Membres

jeudi 15 février 2018

Société Domestique des Grandes Demeures

Dans ces grandes famille les relations de société étaient semi privées, semi publique, puisque les lieux domestiques (comme le dit un vers du Roman de Renart), étaient hantés par " privés ou estranges ou amis "

Donc trois catégories de commensaux ! Les Estranges étaient ceux qu'aucun rapport affectif particulier n'attachait au Maître de Maison.

De ses Amis, qu'il faut différencier de ses Privés, ceux ci étant liés par le sang ! Par amitié dit le roman, le loup et le goupil se nomment volontiers Oncle et neveu...!! La différence tenait plutôt au fait que le " Privé ", y avait son logis attitré, alors que " l'Ami ", s'il avait libre accès à la demeure et au chef de maison n'y faisait pas résidence.







 Les " Privés " formaient ce que nomme l'homme médiéval, le Ménage ou encore plus souvent la " Maisnie ". On peut trouver cette définition dans des Olim, datant de (1282), fin XIII siècle, je cite:

Sa propre Maisnie demorant en son Ostel, ce est à entendre de ceus qui font ses propres besognes et à ses dépens. 

Donc pour cette sorte de commensaux, logement commun, nourriture commune, en fait une équipe, dirigée par un chef et dont les membres oeuvrent ensemble à une tâche commune !! Assez semblable ou équivalent de la fraternité  monastique d'une Abbaye.


La population de cet Ostel pouvait être fort nombreuse ! dans l'Angleterre du XIII siècle, la Maison de Thomas Berkeley réunissait plus de deux cent personnes. Ou pour autre exemple, l'évêque de Bristol, qui pour transporter sa maisnie n'utilisait pas moins de cent chevaux, pour aller d'un de ses domaines vers un autre !!

La cohésion de groupes aussi vastes tenait au fait qu'ils étaient dirigés par une seule main, entretenus et nourris par un seul maître !






Cependant, cette maisnie, était franchement divisée en deux, d'un côté, et mangeant un pain moins noble si ce n'est plus noir ! ceux qui servaient, et qui logeaient dans des dépendances accolées à la demeure seigneuriale.

De l'autre, les maîtres, divisés en deux catégories distinctes, fonction de leurs charges, celles de la prière et celles du combat.


En premier lieu les " Clercs " formant quand la maison était de quelque importance un collège de Chanoines, ou le maître de maison, bien que laïc, siégeait en haute place !

Puis les " Chevaliers ", serviteurs de premier rang, car si les prières des chanoines profitaient à toute la seigneurie, la demeure n'en était pas moins une forteresse d'ou la paix et la justice rayonnait au travers de ces guerriers, de ces chevaliers, sur les terres du domaine et les territoires avoisinants.

Par conséquent, aux guerriers proprement dit qui appartenaient à la maisnie, venaient se joindre tous les hommes résidant alentour, dans leurs propres demeures, et qui avaient vocation de combattre pour ce seigneur .







Ils entraient par ce fait dans le privé du maître de ce château, recevant de lui pitance et harnachement, devenant pour un temps ses privés.

Lorsqu'ils regagnaient leurs demeures, après avoir fait campagnes et opérations militaires, ils restaient ses "amis ", liés par l'hommage lige, qui faisaient d'eux des parents supplémentaires.

Il nous faut d'ailleurs constater, que la vraie parenté de filiation ou d'alliance, attachait au chef de famille la plupart des Clercs et des Cavaliers qui l'assistaient.

Tous étaient, fils, neveux, cousins, légitimes ou bâtards, quand aux autres, il avait été donné pour épouse des filles de son sang.

Les établissant sur des terres loin de sa demeure, mais unis à celle ci par le puissant lien du sang, se fondant ainsi dans la maisnie !

La demeure assurait aussi une fonction d'accueil, s'ouvrant aux pauvres admis à recueillir " ce qui tombait de la table seigneuriale ", considéré comme une bénédiction, par le maître et sa maisonnée, ce parasitisme était un mal nécessaire et rituel.

La maison noble accueillait des jeunes pour les former, une école pour former et enseigner aux garçons bien nés les usages de la courtoisie et de la vaillance, ou les fils de ses vassaux venaient chez le suzerain faire leur apprentissage en chevalerie.

Enfin elle accueillait aussi les " estranges " ou passant voyageurs, pourvu qu'ils fussent de bon rang, conviés à la table pour s'y repaître, et même y boire jusqu'à l'ivresse !! puis de s'y étendre pour la nuit une fois planches et tréteaux de tables retirées !!

PS: et après bien sur que Menestrels ou Troubadours aient terminés danses chants et cabriole



                                                                 oeuvre de José luis Cabréra Pena




jeudi 8 février 2018

N° 125) Du Guesclin et les grandes Compagnies en Aquitaine

Pour sur il est né disgracieux et sans patrimoine !! nous ne reviendront pas sur le sujet ( voir article ), le " Claquin " ne dut qu'à la fortune des armes son extraordinaire renommée !!

Ce Noble, mais de petite extraction, va atteindre la plus haute dignité du Royaume, comme Connétable de France !! Sa carrière le mène de sa Bretagne natale ou il conduisait une bande dépenaillée de paysans, (voir article) jusqu'à s'enrôler sous la Bannière du Roi de France en 1357.

A la bataille de Cocherel (voir article), il battait l'armée Anglo-Navarraise de Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, faisant du même coup prisonnier Jean III de Grailly, l'ami du Prince Noir !!! (voir article )

A cette époque sévissaient les Grandes Compagnies ! nuées orageuses de soldats sans emploi, ces troupes licenciées des armées tant Anglaises que Françaises, a qui l'on avait promis force pillages et gras butins se trouvaient gros jean comme devant. Car les promesses vaines et creuses des grands Feudataires n'engagent que ceux qui les écoutent !! Ils vont donc se constituer en bandes et se servir eux même sur les terres de France ( voir article )





Ces troupes terrifiantes se grossissaient de larrons, vagabonds et meurtriers de tous poils !! Des malfaisants nommés, Malandrins ou Cotteraux, qui formeront des troupes redoutables et exterminatrices.

Tel une nuée de sauterelles ils se répandaient dans les campagnes de France ! Les grandes compagnies formaient un certain nombre de bandes armées, l'ensemble se montait à environ 30 000 hommes ( voir article Seguin de Badefol ).

Ces bandes étaient commandées par de petits nobliaux, bâtards désargentés, âpres aux gains et au forcement de femmes !! Mais ils sont experts dans la guerre de raids et dans l'utilisation du terrain, on peut bien sur critiquer leurs actions ? évidemment !! mais ils essayaient eux aussi de survivre et de la seule manière qu'ils connaissaient .

