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dimanche 9 décembre 2018

Les Rapondi de Lucques au XIII, XIV et XV siècles


Parmi les habitants de la cité de Lucques (lucca en Italien, Luca en Latin), dans cette ville qui formait avec Florence les deux plus importantes cités du parti Guelfes en Toscane au XIII siècle. Aucun n'est comparable à Dine Raponde ou Rapondi, selon que vous vous trouvez d'un côté ou de l'autre des Alpes.

Marchand de draps et de soieries, trafiquant de tapisseries de luxe, de joyaux et de pierreries, fournisseur d'armures, d'épées et d'armes d'hast en tout genre. Homme de confiance de grands seigneurs, dont il gère la fortune comme un intendant éclairé.

Banquier et prêteur des princes et des riches communautés urbaines, financier habile et diplomate avisé. De tous les Lucquois qui fréquentèrent la France aux XIV et XV siècles, aucun n'a laissé un renom comparable à cet homme. Conseiller et véritable ministre des finances de Philippe le Hardi, puis de son fils Jean sans Peur, Ducs de bourgogne et Comtes de Flandres

Chef d'une société commerciale, qui possédait des comptoirs à Bruges, Anvers, Paris, Avignon, Venise, qui savait utiliser pour ses entreprises l'activité et l'intelligence des membres de sa famille, frères et neveux. Dine Raponde apparaît comme une force financière qui s'impose, sa fortune est célèbre, quand à son hôtel parisien il demeure comme la plus fastueuse habitation d'un de plus grands hommes d'affaires de la fin du XIV siècle








Les Raponde étaient l'une des plus anciennes familles lucquoises, étant donné leur ancienneté il est naturel de les retrouver dans la liste des membres du conseil des anciens de cette cité, ils furent nombreux au XIV siècle à être revêtus des fonctions honorifiques de Gonfaloniers de la justice

Cette fratrie était considérée comme la seconde fortune de la cité de Lucques, avec pas moins 100 000 Florins d'or en coffre !! Ils paraissent avoir fréquenté la France et la Flandre très tôt, il semble même, que leurs premières opérations commerciales datent de la fin du XIII siècle. En 1298, Henri Raponde faisait payer 213 livres Tournois, au Comte de Hainaut, pour 13 draps mêlés d'or, achetés pour les demoiselles et clercs de sa maison

C'est en 1370 que Dine Raponde prend la direction de cette société familiale, pour lui donner une extension considérable. Les membres de la famille, frères et neveux servaient de courriers, d'auxiliaires, d'agents de change, de responsable de comptoir, tous vivaient dans cette sphère commerciale que dirigeait Dine, et dans les divers centres ou pouvait se développer leur très lucratif métier

Il semble que jusqu'au deuxième tiers du XIV siècle, Bruges et Anvers furent leurs principaux comptoirs commerciaux, en fait jusqu'à l'arrivée de Dine aux commandes !! 








On voit sous son impulsion, leur activité se manifester dans divers autres centres. Un André Raponde eût bientôt une habitation en Paris, il y vendait des Satanins brodés d'or et d'argent, ainsi que des joyaux.

Il semble que André abandonne  assez rapidement ce comptoir parisien au profit d'un membre de la famille, pour se fixer en Avignon à la cour du Pape Clément VII, en 1384 on le qualifie de changeur dans cette cité, on trouve trace d'une vente au Pape, d'un fermail enrichi de pierreries, pour une somme de 535 florins d'or

Quatorze ans plus tard il y exerçait encore sa profession, vendant à Benoît XIII, des pièces de drap de Damas, des soieries et autres fournitures pour les fêtes de l'avent et du carême.

Ce qui n'empêche pas André d'être un fournisseur du Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, ce qui est logique quand on connait les rapports existants entre, son frère Dine et le Duc, auquel il vendra divers joyaux

Un des frères, nommé Philippe, semble rejoindre André en Avignon, ce dernier est désigné en Janvier 1389, comme marchand de Lucques, installé en la cité des Papes pour la vente d'étoffes








On ignore la date exacte de la naissance de Dine Raponde, les historiens avancent l'hypothèse de sa venue au monde entre 1335 et 1340 ??? Il reste célèbre par la variété et la multiplicité de ses entreprises, tant en Flandre, qu'en France, auprès de Philippe le Hardi, puis de son fils Jean sans Peur

Mais aussi par l'influence qu'il semble avoir auprès du Roi Charles VI le Fou, tant par les événements politiques auxquels il fut mêlé, que par son immense fortune et le luxe de son Hôtel parisien.

Dine Raponde ou Rapondi, était le type le plus accompli d'un grand brasseur d'affaires et un financier international de la toute fin du XIV siècle et du XV siècle




PS: Documentation BNF sur des textes de l'école des Chartes M de V


mardi 4 décembre 2018

N°260) La décadence des Bénédictins de Cluny au XV siècle

L'église avait déjà traversé au X et au XI siècles des périodes de troubles ou de décadence presque générale (voir article), mais au moins la tête était restée saine, cet ordre monastique n'était pas parvenu à ce degré d'affaiblissement, qu'il atteignit au lendemain de la guerre de cent ans.

L'ordre Clunisien des bénédictins était tombé dans la plus complète décadence, de plus en France on ressentait un amoindrissement important du sentiment religieux. L'abbaye mère n'avait pas été épargnée, le chapitre général tenu en 1422 déclarait, que les guerres et les troubles avaient tellement appauvri et désolé le Monastère, que l'on devait renoncer à le rétablir dans son état ancien !!

Le nombre des moines qui avaient été de 460, était tombé successivement à 260, puis à 120 après la grande peste de 1347, ils n'étaient plus que 80 en 1426. Le jeûne, l'abstinence et la règle continuaient à être observés, l'obéissance et la pauvreté respectées par la plupart des moines, mais de nombreux bâtiments, tant dans le Monastère, que dans les dépendances tombaient en ruines et l'on avait dû aliéner une partie du patrimoine !

Mais les Abbayes et Prieurés dépendant de cet ordre Clunisien avaient en France encore plus souffert. Un grand nombre furent pillés et brûlés par la soldatesque et les routiers, les bâtiments tombaient en ruines









Leurs terres étaient en friche, de nombreux Prieurés avaient désormais des bâtiments inhabitables et avaient été abandonnés par amodiation (affermage), ou aliénation de tout ou partie de ses terres. L'on voyait des moines errer à l'aventure à la recherche d'un gîte, il n'était même pas rare dans certaines régions de voir un prieur ou un moine vivre seul dans leur couvent !

