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mercredi 16 février 2022

N° 425) Le Poids de la Dîme Sur le manant du Moyen âge

En voila une taxe qui fera du mal aux pauvres du Vilain au Manant. Au départ on avait emprunté à l'ancienne loi Juive une de ses institutions " La Dîme ", c'est à dire que l'on impôsait sur la propriété individuelle, mais à la condition d'associer pour une part le pauvre, reversant au manant un peu de la fortune du riche !

Grande et magnifique idée !, vraiment chrétienne, mais qui entre les mains du Clergé allait dégénérer au Moyen âge et cette Dîme qui devait soulager la misère du peuple allait bientôt peser sur celui ci d'un poids écrasant. On allait les tondre comment moutons et bien heureux s'ils conservaient le cuir après leur passage !

Le concile de Tours en 567 et celui de Mâcon en 585 exortent les fidèles à donner la dîme sur leurs biens aux églises, c'est alors que l'on constate éberlué la progression que suivra le Clergé dans ses évoluantes exigences !. Si dans le premier concile il invite à donner la Dîme au Clergé, dans le second c'est un ordre qu'il intime en l'accompagnant d'une menace d'excommunication !

Inutile de rappeler que le peuple pour sa grande majorité est très croyant et le menacer d'excomunication était terrifiant, il ne pouvait y avoir pire punition pour le croyant, je sais qu'à notre époque cela peut prêter à rire, mais au moyen âge cela ne faisait pas rire du tout !!!!









Le principe une fois admis les exigeances de l'église seront en progression constante. Le Pape Alexandre III lança l'excommunication contre ceux qui refusaient de payer la Dîme, non seulement sur les fonds, mais aussi sur les moulins, les rivières, les près, les laines, les abeilles et bien sur sans oublier dans les cités le soldat, le négociant et l'artisan !

Il est dit dans le concile de l'an 909 : " Que tout homme sache que l'intelligence dont il tire sa nourriture lui vient de Dieu et qu'il lui en doit la Dîme ", pour sur que comme ça on risque pas d'oublier quelqu'un mordious 

En 1180 le Monastère de Saint Bertin, près de Calais, va obtenir le droit de prélever la Dîme sur la pêche du Hareng !. Les Calaisiens vénères jurent qu'ils aimeraient mieux  décimer les moines que de voir leurs pêches décimées par eux. Malheureusement pour eux ils seront obligés de céder en 1195. Nos Prélats vautrés dans un luxe proverbial allait donner à la langue Française une expression nouvelle se prélasser !!!! 

Celestin III ordonnera d'établir la dîme sur la chasse puis sur la paye des soldats. Ces derniers étant fort peu souvent payés se voyaient dans la nécessité de rapiner manants et vilains pour éviter les foudres du Clergé !










Les Canonistes du Clergé allérent plus loin dans la rédaction de leur Traité des Dîmes, l'église poussait jusqu'à exiger des filles follieuses, les ribaudes et bordelières qu'elles associent la dîme aux bénéfices de leur travail...Bref la paillarde devait payer putentrailles !!!

Pendant ce temps la, le pauvre paysan se mettait sous la dent ce morceau de pain provenant de son blé mais qui était taxé trois fois, la dîme sur ses gerbes de blé que le décimateur de l'église venait prendre sur son champ, puis la taxe au moulin seigneurial pour avoir sa farine et une autre fois quand il portait au four Banal sa pâte à cuire !!

C'était pour le malheureux campagnard un pillage de tous les instants, car bientôt à côté des grosses dîmes on trouvera les moyennes puis les menues. Il sera même inventé une Dîme verte, frappant les produits du verger et du jardin, pommes, poires, cerises et autres fruits, puis les raves, choux et oignons du potager

Le paysan se laissait dépouiller, habitué qu'il était de l'être, s'estimant presque heureux de n'être tondu qu'à sa mort, par ce prêtre, qui venant l'absoudre comme mourant inventoriait le mobilier pendant son pieux ministère. Car après le décès il viendrait faire son choix. Cette extorsion c'était le Tierçage, le curé s'attribuait le tiers du mobilier à la mort de chacun de ses paroissiens !!!









Quand à vous dire si ce Tierçage faisait partie de la grosse, la moyenne ou la menue Dîme je ne saurais vous dire ????. Mais en Bretagne en l'an 1288, les plaintes des pauvres Ahaniers furent si vives que le Duc, Jean II, abolit le Tierçage, sacrilège mordious !!, le clergé va remuer ciel et terre et députa des émissaires au Saint siège de Rome afin de demander à l'autre en Tatanes brodées une mise en interdit des états du Duc !!!. Cependant l'arme brandie de l'excommunication dont l'église menaçait le peuple commençait à s'émousser et Rome va laisser l'affaire en suspend.

Mais pour conclure, parlons des pauvres Ahaniers, ces manants libres, tout le poids social leur tombait dessus, comment osaient ils posséder terres et Alleux mordious !, du moins dans les régions ou il en restait !. Ces derniers voyant que l'on exigeait plus qu'ils ne pouvaient donner ou qu'ils possédaient préférèrent ne plus rien posséder et ils se donnaient eux mêmes avec femmes et enfants aux moines, aux curés et seigneurs, bref à ceux qui voulaient bien d'eux !!!

Nota: Sous l'Abbé Richard (dit Delamare),de L'Abbaye de Jumièges, à partir de 1191, on trouve noté que l'office de Sacristain était un poste très important et surtout très lucratif. Ce poste ne consistait pas uniquement à s'occuper des vases sacrés et du mobilier des lieux de cultes de l'Abbaye, il y avait aussi un revenu attaché à cette charge, " le droit mortuaire " sur toutes les paroisses de Jumièges, droit qui consistait à prendre le meilleur habit de chaque défunt, ainsi que le tiers de ses meubles !!!


PS: bon j'voudrais pas faire mon sucré hein !! mais....y en a qui disent que quand on connait pas son histoire on a point d'avenir !!! ne sommes nous pas tondus d'une autre façon avec nos crédits auto, maison, les études des enfants, les assurances et les mutuelles..Heuuu je continue ou j'arrête la ????...M de V

lundi 14 février 2022

Sournois Innocent III avec les Albigeois !

A toutes les causes de guerre du Moyen âge vint s'en greffer une autre, le fanatisme religieux entretenu par nos gras Prélats, nous en trouvons les effets du XII au XVIII siècles. Ces guerres de religion ne cessèrent d'attirer la misère sur les populations de nos campagnes qui ne pouvant fuir subissaient, comme si le paysan n'en avait pas à suffisance !

La guerre contre les Albigeois en fut un bel exemple, ces gens des provinces du Midi, qui plus rapprochées du foyer de l'ancienne civilisation jouissaient d'une plus grande indépendance, de prospérité et de richesses que celles du nord de la France

Il ne faudra pas les pousser bien fort pour qu'ils se ruent sur le Midi, apportant ruine, destruction et incendies. Ces gens du Sud avaient le tort impardonnable d'êtres à l'avant garde d'une société émergeante, c'est crime capital mordious !que d'être en avance sur son époque

Tout débute par un riche négociant de Lyon, Pierre de Vaud, s'érigeant en réformateur des moeurs après avoir distribué aux pauvres sa fortune, faisait de l'abandon de ses richesses une règle commune parmi ses disciples !








