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dimanche 17 septembre 2017

Jean le Bel et Jéhan Froissart ou le XIV siècle

Tout historien médiéviste parle de Jéhan  Froissart comme de l'incontournable Chroniqueur du XIV siècle, mais l'on occulte totalement ou presque Jean le Bel, ses écrits et son histoire personnelle sont pourtant dignes d'intérêts.

Car Froissart dans sa chronique reprend les écrits de Jean le Bel, il cite dans les écrits de son livre premier, des faits auxquels il ne pouvait avoir assisté, ni même recueillir les propos d'un des acteurs de ces faits

Froissart serait né en 1333 et au pire en 1337, donc si nous prenons comme exemple la fameuse bataille de l'écluse il aurait eut au pire 3 ans et au mieux 7 ans au moment des faits !! ce qui vous me l'accorderez est inconcevable.





Jean le Bel est né à Liège vers 1290, dans une famille appartenant au patriciat urbain. Son père, Gilles fut le premier à porter ce surnom de le Bel, il était Echevin de cette ville de 1307 à 1316.

De ses deux frères l'un était Chevalier et échevin, l'autre Chanoine de la Collégiale de Saint jean Baptiste, jean le Bel est donc issu d'une famille aisée du Hainaut.

Il fut attaché jeune à la maison de Jean de Beaumont, fils cadet du Comte de Hainaut. C'est avec celui ci qu'il prend part à l'expédition en Angleterre de 1327, entreprise par Isabelle de France, Reine d'Angleterre et de son fils afin de chasser les Despencer du pouvoir, aboutissant à l'emprisonnement d'Edouard II, et se terminant par son assassinat d'une fort bien vilaine façon.




C'est près de Jean de Beaumont que le Bel apprend le métier des armes, il fréquente avec assiduité fêtes et tournois, il était néanmoins depuis 1312 pourvu d'un canonicat à la Cathédrale de Saint Lambert et Prévôt de l'église Saint Jean Baptiste.

Nul ne sait s'il reçu les ordres mineurs ?, et il ne fut jamais nommé écuyer ou chevalier, mais seulement de Chanoine, ce qui ne l'empêche pas de vivre comme un Laïc, recevant chez lui avec faste. Il semble qu'il participa à la campagne d'Ecosse de 1327 et d'y avoir combattu aux côtés des Anglais.





D'une liaison tardive Jean le Bel eut deux fils jumeaux, qu'il va reconnaître et auxquels il léguera une part importante de sa fortune qui n'était pas mince.

Jean le Bel meurt le 15 février 1370, il sera inhumé dans la Cathédrale de Liège, son épitaphe le disait  " Fidus in Armis ", la traduction qui me semble la plus vraisemblable serait frère d'armes !

Quand à Froissart la question se pose : se sont ils jamais rencontrés ?? nul ne le sait, mais toujours est il qu'il la du moins pillé, et s'il avoue ses " emprunts " dans les deux premières rédactions de ses chroniques, un fait reste certain, dans sa dernière version celle du Vatican, le nom de Jean le Bel a disparu !!!

Il faut dire que Froissart au grès de ses différents protecteurs va tout de même écrire sept versions (connues!!) de ses chroniques, ce que ne fera pas Jean le Bel

De Froissart on ne connait ni le lieu ni la date de sa mort, vers 1404 ?  peu t'on y voir un signe ( voir article Froissart)







Nota : La chronique de Jean le Bel fait apparaître deux méthodes de composition, la première avant l'an 1356 et l'autre après 1356, date de la mort de son protecteur Jean de Beaumont. Ceux rédigés entre 1352 et 1356 sont l'œuvre d'un le Bel Historien, alors que ceux rédigés entre 1358 et 1361 relèvent plus du le Bel Chroniqueur écrivant au fur et à mesure des événements



PS: documentation de la BNF......M de V

jeudi 14 septembre 2017

N°95) Gervais du Bus et le Roman de Fauvel XIV siècle


Gervais du Bus auteur du Roman de Fauvel, il est composé de deux livres, le premier fut achevé vers 1310 et le second dans le courant de l'année 1314.

Il faut noter que seul le second livre est signé, mais sous forme d'énigme qui cache le nom de Gervais du Bus, l'auteur gravitait dans la sphère du pouvoir, c'était donc un personnage relativement connu.

Il était en l'an 1312 le Chapelain d'Enguerrand de Marigny, ce ministre tout puissant de Philippe IV le bel, souvent nommé le roi de fer ! Notre auteur devient notaire royal en 1313 et va demeurer à la chancellerie jusqu'en 1338.

Néanmoins si seul le second livre est signé il est loisible de croire que le premier livre soit de lui aussi, étant l'antithèse de l'autre laissant l'idée d'un projet d'ensemble.

On peut raisonnablement penser que si sa signature est dissimulée dans une énigme il désirait que l'on ne sache point qui était l'auteur du roman de Fauvel décliné en vers, la raison peut se trouver dans la façon dont on approche l'œuvre de Gervais du Bus et les commentaires sur le sujet sont divergents, mais il suffit de rappeler qu'il travaillait au sein même de l'appareil politique de la France et au plus proche des dirigeants de ce royaume;







Le premier livre se compose de 1226 vers décrivant l'apothéose du Fauvel, ce nom peut être doublement interprété.

Soit on le voit comme un composé de " Faus et de Vel " correspondant à la Fausseté Voilée

Soit on le prend comme l'acronyme de Flatterie, Avarice, Vilainie, Variété (inconstance) , Envie et Lacheté, le U et le V s'écrivant de la même façon à cette époque.

L'hypocrisie et les vices cachés du fauvel ménent à un monde Bestourné (sans dessus dessous et sans devant derrière) ou les homme sont devenus des bêtes.

