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jeudi 24 mai 2018

Les Troubadours Aimeric de Sarlat et Elias Cairels

Une précision s'impose avant de commencer cet article sur des artistes médiévaux. Les Trouvères sont au nord, les Troubadours au sud, respectivement de langue d'Oil et langue d'Oc, ils sont Poètes, chanteurs auteurs et interprètes !!! 

Quand aux Menestrels, ce sont des musiciens, conteurs, jongleurs et acteurs de soties et de petites pièces de théâtre, ils colportent les oeuvres des Troubadours et des Trouvères, le nain en a ras le bol des gens qui confondent tout et n'importe quoi !!!!!!

Bien cela étant dit parlons du sud, la croisade des Albigeois, fut pour l'Aquitaine et le sud ouest en général, cause de décadence et de ruine, la civilisation auparavant y était brillante et les arts et les lettres y étaient cultivés avec le plus grand succès.







C'était le florissant pays des troubadours, des jongleurs et conteurs, bien sur il le resta après cette fâcheuse croisade, mais la liberté était perdue et sans liberté la source d'inspiration, si elle ne se tarie point du moins son débit en est amoindri !!! Les Troubadours étaient nombreux dans le sud ouest avant cette époque, parmi eux on distinguait au tout début du XIII siècle deux Sarladais, Elias Cairels et Aimeric de Sarlat

Aimeric à ses débuts exerçait la profession de menuisier, doté de finesse d'esprit, d'imagination, ce personnage spirituel et plein d'entrain possédait les qualités de l'humeur Gasconne et Périgourdine. Rien dans son atelier ne pouvait combler son appétit de voyages et d'aventures !!

Il pratiquait la musique et le chant avec un coeur d'artiste et une âme de poète, l'homme connaissait mille tours et une multitude de petits arts d'agrément. Il fini donc par être recherché dans sa ville, pour amuser par ses talents la bonne société Sarladaise. Cet artiste naissant ne tarda pas à se trouver à l'étroit, mal à l'aise dans son atelier de menuisier et prisonnier d'une ville et d'une société à l'horizon limité !! Bref l'esquif tirait sur ses amarres souhaitant prendre le large !!.

Il s'attache à la fortune d'un Troubadour de passage dans sa cité, en qualité de jongleur, tous les deux vont mener une vie errante et gaie, allant de fortes demeures en châteaux, Aimeric ponctuait de ses tours les oeuvres du Troubadour, puis il récitait ou chantait les poèmes de celui ci, en s'accompagnant d'une viole.







Notre homme amusait ainsi l'auditoire de son Troubadour, cette société de nantis languissant d'ennui dans leurs châteaux. Il jouait la comédie, disait des farces, faisait des tours de passe passe ou de gymnastique, jonglait avec des couteaux, des assiettes ou des balles de cuivre.

Or donc notre Aimeric était le Menestrel accompagnant un Troubadour, mais voila il voulait plus il désirait lui aussi briller

Car il n'était pas considéré à l'aune de ses talents, certaines catégories de personnes à l'esprit étroit le méprisait. Les sourires des Dames, compliments et bons mots des demoiselles et des seigneurs allaient au Troubadour, Aimeric était sensible à ce dédain !

Les blessures de l'amour propre vont faire éclore son génie, il devint poète et Troubadour à son tour, la gloire sera au rendez vous ! récoltant estime et célébrité et son nom est cité à côté d'un Bertrand de Born, d'un Giraud de Borneilh, de Bernard de Ventadour et d'Elias Cairels

Il entre désormais seul dans ce monde de la Poésie, de l'Amour Courtois et des légendes du cycle Arthurien, tant prisé par  la noblesse du moyen âge, qui offre gîte et protection aux Troubadours !








Elias Cairels est né lui aussi à Sarlat, il fut d'abord orfèvre, puis lui aussi jongleur avant de devenir Troubadour. Sa muse le mène de par le monde en quête d'aventures, mais aussi, nécessité faisant loi ! à la recherche de protecteurs.

Les Chansons et les poèmes sont peu efficaces comme protection, dans une époque ou la vie est précaire !! On peut fort bien chanter l'amour courtois le matin et se retrouver le soir avec deux pouces d'acier plantés dans le corps, au détour d'un chemin

Elias vit à la cour du Roi d'Aragon, Alphonse IX et à celle de Guillaume IV, Marquis de Montferrat

Un de ses biographes dira de lui je cite: Elias fut de Sarlat, Bourg du Périgord, il était ouvrier d'Or et d'Argent et dessinateur d'Armoiries !

Ce biographe ne devait que fort peu l'apprécier car il ajoute je cite : Il chantait mal, jouait mal de la viole et parlait plus mal encore !, mais il écrivait bien les paroles et les airs (tout est une histoire de goût hein !!!) Il termine en disant que Elias resta longtemps en Roumanie et que lorsqu'il s'en éloigna ce fut pour rentrer à Sarlat ou il mourut.









Elias était un esprit délicat, gracieux et léger, ses poésies brillent par le pittoresque le charme et l'émotion qu'il sut y insuffler

Son oeuvre est assez vaste composée de satyres, de poèmes chantés ou récités, mais c'est surtout ses chansons que l'on retient car elles furent très populaires au XIII siècle dans les milieux sociaux distingués.

PS: Il est regrettable, à mon avis, que la langue d'Oc ait tant vieilli, les Troubadours y ont tout perdu ! Nous n'avons conservé d'eux qu'un vague souvenir, comme une brume matinale que chasse bien vite les rayons du soleil, nostalgie me direz vous ?? vague à l'âme ??? je ne saurais le dire M de


mardi 22 mai 2018

Brunetto Latini le Maître de Dante Alighieri

Brunetto Latini, né en 1220, est un grand intellectuel, Notaire comme son père, très influent dans sa ville de Florence. Cet homme, s'il faut en croire Dante Alighieri avait vécu plusieurs vies, il raconte dans sa Divine comédie sa rencontre avec son compatriote.

Il rend un vibrant hommage à celui qui fut pour lui un incomparable maître en matière d'éloquence, de morale et de politique. Dante ne cache rien du motif qui conduit dans sa divine comédie, Brunetto à subir les brûlures du feu éternel du septième cercle de l'enfer ! Cet homme de lettres raffiné, maître à penser de toute une génération de Florentins était homosexuel, ou comme on disait à l'époque adepte de la sodomie.

