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lundi 22 juillet 2019

Ustensils et bonnes manières de table au XV siècle

Pour réunir les convives on sonnait du cor ou autrement dit " on cornait l'eau ", c'était bien sur privilège de gentilshommes comme le dit Jehan Froissart, ce que faisait donc notre hôte le Seigneur de Craon. Cette sonnerie indiquait aux convives qu'ils devaient se laver les mains, la chose était indispensable !!!

Chez les gentilshommes un page ou un serviteur voir un écuyer selon le rang, ou la maison, présentait la serviette, l'aiguière et le bassin. On se servait d'eau aromatisée à la sauge, la camomille, le romarin, l'écorce d'orange, mais les eaux de roses et d'iris étaient en grande faveur.

Mains lavées on se présentait à table, on faisait siéger les hôtes selon leurs rangs plus ou moins prêt du chef de table, lieu ou se trouve le seigneur du lieu.

Puis un Chapelain ou un enfant récitait le " benidicité ", ensuite seront placées les salières, les cousteaux, cuillers sur la table, viendra en second le pain qui sera suivi par les viandes préparées de diverses manières. A l'entre mets arriveront les menestrieux avec leurs instruments et leurs tours afin d'esbaudir l'assistance

Ensuite on renouvelle vins et viandes, puis à la fin on apporte le dessert ou le fruit, ce qui n'était pas d'usage partout (comme nous l'avons vu dans l'article précédent). Quand le dîner est accompli on se lave à nouveau les mains et l'on rend grâce à Dieu et à son hôte !!

On remarque que les assiettes étaient peu connues au XV siècle et que pour les mets solides l'on servait toujours sur des tranchoirs. Ces épais morceaux de pain bis, qui imprégnés de sauces, finissaient selon le rang des maisons, dans les estomacs des convives, des serviteurs, voir des animaux de compagnie. Pour les mets liquides on les buvaient dans des écuelles, ou même à plusieurs dans le même récipient à l'aide du cuiller !!









La fourche à manger reste un objet de luxe en or ou en argent avec un manche, par exemple Charles V le Sage en possédait neuf, son fils Charles VI le fou trois, nous n'en trouvons pas trace dans l'inventaire du seigneur de Craon, elle est inconnue aussi de la riche bourgeoisie. Du reste bien souvent celle ci ne servait qu'à manger les fruits !

Or donc au XV siècle du Roi au manant tous mettaient la main au plat, tous mangeaient avec leurs doigts, après que les viandes furent tranchées sommairement, soit par un écuyer ou un serviteur selon le rang auquel vous apparteniez. Les gens raffinés ne devaient prendre les morceaux qu'avec trois doigts. Il était interdit par l'usage de prendre ses viandes à deux mains et de ronger les os avec les dents, ou de déscharner avec les ongles, mais on pouvait proprement les racler et amasser la chair avec le couteau.

Nous ne devons pas pour autant en conclure qu'il y avait abondance de cousteaux sur la table de votre hôte, selon G de Calviac on se servait de trois ou quatre couteaux en fontion du nombre d'invités, et sans faire de difficulté de le prendre, de le demander ou le passer à quiconque en avait besoin

Il n'était pas convenable de lécher ses doigts ou de les essuyer sur son pourpoint, on utilisait pour ce faire la nappe ou les serviettes qu'un serviteur passait aux convives. On en changeait fort souvent pendant le repas et l'on était soumis à l'impérieuse nécessité de se laver les mains avant et après la moindre collation









Nous avons parlé des assiettes ou écuelles, des cuillers, cousteaux et fourches à manger, traitons maintenant la question des verres. Nos aïeux avaient également réduit le service de table à sa plus simple expression, et si l'on se rapporte aux seuls inventaires, sources de précieux renseignements , nous serions en droit de croire que les vases à boire étaient innombrables !!

En 1309 la maison du roi achète en une seule fois à Thiébaut, orfèvre de son état, 34 hanaps, puis en 1316 en fait faire 61. Charles V le Sage, selon un inventaire fait après sa mort possédait 14 hanaps d'or et 177 d'argent, mais ces récipeients servaient ils vraiment à boire ????? rien n'est moins sur.

Sur trois gravures sur bois du XV siècle représentant divers festins, servis à des rois, ou des grands seigneurs (puisque les plats étaient couverts), on constate au mieux, et ce dans les trois cas, que le hanap est partagé par deux ou trois convives. Vous pouvez d'ailleurs le constater vous même lors de vos recherche sur les enluminures

Quand aux Pots, brocs, flacons et bouteilles de cuir ou d'argent, ils se trouvaient sur les buffets que des serviteurs allaient prendre pour servir à boire, et ils y allaient souvent car si nos pères avaient de robustes appétits, c'étaient également de rudes buveurs, même si le vin de cette époque était moins fort à leur époque !!!! Les récipients en verre étaient fort rares et particulièrement onéreux









Un certain cérémonial était d'usage pour ce qui concerne la boisson et l'utilisation du hanap, car lorsque l'on boit à plusieurs dans un verre commun, le savoir vivre exige quelques recommandations: d'abord de vider sa bouche avant de boire, de l'essuyer, ainsi que le bord du hanap avant de s'abreuver, si ce dernier n'est pas trop lourd le tenir à trois doigts comme pour les victuailles, Puis il faut le vider entièrement afin qu'il puisse ensuite servir à son plus proche voisin de table.

Quand on buvait à la santé de quelqu'un on utilisait le terme " pléger " et l'on plégeait fort souvent dans la joie comme dans la peine ou la douleur !! je ne voudrait pas me répéter mais nos aïeux étaient de rudes buveurs et buveuses, car n'oublions pas nos nobles Dames !!!!!









PS: en trois article votre nain copiste a essayé d'exposer la vie les us et coutumes d'un grand seigneur du XV siècle, ce en vous fournissant des renseignements sur divers points de son existence, mais comme l'auteur j'ai laissé de côté tout ce qui se rapporte à la vie publique du seigneur de Craon. Les documents utilisés sont consultable sur la BNF


Pour information veillez à votre ligne pour ne pas finir comme le personnage de cette enluminure à caractère humoristique que je vous baille à titre d'exemple en bas de page de cet article et le nain vous plége tous en levant son hanap M de










dimanche 21 juillet 2019

Quelques recherches sur le repas au XV siècle

L'inventaire que nous avons donné dans l'article précédent au sujet de la cuisine, semble bien sommaire pour un cuisinier de notre époque !! Par malheur le Duc de la Tremoille ne nous a fourni aucun menu de ses ancêtres (voir article, intérieur d'un grand seigneur au XV siècle).