Ou le pouvoir temporel se trouve au dessus du pouvoir spirituel, ou l'on trouve le pape cédant au Roi, on peut trouver la une référence à la lutte qui opposa le Pape Boniface VIII et le roi Philippe IV le Bel qui avait une vision hégémonique du pouvoir. Ou les chanoines et les ordres religieux sont riches et corrompus.







Le poête conclut donc que la fin du monde est proche et que le règne de l'antéchrist à commencé.

Le second livre se compose lui de 2054 vers, nous montre que fortune reste au dessus de Fauvel, en effet dans ce volume, après une longue description de son règne, Fauvel décide d'épouser fortune, afin de la fixer près de lui.

Mais fortune va démasquer notre Fauvel et lui offre en échange la main de vaine gloire, de ce mariage il va naître de nombreux " Fauvaux "

Nos fauvaux vont se répandre partout !!! Mais en premier lieu dans le beau jardin de France qu'ils vont entièrement gâter !!

On peut aussi avoir une approche plus politique de la lecture de l'oeuvre de Gervais du Bus, ou cet homme vivant parmi les dirigeant de l'appareil politique de la France, fustigent les moeurs dissolues et la puissance de ces conseillers de Philippe IV le Bel. on trouve ce côté plus marqué dans le remaniement de cette oeuvre faite par Chaillou de Pesstin en 1316





PS: rien ne change on se moque de nos dirigeants, mais comme ils n'en ont rien à faire, autant faire comme Don Quichotte ...s'attaquer à des moulins !!! M de V






mercredi 13 septembre 2017

Les traîtres en Guyenne au XIV siècle

Bordeaux au XIV siècle

Dans cette fin de moyen âge le contexte politique favorise la trahison et une région comme l'Aquitaine changeant fréquemment de maître sera un territoire privilégié.

Possession Anglaise depuis Aliénor d'Aquitaine, les rois de France vont confisquer à diverses reprises la Guyenne, agissant en tant que Suzerain, envers un Vassal infidèle !!

Dans les places fortes dont ils s'emparent les Français remplacent par des hommes surs les agents de l'administration Anglaise.


De 1293 à 1337 les populations de cette région sud ouest de notre pays changeront par quatre fois de maître. La complexité de cette situation politique en aquitaine se devine au travers de l'inconstance des " Traîtres " selon le camp dans lequel ils se trouvaient.



Armes d'Edouard III
Mais les actes de ces derniers ne peuvent s'expliquer uniquement par leurs soucis d'un intérêt personnel !!

Prenons en exemple Bernard d'Albret; qui va subir maintes pressions de la part des Rois de France et d'Angleterre, en 1327 Edouard III lui demande de faire partie de son conseil, lui  accordant même des rentes, Bernard accuse une fin de non recevoir et reste fidèle au Roi de France.

Mais en 1338 la situation évolue, il délaisse le soit disant roi de France, Philippe VI premier des Valois, que les Anglais nomment " le roi trouvé "

Plaçons nous au moment de l'arrivée sur le trône de France du Roi Philippe VI de Valois, il reste évident que si les Anglais contestaient avec raison, la légitimité de ce roi trouvé, il en allait de même pour bon nombre de Français !!! Dans la lignée royale il n'était qu'un cousin, bon germain le cousin je vous l'accorde mais seulement un cousin !!!!



Extrait de la Loi Salique
Si nous prenons comme référence Philippe IV le Bel nommé souvent le roi de fer, le premier de Valois n'était que son neveu!! Philippe VI accède au trône sur le principe que les trois fils du roi de fer sont mort sans enfants!!! et que celui ci est son oncle

Edouard III lui est le fils d'Isabelle de France la fille du roi de fer, en filiation directe Philippe le Bel était son grand père.

Il y avait filiation directe mais par les femmes !!! Mais beaucoup de gens d'un côté comme de l'autre de la Manche pouvait contester ce choix désastreux à plus  d'un titre qu'était ce roi trouvé de Philippe VI de Valois.

L'utilisation de cette fameuse loi  Salique allait au rebours de bien des estomacs !! car elle écartait du trône non seulement les femmes mais par la même leurs fils

Cette loi salique des Francs Saliens traitait de beaucoup de sujet sur les possessions des gens ou le paiement de dommages en cas de crimes, mais aucune trace écrite ne parle de l'accession au Trône, aucun texte, aucune loi, pas le moindre parchemin ne fait état de l'interdiction faites aux femmes d'accéder au pouvoir, l'interprétation de la loi salique à une période ou les juristes sont en pleine expansion au travers du droit Romain est tout simplement inique !!!




Philippe VI le roi trouvé
Or donc Bernard d'Albret est sollicité par Philippe VI, et celui ci lui demande de rejoindre son armée, qu'en est il réellement, Bernard agit il par intérêts personnels pour une rente, pour la protection de ses domaines, ou pour une conviction plus profonde.

Ne peut on avancer l'hypothèse qu'il ne reconnait pas ce roi comme le sien et que pour lui le vrai roi de France est Edouard III d'Angleterre ???

Bernard passe donc du côté Anglais et part avec une compagnie franche d'Archers et pénètre dans le Marsan (région des landes) pour y porter la guerre.

Mais en représaille Gaston III Phébus, au service du roi de France ravage les terres de Bernard !! ce dont le roi Edouard III le dédommagera.

Nota: Gaston III Phébus, au service du roi de France, voila une théorie qui reste contestable ??, par le fait que ce grand féodal ne fut jamais au service de qui que ce soit !! hormis de ses propres intérêts ( voir article Gaston III de Foix Béarn dit Phébus) il agissait toujours par intérêt et pour le bien de ses états et ne reconnaissait pas plus le roi de France que celui d'Angleterre, le Prince Noir en fera les frais plus tard.