La condition de ces moines obligés sans cesse de lutter pour vivre et se défendre, isolés et sans chef spirituel le plus souvent, n'avaient pas tardé à ajouter à la détresse matérielle, une détresse morale plus grave encore !!

Presque partout dans ces lieux Clunisiens de prières, l'exercice du culte et l'observance de la règle avaient été compromis, la vie conventuelle avait disparue et une corruption profonde s'en était suivie

Nombreux étaient les Prieurés ou le service religieux était mal assuré, voir inexistant, les lampes devant l'autel n'étaient plus allumées, les messes n'étaient plus célébrées, les livres étaient en lambeaux. Quand aux vases sacrés, selon un rapport du chapitre général de 1454, ils étaient soit perdus ou volés, par suite de l'incurie et de la négligence de ceux qui en avaient la garde !!!









Les églises étaient mal tenues, voir profanées, soit que les animaux y entrassent librement, ou que le Prieur du lieu y entassait son grain. Cette décadence de la discipline avait contribué à accroître l'avilissement de ces moines Bénédictins

Les comptes rendu de visite de l'époque attestent que bon nombre d'entre eux étaient insolents, joueurs, blasphémateurs, rebelles et dissolus. Beaucoup dilapidaient les biens de leur Monastère, vivaient en concubinage, entourés même parfois de leurs enfants, d'autres erraient de jour comme de nuit, allant à la ville, fréquentant tavernes et ribaudes et pratiquant le commerce et l'usure !!!

Cette situation n'avait pas manqué d'inquiéter les membres restés sains de l'ordre des Bénédictins, il faut bien avouer qu'on le serait à moins !! Ils s'efforceront d'y remédier.

En l'an de grâce 1445 ils vont envoyer des courriers, porteurs de lettres au Roi, au Dauphin, au Duc de Bourgogne sur les terres duquel se trouvait la maison mère, au Duc de Savoie et au Duc de Bourbon. Le sujet en était la réforme et la restauration de l'ordre des bénédictins, afin d'empêcher sa ruine totale. Ils iront jusqu'à envoyer un émissaire à la cour du Pape à Rome. Mais dans cette toute fin du Moyen âge il semble que les Princes et Rome avaient d'autres chats à fouetter, car leurs efforts resteront vains.





PS: documentation BNF sur des textes de l'école des Chartes M de V

dimanche 2 décembre 2018

Signification du mot " AIDES " au XIV et XV siècle

La tradition voulait en France, que le Roi pour les dépenses du royaume se contentât des revenus de son domaine !! En 1484 les états généraux rappelaient encore cette ancienne coutume, et au dire du Chroniqueur Philippe de Commynes (voir article), Charles VIII désirait s'y conformer.

Cependant, avant la fin du XIII siècle il était manifeste, que les ressources domaniales devenaient insuffisantes et surtout en période de guerre !! Le royaume s'agrandissait et le roi devait pour faire face à des nécessités nouvelles, recourir à un nombre toujours croissant de services, de serviteurs, de fonctionnaires et d'officiers de la couronne.

Il lui fallut donc demander au pays, en manière de supplément, un " Impôt " qui s'ajoutât aux recettes habituelles du patrimoine royal. Or donc au XIV siècle, les revenus du domaine royal s'appelèrent " Finances ordinaires " et les revenus de l'impôt " Finances extraordinaires ", puis fin XV siècle, en 1484, ces ressources extraordinaires portaient déjà le qualificatif " d'immortelles "

Jusqu'à quel point quel point et pendant combien de temps le mot " Aides ", soit en latin "auxilia, adjutoria, subsidia, juvamina ", a t'il servi à désigner ces finances extraordinaires ??? Je me contenterais de donner quelques exemples pris dans la période médiévale !!! Restons au moyen âge que diable !!!!









Que le mot "Aide" ait été longtemps employé sous la forme la plus générale " d'impôts", payable par le peuple, ne peut être remis en doute, les preuves ne manquent guère, au XIV siècle et ce jusqu'à la toute fin du moyen âge. On pourrait en suivre pas à pas les vestiges bien après l'époque médiévale.

Ainsi en juin 1319, Philippe V le Long dénommait " aides", un don à lui gracieusement accordé, sur sa demande, par les nobles du baillage d'Auvergne. Il en précisait la nature comme suit: Que chaque noble de deux mille livres de rente, devait payer les gages d'un homme d'armes, au niveau de sept sols et demi par jour et ce pendant un an, c'était une sorte d'impôt.

En janvier 1325, son frère Charles IV le Bel, parlait lui, d'une aide de 200 hommes d'armes, que devaient lui consentir les bourgeois de Paris, pour sa guerre en Gascogne. Une trentaine d'années plus tard, au lendemain de la désastreuse défaite de Jean II le Bon à Poitiers, le journal des états généraux, fait mention de la nécessité de reconnaître au Dauphin Charles, une grande " Aide "

Celle ci sera prélevée sur les gens d'église et sur la noblesse, d'un dixième et demi de levée sur leurs revenus, pour les populations urbaines et rurales c'est une sorte de Fouage.

Il faut dire que la situation ne sera pas simple pour le Dauphin, qui étant Régent devra subir la révolution manquée d'Etienne Marcel, le prévôt des marchands (voir article)











Dans le " Songe du vergier ", composé en 1376, pour ce dauphin, devenu Régent, puis roi sous le nom de Charles V le Sage, on constate que le mot "Aide" s'appliquait à toute sortes d'impôts.

L'auteur, qui selon les historiens pourrait être Raoul de Presles, ou Philippe de Mézières, ou encore Evrard de Trémaugon ????, parle des Princes qui grèvent leurs sujets, par tailles, gabelles, fouages, impositions et " autres aides "

Son fils, Charles VI le Fou, donne lui, au mot " Aide ", un sens très vaste, il est clair dans son esprit (si je puis me permettre ce jeu de mots), comme dans ses ordonnances, ou il applique le mot " Aide ", à tous les impôts en général !!

Mais était ce lui ?? car ce fut bien plus souvent ses oncles qui dirigeaient le pays de France !!










Le 21 septembre 1453, le texte du Traité d'Arras, suggère la même observation, mentionnant " tous les prouffiz des aides ", on peut y lire: C'est assavoir les greniers à sel, le quatrième des vins vendus au détail, les impositions de toutes les denrées, la taille, les fouages et autres aides et subventions.

Ainsi les " aides " désignent ici aussi bien les " taxes indirectes ", comme greniers , quatrième, vente de denrées et objets de consommation, que les " taxes directes ", tailles et fouage.

