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mercredi 12 septembre 2018

Les Routiers Catalans "Rage meurtrière" (III)

Les noces furent superbes voir éclatantes, avec le somptueux cortège nuptial du soldat de fortune et de la princesse impériale. Cet événement causa une grande joie dans la soldatesque catalane, qui ne douta plus de sa bonne fortune, devant le si beau mariage de leur chef, Roger de Flor !!

Mais sans le savoir ils avaient sur les marches même du trône, un adversaire acharné !! Michel IX, le fils aîné et co-régent, du Basileus, c'était un Orthodoxe fanatique et taciturne, dès les premières heures de la venue des Catalans, il dénigrait auprès de son père ces "Latins vagabonds et arrogants", lui demandant d'ouvrir les yeux et de constater qu'il c'était juste donné de nouveaux maîtres

De l'autre côté les Génois ne sont pas en reste et se mêlent à toute cette agitation partisane, ils vont réclamer à Roger, les sommes qu'il avait empruntées au nom du Basileus pour faire face à son départ de Sicile, ayant lui même englouti sa fortune dans ce projet !!!!

De Flor leur demande de s'adresser au Basileus, mais il lui fut déclarer qu'il était un débiteur de mauvaise foi, le Basileus faisant lui même la sourde oreille. La marmite commençait à bouillir et pas besoin de vous dire qu'il n'était pas nécessaire de les énerver pour qu'ils se fâchent !!!








 Au milieu des fêtes du mariage des génois vont insulter des catalans, on en vint aux mains rapidement dans les ruelles étroites et commerçantes. Puis un mal embouché nommé "Roso de Finale", bannière de Gênes en tête, accompagné de ses compatriotes, vont l'agiter en signe de défi, devant la demeure ou festoient les principaux nobles Catalans des compagnies !!

Ceux ci avec leurs hommes entre le fromage et le dessert, se ruèrent sur les Italiens, ni Roger, ni ses principaux Capitaines ne peuvent calmer la fureur de leurs hommes. Ils chargent abatte Roso dans les pans de sa bannière, mais le parti des catalans victorieux avait grossi !!! Ils foncent sur le reste des génois qui se retranchent au fur et à mesure derrière des barricades de fortune, faites de tables de tonneaux de pierres et de sacs !!!

Rien ne leur résistera, ils vont tuer et massacrer tout le monde, une vrai boucherie, bientôt plusieurs centaines d'Italiens jonchent le sol. Lorsque le Basileus vit de ses fenêtres le carnage, effaré des conséquences, il supplie Roger de Flor pour qu'il face le nécessaire afin de stopper ce bain de sang. Il va parvenir avec ses capitaines, en courant eux même de grands risques, à stopper la folie meurtrière des Catalans

Mais la conséquence c'est qu'ils venaient de se créer un ennemi implacable et puissant en Méditerranée, la République de Gênes !!!!!!








Cette catastrophe va brusquer le départ des catalans, tout le monde tombe d'accord il fallait les éloigner au plus vite des Génois de Constantinople. Du reste il était plus que temps car les contingents Turcs d'Anatolie poursuivaient leurs incessants ravages !!

Nos Routiers prennent la mer et débarquent à environ cent milles de Constantinople sur un rivage de la Marmara, un promontoire que l'on nommait à l'époque Artaki, l'endroit était populeux, riche et fertile, composé de vingt mille maisons, fermes et métairies.

On débarque la cavalerie et la troupes, puis l'on met sans perdre un instant l'endroit en état de défense, vieux principe des bandes mercenaires. Le tout est fait dans le calme et le professionnalisme de ces gens de guerre.

Les turcs de l'Emir Karasi se préparaient à attaquer cette grasse presqu'île, cependant ils ignoraient le débarquement des Catalans, bien que leur campement ne soit qu'à quelques lieues du promontoire. Ils allaient avoir un réveil difficile.....et encore le mot est faible !!!

Chez les routiers on n'installe pas un campement sans faire des reconnaissances, donc ils vont très vite trouver le campement Turc, alors commence la préparation de la danse macabre !!







Au plus profond de la nuit les compagnies se ruèrent en silence sur les Turcs qui campaient avec femmes et enfants !

La consigne avait été donnée "pas de quartier", les Turcs surpris dans leur sommeil au petit matin, attaqués par ces hommes agiles, vigoureux et disciplinés qui chargeant en masse, en maniant furieusement l'épée et leurs javelots diaboliques, vont subirent une complète déroute en se faisant hacher sur place plutôt que d'abandonner leurs familles, il ne resta pas un homme un homme vivant au dessus de l'âge de dix ans !!

Les catalans partirent avec un magnifique butin et rentrèrent à Artaki, quatre galères partirent vers Constantinople chargées d'esclaves et de richesses, un présent que faisait Roger de Flor au basileus et son fils !!!!!



PS: Constantinople fut enchantée de cette victoire et de ces présents bien sur, mais les Génois et Philippe IX cuisaient et recuisaient leurs rancunes et leurs jalousies ....Roger de Flor finira plus tard assassiné lui et son escorte autant pour les exactions commises par ses troupes, car ils pouvaient être en temps de paix un fléau pire que les Turcs, mais aussi par jalousie, je vous conseille ce livre que vous pouvez consulter à loisirs sur la BNF..  M de V


mardi 11 septembre 2018

Les Routiers Catalans (II)

Frère Roger voyait venir les choses de loin, selon le chroniqueur Mutaner, il va prendre une décision audacieuse, poussé par deux impératifs, échapper au Temple et au Pape, puis trouver un nouvel employeur! Grâce à son immense fortune il engage les meilleurs mercenaires, la crème des compagnies Catalanes, il en embauche 2000 d'un coup à sa solde personnelle.

Son insatiable ambition, sa parfaite connaissance du Grecque, les services qu'il avait rendus à Constantinople lorsqu'il était marin, lui permettent d'offrir ses services au Basileus Andronic II Paléologue.

