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lundi 8 mai 2017

William Wallace et Robert Bruce, le soulèvement Ecossais

La couronne de John Balliol, Roi d'Ecosse, n'était qu'un esclavage doré, dans la première année de son règne il fut cité quatre fois à comparaître à la barre du parlement Anglais, sous de futiles prétextes ou sur plaintes de simples particuliers.Il essaya de secouer le joug imposé par Edouard 1er le Sec, mais devra de façon humiliante se soumettre, pour finir à la tour de Londres en 1296.Dans son élan Edouard impose  le Comte de Warenne à la tête du gouvernement de l'Ecosse, après avoir placé des garnisons dans toutes les places fortes.

Second fils d'un chevalier écossais, William Wallace n'apparaît dans l'histoire de son pays qu'en 1297, après l'abdication de Balliol et l'occupation de l'écosse par Warenne et ses troupes. Cette épine plantée dans le gargamel de William le dérangeait fortement. Il faut dire que la confiscation pure et simple de la Monarchie écossaise par Edouard 1er était une sinistre magouille pesée de longue date par ce retors Roi d'Angleterre. Wallace va commencer à secouer les puces des léopards d'Angleterre, ses attaques vont être le signal d'un immense soulèvement populaire. Il prend la tête de ce mouvement, avec l'aide d'Andrew de Moray.



Malgré la défection de nombreux nobles il libère L'écosse. Ces nobles dont Robert le Bruce était le plus important représentant, s'étaient un moment ralliés à Wallace, mais il semble que Bruce ne sentant pas le moment opportun, comptait jouer plus tard avec ses propres cartes, la reconquête du pays. Il est plausible de croire qu'il cherchait déjà le moyen de monter sur le trône.

Wallace et ses seules forces vont écraser l'armée envoyée par Edouard au pont de Stirling, en septembre 1297, il va par vengeance entrer en Angleterre et ravager tout le nord du pays. Il sera proclamé Protecteur du royaume d'Ecosse, par une noblesse qui se servaient de lui comme d'un bouclier. Cette fonction il l'exercera au nom de John Balliol prisonnier à la Tour de Londres.



Mais il joue un partie d'échecs contre un adversaire redoutable, Edouard avait réduit au silence les barons et Simon de Montfort dans son pays, puis il était parti en croisade. Il s'était ensuite imposé au pays de Galles établissant par la terreur sa suzeraineté sur le pays, puis parvient à stopper la volonté de conquête du roi de Fer sur la Guyenne, et réduit un nouveau soulèvement au pays de Galles.

Il signe une trêve avec la France, alliée de Wallace, pour l'isoler et lui permettre de ne pas avoir à se battre sur deux fronts, afin de tourner toutes ses forces vers l'Ecosse. William est seul, l'aristocratie de son pays qui le soutenait déjà si peu, le laisse complètement tomber, les " rats quittent le navire ", il sera écrasé à la bataille de Falkirk en juillet 1298, et abandonnera définitivement son titre de gardien du royaume.

On ne sait que peut de choses sur Wallace après cette bataille, ce dont on est sur c'est qu'il se rend en France, pour on suppose, plaider sa cause et obtenir de l'aide, il revient en Ecosse ensuite pour continuer sa lutte. Il est le seul à qui le roi Edouard n'ait jamais fait de proposition de reddition. Fait prisonnier par manoeuvre de trahison il sera exécuté à Londres en 1305. Il reste le héros de l'indépendance de tout un peuple.




                Pour Robert Bruce, Comte de Carrick, qui un temps s'était rallié à Wallace, la véritable carrière politique commence en 1306, par le meurtre d'un autre prétendant au trône d'Ecosse, John Comyn. Il est pourchassé par les amis de la victime et par les Anglais, excommunié par le Pape pour son crime, il joue d'audace !!, Robert se fait couronner Roi à Scone le 25 mars 1306, et bien évidemment être déclaré traître et rebelle au roi d'Angleterre.

Robert se trouve dans une position pour le moins délicate!! Son armée, "si l'on peut lui donner ce nom", est fort peu étoffée, car il ne peut rallier dans son camp la majorité des Ecossais.

Les aristocrates sont divisés, quand au reste de la population, Wallace était devenu pour eux une légende depuis son exécution, ils n'étaient guère enclin à l'aider.



De plus les Anglais tiennent de nombreuses places fortes et les principales villes du pays, dans le courant de l'année 1306 il sera battu deux fois, sa famille arrêtée et trois de ses frères exécutés ainsi qu'un bon nombre de ses partisans.

Il fuit en Irlande, et ne rentre en Ecosse qu'au cours de l'année 1307, peu de temps avant la mort d'Edouard 1er le Sec. C'est sa chance et il va la saisir à pleine main, car Edouard II n'est pas du gabarit de son père, loin s'en faut!!, profitant de la faiblesse de ce monarque il va reconquérir son royaume. Ses premières victoires seront suivies de succès plus importants.

Son alliance avec James Douglas, la prise de la ville de Perth en 1313, et d'Edimbourg un peu plus tard, vont lui valoir sa reconnaissance comme roi par l'église d'Ecosse, il est légitimé. En 1314 le pays est presque totalement libéré, mais les Anglais tiennent toujours le château de Stirling, Bruce le met en état de siège. Edouard II lève une armée, il a pour lui la supériorité numérique et une cavalerie lourde. Mais voila ce n'est pas un guerrier, et il va s'apercevoir trop tard que le terrain choisi par Bruce pour la confrontation (étroit et marécageux), donne un avantage certain à l'infanterie écossaise!!



Rejetés sur la rivière Bannock et les marais voisins, l'armée anglaise va subir une cuisante défaite puis une véritable déroute, Edouard du s'enfuir, laissant au bas mot 2 à 3 mille morts sur le champ de bataille de Bannockburn. En ce jour de l'an de grâce 1314, Robert donne à l'Ecosse la plus retentissante victoire de son histoire. Pour autant elle ne met pas fin aux hostilités.

En 1322 les Despenser tiennent le pays d'Angleterre, le père dirigeant le pays, pendant que le fils est dans le lit du roi. Ils brouillent tout pour le simple plaisir de posséder. Un raid est lancé sur l'Ecosse s'enfonçant jusqu'à Edimbourg et les Ecossais de Bruce vont de leur côté à plusieurs reprises envahir le nord de l'Angleterre.

La reine d'Angleterre Isabelle de France rejoint son amant Mortimer Seigneur de Wigmore en France, afin de constituer une armée et en 1326 retourne en Angleterre, la majorité des Barons vont se joindre a eux, lassés du roi et de ses favoris.

