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vendredi 30 juin 2023

Quid des Livres de Zoologie au Moyen Age ? ( I )

Nous pourrions, à notre époque réductrice, proclamer qu'au Moyen âge la zoologie n'existait pas, si on considère, la zoologie comme l'étude véritablement scientifique de la morphologie et de la biologie des animaux !!

Mais nous allons voir que si cette science en était encore à ses balbutiements, il y eut néanmoins à cette époque, dont beaucoup ont exagérés la stérilité scientifique, toute une série d'auteurs qui firent d'excellentes observations zoologiques

Voyons la Zoologie Occidentale : le M-A chrétien est souvent divisé en trois périodes, le Haut Moyen âge du V au XI siècle, puis l'Apogée Médiévale du XI au XIII siècles et pour finir, le Bas Moyen âge des XIV et XV siècles

Celles-ci correspondent assez bien aux trois phases de l'évolution religieuse, conquête chrétienne, apogée puis déclin de l'église. Mais la fondation des grands ordres religieux allait influencer considérablement l'enseignement et le développement des sciences par l'intermédiaire des Abbayes et des Monastères, et parmi les auteurs qui s'occupèrent de zoologie, beaucoup étaient  des religieux









Bien sûr tout le monde connaît les innombrables représentations d'êtres surnaturels et de monstres dans l'Art médiéval. En outre au M-A la nature est fréquemment utilisée au service de la religion et de la poèsie, ces siècles ont vu fleurir toute une littérature ou les animaux et minéraux ne sont qu'un thème sur lequel sont bâties les variations théologiques, morales ou poétiques

Empruntons au " Physiologus ", recueil allégorique, probablement écrit à Alexandrie, au II siècle de notre ère, dont la vogue fut considérable au M-A tant en Orient qu'en Occident. Voyons quelques exemples de zoologie mystique ou les vertus chrétiennes sont évoquées par des animaux !

Tel que le Renart faisant le mort pour attraper les poules et symbolisant le démon qui se saisit des imprudents, puis le Pélican qui répand son sang sur ses petits, symbole du christ qui a versé son sang pour racheter les hommes

C'est probablement de ce Physiologus que dérivent les écrits profanes traduits en langue vernaculaire et appelés Bestiaires ( volucraires et lapidaires ), comme ceux de Philippe de Thaon au XII siècle et un Richard de Fournival au XIII siècle 









Les inepties que l'on y rencontre montrent bien la crédulité de ceux qui les écrivaient, les lisaient ou les copiaient pour les propager. En voici quelques échantillons. Or donc le Bouc a toujours la fièvre, son sang est si chaud qu'il brise le diamant....l'agilité de certaines Cavales (jument de race), provient de ce que leur mère a été fécondée par le vent....La Hyène change de sexe à volonté....et la Belette conçoit par l'oreille et enfante par la bouche , tout cela tient plus du folklore que de la science

Pourtant l'Européen du moyen âge avait l'occasion d'observer au quotidien de nombreuses espèces animales, outre les animaux domestiques ordinaires ( cheval, âne, boeuf, chèvre, mouton, porc, chiens et chats ), on voyait encore à cette époque des bêtes aujourd'hui disparues ou en voie de disparition telles que l'Aurochs (bos primigenius), le Bison (bison europaeus), ainsi que divers animaux sauvages ( cerf, loups, ours, élan et renne )

Maintenant voyons quelques uns (car la liste est longue),des principaux personnages qui ont contribué par leurs oeuvres à l'étude des animaux !
Nous les répartirons en trois catégories : les Religieux, puis les Amateurs Techniciens et pour finir les Illustrateurs








L
es Religieux : qu'ils aient vécu au Haut M-A ou au XIII siècle ces auteurs appartiennent tous à un ordre religieux, écrivent en Latin et leurs oeuvres de nature compilatoires prennent la forme d'encyclopédies. Un nom émerge Isidore évêque de Séville ( vers 570-636), on lui doit une encyclopédie nommée " Ethymologies " son livre 12 est entièrement consacré aux animaux

C'est avant tout un philologue qui préfère donner les étymologies (d'ou le titre de son recueil) des noms d'animaux que de faire des observations. les espèces fabuleuses telles que le Gryphe à corps de Lion et tête d'aigle, ou le Basilic, serpent qui tue d'un regard sont présents dans cette ménagerie littéraire. Sa classification est étonnante il classe et range avec les poissons, les éponges, les huîtres, les crocodiles, hippopotames, baleines et dauphins bref tous les animaux aquatiques. Néanmoins son oeuvre aura une grande influence jusqu'au XIII siècle

Le moine Suisse Ekkehard IV (vers 980-1060) est un zoologiste qui s'ignore, car il donne dans une prière la liste des mammifères consommés comme venaison au monastère de Saint Gall, castors, sangliers, cerfs, daims, chevreuils, bouquetins, lièvres, marmottes, ours, chamois et bisons. un bon aperçu de la faune des mammifères de cette partie de la Suisse du XI siècle









Hildegarde de Bingen
: Abesse d'un cloître de Bénédictines, probablement la seule femme du M-A qui se soit occupée de zoologie, son oeuvre comporte 4 livres consacrés aux animaux. Il s'agit la surtout d'un catalogue des principaux vertébrés connus du peuple. Son livre sur les poissons est intéressant, car de nombreuses espèces d'eau douce parmi lesquelles la Lamproie ont pû être reconnues, elle donne les noms en latin mais aussi en bas allemand

Dans celui sur les oiseaux elle mentionne les insectes et les chauves souris. Parmi les mammifères sur les 43 espèces citées, 33 appartiennent à la faune locale (loir, hérisson, castor, martre, loutre etc), mais on y rencontre l'inévitable Licorne qui hante tous les ouvrages zoologiques du Moyen âge

Le livre sur les bêtes rampantes est un patchwork zoologique on y retrouve pêle mêle, le ver de terre, les arachnides, reptiles et amphibiens. Mais l'intérêt de son recueil réside dans les détails qu'elle laisse sur des espèces actuellement disparues d'Allemagne (loutre, bison,lynx)

Mais la science du XIII siècle Occidental allait subir l'influence de trois facteurs nouveaux: la fondation des Universités, la redécouverte d'Aristote et l'activité enseignante des ordres mendiants









Un Dominicain, Thomas de Cantimpré (1186-1263), rédige une monumentale encyclopédie " de naturis rerum ", ne comprenant pas moins de 20 livres, dont 4 sont consacrés aux animaux. On y trouve toute une galerie de monstres ou d'animaux imaginaires phénix, dragons, sirènes ou onocentaures (buste humain et corps d'âne). Mais l'on y trouve aussi l'oie bernache arborigène, que l'on croyait naîvement issues du fruit de certains arbres, ce ne sont en fait que des débris d'épaves sur lesquels se sont fixés des crustacés cirripèdes 

D'une crédulité à toute épreuve il rapporte sérieusement l'existence de l'arbre à bernaches, puis du pélican qui s'ouvre la gorge pour nourrir ses petits, sans oublier son invaisemblable agneau de Russie, défi aux lois de la nature étant à moitié animal et moitié végétal 

Un autre Dominicain, Albert le Grand (1193-1280) est une des grandes figures de la science et de la pensée médiévale. Il naquit en Souabe, étudia en Allemagne, en France et en Italie, il enseignera même à Paris ou il était connu sous le nom de " Maître Albert ", d'ou la contraction de " place Maubert ", nom donné à l'endroit ou il enseignait. Auteur d'une soixantaine de Traités et opuscules dont celui concernant la zoologie. Son " de Animalibus " comporte 26 livres dont les 19 premiers sont pompés sur Aristote !!!