Ce n'était que la loi évangélique ramenée à sa pureté primitive que ce renoncement aux biens terrestres pourtant !. Mais voila si nos ecclésistiques prêchaient cette théorie ils en maudissaient la pratique et elle fut poursuivie à l'égale d'un crime !

Que de gras prélats, d'Evêques bebondainants, d'Abbés gavés et confits vont s'insurger. Le Pape à Rome en fit tout autant, car s'il voulait bien porter le Titre de Serf des Serfs ou de Serviteur des Serviteurs, il ne comptait nullement ôter sa mule brodée de sur les couronnes et les trônes tout en laissant affluer vers ses doigts crochus l'or de la chrétienté !

Les provinces du Midi étaient acquises à l'hérésie des Albigeois qui dominait  dans les territoires de Toulouse, Béziers, Albi, Foix, Carcassonne et de la Gascogne. Nos Hérésiaques y étaient en odeur de Sainteté (si je puis dire), vu qu'ils n'étaient astreints ni à Garde, ni à Guet, ni à Taille !

Mais qu'étaient donc ces mécréants qui osaient dans leur outrecuidance êtres relativement heureux, honnêtes, riches et libres ?. Alors le terrible Innocent III, colère tout rouge, toujours avec ses mules brodées, allait se déchainer le fourbe !









Il va soulever contre eux toutes les forces de Philippe Auguste, ainsi que tous les traînes misères avides de rapines. Pendant ce temps des Clercs, docteurs en droit Canon, et amoureux de leur prochain allaient interpréter avec complaisance quelques passages de Saint Augustin afin d'établir une loi

Ou il est dit que les hérétiques n'ont droit de rien posséder et ne peuvent ni acquérir ni transmettre !. Que voila une fière maxime qui agitée telle un carotte sous le nez de nos fiers barons du Nord et de leurs portes lances va grandement les motiver eux qui ne rêvent que clicailles et rapines !!!

Ce fut pendant trente cinq ans une fureur d'extermination, d'incendies et de pillage en règle, partout ou une armée passait elle ne laissait que ruines, déserts et morts putentrailles !. 

Dans cette guerre dites Sacrée on pouvait sans remords comme sans obstacles piller et massacrer et un Simon de Montfort, Comte de Leicester n'est plus qu'un sanguinaire âpre à la rapine pour la postérité !











Or donc causons stratégie ! dans laquelle nos braves soldats de Dieu dès l'aurore entendaient messe, ces dévots hypocrites la suivait en fermant les yeux sur leurs atrocités de la veille, puis après un léger repas déployaient leurs escadrons autour d'une ville, afin de la tenir en respect. Ensuite on détachait des gens qui comme une armée de sauterelles équipés de pioches et de haches démolissaient les maisons, certains allaient déraciner et arracher les vignes, pendant que d'autres armés de faux ruinaient le travail et l'espérance du laboureur

La nuit seule interrompait le saint travail de nos sournois croisés et tout recommençait le lendemain. Pendant près de trois mois les citadins de Toulouse assistèrent à ce triste spectacle !. Les paysans fuyaient vers les cités, c'était de cette façon qu'ils poussaient les gens à se convertir en les humiliant et en leur ôtant cette terre qui faisait leur orgueil

Mais c'était toujours le Manant, le Vilain du Midi qui payait le prix fort, car on épargnait souvent le seigneur retranché derrière les murailles de son Donjon, cependant si les murailles du seigneur venaient à êtres détruites par les croisés c'était toujours le Manant qui allait les relever grâce aux jours de corvées qu'il devait au seigneur









Quand bien même ce seigneur du Sud serait fait prisonnier par nos pieux croisés, il lui suffisait bien souvent de faire pénitence et puis payer une généreuse amende à Rome, ensuite par des tailles abusives il récupérait la somme sur manants et vilains de ses terres

Ce ne fut en fait qu'une guerre privée déguisée en croisade qui fut déclenchée par un pape cupide et vénère, en pantoufles brodées, qui voulant asseoir sa religion envoya une armée de barons ne rêvant que clicailles et rapines !


PS: autre hypothèse de votre copiste en conclusion, c'est que nos ecclésiastiques vautrés dans un faste outrancier auraient avant la lettre subodoré dans les agissement de Pierre de Vaud comme une sorte d'ancêtre de Wycliff, d'un Jean Hus voir plus tard de Luther ???...le nain vous laisse à votre propre interprétation .....M de V

vendredi 11 février 2022

Etre Aubain au Moyen âge

Le pauvre Manant de Laboureur courbé sur le sol, qui a confié la semence à cette terre qui ne lui appartient pas va attendre 9 mois pour arracher à ses vastes flancs le fruit de son labeur. Il se cramponne à elle des ongles et des dents, il mourra s'il le faut en attendant la récolte la ou il a semé !!

Hélas elle lui manquait souvent cette terre que les rutilants Fer-Vêtus, les Abbés Mitrés et les Evêques avaient accaparée et sur laquelle il avait juste le droit de travailler sans jamais la posséder

Certains Manants désertaient cette terre essayant d'améliorer leur condition, passant d'une Châtellenie, d'une Province, parfois même d'un Royaume dans un autre. Notre Vilain devenait " Aubain " sans conserver dans cette fuite l'espoir d'un sort meilleur. On connait les rigueurs du droit de l'Aubainage. Le Serf entrant dans le domaine d'un nouveau Maître se faisait tondre par celui qu'il quittait pour se faire plumer par celui ou il s'installait. Il avait " Bonne Aubaine " le nouveau Seigneur, mais pour notre Manant c'était juste éviter le mal pour rencontrer le pire ! 

Celui qu'il venait de fuir gardait tous ses biens et tout ce qu'il allait amasser sur son nouveau lopin appartenait (sauf s'il a un enfant) à son nouveau Maître. Notre paysan n'avait comme horizon possible que le bout de son champ !!!






De plus notre Vilain devait payer le droit de " Fors Fuyance " pour obtenir la permission de passer dans un autre domaine et il lui fallait encore payer 3 Sols de " Bienvenue " au Seigneur du domaine qui lui donnait sa précaire hospitalité

Il était fort difficile au paysan de bouger de place tant les seigneuries émettaient de limites étroites, sans risque pour lui de devenir Aubain. Il suffisait seulement, selon l'expression de l'époque, d'aller hors Baptême, car il lui était interdit de passer d'une paroisse à une autre, sans cause légitime ou sans urgente nécessité !!!

L'aubainage était en réalité le servage dans toute sa rigueur. Il en allait de même pour les étrangers isolés et sans protection qui en étaient réduits à se faire Serfs !!, ils ne possédaient rien, ne léguaient rien, bref " moritur ut servus " mourir et servir !!!!