Les Despenser sont exécutés et Edouard II sera assassiné par ses geôliers à Berkeley Castle, sa fin fut particulièrement déplorable.. Mais le jeune Edouard III fils du roi assassiné et de Isabelle (nommée la louve de France) règne sous la tutelle de sa mère et de Mortimer.

Ce n'est qu'avec le traité de Northampton en 1328 que le jeune roi Edouard III reconnait Robert Bruce comme Roi d'Ecosse. Est ce lui ou le conseil de régence qui le reconnait? Peu après l'excommunication pontificale qui pesait sur Robert Bruce fut levée, mais atteint de la lèpre il va se retirer dans le château de Cardron, sur le Firth of Clide ou il mourut en 1329.



PS: ceci est la version du nain Marcus et il entend déjà dans le lointain le sourd grognement des puristes le vouant à tous les diables des enfers !!!!...Hé hé  oui le Bruce a tourné le dos à Wallace !!!

Ne tirez pas sur le copiste il a le mérite d'exister M de V


dimanche 7 mai 2017

N°40) Le Jeu d' Eschiez dans le Moyen âge

En 1010, Ermangol 1er Comte d'Urgel, lègue des Echecs à l'église de Saint Gilles. Selon Jean de Joinville (dans ses mémoires), en 1254, le vieux de la montagne fait présent d'un jeu au roi Saint Louis lorsque ce dernier était à Saint Jean D'Acre, on ignore si le roi apprécia le cadeau du chef des assassins et s'il le rapporta en France.

L'origine du jeu se perd dans la nuit des temps, et fait l'objet de nombreuses hypothèses relevant souvent de mythes et de légendes. Dans sa forme primitive " il serait né " en Asie, puis adopté au Moyen Orient ou il va connaître un immense développement.




Même si l'église interdit ce jeu au Clergé, les échecs restent l'une des distractions favorites des aristocrates de tous poils, Clercs ou Laïcs. Il sera également longtemps au programme de l'éducation du futur chevalier.

A partir du XIV siècle selon J M Mehl, ce jeu gagne les bourgeoisies urbaines et des recueils de problèmes d'échecs, se trouvent en bonne place dans les bibliothèques des amateurs les plus fortunés. A cette époque on joue autant aux échecs, qu'aux cartes ou aux dès, et beaucoup y laissèrent leur chemise.



Car on jouait de l'argent, citons un exemple: Charles d'Orléans engageait des sommes allant de 20 à 30 sous Tournois, ce qui reste modeste pour un seigneur de son rang, il n'en va pas de même pour son père Louis d'Orléans, qui en 1392 jouant contre le maréchal Boucicaut (Jean le Mingre), perdit des sommes astronomiques en dehors de toute prudence. Il faut savoir qu'il perdit tant !! qu'il fut obligé de demander un arrangement.

Il sera tenu quitte de sa dette pour la somme Pharaonique de " 2000 francs or " qu'il dut payer par mensualités de 200 francs.

La librairie de son fils, Charles comportait un manuscrit faisant état de sa passion pour ce jeu, au début de l'ouvrage, ce trouve une grande miniature, représentant à l'étage supérieur, une bataille et en bas un seigneur jouant avec une dame, car ce jeu représentait aussi bien l'art de la guerre que le jeu de l'amour.


Le roi Charles V dans son ordonnance de 1369 contre les jeux de hasard et d'argent ne mentionne pas les échecs , à tel point que les prisonniers enfermés  au Chatelet pour de petits délits, n'ont pas le droit de jouer aux dés mais peuvent pratiquer les échecs, je vous accorde, que nous ne parlons pas du premier venu !



Le nom des pièces diffèrent un peu par rapport à notre époque, le roi reste le roi, la Fièrge pour la reine, deux Rocs pour les tours, deux Aufins pour les fous, deux Chevaliers pour les cavaliers et ces pièces sont précédées sur l'échiquier par des Paonnets ou Péon pour les pions.



Il faut noter que sur certaine miniatures on voit plusieurs joueurs autour d'une même partie d'échecs, avec en plus l'intervention d'un cornet et de plusieurs dés? Ce qui laisserait penser qu'à une certaine période du Moyen âge, le hasard avait sa place dans une partie d'échecs à plusieurs intervenants

Ce qui n'était plus le cas au XIV siècle ou les parties se jouaient à deux et sans les dés.

Ce qui sans l'excuser, nous fait comprendre comment Oudart de Montigny se fait piéger si facilement et en meurt, le gouverneur d'Evreux prend un furieux coup de hache pour avoir voulu regarder un fort beau jeu d'échecs.






PS: Le Brasseur raconte la fin dramatique de Oudart de Montigny, Bailli d'Evreux en 1342, nommé par le roi Jean II depuis que ce dernier avait repris la ville au Roi de Navarre qu'il avait mis en prison. Ce qui ne lui porte pas chance, puisque à quelques temps de la il sera lui même prisonnier de l'Anglois après Poitiers.


Au milieu des troubles qui regnoient alors ! Evreux fut repris de façon singulière par Guillaume de Gauville.

Oudart de Montigny sortait du Château de la ville, afin de prendre nouvelles auprès des gens de la ville et glaner des informations sur son roi prisonnier en Albion, " n'oublions pas que le bouche à oreille était à cette époque le seul moyen de se tenir au courant des événements ". Il va prendre langue avec Guillaume de Gauville, qui lui aussi avait dessin de le rencontrer mais pour une tout autre raison!! et qui se trouvait la comme par hasard.

Dissimulé sous son manteau, il portait une courte hache de combat, ce fin mâtois va l'entretenir d'un bruit qui court, que le roi de Danemark allait entreprendre de délivrer le roi de France, puis ajoute l'air de rien qu'il vient de recevoir par courrier, d'un ami joueur, une lettre et un fort beau jeu d'Echecs!! Oudart en véritable passionné, lui qui lisait tout recueil traitant du sujet,se laisse prendre au piège. Il prie Guillaume de lui montrer cette merveille, bien sur Le Guillaume accède à sa demande! et ordonne à son laquais d'aller chercher le jeu.





En fait le laquais va prévenir les hommes de guillaume que le plan fonctionne, pendant ce temps Oudart l'invite au château le temps que le serviteur revienne.

Après avoir passé la première porte, tout en devisant comme de vieux amis, ils se dirigent vers la deuxième porte et le guichet.