Il signale les constructions du castors d'Europe, qui aujourd'hui semble avoir perdu cette faculté à l'opposé de son congénère du continent Américain. Il réfute vivement l'absurde croyance suivant laquelle ce rongeur se mutilait avec ses dents (d'ou le nom de castor) et lançait ses poches à musc sur ses poursuivants !. Il est en outre le premier à considérer l'ours blanc comme une espèce distincte de l'Ours Brun et à noter les variations de pelage de l'écureuil d'Europe, brun-rougeâtre en Allemagne, Rouge-Gris en Pologne et Gris en Russie 

On peut encore citer, parmi les religieux le Franciscain Barthélémy de Glanvil nommé le plus souvent Barthélémy l'Anglois, qui écrivit entre 1250 et 1260 une encyclopédie intitulée " de proprietatibus rerum " dont un livre entier est consacré  aux animaux. Cet ouvrage de zoologie populaire eut un succès considérable au XIV et XV siècles
                              _______________________________

Les Amateurs Techniciens :A l'opposé de ces savants de cloîtres qui demeuraient tous plus ou moins livresques, il existe des auteurs qui dégagés des préocupations scolastiques et religieuses ont fait preuve d'un indiscutable esprit d'observation 









Je n'en citerais que deux, en premier, l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), souverain anticlérical et despotique qui cultivait avec amour les sciences, la philosophie et les arts, manifestant une tolérance aux religions étonnante pour cette époque et s'entourant de savants juifs et Arabes

Excellent zoologiste, peut être le plus grand du M-A comme en témoigne son superbe Traité de Fauconnerie, en latin, le " de arte venandi cum avibus " qui eut une vogue considérable pendant plusieurs siècles. Dans ses 6 livres il fait de nombreuses et pertinentes observations. Frédéric fera même la synthèse entre les données classiques, en particulier celles d'Aristote, et ses observations personnelles, il écrira notamment : nous ne suivons pas en tout point le prince des philosophes, Aristote parle par oui dire, mais la certitude ne saurait naître des racontars !

Ce que Frédéric II a fait pour la Fauconnerie, un autre l'a fait pour la chasse en général. Gaston III de Foix Béarn dit Phébus (1331-1391), vers la fin de sa vie il entreprend d'écrire une encyclopédie sur sa passion. Son livre de la chasse et les miniatures qui l'ornent sont remarquables 









Les Illustrateurs : Autre apport tout aussi intéressant est représenté par les illustrations de manuscrits. Souvent en zoologie, et ceci reste vrai de nos jours, un bon dessin vaut mieux qu'une longue description et certaines figurations médiévales d'animaux sont remarquables

L'architecte Français Villard de Honnecourt, XIII siècle, intercale entre ses croquis techniques d'admirables dessins d'invertébrés langoustes, mouches libellule et sauterelles, puis des vertébrés perroquets, autruches, lapins, moutons, chats et chiens etc

Un moine du XIV siècle Sybo de Hyères fera de remarquables miniatures présentant arachnides, crustacés, insectes, mollusques, reptiles, oiseaux et mammifères



PS: Toutes ces oeuvres d'art, souvent anonymes, sont plus intéressantes pour l'avancement de la zoologie que les vastes compilations soporifiques d'auteurs scolastiques....surtout si c'est en latin putentrailles !!!..M de V


mardi 20 juin 2023

l'Emprise de la Joyeuse Garde en l'an 1447

En cet an de grâce 1447 le Roy René d'Anjou (le Bon Roy René), redescendait sur ses Fiefs en Anjou afin d'organiser un nouveau " Pas d'Armes " dont il avait le secret. Celui ci devait surpasser en durée et en magnificence, tout ce que l'on avait pu admirer jusqu'alors !!

La situation du château d'Angers, au centre de cette capitale de l'Anjou, ne lui offrait pas, semble t'il, un local tel qu'il le désirait. le bon Roy René va choisir la ville de Saumur (la gentille et la bien assise), pour être le théâtre de cette Emprise hors normes !!

Le château de Saumur bâti sur une élévation était d'une architecture simple mais élégante, orné de tours et de tourelles avec une vue plongeante sur un paysage agréablement varié et la Loire enlaçant la cité

Ce fut dans une vaste plaine à peu de distance du château qu'il fit construire un genre de palais spacieux tout en bois, mais peint à l'intérieur comme à l'extérieur. Meublé de riches tapisseries et d'une quantité prodigieuse de coussins de velours et de soies, destinés à couvrir les estrades ou siègeraient les Dames









Au jour dit, le bon Roy René s'y rendit accompagné d'un concours infini de Princes, Hauts barons, Chevaliers, dames et Damoiselles. Pendant six semaines entières les plaisirs en tout genre vont se succéder, sans interruption, dans ce pavillon royal qu'on avait appelé " Châtel de la Joyeuse Garde

René y tint une espèce de cour plénière, inventant chaque jour de nouvelles fêtes, cavalcades, banquets et danses pour ses hôtes, ceci afin d'attendre l'arrivée complète de tous les champions conviés à participer à cette Emprise !

Ils accouraient de toute part avec en tête Poton de Xaintrailles, parmi eux on remarquait le Duc Jean V d'Alençon (surnommé le beau prince), puis Charles de Bourbon et le Comte d'Evreux Pair de France, et Charles d'Artois Comte d'Eu. Parmi les Gentilshommes qui devaient jouter dans cette emprise on distinguait entr'autres le Sire de Montmorency, mais aussi Antoine de Sancerre fils du célébre Amiral Jean V de Bueil  " le Fléau des Anglois ". Notre Antoine de Bueil-Sancerre portait sur son cimier une tête de roi à grands cheveux et grande barbe, son cri de ralliement estoit " Passavant ", et toute une foule d'autres Barons non moins recommandables par leur renommée que par leur rang !










Le jour indiqué pour l'ouverture du pas d'armes, chacun avoit assisté dévotement à la messe de l'aube, puis enfin Cors, Buccines et Clairons firent entendre de joyeuses fanfares aux Dames et Damoiselles siègeant sur leurs coussins. Onc ne vit plus nombreux cortège rangés derrière deux Estaffiers vêtus à l'orientale, tenant en laisse aux anneaux d'argent deux énormes lions bien vivants !!

Suivaient deux par deux, à cheval et richement vêtus de Damas incarnat, Fifres, Tambours et Trompettes, derrière eux estoient les Rois d'Armes en tuniques écarlate et or tenant en leurs mains les registres d'honneur ou allaient s'inscrire les faits mémorables de la joute

Puis venaient, à pas lents, quatre Juges de Camp. Ce sont eux qui se prononçaient sur le mérite des assaillants, immédiatement après on vit paraître, portant l'écu de son maître, le nain du Roy René entouré de pages et d'escuyers. Le cortège ayant passé sous les yeux de toute la cour, le nain s'assit sur un coussin, les juges de camp prirent place auprès des Hérauts d'armes. L'écu du Roy René fut suspendu à une colonne de marbre, à laquelle on attacha les deux lions et le son mélodieux des hauts-bois, des flutes et clairons retentirent de nouveau dans la plaine !









On vit alors paraître en face de la barrière des tenants, les champions qui devaient toucher " l'écu des pensées ". Puis dès que l'un d'eux eut ainsi annoncé le défi porté à l'un des défendeurs, les barrières s'ouvrent avec fracas, les chevaliers se précipitent l'un contre l'autre, les lances volent en éclats se brisant contre les boucliers polis d'ou jaillissent mille étincelles, en même temps que les chevaux bondissent se cabrent couvrant leur frein d'écume !

D'autres lances sont présentées par les poursuivants d'armes, puis d'autres assaillants volent à la rencontre des tenants, eux mêmes remplacés à leur tour, à mesure que l'un d'eux est renversé. les cri des Dames trahissent à la fois leur agitation, leurs craintes, leurs voeux, chacun enfin est absorbé par ce spectacle guerrier du plus vif intérêt !

Ensuite quand le calme et le silence se rétablissent, les noms des vainqueurs sont proclamés et enregistrés sur le livre d'honneur. Il n'en va pas de même pour les chevaliers désarmés ou renversés de leurs palefrois, ils viennent humblement présenter aux dames désignées par les heureux vainqueurs un collier, une bague, un rubis ou tout autre joyau de prix.....comme dirait l'autre " c'est l'jeu ma pôv lucette "...Pffff j'plaisante ! 


