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vendredi 26 mai 2017

N°55) La Médecine et la Chirurgie au XIV siècle

En Europe occidentale sous le contrôle sévère des ecclésiastiques, la médecine reste l'apanage des Clercs jusqu'au XIIeme siècle.

Une orientation nouvelle se dessine sous l'apport Oriental grâce aux croisades et sous l'impulsion des premières Universités Laïques, comme Padoue, Bologne est Montpellier.

La médecine médiévale est une partie de la Phisica, qui est la science du monde, visant à une explication globale de l'homme. La médecine est étroitement dépendante de la Philosophie et de la Religion. Aussi beaucoup de questions que nous considérons aujourd'hui comme non médicales, Cosmologie, mathématiques, sciences naturelles, alchimie, astrologie et magie intéressent ces médecins.








Ceci est renforcé par l'idée héritée des théories d'Hyppocrate et de Galien qui veut que l'homme soit un microcosme au sein d'un macrocosme, il importe donc de découvrir les lois de ce macrocosme et les concordances existant entre l'homme et lui afin de progresser dans le savoir, cette idée ou ce courant de pensée reste ancré fortement jusqu'au XVI siècle.

La faculté de médecine de Paris se montrera dès son origine hostile à toute innovation et reste résolument soumise à l'orthodoxie religieuse. Les Maîtres issus de cette école étaient prisonniers des règles religieuse, d'une théologie rigoureuse et du dogmatisme d'un enseignement purement livresque, sous la surveillance de l'église.

Le savoir médical au Moyen âge s'articule autour de trois données essentielles et étroitement intriquées:

 D'abord l'explication religieuse du Monde assortie à une théologie on ne peut plus rigoureuse. Puis un savoir scientifique hérité du monde Antique, lequel savoir est retranscrit du Grec par les arabes qui le complète et l'enrichissent.








Et un ensemble de prescriptions pratiques que la vie quotidienne oblige à sauvegarder, ou superstitions, folklore et magie voisinent avec de réelles connaissances empiriques.

Au XIII siècle la redécouverte de l'oeuvre d'Aristote renouvelait la Physique, l'Astronomie et la Physiologie, mais se trouvait en parfaite contradiction avec la vérité révélée de l'église !!

Le dilemme Raison et Foi va atteindre dans ce siècle son point culminant. Car pour la théologie la vérité ne peut être contradictoire, donc la foi et la raison doivent marcher de pair!!

Il devient donc de ce fait difficile pour la Philosophie de rester la servante de la Théologie !!









C'est ce que va tenter la Scolastique, qui ne nie pas la valeur de l'expérience et la connaissance du réel accessible à nos sens " celui qui ne sent pas, ne connait pas et ne comprend rien ".

Elle accentue la place donnée au raisonnement déductif à partir d'une base expérimentale. Mais si cette base est trop petite!, ou si elle reste sans être contrôlée périodiquement par l'expérience!, si le raisonnement est considéré comme supérieur à la vérification!, on glisse pas à pas dans l'erreur. La Scolastique fut utilisée dans l'enseignement médical dès la fin du XIII Siècle.

Prenons en exemple la dissection anatomique, qui à la faculté de médecine de Paris, fut pratiquée avec la plus grande parcimonie et sous la surveillance hostile de l'église, était pratiquée plus souvent à Bologne, Padoue et Montpellier.









 Au moyen âge la dissection du corps humain sans être proscrite par l'église était néanmoins entourée d'interdits, les violations de sépultures et les vols de cadavres étaient sévèrement sanctionnés par la loi.

Ainsi un procès fut intenté à Bologne en 1319 contre quatre étudiants en médecine de la Faculté, qui avaient subtilisés un corps fraîchement inhumé pour l'ouvrir au domicile de leur professeur. Il est loisible de penser qu'il en allait de même à Padoue et Montpellier.









Il est vrai cependant que Boniface VIII s'est élevé contre certaines pratiques en 1299, comme celle de démembrer un cadavre et faire bouillir les morceaux afin de détacher la chair des os, était punie d'excommunication.

En fait les anatomistes du moyen âge disséquaient principalement des animaux, le porc était souvent choisi du fait de la ressemblance  de sa texture avec celle de l'homme. L'anathomia de Mondino Liuzzi constitue surement le premier témoignage de l'existence de cette pratique à Bologne toute fin du XIII siècle.

Pour la Chirurgie (1) il est difficile d'évaluer les progrès techniques fait lors de cette période, les chirurgiens avaient compris que dans une société qui attribuait tant d'importance au savoir, ils ne pouvaient sans connaître le Latin accéder à une position enviable dans monde médical médiéval.