Ce dernier était harcelé par les Turcs il avait grand besoin d'assistance, de plus Andronic avait de fort mauvaises relations avec le Pape, ce qui arrangeait bien les affaires de Robert de Flor.

Le Basileus va accueillir avec joie les offres de services de ces redoutables routiers Catalans et prend à sa charge les bandes, chacune commandée par un capitaine et sous le commandement de Roger, voyons maintenant les effectifs et la composition de la redoutable compagnie !!









Roger possédait en propre huit galères, qu'il utilisa pour les 2000 hommes à sa solde. Le Roi de Sicile, fort content de se débarrasser de ces encombrants mercenaires prêta dix galères et deux Lins (transport de troupes), les troupes se composaient de 1500 cavaliers (sans leurs chevaux) et 5000 almugavares, sans compter rameurs et matelots de la flotte personnelle de Roger de Flor.

Ils emmenaient avec eux femmes, maîtresses et enfants, je vous laisse imaginer l'ampleur de l'expédition !! Roger de Flor avait épuisé toutes ses richesses dans la préparation et l'organisation du déplacement des compagnies catalanes. Ils prendront la mer au cours de l'été 1302.

Au bout de quelques jours ils débarquent au lieu convenu avec le Basileus, l'antique port de Monembasie que les Francs nommaient Malvoisie qui donna son nom au vin si doux et jadis si célèbre

En septembre ils arrivent à Constantinople ou la population médusée vit se ranger en batailles devant les jardins les troupes catalanes. C'étaient de superbes combattants, mais des alliés terriblement incommodes et indociles à côtoyer, que l'imprudent Basileus venait d'attirer dans sa capitale, voyons un peu en détail les guerriers de cette compagnie









 La grande masse de ces guerriers étaient des gens de pied, leur accoutrement était sordide aux yeux des habitants de Constantinople, mais c'était des hommes de fer, rétifs et braves jusqu'à la folie. Tous étaient armés d'une épée longue et d'un large poignard, plus trois ou quatre javelines durcies au feu, qu'ils lançaient avec une précision diabolique, un petit bouclier et un casque de fer complétait l'équipement

Ils étaient chaussés d'espadrilles et leurs jambes sur le devant étaient protégées par du métal, pour ce qui était  du comportement au combat leur seul credo était vaincre ou mourir, rudimentaire mais efficace !!!

Nos pittoresques troupiers suivant leur coutume emmenaient, comme je l'ai stipulé plus haut, leurs femmes et leurs maîtresses. Il faut pour l'occasion préciser un point important, ces rustiques et hardies compagnes arrivant du fond des Pyrénées ou des campagnes de Sicile, ne se contentaient pas de faire la popote, elles savaient fort bien manier l'épée et le poignard à l'exemple des compagnons qu'elles avaient librement choisis !!!!!

Malheur à celui qui aurait eu l'idée saugrenue d'attaquer un campement de routiers Catalans !! ils auraient eu à combattre les hommes, mais aussi leurs compagnes qui étaient aussi mal embouchées et farouches que la troupe mercenaire, rien à voir avec les languissantes dames de Constantinople !!!!









Imaginez la surprise et la crainte pour les habitants de ces palais dorés, habitués au luxe de l'empire Byzantin de voir débarquer chez eux les féroces combattants Catalans. La peur de ces inconnus et la jalousie des compagnies marchandes qui jusqu'à maintenant faisaient la pluie et le beau temps dans la cité évoluait

Roger de Flor comme stipulé sur le contrat signé avec le Basileus est nommé Amiral de la flotte Byzantine, puis il épouse la Princesse Marie, jeune femme de 16 ans, nièce d'Andronic II, la compagnie est fort contente l'expédition débute sous de bons auspices, de plus ils ont été payés, tout semble aller pour le mieux, leur chef étant devenu un grand Duc de l'empire !!






PS: de si beaux débuts allaient déboucher sur un tragique et sanglant lendemain de noces, le fils du Basileus était hostile aux compagnies catalanes, mais aussi les compagnies marchandes Génoises installées à Constantinople ....suite au prochain épisode M de V

lundi 10 septembre 2018

N°235) Les Almugavares, routiers Catalans de 1302 à 1311 (I)

Le désir de l'auteur, G Schlumberger, était de faire connaître l'étrange et romanesque odyssée à travers les provinces de l'empire d'Orient, des fameuses bandes de mercenaires, plus connues sous le nom de " Compagnies Catalanes ", de cet exode de tout un peuple de routiers nés au pied des Pyrénées, de cette route composée de Catalans, d'Aragonais et de Navarrais et ce grâce au chroniqueur qui fut à la fois acteur et l'historiographe attitré des bandes Catalanes il avait pour nom Ramon Mutaner.

Notre saga commence par une paix signée en 1302, mettant fin à la guerre en Sicile, la paix de Catalabellota, qui laissait sans emploi les vieilles bandes des compagnies catalanes, cette guerre avait couvert de ruines la Sicile et tout le midi de la péninsule Italienne

Nos routiers se retrouvaient donc sans solde et bien sur sans pain !!. Ils connaissaient leur valeur et comptaient parmi les meilleures troupes d'Europe, ils avaient brillés aussi bien sur mer que sur terre, remportant de nombreuses victoires, on peut dire que leur réputation les précédaient !!!








On les appelaient très souvent Almugavares ou almogavares, nom d'origine Arabe, que l'on donnait au moyen âge aux gens de pied recrutés dans ces régions des Pyrènées !! Toutes bandes confondues nos routiers représentaient une force de plusieurs milliers de soldats professionnels !!

Cette machine de combat ne pouvait vivre que par la guerre, les hommes habitués à la vie aventureuse et insouciante des camps avaient une existence libre, large et sans entrave !

Ils jetaient donc les yeux à la ronde cherchant de toutes part un souverain ou un potentat qui voulant bien payant grassement leurs services leur permettre de poursuivre cette carrière derrière leur fière et insolent bannière !!!!








