aux dépens des peuples et des souverains

Hassan avait embrassé, s'il on peut dire, la doctrine de la foi Ismaélienne qui prétendait expliquer d'une manière simple tous les préceptes de la religion musulmane, et qui détruisant ainsi le culte public, donna naissance à une croyance toute philosophique. Ce nouveau courant allait faire gagner à Hassan, chef de file de la foi, beaucoup d'esprits simples et sincères

C'est alors que le Calife Sindjar se proposa d'anéantir ce mouvement, mais un beau soir il trouva sous son oreiller un poignard fraîchement aiguisé !! Puis lui parvint une lettre de Hassan, à la prose on ne peut plus explicite, je cite: On pouvait te plonger dans le coeur ce qui a été placé près de ta tête !








Que pensez vous que fit le Calife ???...Oui, il fit la paix avec Hassan, dont la dynastie devait régner pendant 170 ans. Dans le château d'Alamond, construit sur les frontières de la Perse, au sommet d'une montagne escarpée et boisée, avait vécu Hassan, sa résidence principale fut aussi celle de ses successeurs;

Or donc dans la langue de ces régions, le même mot signifie à la fois " Prince " et " Vieillard ", les croisés qui avaient entendu prononcer ce mot firent l'amalgame et donnèrent à ce Prince Ismaélien, le nom de Vieux de la Montagne

Les auteurs anciens nommaient les sujets de Hassan les Haschichini, Heississini, Assissini ou Assassini, formes diverses de la même expression et qui passera dans notre langue, avec une acception qui rappelle les sanglants exploits attribués aux Ismaéliens

Si l'on cherche l'étymologie de ce nom, on doit supposer qu'il est la transformation du mot arabe " Haschischin ", qui servait à désigner les sectaires dont nous parlons, parce qu'on leur procurait du Haschisch, cette préparation extraite du chanvre indien, qui provoquait chez eux les rêves les plus étranges

Lors des immenses préparatifs que faisait Louis IX pour sa croisade, le Vieux de la Montagne, lui envoya deux de ses assassins, chargés de tuer ce Roi au milieu de sa cour !!




PS: rassurez vous il n'avait pas été le premier .....documentation BNF ..M de V