Charles V eut la brillante idée de les rassembler, de leur fournir un chef qui les comprenaient !! en la personne de Bertrand, de leurs donner mission sur les terres Hispaniques ( le royaume de Castille ), afin d'éloigner ces bandes qui ravageaient la France.

C'est ainsi que notre Bertrand Du Guesclin parti avec les grandes compagnies vers l'Espagne, non sans avoir au passage rançonné le Pape en Avignon (voir article ), c'est même cette grosse baudruche d'Arnould d'Audrehem qui fut chargé de la négociation, ce personnage savait flairer les pécunes comme un chien de chasse ( voir article )






Cette campagne permet à notre capitaine Breton de vaincre Pierre le Cruel, allié des Anglois, mais sera fait prisonnier à Najéra, par Jean III de Grailly captal de Bush, celui la même que le Bertrand avait fait prisonnier à Cocherel !!!!!

Les grandes compagnie vont se dissoudre au fur et à mesure des affrontements, après les morts aux combats et les épidémies, les survivants s'engageront dans les armées régulières (jusqu'en Italie).

Entre temps le Bertrand sera libéré, Charles V payera rançon pour récupérer son chef de guerre, mais pour le Prince Noir les choses se corsent, il rentre malade d'Espagne, il va mourir à petit feu et en souffrant énormément, devenant difforme, a tel point que son épouse la belle Dame de Kent se détourne peu à peu de lui, la douleur et la déconvenue que lui apporte cette épouse qu'il aime tendrement vont le rendre méchant.....!!! (voir article ) .





Puis les Comtes d'Armagnac, de Périgord, de Comminges, ainsi que le sire d'Albret, vont en appeler à leur suzerain véritable, le roi de France, afin de mettre à la raison Edouard de Woodstock, dit " le Prince Noir ", qui exigeait des sommes astronomiques en taxes de Fouage !!

Ce dernier tentait de renflouer ses coffres, afin de combler le gouffre financier de cette dispendieuse campagne Hispanique, car le roi de Castille n'avait pas tenu ses engagements après Najèra et le Prince Noir avait du payer sur le trésor de sa principauté d'Aquitaine.

Le Hérault du roi de France venu à Bordeaux pour cette affaire fut jeté en prison, ce qui bien sur eut pour effet de déclencher la reprise de la guerre avec le père du Prince Noir, le roi Edouard III d'Angleterr







Mais ce n'est plus pareil désormais Edouard III est vieux, le Prince noir diminué par la maladie, gonflé par l'hydropisie, alors que Du Guesclin et Charles V forment un tandem idéal, un roi fort pensant qui règne et qui ne se bat pas, gouvernant de son trône, laissant à son bras armé qu'est le Bertrand, la direction des opérations.

Et il s'y entend le bougre !!!!, ce nouvel épisode de la guerre de cent ans prend une toute autre tournure, ils vont pratiquer une guerre d'usure, par ruse, embuscades, marches nocturnes, mouvements tournants et coups de mains rapides.

Ils vont harceler l'Anglais dans une guerre de l'ombre, évitant à tout prix les batailles rangées, ces deux la avaient retenu les leçons de Crécy et Poitiers !! épuisant ainsi les troupes anglaises lentement.

En 1370 Charles V offrait à Bertrand l'épée de Connétable, il va désormais se porter partout dans le royaume, frappant la ou ses ennemis l'attendaient le moins, à l'improviste, furtif et insaisissable, pratiquant à ravir les techniques de combats des routiers, qui n'en déplaise à beaucoup étaient les meilleurs combattants d'Europe en ce XIV siècle.







Dans le Sud Ouest, l'Aquitaine, plus de 120 places, villes, bourgades ou châteaux, subiront la loi du vainqueur.

A la mort du Connétable en 1380, grâce à ses efforts, conjugués à ceux du Duc d'Anjou, les Anglais ne tenaient plus en Guyenne que Bordeaux, Dax et Bayonne.

L'ironie voudra que le Monarque suivant, le Roi Fou, ( Charles VI )  règne pendant 42 ans, réduisant à néant tout ce qui venait d'être récupéré.







PS: vous avez sur ce Blog beaucoup d'articles vous permettant d'effectuer des recoupements sur cette grande aventure historique que fut celle de Bertrand et des grandes Compagnies M de V







lundi 29 janvier 2018

La Vie de Château !! au Moyen âge

les débuts sont plutôt brutaux !, ce ne sont que chefs de bandes armées jusqu'aux dents pullulant sur les terres de France, du début du V jusqu'au IX siècle, ils se tailleront des domaines sur mesure.
                                        
  
Ils occuperont à leur compte des terres qu'ils dirigeront d'une poigne de fer, les armes à la main, s'emparant par la même d'un ou plusieurs châteaux !

Ils récompenseront leurs principaux compagnons d'armes en distribuant de petits domaines sur les possessions conquises, sur lesquels ces hommes d'armes feront construire de petits châteaux.

Ce ne sont pas des dons bien sur !, il faut à cet arrangement une contrepartie, ces petits Fiefs sont tenus " en Foi ", un engagement vis à vis de ce Suzerain régnant sur ce domaine et pour lequel ils vont devoir combattre.

Dans la réalité ils occuperont un château et géreront des terres pour ce chef de bande devenu Seigneur, ils sont les hommes lige, ils sont à disposition de ce seigneur un service de tous les instants, cette "foi jurée" pouvait être fort lourde à porter !!!







Au XIV siècle, la France est recouverte d'un maillage de Seigneuries, entretenant entre elles des relations complexes, mais organisées selon une hiérarchie somme toute fort simple.

Tout en haut se trouve le Roi et un groupe de grands Feudataires qui en théorie reconnaissent la suzeraineté du Souverain, mais qui sont parfois plus riches et bien plus puissants que le Roi lui même !!

Ces grands Seigneurs tel les Ducs de Bretagne, celui de Lorraine, le Duc d'Aquitaine ( qui se trouve être Roi d'Angleterre), le Duc d'Anjou (qui porte le titre de Roi de Sicile), le Duc de Bourgogne (également Comte de Flandres), les Comtes de Champagne, de Toulouse et de Foix, ils sont tous immensément riches !!!


Chacun de ces grands du Royaume possèdent un ensemble de châteaux et exercent leur suzeraineté sur tout donjon se dressant sur leurs terres c'est le premier maillage, celui de la Noblesse séculière.

