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mercredi 11 septembre 2024

les Evangiles des Quenouilles XV siècle

Voila un petit recueil amusant, que je voulais vous présenter . Le texte traduit est celui de l'édition de P-Jannet paru en 1855 et qui reprend l'édition qui fut imprimée à Bruges en 1479-1480. Ce texte fut repris dans des publications ultérieurs, notamment dans le manuscrit que possède la BNF. De l'accord de tous les spécialistes la version publiée par Colard Mansion en 1479-1480 est considérée comme la plus ancienne des " Evangiles des Quenouilles " et elle ne comporte aucune indication d'auteur, au même titre que le " livre du Trois " datant du XIV siècle, écrit par un anonyme Catalan, déjà présenté sur ce Blog (voir article)

Il existe un autre manuscrit contenant d'importantes différences avec le premier, il est conservé au musée Condé de Chantilly. Il est signé de trois auteurs supposés ???, Fouquart de Cambrai, Anthoine du Val et Jehan d'Arras, tous inconnus, mais qui confirment bien la provenance Nordique, Picarde en fait, de ces évangiles

Jacques Lacarrière, auteur de ce bouquin n'est pas, comme votre serviteur copiste d'ailleurs, un médiéviste. Il a éprouvé beaucoup de difficultés à lire le texte original en " vieux François " du XV siècle

A son grand étonnement il constate que ces Evangiles des Quenouilles n'ont jamais été traduit depuis leur première édition, mais la langue de ce siècle et son lexique Picard sont très éloignés du Français classique il nous offre ici une traduction accessible aux lecteurs non spécialisés !





Le recueil évoque six sages " doctoresses et inventeresses " qui se réunissent au cours de six veillées pour disserter à tout de rôle sur les maladies, remèdes, recettes, dictons, conseils et interdits de leur vie quotidienne 

Ces évangiles recueillent un grand nombre de croyances et de superstitions concernant les femmes. Croyances qui ne sont nullement mortes avec le Moyen âge et dont beaucoup survivent encore aujourd'hui dans nos campagnes. Ce document nous apporte aussi un éclairage nouveau sur l'univers quotidien des femmes du XV siècle, reflet d'une certaine société médiévale

Je me propose donc, sans autre forme de procès, de vous offrir quelques une de ces perles d'un autre âge, qui je l'espère vous donnerons l'envie de vous procurer ce bouquin

Ci commence le traité intitulé : 

Les Evangiles des Quenouilles fait en l'honneur et exaucement (élévation ou glorification) des Dames





Maintes gens aujourd' hui allèguent et autorise leurs paroles et raisons par les évangilles des quenouilles, qui pourtant n'en savent guère l'importance et l'autorité, ni qui en furent les sages doctoresses et premières inventeressesQui pis est, ils allèguent plus par dérision et moquerie qu'ils ne le font par estime pour la grande substance qu'ils contiennent. Et ils le font toujours pour l'amoindrissement et le reboutement (rejet) des Dames, ce qui est pêché et grande honte pour ceux qui ainsi le font

Car ils ignorent la grande noblesse des Dames et les grands biens qui d'elles procèdent.Car la première femme ayant été faite et créée en lieu haut et noble, plein d'air net et pur (il parle ici de l'eden)

Toutes femmes sont naturellement nobles, nettes, douces, courtoises et pleine d'esprit léger et inventif, et si subtil qu'elles savent sans effort plusieurs choses à venir, car elles connaissent les choses passées et présentes de leur propre nature selon les conjonctures et dispositions des temps, des personnes et des augurements (présages), des oiseaux, des bêtes et de toutes les autres créatures comme il apparaîtra dans le cours de ce livre !






Or donc pour obvier (faire obstacle) à de telles injures, mettre à néant de telles moqueries j'ai à la requette de quelques unes d'entre elles, comme vous le verrez ci-après, mis par écrit et en ordre ce petit traité qui contient en soi le texte des Evangiles des Quenouilles, ainsi que plusieurs gloses et postilles (explications), ajoutées et dévoilées par quelques unes de ces sages dames !

Citons en premier un chapitre de Dame Ysengrine du Glay :

Je dis pour vrai et certain qu'évangile que, lorsqu'un homme couche avec sa femme ou son amie en ayant les pieds sales et puants, s'il advient qu'il engendre un fils, ce fils aura puante et mauvaise haleine et si c'est une fille, elle l'aura puante par la porte de derrière !

Mes voisines et compagnes, je vous dis pour évangile que si l'on donne à manger une pomme cuite à un enfant nouveau né avant qu'il ne suce la mamelle, jamais après de toute sa vie il ne sera ni glouton ni gourmand à table pour boire ou pour manger 
Glose : dame Marie Morele dit à  ce propos que lorsqu'un enfant naît avec le petit boyau (cordon ombilical) jusqu'à la tête, cela veut dire longue vie, douce haleine, bonne voix et gracieuse éloquence








V
ous toutes qui êtes présentes, écoutez bien, je vous avertis que jamais on ne doit tirer une épée ou un objet long et tranchant devant une femme grosse (enceinte) sans d'abord lui toucher doucement du plat de la lame le sommet de la tête, afin qu'elle soit assurée que son fruit soit toute sa vie hardi
Glose : dame Péronne Bevette dit que, comme on ne le fit point à sa mère lorsqu'elle la portait elle est toujours peureuse au point qu'elle n'oserait coucher seule sans avoir la compagnie d'un homme !!!

Quand on voit des petits enfants courir parmi les rues sur des chevaux de bois en tenant des lances ou déguisés en gens de guerre, c'est signe certain de conflit prochain ou de dissension dans le pays
Glose : dame Perrine Hulottote dit à ce propos que lorsque les petits enfants portent Bannières et Gonfanons en chantant es rues et ruelles c'est signe de mort prochaine !


PS: je vous laisse sur vôtre faim et vous engage à trouver ce livre ....Les Evangiles des Quenouilles de Jacques Lacarrière, collection espaces libre chez Albin Michel...en format poche édition 1998...Ahaaa les z'harpies j'vous jure !!...M de V

samedi 7 septembre 2024

N°480) Le Pavement de la Rue Médiévale

Or donc dans l'avant dernier article nous parlions de la pollution au Moyen âge, il en découle que celle ci se concentrait surtout dans les Bourgs et les Cités. Le pavement des rues est une des solutions aux multiples nuisances de la vie dans les cités ! 

Protéger une chaussée " de terre et de gravois " l'empierrer ou mieux encore la recouvrir d'un revêtement solide afin de la rendre " moins périlleuse aux passans " et faciliter le passage des animaux de bât, des charrois et véhicules hippomobiles de toute dimension

Les témoignages de la fin du M-A ( XV-S ) montrent qu'il reste beaucoup à faire pour rendre le pavé luisant de propreté. Quand la rue de Nesle à Paris a été dégagée de ses ordures en janvier 1448, le voiturier Guillaume Caillet évacue l'équivalent de trente trois tombereaux de déchets !!!

Il s'agit de combattre les nuisances qui se sont généralisées avec l'extension et le peuplement des Bourgs et cités. La pose et l'entretien des pavés a d'abord relevé des particuliers et des autorités seigneuriales Laïques et Ecclésiastiques. L'essentiel des travaux intra-muros a été réalisé aux coûts et dépens des riverains soumis individuellement et collectivement à cette obligation !!