Ceci étant Bernard d'Albret de la maison des Comtes d'Albret catalogué par certains de " Traître" , en l'an 1340 se rendra au lieutenant du Roi de France pour la Guyenne et il en sera récompensé grassement par le roi trouvé. Bien sur il valait mieux avoir un rang élevé pour jouer les traîtres à cette époque pour avoir la possibilité d'être récompensé des deux côtés, au lieu de finir comme certains entre les mains du bourreau.



Eleanor d'Aquitaine

mardi 5 septembre 2017

Courriers de Charles II dit le mauvais à Edouard III d'Angleterre

                             Lettres du Roi de Navarre
                                              à
                             Edouard III d'Angleterre


le 10 Janvier 1354

Très cher et aimé cousin, pour ce que Charles d'Espagne, naguère connétable de France, a dit et parlé en moult lieux, plusieurs vilénies et déshonnourables paroles, contre ma personne et mes plus proches amis en mentant mauvaisement.

Mais aussi pour avoir malicieusement et secrètement pourchassé, entrepris et causé grands dommages ennuis et empêchements contre moi et mes dits amis.

Aussi pour moult d'autres bonnes raisons et loyales causes, qui bien trop longues seroient à vous écrire, savoir vous fait que j'ai fait mourir le dit Connétable à l'Aigle en Normandie.

                                                        Escrit à Evreux le Xeme jour de Janvier

                                                                      Très cher cousin veuillez sur ce croire le porteur de ce                                                   courrier de ce qu'il vous en dira.




PS: Il sécurise ses arrières Charles II sait très bien que Jean II dit le bon, ne peut lui pardonner cette petite guerre privée.

Il demande assistance et protection à son cousin d'Angleterre, avant même qu'il n'ai à s'expliquer devant le roi et ses pairs !!!

Il va écrire une seconde lettre à Edouard III après avoir été entendu par Jean II pour le meurtre de son favori 8 jours plus tard.







le 18 Janvier 1354

Très cher et très aimé cousin, je vous escrivit naguère, comment et pour qu'elles causes j'ai fait mourir Charles d'Espagne jadis Connétable de France.

Je vous requiert par mes lettres, sur amour et lignage tout le bien que vous me pouvez vouloir !et assistance contre ses parents et amis d'aucunes choses qu'ils voudroient entreprendre contre moi pour le dit fait.

Je pense à soutenir et garder mon estat à l'aide de Dieu, de vous et de mes autres bons amis et que vous vouliez bien m'aider, conforter et secourir de toutes vos forces si tost que je vous le ferroie savoir !!

Si vous voulez savoir très cher cousin, depuis mon dernier message et le messager chargé de vous dire de bouche venant de moi, le roi de France m'a envoyé messager pour savoir si je voudroie avouer le fait !! je l'ai avoué plainement ! disant que je...en ma personne y ai été et que je l'ai ordonné et que c'est vérité.



Jean II dit le bon
Si je sais que pour cela, le roi me veut trop de mal et qu'il entend porter sur moi dommage ! j'en serait avisé par d'aucuns de mes amis.

Je sais fort bien qu'il veut par quelconques voies de traité amiable ou autre me courroucer du corps et des biens.

Il a dit vouloir me déshériter de tout, moi et les miens et je pense bien m'en garder avec l'aide de Dieu, de vous principalement et de mes autres bons amis car sachez que j'ai bon droit !!!!

Aussi ai je de beaux et bon châteaux en Normandie et ailleurs, fort bien garnis et appareillés et certes !!! s'il commence je lui porterai tels dommages qu'il ne les oubliera jamais !!







charles II roi de navarre (Mantes)

C'est pour quoi cher cousin je vous requiert cette fois de par amour et lignage, si tant est que vous vouliez le bien et l'honneur de ma personne et de mon estat que vous voulliez m'aider, conforter et secourir.

Dès maintenant veuillez vous ordonné et appareiller pour ce faire la guerre selon les nouvelles que vous auriez ou aussitôt que je vous le ferait savoir.

Veuillez demander dès maintenant à vos capitaines de Bretaigne que tantôt j'enverrai quelqu'un devers eux et qu'ils soient prêt  à entrer en Normandie, je leurs baillerait aide si bonne et si sure autant qu'ils voudront.

De ces choses très cher cousin veuillez ne faillir, car en cet endroit est venu le temps d'avoir l'aide de mes bons amis et de les cognoitres !!

Dieu sait que je n'épargnerait point ni corps, ni biens en un tel cas, veuillez me réécrire vostre bonne volonté.

Escrit le XVIII jour de janvier

Très cher cousin sachez que tous les nobles de Normandie sont passés avec moi à la vie et à la mort, aussi en deveroit mieux valoir pour mon fait et pour le votre aussi .


PS: ces courriers sont tirés des chroniques de Froissart, personnage très introduit à la cour d'Angleterre, il ne faut pas oublié qu'il fut le secrétaire particulier de Philippa de Hainaut l'épouse du roi Edouard III d'Angleterre

Nota j'affirme que Jean II dit le bon fut bien l'insipide souverain qu'il était !!! retord et dur à ôter d'une opinion, pingre avec les autres hormis ses favoris qui savaient tant le flatter pour cacher son incompétence Charles La Cerda cet incapable Connétable et son binôme cette grosse baudruche de Maréchal d'Audrehem incapable à la bataille mais grand massacreurs de pauvres gens !!! Ces propos n'engagent que M de V




sans objet avec le texte...juste pour la beauté !!!!

lundi 4 septembre 2017

Monnaies, poids et mesures de référence au Moyen âge

Livre Tournoise


La livre était l'unité de mesure de la monnaie équivalent, à une livre d'argent, soit 500 grammes actuels de poids de ce métal.

La livre se divisait en 20 sols (ou sous )

chaque sol ou sous valait douze Deniers

Le Liard valait trois Deniers

L'Obole valait un demi denier

La livre Tournoise comme son nom l'indique est frappée à Tours et valait 20 sols

La Livre Parisis, frappée à Paris valait 25 sols

Elles furent remplacées par le franc or, monnaie que l'on fera frapper pour payer la rançon de Jean II dit le bon prisonnier en Angleterre, après la désastreuse défaite de Poitiers.