Si nous prenons par exemple le Juif au Moyen âge, c'est un Aubin, et selon le droit, le Roy lui succéde à cet Aubin quand il meure, mais pas seulement de ses biens, également ceux de ses enfants et descendants mêmes nés en France !!!. Il était toléré car étant le seul à pouvoir faire selon la religion de l'usure et du prêt à intérêts






Or donc Roys, Princes, Hauts Barons, Evêques et Abbés dépouillent de leurs biens les étrangers qui fuyants en vain n'ont aucun asile sur terre, l'antique hospitalité est remplacée par l'odieux Aubainage !

Puis des exactions nouvelles s'introduisent peu à peu et se glissent en tous lieux. Déjà commencent les entraves apportées aux moyens de communications, cet élément primordial à toute civilisation. Il faut payer pour circuler sur les routes, les ponts et naviguer sur les rivières et ceci devient légitime à force d'ancienneté !

Chacun veille jalousement sur ses biens, faisant profit de tout, s'entourant de barrières et d'interdits afin d'empêcher ses sujets de sortir et ceux du seigneur limitrophe d'entrer. c'est l'immobilisme complet ou même le voisin est l'ennemi. Chaque Châtellenie, Abbaye ou domaine de quelque importance devient un petit royaume !

Ce n'est que sous Louis IX (Saint Louis), que l'on va travailler à adoucir les effets de l'Aubainage. Dans les " Etablissements de Saint Louis " il est dit: tout étranger venant en la châtellenie d'un Baron, sans le reconnoître pour son seigneur, sera dans l'an et le jour exploitable à merci par le dit seigneur. S'il vient à mourir sans avoir légué quatre Deniers au Baron, tous les meubles de l'étranger lui appartiendront !. Voila un changement qui semble intéressant même si ce n'est pas l'extase !!!!









Car dès lors, ce n'est plus qu'une menace !, aux effets de laquelle le manant ou l'étranger peut se soustraire !, à la condition bien sur de s'avouer l'homme du Baron et de lui payer ses quatre Deniers !

Puis bientôt, les héritiers prirent les biens de leurs géniteurs en payant dans le jour qui suit l'inhumation quatre Deniers sur " bourse neuve ", expression voulant dire que le légue passe du père décédé à son fils. L'aubainage ainsi modifié se retrouve jusqu'à la fin du moyen âge dans la plupart des coutumes

Nota: il faut savoir que la législation qui régit les Aubins régissait également les " Bâtards ", car fort nombreux à une époque ou Prêtres, Eveques voir mêmes Abbés Mitrés, donnaient l'exemple d'un concubinage qu'ils dissimulaient à peine !!. Mais ils avaient pris leurs précautions, on trouve ici deux législations, l'une à l'usage du vil Manant de l'artisan ou du Bourgeois, puis celle à l'usage des hautes castes dirigeantes !!!



PS: Or donc, en conclusion. Pour le Seigneur ou le Souverain quelle belle Aubaine que d'avoir un Aubain sur son terrain....Bin quoi ça rime m'enfin !!...M de V

jeudi 10 février 2022

L'autre Vision du Bourreau Médiéval

Quand bien même !, je sais, j'ai déjà écrit sur le sujet, il me fallait préciser la place qu'occupaient nos seigneurs justiciers, qu'ils soient Grands Ecclésiastiques ou Hauts Barons !, ils distribuaient les peines sous la seule dictée de leur volonté arbitraire. Notre imagination à peine à concevoir jusqu'ou pouvait aller la férocité de leur justice répressive !

On faisait règner, à cette époque, l'autorité par la terreur en multipliant les sévices que l'on pratiquait sur un même condamné, si tant est qu'il fut coupable, et à la moindre petite faute !

L'officiant était donc le bourreau, avec ses aides, l'homme savait pousser fort loin l'art du tourmenteur, et ce, bien sur, à la hauteur de l'imagination des juges des tribunaux. Il connaissait à fond l'anatomie du corps humain, à tel point qu'il aurait pu sans façon donner des leçons aux ignorants médicastres de cette période médiévale qui dura 1000 ans. Je vais essayer de vous brosser un tableau de ce que représentait le personnage !










Inutile de préciser qu'il n'avait rien à voir avec le triste paria, qu'était un bourreau du début du XX siècle, avec sa triste machine à trancher les têtes, qui péniblement arrivait dans l'ombre à escamoter quelques têtes par an, alors que jadis cette vedette des places publiques moissonnait...Ohooo faut pas comparer m'enfin !, Y avait un artiste la !

C'était le Maître des Hautes Oeuvres, le Tourmenteur Juré, un bon catholique citoyen de moeurs irréprochables, vivant seul ou marié, mais avec la fille d'un autre bourreau, cercle très fermé ou ils vivaient entre eux

Sa science était immense et dans certaines grandes cités, comme Paris, il était une sorte de Star du théâtre de rues que l'on venait voir officier. Il pouvait sans souci se vanter d'avoir plusieurs cordes.....à sa potence ( Oups,désolé je m'égare !), bon OK je vais faire gaffe à ce que je dis promis !











Néanmoins le Feu, l'Epée, la Hache, la Fosse, l'Ecartelage, la Roue, le Sac, la Fourche et le Gibet n'avaient point de secret pour lui, il maîtrisait le bougre. Car il savait traîner les corps, les poindre, les Piquer, Echeler, Briser dents et os, mais aussi brûler les yeux, couper poings et pieds, nez, lèvres et oreilles

C'était un artiste de la pendaison, malheur au condamné qui l'insultait en montant à la potence, car il savait au kilo près de qu'elle hauteur il devait le faire choir pour briser ses cervicales ! et s'il désirait plaçer le noeud de façon différente et le faire tomber de plus bas...il dansait un long moment au bout de sa corde !!!Très mauvais plan de la part de l'ingénu qui comptait en l'insultant se venger du bourreau avant que de trépasser, mieux valait en sous main payer pour abréger ses souffrances !









Il pouvait vous coudre dans un sac et vous jeter à l'eau, estrapader, fouetter, marquer, tenailler les corps, puis répandre sur les plaies ainsi faîtes le plomb fondu, l'huile ou la poix brûlante, ou le souffre et la cire mélangés auquels l'on mettait le feu ensuite suivant les directives des juges !

Il savait démenbrer, rompre ou écorcher vif un condamné, voir le faire bouillir ou rôtir finement selon la décision du tribunal, quel luxe dans la pénalité !!. Ainsi le voyageur Médiéval pouvait constater que nul peuple n'approche le Français dans l'art de martyriser les condamnés

Humain à sa manière il pouvait faire preuve d'une certaine galanterie avec les Dames, sauf ordres des juges. Mais il pouvait à l'occasion,lancer un bûche sur sa tête afin de l'assommer pour lui éviter la souffrance des flammes du Bûcher









Selon la loi au Moyen âge on ne pendait pas les femmes, par respect pour la pudeur, mais on faisait bien pire puisqu'en lieu et place elles étaient enterrées vives. La encore, le bourreau dans un geste de pitié pouvait assommer ou écraser le larinhx de la condamnée pour hâter son trépas

Notre Maître des Hautes Oeuvres accompagnait aussi les bannis jusqu'aux limites de la zone de pouvoir des juges dont il dépendait, et en signe d'exclusion leurs fournissait un vigoureux coup de pied de par le cul !

