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mercredi 14 novembre 2018

Charlemagne et l'enseignement volet III

A l'avènement de Charlemagne, les choses changèrent de face. Ce prince aimait et protégeait les lettres et le diocèse d'Orléans fut un des premiers à ressentir les effets de son auguste patronage. Le savant Théodulfe, appelé d'Italie par le Monarque, placé à la tête du monastère de Saint Benoît, ne tarda pas à rendre aux études leur première splendeur que le malheur des temps avait ternie

Ce qui ne fit que s'accroître, lorsque cet illustre étranger devint en 793 évêque d'Orléans, ainsi grâce à lui, non seulement son diocèse, mais encore toute la France se ressentirent de son expérience et de ses lumières, car Charlemagne recevait volontiers et s'en servait pour améliorer la situation intellectuelle de ses peuples. Mais tout était à créer, les peuples étaient encore dans la barbarie et avant de faire des élèves il fallait former des professeurs, c'était la tâche que les monastères poursuivaient inlassablement







Alcuin, étranger comme Théodulfe, investi comme lui de la confiance du monarque aidait et encourageait les efforts de l'évêque d'Orléans. Encore une fois il va s'écouler un certain temps avant que ces écoles parviennent à la réputation qu'elles auront au XI siècle, d'ailleurs la funeste invasion normande dont nous parlerons plus loin vint bientôt moissonner avant leur épanouissement ces fleurs à peine sortiez de terre

Pour donner une idée du pas immense que Théodulfe fit faire aux études il faut exposer l'ordre de l'enseignement classique tel qu'il fut établi dans les écoles épiscopales. Toutes les sciences connues de son temps entraient dans un programme sous le nom de Trivium  et Quadrivium, formant une sorte d'échelle dont les Escoliers parcouraient progressivement les degrés











Le trivium comme son nom l'indique renfermait trois sciences, la Grammaire, la Rhétorique et la Dialectique. De la on passait au Quadrivium, c'est à dire l'ordre des connaissances supérieures, qui comprenaient , l'Arithmétique, la Géométrie, la Musique et l'Astronomie, sciences auxquelles les religieux joignaient également un peu de Médecine 

Après la mort de Charlemagne, puis ensuite celle de Théodulfe, nous constatons que cette prospérité dura peu. Car en vagues successives les Normands vont déferler sur le pays. Ils se rendront maître d'Orléans et en raseront les murailles

Les écoles furent comme lors des précédentes invasions, victimes de la fureur barbare, cela jusqu'en 865 ou la ville fut brûlée et 60 des moines du monastère de Fleury passés au fil de l'épée








Une fois encore l'étincelle de la connaissance fut presque éteinte, par les causes sanglantes que l'on connait, portant un immense préjudice aux lettres, non seulement dans ce diocèse mais dans presque toute la France. Les églises, les bibliothèques et les monastères, tout s'était effondré, brûlés ou en ruine et une foule de précieux manuscrits furent à jamais perdus pour la postérité

Le règne de l'ignorance était de retour, le peu de manuscrits qui avaient pu être soustraits à ce désastre étaient en trop petit nombre pour suffire à ceux qui voulaient se livrer à l'étude et leur rareté les portaient à un prix excessif. Il fut fréquent à cette époque que les gens fortunés fassent des dons de livres plutôt que de donner des espèces









Cependant la perte de beaucoup de livres précieux ne doit pas être uniquement imputées aux causes que nous signalons. Comme le prix du Parchemin ou du Velin avait du fait de sa rareté atteint un taux fort élevé et que les maisons religieuses ne pouvaient plus par manque de ressources s'en procurer en quantité suffisante, il arriva que l'on fit subir fréquemment à d'autres manuscrits une cancellation,

Ce qui permettait d'en utiliser le support pour une seconde utilisation. C'est peut être la deuxième cause de la perte irrémédiable de tant d'oeuvres manuscrites

PS: nous terminerons cette étude de mademoiselle A de Foulques de Villaret dans l'article suivant M de

lundi 12 novembre 2018

L'enseignement, volet II

Pour ce qui est des professeurs laïques il n'y en avait aucun, les études en ces premiers temps ne s'étaient pas vulgarisés au point de permettre à des séculiers d'établir des classes et avoir des disciples. On remarque de plus que les évêques étaient exclusivement en possession du droit de dispenser l'instruction à la jeunesse.

Il en résulte que lorsque l'enseignement commença à passer aux mains de personnes  séculières, elles n'auront le droit d'ouvrir des écoles qu'en vertu d'une permission spéciale de l'évêque ou de son représentant, tandis que les ecclésiastiques resteront considérés comme les seuls instituteurs établis et constitués d'après un pouvoir légal

Cette mission d'enseigner dont les évêques étaient investis, et qu'à leur tour ils transmettaient au Clergé ils la possédaient " ab antiquo", et jamais personne ne la leur avait disputée. De même bien plus tard Charlemagne la leur attribue directement dans un capitulaire.