Considérés par les médecins comme des gens mécaniques et ravalés au rang de Barbier, ils devaient pratiquer sous les ordres de ces derniers qui bien souvent en savaient moins qu'eux.

On découvre cependant que des chirurgiens pratiquaient déjà le traitement de la cataracte ou de la fistule anale, et un traité allemand décrit même une opération de reconstruction du nez.

Ils furent contraints de se grouper en organisme corporatif tant ils étaient méprisés par nos pédants crottés de médecins, qui disposant du savoir d'hippocrate, de Vésale et de Galien ne l'utilisait que dans des querelles empiriques et dogmatiques afin de faire étalage de leurs connaissances devant des gens qui ne risquaient pas de les contredire.








Car pour l'homme du moyen âge profondément croyant la maladie est une épreuve dont seul dieu et satan sont les maîtres. Il use pour se soigner de drogues et de simples reposant sur de solides connaissances botaniques.

Il s'en remet également au saints guérisseurs, le moyen âge est imprégné de légendes que colportent les Bestiaires, les lapidaires, et autres ouvrages qui recopient sans discrimination le vrai et le faux, la thérapeutique est fortement influencée par la magie et la nécromancie.









Sous le nom de magie était désigné des activités fort différentes, les unes étaient magiques au sens actuel du mot, c'est à dire, incantations, appel au démon, prestidigitation et médecine sauvage.

Pour les autres on parlait de magie dès qu'un phénomène extraordinaire se produisait, essayez par exemple de demander au premier venu le phénomène de l'attraction de l'aimant, qui fut longtemps considéré comme un objet magique.









Paradoxalement cette confusion conceptuelle avait l'avantage de faire de la magie un domaine privilégié, se trouvant au centre de toutes discussions concernant les savoirs techniques.

De ce fait le magicien était perçu comme un expérimentateur, dans ce monde de plus en plus dominé par les gens de savoirs l'aspect magique retenait l'attention et forçait à un certain respect envers le praticien. Surtout par les médecins qui n'étaient eux même sur de rien hormis le fait qu'ils connaissaient le latin!!!!

On ne peut terminer ce bref aperçu de la médecine au moyen âge sans parler Astrologie, elle occupe une place prépondérante au sein des différents savoirs durant le XIV siècle, de la médecine en passant par les arts mécaniques et l'agriculture, elle jouit d'une place centrale par le biais de l'Astronomie dans le monde des savants et du savoir.

A titre d'exemple il nous faut citer ce moine théologien et philosophe qu'était Roger Bacon, qui recommandait d'expérimenter toutes les pistes possibles dans tous les domaines de la science. Surnommé le Docteur Admirable il recommande aux médecins d'étudier l'Astrologie afin de connaitre les rapports existants entre les différentes parties du corps et les signes du Zodiaque.

Bacon grand chercheur devant l'éternel sera aussi comme son surnom, d'une crédulité admirable, mais son idée au sujet de la médecine va malheureusement perdurer jusqu'au XVIII siècle.




PS: pour enfoncer le clou, prenons la description que fait Geoffroy Chaucer d'un médecin de son époque, c'est assez édifiant!! je cite: Avec nous se trouvait un grand médecin, personne au monde n'aurait pu comme lui traiter de médecine !!

" Car il connaissait la science des Astres, il s'attachait à soigner son malade aux heures bénéfiques par magie naturelle, il savait choisir le bon ascendant pour les figurines ( signes du zodiaque ) concernant son patient. Il connaissait la cause des maladies : le chaud, le froid, l'humide et le sec, l'organe affecté et l'humeur responsable, c'était un parfait praticien. " M de V










1)LES CHIRURGIENS: furent trop longtemps unis aux Barbiers pour qu'il soit possible de séparer les deux professions. Ils constituaient au XIII siècle l'aristocratie du métier de Barberie, si l'on en croit d'anciennes théories, non vérifiées!! ou peut être trop facilement acceptées ? Les chirurgiens auraient formé dès le règne de Saint Louis un Collège distinct.






Ce collège de Saint Côme et Saint Damien, aurait regroupé les chirurgiens Parisiens, les statuts de ce collège furent écrits par Jean Pitard, chirurgien du roi, et approuvés en 1268.

Aucune trace écrite ne peut vérifier cette théorie, la seule charte authentique et indiscutable ou nos chirurgiens sont mentionnés est une ordonnance sans date qui parait être fin XIII siècle.

Celle ci fait injonction aux chirurgiens de déclarer au Prévôt de Paris, les noms des individus qui venaient pour faire soigner leurs blessures. Ces blessés pouvant être des meurtriers ou des larrons en fuite que la police prévôtale recherche








Cette charte pourrait être écrite d'Etienne Boileau lui même et faire partie de son livre des métiers, lequel livre fut brûlé en 1737. Mais la table des matières du manuscrit fut sauvé et stipule que notre charte en faisait partie.