Beaucoup de villes ont obtenu à la fin du M-A, des Roys, des Princes, Ducs et Seigneurs, en même temps que les libertés administratives, le droit de mettre en place une fiscalité nouvelle pour subvenir aux charges qu'elles devaient assumer : comme la défense, les salaires des administrateurs locaux, les receptions et les fêtes, l'entretien des remparts, des bâtiments utilitaires, des égouts et des pavés

Le Pavage devient un chapitre de dépense, ou de " mises " dans les budgets municipaux. C'est ainsi que sont aménagés les grands axes indispensables à la vie économique. Mais le pavé reste encore un luxe fin XII et XIII siècles et il est difficile de distinguer entre le simple empierrement et les véritables pavés, entre la pose de dalles neuves et la réutilisation des anciennes !

Le siècle de Saint Louis, puis le début de la Guerre de Cent Ans (1337) occupent une place de choix dans le développement des institutions municipales, dans le transfert sur les finances urbaines du poids des travaux de défense, d'entretien des bâtiments d'utilité publique et des chaussées ( Saint Flour, Périgeux, Millau, Calais), Charles V favorisera la levée de subsides pour la protection des cités face à l'Anglois !










L
e pavé trouve désormais sa place dans les préocupations de Ediles qui commencent même à lever des taxes spéciales pour son entretien ou exiges une participation efficace des citadins. On le constate précocement en Italie ( Florence, Pérouse ) dans les principales villes du midi provençal et rhodanien, dans les Sud Ouest Aquitain et Languedocien, en Flandre, dans le Brabant et en Artois ( Aire sur la Lys dès 1187 ) à Bruxelles dès 1265, à Gand dès 1280, à Lièges vers 1285, à Calais, Ypres, Saint Omer ou l'essentiel de l'oeuvre de revêtement serait même achevé dès la fin du XIII siècle 

Des allusions à la pose d'assises sur le sol sont relevées à Senlis dès 1173-1179, à Poitiers en 1251 à propos de l'ouverture d'une carrière relevant du chapitre de Saint Hilaire la grande, puis à Troyes en 1270, à Reims en 1284, mais beaucoup plus rarement dans les régions Bretagne, Auvergne, Jura, ainsi que les Alpes et les Pyrénées

Tout semble s'accélerer au XV siècle et le pavé n'est plus un luxe ou une exception. La nécessité administrative, commerciale et militaire pousse les Souverains français, les Princes Fieffés, les seigneurs Ecclésiastiques et les Conseils Urbains à s'en préoccuper. Même si le pavé n'a pas la même importance budgétaire que les " grosses oeuvres " des remparts !










Les informations sur les revêtements vicinaux se multiplient dans les actes ( Reims dès 1356), tant et si bien que les pavés constituent parfois un chapitre entier dans les comptes des receveurs ( Nantes, Rennes, Tours ).

Nos médiévistes pensent que l'essentiel est accompli à la fin du XV siècle intra-muros des grandes Cités...Exemple : à Tours du temps du Roy Charles VII, puis du Roy Louis XI à Chartres ou il ne reste que quelques ruelles à aménager. Désormais les petites bourgades commencent à s'en préoccuper. Des travaux sont fait en Bretagne, à Guingamp, Moncontour, Fougères, Tréguier, Quimper, Vannes et Vitré dans la seconde moitié du XV siècle 

Beaucoup ont associé le pavé à la volonté de supprimer boues et fange, flaques d'eau putride et verglas d'hiver. La saleté serait à contrario liée à l'absence de revêtement dans rues et ruelles. Ce n'est pas tout à fait exact, car si les rues sont pavées souillures et immondices n'en sont pas éliminées pour autant !. Elle est omniprésente et tend à s'accroître à la fin du Moyen âge avec l'augmentation de la densité de l'habitat dans les Bourgs et les cités, pas plus maintenant qu'avant le citadin semble respecter l'idée de salubrité publique










Celle ci est aggravée par le carcan des remparts, ces communes clotures des cités et par la configuration des tissus viaires ainsi que par l'absence de véritables mesures d'hygiène collective. Quand bien même elles existeraient !!...aucun citadin ne la respecterait 

Prenons un exemple : la ville de Sarlat, un lieu ou votre copiste a élu domicile depuis dix ans, les archives de la Dordogne, aussi bien régionales de Périgueux que communales de cette belle cité nous présente plusieurs documents d'un passé récent !!

Il est fait état, en 1907 (année de la sortie de la première Harley Davidson ) que notre cité vivait dans une insalubrité totale, foyer d'épidémies et de fièvres innombrables. Les citadins à cette époque vidaient encore leurs vases de nuit par les fenêtres, directement " es rues et ruelles ". l'insalubrité faisait partie du quotidien du citadin  !!!!!

PS : nous arrivons à l'article 480, cela représente 3000 pages d'écriture, des heures de recherches incalculables, puis d'heures de frappe sur le clavier de l'ordinateur pour finaliser, ainsi que d'innombrables heures de visionnage d'images afin d'agrémenter les textes des articles de ce Blog....votre copiste vous salue bien M de   






dimanche 30 juin 2024

Le Nouage de l'Aiguillette

Ahaaa putentrailles !!, le vil procédé, par façon de sorcellerie que voila !!!. Qu'elle est donc cette ire et qu'est ce donc que ces fadaises me direz vous ??

Ecoutez gentes Dames, gentils damoiseaux, Bourgeois, Manants et Vilains, il s'agit d'un maléfice, une opération magique fomentée par quelques Sorcier malfaisant ou sournoise Sorcière, consistant à empêcher un homme de consommer son mariage

En ces temps reculés du Moyen âge, dans villages, bourgs et cités le peuple et la noblesse croyaient aux forces surnaturelles, aux pratiques diaboliques, aux nécromanciens et aux noueurs ou noueuses d'aiguillette

Les mariés au soir des noces attendaient le moment de pratiquer ce que l'on nomme pudiquement " le devoir conjugal ". Bref le marié était impatient de biscoter sa dulcinée en jouant la bête à deux dos

Quoi ! y a pas de mal à ça m'enfin !, c'est la nature, encore faut il que personne vienne y mettre entrave








Mais, ne voilà t'il pas !, que le Sieur ahanant fébrilement, y perdant son vent et haleine, cherche son aboutissement, car malgré les efforts notables de l'épousée il reste Gros Jean comme devant

Pour le mari honteux et fou de rage il n'y avait aucun doute : il était la victime d'un vil procédé de sorcellerie exécuté par un Noueur ou une Noueuse d'Aiguillette. Ahaaa s'il pouvait tenir ce Foutumassier de Bren qui le réduisait à l'état de chapon ou d'eunuque en sérail 

L'aiguillette à laquelle se rapporte notre maléfice n'est autre que ce cordon, ferré aux deux bouts, qu'utilisaient les hommes pour fermer le devant du " haut de chausse ", bref une braguette à l'ancienne. Or donc vous devinez, en extrapolant, qu'avec l'aiguillette nouée notre pauvre homme, noble ou manant était incapable de dégainer...il en allait de même au lit après la diablerie !!!

Ce genre de maléfice était connus et redoutés depuis l'Antiquité. Platon dans le livre II des lois, conseille à ceux qui se marient de prendre garde à ces charmes ou ligatures, qui troublent la paix des ménages, dans le livre IX il ajoute qu'il y a une espèce de maléfice qu'on nomme ligature, il ajoute qu'il est très difficile de savoir ce qu'il y a de vrai en cela ??