De plus nous avons vu et constaté que, même en dehors d'aucune prérogative, et seulement par la force des choses, il eût été difficile de trouver aux premiers siècles des laïcs, dans les villes et les campagnes, assez instruits pour remplir l'office de professeur







Afin de rendre la fréquentation de l'école accessible à tous les écoliers, pauvres comme riches, les prêtres enseignent sans salaire, ni rien recevoir de leurs élèves, si ce n'est ce qui pourrait leur être offert à titre de don par les familles

Puis à partir du moment ou les Abbayes et monastères se multiplièrent, la tâche des écoles épiscopales devint moins exclusive, car aussi bien pour leur venir en aide en coopérant à l'éducation de la jeunesse, que pour utiliser, comme nous l'avons dit dans l'article précédent, utiliser fructueusement leurs loisirs au profit d'autrui, vont créer à leur tour des collèges, d'abord particuliers, puis bientôt ouvert à tous

Enfin bien plus tard, les séculiers autorisés par l'évêques, se faisant professeurs, ouvrirent des cours de toutes sortes de sciences, qui deviendront le germe des établissements que nous nommons université

Ce qui arriva ensuite au VIII siècle, dans un royaume divisé par les factions, en proie aux guerres civiles, va secouer le joug de toute autorité. La violence et la force vont se substituer au droit, et les portes des maisons religieuses avaient dû s'ouvrir devant des intrus qui en avaient banni toute discipline monastique

Charles martel, enivré de succès et de puissance, faisait sentir durement le poids de sa brutale autorité, allant jusqu'à porter la main sur Eucher, évêque d'Orléans et l'envoyer en exil










Puis un Laïc du nom de Savaric s'empare à main armée d'Orléans et des régions circonvoisines, chasse de leurs monastères les moines afin d'y établir ses gens, plongeant ces lieux dans la consternation et l'effroi !!!

La littérature au milieu d'un tel désastre devait inévitablement sombrer ! Chacun songeant à sa propre sûreté, soit en prenant les armes ou tachait d'échapper aux vexations de ces envahisseurs.

Les moines dispersés et errants ça et là, n'observaient, par la force des choses, plus la règle, n'obéissaient plus à aucun supérieur et bien sur n'étudiaient plus

Nous retombions une fois de plus dans un obscurantisme complet, la soldatesque c'était installée dans les lieux de prières avec leurs femmes et leurs gens, et dans plusieurs endroits les bâtiments furent transformés en écuries pour leurs montures ou en chenils pour leurs meutes de chiens !! Il allait falloir du temps avant que les choses puissent reprendre leur cour naturel, ces exactions ne cesseront totalement qu'avec l'avènement de Hugues Capet !!!




PS: si votre copiste ne vous saoule pas trop, dans le prochain volet nous aborderons l'enseignement sous Charlemagne M de V

 

vendredi 9 novembre 2018

Evolution de l'Enseignement " Volet I "

L'auteur nous dit: Rien n'est plus propre à entretenir au coeur d'un pays le culte des grandes et nobles choses, que le souvenir d'un passé glorieux, parce qu'en se rappelant ce que l'on a été, l'on comprend ce qu'on doit être ! Mademoiselle A de Foulques de Villaret

Personne avant elle n'avait montré ce que furent ces vieilles écoles, dont le rayonnement s'est trouvé comme fondu et absorbé dans celui des Universités. Il faudra à votre copiste plusieurs articles pour couvrir son étude.

Avant que les hordes Barbares ne fondent comme une avalanche sur les provinces de l'empire Romain, pour en faire leur proie et qu'ils déferlent en Gaule, les lettres et les arts y étaient à l'honneur et Marseille lui avait communiqué la civilisation avancée de la Grèce sa mère patrie.

Ces envahisseurs adonnées à une vie belliqueuse n'avaient ni le goût ni le loisir de cultiver les sciences Ils portaient un souverain mépris aux nobles délassements de l'intelligence, allant jusqu'à imputer à l'amour de l'étude, le manque de vertus guerrières, chez ceux qu'ils venaient d'asservir

Ces barbares ne permettaient point à leurs enfants d'apprendre à lier et à écrire, de peur, disaient ils, qu'une main habituée à tenir la plume n'eût plus la force de manier l'épée. Soumis à cette influence, arts, sciences et belles lettres vont disparaître !








Mais quand fut achevé sur notre sol cet effroyable cataclysme humain, quand l'ignorance brutale eut étouffé la dernière étincelle de feu sacré, il fallu se mettre à l'oeuvre pour défricher à nouveau ce champ intellectuel, jadis couvert de riches moissons et qui n'offrait désormais que d'épaisses broussailles.

Aussi s'écoula t'il un temps considérable, c'est à dire plusieurs siècles, avant que les germes oblitérés puissent reprendre assez de vie pour produire quelques résultats précieux et durables !! Ce ne sera qu'au V siècle qu'une lumière vacillante commence à projeter une lueur au milieu de l'obscurité recouvrant cette époque lointaine. Nous parlons ici de la région Orléannaise ou notre Auteur restreint le cadre de son étude, mais à peu de choses près il en ira de même dans les autres régions de France. Cette lumière fut un Monastère, celui de Mici, pour la région d'Orléans,

Les premiers religieux qui peuplèrent ces Abbayes n'étaient pas des hommes bien savants, leurs connaissances étaient même à de très rares exceptions près fort restreintes.

Mais ces moines vont élargir peu à peu la sphère de leurs études, devenant avec les évêques dont ils dépendent les premiers instituteurs de la jeunesse. Nous verrons sous leur direction s'épanouir la littérature et les sciences, avec en parallèle l'apprentissage des bonnes moeurs et de la doctrine.








Or cette règle était observée dans les monastères de France, qui presque tous l'avaient adoptée. De ce fait les lettres à partir de ce moment ne cessèrent guère d'y être florissantes.