L'ordonnance constate aussi qu'il y avait en paris, bon nombre de gens qui pratiquaient la chirurgie sans être capable de pratiquer cet art efficacement. Il est stipulé que six maîtres jurés dresseront une liste de noms de ceux qui seront dignes d'officier en tant que chirurgien.

En 1301 sera édicté une nouvelle ordonnance pour réglementer la profession, par suite d'un accord survenu entre tous les Barbiers de Paris ( ils sont au nombre de 26 ). Il fut décidé que ne pourrait porter le titre de Chirurgien Barbier que ceux qui auraient été examinés par les maîtres de Chirurgie et trouvés suffisants. M de V





jeudi 25 mai 2017

L' attentat d'Anagni et Guillaume de Nogaret

Guillaume (ou Guilhem) de Nogaret fut professeur de droit romain à l'université de Montpellier et conseiller juridique de plusieurs grands seigneurs, anoblit par lettre du roi en 1299 il devient gardien du sceau de Philippe IV le Bel, après la mort de Pierre Flote en l'an 1302.

Il infléchit la politique de Flote en ce qui concerne le droit du roi, maître de son royaume, donc maître de son clergé, il s'agit surtout pour Nogaret de défendre son église et son royaume contre un pape indigne, lors de l'offensive de 1303 contre Boniface VIII il reste volontiers en retrait pour laisser un Guillaume de Plaisians haranguer la masse populaire.

Il est indéfectiblement attaché à son roi, partageant ses idées d'un pouvoir hégémonique sans faille, on le placerait plus comme un agent secret, que comme un politique influent du roi de fer.


L'histoire pourrait commencer par ce fait anodin mais étrange, qui cependant peut éclairer la suite de cette affaire d'Anagni. C'est que quand Guillaume de Nogaret se rend en Italie pour rencontrer Boniface, il y va seul, ou c'est tout comme!! il n'est accompagné que de deux malheureux écuyers.

Pour un conflit pareil entre son roi et le pontife de l'église romaine cela semble bien peu, au vu de la mission qui lui est impartie. Si on se reporte dans les faits il allait voir ce fumeux pape pour le citer à comparaître devant un concile réunis à Paris.

Or ni le roi de France ni son parlement ni aucune autorité temporelle n'avait le droit ou le pouvoir de réunir un tel concile!! seul le pape avait se pouvoir, mais allait il convoquer un concile pour se punir lui même, restons sérieux.

Cependant pris sous un autre angle, on pouvait aborder le conflit dans le respect de la foi chrétienne, si le pape est accusé d'hérésie ou d'idolâtrie, alors les prélats de l'église peuvent et doivent se rassembler sans son autorité, et rechercher la vérité sur les faits qui lui sont reprochés. Mais dans ce cas le roi de France ne peut faire autre chose que fournir une assistance.


Il fallait donc arracher son consentement à Boniface VIII, ou présenter aux prélats de l'église des preuves graves de son hérésie afin de pouvoir constituer un concile pour le juger.

Car le droit Canon ici est on ne peut plus clair, l'hérésie est le seul crime dont un pape doit répondre. Mais Boniface (Benoit Gaetani), en tant que pontife s'était montré orgueilleux, violent, autoritaire et même particulièrement fourbe c'est sur!!, mais quand à attaquer son orthodoxie...?? le parlement de Paris avait des faits bien minimes qui ne convaincraient pas des prélats réunis en concile.

Cependant, après les actes du parlement en juin 1308, le roi de fer ne pouvait plus reculer, il lui fallait faire pression sur le pape, ou mener une campagne contre celui ci auprès des prélats de l'église dans les autres royaumes.


C'est à ce moment que la mission de Nogaret reprend tout son sens, il ne se rend pas la bas en tant que conseiller du roi de France, pour porter une citation à comparaître! puisque ni son roi ni le parlement n'en avait le pouvoir!! mais pour contraindre le pontife à proclamer une réunion d'un concile général.

Le procédé était fourbe, car si le pape se dérobait devant témoins, cela serait considéré comme un refus de se disculper de l'accusation d'hérésie, ce qui aurait pour effet immédiat de dresser contre lui les autorités les plus respectées du droit Canon.

L'affaire avorta par suite des violences commises par les Colonna, cette famille assoiffée de vengeance personnelle contre le pape et ses proches, cette rixe fut elle spontanée ou préparée ? nul ne le sait, toujours est il que le pape en meurt quelques jours plus tard !!.


Mais Nogaret eut il un rôle si pacifique, et l'attentat ne fut il au départ qu'une simple démarche de procédure juridique du droit canon.