Le Pilori était son théâtre, l'échafaud son trône, on l'y voyait dans toute sa gloire, les exécutions étant annoncées sur toutes les places publiques par des officiers de justice, sommant les habitants d'y assister, ou d'y envoyer, à tout le moins, une personne par foyer !









Il avait l'orgueil de l'importance vitale de son métier, que sa conscience lui inspirait, pour le reste il avait vu et tourmenté tant de gens, que la particuliarité de son métier lui échappait. Mais mille fois plus heureux était l'exécuteur Juré de Paris, auquel le destin, et surtout les juges, accordaient les plus beaux cas à tourmenter. Il voyait à cent lieues à la ronde, les bourreaux et leurs aides, venir dans l'intérêt de leur instruction voir travailler le bourreau de Paris

Ce dernier excellait dans la question préparatoire, comme dans la question préalable, ordinaire ou extraordinaire, il était la pierre angulaire de l'édifice féodal judiciaire. En plus du paiement de son travail en tant qu'exécuteur, il pouvait comme un seigneur lever la taille à sa façon, prenant au marché tout ce que sa main pouvait contenir dans hottes, étals, sacs ou paniers des marchands. contrairement à ce que l'on pourrait croire le Bourreau n'était pas pauvre !!!



PS: Il faut bien avouer, la je vais me faire aimer !, que l'on doit à la religion triomphante du Moyen âge l'importance du Bourreau, elle qui organisait la société selon ses désirs. Si pour une grande part de la société la mort du coupable suffisait, l'église elle demandait le marthyre, l'expiation, la torture...j'entend déjà les chiens hurler à mes chausses M de V

lundi 7 février 2022

Le Formariage

Notre Manant privé de tout droit civil, mort pour lui même, ne vivant que pour autrui, ne pouvait naître, travailler et mourir qu'au profit du Seigneur Laîc ou Ecclésiastique. Tout ce qu'il gagnait par son travail appartenait au Baron, Abbé, Evêque ou même curé de lieu ou il logeait !

Il ne pouvait vendre, aliéner ou transmettre à un homme libre, ni même à Noble sans l'accord du Sire dont il dépendait. Ce dernier pouvant reprendre la terre la faire cultiver par un autre, car si le Seigneur se doit de servir au mieux le fief donné par son suzerain. Le Serf vivant dessus doit en quelque sorte " servir sa servitude !! "

Le mariage et le célibat des gens de Main morte étaient à l'entière discrétion des gentilhommes, chevaliers Fiefés ou Barons. Le coeur ne comptait pour rien et il ne pouvait battre au delà des limites du Châtel ou de l'Abbaye dont ils dépendaient 

Alors imaginez l'injustice qu'ils pouvaient ressentir quand ils voyaient les gens des cités qui peu à peu s'allégeaient de ces carcans et de ces chaines, car elles pèseront encore bien longtemps encore sur le pauvre Paysan, le Vilain du plat pays !!










Le père ne peut marier sa fille à son gré, la veuve sera contrainte de prendre un nouveau mari, du moins tant qu'elle aura la possibilité de procréer !, et ne peuvent se marier qu'avec une personne de même condition et appartenant au même Maître !

S'ils désiraient le faire hors du domaine du Seigneur, ce ne sera qu'à la condition de laisser à ce dernier le quart ou la moitié de ses maigres biens, vache, charrue, boeuf, mouton et seulement après avoir obtenu la permission du Maître, sous peine dans le cas contraire d'avoir une lourde amende. Nous dirons que la devise de ces seigneurs se résumait à ceci " Prendre au manant tout est bon même le croûton ! "

Si un homme libre décidait d'épouser une femme serve il subissait d'office la condition de celle ci, sans pouvoir espérer recouvrer sa franchise perdue !, même par le veuvage ou par remariage avec une femme libre. Comme disent les coutumes du Formariage " le pire emporte le bon "

Bref le manant de main libre, amoureux, se trouve entrainé par la main de celle qui ne l'est point. Le seigneur du cru lui fait comprendre que s'il monte une de ses poules...bin il devient son coq mordious !!










Si l'on admet un accord entre deux Seigneurs voisins, afin qu'une femme serve aille épouser un Vilain sur les terres de celui d'en face. Ce Sire sera tenu de rembourser par une autre Vilaine, en échange, encore faudra t'il qu'elle soit d'âge et de condition identique

Avec Vilains et manants on ne tenait aucun compte ni de la famille, ni de la moralité ils étaient juste un instrument pour repeupler les domaines un point c'est tout. Les Seigneurs étaient de vulgaires maquignons !

Il va sans dire quand nous parlons de seigneurs et de Fiefs qu'il nous faut donc englober les Ecclésistiques hein !!!..Ils ne faisaient ni mieux ni pire. Car bien souvent Evêques ou Abbés Mitrés étaient issus de la Noblesse...c'était bien souvent un second fils de Baron ne pouvant hériter de la terre qui entrait dans les ordres ! 

De plus ce juteux bénéfice en tant qu'Evêque ou Abbé restait ensuite dans la famille comme un bien héréditaire, rien ne devait échapper à un haut Baron ou à ses enfants leurs doigts étaient griffus et leurs escarcelles sans fond










L'auteur " des essais sur Paris " nous rapporte les termes d'une Charte de 1242, ou il est dit : Qu'il soit notoire que tous ceux que cette présente liront, que nous Guillaume, indigne Evêque en Paris consentons à ce que Odeline, fille de Rodolphe Gaudin du village de Vuissons, femme de corps de notre église, épouse Bertrand, fils du défunt Hugon, du village de Verrière, homme de corps de l'Abbaye de Saint Germain des Près !! Que si ladite Odeline vient à mourir sans enfants, tous les biens mobiliers ou immobiliers dudit Bertrand retourneront à l'Abbaye. 

Or donc quel que soit le Seigneur on se disputait joyeusement la moitié d'une Vilaine, le quart d'un Manant voir le tiers d'un ou deux enfants !!!!

Prenons un exemple: La seigneurie de Châtillon sur Seine avait trois Suzerains en puissance, le Duc, l'Evêque et l'Abbé. parmi les hommes et les femmes de ce vaste domaine les uns avaient un seul maître, certains en avaient deux et d'autres étaient communaux aux trois Sires du lieu. 

Mais les enfants de ces manants du plat pays, il faut savoir que nos trois tristes Sires se les partageaient entre eux !!!!!