Le second maillage concerne le Clergé et toute la mouvance religieuse, avec au centre le Pape dans sa principauté d'Avignon du Comtat Venaissin, composé de domaines ecclésiastiques appartenant à des Archevêques, des Evêques, des Abbés mitrés qui  avaient tous sous leurs dépendance des fiefs qui eux étaient séculiers !!!








Or donc ! il est fort difficile  à cette époque de savoir qui est le suzerain de qui ?? Bien sur le cas le plus simple reste celui du seigneur possédant une seule seigneurie tout en ayant qu'un seul suzerain.

Mais un grand seigneur possédant  de multiples seigneuries peut lui avoir de nombreux suzerains. prenons en exemple au XIII siècle, Le Comte de Champagne, il est à la fois Vassal  de L'Empereur du Saint Empire Germanique!, du Roi de France !, du Duc de bourgogne !, des Archevêques de Reims et de Sens !, des Evêques d'Autun, de langres et Auxerre !, et pour finir de l'Abbé de Saint Denis.

Les Rois sont eux même souverains en un lieu et vassal dans un autre !, Donc quand une lignée s'éteint faute de descendance directe, les problèmes de succession sont légion et sources de querelles.

Ce que l'on constate au début du XIV siècle lorsque le dernier des Capétiens direct meure sans descendance mâle !, Charles IV le Bel, dernier fils du Roi de fer, meurt en 1328, les querelles pour le trône de France vont mener le pays vers une guerre, qui bien qu'entrecoupée  de traités de paix et de trêves durera tout de même 116 ans s'étalant ainsi sur deux siècles, avec son cortège de massacres de famines et de misère.









On peut donc se poser la question, du petit seigneur jusqu'au grand seigneur...qui est le suzerain de son suzerain ??? Mais un fait s'impose, dans ce maillage!

Ils ont tous un point commun, ils sont nobles et leurs enfants avec eux, et pas seulement le premier né qui portera le titre.

Et tous ont conscience d'appartenir à une élite bien au dessus de la masse roturière, celle d'une aristocratie guerrière qui sert le roi en combattant.

Ils forment cette chevalerie du royaume de France, l'ordre de la Noblesse, comparé à l'ordre du Clergé et à celui des roturiers que l'on finira plus tard à nommer le tiers état !







Cette noblesse des châteaux grande ou petite est dispensée de l'impôt et bénéficie de privilèges juridiques, ainsi un noble ne peut être jugé que par des nobles !, de nombreuses charges et fonctions leurs sont réservées.

A de très rares exceptions près seul les nobles peuvent devenir Chevaliers !, ils portent une épée et de vêtements qui les distinguent des gens ordinaires,

Des lois ou des ordonnances étaient édictées sur la tenue vestimentaire et les couleurs des vêtements que ne pouvaient porter ceux qui n'étaient pas nobles, sur la taille des poulaines, les coiffes et les ceintures, les fashion victimes de l'époque n'étaient pas à la fête !!!


PS: La progression du Droit Romain au XIV siècle changera la donne ( voir articles ) car tout les Juristes ou presque étaient issu de la classe Bourgeoise, il se tailleront la part du Lion dans ce siècle de guerre ou la noblesse s'épuise et se ruine dans ce conflit de 116 ans M de V

mardi 16 janvier 2018

La Justice du Roi à partir du XIV Siècle

La lente redécouverte du droit Romain va aboutir à l'aube du XIV siècle à une augmentation significative du pouvoir du Roi.


Le droit va faire du Roi de France un Souverain !!, à l'origine seul un Empereur ou un Pape l'était, et eux seuls pouvaient affirmer qu'ils n'avaient aucun supérieur au monde, d'ou le conflit qui surviendra entre Philippe IV le Bel et Boniface VIII.

Grâce à ces juristes le Roi de France devenait peu à peu un Empereur en son pays, seul désormais il pouvait faire la loi, juger en dernier ressort, seul il pouvait déclarer et conduire la guerre, puisqu'il était le responsable, le garant du maintien de la paix !

Enfin, seul, il pouvait taxer ses sujets pour le bien commun, mais la nouveauté c'est qu'il pouvait le faire désormais sur les ecclésiastiques, cardinaux, Evêques, et tous ces princes de l'église se trouvant sur son royaume pour le bien commun !

Le Royaume ou plus exactement l'état, pour actualiser l'organe de gouvernement de la france de la fin du moyen âge, va acquérir de nouvelles prérogatives et son Roi de nouvelles fonctions, judiciaires, militaires et fiscales.







Ajouter une légende
Le Roi de France était désormais bien plus qu'un Seigneur parmi d'autres Seigneurs !, et à la fin du XV siècle le roi avait acquis le monopole du pouvoir judiciaire, militaire et fiscal.

Car la justice est le principal devoir du roi pour le peuple " Rex est recte regere " le mot roi dérive du mot Juste !

Prenons le dans le contexte de l'époque, au XIV siècle la justice que l'on attend du roi est plus d'ordre moral et religieux que de l'ordre de la loi !

Comme celle de Dieu elle se doit de protéger les bons , les humbles et de punir mécréants et orgueilleux, elle punit donc les infractions aux commandements célestes, autant que les infractions envers la loi !!







Notons que pour être bonnes les lois se devaient  de respecter celles de Dieu, car ainsi la justice royale, l'ordre et la paix régneraient dans le royaume et chacun parviendrait plus facilement au salut de son âme !

En pratique il deviendra rapidement fort rare que le roi rende la justice lui même, car dans cette fin du moyen âge l'appareil judiciaire bien que compétent et efficace est devenu une machine lourde est lente à laquelle le roi délègue ses pouvoirs.

Mais le principe demeure.. pour l'homme médiéval il est évident que toute justice provenant du roi peut remonter à lui, le roi peut appeler à lui toute cause et casser toute décision de ses propres tribunaux et l'opinion publique de l'époque est très attachée à l'image du roi rendant la justice à tous ceux qui se présentent devant lui.

Le roi était celui qui portait plainte au nom de ceux qui étaient trop jeunes ou trop faible pour le faire, il portait plainte pour tous les crimes impunis qui autrement n'auraient jamais été instruits. La justice royale suppléait d'office à l'absence de partie civile.







Elle était la voix de tous ceux qui n'avaient pas de voix !! Par ailleurs le monarque avait pouvoir de grâce et de rémission, que ce soit lors de son sacre ou son entrée dans une ville, ouvraient les prisons.

Quotidiennement des centaines de justiciables s'adressaient à lui pour obtenir une amnistie ou casser une décision de justice.