Pline
quand à lui, XXVIII chapitre IX, recommande de frotter la porte de la chambre nuptiale avec de la graisse de loup, afin de contrer le maléfice. Mais comment pratique t'on ce maléfice ?, c'est le plus souvent lors de la cérémonie du mariage, dans l'église, que le jeteur de sortilège, cette engeance maléfique, opérait son rituel diabolique !!!

Il existe selon d'anciens textes des dizaines de façons de nouer l'aiguillette en voici une, je vous la donne pour ce qu'elle vaut :

Après s'être muni d'un lacet, on faisait un premier noeud lorsque les mariés échangeaient leurs anneaux, puis un second, quand le prêtre prononçait les paroles du sacrement et enfin le dernier noeud était exécuté quand les époux allaient se joindre dans la couche nuptiale au soir de la noce, et Paf l'aiguillette était nouée mordious !!!!

Le peuple avait, dans le but de combattre le noeud de l'aiguillette, adopté une coutume : c'était " le chaudeau ", un bouillon ou soupe de la mariée qu'on lui apportait à la première nuit de noce. Cette galimafrée moyenâgeuse, était destinée à réchauffer l'ardeur des époux et à les empêcher de s'endormir









Selon les écrits d'un certain Jacques Despars, qui fut médecin au XV siècle et qui traitait dans un de ses volumes des Arts magiques, nous laisse une anecdote concernant le nouement de l'aiguillette, je cite : Je connais un Comte qui dit à un Chevalier nouvellement marié " tu vois ce lacet ", il répondit que oui. Le comte lui dit : je vais le nouer et jusqu'à ce que je le dénoue tu ne pourras pas honorer ta femme de manière complète !!!...c'est ce qui se produisit, comme ce chevalier me le jura à moi et d'autres personnes, alors même qu'il estoit fort puissant sexuellement et son épouse estoit dans la fleur de ses vingt ans !!!!

Nota : une des recettes permettant de dénouer l'aiguillette, il fallait respirer la fumée de la dent brûlée d'un homme mort depuis peu..... Heuuuu sans moi hein !!!!!

Doc à consulter : de l'imposture et tromperies des diables, enchanteurs, noueurs d'aiguillette P-Macé 1579 et Traité de l'enchantement du nouement d'aiguilette en la célébration de mariage Haultin 1591

PS; voilà un vil procédé, que d'escouiller un jeune chevalier, obérant sa lance dès sa première joute avec sa dulcinée. C'est pas Dieu croyable tout les malfaisants sorciers et vindicatives sorcières qu'on croise en ce bas monde morbleu M de V

vendredi 7 juin 2024

La Pollution au Moyen Age

La vision idéalisée de la rue que donnent des miniatures représentant une entrée d'un Roy " en sa bonne ville ", une procession de religieux pour le Saint sacrement ou des festivités ne sauraient cacher la réalité du quotidien vécue, au Moyen âge, dans les cités par ses contemporains. Dans les archives on trouve une documentation hétéroclite qui décrit souvent d'affreux cloaques, des " merderons ", remplis  " d'immondicitez ", de " marres et de bouillons " qu'empruntaient les citadins à leurs risques et périls !!!

Les enquêtes menées dans plusieurs villes à la fin du moyen âge soulignent les origines complexes de ces " infeccions ", des " immondices nuisables à corps humains ", des " eaux noires " qui souillent et saturent les chaussées, polluent l'atmosphère et le sous-sol, déteriorent la qualité de l'eau nécessaire aux usages domestiques et industriels !!

La Pollution Organique : Elle émane du principal vecteur de pollution urbaine, l'HOMME et est la plus souvent décrite . Elle résulte d'une surcharge de résidus organiques provenant des " nécessités " (le terme est médiéval) biologiques et alimentaires qui ne sont pas correctement évacuées ou auto-épurées

On " lasche ses eaues ", on défèque, ou on fait ses " aysements et souillures ", ses " vidanges " et on crache avec désinvolture n'importe ou au Moyen âge, au grand dam des passants !!!!!!









L
'individu satisfait ses besoins naturels à même le pavé, dans la rigole appelée selon les endroits " essau, essiau, gazilhans, garillans ", au pied des façades d'habitations, dans le caniveau central. Il se fait aussi dans les impasses, la cour des immeubles, à l'intérieur des bâtiments publics, des tours d'enceinte, sous les Halles, sur le parvis et sous les porches des églises

Vider des fenêtres les " pots à pisser ", les eaux sales et les détritus, laissant les passants compissés et conchiés !!. la pratique est à ce point répandue qu'à Périgeux un édit de 1342 rappelle que " pour le bon ordre de la ville on ne devait jeter par les fenêtres des eaux fétides et putréfiées qui empoisonnent l'air et les gens du voisinage "

A plusieurs reprises les autorités des cités dénoncent le sans-gêne des malotrus dans leurs ordonnances mais les mauvaises habitudes sont bien ancrées !!. Je ne voudrais pas faire de délation, mais il n'est que de regarder nos contemporains cracher, pisser, ou déposer serviettes sales et bren dans nos rues, sans compter les urines et merdes de leurs chiens !!!

Voyons par un simple jeu de calcul auquel se sont livrés des chercheurs, afin de vous donner à réfléchir, sur les rejets organiques humains d'une cité !!!








S
i un individu produit chaque jour en moyenne 140 grammes de matières fécales et 1,5 litres d'urine, une ville comme Chartres doit évacuer par an 330 tonnes de bren et 2,700 tonnes d'urine, ajoutons à ce total le pissat et crottin de cheval, les déjections des chiens et des porcs, ainsi que les détritus et chacun prendra la mesure du risque !!!!!

Jeter des détritus, des ossements, des boyaux de divers animaux, des viscères de poissons, des cendres et des eaux sales sur la chaussée, les places publiques, ou pire encore sous le porche du voisin est une habitude, une insouciance si commune dans les cités médiévales que les édits royaux, ducaux, seigneuriaux, ou même les ordonnances municipales finissent par se lasser de fustiger le populaire !!

Les pollutions animales : l'élevage vicinal de volailles, de porcs sont habituels, même si les risques épidémiques conduisent les autorités à en limiter parfois le nombre à quatre porcs par famille ( Reims 1389 ) ou délimiter des aires et des itinéraires pour le passage des troupeaux !!. La plupart du temps, les animaux de basse cour et les porcs divaguent dans l'espace resserré des ruelles au milieu des passants. Les hôtels particuliers, palais urbains, bâtiments administratifs, établissements hospitaliers et les bordels ne disposent pas toujours, de soue à cochons, d'étable ou d'écuries pour les chevaux, ânes et mulets










Les abords des auberges sont toujours souillés par la présence de chevaux et de mulets. " L'Asne royé " rue des Fuzeliers à Troyes a la triste réputation d'infecter son voisinage, il en va de même pour les bordels ou l'on se rends avec sa monture pour ne pas avoir les poulaines couvertes de bren !  

La plupart des Bouchers et des Charcutiers travaillent de toute ancienneté, en plein centre urbain, sur des étals donnant directement sur la rue, égorgent et dépècent sur le pavé innondé de sang. Que représente dans une ville de 200 000 habitants (Paris), de 40 000 comme Rouen, Toulouse et Lyon ???