Ainsi le manant ne pouvait vraiment être époux, ni la femme vraiment mère !. Le Duc, l'Evêque et l'Abbé avaient oblitérés les forces vives de ce domaine à trois têtes, aucun espoir, du Manant au Vilain, comme s'ils étaient de vulgaires mécréants

Passe encore pour le Duc, un Noble, qui devait tout juste ânonner son livre de corne, il n'en allait pas de même pour ces Ecclésiastiques sachant lire et écrire le Latin qui bafouaient allégrement les principes de la religion !. Mordious cela ne semblait pas les déranger dans la rédaction de leurs sermons, desquels ils fustigeaient leurs pauvres ouailles pendant la messe



PS: je rappelle que ceci est la vision du nain et comme tout bon copiste du Moyen âge et je vous la présente sans façon à la sauce Naine morbleu !!!...M de V








jeudi 3 février 2022

N° 420) la Main Morte ou le Main Mortable

Nous savons tous que dans le monde de la reconstitution on ne parle que fort peu des hommes et des femmes qui courbant l'échine, à plus d'un titre, grattaient la terre. Des gens de cette époque les paysans ne devaient attendre aucune reconnaissance, car tout le monde était d'accord sur le fait qu'ils étaient la pour nourrir tout le monde, du Noble à l'Ecclésiastique, en passant par le Bourgeois et l'Artisan, ainsi que toutes personnes vivant en Bourgades, Bourgs ou cités. En bref tout ceux qui se goinfraient pendant que le pécore dansait devant le buffet (si vous voyez l'image !!! )

Dans ce chaos que fut le Haut Moyen âge il nous faut parler de ce droit de " Main Morte ", et d'ou venait ce nom sinistre et morbide ?. C'était un droit très variable selon les formes, les variétés et les régions et il n'est pas facile de lui assigner des limites fixes !

Quand à son nom il venait de l'usage odieux de couper la main droite d'un Serf décédé, pour la présenter au Seigneur du lieu. Ce dernier, à ce moment prenait tous les biens et effets du serf mutilé, au préjudice et à l'exclusion des enfants de celui ci, ( je parle de main droite, jamais la gauche c'était la main du diable)









Puis comme il fallait bien faire quelque chose de ce pauvre reste faisant office de preuve de décès, le Seigneur, l'ecclésiastique religieux ou séculier, propriétaire de la terre ou était mort le Serf, la clouait à la porte de sa tour ou de son domaine, au même titre qu'une patte de loup ou la tête d'un animal ramené de la chasse

Selon du Cange, la Main Morte s'emploie diversement dans les coutumes et chez les Légistes, car elle peut désigner quelquefois les hommes eux mêmes et d'autres fois les possessions que l'on appellent " biens de Main Morte "

Ces hommes de main morte sont Serfs de la glébe et ne peuvent donc disposer de leurs biens par testament. Or donc les hommes de main morte qui décédent sans enfants laissent tous leurs biens au Seigneur Laïc ou ecclésiastique sous la puissance duquel ils se trouvaient










D'autres fois ce droit s'applique aux héritages eux mêmes, et si un individu sans travail se reconnait de la puissance d'un Seigneur Laïc ou ecclésiastique, en s'avouant l'esclave de ce dernier pour y travailler cette terre vacante, cela suffit à établir une subdivision en servitude personnelle !

Cela adhère à la chair et aux os de notre individu et le rendant Serf de suite !, cette servitude réelle attachée à ce lopin de terre qu'il va défricher puis travailler pour vivre est une sorte de conséquence, que le pauvre Manant va secouer en la quittant, mais aussi qu'il va subir en venant y vivre pour la cultiver et tenter de subsister 

Soyons honnête et parlons plutôt de " survie " car le quotidien de celui qui travaillait la terre n'était pas une partie de plaisir !!!! et sur un campement médiéval vous ne trouverez que rarement des gens jouant le rôle de paysans !!!










Serfs de corps, la dénomination varie selon les régions et les périodes, la confusion est d'autant plus facile que dans les documents de l'époque féodale, tous les travailleurs de la terre sont le plus souvent confondus sous la commune dénomination de Serf !!

Cependant à partir du XIII siècle la distinction sera parfaitement établie entre " les Serfs " et " Les Vilains " ( vilain, de villa, maison des champs), ou " Colons ", qui occupaient les degrés intermédiaires entre " la pleine servitude " et " la franchise "

Des Légistes de l'époque tels que Beaumanoir et Pierre de Fontaines ont nettement tracés dans leurs écrits les limites existants entre ces différents types de paysans. je voudrais pas enfoncer le clou, mais encore fallait il trouver des gens pour lire leurs textes, car peu de gens savaient lire surtout chez les Nobles !!! 










Citons Beaumanoir : Cette manière de gens ne sont pas tous de même condition. Il existe plusieurs conditions de servitude !, les uns sont si sujet à leurs seigneurs, que les dits Sires peuvent prendre tout ce qu'ils ont ...à mort et à vie...et jeter leurs corps en prison toutes les fois qu'il leur plait...à tord ou à droit..sans qu'ils ne doivent en rendre compte sauf à Dieu !.Les autres sont traités plus débonnairement, car tant qu'ils vivent le seigneur ne leur peut rien demander, s'ils ne meffont, fors le Cens, les Rentes et les Redevances qu'ils sont accoutumés à payer pour leur servitude ....il est gentil le Beaumanoir mais c'était quand même pas la panacée !!!...même si pour l'époque cela faisait une énorme différence pour le paysan de base !

Passons à l'autre Légiste que j'ai nommé, Pierre des Fontaines, il écrit. Saches bien, que selon Dieu tu n'a mie plein pouvoir sur ton Vilain, donc si tu prend son bien, fors les droits de redevances qu'il te doit, tu le prend contre Dieu, sur le péril de ton âme et comme voleur !!









Je reviens sur le fait que peu de gens sachant lire ce texte de légiste restait lettre morte comme la main du même nom !!. Le pauvre paysan contraint de se lever et se coucher sur cette terre appartenant à un seigneur devint ce que l'on nomma " un Manant " ( de manens, demeurant, restant à )

D'autres fois les campagnards sont appelés " Rustres " (rus, rusticus, rusticola ), ailleurs on dira qu'ils sont " Casés " ( casati ) casaniers ou vivant en casement. En fait parqués sous bonne garde et sous la domination d'un berger terrible dont la Houlette fut bien souvent une lance ou une épée !!

Le premier pas que fera cet esclave fut de changer sa condition de Serf contre celle de Vilain soumis à une infinité de redevances et de services 


PS: bref pas le pied d'être paysan au moyen âge ! ...je vais creuser pour écrire une suite il y a matière à raconter M de V 

samedi 22 janvier 2022

La Route du Pèlerin médiéval 3/3

Qu'il se nomme Paulmier (pélerin de terre Sainte), du nom des palmes qu'on s'en allait cueillir à Jéricho, ou bien Romée, Roumieux (pèlerin de Rome), mais encore Jacquot, Jacquet, Jacquaire (pèlerin de Saint Jacques de Compostelle), voici donc notre pèlerin ou vagabond de Dieu, assuré dans son voeu, prêt à prendre la route !!!