On passait ainsi l'éponge sur une foule de délits mineurs qui auraient coûté fort cher  à l'appareil judiciaire dans le domaine de l'instruction et de la punition, n'oublions pas que les pénuries alimentaires étaient fréquentes et l'état dans ce cas répugnait à remplir les prisons. Si une jouvencelle non mariée venait réclamer un jeune condamné ou prisonnier, la porte de la prison s'ouvrait pour peu que le mariage fut immédiatement célébré !








Pourtant il existait encore quelques cas exceptionnels ou le monarque rendait la justice lui même. Depuis le tout début du XIV siècle il arrivait que le roi présidât en personne son parlement.

Ce rassemblement regroupait tous ceux qui comptaient dans le royaume quel que soit son lieu de résidence. C'est la plus haute cour de justice du royaume que l'on appelle pour les affaires importantes.

On jugeait dans ces séances royales les princes et les pairs du royaume de France coupables de haute trahison, ou les attaques contre les principaux officiers du roi, un tout puissant Guillaume de Nogaret viendra justifier son comportement vis à vis du Pape Boniface VIII, (il le fit bien sur pour couvrir son roi)

On y confirmait également certaines ordonnances particulièrement importantes pour le fonctionnement de l'appareil étatique que le parlement devait enregistrer.

La justice royale passait pour compétente car les juges royaux étaient bien mieux formés que ceux des petites cours des seigneurs locaux, il étaient de plus peu vulnérable aux pressions et agissaient le plus souvent avec impartialité.





PS: Encore une fois ce n'est que mon interprétation !!! et je laisse à de plus doctes que moi le soin de corriger mes propos historiques M de V

dimanche 14 janvier 2018

Hildegarde de Bingen, Ecrivain, Compositeur et Médecin

Je déroge à l'un de mes principes qui était de rester sur ce Blog dans le bas Moyen âge, c'est à dire le XIV siècle et la guerre de cent ans, mais il est des écrits qui ne peuvent être contournés.


Etant attiré comme la limaille par l'aimant vers un auteur comme Dante ou un génie tel que Léonard de Vinci, on ne peut éviter certains recoupements, ni douter que ces deux figures de la fin du moyen âge furent inspirés par Hildegarde de Bingen.


Cette religieuse qui aborde la relation de Dieu avec la création, ainsi que celle de l'homme avec la nature, présentant cela dans ses écrits, comme un guide pratique, ou un précis de " l'opération de Dieu "


Sa façon sans conteste poétique et visionnaire pour son siècle (XII siècle), d'exprimer des vérités spirituelles empreintes de doctrines de la foi chrétienne, passant tour à tour du sens cosmique de l'humain qui nous enveloppe au sens intérieur de l'humain que nous sommes. Dans le livre des oeuvres divines, VII, 13-17  je cite: "ainsi l'homme est demeure de Dieu "







Bien que l'oeuvre de cette visionnaire, prophétesse, née l'an de grâce 1098, dans la Hesse Rhénane (Allemagne), n'influença que fort peu le bas Moyen âge, elle fut cependant fort prisée deux siècles après sa mort dans les XV et XVI siècles.


Pour un fervent lecteur de l'oeuvre de Dante, comme l'est votre serviteur, il est certain qu'elle influença Dante Alighieri, auteur en vogue de la deuxième moitié du XIV siècle,


Peu être même qu'elle lui souffle du fond de sa dernière demeure, sa vision de la trinité qu'il fera sienne. Bien sur ce n'est qu'une interprétation personnelle de ces deux auteurs du Haut et du bas moyen âge !!!!






Ou encore un Léonard de Vinci, érudit du XV siècle, elle place bien avant lui l'homme au sein du Cosmos, c'est elle qui en premier fait mention de l'être créé par Dieu, auréolé de sept planètes qui se font face au centre d'une roue géante, les pieds et les bras en croix tendus comme des rayons vers la circonférence de cette roue ??


N'est il pas recevable de penser à une inspiration de cette religieuse, pour ce croquis anatomique de l'homme de Vitruve à qui Léonard de Vinci fit voir le jour trois siècles plus tard ???


Cette femme, à la fois Ecrivain, Compositeur et Médecin reste une des grandes figures intellectuelles du moyen âge!! Le risible de la situation reste que cette femme, cette religieuse, décédée en septembre 1179 à l'âge avancé pour l'époque de 81 ans, ne sera canonisée et nommée Docteur de l'église qu'en 2012, par Benoit XVI, une reconnaissance sommes toute tardive.







Côté médecine, Hildegarde traite la santé du corps et de l'esprit sur un même pied d'égalité, pour elle la santé et la sainteté vont de paire, ce qui va dans le sens de ses écrits hors domaine médical.


Dans le livre des subtilités des créatures notre Abbesse nous livre une quantité de remèdes, décoctions, lavements, poudres et autres fumigations. Décrivant l'emploi et les vertus de plus de 500 plantes, fruits ou fleurs, mais aussi les pierres et les métaux.

Elle fournit aussi une liste d'aliments bénéfiques pour le corps de l'être humain.

PS: je conseille pour approfondir le sujet " Hildegarde de Bingen conscience inspirée " de Régine Pernoud Médiéviste de renom M de V

lundi 1 janvier 2018

Les Outils du Copiste et de l'Enlumineur

Le Calame: nom de ce roseau taillé d'une quinzaine de centimètres et à l'extrémité écrasée, utilisé tout au long du moyen âge au même titre que les plumes d'oiseaux.

Nos copistes et enlumineurs dans les " Scriptoria "avaient une préférence pour les roseaux venant de Mésopotamie en raison de l'extrême solidité du produit venant de cette région.


Le Couteau: outil indispensable, à lame spécifique et incurvée permettant la taille des plumes et des calames, pouvant servir également au grattage des éventuelles erreurs sur un parchemin.


Les Plumes d'Oiseaux: sont utilisées depuis l'aube des temps pour l'écriture, du moins depuis le V siècle avant J C, dans un scriptorium, on utilise les plumes de toutes sortes d'oiseaux, en fonction de la région d'Europe considérée et de la faune locale.

Que ce soit l'Aigle, le Vautour ou Corbeau, Grue, Héron, Cygne et Canard. Une préférence semble être commune à tous copistes, la plume d'Oie pour l'écriture !! et pour le travail de précision la plume de la Bécasse située au bout des ailes.







Les Pinceaux: outre les plumes et les calames nos artistes utilisent des pinceaux, mais pas n'importe lesquels, ceux ci sont fait avec les poils des oreilles du Bœuf ou des poils de Martre.

Les poils de certains animaux on des propriétés différentes de souplesse de dureté ou de finesse selon le travail à effectuer. Nous parlerons plus loin d'une autre propriété fort utile des poils d'animaux.


