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jeudi 27 février 2020

Le service militaire sous Philippe III le Hardi

Pour le règne de ce monarque , fort peu documenté, le Chartrier de Pierre de la Broce Seigneur de langeais et incontournable, ses documents confisqués avec ses biens et ses domaines ont été versés au trésor des Chartes, après la chute de ce favori du roi Philippe III (1270-1285), ce Pierre de la Broce reste le premier "favori" de l'histoire de France

Une partie des documents de ce chartrier (huit actes en particulier, on retenu l'attention de Xavier Hélary, historien médiéviste et spécialiste de la guerre au moyen âge, votre copiste le nain se propose donc de vous livrer quelques extraits de son travail, donnant un éclairage sur le mécanisme de réunion de l'Ost Royal sous ce monarque, et les rapports existants entre un Seigneur et ses Vassaux au regard du service militaire en cette fin de XIII siècle

La question du service militaire à cette période est dès plus complexe et dès plus mal connues. Ce dossier d'actes permet d'y voir plus clair









Schématiquement , l'ost royal pouvait être constitué de deux manières. Un certain nombre de chevaliers et autres combattants étaient retenus aux gages du roi, au sein de son hôtel, ce que l'on pourrait nommer " la maison militaire du roi ". le compte qui récapitule les dépenses liées à la croisade d'Aragon de 1285, distinguait nettement les chevaliers qui estoient de l'ostel, de ceux qui n'estoient point de l'ostel !!

Par ailleurs ses vassaux directs devaient obéir à la convocation que le roi en tant que Seigneur Suzerain leur adressait, et lui fournir le service auquel ils étaient tenus, dans des formes infiniment variables en fonction des personnages et des lieux ou ils se trouvaient, mais le plus souvent pour une durée de 40 jours gratuitement !

Beaucoup de vassaux du roi étaient de simples Chevaliers, et ils servaient avec juste une ou deux personnes dans leur suite, bien souvent un écuyer et un " garçon ", celui ci étant le plus souvent chargé de s'occuper des chevaux et du matériel. Dans ce cas précis le recrutement était assez simple puisque c'était l'entourage habituel du chevalier qui était sollicité

En revanche pour les vassaux plus importants, ceux du premier rang, Ducs, Comtes, et hauts Barons, mais aussi les seigneurs qui jouissaient d'une certaine considération étaient accompagnés d'une suite bien plus importante








Pour l'expédition de Philippe III contre le Comte de Foix, en 1272, le contingent du Duc de Bourgogne était composé de 11 bannerets, 43 chevaliers et donc plusieurs dizaines d'écuyers et hommes d'armes attachés à ces fers vêtus, dont les documents conservés n'ont pas gardé la trace.

Mais on sait par exemple que le Comte de Rodez vint avec 7 Bannerets, 26 Chevaliers, et 97 écuyers et hommes d'armes !!, ce qui laisse à penser selon Xavier Hélary, que la proportion de non chevaliers dans la cavalerie lourde de l'ost était assez forte, et qu'en tout cas elle est nettement sous évaluée par les sources ???

Il y a tout lieu de penser que les contingents étaient constitués sur le modèle de l'Ost Royal, chaque Seigneur, comme le roi, pouvait à son niveau, recourir à la semonce de ses propres vassaux et à la retenue de combattants figurant dans son entourage, ou recrutés pour l'occasion

On peut évoquer la constitution, par l'évêque de Beauvais, à l'occasion de l'Ost de Sauveterre en 1276, que le roi avait réuni contre la Castille, de l'envoi par cet ecclésiastique de 10 Chevaliers. Selon les documents ces dix Chevaliers semblent ne pas être forcement ses vassaux, ou du moins ce n'était par pour cela qu'ils allaient combattre...ce qui nous amène à la deuxième manière d'être à l'Ost Royal








Ce prélat avait conclu avec trois d'entre eux une convention, au terme de laquelle ils étaient tenus, moyennant pécunes de l'évêque, de servir en son nom dans l'armée royale avec sept autres chevaliers dont le recrutement était laissé à leur discrétion. Ce système de contrat même s'il fut fréquent n'avait pas supplanté le service du par les vassaux à leurs suzerains, car sous le règne de Philippe IV le Bel, plusieurs documents attestent de cette obligation, il semble plutôt que les deux systèmes jusque dans les premiers temps de la guerre de cent ans coexistèrent

Les sanctions existaient aussi, par exemple, en novembre 1298, un vassal de Charles de Valois nommé Fouquet, perdit son fief pour défaut de service, et au printemps 1302, après " les matines de Bruges ", Jean Seigneur du Luzarches rejoignit l'Ost réuni par le Comte d'Artois, le seigneur de Luzarches tenait plusieurs fiefs, dont le roi avait transféré l'hommage lige à Pierre de Chambly, et pour lesquels Jean devait en temps de guerre le service de trois Chevaliers, il va donc suivre le Seigneur de Chambly à l'armée de Flandre et aura la chance de survivre à cette fameuse bataille de Courtrai ou les Flamands ne firent pas de prisonniers !!

Cependant il va tomber malade et obtenir des maréchaux de France, l'autorisation de se retirer tout en laissant ses trois chevaliers à l'Ost. Ce qui n'empêcha pas Chambly de confisquer ses terres pendant 3 ans, sous le prétexte qu'il s'était retiré sans congé. Après transaction Jean du céder à son suzerain des terres produisant un revenu de 50 livres l'an



PS: voir également l'article 276, le Ban et l'arrière Ban au Moyen âge M de V

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