Par élection volontaire il s'est déjà retranché des siens, le terme de "Peregrinus " le désignant, spécifie bien sa condition nouvelle, en latin classique, c'est à l'étranger qu'il s'applique ou à l'hôte en voyage et qui n'a pas le droit de cité !!. Le sens religieux de ce terme semble être devenu courant après la première croisade

Le costume du Pèlerin tel que l'iconographie médiévale le consacrera au fil de ses mille ans d'histoire, nous a conservé plusieurs exemplaires. On représente volontiers Saint Jacques ou son disciple Saint Roch, dans un long manteau en forme de pèlerine (le terme n'ayant pas d'autre origine),couvrant tout le corps jusqu'aux pieds, un capuchon protège la tête, ou le bonhomme porte un chapeau rond à larges bords, relevé devant et retenu par une jugulaire. Il a en main l'attribut traditionnel qu'est le bâton de marche nommé Bourdon, son soutien, servant éventuellement de moyen de défense ! 






Il porte sous la pèlerine une tunique courte serrée à la taille par une ceinture à laquelle pend généralement l'escarcelle et le couteau à manger, chausses et chaussures complète cette tenue. En bandoulière il porte l'escharpe (entendez par ce terme la besace recelant ses maigres biens)

Nota: L'investiture des deux objets que sont le Bourdon et l'Escharpe donne lieu à une cérémonie présidée par un Clerc qui va les consacrer par ces mots " au nom de notre Seigneur jésus Christ, reçoit cette escharpe et ce bourdon, attributs de ton pèlerinage, afin que tu parvienne sauf et amendé au parvis de Saint Jacques ( ou de tout autre lieu de pélerinage), que tu désire atteindre et qu'une fois ton cheminement accompli tu nous reviennes en santé !

Beaucoup de pèlerins appréhendaient à bon droit les périls du chemin solitaire, ils redoutaient l'attaque de brigands et de pillards de tous poils, qui hantent certains passages obligés, détroussant, frappant ou assassinant le pèlerin. Puis les animaux sauvages, croiser un Ours de mauvaise humeur n'est pas une partie de plaisir !, rencontrer des loups n'était guère mieux, on sait que le loup n'attaque pas l'homme en général, mais si notre pèlerin est blessé affaibli ou malade  ????

Et puis faire une chute et se briser un membre en solitaire sur le chemin, c'était au moyen âge la mort assurée !!






Mais ils craignaient tout autant un danger plus insidieux " la solitude morale ", ce sentiment éprouvant qui décourage les énergies, aggrave la fatigue et vous incitant sournoisement à l'abandon !. Qui a tant soit peu marché ou couru sur de longues distances le sait bien !

Il en va tout autrement du cheminement à plusieurs, l'étape de la journée paraît moins longue, on s'entretient, on plaisante, on s'esclaffe et l'on chante en cadence, à la pause on partage quignon de pain et oignon sorti de la besace

Le pèlerin médiéval n'a rien du larmoyant chrétien confit en dévotions c'est un gaillard truculent qu'aucun juron ne rebutte Putentrailles !!, friand de grasses plaisanteries qui détendent et vous secoue la sous ventrière, toutes choses que l'on ne peut faire qu'à plusieurs mordious !

Toute étendue d'eau que ce soit étang ou ruisseau et prétexte au bain. Seuls les habitués des longues randonnées sur plusieurs jours savent le poids que représente cette saleté graisseuse qui poisse les mains, colle les vêtements à la peau, sans parler de l'odeur âcre des habits fripés et souillés. Notre pèlerin, s'il se lave, ne peut, lui, changer d'habits et dans sa tenue dégoûtante se sent chaque jours plus retranché de ce monde dans lequel il doit évoluer ! 






A mesure son apparence devient misérable et l'acception médiévale du terme perigrinus colle de plus en plus au personnage. Ce vagabond qui n'est nulle part chez lui. Si son manteau misérable et ses insignes lui épargnent le plus souvent le mépris, ce n'est cependant pas toujours le cas, car la vie est rude au moyen âge et les gens le sont aussi. Il trouvera, parfois, chemin faisant, hôtes francs et généreux, croyants compatissants, voir d'anciens pèlerins eux mêmes, qui les hébergeront, les nourirront, soignants leurs pieds meurtris et douloureux  

Il faut savoir que passé un certain degré de fatigue, la prière elle même devient balbutiement informe, au fil des Lieues il n'existe plus, pour le pèlerin que vide et harassement total sans pensée ni recours, l'étape du soir est vitale. Or donc coucher à la belle étoile, pour lui n'est pas idéal. Il va se créer au fil du temps des gîtes d'étapes, afin qu'ils puissent en sécurité se reposer et se soigner, avec des gens à demeure pour aider. Un endroit utile pour partager ses expériences et les infos de la route avec d'autres pèlerins rentrants chez eux. C'est aussi à ce moment de suprême faiblesse, que notre vagabond misérable, ne sachant plus pourquoi il marche, l'esprit tendu vers ce " Désert " parlera à Dieu. Ainsi se forge une spiritualité routière faite de dénuement et de résignation.


Nota: Pour la France, Saint Jacques est incontestablement vénéré tout au long de la période médiévale, mais les pèlerins allant en Galice n'étaient pas les plus nombreux, et on ne trouve pas trace de foules immenses dont on parle maintenant à satiété, selon Denise Péricard Méa, Docteur en histoire et spécialiste de Compostelle et de ses pèlerins. Ce n'est qu'au XVI siècle que Compostelle finit par s'imposer comme lieu unique de culte, marquant la victoire définitive du Majeur !!!

PS: selon Béatrice Leroy, Professeur d'histoire médiévale, les voyageurs ayant franchi les Pyrénées, pour prier, étudier la médecine, commercer, rencontrer des souverains comme ambassadeurs ou tout simplement pour voir du pays sont nombreux au Moyen âge. Mais les plus nombreux ne furent pas les pèlerins, loin s'en faut. Au XV siècle l'Espagne possédait déjà de véritables touristes ayant laissés par écrit le récit de leurs périples M de V

vendredi 21 janvier 2022

Moyen âge le Voeu de Pèlerinage 2/3

Ce vagabond qui chemine courbé, son bourdon en main, dans ses habits usés de toutes ronces, des ardeurs du soleil, maculés des boues du chemin et des eaux ruisselantes, traverse inchangé toute la durée des siècles du Moyen âge....mais qui vous empêche de mettre vos pas dans les siens ?????

Avant de cheminer il nous faut cependant mieux cerner ce pèlerin médiéval, le saisir dans l'effort quotidien de son engagement, depuis son voeu jusqu'au matin radieux du terme de son voyage !!

Il n'existe guère, faut il le préciser, de mesure commune entre la puérilité des serments irréfléchis d'une civilisation comme la nôtre et la décision héroïque par laquelle un Seigneur, un Bourgeois ou un Paysan du moyen âge se font les vagabonds de Dieu !

Il ne me semble pas, mais le nain peut se tromper, que la satisfaction d'intérêts purement matériels, comme la réussite d'une entreprise humaine par exemple, aient inspiré un grand nombre de voeux.

 L'homme médiéval, je crois, n'attacha jamais à ses aises une importance extrême, la vie était rude au moyen âge et le Seigneur, le Bourgeois ou le Paysan ne l'étaient pas moins, mais ils avaient ce bon sens pratique de prendre sans rechigner ce que la vie leur offrait !