Résolus à se donner un chef, ils vont choisir parmi les principaux capitaines des bandes un homme sorti de rien, mais déjà illustre " Roger de Flor " qui sera nommé plus tard " le fils du diable " par les Byzantins. L'homme était sans peur, sans principe et dépourvu de sens moral, de plus il était avide autant que cupide. Or donc le type même de ces chefs aventuriers du moyen âge, qui traitait d'égal à égal avec les souverains, fondant des dynasties et renversant des royaumes. Roger surpassait en richesse tous les autres capitaines des bandes catalanes, ce qui fut je pense un atout majeur pour cette élection !! Nous allons maintenant nous intéresser au personnage, il est recruté à l'âge de huit ans par un frère templier qui commandait une nef de l'ordre, l'enfant devint rapidement un expert à la mer à tel point qu'à vingt ans c'était un marin accompli, le grand maître de l'ordre lui donna le manteau de Templier et le fit frère servant !! On lui confia une grande Nef qui avait pour nom le Faucon, Frère Roger se trouvait à Saint Jean d'Acre lors du siège de 1291, il va bien sur s'y distinguer, mais il semble que lors de la fuite des civils il extorqua au dames qui se réfugiaient à son bord des sommes considérables, il semble même que ce soit le fondement de son immense fortune ?????








Il sera chassé du temple pour cet acte d'infamie, forcé de fuir devant les poursuites du grand maître et dénoncé par le terrible Boniface VIII, comme voleur et apostat il abandonne sa Nef à Marseille pour se réfugier à Gènes. De cet endroit il va rebondir en achetant des Nefs pour se mettre au fort lucratif métier de la course contre les Sarrasins, devenant ainsi un redoutable pirate

Il avait donc amassé un véritable trésor, de plus il soudoyait pour son service diverses bandes de la compagnie catalane, celle de béranger d'Entença, de Ferdinand Ximénès de Arenos et de Béranger de Rocaforte. Tout semblait au mieux pour " Frère Roger ", comme on le nommait en ce temps la !





PS: du moins jusqu'à la paix subite et fort mal venue pour lui de Calatabellota !!....cette saga va nécessiter plusieurs articles ...le nain s'en excuse à bientôt donc M de V



samedi 8 septembre 2018

La fin de Saint Jean d'Acre 1291

On était en l'an de grâce 1291, Philippe le Bel, le roi de fer, gouvernait la France et le moine Jérome d'Ascoli occupait le trône de Saint Pierre, sous le nom de Nicolas IV. Il y avait près de deux siècles que les hommes de la première croisade avaient fondés le saint royaume d'Outre Mer !!

Puis Jérusalem était retombée sous le pouvoir des Musulmans en la personne de Salah al Dîn (voir article), après la désastreuse bataille d'Hattin en juillet 1187, toutefois le royaume se maintenait dans presque toutes les cités maritimes de Syrie et les croisés avaient repris la cité de Saint Jean d'Acre en 1191 lors de la troisième croisade

Celle ci était la principale forteresse franque d'outre mer, la grande capitale militaire et commerciale de la côte syrienne, cité colossale ceinte de fortes murailles, flanquées de nombreuses tours et de fossés profonds, possédant également un port fortifié. Au moment ou tout va se jouer nous sommes dans une période de trêve entre le Sultan et le royaume d'outre mer, du moins ce qu'il en reste !!!









Elle avait été signée en 1283-1284, pour une durée de dix ans, dix mois, dix jours et dix heures !!, étrange et singulière coutume de l'époque. La loi de l'Islam défendait de conclure et de signer une paix véritable entre les vrais croyants et les infidèles, autorisant seulement des trêves !! Il est évident que côté chrétien, c'étaient eux aussi des vrais croyants !! et qu'en face il n'y avait que des infidèles, or donc la trêve était d'un côté comme de l'autre entachée de méfaits que nous nommerons pudiquement des bavures !!!

Cette ville était extraordinaire, peut être la plus étrange de cette période médiévale. Depuis des années les débris de populations florissantes de l'Orient Latin furent chassées petit à petit de toutes les côtes de Syrie, elles avaient reflué sous la protection de ses gigantesques murailles. Puis une population hétéroclite de marchands d'aventuriers d'occident, débarquant au port, qui ne venaient pas la pour faire leurs dévotions aux saints lieux ! mais plutôt pour l'amour du lucre, des batailles et du pillage









Dans son enceinte résidaient les états majors et les plus forts contingents des grands ordres religieux militaires Templiers, Teutoniques et Hospitaliers, puis de petits contingents entretenus par le roi de France, le roi de Chypre, le Pape et divers autres souverains d'Occident.

Enfin on trouvait une immense population louche, accourue de tous les coins de la Terre, bref la lie de la société, qui provoquait ou attirait une clientèle de ribaudes fort nombreuse. D'après un chroniqueur il pouvait y avoir jusqu'à 14 000 prostituées dans la cité, chiffre énorme !!!

La célèbre forteresse située sur le rivage de la mer, construite de blocs de pierre d'une grosseur extraordinaire, avec de hautes et fortes tours, espacées d'un jet de pierre les unes des autres et chaque porte côté terre flanquées de deux tours, le tout bordé de fossés profonds !!

Mais en cette fin de XIII siècle les mentalités avaient évoluées, les constants échecs en terre sainte et les prophéties des ecclésiastiques qui ne se sont jamais réalisées finissent par lasser. De nombreuses voix avaient commencé à s'élever dans toute l'Europe, critiquant la conduite du Pape et la perte de tant d'énergies consumées en vain dans les croisades, le zèle qui avait duré des siècles avait pratiquement disparu !!!