C'est à ce moment que Guillaume de Gauville se décide à frapper, Oudart est obligé de se pencher pour ouvrir cette porte à guichet, Guillaume en profite pour lui porter un furieux coup de hache, qui lui fend la tête jusqu'aux dents!!!

Le laissant mort sur place il fait entrer ses partisans à l'intérieur du château et se rend maître de la place, c'est comme cela que le roi de Navarre toujours en prison récupère sa ville.

Comme quoi la passion même d'un jeu, paraissant anodin, peut mener à la mort !!




samedi 6 mai 2017

Quelques Laboratores Ruraux au XIV siècle


Dans un précédent article nous avons parlé des arts mécaniques et de ces artisans des cités, mais la grande majorité des hommes et des femmes du moyen âge vivent dans des villages en milieu rural.

Ils pratiquent l'agriculture et l'élevage, quelques Artisans n'en sont pas moins présents pour répondre à leurs besoins quotidiens.

A l'époque la distinction entre paysan et artisan n'est pas aussi nette que de nos jours. Nombre de villageois s'adonnent à des travaux de transformation de la matière première pour leur propre compte.

Mais les véritables artisans sont ceux qui en font l'essentiel de leur activité, vendant leurs produits en ville, voire même dans d'autres régions





Le Meunier, il utilise la force de l'eau ou du vent, mais destiné tout d'abord à broyer le grain et les olives, le moulin se perfectionne et ses utilisations se diversifient, ses marteaux de pierres ou de métal le transforment en moulin à fouler pour le tissu, ou travailler le papier. Le moulin à vent est une innovation médiévale, peut être originaire d'Orient qui s'implante en Normandie et en Bretagne.

Dans les villages le meunier a mauvaise réputation, les paysans sont obligés de lui apporter leurs grains et de payer en échange une redevance au seigneur. Celle ci est payée en nature, sous la forme d'une part de la farine ( qui peut monter jusqu'au quart de la quantité de grain moulu ). La rapacité du meunier, souvent surnommé bonnet par les paysans (fonction de son costume), engendre l'hostilité des villageois envers lui.


Le forgeron, appelé Fèvre dans le nord et Fabre dans le sud, il façonne les outils indispensables à la vie agricole, socs de charrues, faux et faucilles, pelles, et bien sur il ferre les chevaux des nobles du lieu, comme ceux des paysans. Grace à l'essor économique, à partir de 1150, l'Europe voit se multiplier ces professionnels du métal. Ils oeuvrent dans une forge en forme de calotte de terre réfractaire, s'élevant au dessus d'une console ou brûle le charbon de bois fourni par les forestiers charbonniers.

On avive le foyer par des soufflets latéraux manoeuvrés à la main, et au centre de l'atelier trône l'enclume. Il ne travaille jamais seul, il lui faut l'aide d'au moins deux à trois ouvriers, apprentis ou valets. C'est un personnage local jouissant d'un grand prestige au sein de sa communauté, que l'on consulte volontiers pour un avis, qui a droit de parole devant le seigneur local. Il est bien souvent même le porte parole des ruraux devant les puissants et les nantis.

Charbonniers et Mineurs, le charbon ignoré de l'antiquité est connu au Moyen âge, il s'agit au départ de morceaux de houille ramassés sur les plages du nord de l'Angleterre et appelé pour cette raison charbon de mer. L'extraction de la houille ou charbon de terre est attestée dans ce pays depuis le X siècle, mais aussi dans les Pyrénées.


Ces mines sont le plus souvent exploitées à ciel ouvert, la houille néanmoins demeure très rare, l'essentiel du combustible reste le charbon de bois, nos charbonniers fournissent donc tout le monde, les foyers du village, le forgeron, le domaine seigneurial de l'endroit, voir même la cité la plus proche.

En exemple prenons la mine de plomb argentifère de Brandes, son activité va favoriser le développement d'une agglomération minière à 1800 mètres d'altitude, du XII au XIV siècle, pendant cette période le Denier en argent reste une référence stable de l'occident médiéval.

La production argentifère de cette mine va considérablement changer le paysage économique du Dauphiné, mais seulement sur deux siècles,elles furent abandonnées au profit de filons plus généreux. des documents fiscaux du XV siècle, nous permettent de suivre les habitants, qui après l'arrêt des mines, se reconvertissent dans l'élevage et l'agriculture.

Mais il existe un autre corps de métier très demandeur en charbon de bois, moins en vue que le forgeron et le meunier ce sont les potiers et les tuiliers. Ceux ci sont pourtant plus nombreux dans les villages du moyen âge.



Aux premiers siècles médiévaux la terre est modelée, moulée et cuite sur une aire ouverte et sans four.

Ces derniers se répandent à l'époque carolingienne ou la production se fait plus importante.

Le XIII siècle voit l'apparition de villages spécialisés dans la poterie. Il faut dire que dans les foyers toutes les cuissons se font dans des pots en terre, à fond plat, à fond arrondis ou conique, et dans des matériaux plus ou moins poreux en fonction de la cuisson et du met que l'on prépare, les cuisinières de l'époque combinait le gout d'un plat avec le pot ayant (par exemple) servi à cuire du lard, le pot alors servait d'exhausteur de gout. Lorsque ce pot avait perdu ce gout, il était cassé et on en achetait un autre.



Les potiers et tuiliers s'installent bien souvent en bordure de forêt, afin de disposer du charbon de bois, combustible incontournable et nécessaire à la cuisson de la terre.

Chez les ruraux il n'y a bien que le vannier qui n'a pas besoin de bois de chauffe, ce métier qui existe depuis la nuit des temps, fourni aussi bien les foyers que l'agriculture, la pêche et j'en passe.

Nommés encore manneliers ou mandeliers, ils sont des incontournables de la vie de tous les jours, on a même retrouvé des poteries qui avaient été moulées dans de la vannerie, qui brûlée ensuite, laissait apparaître le dessin sur le pot.

Il nous reste un artisan qui à notre avis est le plus gros consommateur de charbon de Bois, c'est un travail très spécifique et grand consommateur d'énergie, le travail du verre.



Le terme de verrier a deux sens, il désigne aussi bien le fabricant de verre, que l'artiste qui crée et peint les vitraux. Si ce dernier travaille en ville, le premier est nécessairement installé en campagne près d'une forêt ou de charbonniers, ce qui vous me direz revient au même.