Nota : une polémique peu naître de l'original de ce manuscrit d'un auteur anonyme ???, document d'ailleurs disparu de la bibliothèque royale. Le problème viendrait qu'il cite Antoine de Bueil présent à cette emprise en 1447 il semble que le fils de Jean V soit né en 1440 ??????


PS : On compta plus de cinquante quatre diamants, trente six rubis et autres bijoux montés, qui furent déposés aux pieds des dames à l'occasion de l'Emprise de la joyeuse garde...M de V

mercredi 7 juin 2023

Le Mariage et la Procréation Encadrée par le Clergé

Aucun domaine de la vie publique et privée des Laïcs n'échappe au contrôle de l'Eglise. Elle a un droit de regard sur toutes les structures, qu'elles soient professionnelles, politiques, économiques et culturelles, de plus elle réglemente particulièrement la cellule de base de la société médiévale, c'est à dire la famille  !!!!

Dans ce domaine le trait essentiel des XII et XIII siècles est la valorisation, la formalisation et la réglementation du mariage. Afin d'éviter consanguinité et bigamie la publication de Bans devient obligatoire, de plus l'interdiction de convoler s'étend à la parenté au quatrième degrés, ce qui est fort lucratif pour le clergé qui vend des dispenses !!

Le caractère sacramentel du mariage est réaffirmé, et l'essentiel réside dans l'échange du consentement mutuel entre époux devant un représentant du Clergé, le Curé est vivement recommandé !!!. 

Il va de soi que le mariage est indissoluble, et le remariage autorisé qu'après la mort d'un des deux conjoints. Le sacrement du mariage est devenu un contrat






Bon l'clergé fait pas dans la finesse, un vrai remède contre l'amour !. Le but premier étant la procréation ils appliquent le principe biblique du " Croissez multipliez ". Allez Hop hop hop, l'curé il a dit qu'il fallait copuler, du coup dès qu'le manant posait ses chausses au bord du lit sa dulcinée tombait enceinte, pas cool le plan !!

La documentation écrite à l'usage des curés du moyen âge sont les pénitentiels et les manuels de confesseurs, ils interdisent rigoureusement toutes pratiques contraceptives, abortives, ainsi que les déviations sexuelles, de la zoophilie, à la sexualité anale et à l'homosexualité, ajoutons au passage la masturbation, allez Hop interdite aussi !!!....ça limite grave le manant !!!

Ces manuels étaient écrits avec un réalisme et une précision de langage, édifiante cette prose et dans le plus pur style de la scolastique ecclésiale  !!!....pas d'bol les gens !!

Mais avec le problème démographique qui se pose dès le début du XIII siècle, l'église médiévale ne sera pas insensible à ce risque de surpeuplement, que pourrait causer une conduite populationniste débridée. Les Théologiens sont conscients de cette croissance sans précédent






Confrontés à cette situation ils feront preuve de pragmatisme. Les manuels de confesseurs feront état que les pratiques contraceptives sont de plus en plus utilisées en raison de la surcharge d'enfants, notamment dans les familles paysannes. Un Robert de Courson note, que parfois des jeunes gens se prêtant serment ajoutent cette phrase " je te prends comme mien ( ou mienne ) à condition de rester stérile " !

En ce XIII siècle la plupart des théologiens admettent que le monde est trop plein, l'époque du croissez multipliez est révolue. Certains en profitent pour déprécier le mariage et exalter la virginité, j'crois pas que ceux-ci avaient des chances de créer des adeptes putentrailles !

D'autres sont plus conciliants et mêmes prêts à des compromis. Un Pierre de la Palud en 1300 admet la pratique du " coitus interruptus "...j'explique aux gens...pas d'panique mordious !!

C'est comme quand tu joute en Tournoi, le long de la lice lance basse...tu me suis la !....et qu'au dernier moment tu relève ta lance pour pas conclure la touche !!!..frustrant mais efficace, pas toujours facile à réaliser..c'est d'la haute voltige morte couille !






Pierre de la Palud dit " l'homme qui répand sa semence à l'extérieur commet une chose détestable, mais si il se retire, afin de ne pas avoir d'enfant qu'il ne puisse nourrir, il ne nous semble pas qu'il pêche mortellement ".....encore heureux morbleu !!!!!

Il faut comprendre que la conception chrétienne de la copulation n'as pour but que de faire des enfants, fournissant ainsi une satisfaction légale à la concupiscence charnelle, admettant que la virginité est au dessus des forces de la majorité du genre humain...Bin vouiiiii !!!!

Saint Paul dit " mieux vaut se marier que brûler en enfer ". C'est pourquoi l'Eglise fait de l'acte sexuel, entre époux, une obligation et un devoir conjugal à partir du moment ou l'un des deux le réclame. le refuser c'est pousser le conjoint à l'adultère ! 

Or, la encore !, l'attitude de l'Eglise médiévale est plus souple que l'on pourrait le penser. La prolifération des prostituées jusque sous les porches des églises et dans les cimetières, comptant parmi leurs clients bon nombre d'ecclésiastiques est déjà une preuve en soi. Bien souvent dans les cités les bordeaux sont entretenus et financés par la maison communale (mairie) et l'évêché, ceci afin de limiter tant que faire se peut les viols ! 






Dans les récits destinés à l'Aristocratie l'amour hors mariage est quasiment une obligation, qui peut être une réaction au durcissement des règles du mariage. Au XIII siècle avec la montée d'une littérature bourgeoise ce but est franchement avoué, bien qu'exprimé de façon symbolique...les sournois !

Le Roman de la Rose en est la parfaite illustration. Alors que la première partie rédigée vers 1230 par Guillaume de Loris est encore pleine de retenue, la seconde quand à elle, rédigée par Jean de meung, vers 1270, est une invitation à la sexualité la plus débridée. Je fournis ici une traduction édifiante d'un bref passage 

Je cite: " Par Dieu, seigneurs !, suivez la nature assidûment et mettez vous tous nus !!!...Levez à deux mains le mancheron de votre charrue et peinez à bouter le soc roidement dans la raie !, et surtout point de mariage la chose est détestable !!

PS: ce qui me fait dire que Jean de Meung était plus Pouët que poète M de V



lundi 5 juin 2023

N° 465) XIV siècle, l'Anti Pape Pierre de Corbario

En ce début de XIV siècle Rome et l'Italie n'offrant plus aux Papes un asile très sûr, Clément V ( Bertrand de Got ) transféra le Saint Siège en Avignon. Son successeur Jean XXII ( Jacques Dueze ) dès son élection au trône pontifical se trouvera aux prises avec de grandes difficultés !.

La plus grave affaire de son pontificat fut son conflit avec Louis de Bavière qui amena le schisme de Pierre de Corbario. Depuis deux ans dans le Saint Empire Germanique il y avait conflit entre Frédéric d'Autriche et Louis de Bavière, afin de savoir lequel des deux allait s'asseoir sur le Trône Impérial ???

Une partie des électeurs acclamaient Frédéric, pendant que les autres faisaient de même avec Louis. malheureusement les deux furent couronnés en ce même jour du 25 novembre 1314. Le Pape Jean XXII quand à lui fut porté sur le trône de Pontife en Avignon en l'an 1316, le pape va laisser le soin aux deux prétendants à la couronne impériale, de vider leur querelle...bref il laisse pourrir la situation

Il est bien évident que nos deux empereurs vont en venir aux mains, très rapidement, par armées interposées et après quelques succés et revers la victoire décisive fut remportée par Louis de Bavière en septembre 1322..Il est vrai que deux joufflus sur un même trône c'est pas pratique !!!