Rois, Ducs, Comtes et barons, s'occupaient plus volontiers de leurs possessions et se faisaient tirer l'oreille pour fournir subsides et troupes pour la terre sainte. Les débris de la puissance Latine réfugiés derrière les hautes murailles de Saint Jean d'Acre, n'allaient bientôt devoir compter que sur leurs propres forces, contre la multitude du monde Sarrasin, Le Pape avait beau se démener et fulminer il n'obtenait que de belles promesses !!

Et voila qu'arrive aux oreilles du Sultan, qu'une petite tuerie privée a eu lieu dans la cité, que des Musulmans, marchands et commerçants avaient été assassinés dans la ville par quelques mercenaires en mal de bataille et de pillage, exaction que l'autre camp pratiquait aussi bien sur !!

Mais voila le Sultan Kélaoun, voulait la guerre afin d'en finir une bonne fois de la présence franque en Orient, Saint Jean d'Acre était comme un furoncle planté dans son postérieur et qui le gênait fortement pour s'asseoir !!

Or le traité stipulait qu'en cas de crime contre des musulmans dans la cité, ce serait des magistrats de la ville qui devraient punir, voila ce qui justement n'avait pas été fait !!!! L'occasion était trop belle pour ne pas servir hypocritement à son projet d'éliminer, sous couvert de la religion ce qui le gênait pour s'asseoir !!










Le bruit commença à se répandre en Syrie que le Sultan avec toutes ses forces ne tarderait pas à marcher sur la cité. Dans le courant de l'année 1290, Kélaoun, annonce à ses peuples qu'il attaque pour se venger des violations incessantes de la trêve commises par les chrétiens,il annonce même dans un courrier au roi Héthoum d'Arménie qu'il avait juré sur le Coran de ne laisser la vie à aucun habitant de la cité maudite !

La population de la cité était toute entière occupée à l'approvisionnement en vivres et à préparer tours murailles et fossés en vue du siège. On évalue la population autour de 40 000 personnes, en tenant compte des gens qui partirent aux premiers signes d'un conflit.

Les hommes en état de combattre au moment du siège sont d'environ 14 000, dont 800 chevaliers et 13 000 hommes de pied. Le 4 novembre 1290 le Sultan quitte le Caire à la tête de son armée, mais tombe subitement malade et meurt le 10 du mois à Mardjed at Tîn, non loin de sa capitale, son Fils Malek el Ashraf, lui promet sur son lit de mort de poursuivre la guerre. Ce ne sera qu'en avril 1291 après une progression difficile et un hiver rigoureux, qu'il se trouvera avec toutes ses forces sous les murs de la cité









Il est impossible d'évaluer leur nombre, les chiffres donnés sont ahurissants !!! 60 000 cavaliers, 160 000 hommes de pied et pas moins de 92 machines de guerre de siège

Dès le 12 avril les machines commencent à battre les murailles, et chaque jour les musulmans se précipitaient à l'assaut, pierres et flèches volaient dru, ils urent tôt fait de pratiquer des brèches dans les murailles.

Le siège dura 40 jours, puis ce fut le grand massacre et quand la moisson des hommes fut faite, Saint jean d'Acre fut entièrement détruite, les remparts abattus, les églises et les édifices les plus importants rasés, quand au reste il fut la proie des flammes


PS: documentation BNF, avec quelques impressions de votre serviteur, mais la fin de Saint Jean d'Acre sera pour un Templier nommé Roger de Flor, chassé de l'ordre, le début d'une carrière de Mercenaire, lire les trois articles des Compagnies Catalanes !!.. M de

mercredi 5 septembre 2018

Rutebeuf XII siècle

Aucun des contemporains de Rutebeuf, aucun des auteurs anciens n'a laissé sur lui le moindre témoignage !, ni ne l'a nommé une seule fois dans aucun texte qui nous soit parvenu, tout ce que l'on sait à son sujet se tire de ses poèmes !!

Son nom déjà est une question en elle même, notre auteur s'est nommé dans plusieurs de ses pièces, mais les copistes ne s'accorderont pas entre eux sur la forme de son nom, "Rutebeuf", d'autres donneront "Rustebuef" et dans six passages l'auteur se nomme lui même "Rustebués" ??

Bien sur on n'est pas obligé d'accepter l'étymologie que l'auteur donne de son nom !!, il a existé en France des appellatifs dont le Latin a rendu la finale par "bodus" devenu "buef", en français, ainsi "magnibodus" donnait "mainbeuf", puis "marbodus" devient "marbeuf", puis "tudebodus" donnant "tubeuf"...etc. De plus les formes romanes ont prêté à confusion entre "Beuf" - "bodus" et "buef"- "bos"

On ignore le lieu de sa naissance et cela même si l'on soupçonne depuis fort longtemps qu'il fut Champenois









Il est néanmoins un fait certain c'est qu'en 1249, au moment ou il écrivait le plus ancien de ses poèmes connus " le dit du cordelier ", il se trouvait à Troyes et très au fait des conflits locaux qui lui fournissent le sujet de sa pièce !

Longtemps par la suite on voit notre homme intéressé par de grands personnages résidant en Paris mais dont les Fiefs étaient dans l'Est, il compose notamment en faveur de Geoffroi de Sergines,dont le château est au nord de Sens à la limite de la Champagne. Il va composer l'éloge funèbre de Thibaut V de Navarre, Comte de Champagne, puis il écrit pour Eudes de Nevers et Erart de Lezinnes, d'autres Champenois.