L'usage du verre se répand au XIV et XV siècle, des plaques de verre remplacent au fenêtres des nobles et des nantis, les panneaux de parchemin, de papier huilé ou les panneaux en corne. Les dames désormais se contemplent dans des miroirs, et  les savants aux yeux usés par la lecture à la chandelle portent des lunettes de vue.

Dès 1320, le verre désigne les vases à boire, notre verrier utilise le sable siliceux et les cendres de bois de hêtre pour produire son verre.




Les progrès techniques comme la canne à souffler, ou la coloration avant cuisson, par immersion dans un mélange de poudre minérale accompagne l'essor de la verrerie à la fin du Moyen âge.


Si toutes les régions disposent de centres de fabrication, certaines sont plus réputées que d'autres, la Normandie et la Lorraine viennent en tête.

Quand à Venise elle est considérée comme le premier centre de la verrerie de luxe, bientôt concurrencé par la Bohême au XIV siècle M de V


La grande peste 1347/1348

Cette épidémie de Peste noire 1347/48 va se répandre dans toute l'Europe, elle arrive d'Asie centrale, elle se propage par l'entremise d'une puce. Celle ci a un vecteur le rat noir, lui même apporté dans les cales des navires Italiens revenant à leur port d'attache. (image de la peste à Nimes)

Pour Evreux plus d'un tiers de la population va disparaître, on dut se résoudre à agrandir le cimetière, car on ne pouvait plus enfouir les corps des paroissiens si ce n'est les uns sur les autres! et avant qu'ils ne tournent en pourriture, laquelle chose était abominable à voir. Ils devront même, comme le dit André Plaisse, consacrer d'autres terres en cimetières pour les moribonds de la peste et de la guerre.






Cette épidémie fera plusieurs apparitions dévastatrices au XIV siècle, 1360/61, 1366/68, 1374/75. Nulle agglomération qu'elle soit de France, d'Angleterre ou d'Allemagne ne sera épargnée par cette saignée démographique. Pour Albion ce sera catastrophique, de six millions d'âmes en 1328, la population à la fin de ce siècle tombera à deux millions d'habitants. Les gens son désemparés et la médecine ne peut rien ils n'ont pas le savoir pour endiguer un tel fléau.

 Même plus tard au XVI siècle les seules médications fournies par les docteurs en Médecine seront: l'utilisation de linges imbibés de vinaigre pour protéger les voies respiratoires, des fumigations pour assainir l'air et de mâcher des clous de girofle afin d'assainir la bouche !! ( autant dire rien)






Au plus fort de la peste meurent à Paris, environ 800 personnes par jours. Les citadins des grandes villes verront dans cette hécatombe l'expression du courroux divin. Pour conjurer ce sort commun ils vont instaurer des rites de pénitence collectives, c'est à partir de cette période que l'on voit apparaître les processions de Flagellants.

Mais il faut un coupable à la terreur de cette population, de bonnes âmes vont se charger d'accuser les Juifs, leurs prêtant des rites monstrueux, l'empoisonnement des puits et des fontaines (et j'en passe), La peste favorisera l'explosion d'un Antisémitisme latent, avivant les différents religieux et bien sur les intérêts économiques. On les pris, les massacra, ou on les brûla, après avoir confisqué tous leurs biens évidement.






Faute de pouvoir disposer de meilleurs instruments de mesure, on peut donc estimer qu'au XIV siècle, selon l'heur et le malheur des temps, la population d'Evreux passe de 5000 à 3000 habitants. Rappelons: c'était l'époque ou Paris n'avait que 61 000 feux et ou les " bonnes villes " les plus célèbres du royaume étaient des bourgades de 8000 à 15 000 habitants, sauf Rouen qui eut peut être jusqu'à 40 000 âmes.

Lesquels chiffres doivent être interprétés avec beaucoup de prudence car, dans les villes le niveau population pouvait subir dans un laps de temps très bref, des variations énormes dues autant à la mobilité qu'à l'ampleur des mortalités

La peste étonne ces hommes du XIV siècle, et pour cause, elle avait disparue depuis l'an 767. On subit d'autres épidémies, Lèpre, Rougeole, Variole, Paludisme ou Ergotisme, mais un équilibre arrive toujours à s'établir entre ces maladies et les hommes. La peste est donc totalement inconnue quand elle réapparaît.







  Ce qui a conduit certains médecins à en donner des descriptions cliniques fort utiles, à défaut de pouvoir la soigner. Guy de Chauliac, médecin du Pape en Avignon décrit cette pathologie dans son livre ( BNF sa grande chirurgie en 1363)

Ladite mortalité commença en Avignon en janvier 1348 et dura l'espace de sept mois. Elle fut de deux sortes: la première dura deux mois, avec fièvres continue et crachements de sang; et on en mourait en trois jours, la seconde fut le reste du temps, aussi avec fièvres continue, abcès et charbons aux parties externes, principalement aux aisselles et aux aines: et on en mourait dans les cinq jours

Et fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec des crachements de sang - que non seulement en séjournant ensemble, mais aussi en se regardant, l'un la prenait de l'autre, et en si grand nombre que les gens mouraient sans serviteurs et étaient ensevelis sans prêtre. Le père ne visitait pas le fils, ni le fils son père: la charité était morte et l'espérance abattue







PS: On peut trouver des détails hilarants, même sur des sujets aussi sérieux, jugez plutôt. La chasse aux nuisibles était importante, dans la lutte pour la salubrité publique,on ne savait pas bien sur au moyen âge que le rat était le vecteur de la peste, mais le chasseur de rat ! existait et de la nature superstitieuse des gens de cette époque naissent des pratiques pour s'en débarrasser, certaines orthodoxes comme des chats dressés ou des furets, ou d'autres moins orthodoxes!!.

Ils ont pour ce faire recours à des éléments religieux, tel que l'eau bénite par exemple, ou d'introduire de l'ail dans le rectum du rat, de le recoudre et de le laisser partir. L'animal était censé retourner parmi ses congénères, et leurs raconter ses mésaventures, ce qui devait les décourager de venir nous côtoyer à nouveau, mais cette dernière me semble fort peu pratique à exécuter.... " MDR " M de V






Nota: infos BNF, les masques de cuirs des médecins nommés becs de canards étaient conçus pour recevoir à l'intérieur une éponge mouillée au vinaigre, les médecins pensaient que celle ci  protégeait de la peste, en fait c'est la cape et le masque de cuir qui les protégeaient des piqûres des puces porteuses de la maladie !!!, deuxième info, on trouvait les " En graisseurs ", on raconte à Grenoble, qu'il existait des personnes mal intentionnées, qui allaient récupérer le pus sur des bubons de pesteux morts, pour le déposer sur les portes, poignées et serrures des portes de leurs ennemis, ceci afin de les éliminer de la surface de la terre . Lorsqu'ils étaient pris en flagrant délit on les tuait sur place, sinon c'était le bûcher pour ces malfaisants !!!







