Cette enveloppe chétive et maladive, bourrée de remords de regrets et de doutes, qui l'assaillaient sans répit. Prisonnier volontaire tant de son esprit que des murs dont il s'entourait, entretenant autour de sa personne une surveillance dont la rigueur frisait le ridicule!!!
Nous savons par Philippe de Commynes que ce roi était un être craintif, voir peureux selon les situations ! Dans les derniers temps de son règne, ce trait de caractère s'aggravait, il ne devait pas être simple de vivre dans son entourage dans les derniers mois de sa vie !!
Si des Princes ou gens de hauts lignages venaient le visiter au fond de sa retraite, il envoyait au devant d'eux, au lieu d'avenants pages, quelque officier mal dégrossi, bourru et rustique, nous dirons une sorte d'inquisiteur ! chargé de fouiller au corps et de tâter la robe de ces visiteurs, afin de s'assurer qu'elles ne contenaient nul lame de poignard. Il semble évident de croire que au niveau diplomatique l'ambiance devait s'en trouver largement refroidie !!!
La visite des Ambassadeurs Flamands, venus pour la ratification du Traité d'Arras, l'avait mis mal à l'aise et inquiété à l'excès, les historiens nous montrent ce grand monarque, pénétré de cette peur qui rend frileux, le visage collé au vitrage grillagé de sa chambre.
Toujours aux aguets, tremblant et tressaillant au moindre bruit et n'osant faire baisser les chaines du pont levis, ou ne le faisant qu'en de rares occasions.
Il pouvait aussi envoyer selon l'humeur du moment, Tristan l'ermite, pendre quelque manant, qui aurait eu la malencontreuse idée de s'attarder le long des fossés du château, toujours cette peur de l'espion ou de l'assassin ! La terreur de la mort qu'il voyait approcher à grands pas, n'arrangeait rien, et loin de le rendre meilleur excitait davantage sa cruauté !!
S'il baisait souvent les reliques des saints, c'était pour demander un miracle pour sa santé, tout en ne faisant rien pour le mériter au demeurant!
Il fit venir de Calabre, Saint François de Paule, mais c'était pour mieux se traîner lamentablement à ses pieds, en le suppliant de prolonger sa vie, il faisait feu de tout bois dans l'espoir d'échapper à son inéluctable fin, ce combat que personne ne peut gagner fut il le plus grand monarque du moment !
Peu de temps après les fiançailles du Dauphin, à peine sorti de ses maillots et enfances, avec Marguerite d'Autriche célébrées à Amboise, louis fut frappé d'une troisième attaque!
Ce devait être la dernière et après plusieurs alternatives entre la crainte et l'espoir, le roi du se résigner à la mort ! Ce mot le faisait trembler, il avait même recommandé aux proches qui entouraient son lit de ne point le prononcer tout haut devant lui, mais de le prévenir par cette péri-phrase " Parlez peu ", lorsqu'ils verraient s'approcher l'instant fatal !
Mais voila il était entouré de ces hommes grossiers, frustres, dont il s'était fait la seule compagnie, de ces rustiques mal dégrossis, bourgeois âpres aux gains, pour qui les sentiments ne pouvaient que ressembler aux tintements de sonnantes et trébuchantes monnaies !
Nos rustiques compères loin de le ménager, l'avertiront brutalement " n'ayez plus d'espérance, car surement c'en est fait de vous " et ses hommes sans conscience vont l'engager prestement à penser à son âme .
Le roi sentait qu'il luttait vainement, contre la grande faucheuse l'ombre s'en étendait sur son lit, il la voyait de ses yeux, la vie lui échappait.
Mais en quittant ce monde il voulait comme tout moribond s'assurer de l'autre, Louis reçu donc les sacrements et peu de temps après il expira, sans faire hélas couler le moindre ruisseau de larmes vers ce lit ou il repose !!
Cette mort fut le signal de scènes odieuses, tous nos rustiques bourgeois dont il s'était entouré, abandonnant le corps du roi moribond coururent au pillage ! comme s'ils eussent voulu prouver, qu'un prince quel qu'il fut, s'attache moins les hommes par ses largesses que par l'estime qu'il a su leur inspirer !
J'aime l'hommage de Paul Murray Kendall, dans sa biographie de Louis XI: je cite, il eut l'audace de préférer la ruse à la force et il eut la grâce de mettre en pratique un sens de l'humour qui fit de lui un étranger dans son époque. Quoiqu'il ait transformé un grand royaume et laissé à la postérité un brillante leçon de politique, peut être n'est il pas plus important, par ce qu'il fit que par ce qu'il fut...! une des personnalités les plus extraordinaires de tous les temps.
PS: Louis laissait une France agrandie par la Bourgogne, la Franche Comté, l'Anjou, le Maine, la Provence, l'Artois et le Roussillon, tous par ses efforts réunis à la couronne, les frontières de la France de Louis XI, se rapprochent sensiblement de nos frontières actuelles. Je sais que selon les théories à la mode chez les médiévistes, Louis XI n'est pas un roi du Moyen âge, les uns se reportant à la chute de Constantinople et les autres à la découverte des Amériques par Christophe Colomb ! mais c'est mon blog d'abord !! et pour moi ce monarque est le dernier roi de cette époque M de V