Essayons de combler cette lacune, et pour ce faire utilisons les données de A L Franklin, fournissant de précieux renseignements sur la vie domestique, empruntons donc gaillardement à cet auteur ce qui a rapport à l'époque qui nous occupe, c'est à dire le XV siècle !!

Toutes les cuisines étaient semblables, elles ne différaient que par le nombre d'ustensiles et de cheminées. Ainsi dans une cuisine royale, elles ne renfermeront que plus de poêles, poêlons, chaudières et chaudrons que celle de Georges de la Tremoille, si ce n'est 4 grills, 2 lèchefrites, passoires et autres mortiers

Les viandes et le poisson étaient rôtis ou bouillis, l'art du Queue de Bouche ne se manifestait que par la variété de ses sauces. Et quelles sauces !!!!!, l'amour des épices et leurs mélanges incroyables étaient poussés aux dernières limites

Mais fournissons un exemple afin de marquer les esprits en ce qui concerne les quantités en stock dans les différentes maisons










Prenons la liste de l'inventaire de la maison de Jeanne d'Evreux après sa mort, elle est significative !!. Trois balles d'amandes, 6 livres de poivre noir, 23 livres de gingembre, 13 livres de cannelle, 5 livres de graines de paradis (grande cardamome), 3 livres de girofles, 1 livre de safran, 1 livre de poivre long (beaucoup plus onéreux), 1 quarteyron de macis (coque de la muscade), 1 quarteyron de fleur de cannelle, 3 quarteyrons d'espies (fleur de la grande lavande), 5 livres de sucre commun et 20 livres de sucre fin, énorme !!! Pour info le quarteyron représentait 26 livres au poids !!!!

Parmi toutes ces épices si chères et si rares, donc si précieuses, venant de contrées reculées de l'Orient, de Ceylan, des Moluques, dont à l'époque on ignorait jusqu'au nom !!!, on ne voit pas figurer un condiment spécifique à la France, et qui se trouve être l'orgueil de la gastronomie Française actuelle ????, nous voulons parler de la Truffe, et cependant elle était déjà appréciée. Ceci fut une découverte parmi tant d'autres de Siméon Luce

Car si l'on en croit d'aucuns notre truffe n'aurait été connue qu'à la fin du XVI siècle !!!. Or en dépouillant les registres de la comptabilité de jean Duc de Berry, frère de notre monarque Charles V le Sage, il trouva de nombreuse pièces prouvant que le Duc savait apprécier ce savoureux tubercule !!. La truffe aura même un détracteur réputé en la personne du poète Eustache Deschamps (voir article), qui attaque avec acrimonie le précieux tubercule !!









Puis un Tirrel dit Taillevent, l'auteur du Viandier, qui nous donne quelques recettes !, voyons celle de son brouet d'Allemagne : prenez oeufs frits dans l'huile, puis prenez amandes que vous pelez et pilez, ensuite émincez des oignons que vous ferez frire. Prenez les ensemble et faites chauffer dans un bouillon de viandes. Pendant ce temps broyez ensemble gingembre, cannelle, girofle et un peu de safran en mortier, puis le mouiller de verjus.

Il vous faut ensuite mettre votre préparation d'épices dans votre bouillon, celui ci doit être liant et pas trop jaune. Vous me direz qu'à lire comme cela, il semble simple de réaliser cette recette ????...mais à déguster !!!!!!!!

Le Ménagier de Paris nous fourni lui d'utiles indications sur les moeurs du commencement du XV siècle, il nous dresse un menu de dîner à quatre services. Nous n'en donnerons pas la longue énumération, mais remarquons seulement l'abondance des rôtis, des poissons, et des pâtés !!!, l'absence pratiquement systématique de légumes et de fruits, sans compter la rareté des plats de desserts

Nous signalerons cependant quelques plats étranges comme le Brouet d'Allemagne dont nous avons parlé plus haut, de l'arbaloustre qui nous est totalement inconnue ???, la rosée de lapereaux et d'oiselets, le lait lardé (mélange d'oeufs de lard et de lait frits ensemble) Mais rien que pour le plaisir des papilles donnons la recette d'un met très recherché à cette époque, je veux parler du Chapon à la Doline !!










Après avoir fait cuire le chapon ( qui selon certaines sources était préalablement bouilli avant d'être rôti), faisons griller du pain blanc, que nous tremperons ensuite dans un vin fort et vermeil, puis prenons oignons que nous ferons frire dans du saindoux, nous passerons ensuite le tout à l'étamine (passoire). Ajoutons les incontournables épices chères à nos grands ancêtres, cannelle, muscade, clous de girofle, sucre et un peu de sel. Après avoir porté à ébullition notre mixture nous la verserons sur notre chapon

Je vous passe les queues de sanglier, le blanc manger, et tous les rôtis de chairs de venaison et pâtés de boeuf, puis les poissons, pâtés de poissons, tourtes et autre rissolles de brêmes ou de saumon, lamproies, tanches, plies et anguilles !!!!

Ce que mangeaient nos pères nous ne pouvons vraiment le concevoir, mais il semble que les anémiés devaient être à cette époque fort rares (du moins pour une certaine catégorie de la population). Il fallait manger pour satisfaire son appétit en premier lieu (il semble qu'il n'était pas mince), mais il fallait aussi manger en quantité parce que le savoir vivre l'exigeait !!!

J'en veux pour preuve la curieuse raison que donne l'auteur de ce fort long poème du " Castoiement ", sorte d'instruction que donne le père à son fils, le titre entier en est " Li castoiement que li pères ensaigne a son fils "








Dans le texte le fils demande à son père " quand je suis à table chez un hôte, dois je manger peu ou beaucoup ?? "...et le vieil homme de répondre "mange le plus que tu pourras, car si tu est chez un ami il en sera ravi, et si tu est chez un ennemi il en sera déconfit !!!!! "



PS: comme d'habitude la documentation provient de la BNF, et je ne remercierait jamais assez ces gens de mettre en ligne cette documentation M de V

jeudi 18 juillet 2019

Un intérieur de grand Seigneur au XV siècle

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Le Baron de Watteville nous dit : Dans ces temps reculés nous ne les voyons que bardés de fer, casques en tête, brandissant leur épée, il faut un effort d'imagination, moi le premier, pour nous rappeler qu'ils n'étaient pas sans cesse flamberge en main, et qu'ils vivaient eux aussi une vie ordinaire, dormant, buvant et mangeant comme nous, et si ce n'est mieux du moins plus que nous. Voyons à travers les propos de l'auteur les détails de cette existence intime !!!