                                                             Guerre Famine et Pestilence !!!

jeudi 4 mai 2017

Charles V et sa réforme de l'armée au XIV siècle


Charles V désirait obtenir un noyau solide de forces militaires permanentes, c'était l'idée maîtresse, elle n'était pas nouvelle mais jusqu'à ce jour n'avait jamais abouti, car totalement incompatible avec le système féodal.

Toutes les mesures prises par Charles V tendent directement ou indirectement à l'obtenir. Ce monarque malingre et médiocre chevalier, était néanmoins versé dans l'art de la guerre et des questions militaires.

Grand admirateur de Végèce, il en possédait plusieurs exemplaires, ainsi que ceux des auteurs qui ont commenté ce stratège

Charles V n'est pas un roi guerrier en vrai monarque il commande de son trône et le peuple ne s'y trompe pas, ils en avaient mare de ces rutilants fers vêtus de rois chevaliers !!!!!










Sa première mesure fut la suppression des guerres privées ou particulières, avec interdiction aux nobles de quitter leur province avec des hommes d'armes, autrement que pour le service du Roi. Ce qui a pour effet de rendre plus d'hommes disponibles et va favoriser le recrutement, pour l'armée permanente de la France.

Puis sur la logistique, il va assurer la régularité des ressources nécessaires à l'entretien de l'armée. Il l'obtient par la permanence des "aides" et la réglementation des " fouages", ainsi la solde et les dépenses de l'armée purent être payées régulièrement. L'institution des payeurs, créée par le roi de Fer, put enfin recevoir une application efficace et donner satisfaction aux soldats comme aux habitants, libérés des exigences désormais injustifiables.





La seule permanence qui existait alors aux sein des armées était le Connétable et les Maréchaux, puisqu'ils étaient nommés à vie, ce qui assurait une certaine continuité des choses militaires, mais ces hauts personnages avaient une vision fort éloignée des structures militaires et de l'organisation des armées au nivean d'un pays. Charles V va créer les " Capitaines Ordonnés ", c'est à dire nommés par lui et recrutés avec un soin minutieux, ils sont à sa solde et inamovibles.

Ce commandement était polyvalent, ce Capitaine pouvait diriger une compagnie, tenir un château ou une place forte, voir même diriger une province. La liberté de manoeuvre était grande, comprenant le recrutement, l'instruction des troupes, ainsi que l'organisation et la direction de la défense.






Par les dispositions qu'il prit pour organiser les compagnies soldées d'hommes d'armes et de cavaliers nobles, Charles V établit les bases de la future institution des " Compagnie de l'Ordonnance, formées par Charles VII ".

Ces compagnies primitivement étaient formées au gré des Bannerets qui les avaient levées, mais depuis la création des capitaines ordonnés le roi fait obligation à ses capitaines de recruter les hommes de leur compagnie uniquement  sur leur territoire.

Dans le même temps il élargit ce recrutement en ouvrant aux bourgeois le droit d'en faire partie, pourvu qu'ils en fussent capables, ainsi disparaissait peu à peu le caractère féodal de la cavalerie. On s'efforça d'obtenir des compagnies à effectifs fixes de l'ordre de cent hommes.

C'est à partir de cette époque que l'expression " Lance " apparaît, elle s'applique à l'équipe composée de l'homme d'armes et de ses assistants.







Les Capitaines devaient au roi un recensement exact et régulier de ses ressources en Archers et Arbalétriers, en distinguant ceux qui étaient aptes à servir dans l'Ost de ceux plus aptes à défendre les forteresses et les châteaux et les villes fortifiées.

Les archers et arbalétriers qui servaient dans l'ost étaient astreints au revues des maréchaux et constituaient une véritable infanterie.

Pour les compagnies des villes le roi,grâce à ses encouragements, sut faire renaître le gout de l'exercice du tir à l'arc et à l'arbalète chez nos bourgeois, attirant dans les rangs de ces compagnies de défense les membres des meilleurs familles.






Charles V prend également des mesures pour le rétablissement de la discipline, premièrement, les capitaines sont responsables de la conduite de leurs troupes et de la ponctualité du paiement des soldes. Deuxièmement il veille à ce que les troupes ne restent pas inactives et que les compagnies ne restent pas dans des régions ou elles n'avaient plus aucune utilité.

Mais promulguer des règles et des édits ne sert à rien si les sujets ne se sentent pas astreints à les respecter. Il va donc nommer des Commissaires, qui avaient pour rôle d'effectuer des contrôles sévères  sur l'application de ses ordonnances, et des effectifs des compagnies.

Ces contrôleurs dépendaient uniquement du Connétable, des Maréchaux et du Maître des arbalétriers. Ces commissaires prêtaient serment de dénoncer toutes tromperies. Le roi ne dédaignait pas de les recevoir pour leurs donner missions et directives lui même.





Enfin, Charles V va encourager les débuts de l'artillerie dans l'armée de France, mais l'invention était trop récente pour qu'il put prétendre à une organisation d'ensemble de l'artillerie, mais il avait donné l'élan ....M de V





mercredi 3 mai 2017

La Ligue Hanséatique

Les deux pôles du commerce dans l'Europe médiévale se trouvent être, la Méditerranée au sud, et la Baltique au nord. Donc l'activité des villes Italiennes correspond en tout point à celle des villes Allemandes. L'atlantique est par définition la voie de passage des unes aux autres, tandis que la route terrestre des Alpes ouvrait elle aussi une voie, mais qui ne peut être comparée à l'activité des voies maritimes. Au début du XIV siècle,on voit les villes de la Baltique prendre la tête de l'activité commerciale en Europe. Plusieurs causes sont à l'origine de ce changement, d'une part, début XIII siècle, l'église fait un effort pour civiliser les régions païennes de la Prusse, et ce part l'entremise des Chevaliers Teutoniques, qui furent appelés à s'y fixer, la civilisation se fait sous leur égide. D'autre part l'extension du commerce qui forçait à chercher partout de nouveaux débouchés. Plusieurs villes de la Baltique, bien desservies par des fleuves, qui constituent les meilleures et les plus sures des routes naturelles, finissent par être au même niveau de flux commercial que les villes maritimes Italiennes. Sans avoir bien sur la ressource de l'immense richesse des produits exotiques de l'Orient.