Toutefois cela ne va pas s'accomplir d'un coup, les premiers religieux étaient plus préoccupés de la culture du sol, que de celle de l'esprit. Ce n'est qu'au VI siècle qu'ils feront une vrai place à des occupations plus nobles que les travaux manuels, qui leurs étaient expressément imposés par la règle monastique.

Nota: cette ignorance dans le milieu ecclésiastique se fera remarquer pendant encore plusieurs siècles, au X siècle il se trouvait encore des prêtres et des Abbés si illettrés, qu'ils étaient incapables de lire une seule ligne de Latin !!







C'est à peu près au moment du premier concile d'Orléans en 511 (VI siècle), que nos moines vont commencer à recopier des livres, labeur dans lequel ils firent d'étonnants progrès et dont les oeuvres rarissimes qui nous sont parvenues montraient leurs talents, et nous a valu la conservation de la plupart des auteurs de l'antiquité. Faut il s'étonner que la fondation des écoles monastiques soit si tardive et si lente ?? C'est qu'à cette époque le Paganisme était encore très vivace et l'enseignement des évêques dans les écoles cathédrales suffisait au petit troupeau d'âmes groupé autour d'eux ! Ils recueillaient de leurs bouches la seule instruction qui leurs soient nécessaire.

Mais dans la suite des siècles le nombre de fidèles s'accroissant considérablement, chaque diocèse cessera d'être circonscrit dans les limites des villes épiscopales, afin de s'étendre aux campagnes environnantes







Les églises cathédrales en se développant perfectionnèrent leur organisation. Ces écoles soumises à des règlements strictement observés, furent ouvertes aux Clercs, aussi bien qu'à ceux qui aspiraient à entrer dans le Clergé. L'on y enseignait le chant et les lettres humaines, mais comme un évêque ne pouvait suffire seul à la multiplication des élèves et des écoles dans son secteur, il sera fait le choix au sein de son chapitre, de quelques personnes éclairées, pour régir et communiquer l'enseignement aux plus jeunes enfants, tandis que notre évêque continuait à se charger, comme par le passé, dès plus âgés. Ces fonctionnaires connus sous le nom de scholastique, d'écolâtre, chancelier, primicier ou chefcier selon les époques, permettaient ainsi à toutes les villes épiscopales de posséder une ou plusieurs écoles, dans la formation desquelles il n'entrait aucun élément laïque







Quand un peu plus tard les monastères fleuriront dans les campagnes, ou à l'intérieur des villes ils suivront cet exemple et commenceront à ouvrir dans leurs cloîtres des écoles destinées à la jeunesse ils vont les modeler sur les établissements épiscopaux.




PS: comme précisé plus haut il faudra à votre copiste plusieurs articles pour vous offrir dans son ensemble l'étude de Mademoiselle de Foulques de Villaret, la documentation comme d'habitude provient de la BNF, je vous remercie de votre patience M de V

lundi 29 octobre 2018

Les Hospitaliers sur Mer

L' auteur, J Delaville Leroulx, avait été séduit par cet ordre célèbre, né dans un hôpital à Jérusalem, pour s'éteindre sept siècles plus tard dans le palais d'un souverain à Malte après avoir lutté pour la croix contre le croissant. Ils avaient su éviter les ambitions et les désordres qui perdirent les Templiers et les déviations qui ont transformé les Teutoniques !!

Au moment ou les Hospitaliers s'installent à Rhodes, grâce à leur Grand Maître Foulques de Villaret, toute l'Europe considère la conquête de Constantinople comme le préliminaire incontournable afin de récupérer la terre sainte perdue à Saint jean d'Acre au XIII siècle, de plus leurs possessions étaient mise à feu et à sang par la redoutable grande compagnie de routiers Catalans, Les Almugavares (voir articles)

Villaret maître de son île put organiser sa conquête sans que personne tente de la lui disputer !!, même Venise trouva avantage à avoir comme nouveau voisin, un ordre capable de faire pour la chrétienté la police des mers du Levant face au Croissant Turc. Il va également s'accaparer deux îles au nord ouest de Rhodes dans l'archipel des Sporades, Kos et Nisyros en l'an 1314, ils assureront la défense de Kos par deux châteaux , Arangea à l'est et Andimachi au sud. Nisyros fut donnée en fief aux frères Assanti d'Ischia, à charge pour eux de tenir en permanence une galère prête pour le service de la religion








Ces deux îles servaient de point d'appui et menaçaient les Turcs du Continent, puis assuraient aux galères de l'ordre des ports de refuge et de ravitaillement, par le fait Villaret et ses chevaliers sont en bonne posture pour contrer les tentatives des musulmans, soit en les combattant ou en les refoulant !!

Foulques, va prouver que les infidèles doivent compter avec lui. En 1312 une escadre de 23 vaisseaux Turcs passait devant Rhodes, il va les poursuivre jusqu'à l'île d'Amorgo ou les Turcs débarquent, les Hospitaliers brûlent les navires ennemis, débarquent à leur tour et engagent les Turcs réfugiés sur un promontoire c'est à peine si 8 ou 10 des 800 Turcs échappent au massacre !

Malgré ses succès la réputation de Foulques se détériore, se voyant même accusé par les chevaliers de l'ordre de se complaire dans une vie luxueuse et de gouverner en despote ! Il est même envisageable qu'il y eut de la part de ses frères une tentative d'assassinat en 1317 

Toujours est il qu'en 1318, le grand percepteur de l'ordre, Albert de Schwarzbourg, rentre à Rhodes il avait été chargé par Villaret d'entrer en possession des biens du Temple, que le pape Clément V avait donné aux Hospitaliers









A son instigation les Hospitaliers reprennent la mer dans le courant de l'année, ils font campagne. Il semble que celle ci fut un succès puisque le Pape confirme à Albert son titre de Grand Précepteur de l'Ordre ?

