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vendredi 7 avril 2017

le Chroniqueur Jehan Froissart


Né à Valenciennes entre 1333 et 1337, les informations quand à sa naissance sont contradictoires, nous savons qu'il vécut dans l'entourage immédiat des plus grands Seigneurs de son temps ce qui explique la variété et la richesse de ses informations, ainsi que ses tendances aristocratiques.

Ses chroniques vont être réécrites plusieurs fois, ce qui nous permet de noter dans sa façon de relater les événements, ses changements d'opinion en fonction du personnage qu'il sert.

Favorable à la cause Anglaise dans son livre I, sous l'influence de sa compatriote Philippa de Hainaut, Reine d'Angleterre et épouse d'Edouard III ( il est le secrétaire particulier de la Reine)

Froissart vit au sein de la cour à Londres et à Westminster, quand la Reine meurt en 1369 Jehan retourne dans son Hainaut natal pour entrer dans les ordres, il sera ordonné prêtre et recevra la cure de Lestine dans le diocèse de Liège vers 1372. C'est probablement durant cette période qu'il écrira son roman en vers Méliador.



A partir de 1373 froissart se trouve un nouveau protecteur, Guy de Chatillon Comte de Blois, ce dernier va lui demander une autre version du livre I de ses chroniques, qu'il terminera vers 1378.

Son livre II composé de 1378 à 1385 relate le conflit qui oppose le Comte de Flandres, vassal du Roi de France, à ses sujets Flamands.

Son livre III relate le voyage qu'il entreprend aux frais de son protecteur vers Orthez, lieu de résidence de la fastueuse cour de Gaston Phébus Comte de Foix.

Il se renseignera sur le conflit qui oppose le comte à son épouse et à son beau frère le Roi de Navarre.
Puis consciencieusement il interrogera tous les gens digne de confiance pouvant le renseigner sur le conflit se déroulant en Espagne vers 1390.




En 1391 son protecteur est ruiné par une vie de débauche, le Comte de Blois vend ses domaines et la fin humiliante de son mécène va profondément marquer notre chroniqueur, il retournera en Hainaut à Chimay dont il porte le titre de Chanoine depuis quelques années.





Il y écrira son livre IV qui est une nouvelle refonte de son livre I, on ne sait pas l'année de sa mort ni ou il fut enterré , surement à Chimay, mais ou et quand ?? ( vers 1404).

Ses chronique couvrent l'histoire de 1323 à 1400, mais étant né au mieux en 1333, il fut obligé d'utiliser les chroniques en prose de Jean le bel chanoine de saint Lambert de Liège, pour tout ce qui concerne le début de la guerre de cent ans. On ne peut considérer ceci comme un plagiat car le procédé était courant à l'époque et d'ailleurs il le cite dans son prologue.

L'intérêt des chroniques reste immense, et  Froissart nous fait vivre des scènes inoubliables des conflits  au XIV siècle en Europe.


jeudi 6 avril 2017

N° 5) Clercs et laïcs au bas Moyen âge





Selon le décret de Gratien, "livre de référence en matière de Droit Canon ", il existe deux genres de Chrétiens, les Clerici qui se trouvent être les élus et qui par la tonsure manifestent leur supériorité.

De l'autre côté on range les Laïci, à qui il fut concédé le droit de se marier, de s'occuper des choses temporelles, en bref le reste du genre humain!!!

La distinction entre les deux revêt donc une signification très claire au sein de la communauté chrétienne.


A cette dimension juridique et ecclésiologique du droit canon il faut ajouter le côté politique, ou l'on affirme la supériorité des clercs et la suprématie du pouvoir ecclésiastique.









C'est au début du XIV siècle qu'elle fut affirmée de manière fort explicite par le Pape Boniface VIII, il prétend en l'an 1302, suite aux théories fumeuses de Gilles de Rome, que toute créature doit se soumettre au premier clerc de la chrétienté, en l'occurrence lui même !!

Ces prétentions exagérées de la puissance pontificale vont provoquer chez les philosophes, théologiens, humanistes et écrivains une véritable levée de boucliers.
Des hommes tel que Dante, Marsile de Padoue, Guillaume d'Ockham, Eckhart et d'autres, vont élaborer une doctrine politique qui accorde aux laïcs une véritable autonomie fondée sur la séparation de l'ordre politique et religieux.