Les villes de la Baltique avaient pour ressources le poisson et les pêcheries, les produits de l'agriculture et les produits miniers. La montée en puissance des ces villes, leur croissance et leur fortune, va coïncider avec le déclin du commerce oriental. Dès la fin du XII siècle, on constate la rapide croissance des villes du bassin de la Baltique, surtout Lübeck (qui devait devenir plus tard la reine de la Hanse), puis Rostock, Stralsund et Dantzig. Ajoutons à ces villes celle de Wisby, qui elle est située dans l'île de Gotland.
Elle est très importante, car les commerçants de cette cité marchande, vont établir le comptoir de Novgorod. De cet endroit ils feront rayonner leurs activités commerciales en Russie, Pskov, Polotsk, Vitebsk, Smolensk. Un traité sera signé avec les Russes dès 1199. Puis au XIII siécle seront fondées les villes de Dorpat, Riga, Wismar, Reval.



Ils vont sentir la nécessité de s'unir, et ce besoin d'association est dans l'esprit du moyen âge et pratiquement tous les corps de métiers à cette époque pratiquent de même.
Le mot Hansa, signifie troupe, et même troupe armée, la Hanse sera la société des marchands en voyage, d'une ville ! Puis de plusieurs villes ayant la même destination, pour former au final la Ligue Hanséatique, au même titre qu'une ligue de tisserands dans une ville, mais la Hanse c'est l'Europe.

Quand à savoir le nombre de villes associées à la ligue Hanséatique, il n'y a aucunes précisions, et pour cause !! Il était impossible au moyen âge de savoir quelle ville faisait ou ne faisait pas partie de la Ligue Hanséatique, c'était un secret et il était jalousement gardé.


Au XIV et XV siècle le grand capitalisme a donc profité du fléchissement de l'ancienne société féodale pour s'emparer partout ou il le pouvait des leviers de commande du pouvoir. C'est le renversement des valeurs traditionnelles  les représentants des intérêts économiques font la loi aux plus hauts seigneurs. La Banque l'emporte sur le Blason, et le Blason pour pouvoir continuer à jouer son rôle n'hésite pas à solliciter la banque (les villes Marchandes aux XIV et XV siècles Régine Pernoud)

PS: Navires: seul l"équipage pouvait distinguer les vaisseaux de guerre de la Hanse de leurs Cogghes (kooge) de commerce 30m de long, 7 de large et 3 de tirant d'eau, intégrant à la structure de la coque un gouvernail d'étambot suspendu, innovation typique des ateliers du nord de l'Europe. Ces vaisseaux assurèrent aux Hanséates une supériorité maritime au XIII et XIV siècle dans les mers septantrionnales. Ils firent place au XV siècle à des bâtiments plus grands les Hourques puis à la fin de ce siècle des Caravelles. La Hanse comptait, abstraction faite de la batellerie côtière et fluviale, un millier de navires jaugeant 60 000 tonnes, ce qui la place en tête des puissances navales.M de V

mardi 2 mai 2017

N°35) Bertrand Du Guesclin versus Thomas de Cantorbery

Cette année la, les Anglois de Lancastre étaient venus pour assiéger la bonne cité de Dinan, la ville avait pour la défendre le sire de Penhoët, mais aussi Bertrand Du Guesclin, que l'on avait appelé en prompt renfort. Les Anglois harcelés avec le zèle coutumier de notre Bertrand, commencèrent à manquer de nourritures de bouches.

Mais ce qui se conçoit fort bien pour des assiégés, comme ceux de la cité, l'est beaucoup moins quand il s'agit des assiégeants !!! C'est un coup de main du Breton qui est à l'origine du régime forcé des anglais, il se rue sur les bords de la Rance et fait main basse à la barbe des "goddons " sur leurs barges chargées de victuailles.

Le Duc de Lancastre, hors carême, en est réduit à la portion congrue est doit faire maigre! voila une occasion pour le Duc, de glorifier le saint nom de Dieu, hors saison par l'intermédiaire d'un Breton. Lancastre propose une trêve de deux jours, afin de permettre à ses hommes de fourrager dans les environs ( sur le dos de nos culs terreux à mon humble avis!!). Profitant de ce répit, le frère de Bertrand, Olivier Du Guesclin, sort se trantôler sans méfiance jusqu'aux barrières anglaises.





Au mépris de la trêve, Thomas de Cantorbery, tel un mangeur de charrette ferrée, sans foi ni loi, s'empare du frère de Bertrand. Déjà teigneux de nature, le Dogue de Brocéliande n'avait pas besoins d'encouragements!,

Il se rend de ce pas dans le campement Anglais et se présente à la tente du Duc, afin de demander justice.Avec insolence ce benêt de Cantorbery refusa de rendre son prisonnier, et jeta son gantelet aux pieds de Bertrand, qui cela va sans dire se fit une joie de le ramasser.

La rencontre fut fixée au surlendemain, sur la place des lices de Dinan, le Duc et plusieurs de ses chevaliers furent autorisés à se rendre dans la cité (contre remise d'otages bien sur!!) pour assister au combat.les précautions sont d'usage, il y avait déjà bien assez d'un parangon de la bêtise comme Cantorbery, pas la peine d'en rajouter même au temps des romans de chevalerie.

Le jour dit, comme le beffroi sonnait les heures, Lancastre fait son entrée entouré de sa mesnie, on remarque la présence d'Olivier de Clisson partisan de montfort, parmi ses chevaliers.



Nos deux champions se présentent en lice armés de toutes pièces. Dans la tribune Bertrand remarque sur le premier rang, la Dame de Bellière, Tiphaine Raguenel, celle ci dans une vision avait prédit la victoire de Du Guesclin.

Elle aurait vue en songe un aigle noir déchirer les entrailles et arracher les yeux à un léopard terrassé. Bertrand portait d'argent à l'aigle bicéphale de sable, becquée et membré de gueules, à la cotice du même brochant sur le tout.

Sachant cela, tout le monde savait qui était le léopard terrassé, car chez ces gens dont le métier est la guerre, l'héraldique est un langage à part entière avec ses règles et son vocabulaire. Or donc puisque l' anglois en porte trois sur ses bannières, la cause est entendue, et Tiphaine possédait une solide réputation, on ne l'appelait pas la fée pour rien.