L' année suivante il organise une nouvelle expédition, avec l'argent dont les statuts de l'ordre lui laissaient l'usage personnel. Il rassemble 24 embarcations armées, petites et grandes, montées par 80 chevaliers, les sergents de l'ordre et les chevaux nécessaires.

Ils partent le 28 juin et rejoignent à Chio le Génois Martin Zaccaria, ou il apprend qu'à Ephèse une flotte Turc se prépare à prendre la mer. Celle ci était composée de 10 galères et de 19 vaisseaux de 60 à 80 rameurs, ces navires étaient montés par 2600 combattants Turcs.

Selon leurs sources d'information cette escadre se dirigeait vers Chio. Ils vont s'avancer vers la flotte Turc, Zaccaria avec 1 galère et 6 ou 8 barques et Lins (le lins est un transport de troupes), se joint aux Hospitaliers.

Il vont attaquer avec tant d'impétuosité qu' à la fin de la journée les pertes Turques en tués ou noyés s'élevaient à plus de 1500 hommes, quand à ceux qui avaient réussis à gagner la côte de Chio ils furent massacrés jusqu'au dernier, à peine six Lins Turcs échappèrent au massacre à la faveur de la nuit








Le retour de Schwarzbourg à Rhodes fut triomphal, de plus les pertes des Hospitaliers étaient minimes par rapport à l'envergure de l'expédition effectuée !! Le vainqueur se hâta le 3 septembre 1319 d'informer la cour pontificale des heureux résultats de cette mission




Nota: Il faut noter que Villaret avait refusé son aide au Roi de Naples et au Pape Clémént V, contre la compagnie de routiers Catalans qui semait la terreur et contre laquelle le monde chrétien portait ses efforts !!!!! Ce refus s'explique par son désir de ne pas se mêler des affaires balkanique, afin de garder toutes ses forces dans sa lutte contre les musulmans




PS: je me permet de vous conseiller la lecture de cette documentation de la BNF, car on parle fort peu des exploits maritimes au moyen âge M de V

vendredi 26 octobre 2018

N°250) Les Teutoniques


Lors du siège que les chrétiens faisaient devant la ville d'Acre, quelques Allemands de Brême et de Lubeck touchés par la misère des soldats, malades ou blessés, établirent un hôpital sous une tente qu'ils fabriqueront avec les voiles d'un navire, afin de s'occuper charitablement des moribonds !!







Il y avait déjà un hôpital pour les teutons, mais il se trouvait à Jérusalem ou les allemands venaient en nombre se faire soigner par des gens parlant la même langue qu'eux !!

Un Allemand et son épouse, établis dans cette cité, avaient bâti de leurs propres deniers un hôpital pour les pauvres et les malades de leur nation, touchés par l'exemple,d'autres Allemands quitteront l'habit séculier et se donneront corps et âmes à l'hôpital, s'engageant par voeu au service des pauvres !

Au fil du temps se joindront à eux des nobles et des chevaliers, qui crurent fermement qu'il serait plus agréable à Dieu de prendre cette orientation pour la défense de la terre sainte

Or donc cette dévotion s'étant renouvelée au Siège d'Acre il fut pris comme résolution de former un troisième ordre militaire à l'imitation des Templiers et des Hospitaliers, ce nouveau corps fut nommé " Ordre des Chevaliers Teutoniques de la Maison de Sainte Marie de Jérusalem "

Le Pape Celestin III va le ratifier par la bulle du mois de février 1192, il seront de toutes les batailles en Palestine, leur habit était de blanc chargé d'une croix noire, pour les chevaliers et grise à la croix noire pour les sergents et hommes de pieds.








Ils avaient tous les privilèges des autres ordres, sauf qu'ils n'étaient pas soumis uniquement au Pape et qu'ils payaient une dîme sur leurs biens !

Le premier grand Maître fut Henri Walpot von Bassenheim ( 1190-1200), en 1206 l'Empereur Frédéric II ajoute à leurs armes l'aigle d'or de l'Empire, puis plus tard élèvera le quatrième grand Maître, Herman von Salza, à la dignité de Prince de l'Empire.

Pour honorer cet ordre, Saint Louis (louis IX), les autorisera à orner les pointes de la croix noire de l'ordre de quatre fleurs de Lys. Les teutoniques ne vont pas tarder à combattre sur deux fronts les infidèles, en Palestine, mais également en Europe dès le début du XIII siècle










En 1229, Conrad Duc de Mozavie et de Cajavie, réclame leur aide contre les Prussiens païens et barbares, qui désolaient ses états, il leur offre deux provinces et leur abandonne toutes les terres qu'ils pourraient conquérir lors de cette guerre

L'ordre s'étend rapidement, soumet la Prusse, la Livonie, la Courlande et d'autres provinces sur la Vistule. Lorsque en 1291, la Palestine échappe définitivement au chrétiens après la prise de Saint Jean d'Acre, qu'ils seront d'ailleurs le derniers à quitter, les Teutoniques s'installent définitivement en Prusse, fondant plusieurs villes dont les principales sont Thorn, Elbing et Marienbourg.