Ces centaines de bêtes tuées sur place à longueur d'années, ces tripes et ventres, le sang et les peaux ainsi que les matières fécales et l'urine de ces animaux stagnant avant de rejoindre le caniveau central ! . Selon le ménagier de Paris, on aurait abattu en 1293 : 188522 moutons, 30116 boeufs, 19604 veaux et 30784 porcs !!

Ce qui est reproché au Boucher l'est aussi au Tripier, au Cergier qui font couler sur le pavé la graisse, et même au Barbier chirurgien, car le sang des saignées aboutissent inévitablement sur la chaussée. Même motif pour les Médecins qui mirent les urines et examinent le bren de leurs patients, car elles finissent dans la ruelle  !!








La Pollution Chimique
: elle existe bel et bien au Moyen âge et s'avère à la lecture de rares témoignages d'archives, plus redoutable que la pollution biologique. Le pire responsable de cette pollution est le Plomb, dont le danger fut longtemps méconnu. Elle frappe ceux qui respirent des vapeurs et des poussières de plomb

Les " Pintiers " (fabriquant de pots et de tuyaux), les Peintres utilisant une peinture blanche à base de Céruse, mais la maladie atteint aussi les utilisateurs des objets fabriqués avec ce métal toxique, sans oublier les Verriers fabriquants les vitraux des églises,et bien sur les Fossoyeurs et Vidangeurs au teint plombé victimes de leur métier

L' Argile et l'Alun qui est un sulfate d'Aluminium et de potassium utilisés par les Foulons dans leurs ateliers se trouvant parfois en amont d'un cours d'eau, infiniment dangereux pour le bien être d'une agglomération, les municipalités dénoncent fréquement ces activités qui corrompaient l'air, le sol et l'eau des rivières. Sans parler du traitement de la Laine brute contenant 30% d'impuretés qui s'échappent dans la nature, suite à l'opération du Tri et du Cardage et de l'élimination du Suint. Le lavage des draps graisseux par les Teinturiers ont aussi un fort cofficient de pollution .










La Peausserie, la Mégisserie, la Parcheminerie exigeant de l'Alun et de la Chaux pour le pelage des peaux, l'élimination des graisses , chairs et poils adhérents aux peaux des animaux. la pollution hydrique atteint des proportions redoutables chaque fois que les cours d'eau ont un débit trop lent 

L'atmosphère elle aussi est vite saturée d'odeurs repoussantes, de fumées toxiques, d'émanations d'oxyde de carbone, de particules de suie que lachent les fours, les cuves ou les fosses à fiente !!



PS : voila, je vous l'accorde, un tableau fort peu idyllique de la vie médiévale dans les bourgs et cités !!!.....mais cependant je vous engage à lire le livre de J-P Legay sur la Pollution au Moyen âge...ce que votre copiste a écrit n'est qu'une mise en bouche M de V

lundi 13 mai 2024

Les Compagnies Folles

De toutes les associations médiévales et Dieu sait si elles furent nombreuses, une des plus étranges, des plus énigmatiques est, sans aucun doute la Confrérie Facétieuse, reconnue officiellement, dotée de statuts, de privilèges et de biens 

Cette confraternité juvénile sort de l'ombre dans plusieurs régions de France à la fin du moyen âge, et ce sous diverses appellations. On parle selon l'époque, le lieu ou la fonction, d'abbaye de la jeunesse (Pierrelatte), ou de jovens (Beaucaire), de royaume des Fous, des Asnes, des Sots, des Sans Souci, des Badins, des Turlupins, mais encore de Principauté d'Amour en Provence, de Gaîté du plaisir ou de Bachelleries en Poitou

La liste est longue ! citons encore les confréries de Connards à Evreux et Rouen, d'Etourdis ou de Coqueluchiers (Rouen), de Malépargne en Abbeville et Douai, de Bon ou de Malgouverne à Mâcon, de Maugouverne à Poitiers, de la Mère Folle à Dijon, des Hyldeux à Cambrai, des Mauvaises Braies à Laon.....stoppons  la !! la liste est inépuisable et lacunaire la plupart des organisations de ce type ayant disparues sans laisser de traces








Ces joyeuses compagnies juvéniles, maîtresses de la rue, prolifèrent dans les grands centres, une quinzaine à Lyon, une dizaine à Arras. Elles ont selon les endroits une assise sociale prononcée, les nobles d'un côté, les roturiers de l'autre comme à Arles, ou une composante socio-professionnelle, plus souvent une base territoriale

On trouve de grandes bandes dominantes et d'autres plus petites qui reposent sur une structure paroissiale ou sur un quartier comme à Périgueux. On trouve même des fédérations de confréries de jeunesse avec un responsable général et des adjoints ( des capitaines), à la tête des subdivisions internes comme celui de la rue Mercière à Lyon 

Ces associations burlesques, réunion de célibataires et de jeunes mariés, tous âges confondus à l'exclusion des moins de 18 ans (jugés trop jeunes) et de ceux qui vont allègrement vers la quarantaine (jugés trop vieux), vont élire un chef. Ici un Roy, la un Prince, ailleurs un simple titre d'Abbé..il portera ce titre ronflant de Roy, Prince ou Abbé de la jeunesse, ou du plaisir, ou des sots, des pimperlots (Douai), des connards (Rouen). Cela peut être aussi un Prévôt des étourdis, ou une Mère folle d'enfance, qui n'est pas toujours une femme (Dijon)











P
eu importe le nom. le choix se porte sur le plus Sot (extravagant), le mieulx disans, ou sur un portant haut la trogne, connu pour son sens de l'humour, ses plaisanteries grivoises, pour ses capacités d'absorption de divers alcools et vraisemblablement de ses performances au lit !!

L'élection donne lieu à des manifestations pittoresques, des joutes oratoires ( Saint Quentin), des réceptions à l'hôtel de ville, à moult banquets et beuveries. Les festivités durent plusieurs jours et s'accompagnent de défilés costumés, "es rues" de la cité, avec bannières et tambours. Ils portaient des masques et des déguisements étranges

Un tintamarre de casseroles de crécelles et de sifflets les accompagnent, ils pratiquaient force pasquils (bouffonneries) lors des arrêts de leurs processions, avec rébus, satyres et lazzis jetés à la tête des badauds

Sire Roy, Mère folle, messire l'Abbé ont bien sur une cour à leur image. Un roy couronné ou un Abbé mitré ne peuvent se déplacer qu'accompagnés de lieutenants, d'officiers, de sergents, de porte-enseignes et de bouffons et même d'une cohorte caricturale d'évêques de moines et de moinillons !!!










On s'interroge sur la signification de pareilles institutions, généralement parfaitement intégrées dans la cité et reconnue par les autorités, sans exclure une fonction charitable et religieuse ! Beaucoup de médiévistes pensent qu'elles servent surtout à canaliser l'agressivité juvénile, à tempérer ou a ritualiser une violence capable de conduire aux pires excès. Il n'est pas impossible qu'elles aient contribué localement à réduire les cas de viols collectifs

On leur reconnaît aussi un droit de regard sur le mariage et la vie conjugale. Pour bien saisir ce rôle et, en même temps un des traits essentiels de la mentalité médiévale, il faut savoir, que chaque individu du monde médiéval est pris dans un écheveau complexe et astreignant de liens familiaux, de sorte que le mariage, élément de perturbation, ne peut être laissé à la totale discrétion des intéressés.