La Pierre Ponce: destinée principalement pour polir le parchemin, afin d'obtenir une surface d'écriture le plus lisse possible, mais éventuellement lors de l'écriture d'ôter les aspérités que l'on rencontre sur le chemin de la plume








Le Mortier: objet nécessaire à l'écrasement des pigments qui composent les encres et les couleurs, tout bon scriptorium possède une collection fort respectable de mortiers de toutes tailles et de toutes formes.

La Règle et le Compas: outils géométriques de base qui sont utilisés pour tracer et dessiner les ébauches de la future enluminure sur la page, sur ce parchemin frotté avec soin à la pierre ponce.

Les Eponges: accessoires indispensables afin d'essuyer les plumes et calames et les pinceaux, sous forme de touailles, de charpies de tissus ou de chiffons de laines ou de lin.

La Mie de Pain: bien fraîche et malaxée elle sert de gomme, permettant d'effacer efficacement.

La dent de Sanglier: qui permet de lustrer et de faire briller les dorures.

La Cornes de Bœuf: que l'on transforme en autant de récipients indispensables pour recueillir les différentes encres de couleurs.








La patte de lièvre: utilisée pour lisser soigneusement une page illustrée.

La brosse Plate: faite avec les poils du ventre d'un écureuil, cet animal possède un poil à fort pouvoir magnétique, les moines passent cette brosse dans leurs cheveux, afin de la charger en électricité statique, ils peuvent ensuite saisir de très minces particules d'or pour les appliquer sur l'image.

Les Coquilles: très présente dans les Scriptoria, que ce soit la coquille Saint Jacques, permettant à l'artiste enlumineur de disposer de toute sa gamme de couleurs, puis ensuite d'utiliser une coquille de moule pour réaliser son mélange, coquille qu'il tient entre le pouce et l'index de son autre main.

Les filtres en tissus: il sont fabriqués généralement de forme conique (un peu genre filtre à café), le scriptorium en consomme une grande quantité, ils sont utilisés pour passer les couleurs sous forme liquide, afin d'éviter les particules solides qui gâcheraient le travail de l'artiste, mais aussi pour clarifier les couleurs si nécessaire.








PS: je vous accorde un dernier outil qui me parait être incontournable pour nos moines copistes et enlumineurs, ce sont les lunettes.

Je crois pouvoir dire sans me tromper que leur vue s'usait très rapidement du fait du peu de luminosité régnant dans un scriptorium et par le fait qu'ils ne pouvaient s'éclairer qu'avec des bougies.

Leur acuité visuelle devait diminuer très rapidement avec de telles conditions de travail et je ne parle pas bien sur du froid qui devait engourdir leurs doigts ce lieu n'étant pas chauffé! M de V


lundi 25 décembre 2017

N°120) Meurtre à l'Abbaye de Sarlat XIII siècle

L'Abbaye Bénédictine avait plus ou moins fondé cette ville et c'est autour de cette communauté religieuse que Sarlat avait grandie sous la protection de l'église.

Le monastère étendait son pouvoir bien au delà de ce vallon, les apanages et les largesses des ouailles en legs et dons avaient permis aux moines d'accroître leurs domaines, faisant de cette confrérie l'une dès mieux lotie d'Aquitaine !

Cette richesse éveillait bien sur la convoitise de certains ambitieux, qu'ils soient moines du chapitre du monastère ou notables de la cité. Ils désiraient tous ardemment accéder au pouvoir qu'il soit spirituel ou temporel, ou mieux encore les deux à la fois, contingenté bien sur par la soif d'acquérir des biens matériels, créant de ce fait une politique souterraine entre l'abbaye et la ville.







En ce temps Sarlat s'organisait comme un Consulat, les Jurats détenaient le pouvoir et ne rendait compte qu'au Roi de France, pour l'affaire qui nous concerne, Philippe III le Hardi

Les principales familles de la Bourgeoisie Sarladaise se partageaient les charges honorifiques et menaient entre elles une guerre larvée au niveau municipal, afin qu'un membre d'une des familles puisse détenir la fonction de premier magistrat de la ville !!!

Ils se heurtaient donc fort souvent à la puissance de cette Abbaye qui empiétait sur leurs désirs d'expansion, qui émiettait les capacités économiques de la région et les moines jaloux de leurs prérogatives ne s'en laissaient pas compter.

On usait donc dans les deux camps de subterfuges, de maintes arguties et l'on utilisait moult procédures de droit afin d'intensifier chacun de son côté son propre empire administratif et judiciaire, c'était la guerre des Clercs contre les Laïcs au sein du verdoyant vallon, au fin fond du Périgord, ou la toute puissance des prélats se heurtait aux investigations des juristes de la cité !!!!







 Ces querelles perpétuelles discréditait l'église, perturbait la ferveur religieuse, la moralité des fidèles de la cité se relâchait. Ne voyait t'on pas déjà des soties, ces farces satiriques des mœurs de l'époque fleurir ? ou l'on voyait des acteurs nus parodiant des actes charnels devant un assistance enfiévrée ???

C'est à ce moment que Arnaldus de Stapone devint Abbé du monastère, succédant à Géraud d'Aubusson, le prélat était désireux de réformer son abbaye, afin de revenir à la fonction première de la congrégation qu'était la prière et la contemplation.

Il décida donc que la politique n'aurait plus sa place au chapitre dans la salle capitulaire, pas plus que dans le narthex, c'est à dire l'entrée de son église ou prélats, bourgeois et nobles faisaient à messes basses leurs affaire frauduleuses !!!

Tout ces irrévérencieux, quémandeurs d'honneurs et de faveurs, ces courtisans mesquins, vont se rejoindre dans leurs ambitions contrariées !!! Il fallait se débarrasser du gêneur, fut il Abbé du Monastère !!! Ne point attendre et y porter le fer rapidement.








Une ligue locale se mit en place, une association sinistre de malveillants, l'attitude de l'Abbé avait suscité une rancune tenace !!!, en prétendant rétablir l'harmonie au sein de sa congrégation

On l'accusait désormais, avec la complicité de prélats corrompus d'usurper le pouvoir, pourtant Arnaud se doutait du désir de quelques uns de ses frères d'infléchir ou de contrer ses ordonnances de redressement .

Or donc un jour de juin 1273, notre Abbé se trouvait en chaire, devant son auditoire, en train de lire à l'office de Laudes le saint livre, l'arrivée du religieux chargé de présider l'office déclencha un mouvement de masse dans la salle, ainsi qu'un brouhaha diffus.