Début XIV siècle (1306), le grand maître fixe sa résidence et donc celle de l'ordre à Marienbourg, tout au long de ce siècle l'ordre eut des démêles avec les Lituaniens, s'attirant également l'animosité des habitants de la Livonie à cause des charges qu'ils imposaient, puis continuaient la croisade contre les infidèles de ces pays de l'Est.

Deux personnages de renom Français passeront plus d'un an avec eux, pour participer à cette croisade, Gaston III de Foix Béarn dit Phébus et son cousin germain Jean III de Grailly Captal de Bush (voir article), nous dirons pudiquement qu'ils allèrent passer un an en villégiature sur la Baltique !!!.....Humour de copiste hein !!!!








Les provinces voisines voyaient avec déplaisir la puissance grandissante de l'ordre, début XV (1410) le roi de Pologne Ladislas Jagellon, livra contre eux une bataille sanglante sur le Tannenberg, puis plusieurs villes et régions vont essayer de se soustraire à l'autorité de l'ordre, ils vont signer en 1440 un traité d'alliance afin de s'opposer à l'ordre par la force.

Six ans plus tard une grande partie de la Prusse se met sous la protection des rois de Pologne, occasionnant une longue guerre qui ne se terminera qu'avec l'intervention du Pape. L'ordre perdait ainsi beaucoup de territoires, puis au XVI siècle l'ordre tout en restant sous les ordres d'un seul grand maître partageront deux confessions, les Luthériens et les Catholiques !!!!







PS: documentation BNF comme il se doit et vous disposez de 246 articles sur le Blog pour vous informer, chaque fois que votre copiste trouve de nouvelles informations il met à jour les articles du Blog, n'hésitez pas à revenir sur les articles M de V



lundi 22 octobre 2018

Charles Comte de Charolais

Au même titre que le Dauphiné pour la France, qui allait au prince héritier du trône, le Comté de Charolais, fut sous le gouvernement des Valois Ducs de Bourgogne, l'apanage de l'héritier présomptif de leurs états, qui représentait le fleuron de cette couronne Ducale

L'histoire de la Bourgogne a gardé le nom de deux Comtes de Charolais, Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur, qui de sinistre mémoire combattit à la bataille de Nicopolis. Puis Charles, plus connu sous le surnom du Téméraire, fils de Philippe, héritier du trône de Bourgogne

En 1316, jean Baron de Charolais, ne laissait à sa mort qu'une fille, Béatrix II, en faveur de laquelle la baronnie fut érigée en Comté

Le premier Duc de Bourgogne de la Maison des Valois acquit le Charolois en 1390, des héritiers de Béatrix II, ce sera Jean sans Peur qui le premier transmet ce titre en apanage à son fils Philippe le Bon, qui lui même le donna à Charles le Téméraire, ce dernier portera le titre de Comte de Charolais de 1433 à 1467

Ce Prince naquit à Dijon, le 19 novembre 1433, sa mère Isabelle de Portugal était la troisième épouse  de Philippe le Bon Duc de bourgogne. Le mariage avait été célébré à Bruges et c'est à l'occasion de ces festivités, que le Duc institua le fameux ordre de chevalerie de la Toison d'or









Charles le jour de son baptême à Dijon va recevoir en même temps que le titre de Comte de Charolais, le collier de l'ordre de la Toison d'or, voila donc un enfant qui se retrouve au berceau comte et chevalier d'un dès plus prestigieux ordre de la chevalerie !!

Dès qu'il fut en âge de quitter le monde des femmes, son plaisir va consister à monter à cheval, faire des armes, s'escrimer, chasser et pratiquer tous les exercices du corps correspondant à la noblesse.

En 1451 à 18 ans il était devenu un Prince de grande prestance, mais d'un caractère ardent et emporté, fumeux mélange !!! Il aimait à lire ou se faire lire les belles histoires de la chevalerie, alors même que cette chevalerie était devenue obsolète dans cette deuxième moitié du XV siècle.

C'était également un joueur d'échecs remarquable, selon les chroniqueurs de l'époque, mais c'était une discipline que l'on enseignait à tout chevalier au XV siècle, aux dires de nos complaisants chroniqueurs il aimait aussi la musique, excellant selon eux en chansons et motets. Bref un Prince impatient de montrer ce dont il était capable, aussi bien à la cour de Bourgogne, que sur le terrain ou en tournoi, ne rêvant que plaies, bosses et faits d'armes, il avait la tête farcie de ces romans de chevalerie qui avaient coûtés si cher à la France !!! Mais Bourgogne n'est pas France que diable !!!








Il fait ses premières armes en lice le premier novembre de l'an 1451 à Bruxelles, ou son père le Duc donna en son honneur un brillant tournoi, selon les chroniqueurs il y brisa 18 lances. Si jeune qu'il fut le comte de Charolais était déjà veuf de sa première épouse, Catherine de France, fille de Charles VII

Son père tambour battant va le remarier avec Isabelle de bourbon, sa cousine qui avait été élevée à la cour de bourgogne. De ce mariage, Charles, eut sa fille unique, Marie de bourgogne ( qui plus tard apportera sa riche succession à la Maison d'Autriche)

Il livre sa première bataille en 1453, contre les Gantois à Graves ou faisant preuve d'une folle bravoure, digne des romans de chevalerie il entraîne à sa suite la cavalerie décidant de la victoire !!