Sans doute que l'espérance légitime de retrouver la santé, pour soi même, ou pour un être cher, dicta t'elle plus souvent l'idée de prendre le cheminement. Dans l'état dérisoire pour ne pas dire désastreux de la médecine de l'époque, le recours au tombeau d'un Saint Thomaturge me semble révélateur d'un choix judicieux pour le vagabond de Dieu ! 

Les grands sanctuaires de pèlerinage grouillaient littéralement d'impotents, d'infirmes avec ou sans béquilles, d'aveugles et de goitreux, ainsi qu'un grand nombre de malades geignants et fébriles. Certains n'hésitaient pas à entreprendre les cheminements les plus éprouvants, se trainant de chasses en reliquaires jusu'à ce qu'ils trouvent un Saint qui veuille bien consentir à les guérir !!!

Le livre des miracles de Sainte Foy raconte comment un jeune paralytique, natif de Reims, parcourut la Belgique, la Germanie, l'Italie, pour finir par l'Espagne et Saint Jacques de Compostelle, d'ou il rentrera chez lui en passant par Toulouse. Il retrouvera l'usage de ses membres grâce à Saint Foy de Conques. Il ne m'appartient pas de douter, je cite juste ce qui est inscrit dans la chronique ! 

Précision: Pour sur le nain n'a confiance qu'en la pierre !, mais il a un profond respect pour les croyants de toutes confessions...tout en compissant et conchiant les intégristes de tout poils bien sur !









Toutefois on trouve au fond de pareils actes, l'esprit de pénitence, bien plus que celui d'aventure ou d'exutoire à un débordement de vitalité qui animait ces grands engagements. Quelques uns vont y subordonner toute leur existence, on trouvera de véritables professionnels du pèlerinage, finissant l'un pour commencer l'autre, éternels vagabonds de Dieu !

Il est presque impossible, selon les spécialistes, de déterminer dans qu'elle mesure le pèlerin médiéval obéissait au désir ascétique du " Désert ", c'est à dire ce refuge que procure des conditions de vie hors normes de l'époque, mais qui permettait en marchant aussi dans sa tête de méditer et trouver Dieu

On trouvera aussi tout un Quarteron de désenchantés, qui trouveront leur lot de déceptions, ceux qui emprunteront le cheminement du pèlerinage avec juste l'esprit d'aventure, de vagabondage, voir de simple curiosité humaine ou par simple envie de rapines. Le harassement quotidien du chemin aura vite raison de ce genre de pèlerins. Il est plus que probable que ces gens partis dans cet état d'esprit auront dévié du chemin et renonçé avant d'en atteindre le terme. Pour avoir discuté avec des pèlerins c'est toujours le cas actuellement (sauf pour les rapines bien sur ! )










Le vrai pèlerin, même chargé de ses ambiguïtés humaines, chaque jour faisait son chemin, suivant ses pieds il s'approchait chaque jour de son " Désert ", aspérités et orniéres usant chausses et poulaines avec dans son esprit l'espoir de trouver Dieu !

Et puis il faut se pencher sur le fidèle du moyen âge, sa vie de tous les jours, ce qui est difficilement imaginable de nos jours !. Il y avait cette proximité, je dirais même cette familiarité avec les leçons bibliques et l'exemple de tout ces Saints ayant fuit le monde avec ses attraits et ses vanités !

La mort elle même n'a pour ce fidèle ni le poids, ni la signification que nous lui donnons. Elle n'est pas pour lui cette hideuse Camarde ( mort ), trônant sur un royaume d'ombres, ni même ce squelette dansant dont le XV siècle popularisa l'image. il représente l'accomplissement d'un long et douloureux chemin s'ouvrant sur l'éternité !  

PS: Ayant moi même beaucoup marché tout au long de ma vie je ne peux qu'éprouver un profond respect pour nos pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, car c'est avant tout une aventure solitaire, une rencontre avec soi-même...ce personnage que l'on ne connaissait pas forcement avant le cheminement M de V

mercredi 19 janvier 2022

Le Pèlerin et les Reliques du Haut Moyen âge 1/3

Le pèlerinage est l'acte volontaire et désintéressé par lequel un homme abandonne ses lieux coutumiers, ses habitudes et même son entourage pour se rendre, dans un esprit religieux, jusqu'au sanctuaire qu'il s'est délibérément choisi, ou qui lui a été imposé par pénitence 

Ce croyant de fait, à besoin de signes sensibles pour entretenir et accroître sa foi. L'originalité, si l'on ose dire, du Christianisme est de multiplier ces supports. Son levain historique sera le sang, les os, les dents, voir les cheveux des Martyrs. 

Ces témoins de la foi sont l'objet, au moyen âge, d'une vénération dont les catacombes fournissent d'innombrables exemples, appuyés par des textes et des traditions, et l'on va en grand nombre prier à leurs tombeaux !

Aussi longtemps qu'à vécu l'Empire Romain, les souvenirs de l'évangélisation, les exemples de paix et de charité transmis par les premiers chrétiens demeurent vivaces. Après la rupture de l'unité romaine, chacun ressent en ce début de moyen âge une nostalgie attisée par les désastres et les invasions. Les chrétiens vont puiser leur réconfort dans l'apostolicité !






Dans cette insécurité engendrée par la dissolution de l'Empire Romain et le déferlement des invasions des hordes de l'Est, des Vikings venant du Nord, ou des Arabes venant du sud, en ce début de Moyen âge, rares seront les cités qui ne possédent pas " son Martyr ", ou sa Vierge privilégiée dont on vénère le corps

Le culte des reliques charnelles en est le trait le plus frappant, os, cheveux, dents ou sang. Mais également les objets, anneau, morceau de bois, pierre, vêtements tout ce qui touchait de près le martyr !!!

A tout prix, églises, monastères et cités cherchent à se procurer ces trésors pour en enrichir leurs lieux de culte. Certains audacieux n'hésiterons pas à les dérober pour embellir l'église d'une cité ou d'un monastère, mais aussi, il faut bien l'avouer, dans un but lucratif puisque cela faisait venir les pèlerins !

Ce genre de coup de main audacieux rapporté complaisamment dans certaines chroniques peuvent paraîtres cocasses à nôtre époque !, mais elles étaient pour le moins scandaleuses au Moyen âge et engendraient des contestations et des chicanes de clochers interminables

Je sais, que pour nous désormais, cela peut prêter a rire, le fait que dans cet élan de ferveur religieuse ils séparaient comme d'un jeu Légo les os d'un martyr de la foi chrétienne mordious !!!