C'est le moment qu'attendait l'assassin, profitant que l'attention des personnes présentes étaient détournées, pour sortir un arc et encocher une flèche !!! elle vint se ficher dans l'œil droit de l'Abbé, la pointe déchirant les os et la chair, le prélat s'écroula raide mort, son sang se répandant sur le saint livre !!!!! On recherchera bien sur le criminel, mais la justice civile se heurtait à l'enquête religieuse.

Mais voulait on savoir l'exacte vérité ?? alors même qu'elle ne pouvait qu'entacher la droiture des familles de la bourgeoisie Sarladaise, les témoin étaient pourtant forts nombreux, on aurait du rapidement élucider le meurtre de cet homme de Dieu ????







PS: Je ne peux que vous conseiller de lire les chroniques médiévales d'Aquitaine, en deux tomes de Serge Pacaud, à déguster comme un roman et avec gourmandise.

L'origine de Sarlat reste incertaine et contestée !! On dit que des moines, attirés par l'abondance et la fraîcheur des sources, avaient bâti dans la vallée de la Cuze, en un lieu que l'on a depuis appelé " la fontaine des Chanoines ", une Abbaye protégée par Clovis.

Elle prospéra bien qu'elle connu des moments difficiles, lors des invasions arabes qui pillaient églises et monastères et que Charles Martel arrêta en 732 à Poitiers ! Puis Pépin le Bref aurait relevé l'Abbaye ruinée et généreusement dispensé aux moines ses bienfaits.

Ensuite Charlemagne la visita en 778, après Roncevaux, lui accorda privilèges, la combla en lui offrant de précieuses reliques, auxquelles vinrent s'ajouter plus tard, lors des invasions Normandes, celles de Saint Sacerdos. L'Abbaye de Sarlat devenue un centre religieux important et riche est dotée de vastes domaines, elle règnait sur plus de quatre vingt églises, chapelles ou paroisses et peu à peu une Bourgade, qui lui devait sa prospérité s'était bâtie autour d'elle. C'est en 940 que le Comte de Périgord donne au moines la juridiction de ces domaines, l'Abbé devenant le Seigneur des lieux M de V

jeudi 21 décembre 2017

Les Châteaux forts puissance et déclin

Rien n'est plus concrètement représentatif du moyen âge que le Château fort, du fin fond de l'Irlande jusqu'aux terres désolées de Palestine, les fantômes de hautes tours et les épines dorsales de dragons que forment encore les vestiges de murailles crénelées, nous renvoient vers une société dans laquelle le pouvoir se mesurait à l'aune de la puissance physique.

Très souvent construites sur des sites élevés, par stratégie, les places fortes comme Château Gaillard en France ou Douvres en Albion, représentaient la puissance militaire des rois, mais servait aussi de résidence à l'élite de cette société médiévale que nos historiens nomment le système féodal.






Les rouages de ce type de société ne fonctionneront jamais parfaitement et finira par s'écrouler victime de la croissance des villes et cités au détriment du château, je ne formule pas une critique bien sur !!! car force est de constater que les rouages de nos sociétés modernes ne fonctionnent guère mieux.

Le chemin fut long, du simple camp retranché du haut moyen âge, dont la construction débutait par le creusement d'un fossé circulaire et de l'édification au centre d'une butte de terre que l'on nommait motte, ou l'on érigeait une tour de bois entourée d'une palissade, jusqu'à la technologie achevée de château Gaillard en Normandie.

Ce colosse de pierre au temps de sa gloire se dressait sur un abrupt de à 90 mètres au dessus de la Seine. Ses trois enceintes concentriques étaient défendues à la fois par des douves et par des courtines fortifiées de tours circulaires.

Les murailles du donjon, construit au bord du précipice, étaient bosselées et renflées en segments de cercle successifs (un peu comme un moule à gâteau), ce système de construction ne laissait  aucun espace permettant à des mineurs de se mettre à l'abri pour saper la base de la paroi. Partout en haut les murailles étaient équipées de machicoulis et de hourds en encorbellement, toutes percées d'ouvertures, permettant aux défenseurs, de faire pleuvoir les projectiles les plus divers sur les assaillants








La taille et le prestige de ces châteaux forts étaient bien sur fonction du statut et de la richesse du personnage qui le faisait édifier, Rois, Princes, Ducs et barons ou maître d'un ordre guerrier.

Les templiers et les hospitaliers par exemple, et pour ne citer que celui la, le Krack des chevaliers dans le comté de Tripoli en Syrie, cette forteresse se compose de deux enceintes ponctuées de tours. je pourrais aussi citer les places fortes des chevaliers teutoniques, mais il ne faut pas que je me disperse, sinon cet article deviendrait un roman fleuve !!!

Nous avons aussi Edouard I, qui fit construire des châteaux forts au pays de Galles pour asseoir sa domination sur ce pays. Ces forteresses, parmi lesquelles nous trouvons Caernavon, ou une personne désirant entrer devait franchir cinq portes, deux ponts levis, et six herses....excusez du peu !!!!!

Puis il y fit construire Harlech, surement le plus impressionnant château de ce monarque !!! L'armée du Prince Gallois Madog s'y cassa les dents, alors même que la garnison de cette place ne se composait que de 37 hommes !!!!! Perché sur un éperon rocheux dominant la baie de Cardigan, il était équipé de courtines de plus de 3,50 mètres d'épaisseur !!!! reliant quatre énormes tours d'angle rondes, et l'entrée était fortifiée par un corps de garde à deux tours









Outre leur rôle défensif, ces colosses de pierre pouvaient jouer le rôle de base d'opérations offensives, comme lors de la guerre de cent ans, mais se transformait en temps de paix pour servir de résidence aux aristocrates, ou de trésorerie, de magasin d'armes et munitions, et bien sur de prison.

Château Gaillard reste célèbre aussi par le rang de certains de ses illustres prisonniers, Marguerite de Bourgogne, l'épouse de Louis X le Hutin, qui meure assassinée dans ce lieu, à l'époque " des rois maudits " puis plus tard nous aurons Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, qui y sera brièvement détenu, lors de son conflit avec Jean II le Bon, pendant la guerre de cent ans.









Pour finir je désirais parler d'un château baptisé par les chroniqueurs " la clé de l'Angleterre ", la place forte de Douvres, juchée sur une hauteur dominant la côte du Kent.

Il commande l'accès d'un port et l'entrée en Angleterre, il se trouvait à un bout du chemin le plus court pour traverser la Manche, à l'autre bout on trouvait Calais.

Ce château est l'une des plus imposante forteresse d'Europe, ce fut Henri II Pantagenêt qui édifia d'abord le château fort réputé le plus imprenable d'Angleterre.