Le 7 septembre 1304, approximativement un an après cette fumeuse affaire, Nogaret fait devant l'official de la cour à Paris, la plus détaillée de ses déclarations sur le sujet. Il n'essaye même pas de présenter l'affaire autrement que comme un coup de force dirigé contre Boniface, et c'est à peine s'il se disculpe en protestant de ses bonnes intentions de départ, en accusant la turpitude de ce pape, par contre il réfute toutes responsabilités de son roi dans cette affaire.

Nogaret insiste lourdement sur son rôle indépendant, il répète que le pontife devait être chassé par le pouvoir séculier, voir même par n'importe quel particulier!! et que dans cette nécessité il n'y avait pas d'autre remède.

Ce qui soulève une autre question : Si Nogaret n'agissait qu'en qualité de procureur de son roi, chargé de formuler cette demande de rassembler un concile, et qu'il soit tombé au milieu de cette dispute de famille houleuse, ou il arrive de donner et de recevoir quelques divers horions de poings et de pieds??

Pourquoi ne l'a t'il pas dit ??? il avait la sa défense toute faite, ce qui me semble logique, n'oublions pas qu'il était professeur de droit romain.

Dernière question : pourquoi Philippe IV le Bel laissa t'il Guillaume de Nogaret en porter la responsabilité pendant plusieurs années ???

Mais si l'on admet qu'il fut envoyé la bas comme un agent secret, et que ayant manqué de réussite dans cette affaire d'Anagni, il en accepte loyalement les conséquences afin de couvrir son roi, cela pourrait éventuellement expliquer cette ténébreuse affaire. Mais je laisse à de plus doctes que moi le mot de la fin.

                                                                              Marcus de Valbrun



PS: Nogaret rentre au service du roi à la demande du Chancelier Pierre Flote, qui le fait entrer au conseil du roi. Il s avaient été formés tous deux dans la même école de Droit à Montpellier. A partir de 1298 il siège au Parlement, rapidement anobli il devient chevalier de l'hôtel du roi, puis finalement succéde à Pierre Flote après sa mort en 1302 à la direction des affaires royales ( Flote fut tué lors de la désastreuse bataille de Courtrai), dans les domaines de la finance, de l'administration et de la diplomatie. Néanmoins il subit toutes les conséquences de l'épisode d'Agnani, on le rend responsable de la mort du pontife. Quand Benoit XI succède à boniface, il absout tous les acteurs du drame excepté Nogaret, qui ne le fut qu'en 1311. Le procès des templiers précipite sa chute, il n'en verra pas le dernier acte, il meurt en 1313 avant que Jacques de Molay ne monte sur le bûcher.


mercredi 24 mai 2017

Les Papes d'Avignon et le XIV siècle

1305/1314 Clément V Bertrand de Got, Français élu le 5 juin par le Conclave de Pérouse. En tant que cardinal il avait été remarqué dans les hautes sphères pour son habileté à ne mécontenter personne, tout au long du conflit qui avait opposé le roi de France avec Boniface VIII.

Sacré à Lyon en l'église Saint Just, il sera le premier pape d'Avignon. Le roi de France Philippe IV va le pousser à ouvrir un procès contre les templiers, il faut dire que le pape était diminué par une maladie qui ne lui laissait que peu de répits. Cela le mettait en état d'infériorité face à des gens comme Flote, Nogaret et Plaisians. Si ce pape n'était pas sur de leur implication dans l'affaire d'Anagni, il avait quand même de forts soupçons sur la mort de Boniface VIII. Il ne s"installera en Avignon que dans le courant de l'année 1309.







1315/1316 Vacance du Saint Siège: Après bien des atermoiements, Philippe de Poitiers, frère de Louis X le Hutin, roi de France, obtint que les cardinaux divisés par des luttes intestines, se réunissent à Lyon afin de nommer un pape.

Quand survient la mort de son frère, Philippe pressé de faire valoir ses droits à la couronne, n'a d'autres choix que de leurs forcer la main, il enferme nos cardinaux réfractaires à toute élection dans le couvent des frères prêcheurs sous la garde d'une troupe armée.

Les tractations durèrent encore plusieurs semaines les cardinaux étaient divisés et les factions fort nombreuses, car la décision définitive n'eut lieu que par le vote du 07 août 1316

Le choix se porta finalement sur le cardinal Duez dont l'aspect frêle et son âge avancé laissaient présager pour nos cardinaux récalcitrants un pontificat de courte durée.

Ce qui donnait l'avantage d'une nouvelle élection à plus ou moins court terme, c'est de moins ce qu'ils pensaient.