Par ailleurs, beaucoup de jeunes gens, en âge de se marier, ne peuvent réaliser leur désir dans un cadre restreint tel qu'un village, un bourg ou une cité. Des varlets, des compagnons doivent attendre de longues années, dépasser la trentaine, avant de convoler en justes noces !! Il en résulte une frustration larvée, une animosité à l'égard de l'étranger qui cherche à s'introduire dans une communauté familiale









Mais aussi du barbon (vieil âge), qui peut tout se permettre avec sa fortune, du veuf qui se remarie, alors que tant d'autres sont exclus de cette possibilité, de la riche veuve qui s'offre un jeune compagnon, sans oublier le profond mépris pour celui qui a pris " un sexe de poule " (sic). Ces jeunes coqs de la rue, portant haut la crête, sont des phallocrates incorrigibles

Ils ont la verve grossière et visent de préférence les femmes de petite vertu, les épouses infidèles, les jeunettes séduites, les vieilles filles ou les mégères acariâtres. Il faut déjà savoir, que tout mariage normal donne lieu à des chahuts nocturnes, à des chants sous les fenêtres des nouveaux époux jusqu'à ce qu'ils aient payé à boire ou versé leur écot, nommé " le vin de culaige " dans certaines régions !!!

On nomme aussi aubade bruyante, donnée par les jeunes de la ville, célibataires et mariés confondus, sous les fenêtres d'un domicile particulier, avec force casseroles, bassines et chaudrons, accompagnés de chansons paillardes, de cris, voire même d'insultes, visant veufs ou veuves aspirant au remariage, les ménages désunis, les maris bafoués, les concubines de curés, le tout finissant bien souvent en de violentes altercations de rues, avec échange de bourres Pifs et coups de pieds de par le cul !!!!




PS: Ahaaa que de joyeusetés dans cette vie des rues au Moyen âge !!!....texte écrit d'après l'excellent livre de J-P Leguay " la rue au Moyen Age "...M de V

mardi 9 janvier 2024

Un Clerc écrivain, Pierre de Saint Cloud

C'est dans la second moitié du XII siècle, que notre écrivain, " Perrot " pour ses amis, écrit un grand poème racontant les disputes continuelles d'un Loup nommé Ysengrin et d'un Goupil appelé " Renart "

Tout de suite c'est le succès, bien qu'il n'y ait pas encore de livres (l'imprimerie de Gutenberg ne verra le jour que trois siècles plus tard), mais des Menestrels (jongleurs, comédiens et chanteurs), en récitent les épisodes partout dans les châteaux, dans les grandes salles des fermes ou se réunissent les Vilains (paysans) pendant les longues soirées d'hiver.

Ils se produisent sur les lieux des foires annuelles, dans les auberges sur les chemins du royaume de France et sur les estrades des places publiques des cités. il ne faut point oublier que l'immense majorité des gens du Moyen-Age ne lisent pas les textes, elle les entend, la littérature est une littérature Orale

Quid de Pierre de Saint Cloud ?_Un Clerc Laïc, ayant étudié au sein du Clergé, mais qui n'avait pas prononcé ses voeux (à peu près les seuls gens de l'époque ayant reçu une réelle instruction)









Il faut savoir qu'un homme comme Charlemagne, par exemple, ne va apprendre à lire qu'à un âge très avancé (nous parlons ici que de lecture, pas d'écriture, exercice bien plus ardu avec une plume). Les Clercs eux, ont beaucoup lu et écrit, surtout du Latin, et ils ont, cet immense avantage, de venir de tous les milieux sociaux, fils de noblesse, ou de paysans, fils d'artisans, ou de la bourgeoisie du commerce, ils connaissent bien la société dans la globalité de leur époque !

Pierre de Saint Cloud n'a pas inventé son sujet de toutes pièces, il a travaillé avec des vilains, il a entendu les femmes et les hommes raconter à la veillée de très anciens contes d'animaux, tout en ayant lu et transcrit un certain nombre de poèmes Latins et Germaniques qui incarnent déjà plusieurs personnages de roman

On a même retrouvé un " Ysengrinus " d'un poète Flamand racontant l'histoire d'un Loup pas tout à fait aussi intelligent qu'il aurait fallu !!. Notre Perrot (pour les intimes), se trouve au point de rencontre d'une tradition orale populaire et d'une tradition écrite littéraire. Il ne va pas rester dans l'imitation, il inove, met son grain de sel (cum grano salis), donnant ainsi à ses histoires une saveur nouvelle, faisant rire et réfléchir !









Bref notre Perrot lance une mode !!. Tout de suite, partout, c'est lui qu'on imite, en moins de trente ans, quinze grands récits apparaissent. Bien sûr selon leurs auteurs elles sont différentes les unes des autres et ne s'accordent pas toujours entre elles

On les appelle des branches, probablement parce qu'elles ont poussé en somme, sur le tronc primitif des histoire de notre Perrot. Alors au tout début du XIII siècle, on a eut l'idée de rassembler les meilleurs épisodes dans une histoire suivie plus cohérente, et comme elle est écrite en Roman, en écriture vernaculaire, c'est à dire ce que nous nommons aujourd'hui le Vieux Français, on appelle ce récit le " Roman de Renart "

Le nom propre " Renart ", déjà à ce moment, tend à devenir un nom commun, celui de tous les Goupils !!. Le Renart de notre Perrot figure maintenant dans les deux parties de notre dictionnaire. Avec un " T ", c'est le seigneur du terrier Maupertuis, un Hobereau (châtelain campagnard), sans scrupule du Moyen-Age, mais avec un " D " c'est le Renard dont se méfient encore tous nos fermiers contemporains, un animal très malin. Cependant les deux personnages n'en feront toujours qu'un seul !









La société animale du Roman de Renart est l'image de cette société médiévale, ce sont des animaux humains, mais pourquoi ce passage d'un monde dans l'autre !!!

Les différents auteurs du roman ( on en compte 25 au total), se moquent des institutions de leur temps, des puissants dont ils soulignent les abus d'une plume railleuse !

Faire de " Cope " (la poule), une martyre qui accomplit des miracles, et de " Brun " (l'Ours), un prêtre qui chante la messe des défunts, c'est parodier la religion, ses rites et les superstitions qu'elle provoque !

Montrer le jugement inique de " Noble " (le Lion), qui accapare tout le butin au cours d'un faux partage, c'est critiquer la justice et le pouvoir abusif des Suzerains !

Le petit peuple des XII et XIII siècles s'amuse et prend une revanche lorsque Renart, ce Hobereau vivant d'expédients, trompe les puissants bornés et triomphe grâce à sa seule malice, dénonçant l'injustice sociale et la corruption des dirigeants toujours plus avides d'honneurs et d'argent ! 









Le mélange du monde animal et humain prête donc à sourire, mais aussi à réfléchir_ sous la fourrure de l'Ours, sous les plumes du Corbeau, c'est l'homme qui est critiqué et moqué !

Les aventures de Goupil n'ont donc pas seulement pour vocation de distraire enfants et adultes elles présentent un tableau, voir une caricature, fort vivante de la société féodale. Elles ne prennent toute leur valeur que si l'on saisit les allusions aus habitudes, aux moeurs, à l'histoire, à la littérature de cette époque, et ce afin de distinguer, mieux encore, la vie souvent difficile et précaire des gens du Moyen âge !