Les hommes de guerre de la maison de Bourgogne se réjouissent fort des dispositions belliqueuses de ce prince héritier de la couronne ducale, ils saluaient à l'avance son avènement au trône, ces fiers barons prenant souvent fait et cause pour ce prince dans les démêlés de la cour !! Voila de quoi mettre puces au poitrail du Duc !!!. Le bouillant comte de Charolais tout en respectant son père était en désaccord tant en politique étrangère qu'envers le choix de son père en matière de conseiller








Bref il avait envie de régner !! Après avoir assisté avec son père au sacre de Louis XI, ils se séparent, le Duc retournant en Flandres et son fils se dirigea vers la Bourgogne qu'il désirait visiter, car s'il était né à Dijon il avait jusqu'alors passé sa vie entre Bruges, Gand et Bruxelles.

Charles Comte de Charolais retournera ensuite auprès de son père dans les Flandres et va prendre résidence au Quesnoy

Mais les sujets de désaccords entre le Duc vieillissant et le bouillant Comte de Charolais ne vont pas manquer !! et il gouvernera les états de son père avant que celui ci ne soit mort !!!!




PS: Il aura ensuite un habile adversaire fin politique en la personne de Louis XI qui lui ne rêvait que de se débarrasser de cette chevalerie et de cette noblesse indocile, qui savait lui allier la guerre et la politique M de V

jeudi 18 octobre 2018

Jean Bodel le Poète Lépreux

Les Congés de Jean Bodel (voir article précédent), forment un petit poème de 492 vers fort intéressant au point de vue historique, qui mérite d'être étudié, tant par le fait qu'il donne sur lui même des informations, que par les précieux renseignements qu'il fourni sur la société artésienne du début du XIII siècle !!

Nous apprenons dans ce texte que Jean Bodel est natif d'Arras, il est poète de profession et nous avons de fortes chances de croire qu'il était attaché à l'échevinage de cette ville, Bodel était un proche et l'obligé des plus fortunés Bourgeois de cette cité

Vers l'an 1205, notre homme devait se croiser et partir sur les chemins vers la terre sainte, le voyage était organisé, ses compagnons de route choisis, mais il fut forcé de renoncer à ce pèlerinage. Jean était atteint de la maladie de lèpre.

Atteint depuis longtemps par ce fléau, il n'avait pas pour autant quitté ce siècle, la maladie l'avait laissé jusqu'à un certain point vivre normalement il était encore à ce moment reçu et choyé par ses amis, qui nous dit il, je cite: le souffrirent moitié sain, moitié pourri !!!!!. Les progrès de la maladie vont le contraindre à abandonner son projet et laisser partir sans lui les compagnons qu'il s'était choisi, Baude, Tumas, Waignet et Vast Hukedeu. Bientôt devenu un objet de répulsion pour tous, le poète lépreux du s'éloigner de la société des hommes et vivre comme tout ceux atteints de cette maladie à l'écart des vivants









Il demande alors " Congé " à ceux qui l'avaient toujours aimé et secouru et leur adresse ses adieux dans ce poème. C'était on suppose une occasion de se rappeler à la générosité de ses protecteurs et de réclamer de la municipalité de sa ville d'Arras, la faveur d'être admis dans une des léproseries ou elle avait le droit de faire admettre des malades !

Le poète moribond obtint'il ce qu'il voulait ? et finit il ses jours à Meulan ou à Beaurains ?, la chose est plus que probable. C'est du moins la meilleure manière d'expliquer l'allusion, faite plus tard, à la place que Jean Bodel occupait dans la léproserie par Baude Fastol, un autre poète d'Arras également atteint de cette terrible maladie

Ce poète, comme Jean Bodel, va remercier dans son congé l'échevinage de la cité d'Arras ainsi que les Bourgeois qui dirigent cette ville. Dans ce texte il dit, je cite: ke je doi recevoir le fief, qui vient de par Jean bodel. Il est loisible de croire que ce terme de " fief ", désigne sans doute la place ou le lit, comme nous dirions maintenant, qu'occupait son confrère et poète Jean Bodel dans une des léproseries citées plus haut et que Baude Fastol après la mort de son compatriote demandait comme une faveur à occuper à son tour, bref un poète en remplaçait un autre pour le temps qu'il lui restait à vivre









Dès trois poèmes qui nous sont parvenus sous forme de "Congés", deux sont conçus par des poètes affligés de la même maladie. Quant à Adam de la Halle auteur du troisième, c'est dans un tout autre état d'esprit qu'il va l'écrire !!

Ce poète va quitter sa ville pour suivre en Italie, Robert d'Artois, il lance une apostrophe cinglante à sa cité : " Aras vile de plait
                   Et de haine et de detrait "




PS: documentation de la BNF, ce texte de G Raynaud est consultable par tous ...M de V

mercredi 17 octobre 2018

Le Théâtre au Moyen âge

Nos ancêtres aimaient le théâtre, les représentations dramatiques étaient la principale attraction des grandes fêtes publiques dans les cités, nous pouvons en suivre l'histoire à partir de la fin du XI siècle

Avant cette époque c'est à l'église que nos aïeux satisfaisaient leur goût du spectacle, ils y trouvaient tout d'abord la pompe des cérémonies religieuses, mais aussi de véritables scènes dramatiques.

Une habitude s'était introduite dans le rituel de la messe, de mettre en action certaines parties de l'office religieux se prêtant à une distribution de rôles avec plusieurs officiants, ceux ci, vont rapidement joindre le geste à la parole et pour plus de crédibilités, porter costumes et accessoires appropriés !!