1316/1334 Jean XXII Jacques Duez, né en 1245 d'une famille aisée de Cahors, il étudie le droit canon et le droit romain à Paris et à Orléans. IL sera chancelier de Charles d'Anjou en 1309; il va transformer la ville d'Avignon pour en faire la résidence permanente du Saint Siège, puis il va remettre de l'ordre au sein de l'église.

Pour lui le retour à Rome sur le Trône de Saint Pierre est impossible du fait des luttes intestines entre Louis IV de Bavière et Frédéric d'Autriche. Louis IV fera même élire un pape en 1328, cet anti pape se nommait Pietro Rainallucci, marionnette entre les mains de Louis de bavière, qui ira jusqu'à lui imposer le nom de Nicolas V lors de son sacre à Rome.

Jean XXII le déclare hérétique, des problèmes de successions vont pousser Louis de Bavière à partir, Nicolas V se retrouve seul, en toute humilité il ira abjurer en Avignon.




1334/1342 Benoit XII Jacques Fournier, pape Français élu le 20 décembre, il est docteur en Théologie, il est issu d'un milieu fort modeste.

Inquisiteur à Pamiers ou il passa une grande partie de son épiscopat à traquer les hérétiques, il laisse derrière lui des notes précises de ses interrogatoires et des descriptions détaillées de la vie des gens dans ces régions, notamment sur la petite bourgade de Montaillou.

Il essayera tout au long de son pontificat de s'installer sur le trône de Saint pierre à Rome, mais dès 1337 les nouvelles de la ville des papes sont fort mauvaises et annonciatrices de guerres.

Il décide donc de rester en Avignon et entreprend des travaux, à sa mort la papauté dispose d'une résidence fortifiée.





1342/1352 Clément VI  Pierre Roger de Maumont.

Issu d'une modeste famille de l'aristocratie limousine, ce maître en théologie Archevêque de Rouen, puis cardinal du même diocèse sera élu pape le 7 mai 1342.

Habitué depuis son enfance au fait que le pape réside en Avignon il n'envisage pas le retour du siège apostolique à Rome.

Il va même acheter Avignon et les terres alentours, les transactions se feront avec Jeanne Reine de Naples, Comtesse de Provence. Elle lui cède le Comtat Vennaissin pour la somme de 80 000 Florins.

Clément meurt d'une hémorragie interne en 1352, il avait lui aussi entrepris de nombreux travaux dans la cité, son pontificat fut rythmé par le bruit des chantiers.






1352/1362 Innocent VI Etienne Aubert. Il ne fallut que deux jours au conclave pour donner la tiare à ce docteur en droit canon, qui fut juge mage dans la sénéchaussée de Toulouse.

Cardinal en 1342, sa fidélité au roi Jean II le bon, lui fera accomplir plusieurs missions diplomatiques pour le service de la couronne. Il est issu de la même région que son prédécesseur.

Son pontificat se fera dans l'insécurité permanente, engendrée par les bandes de routiers qui circulaient dans la vallée du Rhône, livrés à eux mêmes depuis la défaite de Poitiers. Ce pape va devoir organiser la défense de sa ville.

Pour ce protéger de ce fléau, il lance un immense chantier afin de remonter les murs et construire un rempart qui englobera les faubourgs de la ville. Mourant en 1362 il ne verra pas la fin de ce chantier qui dura dix ans.





1362/1370 Urbain V Guillaume Grimoard. le conclave va durer six jours pour élire comme pape Hugues Roger de Maumont, ce dernier était le frère du pape Clément VI.

Mais cet homme d'église d'une grande piété préférera se retirer dans un monastère et refusera la tiare. Une nouvelle élection nommera Guillaume Grimoard, ce dernier a la ferme intention de ramener le saint siège à Rome.

 Il sera absent d'Avignon plus de trois ans, il trouvera la cité des papes dans un état misérable, les Italiens lui feront des brouilleries à l'infini, il dépensera tant d'énergie dans ces luttes mesquines, que rentré en Avignon au début de septembre 1370 il meurt le 19 du même mois.





1370/1378 Grégoire XI Pierre Roger de Beaufort

L'élection fut acquise le 30 décembre et peu de temps après avoir installé son auguste personne sur le trône il décide lui aussi de partir pour Rome.

Ce qui n'est pas pour plaire à ce roi très croyant qu'était Charles V, surtout après l'échec cuisant du précédant pontife. mais malgré les avertissements du roi et les réticences de son entourage,il quitte Avignon en septembre 1376.

Il laisse six cardinaux et une partie des clercs pour administrer l'église Française et le Comtat Venaissin. Cette translation ne sera pas dès plus facile el choix de la période pour ce voyage n'est pas judicieux.