On constate que dans son oeuvre, Dante, reconnaît l'homosexualité de Latini, sans retirer une once de l'estime qu'il lui porte, ce qui paru longtemps incompréhensible aux commentateurs de la divine comédie, pourtant a une époque ou la vie affective et sexuelle d'un homme se déroulait hors du cadre conjugal ! rien d'étonnant !!!

Cela n'empêche pas Brunetto de se marier, d'avoir trois enfants et de jouir du respect de ses concitoyens, il faut dire qu'au XIII siècle, les gens ne portaient pas sur la sodomie, le même regard que l'église qui fustigeait ces pratiques.








La carrière de Latini commence dans la deuxième moitié du XIII siècle sous l'égide du peuple,sous la direction d'une coalition menée par la grande bourgeoisie des affaires.

Ce mouvement réuni toutes les couches de la population hostiles à la prédominance de la noblesse au sein du gouvernement communal Florentin.

Rappelons qu'il n'existe pas de royaume d'Italie, il n'y a que des grandes cités, Pise, Gênes, Venise, Naples, Florence, Rome etc....et donc pas de gouvernement central, à l'intérieur de chaque cité tout le monde essaye de tirer la couverture à soi et à l'extérieur c'est la guerre entre les cités, (voir articles Venise et Gênes)

A Florence c'est la lutte entre les Guelfes et les Gibelins, Brunetto Latini est un sympathisant Guelfe et quand les Gibelins prennent le pouvoir en 1260, il est exilé.

Brunetto passe plusieurs années en France, principalement à Paris, ou il met ses compétences de notaire au service des compagnies commerciales Florentines installées dans notre Capitale, il en profite pour écumer toutes les bibliothèques amassant ainsi des connaissances considérables








Il rentre à Florence dès que les Guelfes ont repris le pouvoir dans l'année 1267, notre érudit y restera jusqu'à sa mort en l'an 1294.

Notre homme va accomplir une double carrière, comme notaire et haut fonctionnaire de la commune, à partir de 1272 il dirige la Chancellerie, une des branches les plus importantes de l'appareil gouvernemental de cette cité.

Il fait également partie de multiples assemblées et commissions, respecté par ses pairs, on fait grand cas des conseils de cet homme, excellent orateur et homme politique avisé !!

Latini est donc un homme politique dès plus influent de la Florence du XIII siècle, au moment ou cette ville devenait la plus riche de tout l'Occident .

Florence est l'une des quatre plus puissantes cités du territoire Italiens que l'on connaît actuellement. Brunetto Latini meurt à l'âge de 74 ans, à ce moment, Dante est âgé de 29 ans,

 Je ne crois pas que ce soit pour son influence sur la ville qu'il lui rend ce vibrant hommage dans son chant quinze de l'Enfer, mais très certainement pour les écrits de ce Philosophe, Poète à ses heures









Brunetto ne s'est pas contenté d'écrire des poèmes lyriques durant son séjour en France (il vivra à Montpellier, Arras et Paris), comme je le dit plus haut, la fréquentation intensive des riches bibliothèques de notre capitale lui permet d'acquérir dans de nombreux domaines, une immense culture (selon certaine sources il aurait fait des conférences à la Sorbonne ??).


Il va écrire trois oeuvres majeures avant de revenir à Florence, elles auront un succès immédiat et ce dans toute l'Europe !!! son livre du Trésor, son Tesoretto et son Favollelo. Le premier est un traité de l'art oratoire, les deux autres relèvent de la littérature didactique et morale.

Il est évident qu'un élève comme Dante, ainsi que son ami et poète Guido Cavalcanti vont se repaître à loisir de ces écrits, ou le maître enseignait que pour bien gouverner il était nécessaire de bien parler, savoir raisonner, argumenter et convaincre le plus grand nombre.

Tel est donc le maître, profondément inspiré par Aristote et Cicéron, que Dante Alighieri dans sa Divine Comédie désirait honorer, pour son oeuvre et ses enseignements éclairés !!




PS: Je désire conseiller aux gens qui aiment lire, l'ouvrage dans lequel j'ai puisé, Hommes et femmes du Moyen âge, sous la direction de Jacques Le Goff  (voir également mes articles sur Dante, Boccace, Pétrarque) M de V

lundi 21 mai 2018

Le Vin, l'or du pays Aquitain XIII-XIV siècle

L'affrontement entre l'Angleterre et la France va profiter grandement aux Aquitains, qui ne peuvent que se féliciter de la répudiation d'Aliénor par ce benêt de Roi de France. Le Duché passant à l'Anglois, sera pour eux une formidable opportunité ! Les privilèges offerts par l'Angleterre apportent à Bordeaux, le coup de fouet économique dont elle avait besoin.

Car s'il est indéniable que les Templiers, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem sont eux aussi responsables de la renaissance du vignoble, notre Duchesse elle, par son remariage ouvre le marché Anglais aux vins Gascons et Aquitains en général !!

Un bref regard en arrière nous permet de voir qu'au XII siècle, le vignoble est limité à quelques terroirs, comme ceux de la proximité immédiate de Bordeaux. La concurrence est rude avec les vins de la Charente qui l'emportait très nettement sur le marché d'outre manche !!!






Mais au XIII siècle tout change, la prise de La Rochelle par le roi de France en 1224, ferme le marché du vin vers l'Angleterre pour les Charentais !! Ils étaient les rivaux les plus dangereux du commerce du vin en Bordelais et dans l'Aquitaine.

Car le Roi d'Angleterre va signer alors une charte avec Bordeaux, donnant à la ville l'exclusivité du commerce du vin, vu que la France venait de lui prendre La Rochelle !!

Puis le Roi d'Albion, Duc d'Aquitaine va céder, avec quelques réticences, aux exigences des Bordelais, leur accordant l'exemption de la coutume, un droit levé sur les exportations, mais également sur la petite coutume, droit levé sur le vin entrant dans la cité. Le retrait de ces taxes vont augmenter grandement les bénéfices de nos commerçants en vins et vignerons de toute l'Aquitaine !!









Alors les campagnes vont se couvrir de vignobles, on plante en Médoc et dans les graves de Saint Emilion, puis les vignobles de Cahors et ceux de l'Agenais, sans oublier le Bergerac, la Gascogne et même les Pyrénnées

Autre facteur important de ce commerce florissant est l'évolution du goût des gens pour les vins plus alcoolisés, qui par le fait ont une meilleure tenue et se conservent plus longtemps !!