Les élus et les receveurs, au XV siècle, dans cette fin de moyen âge, comme dans la période intermédiaire et la renaissance du XVI siècle, s'occupaient de l'administration du contentieux et de la perception des tailles et des gabelles





PS: documentation de la BNF sur des textes issus de l'école de Chartes M de V


mercredi 28 novembre 2018

Drapiers de Reims au XIII, XIV et XV siècle

L'industrie et le commerce des étoffes ont été très prospères à Reims au Moyen âge. De nombreux documents nous montrent que les Tapis, le Serge, les Camelots, les Etamines et surtout les Toiles de cette cité étaient fort recherchés et exportés, jusqu'en des contrées lointaines.

Les Tapis de cette ville jouissaient d'un grand renom. On les trouvent mentionnés dans les tarifs des Tonlieux levés aux foires de Troyes (foires de champagnes voir article)

La Serge: était une étoffe croisée, ordinairement en laine et parfois avec un mélange de fil. Celle fabriquée à Reims au XIII siècle était fort réputée. Dans un compte des recettes et dépenses de la maison de Louis IX (saint Louis), pour l'an 1234, il est question des "sargiis de Remis". On se rappelle l'anecdote rapportée par Jean de Joinville, son histoire de Saint Louis, (voir article), il avait vu en rêve son roi à genoux devant un autel et revêtu par plusieurs prélats "d'une chasuble vermeille de serge de Reims"

L'explication que nous donne, Joinville, dans son livre, au sujet de sa vision, nous montre que la Serge était une étoffe assez commune, peu propre à confectionner des chasubles !! Elle servait surtout à faire des rideaux et des couvertures de lits. Ce qui nous semble logique pour ce roi confit en dévotions et qui s'habillait fort simplement

Plus tard, on trouve un compte du service de l'argenterie des rois de France, qui mentionne en 1316 (première année de la Régence de Philippe V le long), l'acquisition de six serges vertes de Reims, pour mettre aux fenêtres de la chambre du roi.









Il semble aussi qu'il nous faille voir des Serges, dans la mention des " serica Remensia ", que l'on trouve figurant parmi les présents envoyés au Sultan Bajazet, surnommé Ildyrim (l'éclair), pour payer la rançon de plusieurs seigneurs français, fait prisonniers, en 1396, lors de la désastreuse bataille de Nicopolis. Cette expédition commandée, par Jean sans peur, fils du Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, que l'on nommera la neuvième croisade !!! ( voir article)

Le Camelot: était une étoffe fine et lisse, non croisée, faite avec du poil de jeune chameau ou du poil de chèvre d'Arménie. Ces matières premières étaient importées d'Orient et l'on savait les utiliser à Reims dès la fin du XIII siècle. Ces camelots de Reims sont cités dès cette époque dans les tarifs des marchandises vendues en Paris.

La réputation de cette étoffe s'est maintenue plus avant dans le XIV et le XV siècle. Un compte de la maison du roi, Charles VI le Fou, en l'an 1387, note une dépense de 20 Sols Parisis, pour un camelot de Reims vermeil, afin de doubler la houppelande de drap vert du garde personnel de la Royne de France, Isabeau de Bavière

Or donc si l'on en croit les textes, et comment réfuter des écrits d'époque ??, la noblesse et la haute bourgeoise portaient du chameau. le commerce avec L'Orient a pu faire connaître le tissu en poil de chameau en Europe depuis l'époque des croisades, au XIII siècle on le nommait aussi Camelin








L'étamine de Reims: étoffe légère, non croisée, était composée de laine, de soie et de laine, ou toute de soie. Elle était fort estimée !! Un document de 1305, sous Philippe le Bel, nous montre qu'elle est déjà exportée vers l'Italie. Par opposition les moines portaient eux, une robe en étamine toute simple en laine

Les toiles de Reims: tissus fins et délicats qui avaient acquis une célébrité attestée par de nombreux documents. C'était un article de luxe, dont les princes, seigneurs et hauts bourgeois faisaient usage, et que le commerce répandait aussi bien en France qu'à l'étranger, elles sont fréquemment nommées dans les comptes du service de l'argenterie des rois de France

On en faisait des draps de lits, des contrepointes, des serviettes, des chemises ou des doublets (vêtements de dessous). Elles étaient considérées comme des étoffes précieuses, un inventaire de la maison du très fortuné, Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne, en l'an 1420, signale une grande pièce de cette toile " frangée de soye et bordée d'or ", destinée à faire des draps de lits

La Reine de France, Isabeau de Bavière, le jour de son sacre, avait revêtu pour la messe, un large doublet de toile de Reims, fait en matière de chemise

Nota: vous pouvez également vous reporter, si l'envie vous prend, à l'article sur les " tissus de soies d'or et d'argent ", publié sur le blog au mois de septembre 2018










Les anciens registres de la ville de Reims nous montrent que les Rémois offraient aussi les produits de leur industrie aux nobles visiteurs qui se présentaient en leur cité. On en envoyait aussi à ceux dont on désirait s'attirer les bonnes grâces.

Par exemple, les chanoines du chapitre de la cathédrale de Reims, vont acheter des toiles et des serviettes, pour en faire présent aux nobles de la cour, suite à l'incendie de leur édifice, le 21 novembre 1481, ceci afin d'obtenir des fonds pour la réparation de la cathédrale

Le commerce de ces toiles était très actif au moyen âge dans les pays étrangers. Des documents d'époque nous signalent qu'elles étaient d'un usage très fréquent en Albion, les doublets en toile de Reims sont cités à plusieurs reprises en 1347, dans un compte de la garde robe du roi Edouard III. En 1327, on utilise de la toile de Reims pour faire des nappes pour le grand autel de la cathédrale d'Exeter. Un poème du XIV siècle, déclare que la femme Anglaise de qualité se doit de posséder, couvertures de lit en futaine et draps en toile de Reims

Très à la mode également en Espagne et en Italie, des documents nous montrent que les toiles de Reims étaient exportées à Majorque et Barcelone en 1271, à Pise en 1323 et en 1295 pour la couronne de Naples





PS: documentation BNF et provenant de l'école des Chartes M de V

vendredi 23 novembre 2018

Légendes Médiévales d'Aquitaine

C'est dans les légendes que l'on trouve la véritable histoire du moyen âge, donc celle d'Aquitaine, de la Guyenne et de la Gascogne: car il s'agit d'une tradition vivante, plus vraie que nature S Pacaud

Je me ferais ici, humblement, le copiste de cet auteur, espérant que vous aurez l'envie de vous procurer ce livre des légendes et chimères de l'aquitaine médiévale!