Il prend pour exemple un grand serviteur du roi Louis XI, il se nommait Georges de la Trémoille, c'était le second fils de cet autre Georges de la Tremoille qui fut premier ministre de Charles VII. C'est à dire un cadet de famille et non pas l'héritier direct du nom et des armes de la maison

Cependant ce cadet, serviteur du royaume occupa de hautes fonctions, sans pour autant mener la vie princière d'un aîné de grande maison. Il va devenir Sire de Craon, Comte de Ligny et sera successivement gouverneur de Touraine, puis de Champagne, et de Brie, du Barrois, et après la mort du Téméraire gouverneur des deux Bourgognes

L'auteur prend sources sur deux documents, le Chartrier de Thouars, et les archives d'un serviteur de Louis XI, tous deux sont dus au Duc Louis de la Tremoille, qui puisa dans les archives de sa maison, nous nous bornerons à commenter celles qui peuvent nous donner un aperçu du train de maison d'un grand seigneur au XV siècle









Ce fut au château de Liney que notre personnage mourra en 1481, l'inventaire de ses biens dressé en septembre de la même année va nous faire connaître l'importance du château et la façon dont il était meublé. De cette demeure seigneuriale il ne reste aucun vestige, il était pour l'époque de moyenne grandeur, comprenant tout de même outre la chapelle 14 ou 15 pièces, chambres, salles et cuisine.

Sur toutes ces pièces six seulement étaient des pièces à feu dont les deux grosses à chenets de la cuisine, pour les cinq restantes, trois se trouvaient dans le logement privé du sire de Craon. Cette sorte de suite seigneuriale était succinctement meublée, car le luxe de cette époque se constituait surtout dans la somptuosité des vêtements, des armes et des bijoux. Quand aux meubles on se bornait au strict nécessaire

Le logement du maître de maison se composait comme suit, une première chambre avec un lit de duvet, une table, un banc, un buffet et une couchette, car il était d'usage de faire coucher dans la chambre un serviteur de confiance, cette pièce était visiblement réservée pour les hôtes de qualité, le superflu était représenté par six belles pièces de tapisseries ouvrées sur les murs et au sol et d'un ciel de lit garni de rideaux verts, puis bien sur les deux landiers pour la cheminée (chenets en fer forgé)

Passons maintenant à la chambre du maître des lieux, qui dans une certaine mesure était plus simple encore, se composant des mêmes éléments que la précédente, tapisseries comprises, mais n'avait pas de buffet








Ce meuble était remplacé par la troisième pièce de sa suite seigneuriale, elle aussi équipée de cheminée. C'était la garde robe ou l'on conservait vêtements et pièces de tissus, elle n'avait pas de tapisserie, mais deux grandes tables à tréteaux pour couper et coudre les vêtements confectionnés au château, et deux chaires percées (les deux seules de la demeure)

L'armement général du domaine, en sachant que chaque homme d'armes, du sergent en passant par l'écuyer ou l'archer était propriétaire de ses armes, se composait comme suit : six arbalètes à arcs d'acier, entreposées dans la garde robe du seigneur, puis trois arbalestres à cranequin, une serpentine (petit canon à charges creuses), et 17 haquebouthes, arme nouvelle venant d'Allemagne, qu'ils nommaient Hack busse, d'ou notre mot ensuite d'arquebuse.

Cet armement se trouvait dans la salle basse ou mangeaient les gentilshommes, le château de Liney au fond de sa province n'a rien qui puisse rappeler les magnificences princières ou royales.

Si l'ameublement de monseigneur de Craon, Comte de Ligny est aussi simple, je vous laisse juger de celui des pièces ou logeaient les gentilshommes, la soldatesque et le personnel de sa maison !!!









Mais passons à la cuisine en commençant par la batterie qui se composait comme suit: trois grandes poêles d'airain, une chaudière à quatre anses, un grand chaudron, deux grands et deux petits pots en cuivre munis de pieds, sept broches de fer à rostir, deux rostisseuses, huit grands et huit petits plats en étain, vingt écuelles en étain, et bien sur deux gros chenets pour une imposante cheminée. On peu constater l'absence d'argenterie dans la vaisselle qui était pourtant un des grands luxe de cette époque !!

Mais ou le luxe et la magnificence apparaît ce sont dans les dépenses somptuaires chez le Tailleur !!, d'octobre 1467 à avril 1470, nous trouvons pour le sire de Craon 12 pourpoints de Damas ou de Satin, noirs, gris, violets ou cramoisi. Puis des jacquettes de satin, sorte de pourpoint que l'on portait sous la robe ou sous l'armure, suivent dix robes de velours violet, cramoisi, gris ou noir et presque toute doublées de Taffetas ou de Satin.

On trouve également deux Hoquetons (vêtement plus militaire que civil, puis deux cornettes (camail à capuchon), pouvant couvrir une grande partie du visage. Presque toujours le seigneur fourni l'étoffe et le tailleur ne fait payer que la façon et son déplacement. Il faut ajouter que l'usage voulait que deux fois l'an en février et en octobre, les gentilshommes, la soldatesque et les gens de maison, fussent habillés par leur seigneur. Le tailleur fournissait donc vêtements de velours, de satin ou de futaine, les premiers étant réservés aux officiers, et aux hommes d'armes de la maison





PS: pour les puristes je vous enjoint d'aller sur le site de la BNF afin de lire ce document d'une quarantaine de pages afin d'en retirer plus de renseignements M de V

dimanche 30 juin 2019

Le XIV siècle, la Philosophie par Alain de Libera

Les années 1300 voient l'apogée de la puissance Française avec le règne de Philippe IV le Bel, puis son irrésistible déclin avec ses descendants "les Rois Maudits", louis X le Hutin, Philippe V le Long, Charles IV le Bel dernier Capétien direct, et la dynastie des Valois dont le premier représentant, Philippe VI, subit en 1346 contre Edouard III d'Angleterre la défaite de Crécy, qui inaugure sur le plan militaire la désastreuse guerre de 100 ans.

La peste noire apparue en 1347 ravage ensuite l'Europe pendant trois ans. Au plus fort de l'épidémie en France il meurt plus de 800 personnes par jour à Paris !!. Le fléau passe ensuite en Allemagne, aux Pays Bas, puis en Angleterre.