La rançon était énorme pour l'époque, 3 millions de livres en or !!! le roi d'Angleterre n'y va pas avec le dos de la cuillère.

Les finances de la France sont au plus bas, mais c'est également la première apparition du Franc or

C'était bien cher payer la libération de cet insipide souverain, totalement pénétré comme son père de romans de chevalerie, qui ne possédait aucune des qualités nécessaires à un roi, ce que bien au contraire son fils le Dauphin possédait à l'envie.






La romaine nommée crochet au moyen âge
La livre unité de mesure de poids, variait selon les régions et les époques.

Au XII siècle la livre faisait 490 grammes

l'once 31 grammes

le Marc 250 grammes

le Quintal 48,95 kgs

Au XIII siècle la livre faisait 400 grammes

le Quintal 104 livres

le Cartayon ou 1/4 de quintal 26 livres
Il faut bien sur tenir compte de tous les petits malins qui trafiquaient les poids et mesures,même en sachant que la répression par le prévôt et ses sergents était particulièrement sévère.





Mesures de capacité:

Pour les grains le setier ou emine correspondait à 93 litres, soit pour du blé à 74,6 kgs de grains

Le Cartron faisait 4 setiers ou 16 pugnères ( la pugnère est une mesure agraire)

Le gros faisait 8 cartrons








Pour les liquides la Pipe faisait 400 litres

le Barreau 100 litres

le Péga 3 litres

l'Uchau 0,75 litres

Pour l'huile on la mesurait dans des récipients en cuivre

Une mesure de 13 livres

une mesure d'un cartron ou cartayron de quintal de 26 livres






Le bois de chauffage était mesuré en Lignier:

Le lignier était divisé en pagelles, les dimensions et le poids des pagelles variait selon les régions.

Un lignier ou bûcher mesurait environ:

2,20m x 1,40m x 1,40m, soit un peu plus de 4 stères








Mesures agraires 

L'arpent faisait 56 ares et 9 centiares

La pugnère 14,23 ares

le boisseau 1,78 ares


les mesures de longueur:

la toise 195 cm

L'aune  120 cm

le pied  32 cm

le pouce 27 mm

la ligne 2mm

vendredi 1 septembre 2017

Crimes et Chatiments au Moyen âge

Nous présentons un petit survol des peines de justice et des cas les plus courants trouvés dans les registres et les livres de cette époque.

Le duel judiciaire, hérité des mœurs germaniques, fort prisé au moyen âge, deux cas de figures se présentent pour le règlement de ce conflit.

Pour ceux dont le port des armes sont interdits, comme femme, enfants ou ecclésiastique, ces derniers doivent désigner un champion les représentants en champ clos.

Pour les autres la question ne se pose pas ils iront eux même défendre leur cause, le lieu est formé comme c'y contre d'un carré de palissades, les armes employées sont fonction de la qualité sociale des combattants.

Les écuyers combattent à pied, avec épée et bouclier, le chevalier lui peut choisir le combat à cheval ou à pied, quand aux vilains, serfs et autres seront munis d'un couteau long et d'un bouclier recouvert de cuir.

C'est Louis IX (saint Louis) qui va le premier formuler l'interdiction de ces duels, mais ce n'est que son petit fils Philippe IV le Bel (le roi de Fer), qui parviendra à les supprimer définitivement de la pratique judiciaire.




Pèlerinage pour cause de jugement: les registres du parlement de Paris contiennent plusieurs décisions de ce genre.

Exemple, le 2 juillet 1367, le dit Parlement rend l'arrêt suivant, sur Martin Blondel, auquel il étoit reproché d'avoir juré puis vilainement, avoit craché et vilipendé la croix, avoit rompu par dépit deux images, l'une de Dieu et l'autre de la sainte Vierge.

Le dit Martin Blondel demanda grâce à la cour,..la dite cour ordonne que Blondel jeûnera tous les vendredi d'un an en pain et eau, item qu'il jeûnera tous les samedi du l'an suivant, item qu'il ira en septembre de cette année en pèlerinage à notre Dame de Boulogne sur mer à pied.

Il est noté qu'il devra à son retour présenter les testimoniaux du dit pèlerinage. Les pèlerins faisaient viser sur le lieu du culte un carnet de route, notre Martin Blondel devra présenter ce carnet comme preuve qu'il a bien effectué ce parcours.







La peine du fouet s'inflige de deux manières différentes, sous la custode, c'est à dire, à l'intérieur de la prison par la main du geôlier, ce n'est alors qu'un simple châtiment correctionnel pour de petits délits.

Elle devient une peine infamante lorsqu'elle a lieu publiquement, dans le cas d'un criminel, il sera nu jusqu'à la ceinture et promené de par la ville, recevant à chaque carrefour de la main du bourreau, un certain nombre de coups de verges ou de cordes à nœuds.

Pour la prostitution et l'adultère c'est également en place publique que la punition est effectuée






Par l'eau bouillante, ou nommée le bouillage, peine le plus souvent utilisée pour les faux monnayeurs.

En 1447, un compte de l'ordinaire de Paris mentionne, paiement au bourreau d'un trépied pour asseoir la cuve ou furent bouillis trois faux monnayeurs.

Mais ce ne sera pas le sort exclusif de cette sorte de voleurs. Bien plutôt en 1198 Philippe Auguste fait noyer dans l'eau bouillante des individus coupables de maltraitance envers une religieuse.




Le chevalier qui forfait à l'honneur: Il sera dégradé en place publique selon un rituel déjà mentionné dans les établissements de Saint Louis (Louis IX).