Nota: ne pas confondre Menestrel (jongleur,comédien, musicien), avec un Troubadour (auteur compositeur du Sud de la Loire), ou un Trouvere (auteur compositeur du Nord de la Loire)

PS: pour ce qui est de notre société, en cette aube de l'an de grâce 2024, il vous suffira sans doute d'ouvrir vos yeux et vos oreilles. Le Nain vous conseille donc de regarder et d'écouter, afin de constater que le " Roman de Renart " est toujours d'actualité. Nous avons remplacé " Noble " (le Lion), par Mac-Sauron du Mordor, bien installé à l'Elysée M de V

samedi 16 décembre 2023

N°475 ) le conte de l'Yvroingne et du Prieur, XV Siècle

En une cité de Hollande (La Haye), comme un Prieur se promenoit, en disant ses heures, sur le Serain (tombée du jour), assez près de la chapelle de Sainct Antonyne, située au bois de la dicte Ville. Il fut rencontré d'ung grant et lourd Hollandois, si tant yvre, que c'estoit merveille, lequel demouroit en un villaige nommé Stevelinghes, à deux lieux près d'illec (de ce lieu)

Le Prieur de loing le voyant venir, congneut tanstôt son cas (conoistre son état), par la lourde desmarche et mal seures (mauvaise assurance), qu'il avoit en tirant son chemin !. Quant ils veindrent pour se joindre l'ung à l'autre (se croiser), l'yvroingne salua le premier, le prieur lui rendit son salut et passa oultre, continuant son service, sans aultre propos de l'arrester ni de l'interroguer !

Mais l'yvroingne tant oultré (plein comme une outre), que plus ne pouvoit, se retourne, poursuit le Prieur et requist de lui confession !!!!. Confession dist le Prieur, va-t'en, va -t'en, tu es bien confessé !!!!. Hélas, Sire, répond l'yvroingne, par dieu, confessez moy, j'ay très fresche mémoire de tout mes pechiez et en ay parfaicte contricion !!

Le Prieur desplaisant d'estre empesché par cest yvroingne répond " va ton chemin, il ne te faut confesser, car tu es en très bon estat !! "...Ha dea !, dist l'yvroingne, par la mort bieu (dieu), vous me confesserez maistre Prieur, car j'en ai en ceste heure grande dévocion !





Il le saisit par la manche et le voulut arrester. Ce Prieur ne vouloit entendre, mais avoit grande faim (désir) que merveille de s'eschapper de l'aultre !!, mais rien n'y vaut, car il estoit ferme en sa dévocion d'estre confessé, ce que le Prieur tousjours refuse ! et s'il s'en cuide désarmer (s'il pense de l'ivrogne se débarrasser), il n'en peut car la dévocion de l'yvroingne de plus en plus se renforce!!

Quant il voit le Prieur tousjours refusant d'ouyr ses pechiez, il met la main à sa grande coutille (couteau) et de sa gayne la tire et dit au Prieur qu'il le tuera, si bien il n'escoute pas sa confession !!
Le Prieur doubtant ( craignant) le cousteau et la main périlleuse qui le tenoit, si demande à l'aultre ...que veulx tu dire ???

Je me veuil confesser dit il !!...Or avant dist le Prieur, aussi je le veuil, avance toy !

Nostre yvroingne plus saoul que Grive sortant d'une vigne commença sa dévote confession, laquelle nous passerons, car le Prieur, comme le veulx son estat, jamais ne la révéla, mais vous pouvez pourpenser qu'elle fut bien longue, difficile et estrange !!!









Quant le Prieur vit poindre de longues et lourdes paroles, le chemin lui coupa (la parole), donnant à l'yvroingne absolution et congié puis lui dist " va-t'en tu es bien confessé !!!!

Dictes-vous sire ?? (que dites vous), répond l'yvroingne. Ouy vraiment dist le Prieur, ta confession est très bonne, va-t'en tu ne peuz mal avoir !

Puis que je suis bien confessé et que j'ay l'absolution receu à ceste heure, si je mouroye, n'yroye point en paradis ??, manda l'yvroingne
Tout droit sans faillir, répond le prieur, n'en faiz nul doubte !!!

Puis qu'ainsi est, dit l'yvroingne, que maintenant je suis en bon estat et en chemin de paradis, qu'il y fait tant bel et tant bon, je vueil mourir tout maintenant, afin qu'incontinent je y aille !

Si l'yvroingne prent et baille son cousteau au prieur, en luy priant qu'il luy tranchast la teste, afin qu'il allast en paradis...Ha, dea !, dist le prieur tout esbahy, il n'est jà mestier (besoin) d'ainsi faire !, tu yras bien en paradis par aultre voye !!









Nenny, respond l'yvroingne, je y vueil aller tout maintenant ! et icy mourir par voz mainz, avancez vous et me tuez !...Non feray point dist le prieur, un prestre ne doit personne tuer !!

Si ferez, sire, par la mort bieu ! et si bientôt ne me depeschiez et me mettez en paradis, moy mesmes de mes deux mains vous occiray !, et à ces motz, brandit son grant cousteau, et en fait monstre aux yeulx du povre prieur tout espovanté et assimply (stupéfait)

Au fort, après qu'il eut ung peu pensé, et affin d'estre de son yvroingne despéchié, lequel de plus en plus l'aggresse !, il prend le cousteau et dist " Or ça, puis que tu veulx finer (finir), par mes mains, metz toy à genoulz cy devant moy ". L'yvroingne ne s'en fist gueres preschié (prier) et du hault de luy se laissa tomber sur les genoulz, mains joinctes, et cuidant mourir attendoit ! 

Du dos du cousteau, le prieur fiert (de férir) sur le col, un grant coup et par terre l'abat bien rudement. En cest estat le laissa le prieur, qui pour sa seureté n'oublia pas de garder le cousteau. En chemin il rencontra ung chariot, chargé de gens, qui avoient esté present ou nostre yvroingne s'estoit chargié (avoit bu)









Il racompta en long le mistère dessusdit, , en leur priant qu'ilz le levassent et qu'en son ostel le voulsissent rendre et conduire. Ils promirent de le chargier avec eulx, le prieur leur bailla le cousteau puis s'en va !

Ilz n'eurent gueres cheminé, qu'ils apperceurent ce bon yvroingne couchié, les dens contre terre !. Si le prindrent par la teste, par les piez, le leverent à grants huchements (cris), qu'il ouvrit les yeulx et dist " laissez moy, laissez moy je suis mort et déjà en paradis !! "....Vous vous en viendrez dirent les aultres !, il nous fault aller boire...jamais je ne boiray dist il , car je suis mort !!

En la fin, ung entre les aultres se advisa et dist " Puis que vous estes mort, vous ne pouvez demourer icy, comme beste, si vous porterons sur nostre chariot, au cymitière de nostre ville ". Si tantost l'yvroingne fut troussé et mis dedans le chariot.

Le dit chariot estoit bien bastelé (chargé de monde) et tantost furent à Stevelinghes ou ce bon yvroygne fut descendu tout devant sa maison. A sa femme et ses enfants, ce bon corps saint, qui dormoit si fort fut rendu et en son lit fut jecter !!! 