Louis de Bavière sans attendre d'être reconnu par le Pape d'Avignon s'empresse de remplir en plus de ses fonctions d' Empereur du Saint Empire Germanique, celles de Roi des Romains, poussant même l'audace jusqu'à soutenir les ennemis de l'église. Cependant Jean XXII est un Pitbull quand il a quelque chose dans les machoires il ne lâche rien !!!! et excommunie Louis de Bavière le 23 mars 1324

Furieux l'Empereur le traite d'hérétique et fait appel de la sentence devant un concile général qui devait se tenir à Rome. Si j'ai dit que le Pape était un Pitbull il me faut ajouter que c'était également un teigneux !!! et en juillet 1324 il lance une seconde excommunication qui privait Louis de Bavière de tous ses droits à l'Empire !!!

Abandonné par la plupart de ses partisans il renonce à la couronne Impériale, en faveur de Frédéric d'Autriche en janvier 1326, mais il garde toutefois, ce sournois, l'Italie avec le titre de Roi des Romains. Il est vénère le Louis d'Bavière, colère tout rouge des agissements de Jean XXII il va marcher sur Rome et appuyé par le parti Gibelins, fait déclarer le Pape Hérétique en avril 1328 !!!!









Le 12 mai, sur la place Saint Pierre, il fait proclamer Pape un illustre inconnu, un frère mineur de fraîche date, Pierre Rainalluci, originaire de Corvara ou Corvario, qui prendra le nom de Nicolas V !!!

Notre anti pape était un drôle d'oiseau du diocèse de Reate. Le bougre était marié et avait vécu cinq ans avec Jeanne de Corbario, quand au mépris du contrat conjugal et des protestations de sa femme il entre chez les frères mineurs pour suivre la règle de Saint Benoit !!!. Il faut dire qu'au XIV siècle la publication des bans pour le mariage étaient obligatoires et que le divorce n'existait pas !!!

Il va donc, toute honte bue, prêter la main à une élection aussi folle que sacrilège en prenant le nom de Nicolas V. A la grande honte des habitants il parodie dans Rome le rôle et les fonctions de Pape, créant même des Cardinaux complices de ses folies !!

Sa femme va même le citer en jugement devant l'évêque de Reate et en novembre cet évêque publia contre Pierre de Corbario une sentence de condamnation, mais cette sentence ne semble pas gêner notre fumeux moine pour s'asseoir !!!









L'influence de cet Anti Pape est presque nulle, ne se maintenant que tant que durera la protection de Louis de Bavière, c'est à dire environ un an. Il créa cependant, dans son délire, 9 cardinaux et nommera 18 évêques

Comme la marmite commence à bouillir ils vont quitter Rome pour séjourner à Viterbe, puis à Todi, pour revenir à Viterbe en décembre 1328. Passants ensuite à Montemorano et enfin après bien des infortunes ils entrent à Pise

Mais Louis de Bavière va très vite devenir odieux à tous le monde il sera obligé de s'enfuir et de franchir les Alpes en janvier 1330. Notre Anti Pape abandonné, seul avec son délire de grandeur, ne pouvait espérer l'indulgence du Pape d'Avignon que par la soumission

Il va faire amende honorable et consent à être livré à Jean XXII. Celui-ci va lui garantir la vie sauve et l'absolution de ses crimes moyennant une abjuration publique dans toutes les villes qu'il traversera pour le rejoindre en Avignon, doublé d'une assignation à résidence et l'exemption de toute autorité !!!










Pierre de Corbario mettra 20 jours pour arriver en Avignon et traversera de nombreuses villes avec le Nonce Raymond Stéphani comme chaperon. Il fût salué à son arrivée par les hurlements et les imprécations d'une foule en délire qui l'aurait écharpé sans la vigilance des Gens d'Armes !!

Après une dernière abjuration devant le Pape il fut conduit dans les appartements réservés pour lui dans le palais Pontifical. Sous la main de Jean XXII il y resterait avec défense de sortir de son enceinte (pas fou notre Pitbull )

Neanmoins pour agrémenter cette prison dorée il toucherait une pension annuelle de 3000 Florins, ce qui lui laissait de quoi boire quelques litrons pour passer le temps !!!


PS: si l'nain y faisait l'anti pape histoire de boire gratos hein !!!....Pffff je blague m'enfin M de V

vendredi 7 avril 2023

Le Comptoir de la Hanse à Bruges

En 1252 à la demande des Lubeckois (plaque tournante de la Hanse), la Comtesse Marguerite II de Flandres et de Hainaut (mariée à Bouchard d'Avesnes, puis à Guy II de Dampierre), réglait la perception du Tonlieu (impôt sur les marchandises transportées), de la ville de Damme, qui se trouvait être l'avant port de Bruges (la venise du nord), sur le Swin 

C'est à partir de cette date que l'on constate la présence de négociants Allemands de la Hanse dans la cité de Bruges. Ce comptoir devait au fil du temps acquérir une importance considérable et tenir une grande place dan l'histoire de la Ligue Hanséatique !

Ce comptoir jouera le rôle d'intermédiaire entre les pays Occidentaux, la Flandre, le Brabant, la Hollande et Albion. Plus tardivement viendront s'ajouter le Portugal et l'Espagne, tous des pays producteurs de fournitures industrielles

La Flandre était naturellement destinée, en raison de l'importance que prenait le port de Bruges, à occuper la première place dans les échanges commerciaux, d'un accés facile par l'embouchure du Swin, les marchandises étaient déchargées à Damme, puis rechargées sur de petit bâteaux en direction de Bruges








I
l faut signaler qu'avec le temps la partie occidentale des Pays Bas fut ralliée à la Hanse, les territoires de Zutphen, Deventer, Campen et Zwolle. Pour ce qui est des régions de l'Ouest comme le Comté de Hollande, la Zélande et la Frise elles restent en dehors du secteur d'activité de la Hanse et ce sera de celles ci que devaient venir la concurrence !

La Ligue hanséatique était divisée en trois sections correspondant à trois groupes de villes Hanséatiques et gouvernées chacune par deux " Oldermänner ". S'il existait un secret longtemps bien gardé c'était celui du nom des villes de la ligue Hanséatique, mais pas pour les cités et ports ou ils ne possédaient qu'un comptoir commercial !









Il faut remarquer que la croissance du comptoir hanséatique de cette cité coïncide avec le développement des relations " par correspondance ", ce qui favorisait l'établissement d'un comptoir fixe, ayant à demeure, ses commis et ses représentants des principales maisons du commerce maritime

Les hanséates vont jouir dans cette " Venise du Nord ", de privilèges importants, car ils contribuent à la prospérité de cette cité. Cela fournis de puissants moyens d'intimidation aux commerçants Allemands. Si un conflit d'intérêts éclate entre la ville et le comptoir, la ligue menace de transporter ailleurs son comptoir !! et cette menace produit presque toujours son effet !

Cette menace est suivie d'exécution si besoin. A la fin du XIII siècle, les Hanséates en désaccord avec Bruges, transportent leur comptoir à Ardenbourg. Ils avaient à se plaindre des mesures prises par Philippe IV le Bel, qui occupait le Comté, les vins du Rhin étaient frappés d'un droit d'entrée prohibitif. Le comptoir fut à nouveau fréquenté dès 1310, et entre dans sa pleine période de prospérité !








la plupart des difficultés dont se plaignent les Allemands en Flandres provenaient des pirateries dont ils avaient à souffrir. Maintes fois leurs réclamations furent consignées dans le registre des comptes de Bruges, par exemple entre 1369 et 1381. Une fois de plus avec les guerres incessantes et les luttes Franco-Angloises mettent en difficulté la circulation des marchandises, la Hanse transfère son comptoir à Dordrecht en 1388, afin de faire pression sur les autorités Flamandes

Les relations commerciales ne furent reprises qu'en 1392. Il faut comprendre que les Hanséates étaient au centre d'un trafic très important de transit commercial, entre le comptoir de Londres et celui de Bruges !!!. Ils exportaient les laines Angloises vers la Flandre et importaient en retour vers Londres le drap manufacturé de Flandre ! Mais aussi les vins de France qui grâce à eux atteignaient les marches de la Pologne !, sans oublier le transport maritime du Sel, ou les fourrures, la poix, la cire, le bois et les céréales et bien sûr ils détenaient le monopole sur le Hareng et la Morue séchée, denrée vitale à une époque religieuse ou les jours maigres étaient fort nombreux !!