La bague du serpent de l'Adour: Tapi dans le lit du fleuve gascon, un énorme reptile terrorisait les riverains, on le savait goulu de proies diverses, aussi bien les jeunes filles vierges que les garçons immatures.

Lorsque les chaires tendres venaient à manquer, il ne dédaignait pas s'en prendre à des femmes mûres dont l'âge avancé ne pouvait les faire confondre à de jeunes tendrons. Nul ne se risquait sur le bord des saulées sans appréhension afin de ramasser les herbes aquatiques dont on se montrait jadis si friand

On connaissait des gouffres formés par le courant de l'Adour buttant sur les méandres dont il fallait éviter de s'approcher trop. Pourtant, de manière régulière, le monstre prélevait son dû !








Les familles de la région procréaient beaucoup. Non pas que le stupre entrât plus qu'ailleurs dans les préoccupations  intimes des foyers, mais la perte régulière de pucelles conduisait à les fréquemment renouveler. on s'ébattit avec grand renfort de volupté à cette époque dans les lits de l'Aquitaine, dans celui de l'Adour le serpent vivait lui une existence de patachon, bien que cette expression ne fût point encore usitée.

L'animal monstrueux, qui faisait plusieurs pieds de long, possédait une livrée étrange que ses congénères ne présentent jamais: une peau splendide et multicolore striée de rouge, d'orange, de jaune, de vert, de bleu, d'indigo et de violet, un chatoiement de coloris, une pigmentation rutilante mélangée à des camaïeux vermeils, pourpres, rubiconds, mauves, vermillons, céruléens ou lapis lazulis, toutes les nuances que peut saisir un oeil humain en bonne santé. Cela ne l'empêchait point d'être fort dangereux

Les hommes de la région, pas plus braves que d'autres malgré leur caractère gascon, impétueux par essence, évitaient de débusquer le reptile lorsqu'ils allaient à la pêche, pour tout dire ils effectuaient un détour afin de contourner les abysses ou ils le savaient se dissimuler. Un certain consensus tacite régnait entre eux et lui, ils ne s'en approchait pas même s'ils s'égaraient, le monstre omettait de les croquer même par inadvertance








La disparition régulière d'une pucelle pour satisfaire l'appétit du serpent entrait dans l'ordre courant des choses, sur cette terre, il fallait bien que toutes les bêtes de la création trouvent leur place et puissent se sustenter....!!

Les Aquitains qui connurent tant de peuples barbares venus les détruire ou les soumettre, en absorbèrent tant, en assimilèrent tant, qu'un tel sujet fut appréhendé comme un mal nécessaire consenti par le seigneur tout puissant pour soulager les péchés du monde.

Et puis si les filles voulaient se soustraire à ses crocs assassins et à sa gueule avide tapissée d'une langue bifide, il leur fallait courir à perdre haleine hors de sa portée et de sa voracité !!

Seules les plus résistantes parvenaient à se sauver, les autres mourraient irrémédiablement. Les survivantes devenaient des femmes robustes nécessaires à la bonne santé de la race afin de mieux procréer.

Un jour semblable à un autre, une pierre précieuse se détacha des nuages et, comme par magie, chut dans le fleuve à proximité de l'endroit favori ou rôdait la bête. Il s'agissait d'une énorme émeraude d'un vert profond, irisée de multiples lames de lumières olivâtres qui dardaient dans toutes les directions des éclats inquiétants








On sait la légende liée à la bataille que se livrèrent dans les cieux saint Michel et Satan à la descente aux enfers de ce dernier, une escarboucle sinople se détacha de son front et tomba sur terre, plutôt dans les profondeurs des océans. Il y eut une mauvaise traduction des saintes écritures !! En effet, en guise d'ondes marines, la pierre tomba dans les eaux de l'Adour. Le serpent s'en saisit. Il le plaça sur sa redingote polychrome, cela fut du plus bel effet !!

Nonobstant ces péripéties, une colombe venue on ne sait d'ou apporta au seigneur du lieu une cloche de taille moyenne. Il lui fallait une force peu commune. Elle murmura à l'oreille du chevalier d'étranges et mystérieuses recommandations, puis s'en retourna vers les nuées. On ne la revit jamais

Les charpentiers dressèrent un mât pourvu d'une poterne, ils y installèrent la sonnaille, la munirent d'une lanière de corde. Le maître du domaine fit savoir que quiconque ferait carillonner le bourdon, verrait son voeu exaucé. Les manants et les vilains s'empressèrent, bientôt une file d'attente réunit la presque totalité de la population à l'exception notable des fous et des sorcières !! A l'heure dite la procession débutait. Curieusement, seuls quelque uns des prétendants réussirent à se saisir de la bride, elle se refusait obstinément à la plupart, tressautait, se raccourcissait, s'allongeait, soubresautait. Ils avaient beau bondir en tous sens, ils ne parvenaient pas à empoigner la longe !!








On sut, plus tard, que ceux dont les prétentions étaient insensées, furent écartés par la divine providence, il ne fallait pas présenter de trop grandes exigences ni déplaire à Dieu pour ambitionner à les satisfaire !!

Tel quidam  désirait se séparer de sa vieille femme pour en épouser une plus jeune, une fille disgracieuse voulait acquérir la beauté, un couple convoitait les richesses d'autrui, ou une dévergondée qui implorait de recouvrer sa virginité ou un vieillard lubrique convoitant une innocente. Ils furent pourtant nombreux ceux et celles qui parvinrent à faire sonner la cloche. Une fille demandait à trouver un époux, mari voulait plus de travail pour faire vivre sa maisonnée ou un malade pour trouver la guérison. Que des demandes raisonnables !!!

Après que tout le monde se fut présenté devant le bourdon de la chance, les ouvriers s'apprêtaient à démonter la structure afin de remiser le matériel. Soudain apparut, surgi des flots de l'Adour sous lequel il se tapissait, le gigantesque serpent, régent du fleuve. On eut grand peur, c'était la première fois qu'on le voyait de pied en cap.

Le seigneur se sentant d'humeur badine lui dit: Holà, maître de l'Adour ! Que me vaut la joie de ta présence ? N'y a t'il donc plus d'accorte pucelle capable de déambuler sur les rives du fleuve pour que tu vienne devant ma demeure tenter d'en prélever, lors que tes entrailles crient la faim ??? Le monstre prudent respectait le maître du lieu, se méfiant de son épée !!!