Exposé sur un échafaud, il verra ses armes brisées pièces par pièces, ses éperons lui seront retirés et jetés sur un tas de fumier, le bouclier ou figure son blason sera attaché à un cheval de labour et trainé dans la poussière, puis on coupera la queue de son cheval de bataille (destrier).

Il sera ensuite emporté allongé sur une civière en l'église la plus proche pour entendre réciter les prières des trépassés.

Car le chevalier ayant forfait à l'honneur, n'est plus aux yeux de ses pairs et de ses compagnons d'armes, qu'un cadavre qui sera livré au bourreau et mis à mort!

Au vu des mœurs de l'époque, il est d'ailleurs préférable pour lui qu'il meure, car sa vie serait un véritable enfer !! rejeté de tous et en premier lieu de ses proches et de sa famille toutes les portes lui seraient fermées.

S'il parvenait à éviter l'exécution de la sentence, il ne peut que se réfugier chez les routiers, ou chez les brigands ce qui bien souvent revient au même, il n'aurait même pas l'option de se réfugier dans une Abbaye ou un monastère les portes lui en seraient fermées.




L'amende honorable: Quelle que soit la peine infligée au coupable, l'exécution de la sentence est souvent précédée de cette amende honorable, elle constitue dans certains cas un châtiment distinct, mais qui n'est que le prélude du supplice lui même!.

Elle est dite simple ou sèche sans l'intervention du bourreau, dans la chambre du conseil. Le condamné à genou et tête nue, déclare en présence de ses juges et des parties lésées, que faussement il a dit ou fait quelque chose contre l'autorité du roi ou contre l'honneur de quelqu'un, demandant pardon à Dieu, au roi et à la justice.

Elle est dite in figuris (en public) donc infamante lorsque le condamné en chemise tête nue et pieds nus, la corde au col suivi du bourreau, tenant en main une torche de cire jaune et portant dans le dos un écriteau, va s'agenouiller devant une église ou il fera la même déclaration. En 1384 l'Avocat Jean Desmarets, iniquement condamné, par les oncles du jeune roi charles VI le fou, refusera de prononcer toute la formule !!! disant seulement : je demande pardon à Dieu mais j'ai toujours servi loyalement le roi est ses prédécesseurs, je n'ai pont de pardon à leurs demander, à Dieu seul je veux crier merci.




La question: forme archaïque de notre actuelle garde à vue, elle peut être préparatoire ou préalable.

Si elle a pour but d'arracher à l'accusé l'aveu de son crime ou le nom de ses complices elle est dite préparatoire.

Par contre elle est préalable quand elle constitue une aggravation de la peine que le condamné doit subir avant son exécution capitale.

On la qualifie également d'ordinaire ou d'extraordinaire, suivant la durée ou la violence des tortures infligés aux malheureux condamnés

Comme l'homme a toujours été particulièrement inventif dans l'art de faire mal, les techniques foisonnent et les outils sont légion. La plus part des représentations de scènes de tortures liées à la question montre des religieux, mais c'est souvent du simple fait qu'ils étaient bien souvent les seuls à savoir écrire.




Prisons et cachots: au moyen âge, il n'y a pas de règles, de statuts ou de coutumes régissant les lois intérieures des prisons.

En général elles sont aussi exigues que malsaines, prenons en exemple la prison du prévôt des marchands à Paris rue de la Tannerie.

Elle mesure 11 pieds de long (3,52 m) sur 7 pieds de large, soit 7,88 mètres carrés !!! ce qui n'empêche en rien d'y entasser une bonne vingtaine de prévenus. Pour la seule ville de Paris on compte entre 25 et 30 prisons, sans tenir compte de celles des communautés religieuses !




La décapitation, loin de l'imagerie que l'on trouve sur le moyen âge, traditionnellement la décapitation est le plus souvent pratiquée avec une épée à deux mains !!

Le journal d'un bourgeois de Paris (anonyme) relate que le premier jour de l'année 1413, Pierre des Essarts, qui avait fonction de prévôt de Paris fut décollé et son corps mené au gibet, pour y être pendu par les pieds et ce au plus haut du dit gibet.

Si vous me permettez ce bon mot on peu dire qu'il commençait mal cette nouvelle année....bon d'accord je m'excuse ...je recommencerais plus !!!

Certains avancent l'hypothèse que l'épée était réservée pour la noblesse, mais jusqu'à maintenant je n'ai rien trouvé qui puisse valider cette théorie, mais allez savoir pourquoi on trouve plus souvent de représentation de décapitation à la hache, je ne puis l'expliquer ?





La condamnation par le feu: elle n'implique pas obligatoirement la mort sur le bûcher, exemple le feu de souffre dans lequel on brûle la main des parricides ou des criminel de lèse majesté.

Le bassin ardent que l'on passe devant les yeux du condamné pour les lui brûler ou les diverses marques au  fer rouge dont on marque la peau.

Dans le cas ou le criminel est condamné à être ars ou brûlé c'est le plus souvent pour hérésie ou sorcellerie.

Dans le cas du bûcher celui ci est composé de lits alternés de bûches et de pailles, avec en son centre un poteau et un chemin pour y accéder, le criminel revêtu d'une chemise soufrée est lié solidement au poteau. Quelques fois la sentence prévoit que le coupable ne sera livré aux flammes qu'après avoir été préalablement  étranglé.


Mais la liste est longue, du tenaillement au fers rouge,en passant par l'écartèlement ou la roue pour les voleurs et bandits, puis la pendaison pour les manants et les vilains, sans compter les noyades dans un sac lesté de pierres. Mais il y a aussi la fosse ou les femmes sont enterrées vivantes par soucis des convenances, car on ne les pend pas pour éviter de voir les jambes ce qui choquerait la populace ou pire exciterait la paillardise


PS: voila un bref survol des réjouissances en matières de punitions criminelles M de V


vendredi 25 août 2017

N°90) les meurtres du roi jean II dit le bon à Rouen


Il fut dit au Roy de France que le Roy de Navarre ainsi que le Comte d'Harcourt devoient faire entrer les Anglois en ce pays et avoient fait de nouveau alliance avec le Roy d'angleterre.