Or donc, au bord de cette belle courbe de la Garonne, le port de la Lune connaît un essor continu, à tel point que nos Bordelais devront à plusieurs reprises au XIII et XIV siècle élever de nouvelles murailles.

Le vin rapporte donc désormais de considérables fortunes aux commerçants du vin et aux propriétaires des vignobles d'Aquitaine, ainsi lors des grandes foires ils réalisent des bénéfices de trois à quatre fois supérieurs aux frais d'exploitation

Assurés de vendre leurs récolte, cette manne céleste profite à toute la chaîne de l'artisanat d'Aquitaine, fort peu de familles vont se lancer dans le commerce du transport, hormis les Colom et les Cailhau, ce seront des Bretons, des Anglais ou des normands qui armeront des Coghes,afin de profiter eux aussi du principal produit Aquitain qu'est devenu le vin !







L'expédition du précieux liquide se fait à partir de deux ports, en premier Bordeaux d'ou partent chaque année deux flottes, la première en automne, transportant vins rouges et blancs et les célèbres Clarets, la seconde au printemps destinée à livrer les vins du haut pays Garonnais.

Il faut noter que le tiers de ces chargements des deux flottes sont destinés aux rives de la Tamise, a tel titre que les Bordelais installés la bas reçoivent le titre de bourgeois de Londres, milieu dans lequel un Geoffroy Chaucer évoluera toute son enfance (voir article)

Puis Bayonne qui bien qu'elle n'exporte pas les prestigieux crus de Bordeaux et de Cahors, connaît un bel essor en servant de port pour les expéditions des vins de l'Adour

Mais il nous faut aussi parler de Cahors que nous avons nommé plus haut, qui bien lovée dans un méandre du Lot fait partir de nombreuses Naves aux riches cargaisons de draps et de vins, la cité exportant vers l'Angleterre, la Scandinavie, l'Allemagne, l'Espagne, le Portugal et le Levant

Bordeaux à cette époque frisait les 30 000 habitants, chiffre considérable pour l'époque avec une superficie 5 fois plus importante qu'au début du X siècle, rythme de croissance colossal pour le Moyen âge !!





PS: L'essor commercial profite au monde urbain, car c'est par ces cités que passe le vin, mais aussi tous les autres produits commercialisés, que ce soit la pêche ( fraîche ou salée), le drap et toute l'industrie et les matière premières M de V

samedi 19 mai 2018

N°170) Beauvais, désespoir du Charolais troisième partie

Le dernier assaut avait coûté fort cher aux Bourguignons, plus de 1500 hommes, le Duc furieux est obligé de se replier sur son campement près de l'Abbaye de Saint Lucien !!

Dans la cité c'est la joie on processionne dans toutes les paroisses!, les assiégés se pressent derrière les saintes reliques de la ville portées en triomphe .

Le succès extraordinaire des Beauvaisins, grâce au regain de courage insufflé par Jeanne Hachette, communiquant cette ardeur nouvelle aux défenseurs, leurs donnaient de l'assurance et des idées !!!

Désormais ce n'est plus du camp Bourguignon qu'allaient partir les attaques, les assiégés vont devenir les agresseurs..juste retour des choses !!!

Deux compagnies d'élite, l'une commandée par Salezard, l'autre par Guérin Legrain, forment le projet d'aller surprendre les bourguignons sous leurs tentes, sortant par la porte de paris au plus fort de la nuit ils vont faire un long détour pour passer la rivière, afin de se diriger en silence à petits pas vers le camp de l'ennemi !!

Faut bien avouer que le Charolais l'avait bien cherché, mais à mon humble avis il ne s'attendait pas à recevoir des invités aussi tardivement dans son campement !!!!!








Nos joyeux visiteurs vont entrer, égorger les sentinelles et mettre le feu aux tentes pour avoir un côté festif ! Puis tuent environ deux cent hommes, officiers et soldats confondus !

Ils se retirent prestement en emportant avec eux un butin de guerre, deux serpentines, un canon et plusieurs bombardes, qu'ils seront obligés d'abandonner dans un fossé car l'ennemi revenu de sa stupeur les poursuivaient avec acharnement !

Cette audacieuse opération de nuit coûta la vie à une dizaine d'hommes et Salezard fut blessé avec son cheval tué sous lui pratiquement aux portes de la ville.

Mais la cité avait maintenant conscience de sa valeur face à l'armée du Bourguignon !, d'autres sorties furent tentées les jours suivants, avec moins de réussite mais tout autant de bravoure!

Le Duc se sent humilié, orgueilleux, il est blessé dans son amour propre, lui qui peut de temps avant faisait visiter ses canons aux Anglais en leurs disant qu'ils étaient les clés des villes qu'il allait prendre !!!!!









Il fulmine exige des représailles et décide d'opposer la ruse à la ruse, la surprise à la surprise. Comme si les gens de Beauvais après ce qu'ils venaient de faire ne s'attendaient pas à une réaction du Bourguignon !!!! Il fait déguiser des hommes d'armes en paysans, en vignerons, en bateliers de rivière et en portefaix, puis leurs donnent l'ordre de s'introduire en ville et de mettre le feu dans les différents quartiers de la ville !

Ils ne purent tromper la vigilance des hommes de la cité, le stratagème fut déjoué et furent tous mis à mort sans autre forme de procès !

Alors le Duc hors de ses gonds, fulminant à l'envie décharge toute sa haine sur les inoffensives populations des environs et la plupart des villages dans un rayon de quatre lieues à la ronde seront livrés aux flammes!

Typique de l'orgueilleux pour qui l'être humain s'il n'est pas noble n'a aucune valeur, il est le dernier grand féodal que Louis XI fera tomber, soulignant la fin prochaine du moyen âge ! Il n'en demeure pas moins que Beauvais était devenue imprenable !, chaque jour elle recevait des hommes d'armes, des provisions de bouches et des munitions envoyées par Paris, mais il y avait un côté épais chez ce Duc, un côté borné, qui l'empêchait de quitter le siège de cette ville









Ce Duc habitué à voir tout plier devant lui, n'était pas d'humeur à battre en retraite honteusement ! il désire bloquer la ville de tous les côtés (chose qu'il aurait fallu faire au départ du siège !!!!), et tenter un dernier assaut !!! Quand je vous dis qu'il avait le cerveau épais le bougre !!!!

Il ne parvient pas à faire accepter ce projet à ses officiers, la plupart de ses troupes étaient des groupes de mercenaires soldés, quand il prit conseil ils se sont opposés à lui!