La bête se débrouillait pour ne jamais le contrarier !!! Elle lui dit: Monseigneur, je suis ici comme le plus humble de vos sujets, et je viens tirer l'écheveau pour tenter de faire sonner à mon tour la cloche magique. Permission lui fut accordée, il n'y avait pas de raison pour en être autrement, chacun devant être traité à égalité.

Le reptile s'approcha, agile il se contorsionna, comme il en avait coutume pour enserrer ses victimes et tira le cordon bien arrimé, le carillon tintinnabula. le voeu du serpent réalisé, les gens de l'assistance frissonnèrent, se demandant quel souhait avait il bien pu formuler, qui soit avalisé par le ciel ??? Le seigneur du domaine, possédait à son doigt une bague de grand prix venant de ses ancêtres dont jamais il ne se séparait. Devant les gens médusés, l'anneau se disjoignit de l'annulaire de son propriétaire, pour terminer sa course auprès du serpent dont on compris le desideratum !!!








Le seigneur lui dit: Si les cieux t'on accordé cet objet, ils doivent avoir leurs raisons. Cependant, j'ai beaucoup de peine à m'en dessaisir, en échange je désirerais un autre bijou pour que je tienne mon rang pour ne point défaillir à la réputation de mes aïeux...l'émeraude que tu porte semblerait parfaitement occuper ce rôle. Me la donnera tu ??

Le serpent réjoui comme un enfant d'avoir obtenu son jouet, n'y vit pas malice, la bague convoitée compensait bien ce sacrifice, qui lui semblait mineur. Et puis le seigneur et sa longue épée possédaient des arguments infaillibles, il n'était pas raisonnable de le contrarier, hors de la protection des eaux du fleuve il se sentait à la merci de l'alacrité éventuelle d'autrui.

De bonne grâce l'animal s'arrangea pour lui tendre l'objet , pendant qu'il plaçait entre ses mâchoires la bague acquise grâce à l'intervention divine. Voila monseigneur, je vous cède avec joie cet affûtiau  de ma parure. Je sais que vous en ferez le meilleur usage.

Merci, répondit sobrement le seigneur. Néanmoins il ne se sentait plus de joie et tandis que le dragon rejoignait le fond du lit de l'Adour il contempla son bien tandis que sa large main se refermait sur l'émeraude !!








Cet échange eut des conséquences extraordinaires. Le seigneur ne se réjouit pas longtemps, la splendide émeraude appartenait à Satan, à quelques temps de la il défaillit et mourut. le maître des ténèbres le saisit puis l'entraîna jusqu'aux enfers et le bijou sertit à nouveau le front du diable

Le reptile coulait des jours heureux dans les eaux du fleuve ne se lassant pas d'admirer la bague. Mais vint le moment ou la posséder ne lui suffit plus, il lui fallait à tout prix la porter sur lui. Chacun sait qu'un serpent, s'il ne présente pas de difformité, ne possède cependant pas de doigts et la trimballer dans la gueule en permanence n'était pas chose aisée

L'anneau étant magique il eut l'idée de passer son corps dans l'anneau, malgré sa forte corpulence il lui fut aisé de passer la tête, puis le haut du buste démuni d'épaules, il se contorsionna afin que la bague parvienne à la taille.

Hélas la bague provenait de Dieu qui avait beaucoup à reprocher au monstre, l'anneau se resserra jusqu'à étrangler et étouffer son malheureux acquéreur. L'Adour était enfin débarrassée de son redoutable serpent.

A sa mort les couleurs irisées du serpent s'enfuirent jusqu'aux nues et former ainsi les arcs en ciel. Leur pied désignent l'emplacement d'un trésor d'or et de diamants, dont jamais personne ne peut s'approcher



PS: il y a des choses à médité sur cette histoire que je vous ai conté M de V 

samedi 17 novembre 2018

l'enseignement XI siècle, volet V

Nous avons déjà signalé l'indifférence générale des laïcs pour la science il est acquis qu'il était fort rare d'en rencontrer avant le XI siècle qui sachent lire et écrire, les activités guerrières contrariaient et neutralisaient presque totalement l'essor des arts libéraux, on ne parlait et écrivait que dans un idiome barbare mâtiné de latin corrompu.

Chaque branche de la connaissance n'était qu'effleurée de façon superficielle et parce qu'ils voulaient tout savoir ils en arrivaient à beaucoup ignorer, ainsi ne vit on au XI siècle qu'un fort petit nombre de savants.

Même si nous prêtons aux gens de ce siècle une large dose de bonne volonté pour s'instruire, il nous faut tenir compte de la pénurie chronique de livres, ces ouvrages que l'effort du siècle précédent n'avait pu renouveler en assez grand nombre. Il était donc matériellement impossible de divulguer la science sur une vaste échelle.

C'était un luxe au XI siècle de posséder dans un même lieu 150 volumes et bien des églises n'en possédaient pas la moitié, même s'il est vrai que dans les monastères, les religieux de cette époque consacraient à la transcription des manuscrits une bonne partie de leur temps, mais dans ce laborieux travail les sciences ne venaient qu'en second plan, derrière les écrits liturgiques, les saintes écritures et les ouvrage de droit canon, ce qui semble logique pour des religieux. Tout en considérant, bien sur, le temps qu'il fallait pour recopier un ouvrage et la difficulté de se procurer les parchemins !!







Pour ce qui concerne les écoles épiscopales et monastiques, elles étaient en ce siècle aussi florissantes, que le permettaient les causes précitées !! L'instruction y était toujours gratuite, non seulement on les instruisaient mais on poussait la générosité jusqu'à entretenir ceux dont les familles étaient sans ressources.

On peu citer par exemple l'école épiscopale d'Evreux qui à une époque habillait ses élèves l'hiver aux frais du chapitre Cathédrale, ces coutumes charitables furent certainement l'une des causes permettant l'extension aux collèges, faisant ainsi prospérer les études

Même si la mise en oubli par certains pédagogues de cette obligation formelle de gratuité de l'enseignement tenait des enfants éloignés des classes, il n'en reste pas moins vrai que ceux qui les fréquentaient devenaient presque tous des sujets distingués !!

Le XI siècle cependant était une époque bien peu favorable à l'épanouissement, c'était le temps des croisades. Les nobles et leurs vassaux partant en terre sainte, laissaient à l'abandon terres et domaines, la licence ne tarda pas alors à prendre la place de la loi, rien ne s'opposait plus au débordement général des institutions, la simonie, l'usure, le mariage des ecclésiastique étaient passés dans les moeurs !!

On ne voyait partout que meurtres, forcements, rapines, sang répandu et plus aucun respect pour les choses sacrées ...!!!!