Je ne sçai si c'estoit vrai ou non, ou si on le disoit à l'envie dans l'entourage du Roy de France, mais je ne crois mies que de si vaillants gent, de noblesse et de si haute extraction vosissent le faire et penser trahison contre leur naturel seigneur

Il est bien vrai que les hauts barons de Normandie ne voulurent oncques consentir à ce que la gabelle du sel courust sur leurs terres s'opposant ainsi au Roy! et que le Roy de Navarre avait fait assassiné à l'Aigle le favori du Roy, ce benêt de Charles la Cerda, mais pour une dette d'honneur et pour insultes en présence du Roy de France, dette qui ne peut se laver que dans le sang.

Mais Navarre avait fait amende honorable et avait été pardonné par le roi devant la cour de ses pairs.

Le Roy Jean II qui estoit légiers d'esprit et dur à oster d'une opinion lorsqu'il s'y estoit arrestés !! entrant dans une colère dont il était coutumier, dit sa grande haine, et jura que jamais il n'aurait parfaite joie tant qu'ils fuissent en vie.






En ce temps estoit son aisné fils, Charles de Normandie dont il estoit Duc et qui tenoit hostel au Chastiel de Rouen. Charles ne savoit rien des rancunes et de la haine mortelle que le Roy son père avoit sur Charles de Navarre et sur le Comte d'Harcourt et son oncle, monseigneur Geoffroy d'Harcourt de Saint Sauveur le Vicomte.

Le Duc leur faisoit toute la bonne compagnie qu'il pouvoit pour l'amour de son Duché et le voisinage de ces gens de haute noblesse ayant leurs possessions sur son Apanage !

Et il advint que le Duc Charles les fist prier, par des chevaliers de sa maison, de venir dîner avec lui en son Chastiel de Rouen.

Le Roy de Navarre et le Comte d'Harcourt ne voulurent esconduire le Duc et donnèrent leur accord aux messagers de Charles, toutefois, s'ils eussent écoutés et crus les conseils avisés de Philippe de Navarre, frère du roy de Navarre et de Geoffroy d'Harcourt, oncle du Comte d'Harcourt ils ne fussent jamais entrés en ce chastiel de Rouen.

Mais il en va ainsi dans le déroulement du cours de la vie, ils n'écoutèrent ni les mises en garde, ni les conseils de prudence et vinrent à Rouen ils entrèrent par les camps au chastiel ou ils furent reçus à grande joie, et les portes se refermèrent sur eux comme les mâchoires d'un piège.







Le Roy Jean II qui se tenoit infourmé, savoit bien le quand le pourquoi et le comment de la venue du Roi de Navarre et du Comte d'harcourt à Rouen pour dîner avec son fils, il savoit fort bien que le samedi étoit la jour décidé.

Il départi donc le vendredi avec sa mesnie privée pour accomplir sa vengeance!! chevauchant tout le jour il entra au chastiel de Rouen au moment ou tous les seigneurs étoient attablés avec son fils le Duc.

Il monta les degrés jusqu'à la salle précédé de messire Arnould d'Audrehem, celui ci tirant son espée dit : que nul ne se meuve pour cause de ce qu'il voie, s'il ne voeult estre mort de cette espée !!!.

Vous devez savoir que le Duc de Normandie, le roy de Navarre, le Comte d'Harcourt et ceux qui siegeoient à la table du repas furent bien esmerveillet et esbahis, quand ils virent le roy de France entrer dans la salle du festin dans un tel état de rage qu'ils souhaitaient tous êstre ailleurs. Adonc se levèrent ils, tous cuidant faire la révérence, mais le roy n'avoit nul envie de recevoir hommage, s'avançant vers la table il lança son bras et saisi le roi de Navarre par la kevèce et le tira roid à lui, en disant, " Or sus traître ! tu n'est pas digne de siéger à la table de mon fils. Par l'âme de mon père, je ne penserait plus jamais à boire et manger tant que tu vive".







La se trouvait un escuier de la maison de Navarre qui s'appeloit Colinet de Bleville, qui fut si moult courouciés de voir son mestre ainsi malmené qu'il tira son baselaire le portant en la poitrine du roy de France disant qu'il l'occiroit, Jean II lacha Charles II roy de Navarre et dit à ses sergans "  prenez au corps ce garçon et son mestre aussi.

Les sergant d'armes s'avancent aussitôt et saisissent à la main le roy de navarre et l'escuier. La s'émeut grandement Navarre, disant à Jean II " Ha monseigneur, par Dieu grâce, qui vous a si  durement encoléré contre moi ?

Il ne fallait pas pourtant être grand Clerc pour comprendre que malgré la réconciliation publique de Jean II et de Charles II, pour la mort du connétable Charles d'Espagne, son favori !!, le roy de France n'avait rien pardonné.

Pour le Comte d'Harcourt, c'était le fait de plusieurs injurieuses et orgueilleuses paroles contre son roy lors de l'assemblée du chastiel de Val de Reuil, au sujet des aides que devaient apporter le duché de Normandie pour la guerre du roy. Mais pas seulement...le Comte d'Harcourt était parti prenante dans l'affaire de L'Aigle !!!







Et pour ces causes le roy de France fist mettre en prison dans diverses chambres du chastiel de Rouen les gens conviés par le Duc de Normandie, et tantôt ala diner du festin organisé pour les invités de son fils !!!

Quand il fut repu, lui, sa mesnie et ses cousins d'Artois, montèrent à cheval, pour se rendre en un champ derrière le Chastiel nommé " le champ du pardon ".