Il avait certainement fait de solides études et maîtrisait fort bien le Latin, ses écrits le prouvent, de sa "vie de Marie l'égyptienne", ou son " miracle de Théophile", qui font référence à des textes écrits en latin. Puis Erart de Lezinnes lui fait traduire "la vie de sainte Elysatiel" en rimes françoises !!. Et dans son "dit d'Aristote", il a tiré d'un livre en vers les enseignements du philosophe, c'était "l'alexandreide latine" de Gautier de Chatillon








Si l'on désire expliquer la condition sociale de la vie de Rutebeuf, il faut partir de ce qu'il était de nature et de condition et pour ce faire nous avons sa confession, qu'il y a tout lieu de croire comme sincère et véridique

Il faut cependant ne pas prendre au pied de la lettre toutes ses paroles, surtout lorsqu'il parle et dépeint sa pauvreté en forçant le trait, noircissant la réalité afin d'émouvoir un éventuel protecteur !! Ils en étaient tous la nos auteurs à jouer de cette corde sensible, mais au moyen âge c'était vital d'avoir un protecteur

Notre bonhomme était sans métier, dans " le mariage de Rutebeuf ", il dit " je ne sui pas ovriers des mains ", et dans " la complainte de Constantinople ", il dit " sospirant por l'umain lignage, vos veuil descouvrir mon corage, que ne sait autre laborage "

S'il ne savait "ouvrer des mains" c'est qu'il ne l'avait pas appris, probablement parce qu'il était du monde des écoles, venu et resté aux études " por pris et por honor conquerre ", puis comme beaucoup d'escoliers du XII siècle débouchaient une fois leurs études terminées, dans la société par la voie de la misère









Ils venaient grossir la troupe des errants et des faméliques chômeurs, pour se résigner à cette existence, qui ne connaissait de joie que le paradis éphémère de la Taverne (voir article), ou l'on jouait buvait, il fallait un caractère impropre à ce courage qui permet à l'homme de repartir sur le chemin du labeur !

Son surnom qu'il avait accepté comme un vrai nom et qu'il explique lui même complaisamment, semble le désigner comme un lourdaud paresseux, grand dormeur ou les vapeurs de vin y étaient sûrement pour quelque chose

Habile à tourner les vers et la poésie qui nourrissait son homme tant bien que mal, il pris la Vielle du jongleur et du ménestrel, condition précaire ou l'existence dépend des libéralités des nantis !!. Il dira dans son " pauvreté Rutebeuf ", je cite: " molt i a dolor et destresce, quand l'en chiet en autrui dangier, por son boire et son mengier ".

Entré dans la troupe des amuseurs, il vivra leur vie, parfois avec une aisance relative, ayant foyer, femme, enfants et nourrice, possédant cheval et recevant ses amis








Mais comme beaucoup de gens comme lui il jouera et perdra beaucoup, puis il contractera une maladie qui lui fera perdre un oeil, ensuite il s'enfoncera dans la ruine

C'est sans doute le sentiment de sa propre misère qui va l'inspirer sur le sort pitoyable de la plèbe des tavernes et des ribauds de la place de Grève, tous ces gens perdus par le vice la paresse ou la dureté de cette société médiévale, les quelques vers les plus émouvants de notre littérature !!!



PS: d'après les oeuvres complètes de Rutebeuf par Edmond Faral et Julia Bastin M de V

lundi 3 septembre 2018

Une Opération de la Cataracte en 1351

Ou l'on revient par les écrits de Nicole Chareyron, vers notre Abbé aveugle de Tournai, Gilles le Muisit ou Li Muisis ( voir article ). La cécité est une infirmité si répandue au moyen âge, qu'on la trouve représentée dans l'iconographie et les écrits en tous genre.

Il y a peu d'espoir de guérison, à cette époque quelle que soit l'origine du mal pour l'homme privé de la lumière.

Mais pour peu que l'infirme croise sur le chemin de la vie, un de ces rares chirurgiens aux mains bénies !!, capables de lui rendre la joie de voir, il peut espérer le miracle.

Extraordinaire voyage jusqu'au bout de la nuit, que celui de notre Abbé de l'abbaye de Tournai, devenu poète, écrivant par l'entremise de son Prieur, faute de pouvoir assurer  les offices de son ministère









Les annales de notre religieux nous content l'exploit chirurgical qui mit fin à son épreuve, c'est un jour de l'année 1348, qu'il se déclare incapable de célébrer la messe, parce que sa vue est tellement brouillée qu'il ne peut plus lire le saint livre et voila notre Abbé contraint de cesser tout service.

Ses annales commencées en 1347 alors qu'il voyait déjà très mal, s'arrêtent le jour ou il va recouvrer la vue!!, grâce à un chirurgien de passage qui opère les yeux à l'aide d'un instrument d'argent (lancette), qui pratique l'intervention avec cet outil " à manière d'aiguille, sans pener, à peu d'angousce et tos passée ", ses dernières pages, seront pour conserver la mémoire de l'opération

L'abbé nous raconte dans ses écrits je cite:








Un certain maître d'Allemagne vint à Tournai et ayant examiné mes yeux, promis, avec l'aide de Dieu de me guérir !! Contre l'avis de mes proches et de mes amis, je m'en remis à son avis et lui permis de pratiquer son art

L'opération eut lieu en deux fois, le dimanche 18 septembre 1351, le chirurgien opéra un oeil, puis le jeudi 22 septembre l'autre. Ce praticien ayant fait pénétrer l'instrument en forme d'aiguille lui rendit sans douleur la lumière de la vision!

Il dit je cite: Je recouvrais la vue non comme à l'âge de la jeunesse, mais comme à mon âge, parce que j'étais déjà octogénaire !! mais je voyais le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, je ne reconnaissais pas parfaitement les personnes, je voyais bien toutefois, je fus aveugle pendant trois ans environ.

A quelle classe les parents et amis de notre Abbé qui tenteront de le dissuader d'accepter l'opération appartenaient ils ???, car vraisemblablement ils ont mis en garde l'Abbé contre les dangers qu'il courait !!!!









Car pour un le Muisit renluminé avec succès, combien de malheureux ont dû endurer le martyre pire que le mal ???

Henri de Mondeville, le chirurgien de Philippe IV le Bel ( voir article ), dans la première moitié du XIV siècle, dénonça les dégâts commis par des confrères dans les opérations oculaires !!

Il dit je cite: Le peuple place sa confiance dans des moines, des devins, des ermites et des reclus " croyant qu'ils savaient la chirurgie sans art et qu'ils ont la science infuse par pure grâce du créateur " !!!