Avec le règne de Jean II le Bon, la défaite de Poitiers et sa capture face au Prince de Galles, s'ouvre une période plus funeste à peine tempérée par la régence du Dauphin Charles. Le royaume de France semble au fond du gouffre. Le règne de Charles V le Sage l'en tire un temps avant que celui de Charles VI le fou ne l'y replonge !!

Marqué par le conflit Franco Anglais le XIV siècle connait d'autres luttes, la plus importante étant celle idéologique et politique que se mènent le Pape Jean XXII (jacques Duez), et l'Empereur d'Allemagne Louis IV de Bavière, opposé dans un conflit dynastique au Habsbourg Frédéric le Beau. Il sera excommunié par le pape partisan de Frédéric. Ce conflit va susciter l'éclosion d'une véritable philosophie politique, et les plus grands esprits de ce temps s'en mêleront, un Guillaume d'Ockham, un Marsile de Padoue, un Jean de Jaudun défendront le point de vue Impérial.

Sur le plan philosophique le XIV siècle, voit l'essor conjoint du Réalisme Scotiste et du Nominalisme Ockhamiste, puis la naissance du Thomisme et de l'Antithomisme (à la suite du correctoire de Guillaume de la Mare), l'irrésistible envolée de la philosophie Anglaise et, ce qui revient au même, de la théologie Franciscaine. A l'exception de l'Allemagne, ou Dietrich de Freiberg, Maître Eckart et Berthold de Moosburg, l'école Dominicaine allemande fondée par Albert le Grand maintient une orientation néo platonicienne originale

La plupart des pays "Universitaires", particulièrement la France et l'Italie, sont imprégnés d'idées anglaises, même les grands tenants du réalisme (Gautier Burley, Jean Wycliff) sont Anglais. Dans la querelle avec l'Empereur, les principaux théologiens partisans du Pape le sont aussi (Gautier de Chatton, Jean Lutterell)











Période d'une extraordinaire fécondité intellectuelle, le XIV, n'est aucunement le siècle le "siècle de décadence" décrit par les historiens qui voient dans le XIII siècle, l'âge de la synthèse scolastique, l'unique sommet du massif médiéval !!

La tendance générale du siècle est à l'émancipation par rapport aux modèles du passé. En Italie un Pétrarque, dénonce avec la dernière violence la science et la philosophie Arabe, l'Averroïsme particulièrement dans le " de sui ipsius et multorum ignorantia ".

Une tradition à la fois anti arabe et anti scolastique s'ébauche ici, qui donnera tout son sens au siècle suivant, au projet Humaniste, réalisme, nominalisme et mysticisme. Le XIV siècle a sa propre réalité, ses modèles, ses obsessions. Aucun auteur ne peut à lui seul prétendre l'incarner tout entier. Dans tout ce qu'il entreprend ou rejette, il doit autant à Duns Scot qu'à Ockham, Eckart et Burley












PS: c'est la transcription littérale du livre de Alain de Libera, votre copiste ne ce serait pas permis d'en changer un mot, je me suis juste permis de retirer les dates afin que ce soit plus agréable à lire. Je vous conseille bien sur de trouver son bouquin M de V

mardi 25 juin 2019

N°320) La mission du barbier, Olivier le Daim 1477

Mémoires de Philippe de Commynes, livre II, chap XIV: Le Roy Louis XI se trouvait en chemin pour Péronne, que tenoit pour lui, Guillaume Bische, je vins me porter au devant de lui ainsi que maistre Guillaume, qui lui apportait l'obéissance de cette cité.

Le roy y séjourna tout le jour, je disnay avec luy, comme j'avoye coutume de le faire. Car son plaisir estoit que  toujours mangeoient au moins sept à huit personnes à sa table, après qu'il eut disnay, il se retira à part et me dit qu'il avoit envoyé maistre Olivier, son barbier, à Gand, pour qu'il mettoit ceste ville en son obéissance !. Olivier estoit natif d'un village auprès de ladicte cité, le roy avoit d'ailleurs envoyé d'autres émissaires en plusieurs autres villes des Flandres. Il en avoit grande espérance, mais plusieurs le servoyent plus de paroles que de faict !!!

Il ne m'appartenoit pas d'arguer et parler contre son plaisir, mais je lui dit que je doubtoye que maistre Olivier, soit personne capable de venir à bout aiséement de cette grande ville !!!

Nota: Votre copiste rappelle qu'Olivier le Daim est né à Thielt en Flandres, se nommait en réalité Necker, c'est à dire le Diable ou le Mauvais, vous pouvez vous reporter à mon article sur ce personnage sur mon Blog

Maistre olivier comme vous avez ouy estoit à Gand, porteur de lettres de créances pour Mademoyselle de Bourgogne, fille du Duc Charles mort à Nancy. Il avoit commission de Louis pour lui faire d'aucunes propositions afin qu'elle voulut se mettre entre les mains du roy, cela n'était pas la principale charge de sa mission, mais il se doutait bien que ce seroit à grant peine qu'il pourroit lui parler seul à seul !!, et s'il lui parloit saurait il la guyder vers ce que désiroit le roy ????

Cependant il avoit aussi l'intention de faire faire à cette ville une grande mutation, il savoit que celle ci y estait encline, et que les Ducs Philippe, puis son fils Charles de Bourgogne, leurs avoyent osté d'aucuns privilèges, quand ils firent leur paix avec Gand !!. Ces raisons donnaient grande hardiesse à Maistre Olivier, barbier du roy !!!. Il parla donc à d'aucuns personnages de la cité, dont il pensoit qu'ils devaient prester l'oreille à ce qu'il désiroit, et leur offrant de leurs faire rendre par Louis les privilèges perdus !!!

Mais il ne fit qu'en parler, mais pas en public dans leur Hostel de ville !!!, il désiroit véoir d'abord ce qu'il pouvoit faire en parlant avec la Princesse !! (votre copiste pense que ce fut la sa plus lourde erreur, mais bon je ne suis qu'un nain copiste hein !!!!)

Or donc il estoit à Gand depuis quelques jours quand on lui manda de venir présenter ses requêtes en présence de la princesse, il se présenta vestu beaucoup myeult qu'il ne lui appartenoit (beaucoup mieux qu'il ne convenait à son rang, car il n'était que barbier notre Olivier, n'étant pas de noblesse et ne possédant aucun titre !!!)