PS: article tiré de l'excellent livre de Madame Régine Pernoud " les villes marchandes au XIV et XV siècles " M de V

vendredi 27 janvier 2023

Une Vision de périgueux sous le Roy Louis XI

Or donc, il faut bien avouer que la guerre de cent ans (1337-1453) avait tout dévasté, nombre de châteaux sont rasés, routiers, écorcheurs et soldats de tous bords ont pillé la Dordogne !. Autour des villes murées, le plat pays est désolé on n'y trouve plus que bêtes des bois

Vingt cinq ans après Castillon, qui sonnait le glas de l'armée de l'Anglois, la plupart des terres autour de Périgueux, ne sont que déserts de friches. A l'intérieur du rempart d'enceinte de la ville, bon nombre de murs sont lézardés, les charpentes disjointes et les toitures effondrées !

Si avant la guerre, la commune cloture renfermait plus de 1500 Bourgeois, à l'avénement de Louis XI on n'en compte plus que 366, je n'ose même pas vous parler du pauvre Manant de citadin, qui faute de moyens crevait la faim !

Lorsque prend fin cette période guerrière de 116 ans, entrecoupée de Trêves et de Traités, les contours de la cité de Périgueux montrent une haute muraille crénelée, dessinant un fer à cheval fermé par le cours de la rivière. A qui vient de l'extérieur, le Bourg montre fièrement ses douze portes et ses trente et une tours. Dans le corset bien serré de ses murs, quel dédale de ruelles, venelles et cafourches (carrefour) !!!





Quel fouillis de maisons et d'ateliers de commerçants, s'entassant sous le regard de la sentinelle du Guet qui veille au sommet du clocher de Saint Front. Si étroites sont les rues que notre guetteur ne voit que toits pentus et jardinets enclos de murs !

La Bourgeoisie y constitue le monde des marchands, dans cette couche de la société se recrute les Consuls (adjoints du Maire), quand au Maire, ce sera un Bourgeois ou un représentant de la petite Noblesse régionale. Un Forton de Saint Astier, Seigneur des Bories, sera élu plus de 10 fois au cours de sa vie

Les Consuls sont au nombre de neuf et pouvant aller jusqu'à douze, élus pour un an à l'Hostel de Ville, ils le sont par les Consuls sortants, ces notables éliront le nouveau Maire, pour une durée d'un an comme les Consuls

Dépendants de l'hostel de ville, on trouve les petits officiers de Police. Ils sont 4 Sergents, plus un Géolier et le Bourreau, vêtus de chausses violettes, et la cotte mi parti de Pers (bleu foncé), et de violet. Le maire dispose également d'une Milice municipale. En ce qui concerne la justice, Périgueux dispose d'un Juge et d'un Procureur






L'indépendance d'esprit de nos Bourgeois de Périgueux se retrouve jusque dans leurs vies professionnelles. Car on a beau consulter les archives, pas une seule fois on trouve la mention d'une quelconque Corporation ou Guilde de Métier ???

Tisserands, marchands Drapiers, Merciers, Teinturiers et Foulons, restent des artisans libres. Il en va de même pour les Savetiers, Bouchers, Chapeliers etc...Ils ne sont même pas, ormis les Bouchers, regroupés par rues, comme c'était le cas pour Sarlat par exemple, ou l'on trouvait métiers et guilde regroupés par secteurs

Les paysans qui venaient au marché hebdomadaire, vendre leurs produits pouvaient se procurer tout ce dont ils avaient besoin, outillage bêches, pelles, pioches, soc de charrue chez le Fèvre, puis vêtements, souliers, sabots et chapeaux sur l'étal des artisans

Ils trouvaient nombre de tavernes et auberges ou boire le clairet et l'hypocras, voir même s'ils avaient fait de bonnes ventes, entrer chez le pastissier, rue Eguillerie pour acheter des oublis ! ou encore faire une repue à l'auberge, mais c'était plus cher !








Il y avait trois foires annuelles, celle de la Saint Mémoire, de la Saint Front et de la Mi-Carême, peuplant ruelles, places et cafouches d'étals de marchands attirants à grand cris le chaland et le curieux, dans le même temps cela remplissait aussi la prison de malandrins, tire laine et vide goussets !!

Dans les archives est noté la présence de quelques Barbiers Chirurgiens et un ou deux médecins. En 1480, le Sénéchal donne chasse à ceux qui prétendent soigner les malades, sans être détenteur d'une licence ou d'un doctorat en médecine des Universités. Cela tombait bien, la plus réputée et la moins éloignée était celle de Montpellier, ou étudiera, à quelques années de la, François Rabelais

Il existait aussi, bien sûr des barbiers qui rasaient taillaient barbes et cheveux, ne s'occupant ni des saignées, des dents, des furoncles et kystes, et autres joyeusetés, réservées aux chirurgiens et médecins. Tout un chacun allant chez l'Apothicaire chercher remède sur ordonnance de ce dernier...mais c'était pas donné !









De ces citadins, quelles sont les conditions de vie, que gagnent ils ?. Le Sénéchal touche du Roy 300 livres par an (environ 3600 euros mensuel), Juge et Receveur Royal 100 livres par an ( environ 1220 euros mensuel).

Pour le manant, simple Manouvrier, il est payé à la journée par la ville et gagne deux Sols (ou sous) par jour, alors qu'un ouvrier qualifié, charpentier ou couvreur, touche deux Sols et demi par jours. 

Si l'on tient compte des dimanches et des jours chomés pour les fêtes religieuses, il reste bon an mal an, 280 jours ouvrables. Ce qui fait que le manouvrier touche 28 Livres par an (environ 341,72 euros mensuel), et l'ouvrier qualifié 35 Livres par an (environ 427,15 euros mensuel)...c'est peu !!!

Le loyer annuel va de 4 à 30 Sols (ou sous) en fonction du logement, pour la cité la moyenne se situait autour des 14 Sols, soit environ 102,52 euros à l'année. Espérons que le Manouvrier trouvait à se loger pour 4 Sols !...sinon il ne lui restait pas grand chose pour manger, encore fallait il se chauffer et s'éclairer mordious !









Un repas dans une taverne ou une auberge se paie 8 Deniers (environ 4,88 euros), car peu de gens dans les cités mangeaient chez eux, faute de place ils n'avaient pas de cuisine, c'était soit le marchand d'oublis soit la taverne. Une charette de bois de chauffage coûte 8 deniers soit le prix d'un repas à la taverne !

Pour l'éclairage la bougie de cire, luxe des gros bourgeois vaut 3 Sols et 8 Deniers à la Livre, soit 26,85 euros le lot d'une livre de bougies, la Chandelle de Suif, qui vous empuantis la maison coûte en revanche moins cher, 12 Deniers la Livre soit 7,30 euros la livre de chandelles

PS: La ville est pauvre mais la bourgeoisie est riche à tel point que grace à leur Or ils passeront de la Bourgeoisie à la Noblesse, épousant des filles de Nobles du Périgord ruinés par la guerre de cent ans...on nommait cela la Savonnette à Vilains....M de V

Nota: ce n'est que 22 ans après Castillon, en 1475, au traité de Picquigny que Louis XI signa le seul document qui mettait fin à la guerre de cent ans !!!!

mercredi 25 janvier 2023

Le Cursus Scolaire Médiéval

Le Médiéviste Jacques Verger, spécialisé dans le domaine de l'Université au Moyen âge nous dit, je cite : L'histoire des Universités ne peut pas se faire sans référence à l'ensemble de l'histoire de la période considérée!. Elle commence par une question, pourquoi et comment dans ce monde, encore mal connu, des écoles du XII siècle, sont nées les Universités proprement dites ??