Comment le goût pour les belles lettres aurait il pu subsister au sein d'une telle licence ??? Les laïcs écoutant plus que jamais leurs instincts turbulents se vautraient à loisir dans la nuit intellectuelle la plus épaisse et les lettres se réfugièrent une fois de plus dans les écoles épiscopales et monastiques.

Cependant les livres commençaient à se multiplier grâce à la découverte du procédé de fabrication du papier à écrire, qui va prendre sa place dans la deuxième moitié du XI siècle. Puis une noble ardeur, un nouvel élan, allait souffler, permettant d'explorer une fois de plus ce vaste champ inculte.

Il n'y aurait plus pour eux de mystères, philosophie, religion, littérature et poésies, sciences et médecine, tout cela allait être livré sans restriction !!

Mais il faut bien reconnaître que c'est au clergé et aux ordres religieux, que nous devons d'avoir préservé et sauvé de l'oubli les belles lettres et les sciences. Qui donc si ce n'est eux, a préservé de la ruine et de l'oubli toutes ces oeuvres admirables qui ont frayé la voie aux lettrés de notre époque ???

Ah !! pour le moins soyons reconnaissants, puisque nous avons recueilli sans peine le fruit de leurs silencieux labeurs et qu'il n'en coûte point de leurs rendre justice !!!





PS: voila terminé les V volets de l'aube de l'enseignement, pour la suite reportez vous sur les articles du blog concernant les Universités Facultés, Collèges et Estudiants du moyen âge, encore une fois merci à la BNF de nous permettre d'accéder aux archives de notre histoire M de V

jeudi 15 novembre 2018

N°255) Les ânonnements d'une nation, l'enseignement volet IV

Les premières compositions littéraires qui virent le jour au sortir de ce long sommeil des études devaient naturellement se ressentir de l'insuffisance des moyens et de la barbarie des temps.

Aussi n'y remarque t'on ni  correction, ni grâce, ni la moindre trace de goût. C'était comme le bégaiement d'une nation dans l'enfance. Les plus grossières erreurs s'étaient emparées des esprits, la superstition, compagne inséparable de l'ignorance, étendait partout son emprise, imprimant aux compositions des écrivains du IX et X siècles, un caractère de puérilité qui ne le cédait en rien à la rudesse de la forme et à l'incorrection du style

Si cette tirade de A de Foulques de Villaret est rude elle n'en est pas moins vraie pour autant, selon l'avis de votre copiste








L'amour  du merveilleux, engendré par une absurde crédulité, donna naissance à la légende et aux récits les plus invraisemblables. Les sources manquant pour s'éclairer, on admettait comme vérité tout ce qui portait le cachet de l'extraordinaire.

Quelle critique dès lors attendre d'écrivains superstitieux et ignorants ? L'astrologie attribut nécessaire de la superstition ne pouvait manquer d'apporter son contingent à toutes causes d'abaissement qui pesaient sur les intelligences par suite du dépérissement des lettres.

La divination, les augures, les enchantements se trouvaient en faveur comme aux plus beaux jours du Paganisme. Ce mal qu'aucune influence empruntée à la saine raison n'essayait d'enrayer, devint si menaçant par les proportions prises, qu'il ne fallut pas moins que l'autorité d'un Concile pour en arrêter la progression, sans aucune certitude qu'il vint à bout de l'extirper !!!!

Mais il était une autre croyance, également superstitieuse et sans fondement qui, dès 848 avait éclose dans les esprits et que le Clergé lui même accueillait avec complaisance; C'était la persuasion que la fin du monde était proche. Elle reposait sur une fausse interprétation du vingtième chapitre de l'Apocalypse, qui allait faire en France de nombreux partisans










L'an 1000 s'étant écoulé, époque fixée pour la destruction universelle sans qu'il survint rien d'extraordinaire, hormis les misères du temps, le peuple comprit enfin combien ses craintes à cet égard étaient chimériques et peu à peu elles se dissipèrent tout à fait.

La conséquence rigoureuse que l'on pourrait tirer de ce que nous venons de lire sur l'état des études aux IX et X siècles serait que les lettres avaient en France totalement péri !! Toutefois le mal ne fut pas aussi grand dans toutes les provinces du royaume, ce sera surtout fonction des régions qui auront eu à souffrir des invasions réitérées des normands, des Hongrois et des Sarrasins

Il convient d'établir que la discipline monastique au X siècle, était à peu près anéantie partout et cette conséquence, amenée par les causes déplorables et successives que l'on connait, auront suffi à porter un coup terrible aux études

Aussi dès que le calme fut rétabli et les sièges épiscopaux pourvus à nouveau de titulaires distingués, reprenant l'ascendant qui leur appartenait, l'on ne tarda pas à voir éclore une rénovation générale des lettres

Une magnifique régénération intellectuelle se préparait, laquelle aida singulièrement la réforme de presque tous les ordres monastiques, que ce siècle vit s'accomplir 








Toutefois en dehors de cette catégorie de personnes et de quelques laïcs haut placés qui consacraient leurs loisirs à la culture des sciences, le commun des mortels de ce temps étaient fort illettrés.

On avait généralement beaucoup plus d'attrait pour la carrière des armes, que pour une vie studieuse et sédentaire, et ceux qui s'appliquaient à acquérir une certaine somme de connaissances étaient plus portés par l'ambition et le désir de parvenir aux hautes fonctions et dignités ecclésiastiques, que le besoin de secouer leur grossière ignorance

De ce côté rassurons nous rien n'a changé l'ambition, les honneurs et l'argent restent le moteur de cette société, comme quoi rien ne change tout se transforme !!!!