La princesse estoit en Chaire (grand fauteuil à haut dossier), entourée du Duc de Clèves et de l'évêque de Liège, plusieurs autres grands personnages se trouvaient la, ainsi qu'un grand nombre de gens de la ville. Elle lu la lettre que lui remis Olivier, et ensuite il fut ordonné à Maistre le Daim de dire le but de sa créance !!!! (mais selon Commynes il ne s'était pas préparé à cette entrevue, et c'est la que cela tourne mal !!)

Olivier le Daim répondit devant cette assemblée qu'il n'avoit charge que de parler à elle seule !!!. Il lui fut répondu que ce n'étoit point coutume de parler à un prince en son particulier, surtout à cette jeune demoyselle qui estoit encore à marier !!

Nota: Fier de son importance et gonflé d'orgueil par sa mission, il continua de dire qu'il ne parlerait qu'à elle seule, mauvaise technique de notre barbier !!!

Beaucoup de gens de ce conseil qui se trouvaient la le prirent en dérision, tant à cause de son petit état ( de sa petite extraction), que par les propos qu'il tenoit !!, spécialement ceux de la cité de Gand qui le savait natif d'un petit village proche de la ville, il ne reçut que moqueries et menaces !!!!

Soudainement il va s'enfuir de la cité, car il fut adverty que s'il ne le faisoit pas, il seroit en péril d'estre jeté en rivière !!. Le dit olivier qui se faisoit appeller, Comte de Meulan, alors qu'il n'en estoit que le Capitaine, va fuir à Tournay, ville qui se trouve être neutre, mais fort affectionnée au Roy de France !!!





PS: Philippe de Commynes nous dit je cite: Combien que la charge qu'avoit reçu maistre Olivier le Daim estoit trop grande pour lui, aussi ne faut il point trop le blamer !!, du moins plus que ceux qui la lui baillèrent......votre copiste est assez d'accord avec Commynes, bien que Olivier le Daim fut un assez répugnant personnage, votre serviteur a essayé de dénaturer aussi peu que possible le texte de l'auteur, mais je ne suis point historien M de V

samedi 22 juin 2019

les forces de la ligue du bien Public au siège de Paris 1465

Traduction d'un texte de Philippe de Commynes, livre I chap VI: Ainsi comme il avoit été conclu, tous ces seigneurs partirent d'Estampes, le 31 juillet, après y avoir séjourné quelques jours, et tirèrent vers Saint Mathurin de Larchant et Moret en Gatinois. Monseigneur Charles et les Bretons demeurèrent en ces deux petites villes, et le Comte de Charoloys s'en alla loger en une grande prairie , sur le bord de la rivière Seine. Le Comte avoit fait crier que chacun portast des pieux pour attacher les chevaux.

Il avoit fait mener sept ou huit petits bateaux de rivières sur des chariots, ainsi que plusieurs grosses pipes (gros tonneaux), démontés en plusieurs morceaux, dans l'intention de faire ung pont sur la rivière de Seine, parce qu'il n'y avoit point de passage guéable en ce lieu.

Monseigneur de Dunois l'accompagnait en litière, car la maladie de goute il avoit, et ne pouvoit monter à cheval. Dès qu'ils furent à la rivière ils firent mettre en place les bateaux qu'ils avoient apportés, et gagnèrent une petite isle qui étoit comme au milieu de la Seine, ils y postèrent des Archiers qui escarmouchèrent quelques gens de cheval qui deffendoient le passage de l'autre côté, parmi lesquels se trouvoient Joachim Rouault et jean de Salazar

La position de ces derniers étoit très désavantageuse, pour ce qu'il étoient en terre de vignoble et que du côté bourguignon il y avoit forte artillerie conduite par un artilleur renommé, maistre Gérault. En fin de compte il fallu à ces gens abandonner le passage et se retirer en Paris !!

Le soir même fut fait un pont jusqu'en cette isle, ou incontinent le comte de Charoloys  fit tendre un pavillon ( tente), ou il passa la nuit entouré de cinquante hommes d'armes de sa maison. A l'aube furent mis à la besogne quantité de Tonneliers pour faire du mesrain (bois de menuiserie), avec les pipes (tonneaux) apportés, et avant qu'il soit midi un pont fut dressé jusqu'à l'autre côté de la rivière de Seine

Le Comte de Charoloys, fit passer son Ost et tendre ses pavillons, dont il avoit grand nombre, ainsi que son artillerie. Il se logeoit sur un coteau dont la pente dévalait vers la rivière, de tout ce jour ne purent passer que ses gens. A l'aube du jour suivant passèrent les Ducs de Bretaigne et de Berry et tout leur Ost









Dès que la nuit fut venue nous aperçûmes grand nombre de feux loin de nous et autant que la vue pouvoit porter. D'aucuns cuydoient que ce fut les troupes du roi de France, toutefois on nous adverty que c'estoit le Duc jean de Calabre, fils du roi René d'Anjou, avec 900 hommes d'armes du duché et Comté de Bourgoigne accompagnés de gens de cheval, je ne vis jamais plus belle compagnie, ni qui semblasse mieux exercés au métier de guerre.

Il pouvoit y avoir au moins 1200 hommes d'armes bardés, tous élevés et dressés dans les guerres d'Italie. On y trouvait Jacques Galeotto, avec le Comte de Campo-Basso, et le Seigneur de Baudricourt Gouverneur de Bourgogne. Il y avait aussi 400 Cranequiniers (arbalétriers), tous gens de guerre fort bien montés, et 500 Suisses à pieds, qui furent les premiers que l'on vit en ce royaume !!

Quand toutes cette compagnie fut passée sur le pont et assemblée aux autres Osts, on estimoit les troupes à 50 000 chevaux. Or donc lesditz Seigneurs partirent pour tirer vers Paris en passant par le pont de Charenton, à deux lieues de la capitale, toute l'armée passa par dessus ce pont . Le lendemain commencèrent les escarmouches jusqu'aux portes de Paris !!







PS: mémoires de Philippe de Commynes en trois volumes, il ne fut jamais Seigneur de commynes, il a été appelé durant toute la période bourguignonne de sa vie, le sire de Renescure, ensuite passant au service de Louis XI, il serra appelé le sire d'Argenton M de V

mercredi 19 juin 2019

article 3/3 Jean Balue, de Péronne à la trahison

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Louis XI poursuivait avec ardeur son projet d'une entrevue avec son beau cousin de Bourgogne, dans le but d'empêcher un conflit armé, lui envoyant même un ambassadeur pourvu de 60 000 écus afin de défrayer le Duc de ses préparatifs de guerre, mais le Téméraire était foncièrement opposé au projet

Balue, esprit ambitieux, toujours désireux de se mettre en avant, afin d'augmenter encore les faveurs de son roi, qui n'avaient pourtant déjà plus de bornes, désire être l'unique négociateur de la paix. On le sait totalement opposé au projet d'une entrevue entre le roi et le Duc, et pour cause !! Car si elle aboutissait à un traité avantageux tout le mérite en reviendrait au roi, et si dans le cas contraire louis XI y perdait la vie et sa couronne, quel avenir politique restait à son premier ministre Jean Balue ??. D'un côté c'était l'effacement et de l'autre la ruine !!