Lui faisant remarquer qu'ils avaient déjà perdus plus de 3000 hommes, que les hommes étaient découragés et que l'attaque surprise des assiégés avait tué ses plus vaillants capitaines !

On lui fait comprendre qu'il allait par cette action sacrifier des milliers de soldats compromettant le reste de son armée et la suite de sa mission qui était la jonction avec le Duc de Bretagne son allié !!!

Le Duc cède et consent à lever le siège, ainsi ceux qui étaient arrivés devant Beauvais, faisant avec ostentation étalage de leur force le 27 juin 1472, partirent silencieusement le 22 juillet, laissant derrière eux du matériel et des canons



PS: Ainsi grâce au courage de Jeanne Hachette et de ses compagnes et de l'indomptable énergie de la garnison, un chroniqueur comme Philippe de Commynes écrira: jamais place n'avait été mieux attaquée, ni plus vaillamment défendue que Beauvais !!! M de V

vendredi 18 mai 2018

Les Femmes et le siège de Beauvais deuxième partie

Ici se place un événement qui nous fut rapporté, faisant grand honneur à l'esprit de décision d'une femme de Beauvais, une certaine dame de Bréquigny. Au plus fort de l'assaut, les gens placés à la porte de Paris s'écrient " fermez" !! voici Messire de Beauvais qui s'en veut fuir !!

En effet, c'était l'évêque Jean de Bar, qui jugeant qu'il valait mieux être dehors que dedans, s'enfuyait avec son or et sa vaisselle, la dame saute à la bride du cheval de l'ecclésiastique fugitif et fait tourner l'animal en s'écriant " honte à vous monseigneur, il vous faut mourir avec nous ! ".

Puis un nommé Jean de Goix lui crie " c'est mal faire que de laisser la ville en pareil moment ! ", un jeune archer du nom de Oudinet Duclos bande son arc menaçant de lui mettre une bonne flèche dedans la panse !!

Un grand émoi se fait autour du prélat, on persifle " a vous vous dites seigneur de la ville et vous vous enfuyez !! ", une autre forte femme lui crie " allez donc en quelque église de la ville prier Dieu pour nous ! ".

Néanmoins le lendemain Jean de Bar parvient à s'échapper et va aller se créer auprès du Roi une réputation de dévouement et de vaillance, triste sire, sinistre prélat laissant ses ouailles se débrouiller seuls !!!









Or donc la ville secourue se trouvait par le nombre en mesure de soutenir les attaques de l'opiniâtre Bourguignon, il y a peu l'église Saint Hippolyte avait été investie par l'assaillant, c'était pour la ville un dangereux voisinage !

Il fallut donc la détruire, l'édifice fut livré aux flammes, les bourguignons n'échappèrent à l'incendie que pour tomber en nombre sous le feu de la petite artillerie de la ville, qui les foudroyait du haut des remparts.

Cependant l'ennemi ne laissait aux Beauvaisiens, ni trêve, ni repos, du 30 juin au 6 juillet, ils ne cesseront de battre la ville en brêche ! La ville en arrêtant le cours de la rivière parvient à inonder le faubourg Saint Quentin, forçant l'ennemi à évacuer la place au plus vite !! par dépit ils brûleront les habitations

Le Duc n'en fut que plus acharné contre la cité, il fait plus haut détourner la rivière, pour assécher les fossés de la ville, puis met ses mineurs à l'oeuvre, qui essayeront sans succès de saper les murs de la cité

Impatient d'en finir, il ordonne de monter à l'assaut et d'escalader la muraille entre la porte de l'hôtel Dieu et celle de Bresle et de passer tout par les armes !!! Dommage ils étaient attendus, furent renversés culs par dessus têtes dans les fossés, ils en culbutèrent un si grand nombre que l'ennemi ne pouvait poser les échelles sans marcher sur les cadavres !!









Le Duc fit cesser cette boucherie afin de ménager ses troupes et il fut décidé de mettre à contribution toutes les ressources pour préparer un assaut décisif sous peu de jours !

Quantité de fagots furent portés pour combler en deux endroits les fossés, afin de jeter deux ponts permettant d'avancer deux tours, il fait de plus battre en brèche au canon les murailles faisant voler briques et pierres !!

Trois brèches sont désormais ouvertes dans la muraille, le Duc ordonne le troisième assaut qui allait décider du sort de la ville, les troupes assaillent le rempart, rien ne semble les arrêter, un intrépide parvient à gagner le haut de la muraille y plantant la bannière de Bourgogne !! les assaillant exultent

Un flottement se produit parmi les défenseurs, comme un sentiment de défaite. Quand tout à coup, une jeune femme apparaît l'oeil mauvais, les cheveux en bataille, brandissant haut une hache courte, bondissant sur les créneaux elle assène un furieux coup à l'assaillant et le précipite dans le fossé, les défenseurs regonflés se précipitent à l'ouvrage, tandis que Jeanne Laisné, dite Fourquet, tient en main la bannière de Bourgogne

L'assaut est une nouvelle fois brisé et le Maréchal de Rouhault va donner à cette jeune femme de 18 ans le nom de Jeanne Hachette, que le roi Louis XI lui même lui accordera !!





PS: il me faudra un troisième article pour vous conter la déconfiture du présomptueux bourguignon à bientôt M de V

Jeanne Hachette le siège de Beauvais première Partie

Charles le Téméraire, ébloui par ses triomphes et rempli d'idées de vengeances, entre en Beauvaisis, qu'il compte traverser pour entrer en Normandie, afin de faire jonction avec son allié le Duc de Bretagne ! Une si grande armée ne passe pas inaperçue, les rumeurs de son approche volent jusqu'à Beauvais !

La cité, ruinée par les guerres perpétuelles est presque sans défense !! La situation était horrible, voir même désespérée, sans troupes, ni artillerie, pas de munitions de guerre, comment pourrait elle résister ? Cependant la ville décide de se faire ensevelir sous les décombres de ses murailles, plutôt que de subir le joug du Bourguignon ! Hors donc suivant le plan de défense on commence par couper tous les arbres autour de la cité, pour ne pas leurs fournir de quoi écheller !

L'évêque écrit à Louis XI pour lui annoncer l'approche du téméraire. Déjà par les portes de la ville accourent en longues files les paysans des campagnes, leurs bestiaux devant eux, transportant à l'abri des murailles leurs maigres biens.