 Ce roi avait fait faire un énorme donjon carré qui surplombe de plus de 25 mètres son assise oblique !!! Avec des murailles dont l'épaisseur allait de 5 mètres à 6,50 mètres par endroits, le donjon était protégé par deux murs concentriques, ponctués de bastions qui offraient aux défenseurs une vue plongeante sur d'éventuels assaillants, il coûta 6000 Livres de l'époque à Henri II, plus tard Henri III dépensera encore 7,500 livres afin d'améliorer ses défenses. M de V







mercredi 20 décembre 2017

Guildes et Confréries au Moyen âge

Apprentis, Valets et Maîtres appartiennent tous à un groupe formé par le métier, on ne peut utiliser le terme de " Corporation ", il n'est pas adapté à la période médiévale, le terme venant d'Angleterre n'apparaît qu'au XVIII siècle.

Dans le royaume Capétien puis ensuite dans celui des Valois, on parle de Métiers, de Guilde ou de Hanse, fin XV siècle peu de professions se trouvent en dehors d'une guilde.

Le métier reçoit un statut qui émane d'une autorité municipale ou royale, ces derniers cherchant par ce texte à exercer une surveillance sur l'activité économique des ateliers de cette guilde sur la ville, que l'on parle de boulangerie, de boucherie, d'armuriers ou de quelque corporation que ce soit.





Notre guilde va aussi se doter d'une confrérie qui regroupe les maîtres du métier, à des fins de dévotions, de charité et célébrant par un défilé la fête du Saint Patron représentant le métier tous les ans.

Ils processionneront aussi lors des fêtes religieuses et des enterrements des membres de leur guilde, ils forment également une mutuelle venant en aide aux confrères malades et aux membres dans le besoin.

Les métiers encadrent les activités professionnelles et créent des liens entre les ateliers, constituant par le fait une structure essentielle de la société urbaine. Ce qui laisse néanmoins une foule de manœuvres et d'ouvriers sans qualification ni protection ou le contrôle reste flou, il faut rester lucide nous sommes au moyen âge, les intentions sont bonnes mais les moyens ne suivent pas toujours !!!!!






Dans toute l'Europe, les métiers sortent de la clandestinité entre le XI et le XIII siècle, les premiers sont des associations de marchands, vers l'an mil, rapidement suivis au XII siècle par les guildes d'artisans, par exemple celle des Cordonniers de Rouen vers 1135.

Les métiers tiennent une assemblée annuelle, soit dans la maison de la guide, ou dans un monastère, voir une abbaye proche, soit dans l'hôtel de ville de leur cité. Ils y désigneront les Jurés qui les dirigeront pour une période d'un an, examineront, proposeront ou retrancheront des articles sur les statuts de la guilde.






Les Jurés du métier seront selon les régions, nommés Bayles, Consuls ou Gardes, en fonction des procédures ils seront soit élus, tirés au sort, voir désignés par leurs prédécesseurs.

Lors de ces assemblées les Maîtres du métier sont convoqués par les chefs de la guilde, ils fixeront ensemble les redevances et proposeront après concertation les modifications éventuelles des statuts du métier.

Les statuts des métiers sont enregistrés par les autorités municipales dès la fin du XIII siècle, ces textes sont destinés à garantir la qualité de la production, ainsi qu'une émulation entre les ateliers du métier, ils donnent aussi la liste des fraudes et exigent une qualité de production afin de satisfaire la clientèle.

Ils fixent les heures et les jours de travail et réglementent les conditions d'apprentissage. Les ateliers sont visités par les élus du métier, les maîtres qui désobéissent aux statuts sont punis d'amendes, les productions défectueuses sont confisquées et détruites ( voir article Etienne Boileau et le livre des métiers)





                                         Exemple Statut des Boulangers Pâtissiers d'Arras en 1356


Sachent et faire savoir à tous que le maire, les échevins de la guilde des boulangers et pâtissiers d'Arras et plusieurs autres guildes, sont venus par devers nous en la Halle et nous ont priés et requis humblement que nous veuillions bien renouveler une ordonnance qui leur fut autrefois baillée pour leur dit métier, par les échevins de la ville d'Arras nos prédécesseurs.

Premièrement lesdits boulangers, à chaque Saint Rémy, éliront le maire et les échevins de leur métier, une fois établis ces élus iront prêter serment devant les échevins de la ville d'Arras, de bien garder le métier et de faire de bonnes et loyales marchandises

Pain à deux Deniers, pain à un Denier, pain d'une maille et aucun de plus grand prix, que nul ne puisse faire pain à vendre, ni tenir four en la juridiction des échevins d'Arras, qu'il ne soit Bourgeois ou bourgeoise d'Arras.

Que nul ne puisse faire boulangerie ou pâtisserie, ni pain à vendre, ni tenir four, s'il ne fait partie de la guilde et que nul ne puisse entrer dans la guilde pour faire le métier, s'il n'a été Valet loué pendant deux ans dans ladite ville d'Arras

Quiconque entre dans la guilde doit sept sous, excepté s'il est fils de confrère, les filles de confrère affranchissent leur premier mari.

Le maire des boulangers peut avec ses compagnons élus, inspecter tous les fabricants de pain de la ville et de l'échevinage d'Arras, celui qui est pris à faire mauvaises denrées doit une amende de cinq sous, le maire saisit la marchandise et donne le pain pour Dieu.

De même, qui est apprenti doit cinq sous, excepté enfant de confrère, de même qui est pris en défaut de n'avoir pas assisté à l'enterrement d'un confrère doit quatre Deniers. S'il est un des échevins du métier il devra huit deniers. De même si l'un des porteurs du corps désigné par le maire du métier n'y va pas il devra quatre deniers.

Quiconque se tenant au marché du pain, appelle à lui les clients regardants l'étal d'un confrère il devra quatre deniers, de même quiconque joue au jeu d'argent au marché du pain doit quatre deniers, de même quiconque déplace l'étal ou prend les affaires d'autrui contre le gré de ce dernier doit quatre deniers.

De même le jour ou s'effectue le tirage au sort des étaux du marché au pain, quiconque apporte son pain ou ses affaires avant que le maire du métier ait tiré au sort les places dudit marché, il devra quatre deniers au maire du métier.

De même nul confrère, qu'il soit fournier ou autre ne peut cuire qu'une fois par jour denrées à vendre et ce au jour ou il a coutume de cuire, à moins d'en demander l'autorisation au maire et au élus du métier, de même ceux qui font gâteaux cuits en leurs fourneaux doivent faire bonnes et loyales denrées.

Quiconque doit une amende et la paiera pas quand le maire et les échevins du métier la demanderont, ne pourra exercer le métier jusqu'à ce qu'il ait payé l'amende et s'il ne le fait devra dix sous.