PS: cette nouvelle fait partie d'un recueil de contes qui furent racontés dans l'intervalle de l'année 1456 à l'année 1461....Je souhaite à tous les visiteurs du Blog de bonnes fêtes de fin d'année M de V

vendredi 8 décembre 2023

Du Prêt gracieux à l'Usure au Moyen âge

Prêter n'était pas toujours usure !!, bien au contraire. Les gens victimes d'un mauvais sort, ou d'une récolte médiocre, trop maigre pour ensemencer leurs champs de la saison suivante, ou à court d'argent pour payer du matériel à acheter, voir même posséder des fonds pour un repas de noce pour leurs filles, n'étaient pas tous réduit à la triste condition de mettre en gage, sa terre, sa vaisselle ou ses bijoux chez un Usurier impitoyable. Aider son prochain, prêter gracieusement pour permettre de survivre quelques mois était oeuvre pie aux yeux de Dieu. Une bonne action qui, dans la communauté, fortifiait les liens sociaux, plaçait l'homme prêteur, en bonne estime parmi ses parents et ses voisins.

Le prêt en échange de services, ou à charge de revanche, voir même sans rien attendre en retour était courant, on accordait des prêts pour garder bonne renommée et bon crédit auprès des gens pour les affaires futures !

Nous négligeons actuellement d'autres solidarités, bien réelles et partout présentes au moyen age. L'homme n'était pas seul il pouvait compter, largement sur le soutien d'un groupe, rassemblant hommes et femmes d'un même rang social, guildes, corporations de métiers, associations à caractère religieux, d'activités et de richesses variés





Puis les familles n'étaient pas celles d'aujourd'hui qui, conjugale, recomposée ou monoparentale ne compte qu'un nombre restreint de personnes, mais un " Clan ", une sorte de tribu, formée de plusieurs couples, jusqu'à quelques dizaines portant tous le même nom, vivant proches les uns des autres dans bourgs et cités

Sans compter que pratiquer l'entraide entre voisins pour vivre en paix et faire sereinement ses affaires était un devoir. L'ont souvent appris à leurs dépens les pères et les aînés qui, dans leurs testaments se font un devoir de faire leçon aux plus jeunes, faisant adjoindre par un copiste sur le parchemin cette phrase " si tu ne peux avoir nombre d'amis tout autour de toi, si on fait visage de ne point t'aimer, prends tes meubles, déménage et va vivre ailleurs "

Les journaux domestiques, que l'on nommait " livres de raison " autrefois n'ont pas été aussi bien conservés que nous l'aimerions. le soin de conserver ce qui pourrait servir à l'histoire de la lignée ne s'est imposé que tardivement. Il en va de même des archives des actes notariés, qui furent elles aussi détruites dans plusieurs cités de France. Ce ne fut qu'au XIV siècle que l'on obligea les notaires à les conserver chez eux. On interdisait aux valets d'allumer le feu avec, ou aux ménagères d'en faire des couvercles pour conserves et confitures !!!





Marchands et Artisans agissent de même. Un jean Blazin, originaire de Montpellier, tient commerce d'huile et de savon à Marseille. Cet homme n'est pas un gagne petit !! Il posséde quatre domaines agraires qu'il loue à des Tenanciers lui versant un " Cens " chaque année, une maison à Peyrotere, non loin d'Aubagne, et plus loin dans le pays de Forcalquier, en haute Provence, une vigne à l'Hospitalet

En feuilletant son livre de comptes on le suit au printemps 1334, achetant de l'huile à Aigues Mortes et participant pour la somme de 530 Livres ( soit 63 629,08 euros de notre époque ), dans un chargement maritime vers Manfredonia dans les Pouilles !

Notre Marchand est riche, mais on remarque qu'il fait toujours crédit à ses pratiques et prête volontiers de l'argent à ses voisins et amis, qu'ils remboursent en une dizaine de versements sans qu'il soit question ni d'intérêts, ni de pénalités

Ces prêts il les consentaient même pour de petites sommes, comme pour une certaine Johaneta Castrelègues qui lui doit la somme de 10 Sols ( équivalent à une centaine d'euros de nos jours ), prêté un 5 février parce que son mari était malade nécessitant soins et médications, le Médicastre et l'Apothicaire ne connaisant ni la Sécu, ni la Mutuelle !






Notre Johaneta n'avait laissé en gage qu'un simple justaucorps vert !!!. C'est l'image d'une société ou les pauvres trouvent de l'aide sans voir leurs terres ou leurs maisons passer aux mains d'un " Usurier ", homme d'argent appliqué à se construire une fortune sur le dos des pauvres gens dans le besoin...Je sais pas vous ? mais moi cela me fait penser à une engeance très présente de notre siècle non ????

Il est à noter que plus on s'approche de la fin du Moyen Age, plus les Changeurs et les Prêteurs, dont le métier était l'Argent, deviendront prêteurs à intérets...autrement dit des Usuriers !



PS: Malheur à ceux dont le pays est dirigé par un financier ! une personne qui, sans vergogne va vous tondre la laine du dos....mais jusqu'à faire saigner le cuir j'fais pas dans la délation et j'donne point de nom !!!   M de V

jeudi 23 novembre 2023

Une Histoire d'Or et d'Argent...XIII Siècle

En 1252 ( XIII siècle ), Gênes et Florence frappèrent des monnaies d'Or à peu près semblables, le Ducat de Gênes et le Florin de Florence. Des pièces lourdes de quelques 3,6 grammes de nos jours, et en Or presque pur !!. Venise grande place marchande ne suivra l'exemple que trente ans plus tard, émettant,en 1284, un Ducat d'Or de 3,6 grammes et de deux centimètres de diamètre

Gênes, Florence et Venise, les Banquiers de l'Europe, en relation avec tout le monde connu, tant en Orient qu'en Occident, vont avec ces pièces, mettre fin, à plusieurs siècles d'anarchie monétaire de notre occident chrétien,ou un nombre incalculable d'ateliers monétaires des Rois, des Princes, Hauts barons et petits Seigneurs, Archevêques, Evêques et Abbés mitrés, faisaient fondre des pièces de plus en plus mauvaise qualité, de poids léger et d'alliage impur !!

Seulement voila !!, ces bonnes monnaies provoquèrent un énorme besoin de ce métal précieux. les pauvres gisements d'Occident à faible rendement et l'orpaillage des rivières ne pouvaient y répondre, il fallut aller chercher ailleurs et très loin !!!
Depuis longtemps d'importantes quantités d'Or venaient d'Afrique, d'une région appellée le Soudan, entre le fleuve Sénégal, au Nord, et un affluent du Niger, le Tinkisso, au Sud








Les autochtones y creusaient des puits individuels, d'une vingtaine de mètres de profondeur, pour en retirer, en majeure partie de la poudre. Par l'intermédiaire des caravanes ils troquaient l'Or avec des Maures ou des Arabes, contre du sel, des toiles, du drap et de la vaisselle de cuivre. C'était ce que l'on nommerait un " commerce muet ", sans échange de monnaie, sans palabres ni accords négociés

Les habitants commerçants leur Or, avançaient jusqu'à un endroit précis, une limite, qu'ils ne franchissaient jamais, mais suffisamment éloignée des mines pour que les acheteurs ne puissent les voir !!

Puis ils faisaient retentir de grands tambours, s'entendant d'un bout à l'autre du Soudan..Dixit Yakuout Abn Abdallah (1179-1229), esclave affranchi, historien et géographe.









Les rois africains en tiraient d'énormes bénéfices, par exemple : dans le Mali si on découvrait de l'Or le roi s'en emparait, ne laissant à ses sujets que la poudre, ceci afin de ne pas faire baisser le cours du métal précieux, par une trop grande abondance sur le marché, perdant ainsi de sa valeur à la vente, selon El Bekri, né en Espagne en 1014, auteur d'une description de l'afrique occidentale !