L'entrevue aura lieu, sous sauf conduit, le Cardinal fut bien obligé de se ranger à l'avis de son maître. Bien sur, après, beaucoup supposerons que Balue avait été acheté par le Duc de Bourgogne pour que cette réunion se fasse, rien n'est moins fondé que ce soupçon, et personne ne sait rien à ce sujet !!!










On s'autorise à penser que d'un coeur mal content et à bout d'arguments, le cardinal se rangea à l'avis de son roi et désormais fit les efforts nécessaires à la réalisation de cette rencontre. Non seulement Jean Balue ne trahira pas son roi au camp de Péronne, mais ce fut lui qui sauva, ou du moins qui contribua puissamment à le tirer du plus grand danger que Louis XI couru pendant son règne !!!

Dès le lendemain de leur arrivée à Péronne les négociations commençaient et les intervenants s'accordèrent sur tous les articles du traité proposé, à l'exception d'un seul auquel le Duc en aucun cas ne voulait souscrire !!!. Mais comment le Duc aurait il pu renoncer à ses alliances, alors même que les représentants de celles ci se trouvaient présents à Péronne ???. On discuta sur le sujet sans succès, et l'objectif de la visite du roi était manqué !

Cependant dans la soirée arrivèrent au camp des nouvelles alarmantes en provenance de Liège, on disait que l'évêque Humbercourt et le Légat du Pape avaient été massacrés, sous les applaudissements, et avec l'aide des envoyés du roi de France

Les colères du Téméraire étaient bien connues, mais la elle fut extrême !!, il en oublia le sauf conduit qui protégeait le roi, et Louis XI fut enfermé dans un château et gardé à vue











Le souverain ne se laissa pas pousser l'herbe sous le pied, comme l'explique Commynes et va lier contact avec tout ceux qui pourraient l'aider à se sortir de cette fâcheuse position. pour se faire il donne à Balue une somme de 15 000 écus et lui ordonne de les distribuer à tous ceux qui d'une manière ou du autre pourraient lui porter aide secourable

Mais on ne refait pas le Cardinal Balue, qui va distraire 7 à 8000 écus en direction de sa propre escarcelle !!, ce que le roi saura à quelques temps de la !!. Notre Cardinal donna diverses sommes à Antoine grand bâtard de Bourgogne, à Guillaume Biche et à l'Archidiacre de Cluny, tous proches du Duc. Tout concorde dans les écrits de Commynes, la somme et les personnes qui en ont bénéficié, il précise même l'indignité de l'agent du roi mais sans le nommer ?? 

Louis XI malgré la ponction financière de son cardinal se trouve tout de même avec des défenseurs au conseil du Téméraire. Ils firent si bien et avec d'excellents arguments qu'ils calmèrent la colère du Duc. le roi pouvait regagner ses états, et notre Balue avait réussi son double projet, sauver le roi, et augmenter sa fortune personnelle de quelques milliers d'écus. Tel fut le rôle du cardinal Balue , ce courtisan habile, ambitieux, avide d'honneurs et de richesse lors de cette entrevue de Péronne

Louis rentrait dans ses états, humilié et avec la responsabilité d'une lourde bévue politique, mais tout disposé à en charger un autre afin de paraître moins coupable, et pour peu que l'on lui désigna !! Son entourage ne va pas manquer l'occasion et charger de tous les maux le cardinal d'Angers, Jean Balue











La foule des envieux répétera chaque jours aux oreilles du monarque le nom de ce coupable tout désigné, car notre cardinal avait réussi à se faire de nombreux ennemis, au point que l'on se demande s'il avait des amis ????

L'évêque d'Evreux et d'Angers, Cardinal de Sainte Suzanne, voyant son crédit à la cour diminuer, va se jeter dans l'intrigue, comme nous pourront le constater il ne tardera pas à trahir Louis XI. Il sera arrêté, jugé, puis emprisonné dans cette cage du château de Loches, ou il restera pendant 12 ans !!!

On taira les véritables causes de sa détention, et chacun de croire que l'entrevue de Péronne en sera la véritable raison. les chroniqueurs de l'époque se feront l'écho de la rumeur publique et parleront de la trahison de Jean Balue à Péronne !!

La seule personne bien renseignée gardera le silence, Philippe de Commynes, un proche du Duc de bourgogne, la cause est entendue ce sera Balue sauveur de son roi, que l'on accusera de l'avoir trahi !!





Nota: texte de Philippe de Commynes, Livre I chap IX...le roy estoit enfermé dans le château avec des gardes qui y estoient, cela dura deux ou trois jours. le premier jour, ce fut tout effroy et murmure dans la ville. Le second jour le Duc se fut ung peu refroidy, et tint conseil la pluspart du jour et une partie de la nuit !!. De son côté le roy faisait parler tous ceulx qu'il pensoit qu'ils le pourroient ayder et ne failloit point en promesses. Il ordonna de distribuer 15 000 éscuz d'or, mais celui qui en eut la charge en retint une partye et s'en acquitta fort mal, comme le roy le sceüt depuis !!!...on suppose qu'il le sut par Commynes plus tard quand ce dernier entra à son service ???










PS: documentation BNF et école des Chartes. Philippe de Commynes (voir article), deviendra bientôt un proche de Louis XI, ce chroniqueur dresse un portrait du monarque dans ses écrits.... M de V


mardi 18 juin 2019

Jean Balue, article 2/3,de l'aumônier au chapeau de Cardinal 1464-1491

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Le roi qui espérait, comme à son habitude, se créer un serviteur dévoué va multiplier ses faveurs envers notre Clerc, et le charger par lettre royale de décembre 1464, de la responsabilité " de donner et conférer les bourses du Collège de Navarre en Paris, tant en Grantmaire, que dans les Ars et la Théologie ", mais lui sera donné aussi la responsabilité des Hôtels dieu, des Maladreries et des Aumôneries

Le monarque va lui bailler en 1465 le titre de secrétaire, notons l'importance de ce poste sous le règne de Louis XI, tant dans la corporation des notaires que dans celle des secrétaires royaux !!!. C'était le premier pas de la carrière politique, et Louis recrutait parmi eux ses agents les plus actifs, et ses conseillers les plus intelligents, tel Olivier le Roux,Jean  de Reilhac, Guillaume de Cerisay, ou Jean Bourré (voir article), pour ne citer que les plus connus, et enfin notre retors Jean Balue

Ce dernier devint rapidement le conseiller du monarque et se verra confier la charge de maître Clerc à la Chambre des Comptes, celle ci venant depuis peu d'être élevée au rang de cour souveraine !!!