Ce fut fait en l'an de grâce 1356 le quinzième jour du mois d'Avril







mercredi 6 décembre 2017

Charles V ou la Passion des Livres et du Savoir

L'usage que fit Charles de ses livres, donne un exemple de sa passion pour le savoir (sans comparaison avec un père comme Jean II le Bon, que ce terme de le Bon ne saurait réhabiliter ). Lors de son accession au trône il hérite d'une librairie constituée, mais qui ne correspond pas à son idée de l'éducation et du savoir.

Il va l'enrichir avec un soin particulier, tout en changeant l'orientation livresque de cette somme de connaissances, à la fin de son règne c'est avec près d'un millier de volumes que sa bibliothèque atteignait le troisième rang de l'occident, après la Papauté et celle de l'Université de Paris.

La presque totalité de ses ouvrages se trouvaient dans son Louvre, cette demeure dont il avait surveillé l'édification avec un soin particulier, dans une tour spécifique proche de ses appartements royaux se trouvaient ses livres, de cela on ne peut douter, Charles V aimait  les livres !!!

Cette bibliothèque était vivante par la passion de ce monarque  !!! Si elle s'appauvrissait  des dons épisodiques que pouvait faire ce Roi de certains ouvrages, en revanche elle s'enrichissait par les nombreux livres offerts par les membres de la cour





Certains de ces dons ou cadeaux avaient un caractère politique, comme le bréviaire de Gentien Tristan, successeur du sulfureux Etienne Marcel à la Prévôté des marchands de Paris, la ville cherchant peut être par ce moyen se faire pardonner sa révolution manquée du XIV siècle !!!

Ou ce don du prévôt du Châtelet, Hugues Aubriot, qui offrant à son roi, ce livre de Saint Augustin " de la cité des Dieux ", offrait par ce geste une véritable déclaration d'adhésion au gouvernement de son maître.

L'originalité de ce Monarque fut d'avoir fait de sa passion une fonction idéologique et politique, faisant de son trésor livresque l'instrument d'une politique culturelle !!

Contrairement à la politique de ses prédécesseurs, les apports en manuscrits de Charles V valent moins par leur aspect que par leur contenu, seulement 20% d'entre eux étaient enluminés. Ce roi souhaitait en effet, faire profiter des trésors de la science, domaine réservé jusqu'à présent aux Clercs latinistes !!! Cette volonté de rendre accessible le savoir, tant sur le plan matériel qu'intellectuel, se devine par le grand nombre d'ouvrages en Français de la bibliothèque royale, soit environ 80% des volumes entreposés dans son Louvre !!!






Son souci de promotion de la langue vernaculaire, comme langue savante, le conduisit à commander plusieurs dizaines de traductions d'œuvres classiques, comme " la cité des dieux " dont nous avons parlé plus haut, elle fut réalisée par Raoul de Presles.

Cette bibliothèque avait désormais une fonction orientée vers le côté pratique, plus que vers le côté récréatif utilisée jusqu'à lors. Le fond représentait désormais 30% de savoir purement scientifique et technologique, 18% traitant d'astrologie de magie et de sciences divinatoires (passion de ce roi), ainsi que 12% d'histoire de politique et de droit .

Charles avait cette conviction!, que le pouvoir s'exerçait d'autant mieux s'il puisait ses principes dans la science, et l'organisation thématique de sa bibliothèque le prouve, semblant nous montrer sa volonté de maîtriser le savoir passé, présent et à venir !!






Ce monarque fut le premier à faire écrire l'histoire de son règne de son vivant, cette tâche il la confie à un de ses plus proche serviteur, son Chancelier, Pierre d'Orgemont, c'est lui qui dut continuer à partir de 1375 " Les Grandes Chroniques de France ", dont l'Abbaye de Saint Denis avait eu le monopole de la rédaction.

A partir de ce moment ces chroniques vont cesser d'être un miroir du passé servant à un Prince pour son édification en tant que " futur souverain ", pour devenir une justification contemporaine de la politique de Charles V, il surveillera d'ailleurs de fort près son élaboration !!

Nota: De nombreux " Historiens " ne s'y tromperons pas, conseillant eux même, de ne s'intéresser aux Grandes Chroniques de France, qu'à partir de 1375, l'année ou Pierre d'Orgemont en reprend l'écriture.












Il faut considérer aussi le fait que la plupart des livres entreposés dans les collections du Roi étaient destinées à être lues, ce qui ne peut surprendre en raison de l'utilité que ce monarque assignait à sa bibliothèque, car s'il donnait rarement des livres il les prêtaient volontiers, le gardien de sa librairie tenait un compte scrupuleux, des prêts faits aux membres de la cour, tout en veillant bien sur à récupérer les ouvrages.


 Le dessin de ce roi était de diffuser au sein de la haute société fréquentant sa cour, et tous les membres de son gouvernement, une culture politique et savante jusque là réservée aux Clercs, il est par le fait à l'origine de la bibliothèque nationale.

Cette politique culturelle valut à Charles V, l'admiration de Christine de Pisan ( voir article ), qui le surnomma le Sage parce qu'il était savant.

J'ai utilisé pour cet article la documentation De Boris Bove dans son excellent livre " le temps de la guerre de cent ans ", que je vous recommande grandement si vous arrivez à le trouver.....pas facile !!!!!!....mais faisable



PS: Beaucoup de personnes vous dirons que Charles V est à l'origine de la recopie d'une seule et unique Bible, dans un souci sans doute charitable que tous le monde lise la même !!!!. Ce n'est pas exact !!!! La bible est le livre par excellence conservé dans les bibliothèques médiévales, et celle de Charles V en contient de nombreux exemplaires.

Ce monarque très croyant est surtout un contemporain des premières tentatives de traduction intégrale de la bible en langue vernaculaire !!!! Charles V en tant que promoteur de la " langue Française savante ", comme langue du savoir, va faire recopier de magnifiques exemplaires de la bible Historiale en Français, qu'il conservera dans son Louvre aux côtés de celles qu'il a reçues en héritage, comme celle en Français du Dominicain Jean de Sy, traduite sous le patronage de son père Jean II le Bon...M de V



Nota: Charles V créa et installa donc au Louvre la "librairie Royale", ou l'histoire nationale, le droit public, et la philosophie politique trouvèrent leur place à côté des livres religieux et de la littérature vernaculaire, il aimait à s'entourer d'un cercle d'intellectuels, souvent issus de l'Université de Paris, que Françoise Autrand dans son livre nommait " le club du roi ". C'était un véritable cercle de réflexion, un organe informel qui traitait de la nature et des finalités de l'état