Il arrivera à Rome épuisé par ce fastidieux voyage, puis il subira les mêmes déboires que son prédécesseur, les Italiens ne le ménageront pas. Lui aussi s'usera en de vaines discussions et au bout du compte il décède à Rome dans la nuit du 26 au 27 mars 1378, il a 50 ans. M de V








PS: La mort de Grégoire à Rome va provoquer l'avènement


                                 
                                                              Du Grand Shisme de 1378 à 1417 




mardi 23 mai 2017

La fin de l'Ordre du Temple

Nous sommes en 1307, et Philippe IV, le Bel est le fondateur de l'état laïc. Ce monarque est à l'origine du passage de la féodalité, à un état centralisé qu'il dirige d'une main de fer, accompagné par bon nombre de légistes méridionaux et normands.

A ce titre l'implacable raison d'état de ce roi est indépendante de la morale courante, comme de la morale chrétienne, Boniface VIII en avait fait la fâcheuse expérience, la rencontre qu'il fit avec un des légistes du roi de fer sera assez violente pour lui être fatale quelques jours plus tard.

Cette raison d'état n'avait aucun respect de la justice, dés lors qu'il se crée un état dans l'état. C'est justement ce que représente le Temple, une puissance militaire et financière, dont le grand Maître Jacques de Molay vit à Paris et qui ne reçoit d'ordres que du Pape Clément V.





Ce dernier élu au conclave de Pérouse, avait été couronné à Lyon, endroit chaudement recommandé par le roi de France, il est ce pape voulu et porté au pouvoir par le roi de fer.

Dés leurs premières rencontres, Philippe le Bel lui parle de fusionner l'ordre du Temple avec les Hospitaliers, afin de créer un seul ordre sous l'autorité de l'un de ses fils.

Le pape ne saurait mécontenter le roi de France, pour ce faire il va demander l'avis des principaux intéressés, Jacques de Molay pour le Temple, et Guillaume de Villaret pour les Hospitaliers. Le médiocre plaidoyer de Molay, suivi de son refus catégorique vont décevoir le pape, qui était avant tout un homme de dialogue et de concertation, sans le savoir le grand Maître de l'ordre du Temple, qui n'était pas doué en politique, vient de précipiter la chute irrémédiable des blancs manteaux.




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Le pape sait bien que la fusion est le seul moyen de mettre les templiers hors de portée des griffes du roi de fer, les hospitaliers restent la seule unité combattante à s'opposer aux musulmans à partir de Chypre ! justifiant de ce fait l'existence de leur ordre.

Les templiers n'étaient plus que des banquiers, et pour le pape le temple était déjà mort une première fois en 1291 à la chute de Saint Jean d'Acre, ou l'élite de l'ordre fut anéantie avec leur Grand maître Guillaume de Beaujeu!!

Les quelques deux mille survivants du temple vont se replier en Europe et jacques de Molay va devenir facilement le nouveau maître de l'ordre en 1293. Ce personnage orgueilleux, nous l'avons déjà dit n'est pas un fin politique, il n'est entré au service du temple qu'à l'âge de 32 ans. C'est avant tout un guerrier qui servit en terre sainte depuis l'an 1275.

Néanmoins c'est bon administrateur et quand il hérite des immenses richesses, et des biens immobiliers du temple, sa politique de reconversion des templiers en hommes d'affaires avisés et en banquiers (au demeurant honnêtes) va parfaitement réussir.




Mais il ne voit pas!, il n'entend pas!, que l'opinion de la population s'inverse, les gens sont très croyant à cette époque, ils ne comprennent pas pourquoi l'ordre amasse autant de richesses. dans quel but? en vue de quelle hypothétique croisade?, la jalousie s'installe.

Ils vont subir l'incompréhension des uns et le machiavélisme des autres.

De plus le roi de fer n'a pas vraiment apprécié que les templiers combattent aux côtés des flamands et contre son armée dans les Flandres, sans compter qu'il leur devait beaucoup d'argent, et le refus de l'ordre de le recevoir comme templiers à titre honorifique n'arrange rien!!, ce qui fait beaucoup pour un roi comme Philippe IV le bel.




Pierre Flote mort à Courtrai en 1302 c'est  Nogaret et Plaisians qui vont profiter de l'opinion publique et entreprendre une grande campagne de calomnie, ou tous les motifs seront bons. Hérésie, sodomie, simonie, et tous les péchés sacrilèges et contre nature que l'on peut trouver. Ils utiliseront même les confessions opportunes d'un ancien templier chassé de l'ordre pour crime, il se nomme Esquin de Floyrian, il avait été gardé en prison à toute fin utile.

Le 13 octobre 1307, le roi fait arrêter tous les templiers, confisquer leurs biens, a partir de ce moment vont commencer huit années de procédures iniques. En 1309 commence les enquêtes pontificales, le pape Clément V demeurait en Avignon et il doit prendre en considération un facteur des plus incommodants pour lui, il se trouve bien proche de ce maître parisien qui le fit pape, d'un autre côté cela n'avait pas dérangé le roi de fer de s'occuper de Boniface VIII quand il était à Rome.