Mais c'est seulement lorsque la langue vulgaire fut substituée au Latin dans la langue des personnages et lorsque la représentation sera détachée de l'office religieux pour être transportée sur la place publique, que le théâtre Français prendra véritablement naissance, se trouvant ainsi dans la possibilité de se développer !!

Pendant toute cette période médiévale et celle de transition qui sépare le moyen âge de la Renaissance, les représentations se sont données sur la place publique les jours de fêtes

Les acteurs étaient des gens du peuple, des artisans, des apprentis, des clercs ou des marchands, qui apprenaient leurs rôles pour la circonstance. Les Confréries et les associations professionnelles des corporations et des guildes avaient des offices et des fêtes ou elles présentaient des oeuvres dramatiques !

Mais c'est surtout à partir du XIV siècle que l'on voit se constituer des sociétés dramatiques, tel les Clercs de la Basoche, Les enfants sans souci ou les Confrères de la passion. Les membres de ces sociétés n'étaient acteurs qu'à l'occasion des fêtes, ce n'était pas pour eux un métier, du moins pas au début !!. Car il n'y avait ni structure, ni locaux permanents, ni régularité dans les représentations









On ne peut avoir d'acteurs professionnels qu'avec des représentations fréquentes voir même journalières et celles ci n'existeront que le jour ou il y aurait des salles de théâtres, mais l'idée progresse, car en 1398, les Confrères de la passion disposaient d'un théâtre stable à Saint Maur !!

Le terme le plus général pour désigner les oeuvres dramatiques du moyen âge est le mot " jeu ", qui signifie  proprement "pièce de théâtre " et aussi par extension " ensemble d'acteurs ", à la fin de la pièce " le jeu se retire "

Ce que l'on " joue ", suivant les sujets ce sont les " mystères ", les " miracles " et les " farces ", puis plus tard les " moralités et les " soties " !!

les moralités et les soties sont tardives du moyen âge !









La musique joue un rôle important , même au départ, dans les pièces comiques, telles que les jeux d'Adam de la Halle, dans les mystères et les miracles on entendait des chants liturgiques, des hymnes latines et des poésies Françaises, comme rondeaux et motets

Pour la mise en scène, la rareté relative des représentations et l'obligation de faire une installation nouvelle à chaque représentation ne permettait pas d'organiser un changement de décors sur plusieurs scène de la pièce, on se contentait donc d'un seul décor

Les premiers textes français sont deux mystères anonymes du XII siècle, celui d'Adam et celui de la résurrection, puis des pièces anonymes également, de la grande collection des miracles de Notre Dame, que l'on situe à la toute fin du moyen âge.


Entre ces deux mystères et la collection des miracles, nous trouvons les oeuvres dramatiques de trois poètes du XIII siècle, Jean Bodel, Adam de la Halle (voir article) et bien sur Rutebeuf (voir article) M de V













lundi 15 octobre 2018

La folie dans le monde médiéval

Que représente la folie dans le monde Médiéval? Une notion vaste et complexe, comme le prouve ce témoignage du passé, le livre de "Sydrac", texte qui fut écrit sous forme de dialogue dans la toute fin du XIII siècle, je cite:

Le Roy demande comment s'enfolissent les gens ? Sidrac répond: Les gens sont nés simples comme foux, les autres perdent le sens de la maladie, certains ont la faiblesse de la cervelle, d'autres ont de mauvaises humeurs, les autres de trop perdre de sang, ou encore de grandes chaleurs et de toutes ces manières de folies, chacune apporte dommages et peines et font mal à autrui. Mais il y a autre manière de folie qui est moult mauvaise, pour soi et pour les autres, c'est à savoir ceux qui mal vivent et qui volent autrui, qui tuent les gens et faussement jurent et péchent de moult manières, on s'en doit moult garder

De part ce texte on constate que l'homme médiéval distingue plusieurs types de folies, selon que l'autre est mis en cause ou non, on trouve la folie qui apporte sa propre peine, folie venant du corps, la folie maladie, la folie qui fait dommage aux autres, puis la folie qui vient de l'âme, mais aussi la folie péché, or donc l'éthique et la pathologie sont presque conjoints sous le même concept de folie !!!

Quant au mot Fol, qui est une métaphore étymologique, (follis) signifiant en latin " soufflet", ou "sac plein d'air", d'ou "tête vide" !!








L'homme médiéval donnera plusieurs sens au mot "fol"


I) Le fol " insensé déraisonnable", le fol dont les comportements ou jugements sont extravagants ou hors du bon sens, sans relever pour autant de la pathologie, c'est le cas de Perceval dans le conte du Graal de Chrétien de Troyes

II) Le fol " sot  stupide ignorant" le fol que l'on défini simplement par défaut de savoir, tel encore une fois Perceval, qui ignore toit de la Chevalerie lorsque s'ouvre le conte du Graal. Le fol comme sot ou ignorant est une figure traditionnelle dans les proverbes et les sentences

III) Le fol "inconvenant malhonnête mauvais" à la différence des précédents, ce fol  se teinte d'une valeur éthique marquée, il n'est plus celui qui agit hors du bon sens !! Il est également celui qui offense les règles morales ou un idéal, ce fol est alors fort souvent placé en conjonction avec "Vilain"