Ceux ci " altèrent la santé rendant parfois incurable des maladies qui étaient guérissables ". Dans le cortège d'illettrés, de barbiers, des tireurs de sorts, d'alchimistes, de sarrasins, de courtisanes et entremetteuses, de juifs convertis et autres guérisseurs de son temps, il dénonce la crédulité coupable des victimes !!








Mais aussi la fraude non moins coupable des apprentis sorciers, " surtout pour le traitement des maladies des yeux, lequel est dangereux, difficile et trompeur, au point que l'on trouve très rarement un chirurgien qui soit suffisant et expert en ces matières "



PS: le chirurgien du XIV siècle pouvait selon Nicole Chareyron, inspirer légitimement la méfiance, mais les échecs nombreux ne doivent pas faire oublier les quelques cas de réussite à l'actif d'habiles praticiens, n'étant pas médecin je lui laisse le mot de la fin M de V





Nota: Nicole Chareyron, agrégée de lettres modernes et Maître de conférences en littérature médiévale Montpellier III


samedi 1 septembre 2018

Li Proverbe au Vilain XII siècle

L'auteur n'a pas décliné son nom, mais d'une certaine manière il s'est fait connaître, donnant ça et la des détails sur sa personne et l'on peut déterminer dans une certaine mesure l'époque ou il vécu

Pour commencer c'était un défroqué, ayant disait il appris deux métiers, car l'homme avait étudié pour être Clerc, il n'était en fait ni Clerc ni Laïc, on pourrait dire ni chair ni poisson, mais peut être un peu des deux ????

Il avait ensuite couru le monde à la recherche d'un protecteur, il en avait rencontré maintes fois de ces seigneurs, bien plus généreux en promesses qu'en réalité !! " maint Barons de haut pris, m'ont mainte fois promis "









Mais enfin, un jour, il eut la chance de tomber sur un bon maître, qu'il rencontra en Hainaut, alors que dans des circonstances critiques il avait tout perdu. C'était le Comte de Flandres, et c'est à lui que le recueil est pour ainsi dire dédié

Cependant notre auteur n'aimait pas à " séjourner ", il était comme le chien du proverbe qui quitte sa confortable niche, pour filer au bourg récolter des coups, " quand je suis à la court dont tous les biens me sourt (me viennent), si suis comme en liiens (attaché), tant m'est que hors en soie (dehors je sois), et par païs revoie, mes amis anciens .

Ce n'est pas qu'il ignorât le péril des fugues, car il dit " se je départ dou conte tost m'aura oblié (si je pars de l'entourage du Comte tôt fait il aura de m'oublier), il savait donc bien que c'était folie d'abandonner une place sûre, au risque d'être remplacé !!!

Mais il ne pouvait s'en empêcher et d'autre part, au retour de ses équipées, il jouissait d'une vie facile et paisible à la cour du Comte. Il disait pour se rassurer lui même " rien à craindre, je confierai mes ennuis à mon seigneur, il est franc et large ", puis il ajoute, " d'ailleurs le fidèle doit vivre de l'autel, pourvu qu'il n'en abuse pas !, mieux vaut se contenter de peu que de courir les hasards "










L'homme n'était pas particulièrement brave, en vérité, et donc peu propre à une vie d'aventure, il devait se sentir à l'étroit à la cour du Comte et devait préférer être parmi les vilains ????

Il avait vu un jour des brabançons, ces gens d'armes mercenaires, revenir d'une campagne en fort piteux état et mutilés, après c'être fait étriller en Bourgogne, ce qui l'avait marqué

Puis il parle aussi des croisés, qui vont en Outre mer adorer le Saint Sépulcre, il dit je cite: Et pendant ce temps la, en leur absence, ils sont trompés et ruinés par leurs femmes !! Il poursuit en faisant remarquer, plus d'un est parti tout flambant et sautant de joie, sur les chemins de l'Outre mer, qui au retour ne peuvent marcher sans s'appuyer sur un bâton !!

A la vérité il y a dans son recueil un assez grand nombre de banalités et de grossièretés, mais qui ne sont pas toutes de lui, mais notre homme savait ça et la glisser des réflexions personnelles et des confidences agréablement tournées!!

Il faut noter que ses écrits furent populaires, empruntés et recopiés par d'autres qui ajoutèrent allègrement des tirades de leur cru








Au lieu de commenter purement de la sagesse des nations, sont but premier!, notre anonyme a exprimé sa philosophie de la vie et de la société, et il le fit sous la forme rustique des vilains de son temps !!!

Mais c'est celle d'un pauvre diable de Trouvère de la fin du XII siècle, et si certains disent que ses textes ne sont pas profonds, il avait le mérite de retenir l'attention, tant par sa sincérité et ses observations fondées !!


PS: les sources comme d'habitude viennent de la BNF, et je vous laisse vous rendre sur le site pour lire les textes de notre anonyme auteur M de V

jeudi 30 août 2018

N°230) Philippe de Novare, les quatre âges de l'homme

Né en Lombardie à Novare, de Famille noble aux environs de l'an 1195, Philippe était jeune quand il traverse la mer pour passer en terre sainte, ou il se met au service d'un Baron de Chypre " Pierre Chape", c'est avec lui qu'il assitera au siège de Damiette.

A une date inconnue il entre au service des " Ibelins" une des plus grandes famille de l'Orient Latin, dont il demeurera toute sa vie le vassal et l'ami dévoué.

Philippe se marie en 1221 à une femme Franque du pays, avec laquelle il aura un fils, lors du baptême de l'enfant à l'église, sur les fonds baptismaux, le Parrain qui tient le nouveau né n'est autre que Balian d'Ibelin Seigneur de Baruth (Beyrouth), l'enfant portera son prénom.