PS: Pour les critiques je précise que les 5 articles sont une synthèse d'un document de plus de 700 pages, il est évident que si les précédents articles ne sont pas lus la compréhension s'en trouve altérée. le copiste précise que les critiques non constructives sont systématiquement effacées. Hors donc pas la peine de parler pour ne rien dire et oui !!, il y aura un cinquième et dernier article sur le sujet  M de V


mercredi 14 novembre 2018

Charlemagne et l'enseignement volet III

A l'avènement de Charlemagne, les choses changèrent de face. Ce prince aimait et protégeait les lettres et le diocèse d'Orléans fut un des premiers à ressentir les effets de son auguste patronage. Le savant Théodulfe, appelé d'Italie par le Monarque, placé à la tête du monastère de Saint Benoît, ne tarda pas à rendre aux études leur première splendeur que le malheur des temps avait ternie

Ce qui ne fit que s'accroître, lorsque cet illustre étranger devint en 793 évêque d'Orléans, ainsi grâce à lui, non seulement son diocèse, mais encore toute la France se ressentirent de son expérience et de ses lumières, car Charlemagne recevait volontiers et s'en servait pour améliorer la situation intellectuelle de ses peuples. Mais tout était à créer, les peuples étaient encore dans la barbarie et avant de faire des élèves il fallait former des professeurs, c'était la tâche que les monastères poursuivaient inlassablement







Alcuin, étranger comme Théodulfe, investi comme lui de la confiance du monarque aidait et encourageait les efforts de l'évêque d'Orléans. Encore une fois il va s'écouler un certain temps avant que ces écoles parviennent à la réputation qu'elles auront au XI siècle, d'ailleurs la funeste invasion normande dont nous parlerons plus loin vint bientôt moissonner avant leur épanouissement ces fleurs à peine sortiez de terre

Pour donner une idée du pas immense que Théodulfe fit faire aux études il faut exposer l'ordre de l'enseignement classique tel qu'il fut établi dans les écoles épiscopales. Toutes les sciences connues de son temps entraient dans un programme sous le nom de Trivium  et Quadrivium, formant une sorte d'échelle dont les Escoliers parcouraient progressivement les degrés











Le trivium comme son nom l'indique renfermait trois sciences, la Grammaire, la Rhétorique et la Dialectique. De la on passait au Quadrivium, c'est à dire l'ordre des connaissances supérieures, qui comprenaient , l'Arithmétique, la Géométrie, la Musique et l'Astronomie, sciences auxquelles les religieux joignaient également un peu de Médecine 

Après la mort de Charlemagne, puis ensuite celle de Théodulfe, nous constatons que cette prospérité dura peu. Car en vagues successives les Normands vont déferler sur le pays. Ils se rendront maître d'Orléans et en raseront les murailles

Les écoles furent comme lors des précédentes invasions, victimes de la fureur barbare, cela jusqu'en 865 ou la ville fut brûlée et 60 des moines du monastère de Fleury passés au fil de l'épée








Une fois encore l'étincelle de la connaissance fut presque éteinte, par les causes sanglantes que l'on connait, portant un immense préjudice aux lettres, non seulement dans ce diocèse mais dans presque toute la France. Les églises, les bibliothèques et les monastères, tout s'était effondré, brûlés ou en ruine et une foule de précieux manuscrits furent à jamais perdus pour la postérité

Le règne de l'ignorance était de retour, le peu de manuscrits qui avaient pu être soustraits à ce désastre étaient en trop petit nombre pour suffire à ceux qui voulaient se livrer à l'étude et leur rareté les portaient à un prix excessif. Il fut fréquent à cette époque que les gens fortunés fassent des dons de livres plutôt que de donner des espèces









Cependant la perte de beaucoup de livres précieux ne doit pas être uniquement imputées aux causes que nous signalons. Comme le prix du Parchemin ou du Velin avait du fait de sa rareté atteint un taux fort élevé et que les maisons religieuses ne pouvaient plus par manque de ressources s'en procurer en quantité suffisante, il arriva que l'on fit subir fréquemment à d'autres manuscrits une cancellation,

Ce qui permettait d'en utiliser le support pour une seconde utilisation. C'est peut être la deuxième cause de la perte irrémédiable de tant d'oeuvres manuscrites

PS: nous terminerons cette étude de mademoiselle A de Foulques de Villaret dans l'article suivant M de

lundi 12 novembre 2018

L'enseignement, volet II

Pour ce qui est des professeurs laïques il n'y en avait aucun, les études en ces premiers temps ne s'étaient pas vulgarisés au point de permettre à des séculiers d'établir des classes et avoir des disciples. On remarque de plus que les évêques étaient exclusivement en possession du droit de dispenser l'instruction à la jeunesse.

Il en résulte que lorsque l'enseignement commença à passer aux mains de personnes  séculières, elles n'auront le droit d'ouvrir des écoles qu'en vertu d'une permission spéciale de l'évêque ou de son représentant, tandis que les ecclésiastiques resteront considérés comme les seuls instituteurs établis et constitués d'après un pouvoir légal

Cette mission d'enseigner dont les évêques étaient investis, et qu'à leur tour ils transmettaient au Clergé ils la possédaient " ab antiquo", et jamais personne ne la leur avait disputée. De même bien plus tard Charlemagne la leur attribue directement dans un capitulaire.

De plus nous avons vu et constaté que, même en dehors d'aucune prérogative, et seulement par la force des choses, il eût été difficile de trouver aux premiers siècles des laïcs, dans les villes et les campagnes, assez instruits pour remplir l'office de professeur







Afin de rendre la fréquentation de l'école accessible à tous les écoliers, pauvres comme riches, les prêtres enseignent sans salaire, ni rien recevoir de leurs élèves, si ce n'est ce qui pourrait leur être offert à titre de don par les familles

Puis à partir du moment ou les Abbayes et monastères se multiplièrent, la tâche des écoles épiscopales devint moins exclusive, car aussi bien pour leur venir en aide en coopérant à l'éducation de la jeunesse, que pour utiliser, comme nous l'avons dit dans l'article précédent, utiliser fructueusement leurs loisirs au profit d'autrui, vont créer à leur tour des collèges, d'abord particuliers, puis bientôt ouvert à tous

Enfin bien plus tard, les séculiers autorisés par l'évêques, se faisant professeurs, ouvrirent des cours de toutes sortes de sciences, qui deviendront le germe des établissements que nous nommons université

Ce qui arriva ensuite au VIII siècle, dans un royaume divisé par les factions, en proie aux guerres civiles, va secouer le joug de toute autorité. La violence et la force vont se substituer au droit, et les portes des maisons religieuses avaient dû s'ouvrir devant des intrus qui en avaient banni toute discipline monastique

Charles martel, enivré de succès et de puissance, faisait sentir durement le poids de sa brutale autorité, allant jusqu'à porter la main sur Eucher, évêque d'Orléans et l'envoyer en exil










Puis un Laïc du nom de Savaric s'empare à main armée d'Orléans et des régions circonvoisines, chasse de leurs monastères les moines afin d'y établir ses gens, plongeant ces lieux dans la consternation et l'effroi !!!

La littérature au milieu d'un tel désastre devait inévitablement sombrer ! Chacun songeant à sa propre sûreté, soit en prenant les armes ou tachait d'échapper aux vexations de ces envahisseurs.