Les châteaux et Abbayes des environs viennent avec leurs richesses et reliques se réfugier dans la cité, sur les places et aux carrefours des ruelles s'amoncellent les hardes et meubles des villageois. Religieuses, moines et seigneurs se répartissent dans les différents refuges de la ville, tandis que vieillards et enfants sont cachés dans les caves. Impossible de circuler, les rues sont encombrées de gens de guerres, de bourgeois et de réfugiés.








Les rumeurs vont bon train, et les récits des horreurs commises par les Bourguignons lors de leur progression en Beauvaisis passent de bouches à oreilles, créant un climat de peur, sort commun à toute population en état de siège !!

Portes et poternes sont soit murées ou barricadées, des chaînes sont tendues aux points d'accès, puis des courriers sont envoyés dans toutes les directions afin d'obtenir de prompt renforts. Ensuite on double le guet et les chefs de quartiers, dizainiers, cinquanteniers se mettent en garde prêts à tout événement !!

Au petit matin du 27 juin 1472, des ouvriers réparant la toiture de la cathédrale aperçoivent au loin une forte troupe progressant vers la ville, ils sonnent le Tocsin, auquel les cloches des treize paroisses de la cité répondent lugubrement !!

Tout le monde court aux remparts ! bourgeois, gentilshommes, gens de métiers et villageois réfugiés avec les armes dont ils peuvent disposer et regardent un fort contingent de l'armée Bourguignonne prendre position à distance respectueuse des murailles de la ville de Beauvais

L'avant garde du Téméraire est commandée par le sire d'Esquerdes, qui va envoyer un Héraut sommant la ville de se rendre et de lui porter les clefs !! Il ne reçut pour toute réponse que l'injonction de rester à distance d'arbalète, sous peine de mort !!!








Dans la matinée les bourguignons sont au grand complet et le Duc en personne, réclame une nouvelle fois par héraut interposé, les clefs de la cité. Il lui sera répondu un non !, bien roide !!

Réponse qui pue au nez de notre Paon bouffi d'orgueil Bourguignon, il fut donc décidé de l'attaque immédiate de la ville aux points les plus faibles des défenses de la ville !

Les assauts font rage, mais leurs échelles sont trop courtes et ils tombent sous les coups d'une triple rangée d'Arbalètriers, ils font donner du canon pour causer des brèches, mais l'imminence du danger donne du courage aux plus faibles, femmes vieillards et enfants transportent tous matériaux pouvant être jetés à la tête des assaillants du haut des remparts, l'énorme fourmilière s'agite et se défend, tout le monde participe à ce sort commun








Les femmes surtout sont intrépides, admonestant les défenseurs, excitant au combat, frères, maris ou pères, apportent des armes et jettent elles même du haut des murailles, sur les assaillants, pierres, chaux vive, plomb fondu ou fascines enflammées.

La résistance est si vive que les bourguignons sont contraints de reculer et s'éloignent des murailles. Cette première journée selon les chroniqueurs ne coûta à la ville qu'un seul tué et quelques blessés, ce qui ne fut pas le cas des bourguignons !!

Le Duc de Charolais, comme l'on nommait alors le présomptueux Duc de Bourgogne, avait le monde et le matériel nécessaire pour mener à bien ce siège, et la cité sans secours ne pouvait tenir longtemps.







Mais les courriers envoyés avaient fait diligence, les premiers renforts arrivent vers les 9 heures du soir et entrent par la porte de Paris !! Pas n'importe qui !, Jean V de Bueil (le fléau des Anglais), il est accompagné de La Roche Tesson et de Fontenailles, ils amènent deux cent lances !

Ils se posteront sur la porte de Bresle ou l'ennemi portait tout ses efforts, le lendemain et le jour suivant d'autres renforts arrivent pour défendre une ville dont les habitants s'étaient si noblement distingués. Ce siège allait durer du 27 juin au 22 juillet 1472




PS: plusieurs articles me seront nécessaires, pour vous conter ce siège et l'histoire de Jeanne Hachette, petite précision, les chroniqueurs ne sont pas tous d'accord quand à la présence de Jean V de Bueil à Beauvais, sa compagnie y était c'est certain, mais ce serait Merry de Couhé qui la commandait, au moment des faits Jean de Bueil avait 66 ans ?? M de V

mercredi 16 mai 2018

La Grande Dame, Aliénor d'Aquitaine

Il est une chose remarquable, quand on compulse plusieurs ouvrages sur le personnage, c'est qu'Aliénor ne laissera personne indifférent, elle fut la plus connue, la plus aimée, ou la plus détestée des reines du moyen âge !!!

Pour cette reine de France puis d'Angleterre, écrivains et chroniqueurs distribuent lauriers, ou distillent savamment leurs venins !! La portant aux nues, ou la traînant dans la fange.

Tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est belle, hors donc on va louer sa beauté, sa piété, son mécénat, comme son goût pour les arts et les lettres en général, puis on va trouver ceux qui la cloue au pilori avec l'étiquette de nymphomane et de femme incestueuse !! Des médiévistes du XIX et du XX siècle, considérés comme sérieux (gros doute ??), la qualifie de vraie garce avide de pouvoir et de sexe, ou de véritable louve avide de pouvoir, et pour certains, l'une des femmes les plus méchante et déconsidérées dont l'histoire nous ait laissé le souvenir

Les citations du genre sont légion et comme dit Martin Aurell, je cite: les citations désobligeantes viennent du fait que les hommes détestent les femmes de pouvoir, ces insultes tardives prouvent qu'Aliénor a fait preuve d'autorité dans les conflits de son temps !!!









En 1137, son père Guillaume X meurt, elle n'a que 13 ans, elle devient "l'héritière", morceau de choix, digne de toute les convoitises !! Le  Duché d'Aquitaine est un vaste territoire, comprenant le Poitou, la Gascogne, le Limousin, le bas Berry et l'Auvergne.

La France à ce moment est dirigée par l'Abbé Suger, car le roi Louis VI est moribond, il va faire jouer la tutelle féodale afin de marier l'orpheline à ce benêt de Louis VII dès qu'il sera couronné. Il faut dire qu'à cette époque la France n'avait que peu de domaines et beaucoup de vassaux étaient plus puissants que le roi de France, qu'elle aubaine que cette Aliénor !!!

Ils seront mariés à Bordeaux et ce grand dépendeur d'andouilles de Louis VII devient Duc d'Aquitaine, ce qui permet au royaume de France de tripler ses territoires !! Ce roi dévot, naïf, maladroit et mou dans ses décisions, s'accorde fort mal au caractère fort de la petite Duchesse d'Aquitaine devenue reine de France.