En ce XII siècle des écoles Laïques ne subsistaient qu'en Italie, des écoles privées, mal connues, Rome, Ravenne, Bologne, Pavie etc.. On y enseignait avec les sept arts libéraux, des élément d'art Notarial, de Droit pratique. A Salerne, aux marges du monde Arabe, une active école de Médecine s'était développée dès la fin du X siècle

Partout ailleurs, les écoles étaient entièrement aux mains de l'église. Pas une école qui ne fut rattachée à un grand établissement religieux, Monastère, Abbaye, Cathédrale ou Collégiale. Ces écoles étaient d'abord destinées aux Oblats des monastères et aux jeunes Clercs qui formeraient plus tard le Clergé. il faut bien avouer que ces écoles étaient de niveau médiocre, ne dispensant qu'un enseignement élémentaire, apprendre son livre de corne, un peu de lecture, de l'écriture et quelques bases de mathématiques, ( voir article sur le sujet)








Pendant le XII siècle le programme des écoles était encore celui qu'Alcuin ( voir Article ),avait assigné aux écoles Carolingiennes. C'est à dire les sept Arts Libéraux, répartis comme suit, Le Trivium : grammaire, dialectique, rhétorique, puis le Quadrivium : mathématiques, géométrie, musique et astronomie ( voir article )

La Théologie en était le couronnement dans chaque matière, le rapport à Dieu était abordé dans tous les domaines de l'instruction, sorte d'endoctrinement martelé par des maîtres qui bien souvent avaient la main lourde ! ( voir article )

Cependant c'est au long de ce XII siècle que se fera la révolution communale ( voir article ), les cités vont petit à petit s'émanciper de la tutelle des nobles et des ecclésiastiques qui régissaient leurs vies. Les villes vont créer de nouvelles conditions de vie et le rapprochement de tant de gens, d'origine diverse, offraient des possibilités inouïes d'enrichissement matériel, intellectuel et spirituel 

Il est clair que la naissance des Universités est indissociable de la renaissance de ces villes et cités de ce milieu du Moyen âge  !!!









La ville c'était la liberté, par opposition à la campagne. Dès qu'elles atteignaient une certaine importance, soit par la force, mais plus souvent par négociations et compromis, obtenaient une certaine autonomie, avec des garanties Juridiques, Fiscales et Militaires !

Imaginez l'influence de ce mouvement communal ( voir article ). A tel point que la multiplication des écoles dans les cités allait poser, bientôt, des problêmes d'organisation. C'est de cette remise en cause des institutions scolaires que devait sortir dans les premières années du XIII siècle l'Université de Paris

Malheureusement le recrutement des Escoliers ne va pas s'intégrer au reste de la société Urbaine. Il en résulte entre Escoliers et Bourgeois une tension permanente, provoquant des conflits violents dans les cités ( voir article ). Maîtres et Estudiants comprirent vite qu'il était de leur intérêt de rester dans le giron de l'église pour echapper à la police urbaine et à la justice du Roy. Ils ne s'opposeront pas aux autorités ecclésiastiques de définir l'étudiant comme un Clerc, en cas de problème ce dernier ne relevait que d'un tribunal ecclésiastique !..bien pratique pour ces étudiants turbulents, bagarreurs, en bref des fauteurs de troubles









A
l'intérieur de cette réalité fondamentale qu'était l'Université, des subdivisions sont apparues au cours du XIII siècle, les Facultés et les Nations !. Les facultés supérieures de Théologie en Droit Canonique et Civil, celle de Médecine, et la faculté préparatoire des Arts ou l'on enseignait les 7 arts Libéraux du Trivium et du Quadrivium. On ne pouvait en général entrer dans les études supérieures sans avoir été reçu Maître es Arts de la faculté préparatoire, diplome que l'on obtenait aproximativement autour de l'âge de 21 ans !

Les Nations, l'autre subdivision importante de l'Université, avaient un aspect plus corporatif, au sein de chaque Nation on trouvait une organisation d'entraide et de défense mutuelle des Maîtres et des Estudiants, correspondant au désir naturel de gens de même origine. on trouvait à Paris, la nation France, au sens médiéval, regroupant les étudiants de France et du Midi, d'Italie et d'Espagne, puis la nation Normande, la nation Picarde et pour finir la nation Angloise !  

Sortant de la faculté préparatoire " Maître Es Arts " l'Estudiant entrait en faculté supérieure, l'évolution au sein de celle ci était sanctionnée par des grades. On redevenait d'abord Estudiant, puis Bachelier pour obtenir la Licence et enfin devenir Docteur








Le
Doctorat suivait la Licence le jour de son intronisation, le nouveau promu, recevait du Chancelier de la Faculté concernée, barette, anneau d'Or et livres. Mais il devait offrir à tous ceux qui assistaient à la cérémonie un fastueux banquet accompagné de divertissements et de cadeaux pour les Maîtres et Docteurs de la faculté !!!

Dispendieux final que ce Doctorat, qui vous asséchait l'escarcelle !!. Cela revenait fort cher, à tel point que beaucoup de Doctorants étaient obligés de s'endetter !!!

Pour cela beaucoup d'estudiants impécunieux, qui ne se destinaient pas à l'enseignement renonçaient au Doctorat et se contentaient de la Licence. Si l'on fait, grace aux archives, et au convertisseur de monnaies de l'ancien régime sur mon ordinateur....le coût de la Licence et du Doctorat atteint le montant allucinant de 28 343, 42 Euros Putentrailles!!!!!

PS: plus tard, à la Renaissance, un François Rabelais pratiquera la Médecine à Lyon avec seulement sa Licence, il retournera quelques années plus tard à Montpellier pour présenter son Doctorat, c'était toujours aussi douloureux pour l'escarcelle ...M de V



vendredi 6 janvier 2023

La Reliure au Moyen Age

A partir du VII siècle ( haut moyen âge), une famille Franque prend en main le destin de l'Europe après les grandes invasions. Pépin le Bref, puis son fils Charlemagne, couronné Empereur en l'an 800, vont afin d'établir leur pouvoir, après le passage des hordes d'envahisseurs, s'appuyer sur les ecclésiastiques et la Papauté et entretenir avec l'église des relations étroites !

Les Monastères et Abbayes à la tête desquels ils nomment parents et conseillers deviennent les principaux relais administratifs du territoire. La religion sert de base à l'unification des populations peuplant leurs états. L'adoption d'une écriture commune à tous " la minuscule Caroline ", de l'empire Carolingien, ainsi qu'une large ouverture des apprentissages de la lecture, l'écriture et le calcul, permet aux Clercs religieux et Laïcs d'élever le niveau d'instruction

Le livre " Carolingien " est au carrefour des courants artistiques traversant l'Europe du VI à la fin du VIII siècle. C'est un Codex, composé de plusieurs feuillets de parchemins pliés, nommés cahiers, ils sont cousus ensemble et protégés par une couverture. Cette présentation des textes constitue une véritable révolution par rapport au rouleau parchemin nommé " Volumen " qui imposait une lecture continue !