Les moines dispersés et errants ça et là, n'observaient, par la force des choses, plus la règle, n'obéissaient plus à aucun supérieur et bien sur n'étudiaient plus

Nous retombions une fois de plus dans un obscurantisme complet, la soldatesque c'était installée dans les lieux de prières avec leurs femmes et leurs gens, et dans plusieurs endroits les bâtiments furent transformés en écuries pour leurs montures ou en chenils pour leurs meutes de chiens !! Il allait falloir du temps avant que les choses puissent reprendre leur cour naturel, ces exactions ne cesseront totalement qu'avec l'avènement de Hugues Capet !!!




PS: si votre copiste ne vous saoule pas trop, dans le prochain volet nous aborderons l'enseignement sous Charlemagne M de V

 

vendredi 9 novembre 2018

Evolution de l'Enseignement " Volet I "

L'auteur nous dit: Rien n'est plus propre à entretenir au coeur d'un pays le culte des grandes et nobles choses, que le souvenir d'un passé glorieux, parce qu'en se rappelant ce que l'on a été, l'on comprend ce qu'on doit être ! Mademoiselle A de Foulques de Villaret

Personne avant elle n'avait montré ce que furent ces vieilles écoles, dont le rayonnement s'est trouvé comme fondu et absorbé dans celui des Universités. Il faudra à votre copiste plusieurs articles pour couvrir son étude.

Avant que les hordes Barbares ne fondent comme une avalanche sur les provinces de l'empire Romain, pour en faire leur proie et qu'ils déferlent en Gaule, les lettres et les arts y étaient à l'honneur et Marseille lui avait communiqué la civilisation avancée de la Grèce sa mère patrie.

Ces envahisseurs adonnées à une vie belliqueuse n'avaient ni le goût ni le loisir de cultiver les sciences Ils portaient un souverain mépris aux nobles délassements de l'intelligence, allant jusqu'à imputer à l'amour de l'étude, le manque de vertus guerrières, chez ceux qu'ils venaient d'asservir

Ces barbares ne permettaient point à leurs enfants d'apprendre à lier et à écrire, de peur, disaient ils, qu'une main habituée à tenir la plume n'eût plus la force de manier l'épée. Soumis à cette influence, arts, sciences et belles lettres vont disparaître !








Mais quand fut achevé sur notre sol cet effroyable cataclysme humain, quand l'ignorance brutale eut étouffé la dernière étincelle de feu sacré, il fallu se mettre à l'oeuvre pour défricher à nouveau ce champ intellectuel, jadis couvert de riches moissons et qui n'offrait désormais que d'épaisses broussailles.

Aussi s'écoula t'il un temps considérable, c'est à dire plusieurs siècles, avant que les germes oblitérés puissent reprendre assez de vie pour produire quelques résultats précieux et durables !! Ce ne sera qu'au V siècle qu'une lumière vacillante commence à projeter une lueur au milieu de l'obscurité recouvrant cette époque lointaine. Nous parlons ici de la région Orléannaise ou notre Auteur restreint le cadre de son étude, mais à peu de choses près il en ira de même dans les autres régions de France. Cette lumière fut un Monastère, celui de Mici, pour la région d'Orléans,

Les premiers religieux qui peuplèrent ces Abbayes n'étaient pas des hommes bien savants, leurs connaissances étaient même à de très rares exceptions près fort restreintes.

Mais ces moines vont élargir peu à peu la sphère de leurs études, devenant avec les évêques dont ils dépendent les premiers instituteurs de la jeunesse. Nous verrons sous leur direction s'épanouir la littérature et les sciences, avec en parallèle l'apprentissage des bonnes moeurs et de la doctrine.








Or cette règle était observée dans les monastères de France, qui presque tous l'avaient adoptée. De ce fait les lettres à partir de ce moment ne cessèrent guère d'y être florissantes.

Toutefois cela ne va pas s'accomplir d'un coup, les premiers religieux étaient plus préoccupés de la culture du sol, que de celle de l'esprit. Ce n'est qu'au VI siècle qu'ils feront une vrai place à des occupations plus nobles que les travaux manuels, qui leurs étaient expressément imposés par la règle monastique.

Nota: cette ignorance dans le milieu ecclésiastique se fera remarquer pendant encore plusieurs siècles, au X siècle il se trouvait encore des prêtres et des Abbés si illettrés, qu'ils étaient incapables de lire une seule ligne de Latin !!







C'est à peu près au moment du premier concile d'Orléans en 511 (VI siècle), que nos moines vont commencer à recopier des livres, labeur dans lequel ils firent d'étonnants progrès et dont les oeuvres rarissimes qui nous sont parvenues montraient leurs talents, et nous a valu la conservation de la plupart des auteurs de l'antiquité. Faut il s'étonner que la fondation des écoles monastiques soit si tardive et si lente ?? C'est qu'à cette époque le Paganisme était encore très vivace et l'enseignement des évêques dans les écoles cathédrales suffisait au petit troupeau d'âmes groupé autour d'eux ! Ils recueillaient de leurs bouches la seule instruction qui leurs soient nécessaire.

Mais dans la suite des siècles le nombre de fidèles s'accroissant considérablement, chaque diocèse cessera d'être circonscrit dans les limites des villes épiscopales, afin de s'étendre aux campagnes environnantes







Les églises cathédrales en se développant perfectionnèrent leur organisation. Ces écoles soumises à des règlements strictement observés, furent ouvertes aux Clercs, aussi bien qu'à ceux qui aspiraient à entrer dans le Clergé. L'on y enseignait le chant et les lettres humaines, mais comme un évêque ne pouvait suffire seul à la multiplication des élèves et des écoles dans son secteur, il sera fait le choix au sein de son chapitre, de quelques personnes éclairées, pour régir et communiquer l'enseignement aux plus jeunes enfants, tandis que notre évêque continuait à se charger, comme par le passé, dès plus âgés. Ces fonctionnaires connus sous le nom de scholastique, d'écolâtre, chancelier, primicier ou chefcier selon les époques, permettaient ainsi à toutes les villes épiscopales de posséder une ou plusieurs écoles, dans la formation desquelles il n'entrait aucun élément laïque







Quand un peu plus tard les monastères fleuriront dans les campagnes, ou à l'intérieur des villes ils suivront cet exemple et commenceront à ouvrir dans leurs cloîtres des écoles destinées à la jeunesse ils vont les modeler sur les établissements épiscopaux.




PS: comme précisé plus haut il faudra à votre copiste plusieurs articles pour vous offrir dans son ensemble l'étude de Mademoiselle de Foulques de Villaret, la documentation comme d'habitude provient de la BNF, je vous remercie de votre patience M de V