Il va tout brouillonner en Aquitaine à tel point que la Reine va demander à Suger de raisonner le roi, ce qui aura pour effet d'écarter l'Abbé du conseil royal purement et simplement.









En 1147 départ du roi et d'Aliénor pour la deuxième croisade, Louis VII est amoureux de sa reine, mais elle aura le tord d'appuyer son Oncle Raymond Prince d'Antioche, partisan de la prise d'Alep, alors que le roi désire mettre le siège devant Damas, ce conflit entre époux traduit la volonté d'Aliénor de peser sur les décisions militaires !!

Qu'est ce la !! une femme mettre son nez dans le domaine réservé aux hommes !! On récuse son intervention, on va la salir à souhait, en lui attribuant une liaison coupable avec son oncle. Au retour en France on l'accuse une nouvelle fois d'adultère avec Geoffroi le Bel, Comte d'Anjou, le père de celui qui devait à quelques temps de la devenir son époux, Henri Plantagenêt !

Ces ragots sans fondement ont pour but de se venger d'une femme qui, intelligente, brillante, empiète sur la politique de l'état, et cette cour de France a les dents longues. Pensez donc ! elle vient d'Aquitaine ou les moeurs sont relâchées!, puis elle est la petite fille de Guillaume IX, bigame notoire et premier troubadour connu, la cause est entendue c'est une fille folieuse !!!!

Notre benêt de roi prête une oreille attentive à ces ragots et comme Aliénor ne lui a donné que deux filles, il met en avant une succession du royaume en péril et obtient sa répudiation au concile de Beaugency en l'an 1152







Aliénor convole aussitôt en juste noces avec Henri Plantagenêt, Comte d'Anjou, qui devient par le fait, Duc d'Aquitaine, puis sera couronné Roi d'Angleterre en 1154, voila comment la France se fait doubler par son roi benêt !!!


Elle dément très vite sa soit disant stérilité en mettant au monde six garçons et deux filles pour Albion, et voila le roi de France couillon, se trouvant gros jean comme devant !!!!; Bien sur ces grossesses à répétition limitent son rôle dans le gouvernement d'Henri II, mais après la naissance de son dernier, Jean sans Terre, elle monte aux créneaux et change la donne !!!

Elle exige de gouverner ses terres avec son fils préféré, Richard coeur de Lion, le Duché d'Aquitaine est à elle, et elle a la ferme intention de l'administrer au détriment de l'autorité de Henri II Plantagenêt roi d'Angleterre !!

Le problème c'est que les deux frères de Richard vont faire de même, Henri le jeune et Geoffroi de Bretagne, réclament eux aussi pouvoirs, richesses et pécunes !!.

Il s'ensuit une rébellion commune des fils contre le père, attisé il faut bien l'avouer par Aliénor, cette petite guerre familiale va échouer et la reine se retrouvera captive jusqu'à la mort d'Henri II en 1189, la voila libre avec Richard I coeur de lion devenu Roi d'Angleterre.








Elle jouit désormais d'un pouvoir sans précédent, en l'absence de Richard parti en croisade, elle s'oppose à son fils jean sans terre qui fricote avec Philippe Auguste, roi de France, l'ennemi invétéré, qui soit dit en passant est d'une autre stature que son premier époux Louis VII

Elle va lever la rançon pour libérer Richard, prisonnier en Allemagne au retour de la troisième croisade, par le Duc d'Autriche Léopold, qui le vendra à l'Empereur Henri VI le cruel, ce dernier demandant une rançon astronomique.







PS: A la mort de Richard, sa mère se battra pour que son frère jean sans Terre accède au trône d'Albion et cela au détriment de son petit fils Arthur de Bretagne (fils de Geoffroi), cette grande dame s'éteint en 1204 à l'âge fort avancé pour l'époque de 80 ans elle est inhumée à l'Abbaye de Fontevraud auprès de son fils préféré Richard Coeur de Lion M de V


lundi 14 mai 2018

Boccace, l'influence de Dante, l'amitié de Pétrarque

Au même titre que Dante, qu'il ne connut point, puisque un demi siècle les séparent, ils sont tous les deux pour moi, les plus célèbres auteurs de la littérature Italienne, l'un par sa Divine Comédie et l'autre par son Decaméron !!

Ils sont également tous deux Florentins, mais on pourrait croire que ce soit le seul point qu'ils aient en commun. Si l'on considère les deux oeuvres citées plus haut et qui firent leur renommée mondiale, tout semble les opposer !!!

L'un entraîne ses lecteurs dans les hautes sphères de la pensée philosophique et théologique, tandis que l'autre nous présente un éventail de personnages fort occupés à jouir des plaisirs de la vie, se souciant peu de questions morales ou transcendantales ??

En vérité, Boccace, n'a pas la culture universelle de son illustre prédécesseur, mais il est dans sa jeunesse tout aussi épris de littérature poétique et romanesque que Dante.

Boccace écrit je cite: Mon père chercha par tous les moyens, depuis ma prime enfance à faire de moi un négociant, il me donna comme élève à un très grand Marchand, auprès duquel je ne fis que perdre mon temps pendant 6 ans.









Puis comme il apparaissait probant que j'étais plus doué pour les études littéraires, mon père ordonna que je passe du commerce à l'étude du Droit Canon ! Alors sous la férule d'un Maître réputé, j'allais passer six autres années à travailler en pure perte !!!

Mon esprit répugnait si fort à ces choses que l'on ne put me plier à embrasser l'une ou l'autre de ces professions, j'aspirais à l'art poétique. Alors que je n'avais pas sept ans, connaissant tout juste mes lettres, n'ayant lu aucun poème, ni entendu aucun maître, j'avais déjà en moi le désir d'écrire.

Boccace est né en 1313, il est le fils naturel d'un négociant Florentin, qui va l'envoyer à Naples afin qu'il s'initie aux pratiques du grand commerce, dans une filiale de la maison Bardi, son père peu de temps après prendra la direction de cette filiale. Il sera introduit dans la meilleure société de la ville et parmi la noblesse de la Maison d'Anjou.

Le jeune Boccace passe le plus clair de ses années napolitaines en compagnie de jeunes nobles, s'adonnant avec eux à tous les plaisirs de la vie !!! Mais ce sont aussi de grands amateurs de littérature et la bibliothèque de la maison d'Anjou est fort bien pourvue.