Des pays du Niger, de Ghana, de Tombouctou ou de Gao, des caravaniers portaient cet or en même temps que les esclaves et les épices, jusqu'aux villes de la côte méditerranéenne du Maroc, de la Tunisie, de la Lybie et de l'Egypte 

L'Espagne, le Portugal tenaient les routes maritimes, et pour la redistribution, Gênes et Florence contrôlaient le trafic de l'or, peu de pays pouvaient rivaliser ou piétiner leurs plates-bandes, ormis les pirates bien sûr, qui attendaient le long des côtes pour ponctionner s'ils le pouvaient

Il est évident que les Français, les Hollandais, les Anglais et les allemands de ligue hanséatique ont lancés, eux aussi, quelques expéditions, sans atteindre le niveau de l'Espagne et du Portugal !  










Les Vénitiens quand à eux, recevaient par mer, l'Argent extrait des mines de Serbie, et par voie terrestre, celui de Bohême et de Saxe. Le roi de Serbie fit promulguer en langue Slave et en allemand, un code des mines, pour défendre le droit des propriétaires et réglementer les conditions de travail pour l'extraction, le lavage et la fonte du minerai

Les mines étaient affermées à des hommes d'affaires presque tous de Raguse, qui firent venir des ouvriers Saxons. On frappait sur place des monnaies Byzantines pour Constantinople, l'autre part du métal, argent blanc, ou argent de Galma (Electrum), allait vers le littoral Dalmate et de la, par un incessant et fructueux trafic, vers Venise et son atelier monétaire !!

Dans ce lieu, écarté du centre, par crainte des incendies, on se livrait à la fonte de l'Argent. L'endroit était appelé " Getto ", référence à l'opération délicate consistant à jeter le métal en fusion dans des moules. Ce " Getto " que nous écrivons " Ghetto ", était habité par des juifs, et le nom a servi depuis lors pour désigner les quartiers ou vivaient une communauté juive dans d'autres villes 
Au lendemain de leur victoire de Kosovo, en 1389, les Turcs firent main basse sur les mines de la région. Le minerai Serbe devenu rare les Vénitiens vont se rabattre sur la production d'Europe centrale


PS : pour en savoir plus braves gens il est recommandé de lire " la naissance du Capitalisme au Moyen âge " de Jacques Heers ...M de V

samedi 7 octobre 2023

Quid du Changeur et Usurier Médiéval, les idées reçues !!!!

Au moyen âge la Banque n'existait pas !, les mots de banque et de banquier ne se trouvent ni dans les contrats de Notaires, ni dans les livres de comptes, ou les comptes rendus de procès. Elle n'apparait en France qu'au XVII siècle, et plus tard encore en Italie. la banque doit son origine aux " Bancs Dressés ", sur un champ de foire, une place publique, ou un port, par des Changeurs, qui experts dans l'art de maîtriser les trafics de métaux précieux, joyaux et monnaies étaient aussi des Prêteurs ( Usuriers )

On disait aussi " Tables ", dans le début des années 1300. L'un des changeurs usuriers établis à Paris, sur le Pont au Change, s'appelait " Martin la grande Table ", le nom restera à ses descendants

Dans les premiers temps c'étaient des planches posées sur des tréteaux, le changeur se tenait derrière et le soir en quelques instants les démontait, ainsi que ses comparses de même farine, afin de laisser place libre et que chacun rentre dans sa chacunière (demeure)

Si d'aventure le changeur devenait insolvable, ou convaincu de malversations, de livrer de fausses pièces, ou de tromperies sur les cours des monnaies, la magistrature de la cité faisait " Casser son Banc ", en public, c'était alors la banqueroute (banc rompu)








Les historiens ont longtemps négligé ces Changeurs, considérés sans doute comme des gagne-petit, alors même qu'ils tenaient bonne place dans la hiérarchie des métiers de la société et dans la vie publique des cités

Le retard pris à étudier leurs activités nous fut dicté par l'idée que l'on se faisait d'une économie médiévale primaire, voir primitive. Certains parlaient volontiers d'économie fermée ou de subsistance, mais en aucun cas d'économie capitaliste !

Une époque selon eux, de petits marchés, ou de trocs approximatifs. Et d'un trafic se limitant aux transports par caravanes, aux navigations laborieuses de galères, au plus près des côtes et qui ne se hazardaient pas en mer l'hiver !!

Thèses éculées d'historiens du siècle dernier, nous présentant un obscurantisme médiéval, comme le présente un Werner Sombart (1863-1941)









Ou encore un Max Weber qui s'appliquait à démontrer que l'éloge de la pauvrté et le devoir de charité prôné par l'église étaient des obstacles au développement du capitalisme. Alors même que le peuple savait déjà que l'église était entachée de Simonie par la vente des indulgences !!

Comment ne pas comprendre que ces rappels à l'ordre de l'église pour condamner l'usure donnaient tout au contraire, la preuve qu'elle était largement pratiquée à tous les niveaux de la société et pour toutes sortes de transactions de la vie quotidienne

Pourtant, dans tous les pays d'Occident et tout au long du Moyen âge, des milliers de textes, montrent, à qui prendrait la peine de les lire, que ces prêts étaient communément pratiqués à la ville comme dans les campagnes, non seulement par des usuriers reconnus, Lombards, Cahorsins et Juifs, mais aussi par des hommes bons chrétiens, parfaitement intégrés et honorés dans les cités, et dans les bourgs et villages du plat pays !








Ces hommes que nos livres nous présentent habituellement comme de grands négociants, étaient des financiers qui ne pratiquaient aucune forme de commerce, ne possédaient aucun comptoir ni en Occident ni en Orient. On ne les voit pas confiant leurs capitaux à des armateurs de Pise, Gênes ou Venise !!

Leurs filiales en Italie, en Albion, dans les Allemaignes ou dans les Flandres sont toutes désignées sous le nom de " Tables ". Or donc tables de Changeurs et d'Usuriers

Doit on ignorer qu'en 1318 l'Arte Del Cambio de Florence comptait plus de 300 inscrits !. Que l'enquête ordonnée par le Roy de France permit de connoître, pour trois provinces seulement, les noms de 491 changeurs et tous condamnés par l'église pour avoir pratiqué l'usure !!

Que les commissaires aux comptes du Roy Charles VII ont identifiés 750 changeurs marchands et tous bons chrétiens, mais tous prêteurs d'argent eux aussi  !!

Et que dire du mot " Bourse " qui aujourd'hui semble incarner pour ses détracteurs la forme la plus élaborée et la plus pernicieuse du capitalisme








Ce mot est apparu dès le XIV siècle à Bruges, ou dans une auberge tenue par une famille du nom de Van Den Burse, l'on négociait chaque jour ouvrable et du matin au soir, un grand nombre de valeurs mobilières en différents pays  

Ceci devrait nous inciter à étudier les pratiques complexes qui permettaient à ces changeurs de ne pas heurter de front les interdits de l'église et surtout, ne pas déchoir auprès de ses voisins qui, tout autant que le Clergé condamnaient les usuriers ouvertement déclarés


PS: je ne puis que vous engager à lire, sur le sujet le très bon livre de Jacques Heers " la naissance du capitalisme au Moyen âge " ..M de V

(oui je sais que je n'ai rien écrit en août et en septembre mordious !!....Pffff bin moi aussi j'prends des vacances)