Le Pape a eut grand tord, car s'il existe un souverain qui n'aime pas qu'on lui conteste son autorité c'est bien le Roi de Fer!
Philippe IV le Bel va lui envoyer Guillaume de Nogaret, cette rencontre sera fatale à Boniface VIII.







PS: voir article sur l'attentat d'Agnani Nogaret versus Boniface VIII  M de V




 

Mentalité de l' Anglois au bas moyen âge


Ils ne se préoccupaient pas d'idéal chevaleresque, ou du moins s'ils s'en occupaient ce n'était pas pendant les périodes de conflits avec nos mangeurs de charrettes ferrées!

Ils utilisaient fort bien le terrain, plaçaient leurs gens de pieds et leurs archers avec un art consommé et leurs chevaliers sans déroger à l'honneur savaient combattre à pieds à leurs côtés.
Si on tient compte du facteur démographique de ce siècle, les Anglais sont environ 6 à 7 millions d'âmes comparés aux Français qui sont 16 millions!!

Mais Edouard et son fils le Prince noir contestent l'accession au trône de France de ce " Roi trouvé " Philippe VI de Valois, ils vont faire valoir leur droit et ce n'est pas le nombre qui changera quelque chose !!!!







Ce qui fait que lors des grandes batailles de cette époque les hommes d'Albion se battent à 1 contre 4. Mais en Angleterre le service militaire est obligatoire de 16 à 60 ans, ils sont très disciplinés, tous le contraire de l'ost Français.


Il est bien évident qu'un Chevalier Français ne saurait sans déchoir combattre à pied aux côté de la merdaille    ( terme chaleureux qu'ils employaient pour désigner leurs piétons), ce n'est pas le cas des Anglais.


En outre en Albion on fait interdire le béhourt dans les tournois, les morts y étant si nombreux, qu'il leur parait judicieux de pratiquer uniquement la joute à la lance courtoise.




Ils considéraient que leurs chevaliers seraient mieux employés à guerroyer, plutôt que de mourir en champ clos. Pour eux l'idéal chevaleresque se limitait au champ clos et la guerre restait la guerre, dans ce domaine nul place pour les rêveurs !!!

Sans oublier cette tradition de l'entrainement au tir à l'arc, quasi permanent et au sein même de toutes fêtes et réjouissances quotidiennes.C'est grâce à ces excellentes dispositions que beaucoup de Français finiront hérissés de flèches le nez dans la fange.


Vie et mort d'un Chevalier au XIV siècle


L'activité guerrière est si honorée et indispensable au moyen age qu'elle constitue la raison d'être de toute ou presque la catégorie sociale de la noblesse, cette période semble requérir des hommes en pleine force de l'âge, capables de manier l'épée, la lance, masses et haches tant à l'entrainement qu'au combat.

Dépasser 60 ou 70 ans pour un Chevalier semblerait à notre époque un exploit hors du commun, pourtant au XIV siècle le cas ne semble pas si rare.

La démographie historique nous démontre qu' environ 10% d'une classe d'age atteignaient 60 ans, l'élimination massive se produisait dans les premières années de la vie car le tiers d'une génération disparaissait avant d'atteindre les 20 ans d'age.

Dans le milieu des hommes de guerres les hasards du combat s'ajoutaient aux mortalités ordinaires, restreignant encore plus leurs chances d'atteindre la vieillesse.









Les études faites en Angleterre nous fournissent un exemple précis, entre 1330 et 1449, période de conflits permanents, guerre de cent ans, épidémies de peste, guerres civiles et famines, on estime que presque 50% des combattants de plus de 15 ans mouraient à la bataille et que sur 100 naissances mâles issus de la noblesse et voués à la guerre seulement 8 individus étaient vivants après 60 ans


La vie était rude et les gens ne l'étaient pas moins, la compassion chez les hommes de guerre n'était pas une vertu cardinale, on laissait cela aux Clercs, et même eux ne brillaient pas toujours par l'amour de leur prochain.