Le Codex permet d'accéder à n'importe quel chapitre de manière directe. Comme l'indique Alcuin dans une lettre aux Evêques, lui qui fut le premier Prof de l'éducation Médiévale....(et non point Nationale), je cite : " il faut coudre ensemble et couvrir les cahiers des manuscrits, afin d'éviter qu'ils ne soient perdus ou dispersés par les lecteurs ! "

Au IX siècle les Abbayes ont leurs propres Relieurs ou utilisent des Relieurs itinérants et la plupart de ces reliures sont en cuir. Par exemple: en 774, Charlemagne, offre une forêt à l'Abbaye de Saint Denis, et surtout les cerfs et chevreuils qui y vivent, de manière que les moines disposent des peaux nécessaires pour couvrir les codex de leur bibliothèque 

Le codex carolingien est un ensemble de cahiers de parchemins cousus à l'aide de ficelles de Chanvre ou de lanières de peau, selon un système qui s'appuie sur le plat de la reliure, composé de planchettes de chêne appelées " ais ", l'ensemble constitue un bloc compact et massif que l'on recouvre d'une peau épaisse de daim, cerf ou chevreuil. La réalisation d'un manuscrit de type carolingien est le plus souvent localisée au sein d'un scriptorium monastique ou épiscopal









On y trouve une équipe de copistes, d'enlumineurs et de relieurs intinérants ou pas, Clercs et Laïcs, qui sous la houlette d'un chef d'équipe produisent des textes sacrés ou des écrits de l'Antiquité classique, produisant les bases nécessaires à l'enseignement, ainsi que le matériel indispensable aux intellectuels pour leur propre réflexion

On trouve également, déjà, des manuscrits d'apparat offrant sur des reliures une débauche d'orfèvrerie, d'incrustations de pierreries, d'émaux, de perles et d'ivoires. Ce sont le plus souvent des manuscrits bibliques et liturgiques dont le contenu se couvre aussi d'un fastueux décor ou se mêlent l'or, l'argent et la pourpre, exemple : l'évangéliaire de Charlemagne que l'on peux voir au musée de Saulieu

L'écriture va évoluer au fil des siècles, passant de la Caroline, à la Gothique et à l'écriture Vernaculaire, l'Or et l'Argent employés dans les écrits et dans les décors d'enluminures sont préalablement broyés en poudre que l'on mélange à de la Gomme Arabique. Paris deviendra au XIII siècle la référence en matière de production de manuscrits, surtout dans le domaine de l'illustration, au point que Dante associe dans sa divine Comédie le nom de Paris à l'Art d'enluminer









Si jusqu'au milieu du XV siècle Paris reste la capitale renommée du livre et de l'enluminure de codex de luxe, la reliure va quand à elle évoluer. La Montagne Sainte Geneviève, son Université, ses facultés et Collèges demandent toujours plus d'écrits. Que les cahiers soient cousus autour de nerfs de boeufs, ou de lanières de cuirs, ou qu'ils soient reliés au final avec du cuir de mouton, de truie, d'âne, de cerf, de daim ou de chevreuil importe peu ...seul le contenu est dévoré par des centaines d'estudiants !!!

Le livre " codex " est devenu l'outil, l'auxiliaire indispensable du travail Universitaire. Les livres se sont multipliés en Occident dès le XIII siècle et les Universités en Europe sont responsables de cet essor, les livres sont devenus des objets courants de format maniable et fabriqués à moindre frais, par la suppression des enluminures et la multiplication des abréviations !!! 

Pour permettre la diffusion rapide des livres en dehors des Monastères et des scriptoria des églises Cathédrales, sans que se dégradât la qualité des textes, quelques " Stationari ", (éditeurs plus que libraires), agréés par l'Université, se procuraient un " exemplar ", sur un sujet en usage dans une faculté ou un collège, ceci afin de l'étudier en détail avant de le mettre en circulation pour les estudiants ...!!!!









Après l'examen par une commission de " Docteurs " de l'Université notre " Exemplar " était divisé et remis en " cahiers " pour une plus grande circulation. Lorsqu'un Maître ou un Estudiant désirait se procurer un texte de cet " Exemplar ", il louait le cahier à un tarif fixé par l'Université, puis en faisait transcrire le texte par un " Copiste " avant de le rendre. C'est la qu'il fallait se méfier de ce petit Démon farceur de Titivillus !!!!!

Comme chaque exemplar était fait de cahiers séparés  " peciae ", plusieurs copistes pouvaient travailler sur le même exemplar simultanément, vu que chacun n'utilisait qu'une " pecia " à la fois, ainsi se diffusaient en de nombreuses copies, reliées de bric et de broc, les textes, mais toutes faites sur un original impeccable des principaux textes ...du moins en principe !!  


Nota: en France la première presse est installée au collège de la Sorbonne en 1470, le premier livre imprimé est un ouvrage en latin destiné aux professeurs et estudiants de la Sorbonne. Près de 150 villes Européennes vont produire avant 1501 leurs premiers livres imprimés, nommés " incunables "







PS
: Mais il y avait le Démon Titivillus, employé par Satan, afin de relever ou de parsemer d'erreurs le travail des Copistes et ce en vue de les collecter pour les ramener à son patron. la première référence à ce personnage se trouve dans le " Tractatus penitentia " vers 1285. C'est un fourbe ce petit Démon !! de Titivillus, qui, s'il ne trouve pas de fautes ou d'erreurs d'un codex, va en soupoudrer les écrits putentrailles !

Mais notre Titivillus est aussi nommé comme le " Démon Patron des Copistes ", puisqu'il offre à ces derniers une excuse facile pour les erreurs sur mots et syllabes parsemant les manuscrits recopiés....Wouais je sais qu'il vient souvent sur le Blog du nain Pffffffff 

Selon la traduction de nos copains d'Albion, de l'autre côté d'la Manche en face, il est perçu comme " le pôv diable, qui doit chaque jour, apporter à son Maître un millier de sacs pleins d'erreurs dans les syllabes et les motsM de V

jeudi 27 octobre 2022

N° 460) Pour en finir avec Schöntal 3/3

Toute médaille a son revers il en va de même pour ce Monastère ! Pour finir cette série de trois articles sur Schöntal je vous demande de suivre mon raisonnement. libre à vous ensuite d'acheter le Cloître des Ombres et vous forger votre propre opinion sur le " Liber Revelationum " de l'Abbé Richalm

La discipline des gestes, les façons de marcher, les manières de table caractérise la vie monastique depuis l'origine. Elle fait l'objet d'écrits à l'usage des Moines destinés à former les Novices lors de leur apprentissage et  le Chanoine, Hugues de Saint Victor, par sa prose, en fut l'un des promoteurs !

Cependant cette manière d'instruire allait de soi quand existait l'Oblation, ces jeunes enfants dès leurs premières années grandissaient sous l'autorité de la règle enseignée par le Maître des Novices, les enfants se conformaient plus facilement à ces exigences régulières. Mais à l'époque de l'Abbé Richalm il n'y a plus d'oblation.

Les novices sont incorporés à son monastère à l'âge approximatif de 18 ans !!! Ils possédent tous les comportements de la vie extèrieure de ce siècle notamment ceux de la chevalerie, n'oublions pas que chez les nobles c'est souvent le deuxième fils qui entre en religion puisque l'aîné hérite du domaine !!!!!...Je pense que cela devait poser des problème à l'Abbé aussi bien qu'au Prieur pour discipliner ces fougueux novices !!!!





Seulement voilà il est beaucoup moins facile de former de rétifs novices de 18 ans que des oblats de 5 ou 6 ans. Pour répondre aux attentes de la communauté aucun de ces novices ne devaient se distinguer des autres moines, ni par des gestes exubérants, ni par des paroles inutiles et déplacées et encore moins par des éclats de rire. Quand on connaît le language fort peu châtié des gens du Moyen âge, ainsi que leurs manières de vie débridées cela ne devait pas être simple !

Bien ordonné en apparence et à l'abri des transgressions du siècle, le monastère est en réalité " un champ clos " ou s'affronteront furieusement ou insidieusement, les ambitions, les jalousies ainsi que les rancoeurs cuites et re-cuites qui engendrent toutes sortes de sourdes querelles entre moines !

J'en veux pour preuve  que la colère passe avant l'orgueil dans le Liber revelationum de Richalm, puisque ce vice y est cité un grand nombre de fois. De plus il faut compter avec les railleries qui l'emportent haut la main sur la charité chrétienne et la compassion due à ses frères en religion  

Les démons seront toujours tenus pour responsables de ces querelles et railleries entre frères d'une même communauté et même Richalm que fut Prieur de Schöntal avant d'en devenir l'Abbé n'échappe pas à ce sort commun !!!!