Notre jeune homme semble jusqu'en 1340 parcouru par cette frénésie de savoir et de culture, c'est la que l'on lui vantera et lui fera lire les textes d'un jeune homme, écrivain éminent !! Qui semblait destiné à dominer de sa stature la culture de son temps, le divin Pétrarque.

En 1341 il est obligé de rentrer à Florence, on suppose, à cause  des mauvaises affaires de son père ?? il va continuer d'écrire et produire pendant plusieurs années  des oeuvres qui dans le fond et la forme sont assez proches de son abondante production napolitaine, tous ses écrits précédant son Décaméron restent fidèles aux règles de la littérature courtoise et chevaleresque.








Le Décameron, composé entre 1349 et 1353 est l'oeuvre d'un homme qui ne renie rien de ses amours d'antan, mais leurs préfère désormais, les valeurs d'une humanité nouvelle est bourgeoise, haute en couleurs, dont les cent nouvelles de cette oeuvre explorent les multiples facettes.

Son livre rencontre aussitôt un immense succès et fut traduit dans la plupart des langues du monde occidental, car au travers des centaines d'épisodes et de personnages, se cache un message de liberté, qui vaut pour les femmes autant que pour l'homme, chose incroyable, inouïe pour l'époque !!

Boccace et Pétrarque vont se rencontrer une première fois en 1350, lors d'un pèlerinage que vint faire ce dernier à Rome. Puis Boccace passera plusieurs semaines en 1351, à Padoue, dans la maison de son divin maître (il se considérera toujours comme l'élève de Pétrarque)








Ils passaient leurs journées à écrire et le soir au jardin discutant à l'envie ils attendaient sereins que passe ce qui restait de jour

Ces conversations au jardin se poursuivirent les années suivantes, puis ce sera au travers d'une abondante correspondance, ou à la faveur d'échanges continuels de livres et de renseignements concernant la littérature, que se poursuivra et s'entretiendra leur amitié

On sait qu'il y eut de nouvelles rencontres entre les deux hommes, une à Milan en 1359 et une à Venise ou résidait Pétrarque à ce moment en 1363, il y mourra en 1374 en plein travail d'écriture!

Boccace son ami, son élève et l'un de ses premiers disciple écrira " une vie de Pétrarque "



PS: Bien sur votre copiste rêve, mais il aurait tant aimé se trouver dans ce jardin de la maison de Padoue, afin de goûter lui aussi à ces moments de calme et de sérénité M de V

samedi 12 mai 2018

N°165) Mathilde de Canossa 1045/1046-1115

Hors d'Italie, Mathilde de Canossa se distingue par le rôle qu'elle va jouer lors de la fameuse querelle des investitures, guerre larvée qui oppose au cours des XI et XII siècles, les papes de Rome aux Empereurs Germaniques, le conflit portait sur la nominations des évêques !!! problème épineux qui resurgira plusieurs fois à différentes périodes du moyen âge.

Mathilde sera la plus puissante alliée de la Papauté, pendant la période la plus dramatique de ce conflit ( et puissante dieu sait qu'elle l'était !!!!)

Lorsque l'Empereur germanique, Henri IV, fut excommunié par le Pape Grégoire VII, il dut d'un coeur fort mal content se résigner, faire pénitence, puis demander son pardon au souverain Pontife !, mais pour ce faire il fallait qu'ils se rencontrent.

La scène est célèbre, voir savoureuse!, le Pape et l'Empereur doivent se retrouver dans le château de Mathilde à Canossa, Henri IV va vivre un sale moment, car il est contraint de rester trois jours entiers, pieds nus, dans le froid à lanterner au pied de la Forteresse de Mathilde!!

Je précise que nous sommes au mois de Janvier de l'an de grâce 1077, ça caille féroce dans les contreforts de l'Apennin au sud de Reggio Emilia !!!. Il me semble que pour un empereur cet acte d'humilité fut dur à digérer ???








Mathilde est alors une jeune femme d'une trentaine d'années, orpheline de père dès l'âge de six ou sept ans, mariée en 1069, avec excusez du peu !! le fils du second mari de sa mère, le fort peu ragoûtant Godefroid le bossu, Duc de haute Lotharingie !!!!

A la mort de sa mère elle devient l'unique héritière d'un territoire qui s'étend des plaines du Pô à la Toscane, faisant d'elle le plus puissant Seigneur d'Italie, à l'intérieur de son vaste apanage, elle possède en propre d'immenses propriétés foncières et détient des dizaines de châteaux, elle dispose de ressources qui dépassent sans doute celles du Pape et de l'Empereur.

Mathilde a hérité de son père des titres qui lui assurent un immense prestige, s'accompagnant de lourdes responsabilités notamment dans le domaine de la justice !!

Jugez plutôt: elle est Comtesse de plusieurs villes, Modène, Reggio, Mantoue, Briesca et Ferrare. De plus elle est Marquise de Toscane, titre sous lequel elle est le plus connue encore aujourd'hui

Elle a une si haute idée des charges et des pouvoirs dont elle dispose, qu'elle revendique pour elle même un rôle équivalent à celui de l'Empereur, s'appropriant les signes et symboles du pouvoir, encouragée par les intellectuels de son entourage !!








Mathilde est une femme hors du commun, possédant un forte personnalité, portée aux nues par ses admirateurs et bien sur accusée des pires méfaits par ses détracteurs !!

Mariée à un homme pour lequel elle n'éprouve qu'une forte répugnance, faut dire qu'il est nécessaire de faire preuve d'abnégation pour être marié avec pareil face de carême !!! (désolé je déborde!! )

Elle sera soupçonnée par certains d'avoir commandité l'assassinat de son mari ?? alors que d'autres attribuent à son seul mari la responsabilité de leur mésentente, il faut dire qu'il passait son temps à lécher les bottes de l'empereur germanique, plutôt que de se rallier à la politique de sa femme, bref un boulet !!, passant son temps à brouillonner et comploter contre son épouse, tournant comme girouette à tous vent!!









Il faut admettre que Mathilde avait en tant que vassal de l'Empereur beaucoup plus à perdre qu'à gagner en se rangeant dans le camp de ceux qui au côté de la papauté aspiraient à une véritable réforme de l'église!!!!

Reste que cette femme est pieuse et très attachée aux idéaux religieux dévouée à la papauté, mais pas au point d'en oublier le gouvernement de ses territoires ainsi que la défense de ses intérêts !!!