Sa femme le laissa veuf de bonne heure, il semble qu'il se remaria mais bien plus tard. Ce qui n'est point douteux par contre c'est qu'il établi fort tôt sa réputation de Juriste, qui deviendra éminente par la suite, Hugues de Brienne en 1263-64, disait qu'il tenait notre Philippe pour "le meilleur pledeour de ça la mer "

A partir de 1229, il joue un grand rôle comme combattant et Diplomate, dans la guerre que se livrent à Chypre et en Syrie, l'Empereur Frédéric II et les Ibelins !








Son compère Balian d'Ibelin, le vieux seigneur de Baruth, modèle des chevaliers, meurt en 1246, mais Philippe restera en relations d'amitiés avec son frère Jean d'Ibelin

Notre homme fait souche une deuxième fois et vers 1252, à l'age de 57 ans il décide de réunir dans un recueil les ouvrages divers qu'il avait composé à différentes époques, y figuraient une autobiographie, des rimes et chansons courtoises et des poèmes de circonstance.

Mais surtout une histoire en prose de la guerre entre Frédéric II et les Ibelins seigneurs de Baruth, guerre qu'il va assimiler aux aventures de "Renart", ou tous les personnages importants des deux camps apparaissent sous les noms et les traits des acteurs du " Roman de Renart "

Enfin vers 1265, il composa un Traité de morale nommé " Les quatre âge de l'homme ", c'est le livre d'un homme d'expérience, d'un fin lettré, qui à l'age de soixante dix ans nous fait part de ses réflexions sur les hommes

Philippe y trace le portrait du parfait Chevalier et de la Dame accomplie aux quatre périodes de la vie, printemps, été, automne, hiver. Le ton qu'il utilise n'est jamais cependant celui d'un moraliste impérieux, mais plutôt de l'aimable causeur au talent littéraire indéniable !









Je vais jouer encore une fois le copiste et vous livrer un passage des quatre âges de l'homme, Philippe de Novare nous dit, je cite:

Il y a quatre age dans la vie, comme quatre saisons dans l'année, l'enfance du Printemps, la jeunesse de l'été, l'age mûr de l'automne et la vieillesse de l'hiver.

Parlant de l'enfance il dit: L'enfant aime et reconnait la personne qui le nourrit de son lait, il est image de joie et d'amour pour ceux qui jouent avec lui et ceux qui élèvent les enfants les aiment et en ont naturellement pitié !

Ce dernier point est très nécessaire, car les enfants sont si ort (sales) et si anuieus ( ennuyeux) en petitesse, et si mal et si divers (méchants et capricieux), quand ils sont grandet, que a painnes en norriroit on nul !!!! ( que c'est à peine si l'on désire en nourrir un seul)

Et il ne faut pas dire que les enfants sont bons ou méchants, suivant qu'il plut à Dieu de les rendre ainsi!!, ils ne sont pas pareils aux faons et aux pigeons, ces animaux qui sont sans raison!! Ils ont eux le franc arbitre du bien et du mal au moins depuis l'age de dix ans !!!!





PS: Je vous laisse aller vous même sur le site de la BNF, poursuivre la lecture de ce texte des quatre ages de la vie, pendant que je vais poursuivre des recherches sur Balian d'Ibelin   M de V


Nota: les aquarelles de cet article sont de Jean François le Saint ( j'aime beaucoup ce qu'il fait )

lundi 27 août 2018

Gilles Li Muisis XIV siècle

Notre homme était Abbé du monastère Bénédictin de Saint martin de Tournai, il a laissé un registre de ses pensées sur les moeurs de son temps

Né d'une excellente famille bourgeoise de Tournai, il semble même qu'il ait eut un cousin, prénommé Jacques qui fut chevalier dans la maison du roi de France ?. Gilles avait 18 ans quand il entra dans les ordres en 1289. Il ira compléter ses études à l'Université de Paris, ou il récolte le surnom de " Pluma " ou plus communément " l'écrivassier "

En 1300 il accompagne à Rome l'Abbé Gilles de Warnave, pour le grand pardon institué par Boniface VIII. Une trentaine d'années plus tard, notre moine devint à son tour Abbé de Saint Martin de Tournai (1331). Il faut cependant reconnaître une chose ! c'est que son surnom de "Li Muisis" ne lui fit pas honneur, car il ne peut se traduire que par " le Moisi "

Il approchait de ses 80 ans lorsqu'il devint aveugle, et pour s'occuper il écrivit, ou plutôt dicta à son Prieur, Jacques Muevin, qui pour ses écrits lui servait de secrétaire, sa chronique, ses annales et pour finir son registre !!. Fait important!, vers la Saint Rémi de l'an 1351, il fut opéré avec succès de la cataracte et dans un de ses manuscrits on trouve noté des remerciements pour sa guérison !!








Notre Abbé décédera un an plus tard, en octobre 1352, il avait plus de 80 ans voir 82 au moment de sa mort, ce qui pour l'époque vous en conviendrez est un âge honorable !!

Il faut noter que peu de Clercs du moyen âge on écrit, ou dans son cas dicté, dans un style aussi pesant et rabâché perdant sans cesse le fil de ses idées, bref un radoteur !, mais portons à sa décharge que l'homme était octogénaire et aveugle!!

Notre Abbé apparaît dans son oeuvre, comme un bon vivant, grand amateur de vins et de mangeailles, en grattant le vernis de sa robe ecclésiastique on trouve un bon bourgeois, prudent, soucieux des apparences et plein de préjugés confinant au ridicule, mais autant à cause de cette prudence que par l'effet naturel de l'âge !









 Il nous trace un tableau idyllique de son présent, tel qu'il aurait aimé qu'il soit, plutôt que de s'attirer l'animosité des gens en vitupérant sur le présent avec trop de précisions

Si notre Abbé figure dans la galerie des moraliste du moyen âge les avis des historiens sont cependant partagés!, un Kervyn de lettenhove le compare à Dante, ce que pour ma part je trouve osé !!. Pour d'autres il passait pour un auteur parlant pour ne pas dire grand chose !, trouvons un compromis !