On rapporte à Bertrand les paroles de la vision de Tiphaine, celui ci aurait répondu, avec l'humour caustique qui le caractérise " fol est celui qui se fie à paroles de femmes, il n'est guère plus subtil et n'a pas plus de sens qu'une brebis ".





Néanmoins ce jour il inclina sa lance devant tant de grâce, il faut bien avouer que Tiphaine était de grande beauté, en retour la dame se sépare d'une étoffe d'azur qu'elle portait au cou et la place sur la hampe, relevant sa lance il fait glisser le tissu vers lui pour la nouer plus tard à la garde de son épée.

Nos deux protagonistes s'élancent l'un vers l'autre lance basse, le choc fut terrible, les lances volent en éclats, puis ils vont se toquer d'importance à grands coups d'épées. Au bout de quelques minutes grâce aux coups redoublés de Bertrand, l'anglais laisse choir son arme, il fait mouvement vers un bout de la lice, dans l'espoir d'y attirer le breton. On suppose que c'est afin de pouvoir contourner et récupérer son épée ? Mais le Bertrand ne voit pas la chose ainsi !!

Il démonte ramasse l'épée et la jette hors du champ clos, notre anglais est gros jean comme devant !! Le plus drôle est à venir.......!! c'est que le Breton tout à son affaire, ne remonte pas à cheval ! et se dirige à pied, et avec grande énergie sur son adversaire toujours à cheval !. L'ennui c'est que jambières et grèves le gênent dans ses mouvements, alors la posture devient cocasse, on voit notre Bertrand assis sur son cul en train d'ôter la partie basse de son armure !!






Cantorbery veut profiter de la situation, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas l'esprit chevaleresque, dans un grand éclat de rire, il pique des deux, avec l'espoir de le piétiner avec son cheval, mal lui en prit, le cheval va broncher pour éviter le corps! notre breton plonge sa lame jusqu'à la garde dans l'animal et notre anglais se retrouve au sol cul par dessus tête!!

Sans lui laisser le temps de se relever, notre teigneux breton l'empoigne de ses bras herculéens, lui relève la visière de son casque et lui fourre en la gueule de furieux coups de poings.


On dut arracher à Bertrand sa proie sanguinolente!! le perdant fut posé sur une claie traînée jusqu'aux barrières et jeté hors comme félon. Selon les us du moment, son frère une fois libéré reçu les armes et le harnois du vaincu, mais pas le cheval qui fut, la pauvre bête, le grand perdant de cette rencontre!!





                                       A Dinan se dresse une statue équestre de Du Guesclin
                                                   à l'endroit ou se déroula ce combat M de V


lundi 1 mai 2017

Portrait de Bertrand Du Guesclin Connétable de France


note de l'administrateur : J'ai retrouvé dans de vieilles archives, les actes du Colloque international de Cocherel, on y brosse un portrait de Bertrand qui semble être le plus réaliste que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. Je me propose donc de vous le transmettre sans rien retrancher, il fut écrit par monsieur Samaran, membre de l'institut, directeur honoraire des Archives de France.  M de V
                                                   
Il était d'une laideur formidable, je veux dire, capable d'inspirer la crainte. Il avait la face camuse et basanée, le front bombé, les yeux saillants, les lèvres épaisses, un corps ramassé à la poitrine osseuse et carrée, aux épaules en porte manteau, presque difformes, aux bras trop longs, aux jambes trop courtes. C'est ainsi tout au moins que l'ont représenté au naturel, avec un réalisme impitoyable, aidés probablement par le masque mortuaire des imagiers chargés de tailler son effigie pour son tombeau. Vous avez peut être vu, dans la Basilique de Saint Denis, ce portrait cruel, d'une vérité criante. C'est tout ce qui reste du monument du grand Connétable, mais c'est bien l'essentiel!. Il fallait insister dès l'abord sur cette laideur presque monstrueuse de Du Guesclin, car elle explique à la fois la violence de ses premiers réflexes d'enfant disgracié, rebuté par ses parents, moqué par ses camarades, et la volonté qu'il manifesta très vite de prendre sa revanche sur le sort.





Il faut mettre l'accent sur son adresse et sur sa force qui furent de bonne heure ses moyens d'attaque et de défense et qui lui serviront d'ailleurs toute sa vie. L' homme de guerre du XIV siècle, en effet, n'a rien d'un officier d'état major penché sur une carte et qui dirige l'action d'un poste de commandement, plus ou moins éloigné du champ de bataille. Non seulement Bertrand prépare l'attaque, mais il y prend part en personne, à la tête de ses soldats.

Bertrand Du Guesclin, aîné de dix enfants naquit vers l'année 1320, au château de la Motte Broons, à quelques lieues au sud ouest de Dinan sur la Rance, de père Breton et de mère Normande. De son manoir natal il ne reste plus pierre sur pierre, mais on peut penser qu'il tenait de la ferme plus encore que de la gentilhommière.Si son père, en effet, appartenait à une branche cadette de l'une des meilleures famille de Bretagne, il ne possédait guère, en revanche, d'autre trésor que cette honrable parenté, rehaussé poutant d'une autre, plus problématique celle là, sinon même légendaire, qui aurait fait des Du Guesclin  des descendants d'un roi sarrazin.?





Quand à ce nom bien Breton, destiné à retentir si souvent dans les combats et à être écorché par tant de bouches et en tant de langues, c'est apparemment celui d'une antique forteresse dont il faut chercher l'emplacement entre Saint Malo et Cancale, au sommet d'un rocher escarpé dominant la mer. Les " enfances Bertrand ", pour user d'une expression qui convient à merveille au héros dont une véritable chanson de geste, la dernière, devait chanter ses exploits, les enfances de Bertrand furent tès mouvementées. De caractère intraitable et de manières presque sauvages, le jeune garçon revendique d'abord avec fougue sa place au foyer paternel; puis, à la tête des petits paysans du voisinage, il organise des jeux guerriers qui finissent parfois assez mal, mais contribuent à lui faire, dans un corpd de fer une âme indomptable.

D'aller aux écoles il n'est, bien entendu, pas beaucoup question: " car lire ne savait, ni écrire ni compter " dira de Du Guesclin le jongleur attardé dont je parlais tout à l'heure, non sans exagérer peut être un peu, puisque nous avons des signatures de lui, à vrai dire assez maladroites. Il n'a qu'une passion, la lutte, lutte chevaleresque des tournois d'abord, puis la lutte à mort et par tous les moyens contre les envahisseurs anglais dans les landes et dans les bois de son pays, spécialement dans la forêt de Paimpont, l'antique et fabuleuse Brocéliande. Devenu chef de partisans au service de son Duc Charles de Blois, de sainte mémoire, il est armé chevalier sur le champ de bataille et se distingue en 1357 au siège de Rennes, qui marque une étape importante de sa vie militaire.