IV) Le fol dans le contexte religieux, ou la même valeur éthique peut donner au mot fol, le sens de coupable pécheur, révolté contre Dieu. Dans les chansons de geste, fol est souvent associé à "mescreant", pour désigner les infidéles !! En exemple "fol créance" signifie le "paganisme", et dans les fabliaux "fol fame" prend le sens de " courtisane "

V) enfin le fol désigne le fou professionnel, le bouffon de cour que l'on trouve chez le roi comme chez les grands feudataires ou encore dans les troupes de ménestrels

Mais la question se pose, à qui confier le fou qui n'est pas professionnel ???, au juge, au médecin ou au prêtre, c'est que la folie au moyen âge n'est pas englobée dans un discours psychiatrique, une spécialité qui n'existait pas. La médecine, le droit et la théologie ne connaissent le fou qu'en temps que personne, ils ont englobé les conflits de l'âme et du corps, de dieu et du diable, de l'innocence et de la culpabilité, de l'humain et de l'animalité !!

La conception médiévale de la folie c'est un être hors de tout espace civilisé ou socialisé, hors de soi et hors du sens, le fol se trouve pour eux dans une demeure introuvable !!!




Nota: Le livre de Sydrac ou Sydrach, le philosophe, se nomme " de la fontaine de toutes sciences", écrit entre 1270 et 1300, il est écrit sous forme de dialogue et forme une encyclopédie de la culture populaire du Bas Moyen âge





PS: documentation BNF, d'après le livre de JM Fritz, le discours du fou au moyen âge M de V

dimanche 14 octobre 2018

N°245) Reclus Urbain au Bas Moyen âge

La vie de reclus ou recluse, exige un minimum d'organisation,et l'accord du corps de la ville, celui ci ne peut vivre enfermé sans s'assurer du minimum vital et d'un servant ou une servante avant d'entrer dans son reclusoir

Le reclus est totalement dépendant, par rapport à un ermite qui lui est auto suffisant il peut vivre de son jardin, de la cueillette ou des aumônes.

Bien sur plus la cité est importante, plus elle attire de monde, que ce soit les marchands, les pénitents, des pèlerins, colporteurs et ouvriers du bâtiment, plus elle pourra avoir de reclus à entretenir, mais ou trouve t'on les reclusoirs ??  On les trouvent dans cinq lieux différents qu'ils soient de passages ou de rassemblement








On les trouvent associés aux églises, aux enceintes fortifiées des portes de la cité, aux établissements hospitaliers et aux léproseries.

De nombreuses raisons justifient la présence de reclusoirs dans les églises, d'abord la vocation pieuse du reclus, puis l'intervention obligatoire du pouvoir ecclésiastique pour l'autoriser, de nombreuses églises en Paris avaient leur reclus, sans oublier celui du cimetière des innocents accolé à la chapelle

Les enceintes urbaines abritaient donc de nombreux reclus, surtout aux portes et dans les tours, c'est le cas à Toulouse à Saint Michel du Barri, lorsqu'en 1534, la municipalité de Montferrant veut faire réparer une porte de la ville elle est obligée de faire évacuer son reclus

Les villes en bord d'eau installent souvent le reclus à l'entrée du pont ou sur le pont lui même. Florence avait sur l'un de ses ponts toute une série de maisonnettes de reclus, placées sur chaque pile. Toulouse avait deux reclusoirs sur le pont neuf

Si les reclusoirs des hôpitaux sont fréquents, dans notre région on repère bien ceux des léproseries de Bordeaux, Périgueux et Toulouse. Le rituel de séparation des lépreux du monde des vivants et l'enfermement solennel des reclus semblent confondus dans leur vocation pénitentielle










Mais à quoi ressemble un reclusoir ?, la plupart du temps ce que l'on en retrouve ce sont les signes d'arrachements sur les murs des églises auxquels ils étaient accolés, ou encore, l'ouverture désormais murée qui permettait au reclus de voir l'autel afin d'assister à l'office

Cependant il y avait deux ouverture dans un reclusoir, l'une comme on vient de le dire tournée vers le sacré et l'autre tournée vers le monde réel des habitants de la cité. Par celle ci entraient les victuailles et tout ce qui pouvait être nécessaire au reclus. Dans ce cas la question se pose y avait il porte ou pas !!!!!

Si l'on se réfère à la symbolique, le reclus est considéré mort au monde et cette loge sera son lieu de sépulture ? Les rituels conservés laissent penser que l'issue serait maçonnée ? alors que la règle du IX siècle signale seulement que l'évêque du lieu y apposerait son sceau ?

Mais cette rigueur ne semble pas s'appliquer partout, pour moi elle devait être fonction du contrât passé entre le reclus et les ecclésiastiques, car une personne comme Bisina de Venise s'était réservé le droit face au clergé de Sainte marguerite, de sortir une fois l'an, de nuit, afin d'assister dans la Basilique Saint Marc à la vigile de l'ascension. On peur supposer que l'on ne démontait pas la maçonnerie tous les ans et que sa porte était simplement fermée à clef









Les dimensions de cette loge de reclus sont variables mais exiguës. La règle prévoyait une cellule de 3 mètres sur trois mètres, la plupart des reclusoirs attenant aux églises étaient placés au niveau du coeur, souvent sur le mur nord.

Mais ils pouvaient aussi être aménagés sous les portiques, comme en Italie, ou les églises possédaient un avant corps qui servait souvent de lieu de sépulture, rappelant ainsi la relation privilégiée du reclus avec la mort



PS: article tiré des écrits de Madame Paulette l'hermite Leclercq....M de V