Mais dans ce siècle ce n'est pas l'age qui importe, mais les capacités physiques, ce n'est jamais le vieux qui est rejeté mais le faible; au guerrier la vieillesse apporte renommée, prestige et respect, cela tant qu'il est capable de tenir son rang à la bataille.Toute idée de retraite est donc exclue, il manie les armes jusqu'à l'extrême limite de ses forces, puisque l'hommage vassalique l'engage jusqu'à la mort.

Ceux qui survivaient aux tournois, aux accidents de chasse, aux batailles, aux maladies, aux excès de viandes grasses et de vins, à l'apoplexie, ainsi qu'aux pantagruéliques festins de l'époque étaient de véritables forces de la nature!

Ces colosses étaient tout à fait capables de tenir leur rang à la guerre s'ils avaient passés le cap de la vingtième année et ce jusqu'à 70 ans! sir Calverley meurt à 78 ans et sir Robert Knolles à 83 ans








Pour le chevalier sans fief, la fin est on ne peut plus saumâtre! Celui qui voit ses forces décliner, et qui ne peut l'âge venu tenir son rang, soit dans une compagnie, ou dans la Lance d'un seigneur, se doit de se retirer.

Une seule option s'offre à lui s'il veut survivre ! il doit entrer en religion au sein d'un Cloître ou d'une Abbaye afin de trouver toit, pitance et sécurité.

Il se rendra utile à la communauté, dans les travaux de tous les jours, culture, jardinage, infirmerie, cuisine, hostellerie etc... selon ses compétences et les savoirs qu'il a acquis tout au long de sa vie.


La gloire et les honneurs ne sont pas pour les simples combattants, il finira donc ses jours dans l'exercice de la pénitence et de la prière, nécessité faisant loi! afin d'assurer la sécurité de ses vieux jours










A sa mort le gisant de son caveau le représente armé de toutes pièces, avec ceinture et épée au côté, par dessus revêtu de l'habit de l'ordre monastique auquel il appartient et sous ses pieds, on trouve l'écu blasonné de ses armes en forme de planchette



PS: La passion que nous avons pour la période médiévale ne doit pas nous faire oublier, la dure réalité de la vie à cette époque. M de V


mercredi 5 avril 2017

Le Tournoi au XIV Siècle


Nous aborderons ce sujet avec beaucoup de prudence, il me semble même nécessaire de préciser l'état d'esprit dans lequel se trouve notre chevalier à cette époque.

Vaincus par des Tisserands à Courtrai, par les Anglais à l'écluse, Crécy, et Poitiers, puis par les routiers à Brignais on peut dire que le coeur n'y est plus!

La chevalerie est en perte de vitesse, elle se démilitarise car la guerre est devenue le domaine de prédilection du fantassin professionnel et discipliné.

Or donc dans un tournoi la mêlée est la reconstitution d'une bataille et la joute un duel entre deux adversaires.

Ces jeux furent créé au départ dans le but de s'entraîner au combat, mais au fil du temps nos chevaliers finiront par confondre les deux! Cette chevalerie a oublié les valeurs pour lesquelles elle fut créé, se noyant désormais dans des fêtes et des banquets ou les danses riment avec les lances.







Ils brilleront dans des combats réglés à l'avance, de l'aspect utilitaire d'entrainement au combat il ne reste rien, de la dimension ludique du jeu ou le but était de vaincre sans tuer pour la gloire et le gain, il ne reste que l'appât du gain.

Force est donc de constater que si l'aspect utilitaire et ludique a disparu, il ne reste plus que le côté festif et celui ci est en pleine expansion.

Malgré les efforts de Charles V pour réformer cette armée indisciplinée qui ne devait que 40 jours par an au ban du roi, ses ordonnances resteront lettres mortes, et ce ne sera que sous Charles VII que pourront être créées les compagnies de l'ordonnance, qui seront les ancêtres de la gendarmerie.







Il faut dire que des traités de tournois comme celui du bon roi René d'Anjou, un peu plus tard ne font rien pour arranger l'affaire.

Si on veut donner un ordre d'idée en matière de gouffre financier qui puisse correspondre à la participation d'un chevalier à ce genre de tournoi:

Il faut tenir compte du matériel, de la tenue vestimentaire, du type d'armes employé dans ce genre de manifestation, car chaque tournoi avait un thème, avec des règles imposées.

Le simple chevalier ne pouvait y participer, seuls les nobles fortunés en avaient les moyens.