On va faire main basse sur les richesses du temple et sur les livres de comptes, évitant de ce fait d'avoir à rembourser les prêts contractés, puis on obtient les aveux de 137 pauvres templiers moribonds, qui reconnurent tout ce que l'on voulait pour peu que l'on cessât de les torturer!!!.




En 1310 cinquante quatre membres de l'ordre vont monter sur le bûcher à Paris. En 1311 débute le Concile de Vienne en vue de la suppression de l'ordre du temple, à la fin de ce concile en 1312, la bulle papale Vox in Excelso, confirme après 193 ans d'existence la fin des templiers. Leurs biens furent dévolus aux Hospitaliers, pas au roi de France Philippe IV, comme beaucoup de gens semblent le penser!!

Le 11 avril 1311, meurt Guillaume de Nogaret dans la plus complète indifférence, celui qui avait fait tomber un Pape, fut évincé petit à petit par un Enguerrand de Marigny triomphant à qui il avait été obligé de céder son poste de garde du sceau en 1309.




En l'an de grâce 1314 s'ouvrira une parodie de procès pour juger les dignitaires de l'ordre, dont Jacques de Molay et Geoffroy de Charney, ils seront brulés le 19 mars dans l'île de la cité.

Que dire de cette légende qui veut que le grand maître de l'ordre, maudisse, Clément V, Philippe IV, jusqu'à la treizième génération de leurs races ????

Si ce n'est pas vrai c'est du moins bien imité!!!!, jugez plutôt.....le pape meurt un mois plus tard de dysentrie et huit mois plus tard Philippe IV fait une chute mortelle de cheval, ses trois fils ne régneront en tout et pour tout que 14 ans, le dernier Charles IV le Bel meurt sans descendance en 1328, dernier des Capétiens directs, triste fin pour la race de Saint Louis!!!! .






PS: Le roi de Fer ne pardonnait pas facilement, et il faut peut être y voir une des cause principales de son acharnement sur l'ordre des Templiers:

Si Pierre Flote son chancelier et garde du sceau privé, meurt à la bataille désastreuse de Courtrai en 1302 il peut fort bien en rejeter la faute sur les templiers !! il doit les détruire, pour avoir été dans le camp opposé lors de ce conflit des Flandres.



Se sent il trahit par ce grand maître de l'ordre qui vit dans sa capitale ??? Jacques de Molay et son ordre représente désormais un obstacle à son idée du pouvoir sans partage, à cette raison d'état !!  M de V.


lundi 22 mai 2017

Le Bestiaire médiéval et le livre de la chasse de Gaston Phébus

Tout le monde connait les histoires du bestiaire médiéval, ou une licorne s'endort sur le sein pommelant d'une jouvencelle, et celle d'un oiseau nourrissant de son sang ses petits, qui n'a vu les tracas du goupil et du loup Ysengrin.

Sans omettre les peintures enluminées d'or du fameux livre de la chasse de Gaston Phébus, devenu plus tard l'évangile de générations de veneurs et de naturalistes. Ecrit à ses moments perdus, ce livre reste une innovation pour l'époque quand à sa conception.

Le monde est un livre écrit par le doigt de Dieu, écrit Hugues de Saint Victor au XII siècle, et le bestiaire dans les livres renvoi au monde spirituel dans quatre domaines, la foi chrétienne, le savoir, la société et la chasse.

Longtemps les enlumineurs ont donné de l'animal une image sans rapport avec son milieu naturel, mais plutôt pour donner une signification symbolique, on trouvera même des lions bleus.


A partir du XIV siècle, aux alentours de 1340, l'animal est figuré au naturel sur un fond de verdure, mais pas seulement dans les livres. Les murs des maisons nobles, de la haute bourgeoisie et les palais sont décorées de scènes de pêche et de chasse.

Les premiers livres de chasse illustrés en France sont ceux d'Henri de Ferrières ou de Gaston Phébus, dans les années 1380-1390. L'animal illustre alors un sentiment aristocratique évoquant les distractions et les plaisirs, des princes et des hauts dignitaires du royaume, en fait des gens qui savent lire et écrire.

Car c'est aussi un élément d'illustration de la poésie, prenons en exemple Guillaume de Machaut, qui dés 1355 fait enluminer son dit du lion, ou oiseaux, lapins, cerfs et renards habitent la miniature du "verger merveilleux".

C'est aussi le cas des pamphlets de Gervais du Bus dans son roman de Fauvel, ou peuplé de toutes sortes d'oiseaux il dénonce les vices des dirigeants du pays.