L'universelle Araigne, ne croyait pas aux hommes et ne leur connaissait qu'un seul mobile, l'intérêt. C'est par l'appât du gain, et en les gorgeant de libéralités que Louis prétendait leur inspirer un dévouement sans faille et une obéissance sans limite. Le problème c'est qu'il n'y avait pas de limite à l'appétit de Jean Balue !!!!

En décembre de la même année, Balue, devenait conseiller Clerc au parlement, et il allait en quelques années obtenir les plus hautes dignités ecclésiastiques, puis devenir l'un des hommes politique les plus en vue

Pour devenir grand dignitaire de l'église il manquait donc à notre Clerc jean Balue, les titres d'évêque et de cardinal, qu'à cela ne tienne !!, deux années lui suffiront pour parvenir à cette élévation, et notre aumônier fut bientôt, grâce à de savantes tractations, devenir évêque d'Evreux et d'Angers, puis nommé Cardinal prêtre de Sainte Suzanne, par un légat du Pape

Vous devez bien vous douter que cette fulgurante progression de notre Clerc n'était pas du goût de tout le monde, la jalousie et les ressentiments étaient nombreux envers ce protégé de louis XI










L'opinion publique qui n'approuvait pas l'élévation de Balue à l'épiscopat, ne se gênera pas pour le faire savoir, il courut même à cette occasion une caricature insultante sur Louis XI et son favori, ou l'on raillait l'aveuglement du monarque et l'ignorance de ce prêtre. Il semble que jean Balue était doué en Droit comme en politique, mais ne valait pas tripette en religion !!

Cependant rendant de multiples services au roi comme au Pape il fut nommé Cardinal et élevé à cette dignité le 18 septembre 1467. Il faut savoir qu'il était à la fois titulaire de l'évêché d'Evreux comme de celui d'Angers ou il ne mis jamais les pieds, ou si peu !!!!, et notre Balue, conservera ces deux postes jusqu'à son arrestation !


Alors que se passa t'il vraiment lors de cette entrevue du camp de Péronne entre louis XI et le Téméraire ???, ou notre monarque malgré un sauf conduit se trouva en grand danger et prisonnier aux mains du Duc de Bourgogne !!!. Balue a t'il trahi son roi ???, rien n'est moins sur !!!


Mais suite à l'échec de cette entrevue il fallait un coupable, et il fut tout désigné au monarque par son entourage. Il faut dire que le cardinal n'avait que peu d'amis, encore une fois, force est de constater que la distance est courte du Capitole à la roche Tarpéienne, notre insatiable Cardinal Jean Balue aurait du s'en souvenir !!!!







PS: dans l'article suivant nous parlerons de cette entrevue au camp de Péronne, ainsi que le rôle que va y jouer notre personnage, nous constaterons que c'est le côté appât du gain qui va le perdre Jean Balue, et que la trahison ne viendra que plus tard M de V

Ce Clerc nommé Jean Balue, article 1/3, de l'an 1421 à 1464

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Nous commencerons par son nom, le père Griffet, en parlant de notre personnage, nous dit je cite: Il paroit qu'on doit le nommer " Balue ", et non point " La Balue ", car dans les lettres que l'on a de lui, il ne signe que Balue, et n'est pas nommé autrement par Monstrelet, Commines et les autres historiens.

Si l'on ne peut avoir aucun doute sur son nom il en va tout autrement en ce qui concerne la date et le lieu de naissance de cet ecclésiastique. Les auteurs de biographies sur Jean Balue sont d'accord pour dire qu'il naquit en 1421 ?? Son épitaphe nous dit qu'il mourut septuagénaire en 1491, cette inscription détruite depuis longtemps nous montre que Balue serait entré au service du roi à plus de 40 ans !!, et il est fort peu de carrières politiques à cette époque qui commencent aussi tard ??

Cependant un chroniqueur, contemporain de Balue, nommé Jean Maupoint, et qui l'avait vu, écrit qu'en 1468 il était âgé de 30 ou 34 ans, ce qui ramènerait sa naissance à 1434 ou 1438 ? Il est donc bien difficile d'affirmer son année de naissance avec un vide historique allant de 13 à 17 ans ???








Nous en sommes également réduit à des hypothèses plausibles sur son lieu d'origine et sur sa famille. Certains le dise fils de meunier, ou fils de tailleur, d'autres pensent qu'il serait issu de petite noblesse ?? Quelques historiens prétendent qu'il est originaire de Verdun, mais la plupart parlent du Bourg d'Angle en Poitou.

On trouve peu de documents sur la jeunesse de Jean Balue, on sait qu'il acquit en 1457 (au plus tard), le titre de " Licentié ez Loiz ", il est probable que ce soit à l'Université d'Angers ??. Nous savons qu'il embrasse très tôt l'état ecclésiastique, attaché à la personne de Jacques Juvenel des Ursins évêque de Poitiers

Il devient rapidement un de ses familiers et le confident de ses plus intimes secrets, Balue s'occupait aussi bien de ses affaires privées que de celles de l'évêché. lorsque Jouvenel des Ursins fut proche de la mort il le nommera comme exécuteur testamentaire (1457)

Quand 12 ans plus tard, Balue sera arrêté, il fut déclaré qu'il avait détourné à son profit une grosse partie de cette succession destinée aux pauvres ??. Pour le moment notre jeune Clerc ayant perdu son protecteur entre au service de Jean de Beauvau évêque d'Angers, dont il s'attire bien vite les faveurs, recevant prébendes et bénéfices, comme le doyenné de Condé et le canonicat de Saint Mathurin. Il sera associé très rapidement au gouvernement du diocèse recevant des lettres de grand Vicaire









Lorsque l'évêque d'Angers part pour une ambassade vers Rome, son grand vicaire l'accompagne. Arrivé la bas notre Balue découvre d'autres horizons, mais loin de rester inoccupé ce jeune Clerc ignoré de l'église va s'entremettre dans mille et une petites négociations !!, faisant preuve d'habileté, va trouver l'un, puis se porte vers l'autre, se remue et montre un génie de l'intrigue extraordinaire. Bref il se met en vue, et quand il rentre en France c'est avec le titre de Protonotaire Apostolique !!