Au vrai l'écartèlement et le dépeçage, qu'il soit amiable ou frauduleux des dépouilles de nos Saints ne tourmentait aucunement la conscience de nos pèlerins. Ils n'étaient pas étonnés de rencontrer les reliques d'un même Saint dans deux ou trois lieux de culte différents, ici un doigt, la un pied et trois jours de cheminement plus tard, et à des lieues de la, trouver une main. Ils vénéraient tout bonnement et simplement le même Saint dans plusieurs sanctuaires, sans s'inquiéter davantage du pourquoi ou du comment de la chose 

Pour ce qui est des objets il nous faut raison garder !, car si l'on s'amuse à comptabiliser les morceaux de la vraie croix qui transitaient à cette époque, on aurait facilement pu construire dans sa totalité la flotte de navires de la Ligue Hanséatique mordious !!

Il faut comprendre que beaucoup de ces vendeurs d'indulgences ou de reliques étaient de tristes charlatans, capables de vous vendre un brin de paille ayant appartenu à la litière du berceau de Jésus !!!, voir même un poil de l'âne ou du boeuf qui se trouvait dans l'étable de Bethléem...de vrais mécréants c'est l'nain qui vous le dit 

Que ce soit le citadin, le chapitre d'une église ou même un monastère, beaucoup se feront rouler dans la farine par excès de confiance ou une trop grande crédulité !! 






Or donc partout ou le permet une sécurité relative les précieux restes ou les objets sont enfouis dans des chasses ouvragées décorées d'or et d'argent, que l'on expose à la vue des pèlerins. Dès le XI siècle sera entrepris la construction d'églises monuments, apparemment copiés ou imités les uns sur les autres, possédant de longues nefs, comme des vaisseaux inversés, capables de contenir la foule des fidèles et des pèlerins venant en masse ! 

L'esprit de pèlerinage n'a cessé de se développer tout au long du XI siècle jusqu'à aboutir à l'explosion, cet engouement que fut la croisade. L'étude du pèlerinage comme fait social, à la fois mentalité intime et comportement extérieur, collectifs ou individuels est des plus ardues !!!

Car les premiers pèlerins connus d'Occident ne sont guère que des noms !!. Leurs équipées aventureuses ( c'est le moins que l'on puisse dire ), s'embrument de légendes et nos braves copistes de l'époque, laissant voguer leurs imaginations ajouterons quelques épisodes aux aventures du cheminement de nos premiers pèlerins ! 


PS: j'ai puisé dans le livre de R Oursel, Docteur ès lettres et diplômé de l'école des Chartes en y mettant mon grain d'sel M de V

jeudi 6 janvier 2022

En Queue, Pipe ou Barreau, Evreux produira en vins, moult tonneaux 4/4

A tout seigneur tout honneur ! rendons au vin d'Evreux l'honneur qui lui est dû. Alors que nous savons après recherches, quel était l'écrasante supériorité du vin parmi les diverses sources de revenus de la cité Ebroïcienne !. La moitié, voir les deux tiers des recettes destinées à soutenir l'effort de guerre provenait du commerce du vin pendant la guerre de cent ans !

Il faut savoir qu'aux XIV et XV siècles, la majorité du vin négocié par la cité provenait du vignoble ébroïcien. En 1447 et 1448 sont vendues au détail ou en gros 1584 queues de vin !!!!. Quand on sait que la futaille nommée Queue, avait une contenance de 400 à 800 litres !, je vous laisse faire le compte....c'est énorme mordious ! !

L'importance de la production locale n'est cependant pas surprenante si l'on tient compte que toutes les pentes de la vallée de l'Iton, bien exposées, étaient alors couvertes de vignes.Partout la vigne prospérait, bénéficiant de la présence de la forêt, qui fournissait le bois pour perches, fourches et eschallas (tuteur de ceps), nécessaires à son soutien, mais aussi, chênes et châtaigniers, qui selon les époques, et les modes servaient à faire les tonneaux, Queues, Pipes ou Barreaux. Pour info: la Queue de 400 à 800 L, la Pipe 400 L, le Barreau 100 L on trouvait aussi le Pega  de 3 L (pour petit joueur !!) 










L'ensemble du vignoble ébroïcien se trouvait, semble t'il, réparti en de nombreuses petites tenures. Ou l'on trouve écrit dans les archives qu'un certain Pierre de la Motte, Parcheminier dans la cité, reconnait tenir du chapitre d'Evreux, un Acre de vignes en deux pièces du côté de la Rochette et entre plusieurs Boutières. Les Boutières désignaient les extrémités d'un groupe de parcelles, ce qui nous évoque un morcellement assez prononcé des exploitations !

Pendant toute la guerre de cent ans le vin apparaît étroitement lié à l'histoire de la ville et abondamment mentionné dans le registre : Compte de recettes et dépenses du Roy de Navarre, Comte d'Evreux, de 1367 à 1370

Car la garnison du château d'Evreux était copieusement fournie en vin goulayant de Gravigny, tandis que de notables quantités de nectar de la rivière d'Eure étaient acheminées vers Cherbourg, ville fortifiéé et place forte du Roy de Navarre

C'est bien connu qu'au M-A pour bien batailler, il faut associer bonne mangeaille et nombreuses futailles !









Mais c'est surtout grâce à la possibilité donnée aux Magistrats municipaux, de faire des Dons, des Coutoisies et des Présents, que ce soit en poisson, viande ou vin à des personnes importantes, ayant rendu ou pouvant rendre service à la ville que le Nectar ébroïcien sera connu, car les édiles d'Evreux vont préférer offrir du vin !!

Sans lui point d'hospitalité qui soit jugée digne !. Cette simple manières de gagner les bonnes grâces des grands, ne laissait pas d'être efficace, car aussi longtemps que va durer l'ancienne Monarchie, l'offrande de vin aux visiteurs de qualité...fut chez ceux ayant la charge de défendre les intérêts de la ville l'objet d'un souci constant !

Du XV au XVII siècle les comptes des receveurs de la cité d'Evreux font ressortir des dépenses en vin non négligeables à titre de courtoisies...faut dire que l'eau était pas en odeur de Sainteté, hormis dans les bénitiers ....Heuuuu désolé j'ai dérapé la ..le nain y s'excuse !!!!

Après divers recoupements il apparaît que de tous les grands personnages à qui allaient ces témoignages de respect c'était le Bailli Royal d'Evreux le plus choyé....ou son épouse !!!!!









Observons que par une délicate attention c'était fort souvent de l'hypocras, breuvage liquoreux qui était offert à " Damoizelle la Baillivie " l'heureuse épouse du bailli, comblée de prévenances !!

Mais chaque fois que les procureurs de la ville s'adressaient au bailli Royal pour résoudre des problèmes ou un litige de la cité, on faisait porter à son Hostel quelques munitions, afin de pratiquer quelques libations pour d'aider aux tractations entre le Bailli, les gens d'église, procureurs et bourgeois à la table des négociations !!  

Il faut bien avouer que pour Evreux, comme pour d'autres régions vinicoles, la période dites " des vaches grasses " correspond à toute la période ou l'Aquitaine appartenait aux Anglois !

Car pour une grande partie de la production des vins de cette région partait pour Albion....Y faut point croire que l'Anglais ne buvait que de la bière à cette époque !!

Beaucoup de marchands de vins du Bordelais avaient un comptoir à Londres...Bon le nain va aller boire un verre à votre santé M de V