Et dès lors va se développer, pendant trente ans, une éblouissante carrière de soldat, dont la principale caractéristique ( qui le met bien à part parmi les capitaines de son temps, car tous plus ou moins à vendre au plus offrant) et qu'elle se passe d'un bout à l'autre au service de ses deux suzerains naturels, le Duc de Bretagne et le Roi de France !!! Même quand il combat en Espagne avec les grandes compagnies, c'est de l'aveu de Charles V et pour servir sa politique. Impossible de suivre  "Messire Bertrand", comme on l'appelait, dans le détail des innombrables actions de guerre auxquelles il prit une part presque toujours heureuse, de Ponvallin à Cocherel et de Cocherel à Montiel (dans la manche), et à Najera ( en vieille Castille) ou accablé par le nombre, il fut fait prisonnier.

Partout il se montre  chef accompli, maître dans l'art du recruteur et du conducteur d'hommes, soucieux du bien être et ménager du sang de ses soldats. Brave jusqu'à la témérité, il sait à l'occasion user de stratagèmes. Tantôt il attaque les places fortes de front et escalade le premier la muraille, parfois dans des situations si périlleuses, comme à Melun, qu'en dépit de sa force il est renversé tête première dans le fossé. Tantôt il pénètre, comme à Fougeray, avec de soi disant bûcherons ou bergers pour se démasquer au moment favorable et fondre sur l'ennemi l'épée haute aux cris de " Notre Dame Guesclin!" Mais ce batteur d'estrade est aussi un stratège, il s'entend à combiner un plan de campagne et à manoeuvrer sur le terrain. Il a d'ailleurs l'intelligence vive de l'esprit et, à l'occasion, la répartie prompte, cinglante, voire cynique. Voici quelques unes de ses saillies, telles que ses contemporains nous les ont rapportées. Ce ne sont peut être pas les propres paroles de Bertrand, mais les témoignages sont suffisamment concordants pour qu'ils inspirent confiance.





Un jour donc, le Duc de Lancastre, chef d'une armée anglaise qu'il combattait, l'invita, moyennant un sauf conduit, à le visiter sous sa tente.....on se faisait alors de ces politesses entre ennemis......et l'on en vint à parler des pertes en vies humaines qu'il fallait craindre si on ne trouvait pas le moyen d'arrêter les hostilités: " Bah ! s'écria Bertrand, s'il y a beaucoup de gens tués, c'est tant mieux pour les survivants; leur part d'héritage en sera d'autant plus belle "

Il avait conscience de sa valeur et ne faisait pas le modeste. Comme il menaçait le habitants d'une ville d'en faire raser les murailles s'ils ne tenaient pas leur promesse de se rendre à l'obéissance du roi, et comme un Bourgeois lui tenait tête, disant qu'il n'en viendrait pas facilement à bout: " sachez, s'écria Bertrand, que si le soleil entre dans ville ou château que vous ayez, moi aussi j'y entrerai !. Qui ne connait enfin sa fière réponse au prince de Galles, entre les mains de qui le mauvais sort l'avait fait tomber au cours de la guerre de Castille ? Bertrand n'avait pas craint de piquer au vif son vainqueur du moment en lui laissant entendre, que s'il le mettait à rançon, c'était par peur de lui voir reprendre le commandement des armées Françaises: Par Saint Georges, avait rétorqué l'anglais, vous croyez que c'est pour cela que nous vous gardons. Eh bien ! payez cent mille francs (c'était alors la dot d'une fille de roi), et vous êtes libre.

Et Messire Bertrand l'ayant pris au mot: mais dit le prince, ou prendrez vous somme pareille !!!, et Bertrand de répondre: Monseigneur le roi de Castille en payera la moitié, le roi de France le reste, et si ce n'était assez, il n'y a femme en France sachant filer qui ne filât pour ma rançon.





La victoire de Cocherel avait valu à Du Guesclin une magnifique seigneurie, le Comté de Longueville (au pays de Dieppe). En récompense de son intervention foudroyante contre Pierre le Cruel, Henri de Transtamare le fit Duc de Molina et Connétable de Castille. Devenu en 1370 Connétable de France, ce qui pour un simple chevalier représentait alors une fortune presque incroyable, Du Guesclin continuait au cours des années suivantes, à libérer peu à peu le territoire lorsqu'un mal inconnu le saisit et l'emporta, le 13 juillet 1380, devant Châteauneuf de Randon en Gévaudan (Lozère). On embauma son corps, mais, soit maladresse des praticiens, soit l'effet de la chaleur estivale, l'opération ne réussit pas. On dut, suivant un procédé fréquemment usité au Moyen Age, faire bouillir le cadavre et le réduire en squelette après en avoir extrait les viscères. Puis commença le voyage triomphal de ce mort glorieux.

Les entrailles furent confiées en passant à une église du Puy en Velay, le coeur envoyé aux Jacobins de Dinan, ou par testament il avait élu se sépulture. Puis Charles V ayant décidé de le fair inhumer à Saint Denis aux pieds même du tombeau qu'il se faisait préparer pour lui même, ce qui restait de la dépouille motelle prit à petites journées, le chemin de Paris, recevant partout les plus touchants hommages.

Certes, nul n'en était plus digne que celui qui avait rendu confiance aux Français après les désastres de Crécy et de Poitiers et qui aurait sans doute sauvé pour longtemps notre pays si, quelques années après sa mort, la folie du fils aîné de Charles V n'avait donné le signal de la guerre civile et rendu la France au chaos. Parmi  les services insignes que Du Guesclin a rendu à la France il en est deux qu'il faut, en tout premier lieu retenir. Il a (ou peut s'en faut) débarrassé le royaume de ces débris d'armées qu'on appelait les compagnies et qui volant, violant, vivants de rapines et de chantages, mettaient en coupe réglée des régions entières. Il a reconquis sur les anglais, ville à ville, village à village, château à château, presque toutes les provinces françaises envahies, sauf Calais, Bordeaux et Bayonne.

PS: pour tout cela, Bertrand Du Guesclin  a été de son temps égalé aux plus fameux héros de l'histoire et de la légende. Il a été chanté comme le dixième preux. Il est vraiment la dernière figure épique de notre Moyen Age. M de V