De retour à Angers il continuera ce rôle d'intriguant qu'il ne devait plus jamais quitter et jouer des coudes pour accumuler bénéfices et prébendes. C'est en 1463 qu'il se rendra à Paris afin de se pourvoir auprès du Roi Louis XI au sujet d'un poste lucratif et vacant dont il désirait prendre possession.

C'est alors qu'il va rencontrer un certain Thibaut de Vitry, Chanoine de Notre Dame et un proche de la maison du roi, Charles Melun. Il saura se rendre indispensable et leur procurer quelques menus services. Bientôt Charles Melun le présenta au roi Louis XI. Notre Clerc avait, dit on, la grâce insinuante et la souplesse de caractère qu'il fallait pour plaire à Louis, bref le parfait sournois !!!!

Introduit à la cour et dénué de scrupules, il y fit une rapide fortune tant au point de vue ecclésiastique que politique et en 1464 notre Jean Balue devenait l'aumônier du roi, poste enviable s'il en est puisqu'il avait l'oreille de notre monarque !!





PS: documentation de l'école des Chartes et de la BNF, le personnage mérite un autre article qui portera de l'année 1464 ou il devint aumônier du roi à l'année de sa mort en 1491...;M de V

mardi 11 juin 2019

N°315) Louis XI et l'Imprimerie

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Il faut bien dire que l'un des principaux événements qui marqua le règne de Louis XI fut l'arrivée de l'imprimerie en France. Certains on avancé l'hypothèse que ce roi, toujours défiant, ne paraissait pas avoir favorisé cette invention nouvelle, ni avoir cherché à s'en servir dans l'exécution de ses projets politiques !! Rien n'est moins exact !!

Ce nouvel art d'écrire à l'aide de caractères mobiles en métal était un perfectionnement mis en usage par Gutenberg en 1457 à Mayence. Cet art demeurait un secret gardé par les Allemands des bords du Rhin qui paraissaient à cette époque avoir une supériorité marquée dans tout ce qui touchait la mécanique;

Charles VII avait essayé de surprendre leur secret en envoyant vers le Rhin son graveur de médailles, Nicolas Janson, mais le roi Charles meurt avant que Janson ne rentre en France et en 1462 les troupes d'Adolphe de Nassau mettent Mayence au pillage, les imprimeurs des ateliers de cette ville vont se disperser

L'ennui c'est que notre Janson au lieu de revenir en France va prendre le chemin de Venise ( ah le fourbe !!), apportant de ce fait le secret de ce procédé aux Vénitiens, cette cité commerçante va exploiter l'imprimerie de la manière la plus artistique qui soit, et l'occasion était perdue pour nous









Ce n'est que quelques années plus tard que le livre imprimé entra en Paris, avec Pierre Shoeffer, qui était comme on disait à l'époque le "facteur", ou si vous préférez le commissionnaire de Gutenberg. Il fit dans la cité le commerce du livre ou il mourut sans avoir été naturalisé. Cela explique que son atelier fut saisi, car il était "Aubin", c'est à dire un étranger

Mais Louis XI curieux des inventions s'était intéressé à ce nouvel art. Nous possédons même une quittance montrant qu'il avait donné une grosse somme d'argent à Shoeffer afin de l'encourager. Ce roi très avisé déclare avoir reconnu que le nouvel art pouvait contribuer à l'enrichissement de la chose publique

La première presse Parisienne fut installée à la Sorbonne par le recteur de l'université de Paris, Jean de la Pierre, c'est lui qui eut l'idée de fonder une première imprimerie afin de mettre à la disposition des maîtres et des étudiants, des livres corrects dans le but de remplacer les copies plus ou moins défectueuses que les ateliers de copistes de ce temps n'arrivaient à multiplier qu'en petit nombre

Un certain Guillaume Fichet, professeur de Rhétorique partageait ses vues, étant de plus le bibliothécaire de la Sorbonne









L'atelier de la Sorbonne fut mis au service du roi de France , ce qui ne serait surement pas arrivé si Louis XI n'avait étendu sa protection au nouvel art et aux compagnons Allemands, Michel Freiburger, Ulrich Gering et Martin Grantz que l'université avait fait venir.

On le vit bien quand sorti de la presse le troisième livre de la Sorbonne, c'était un Salluste, auteur très lu au moyen âge. l'ouvrage paraissait au moment ou Louis XI venait de déclarer la guerre à ce paon bouffi d'orgueil de Charles le Téméraire !!

Les typographes de l'imprimerie de l'université vont s'adresser au peuple de Paris et affirmer leur fidélité au roi bien qu'ils fussent étrangers, en ces termes je cite:

"Le plus grand roi de la terre prépare maintenant ses armes et ses soldats, menaçant de destruction ses éternels ennemis. C'est maintenant peuple de Paris dont la gloire militaire fut grande jadis, qu'il te faut étudier l'art de la guerre, comme les faits des grands hommes rapportés par Salluste dans son oeuvre, qu'ils te servent aujourd'hui d'exemples. Compte au rang de tes auxiliaires les Allemands qui ont imprimés ces livres ils seront des armes pour toi", on ne saurait être plus clair !!!!!!










Et tandis que la guerre éclatait entre les deux rivaux la presse de la Sorbonne imprima et publia les lettres et les harangues de Bessarion, Patriarche de Constantinople qui exhortait les princes à mettre fin à leurs querelles afin de s'unir contre les Turcs dans une sorte de croisade ou l'on voyait le salut de la civilisation !!

La presse de la Sorbonne était donc bien un outil de propagande, mais qui travaillait aussi pour la culture, le beau latin de Cicéron en même temps que pour la paix et pour le roi

Nos vieux imprimeurs voulaient contribuer à l'éclat du règne de Louis XI, et formaient des voeux pour qu'il triompha sous Arras de Charles le Téméraire en disant que ce roi était l'ennemi de l'enflure et de l'orgueil, et il faut bien dire que sous ce registre le Téméraire détenait la palme !!!

PS: pour faire suite à mon dernier article sur l'imprimerie au moyen âge tiré du livre de Pierre Champion, ancien élève de l'école des Chartes M de V