L'homme était intelligent il nous renseigne sur les choses et les gens du milieu ou il vécut, mais il était radoteur et fort âgé on ne peut le comparer ni à Dante ni même à un chroniqueur comme Froissart et Lettenhove devait le savoir lui le spécialiste de Jéhan Froissart !!!









L'abbé remercie Dieu des épreuves qu'il lui envoie, car selon lui il a fort à expier. Comblé de biens il dit qu'il en a peu profité, mais qu'il a si souvent fait grands délices en manger et en boire, ce qui semble pour lui grandes fautes

Il poursuit disant, maintenant je ne vois plus, je ne puis voir les oiseaux voler, ni courir les bêtes, moult est pauvre celui qui ne voit.

Puis parlant de l'âge tendre il dit: la jeunesse est un âge dangereux, et chacun doit être bien aise de l'avoir dépassé. De l'âge mûr il dit:  on amasse avoirs et savoirs et l'on dit communément " vivre nous convient "










Puis quand on est vieux, il fait bon avoir fait ses provisions d'hiver, car personne ne jette son lard aux chiens, ne comptez pas sur la charité d'autrui, même en famille dans ce siècle perverti, d'ailleurs il est assez raisonnable que charité bien ordonnée commence par soi même !!

L'auteur est couché dans son lit, la vieillesse l'empêche de vaquer aux devoirs des moines, comme il en avait l'habitude quand sonnait la cloche commune

Alors il pense à ses fautes et si les yeux de son corps sont fermés il souhaite que ceux de son coeur soient ouverts pour déplorer ce qu'il a commis

Nota: lire l'article 237, une opération de la cataracte


PS: les informations sont tirées de la BNF et si ce court article vous donne l'envie de poursuivre les recherches sur ce personnage j'en serais ravi M de V


samedi 25 août 2018

La Bible Satirique de Guiot XII siècle

Ce poème qui nous est parvenu sous le titre de bible de Guiot, contient des renseignements assez précis sur l'auteur et la date de sa composition. Son parcours est intéressant, car à l'inverse de beaucoup d'autres au moyen âge il fut Trouvère avant de devenir moine !!!

L'homme est donc un poète lyrique et satirique de profession du XII siècle, les rubricateurs de manuscrits de son oeuvre le nomme " Guiot de Provins ", il semble avoir fréquenté pendant la première partie de sa vie les cours princières, il nomme quantité de grands seigneurs qu'il avait vu et qui lui avaient fait des dons, en sa qualité de conteur professionnel, faut il croire qu'il les avaient tous connus personnellement ??? 

Il déclare que la mort en enlevant ces princes et barons l'a privé de ses amis !! est ce manière de parler ??? et si ce n'est pas le cas, il faut en conclure qu'il fut en relation avec les plus grands seigneurs de la seconde moitié du XII siècle, il existe même une possibilité qu'il pris part à la troisième croisade

A la suite de circonstances inconnues il se retira du siècle pour entrer dans les ordres et passe 4 mois dans l'Abbaye cistercienne de Clairvaux, pas davantage !!, il déclare qu'on le "ramposnait" (on se moquait de lui), il quittera cet endroit en gardant le plus mauvais souvenir des moines blancs !!!








Il entre donc chez les moines noirs ou il portera la robe pendant une douzaine d'années avant d'écrire son livre selon certaines sources ce pourrait être Cluny ??

C'était un moine bien singulier !, fort bon vivant, ennemi de l'austérité et possédant un langage très libre, mais il faut avouer qu'il n'était pas le seul dans ce cas loin s'en faut !

Il se dépeint dans ses textes comme un homme sans bravoure, qui avait peur des austérités et des coups, il avoue que s'il avait été Templier, il s'enfuirait à la première alerte et s'en vante avec une insistance un peu vile ???, il dit je cite: Certes je ne suis pas assez bête pour attendre les coups, plus loin il dit, la bataille n'est pas saine, ou encore ils se combattrons sans moi etc...!!

L'auteur nous apparaît d'abord comme un épicurien, mais aussi comme une espèce de pitre qui étale sa couardise, vraie ou feinte ???, pour en tirer des effets comiques.

Encore que le personnage soit devenu moine!, il avait été Trouvère!, et savait donc à l'envi jouer la comédie ?? et s'il avait bien fait la troisième croisade il ne pouvait être couard ?, ce pouvait tout aussi bien être un brave homme, tout en n'étant ni un ascète, ni un casse cou !!!!







C'est évidemment à l'intention de son ancienne clientèle chevaleresque de princes, comtes et barons que notre moine satirique a composé sa bible et je pense qu'il faut croire que cet auteur le fit autant pour les faire rires que pour les édifier

La bible Guiot ne fut pas sa seule oeuvre, il composa " l'armeure du chevalier ", puis des chansons " ma joie premeraine ", et aussi " contre lo novel tens ", ou " molt avrai lone tens demoré ", on suppose que ce ne fut pas les seules choses qu'il composa au cours de son activité littéraire, on peut même penser qu'elle fut fort variée suivant l'usage de l'époque.

Au XIII siècle dans les procès verbaux de l'inquisition Albigeoise, en date de novembre 1274, il est question de livres trouvés à Toulouse, chez un nommé Bernard Baragnon accusé d'hérésie, l'un de ces livres était la bible Guiot dont le texte des manuscrits commencent par " Dou siècle puant et horrible ", cette oeuvre fut très lue au XIII siècle, un certain Mahieu (voir article), auteur des lamentations s'en servit aussi !!!!


PS: La connaissance de ce texte repose désormais sur les exemplaires de la bibliothèque Nationale. Selon les dernières mise à jours, sous la direction de Geneviève Hasenohr et Michel Zink, il semblerait entre autre que notre moine poète ne soit pas de Provins, mais plutôt d'île de France, (voir Guiot de provins dictionnaire des lettres françaises page 651) M de V