Elle n'a pour ainsi dire jamais cessé de voyager sur ces terres, passant plus de temps à cheval que dans son palais de Mantoue ou dans l'un de ses châteaux son style de gouvernement impliquait le contact direct avec ses vassaux et ses sujets, parcourant inlassablement ses vastes territoires, sans compter de nombreux séjours en Lorraine et à Rome

Il semble que l'exercice de la justice fut l'une de ses activités favorites, sil'on juge par le nombre d'actes judiciaires signés de sa main, il en est de même pour la guerre, elle ne se bat pas aux côtés de ses chevaliers, mais ses troupes livrent batailles sous ses ordres, même si le dieu de la guerre ne lui fut pas toujours favorable!!

Bref comme l'appelaient ses contemporains " la grande Comtesse " savait mener sa barque et se faire respecter et n'eut je pense jamais besoin de son bouffon de mari !!!!!








Chose rarissime pour l'époque, Mathilde sait lire et écrire, elle parle la langue germanique et franque, elle aime s'entourer de Clercs et d'érudits qui li dédiront plusieurs de leurs oeuvres!

Si ce n'est pas suffisant pour faire d'elle une véritable intellectuelle selon les critères de l'époque, néanmoins, son ouverture d'esprit, sa force de caractère et son inlassable combativité, conduit certains adeptes des genres historiques à faire de Mathilde un des précurseur du mouvement féministe!!

Ajoutons le fait qu'elle attendra plus de vingt ans avant de se remarier et qu'elle le fait uniquement dans le souci de sa descendance !! mais malheureusement même plus jeune de presque trente ans le mari sera incapable de lui donner un enfant, ou alors Mathilde était déjà trop âgée pour procréer ??? Toujours est il qu'elle s'éteint en 1115 sans descendance!!

PS:Bref une grande Dame au XII siècle, grand Seigneur haut et bas justicier qui sut imposer son autorité et sa politique de gestion de ses domaines à égalités avec ses voisins M de F

vendredi 11 mai 2018

Salah al Dîn 1137-1198

Salah al Dîn (Saladin), personnage unique et pratiquement incontournable du monde Médiéval, il joue un rôle énorme du côté musulman dans l'affrontement avec les chrétiens, jusqu'à devenir un idole de son vivant et une icône après sa mort (si on peut se permettre cette expression!!)

Selon Jacques le Goff, dont je reprend le texte pour cet article, il est le prototype du chevalier arabe, grand guerrier et fin politique, vénéré aussi bien par les musulmans (sauf les chiites), que par les chrétiens ! Saladin est Kurde, né à Takrit, au nord de l'Irak, dont son père est gouverneur pour le compte des Turcs Seldjoukides, le monde musulman est alors partagé entre deux Califats, celui des Abbassides Sumnites de Bagdad et celui des Fatimides Chiites du Caire !







Toutes les populations musulmanes de races et de langues différentes sont pour le moins fortement et linguistiquement arabisées, ce qui est du au fait que tout les textes religieux sont écrits en arabe.

Peu après sa naissance, son père Ayyûb et son oncle Shîrkûk, entrent au service du Turc Zengi, l'homme régnait en maître sur Mossoul et Alep, les conflits et les rivalités sont monnaie courante entre Califes Abbassides et Sultans Seldjoukides!

De plus l'Egypte chiite des Fatimides est secouée par de graves conflits internes !!, mais de toute façon l'ensemble du monde musulman est enflammé par la fâcheuse présence des chrétiens en Palestine et plus spécialement  (nous dirons pudiquement), par l'occupation de Jérusalem la ville sainte !!

Voila bien le problème !, car elle est sainte aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans ou les juifs dans cet instable royaume de Jérusalem divisé en plusieurs petits états, pour faire simple nous dirons que la couverture est grande, mais tout le monde en veut un bout !!!!!






Saladin passe son enfance entre son père et son oncle qui vont l'introduire à la cour, au sein même de la mouvance Turc du Sultan Nûr al Dîn, le fils de Zengi à Alep. Il y reçoit une solide éducation militaire et sportive, avec la pratique du Polo et de la chasse, puis une éducation littéraire et religieuse soignée, sans doute écrit il l'arabe dès son plus jeune âge.

La véritable carrière de Saladin commence en 1164 par des expéditions avec son oncle en Egypte. En 1169 il est nommé par le Calife Fatimide, Vizir au Caire, qui peut se traduire par chef du gouvernement du Califat!






Dans l'année 1174, à la mort de Nûr al Dîn, il devient Sultan du Caire, inaugurant par la même la dynastie des Ayyoubides, qui met fin à 200 ans de règne des Califes Fatimides chiites !!

Il va étendre son pouvoir par des opérations de guerres qui lui apportent un vaste territoire, de la Cyrénaïque à la haute Mésopotamie et du Yémen à la Syrie du nord !







Il remporte de nombreuse victoires sur les croisés chrétiens de Palestine, son plus grand titre de gloire reste sans aucun doute la prise de Jérusalem en 1187, néanmoins il ne parvient pas à les chasser de toute la Palestine.

Saladin  demeure pour les musulmans (excepté les chiites), le modèle du chevalier et du guerrier religieux, mais il n'était pas que cela, c'était aussi un prince juste et sage.

Car il faut noter que si il est normal que Salah al Dîn, incarne aux yeux des musulmans et ce depuis des siècles, l'image du libérateur, il est pour le moins étonnant et remarquable que son prestige ait impressionné les chrétiens tout au long de sa vie et même jusqu'à aujourd'hui !!

Cet aspect mythique du personnage s'est prolongé à travers les siècles quoiqu'on en dise ! J'en veux pour preuve que Dante le place dans les limbes aux côtés d'Avicenne, Socrate et Platon (excusez du peu!!).

Boccace le cite dans son Décameron et Lessing dans sa pièce "Nathan le sage ", ou il apparaît comme un prince tolérant. Voltaire enfonce le clou en affirmant que peu de prince ont eu sa tolérance et sa magnificence !!!!

Il me semble normal de saluer les qualités d'un Prince, chevalier et guerrier se trouvant de l'autre côté de la mer, bref y a pas qu'en Europe que l'on trouve des gens bien !





PS: je ne fais ici que reprendre les écrits de Jacques le Goff, en y adjoignant mes sentiments, je ne m'approprie pas son texte, mais je fais mienne les convictions de ce médiéviste en ce qui concerne le personnage historique M de V