Pour finir cela équivalait à la participation financière d'un particulier au Paris Dakar.

De grandes maisons se sont ruinés jusqu'à la trame dans ce genre de manifestations, même le roi René d'Anjou fini ruiné.

Lorsque sa fille Marguerite d'Anjou se marie avec le roi d'Angleterre, il est précisé qu'elle n'aura pas de dot !!

Sa croisade pour récupéré son royaume et le faste de ses joutes ont réduit ses finances à la plus simple expression. ( voir article la guerre des deux roses et Marguerite d'Anjou )









Au XIV siècle le tournoi est devenu le domaine de la noblesse aristocratique et guerrière, leur individualisme et l'attirance qu'ils éprouvaient pour le public.

Ce désir de gloire!! va provoquer la disparition du tournoi collectif, au profit de la joute et du combat individuel.


Tous les textes et les traités de ces tournois du bas moyen âge, transpirent de la vanité et de la suffisance de ces grands barons du royaume.

Ils ne vivent que sur l'acquis de leurs ancêtres, vantant à qui veut les entendre les prouesses de leurs glorieux défunts.











Leurs mérites ne sont que dans le nom qu'ils portent, ils se gargarisent à plaisir dans le passé et les romans chevaleresques de cycle arthurien.

Ces mangeurs de charrettes ferrées ne font plus illusion, parmi le peuple comme chez les bourgeois et l'on ne peut s'empêcher de citer Geoffroy Chaucer, qui nous peint un tableau fort vivant de cette société du bas moyen âge.

Il dit je cite: ne peut être noble que celui qui agit noblement et cette noblesse ne s"acquiert pas avec l'héritage des biens terrestres!!

C'est aussi pour cela qu'ils tiendront à l'écart un Bertrand Du Guesclin, jaloux de ses victoires et leur renvoyant en pleine face leurs incompétences. Ils étaient pesés, mesurés et jugés insuffisants !!





PS: pour donner du grain à moudre à nos passionnés de reconstitution, dont je fis partie pendant de nombreuses années avant de raccrocher mon épée pour n'utiliser désormais qu'encre, parchemins et plumes. Après avoir écumé les bibliothèques et les auteurs sur le sujet, je vous soumet mon opinion sur la mentalité du chevalier au Bas moyen âge...Bien amicalement M de

N° 1) Mentalité du chevalier Français au XIV siècle



Notre chevalier craint la couardise, il a la tête farcie de romans de chevalerie, possédant un sens exacerbé de l'honneur il se trouve décalé par rapport aux réalités stratégiques de son temps, le menant sur le champ de bataille à des attaques suicidaires par simple désir de prouesses. Son individualisme le pousse au premier rang, rompant ainsi l'ordonnance des batailles au sein de l'ost et cela avant même d'être au contact de l'ennemi.

Il manifeste un souverain mépris pour les troupes à pieds ( y compris les siennes ), qu'il désigne par le terme fort imagé de merdaille! Pour ce mangeur de charrettes ferrées, le seul combat qui vaille est la charge suivie de la mêlée.







Ce fumeux personnage ne fait plus aucune différence entre le tournoi et la guerre, comme dans ces jeux il est la pour faire des prisonniers et les rançonner. Malheureusement pour nous le raisonnement des Anglais était beaucoup plus terre à terre ils étaient venus pour tuer et accessoirement faire des prisonniers!

Les batailles de ce siècle, Courtrai, l'Ecluse, Crécy, Poitiers, Brignais, ne leurs apprendront rien. Un grand nombre de nos rutilants fer vêtus finiront le nez dans le bren, égorgés par la piétaille qu'ils ont tant dénigrée, les plus chanceux (autant dire les plus riches ) termineront dans de fangeux réduits jusqu'à ce que rançon soit payée.

Mais même si pendant une trop courte période, grâce au roi Charles V et à Du Guesclin, nous retrouvons nos valeurs et la victoire, cela ne servira à rien !!, dés la mort de Charles V le sage nos fumeux chevaliers s'empresseront de retomber dans leurs erreurs. Et ce sera Azincourt, ou les Anglais pourtant épuisés et malades de la dysenterie, vont nous écraser,il vont se battre à 5 contre un et donner une leçon mémorable à la France.