Ironie du sort puisqu'il allait être le lieu d'une meurtrerie inique !!!, la fut menez en deux charrettes, sur commandement du roy, le Comte d'Harcourt, le seigneur de Graville, monseigneur Maubué et Colin Doublet.

Ils eurent en ce lieu le chef tranché,sans jugement ni procès !!!, puis trainés jusqu'au gibet de Rouen pour être pendus par les pieds et leurs têtes posées sur le dit gibet.

Le lendemain le roy délivra les autres ne gardant prisonniers que le roy de Navarre, le dit Friquet et le dit Banthelu, ils furent menés à Paris et enfermés, Navarre au Louvres et les deux autres au Châstellet. Jean II ce roy brouillon, comme son père et son grand père avait obtenu vengeance !!

Il ne peut en être autrement, il vous faut savoir que ceux qui furent exécutés et ceux qui furent emprisonnés se trouvaient tous à l'auberge de la rue de la Truie qui file à L'aigle !!! pour l'exécution de cet insipide charles la Cerda  !!



PS: La question reste posée ? de Jean II dit le bon et de Charles II dit le mauvais, lequel des deux mérite vraiment le qualificatif de Mauvais ???  M de V

mardi 22 août 2017

La mort de Charles II dit le Mauvais 1387

Hormis l'année ( 1387 ), personne ne saurait dire aujourd'hui comment est mort ce Prince de France, Roi de Navarre et Comte d'Evreux.

Force est donc de constater, qu'il me reste comme seule solution, celle de retranscrire aussi fidèlement que possible les quatre versions connues de sa mort.

Elles sont malheureusement fort divergentes les unes des autres, il vous faudra, comme moi, trier le bon grain de l'ivraie, afin de vous forger votre opinion sur la mort de ce personnage haut en couleurs de ce XIV siècle.

Citons les auteurs ayant relatés l'événement: l'évêque de Dax, dans la chronique du religieux de Saint Denis, puis Froissart édition Kervyn de Lettenhove, en troisième position Favyn XVI siècle dans histoire de la Navarre et pour finir Mézeray XVII siècle dans son histoire de France.





L'évêque de Dax: Ma très redoutée dame, après m'être humblement recommandé à vous, je vous annonce, les larmes aux yeux et le cœur navré de tristesse et d'amertume, la mort cruelle du Roi notre sire; mais c'est aussi avec une véritable joie et une vive satisfaction que je vous parlerai de la sainte et digne fin qui lui a été accordée par une grâce spéciale de la providence. Ce fut la veille de la fête de la sainte Lucie, vierge et martyre, qu'il se coucha sur son lit de douleur vers minuit; depuis ce moment il ne cessa de confesser ses péchés, renouvelant sa confession jusqu'à six fois par jour.

Lorsqu'il se sentit un peu affaibli, et il l'était plus qu'on ne le pensait et qu'il ne le croyait lui même, il reçu chaque jour le corps de Jésus  Christ; il communia ainsi, dit on, dix sept fois en huit jours, après avoir maudit toutes ses erreurs.

Il reconnut un à un implicitement et explicitement, tous les articles de la foi, et en fit déclaration dans des actes publics; en un mot toutes les pratiques qui sont du devoir d'un bon prince et d'un bon catholique, il les a observées ponctuellement à la grande édification et admiration des fidèles, particulièrement de ceux qui l'ont vu et entendu à ses derniers moments, et qui se regardaient les uns les autres en s'écriant : " sainte mère de Dieu! qu'est ce que ceci ? "



Ils pensaient que c'était le saint esprit qui parlait en lui. Raconte qui pourra cette patience dont il a fait preuve, cette modestie qui ne s'est point démentie, cette humilité qu'il n'a cessé de montrer.

Pour moi, je ne saurais trouver des termes ou des pensées pour exprimer avec quelle religion il a réglé ses dernières volontés, avec quelle générosité il a récompensé les services des siens, avec quelle sollicitude il a songé à tout. On vous redira de vive voix en temps et en lieu tout ce qu'il a fait ou écrit durant sa maladie.

Il a gardé jusqu'à son dernier soupir une mémoire parfaite, une grande netteté dans les idées et toute l'ardeur d'une fervente dévotion. Tant qu'il a vécu, il a conservé l'usage de sa raison; tant qu'il a respiré, ses souvenirs ont été présents; tant qui lui est resté un souffle de vie, il a brûlé du feu de la charité.





J'ai dit qu'on eut cru voir en effet un homme bien portant plutôt qu'un malade. J'ai parlé de sa patience : il semblait plutôt calme qu'aigri par le mal. Pour ce qui est de sa mémoire, il paraissait plus occupé de ses travaux que de ses souffrances, et prouvait sa fervente charité  en tournant ses pensées vers les méditations religieuses plutôt que vers le maintien de son autorité.

Il ne désirait point sa guérison, il rejetait même les moyens de revenir à la vie et luttait énergiquement, comme un athlète courageux, contre le démon  et contre les délices du monde et de la chair. En un mot, il souffrait presque sans gémir et sans se plaindre, et il mourut enfin sans douleur et sans peine avec une véritable contrition. Aussi, je crois fermement qu'en quittant cette terre il est allé au ciel, ou je prie Dieu de nous réunir avec lui.

Nota voila terminée la prose de l'évêque de Dax que je qualifie: d'eau bénite de Cour...Ouf....M de V




Jehan de Froissart: Je cite dans le texte : Et me fut dit que ce Roy de Navarre avoit tousjours, tant qu'il vesquy aimé les Dames, et encore en ces jours derniers, il avoit une très belle damoiselle accorte avec laquelle il se déportoit; car de grand temps il avoit été veuf.

Une nuit il avoit couché avec elle, et s'en retournant tout frileux vers sa chambre, dit à un de ses varlets de maison: " appareillez moi un lit, car je me veuille un petit couchiez et reposer " ainsi il fut fait. Il se despoulla et se mist en ce lit.