Quand l'Abbé Richalm affiche une mine réjouie ou éclate de rire, c'est à l'action d'un démon qu'il attribue ce comportement, et notre Abbé étant un habitué du Scriptorium a surement lu les écrits de Hugues de Saint Victor ou il dit " j'ai jugé le rire comme une erreur " ou encore " que jamais la joie spirituelle ne conduise au rire "

Je ne peux faire autrement que de faire un rapprochement avec le livre de Umberto Eco, ainsi que le film qui en découle " le Nom de la Rose ", ou un acariâtre vieillard, " le révérend Jorge " ce bibliothécaire aveugle fustige le rire !!!!...ce passage du film a marqué mon esprit à tout jamais !!!

Rien n'est simple dans un cloître et l'hilarité chez les moines est nécessaire  de temps à autres afin de faire accepter les rigueurs de la règle monastique, le rire soulage l'âme du moine écartant de celui ci  la tentation de " l'Acédie ", cette dépression morose qui toujours le menace. Cette affection spirituelle décrite en théologie comme atteignant principalement les moines et se manifestant par l'ennui, le dégoût de la prière et le découragement. Le rire selon Richalm n'est pas seulement la marque d'une âme insouciante, mais d'une âme qui oublie que cette vie est une vallée de larmes, et qu'en d'autres termes  il convient de préparer cette guenille, qu'est le corps, à la mort !!!!



Nota: Dans la deuxième partie du livre " Le Cloître des Ombres " vous trouverez la transcription des conversations entre l'Abbé Richalm et son copiste le Frère " N "...votre copiste le Nain vous en souhaite bonne lecture !



PS: pour votre copiste le nain ces démons ne sont que le reflet de l'âme humaine et ne sont qu'excuses au septénaire des vices, qui en théologie et pédagogie morale, en ce XIII siècle, défini l'Orgueil (superbia), l'Envie (invidia), la Colère (ira), l'Acédie (accidia), l'Avarice (avaritia), la gourmandise (gula) et pour finir la Luxure (luxuria)...ce n'est que mon humble avis car je ne suis pas plus docteur en théologie qu'historien Médiéviste ( pour vous procurer ce livre " le cloître des ombres " de J-C Schmitt..NRF éditions Gallimard 2021 )   M de  

mercredi 26 octobre 2022

Les Moines de Schöntal 2/3

De la quarantaine de moines qui habitent, respirent et se déplacent dans les lieux que nous avons décris dans le précédent article, nous savons qu'ils formaient un groupe indistinct et uniforme, de part l'habit et le comportement collectif. Ce sont les anonymes de l'Abbaye !

Dans ce groupe on distingue d'abord des fonctions ou des offices, en premier l'Abbé, le Prieur et le sous Prieur, puis le Cellerier chargé de l'intendance, le Portier surveillant entrées et sorties, l'Hospitalier chargé de d'héberger visiteurs, voyageurs de passage, pèlerins. Ensuite l'Infirmier, le Maître des Novices s'occupant des plus jeunes, Le Chantre chargé du chant et du choeur des moines, le Lecteur chargé des lectures quotidiennes au réfectoire, et pour finir le Sacristain chargé de préparer l'autel avant la messe !. Bien sûr suivant le codex ces piliers de la communauté seront assaillis par les démons

Dans cette communauté l'anonymat est de règle, par l'uniformité du vêtement, la coule dont la capuche dissimule le visage et les manches qui enferment les mains, ces religieux, par choix, n'ont plus de volonté propre, ils obeissent à la règle et à l'Abbé. Eux aussi seront assaillis par les démons et feront remonter l'information soit au chapitre soit au parloir vers leur Abbé, mais aussi en confession ( à savoir que tous les moines ne sont pas prêtres)






Cependant l'anonymat n'est pas total puisque beaucoup d'entre eux sont désignés dans le codex par une initiale et à l'instar de frère "N", rédacteur du texte, certains seront aussi signalés par la lettre " N ", on trouve un frère "N " qui a bien chanté lors de la fête de la nativité de la vierge, puis un autre frère "N ", celui ci ami de Richalm, dont les démons font enfler le ventre tout un été, jusqu'à son trépas !

D'autres moines font l'objet de descriptions, deux d'entre eux bien connus du copiste " N " et de Richalm sont cités, Adelhard et Adelhold, deux personnalités aussi opposées que possible !!. Du premier Richalm observe les habitudes vertueuses, Adelhard aime son prochain, alors que cet aveugle de Abelhold, en proie aux démons refuse de pardonner à des adversaires qui sont, bien sûr, d'autres moines !. Richalm ira même jusqu'à lui refuser la communion pour le punir !

D'un autre côté si la cloture monastique est réelle elle n'est pas étanche pour tout le monde, l'Abbé est en contact avec le monde extérieur, source d'autres tentations des démons. Discutant de ses problèmes de santé avec Rüdiger, le valet d'écurie il lui fut proposé de soigner ses maux grâce à une sorcière du village voisin, celui ci refuse ce procédé illicite, selon les écrits du codex, et s'en remet aux bénédictions de l'église 









S
elon la règle la vie du monastère s'organise autour de la prière et du travail, cette activité pour le moins physique a une finalité matérielle qui est avant tout de fournir la nourriture de la communauté. Pourtant selon les écrits, les moines de Schöntal ne semblent pas réceptifs au caractère rédempteur du " Labor " (labeur), ils ne cessent de protester contre la fatigue et les douleurs que leurs valent le travail des champs, bêcher, faucher, faner, moisonner et tailler la vigne

Les démons les font murmurer contre ces contraintes, dit le codex, ils comparent leur labeur au travail forcé imposé par les Sarrasins aux captifs chrétiens des croisades !. L'Abbé Richalm lui même n'évite pas les conseils d'un démon qui désire le voir redoubler d'efforts, de sorte qu'il aura deux fois plus de raisons de se plaindre, tout en se sentant coupable de ne jamais en faire assez.....sournois le démon !!!

Or donc les moines ruminent et si la voix ne doit être utilisée que pour la louange de Dieu, il n'en demeure pas moins qu'ils ronchonnent dans leurs capuchons. Ils n'ont pour s'exprimer que le Parloir, la Confession et le Chapitre dans une certaine mesure !..ils se doivent de garder le silence !








Pour communiquer entre frères ils utilisent un langage gestuel, mis au point au XI siècle à Cluny, permettant de dire l'essentiel avec ses doigts, dans un style laconique et frustrant, du genre " passe moi le pain " ou " donne moi à boire ",cependant au XIII siècle ce langage avait considérablement évolué et ces moines pouvaient avoir des conversations bien plus élaborées !

Mais selon les écrits du codex de Richalm si un son s'échappait de la bouche d'un moine à son corps défendant, ce dernier va de suite incriminer un démon qui lui fait enfreindre la règle du silence. Si l'on se réfère pour simplifier au film " le nom de la Rose " tout est prétexte pour justifier les assauts du Malin !!

Je voudrais aborder un sujet qui m'est cher. Le travail des Copistes dans un Scriptorium comme celui de Schöntal, il est lui aussi silencieux et appliqué, lieu ou bruissent seulement les murmures des moines épelant les mots qu'ils sont en train de caligraphier ainsi que le raclement de la plume sur le parchemin. On trouve le plus souvent dans cet endroit ceux qui savent lire et écrire et ils sont bien souvent à l'origine de cette évolution de la langue par gestes










C'est une ascèse également très dure, souvent épuisante pour le dos et les yeux, travail exécuté toujours dans le froid et le manque de luminosité. Ces moines copistes peinent à la tâche, s'en plaignent entre eux par gestes et font remonter leurs récriminations au chapitre de la salle Capitulaire 

Le tracé des lettres en calligraphie requiert une telle attention des copistes, que selon le codex, ce tracé continue de les poursuivre jusqu'aux portes du sommeil. et l'Abbé Richalm et frère " N "ne se privent  pas d'adjurer les copistes  d'êtres fidèles au texte dans leur travail sur le Liber revelationum !!!



PS: toutes les activités pieuses des moines de Schöntal ne se déroulent pas sans dérives et transgressions; ils aspirent à une vie Angélique, mais néanmoins restent humains, succombant aux péchés susurrés par les DEMONS....dans le troisième volet nous les évoquerons M de V