Quand il fut couchié, il se mist à trembler et ne se pouvoit reschauffer, car il avoit grand âge, environ soixante ans, et l'on avoit comme usage pour le réchauffer et faire suer, de bouter une bassine d'airin qui lui souffloit un air bouillant et le réchauffoit.





Il fut adonc ainsi fait, mais la chose tourna sur le pire pour le roi, ainsi que dieu ou les diables le virent, car flamme ardente se bouta en ce lit entre les linceuls de tel manière que nul ne sut oncques venir à temps pour le secourir, qu'il ne fut tout ars jusqu'à la boudine; mais pour autant il ne mourut pas si tost.

Car il vécu encore quinze jours en grande peine et grande misère, tellement que oncques médecins le soignant ne sceurent y remédier, tant qu'à la fin il en morust. Telle fut la fin du Roy de navarre.

Nota : on constate que son texte commence par " il me fut dit " il est déjà bien difficile de transcrire Froissart, je n'ose imaginer la licence que prirent les différents copistes pour que ce texte parvienne jusqu'à nous M de V








André Favyn écrivain héraldiste et avocat au parlement: Et trois mois après à sçavoir, le mardi premier jour de janvier, audict an 1386, le Roy de Navarre mourut à Pampelonne, de son âge 55 ans, deux mois et 22 jours, regna 37ans deux mois et 25 jours. ( cette façon d'écrire sent l'avocat à plein nez!)

Son cœur fut porté à sainte marie d'Uxoa, ses entrailles à sainte marie de Roncevaux et son corps ensevely en la grande église de Pampelonne auprés du  cœur de la royne Jeanne de France sa femme.

Sa mort est diversement racontée. Les uns, et telle est la voix du vulgaire, qu'ayant les membres refroidis, pour les réchauffer les médecins ordonnèrent qu'il fut cousu dans un drap mouillé et trempé d'eau de vie, celui qui le cousoit ayant achevé voulut rompre le fil avec la flamme de la bougie qui l'éclairoit, une bluette de cette bougie tomba sur le linge et aussitôt l'enflamma et ensuite les draps le ciel et les rideaux du lit du roy malade, le brulèrent misérablement tout vif, il languy cruellement trois jours entiers avant de mourir.




Les plus relevez disent qu'étant alicté d'une longue maladie il fut prodigieusement bruslé par une étincelle sortie d'une  boule de cuivre pleine de charbons ardents avec laquelle on lui bassinoit son lit. Ains consommé par punition divine, pour avoir travaillé son peuple d'impôts et de subsides, troublé le repos des princes ses voisins et attenté sur leurs estats et vies par séditions, massacre et empoisonnements, qui lui donnèrent la titre de cruel et de mauvais.

Car les peuples sont les parrains de leurs princes, les baptisans des noms de leurs vices ou vertus ausquels ils sont addonnez, les rendants recommendables ou de mauvaise odeur. ( Notez la mauvaise foi de cet auteur, l'importance que se donne ce petit avocat, cette mauvaise humeur cuite de Robin surgissant au  bout de chaque phrase)

Mais poursuivons avec cet acrimonieux personnage : je cite L'opinion la plus véritable est, que ce prince ayant été tout le temps de sa vie fort adonné à la paillardise, il estoit tout mangé de vérole, récompense ordinaire de ceux qui suivent l'estendart de l'impudique Vénus, de sorte qu'il mourut tombant par pièces comme un ladre. Ce qui a donné lieu à ces comptes fabuleux, estoit que par ordonnance des médecins il usoit de fomentations et de bains ensoulphrez. ( nous en avons fini avec ce fumeux auteur, nul ne sait quand il mourut ni de quelle manière, pour moi je pense qu'il finit étouffé par sa propre bile!! )




François Eudes de Mézeray fut commissaire des guerres avant d'entrer à l'académie: je cite

La mort de ce roy est des plus estranges. Bien qu'il n'eust qu'environ cinquante cinq ans, ses voluptez excessives avoient tellement refroidy sa chaleur naturelle, ou quelque secrète et honteuse maladie avoit si fort altéré sa constitution, remplissant ses veines et tous les canaux par ou se porte le sang et les esprits d'une froide et visqueuse pituite, qu'il estoit tout glacé au dehors et ne pouvoit se réchauffer par quelque artifice que ce fut. ( on peut se demander s'il fut commissaire des guerres ou médecin non ?? )

Les médecins ordonnérent de l'envelopper dans un drap mouillé d'eau de vie, d'autres disent d'huile et de souphre. Or un des valets qui l'ensevelissoit, par faute de ciseaux voulut couper le fil avec la bougie, le feu  glissa prestement le long de ce fil et prit au drap, qui estant trempé de cette subtile matière s'enflamma et grilla ce malheureux.


Il n'en mourut pas sur l'heure mais vescut encore six ou sept jours durant lesquels aisi à demi bruslé et souffrant des douleurs enragées il ne cessa de hurler et de maudire sa vie jusqu'à ce qu'il eut poussé son âme dehors.



Ainsi après avoir bruslé tout le temps de sa vie du feu impudique de ses passions, ainsi après avoir excité sans cesse des incendies par toute l'Europe,

Ainsi après avoir fait mourir je ne sçay combien d'innocents par des poudres empoisonnées, dont il se servoit pour ses vengeances, qui en moins de quatre ou cinq heures brusloient horriblement les entrailles de ceux qui les prenoient.

Ce grand criminel vestit la chemise ardente, et fut ensevely dans les flammes. ( sa grandiloquence finale ne peut cacher qu'il ne fait que reprendre les théories fumeuses de son acariâtre prédécesseur Favyn )


PS: Je laisse à de plus doctes que moi le soin de trancher ! ou plus simplement de se faire une opinion sur la mort de ce prince de France dont on a noirci à l'envie le personnage M de V