Ou dans les petites heures du Duc de Berry, qui fut enluminé dans le deuxième quart du XIV siècle, on découvre, plus de mille oiseaux de quarante espèces différentes, tous en situations, lissants leurs plumes, ou martelant une noix, d'autres en plein vol, accompagnant la méditation du fidèle tout au long de sa journée.

Mais depuis l'aube des temps, l'homme chasse, se protège des animaux nuisibles, se nourrit de gibier (la chasse est vitale à cette époque), utilise la peau, les cornes et la graisse du gibier, rien ne se perd dans l'animal.

 C'est un art et toute une éducation, considéré également comme un entraînement !, pour la force, l'endurance et le courage. Au moyen âge, la chasse est souvent représentée par un seigneur à cheval courant dans plaines et forêts, soit faucon au poing, ou avec des chiens courants, soufflant dans un cor.

Poursuivants ours, aurochs, loups et sangliers, mais ce pouvait être une dame chassant à l'arc, ou débusquant au furet le lapin de son terrier et chassant au vol avec son faucon, le déduit de la chasse est un art, une distraction et un plaisir réservé aux nobles,et le partage des produits de la chasse se font scrupuleusement .

Le livre de la chasse que Gaston phébus dédie en 1389 au Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, est un art de vénerie, cet ouvrage est novateur dans le sens ou l'auteur laisse de côté toute considération morale, pour décrire les bêtes et leurs moeurs selon sa propre expérience.

On peut s'étonner d'y trouver des Rennes, animaux que l'on ne trouve ni en Béarn, ni en France, mais lors de son année qu'il passe aux côtés des Teutoniques en Prusse, il devient évident que sur les rives de la Baltique il en a surement chassés.

Il décrit ainsi tour à tour les cerfs " dont la chasse est la plus noble ", les daims, bouquetins et les isards, qui ne sont pas animaux communs. Puis les chevreuils, agréable à chasser, le lièvre plein de malice et l'ours que sa mère lèche à sa naissance, le loup dont on fait de bonnes moufles, mais dont la peau a une odeur repoussante, le blaireau, la loutre et le chat sauvage.

Il détaille les frayoirs, ces endroits ou les animaux ont marqués leurs présence en se frottants aux branches, ainsi que les reposées, ces lits d'herbes ou l'animal c'est couché, etc. Par le fait il explique les différents types de chasse, qui sont fort proches de celles que l'on pratique encore aujourd'hui.







vendredi 19 mai 2017

N° 50) L'Histoire médiévale est un conte de faits "

Le Moyen âge représente notre histoire, à partir de la chute de l'empire romain, jusqu'à la découverte des Amériques par Christophe Colomb, ou de la prise de Constantinople, tout dépend des convictions de nos Historiens ou médiévistes éclairés!!

C'est également une partie non négligeable de nos rêves d'enfance, de cette faculté qui est en chacun de nous d'interpréter, l'histoire par elle même, mais aussi les auteurs de cette longue période de 1000 ans.

Les chevaliers en armures rutilantes, les robes époustouflantes de ces dames de noblesse, de ces princesses, et que dire de l'amour courtois, de ces hommes de guerre amenés au bout d'une chaîne par l'élue de leur coeur lors d'un tournoi.

De ces colosses de pierres qu'étaient ces châteaux forts, puis de ces chroniqueurs tel Froissart relatant à l'envie les faits de nos chevaliers, de ces hérauts d'armes, et de ces poètes, écrivains, philosophes et humaniste de cette glorieuse page d'histoire.

Mais les rêves s'épuisent dans notre course vers l'âge adulte et la réalisation de nos objectifs professionnels ou alimentaires, si l'on peut s'exprimer ainsi. Le but de ce modeste endroit de la connaissance médiévale, nous qui ne pouvons nous targuer du terme de médiéviste, c'est de transmettre avec nos mots (qui je le concède ne sont pas académiques), l'envie de rencontrer ces gens d'une ville, d'une région. Qu'elle soit de France ou d'ailleurs!! peu importe, mais qui nous faisaient vibrer quand nous étions enfants.

Cet endroit virtuel s'il en est, se borne à déchiffrer la période très riche du XIV siècle et de la guerre de cent ans, vaste programme direz vous!! mais alors que dire de ces historiens qui couvrent l'ensemble du moyen âge, représentant un champ d'investigations de plus de 1000 ans.

C'est 1000 ans de faits d'armes de progrès techniques et une avancée sociale considérable, quoi qu'en disent les détracteurs de cette période, ces benêts, creux et vides de savoirs ne sachant parler que d'obscurantisme, pour se rassurer sur le devenir de leur propre période historique.

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Mais foin de ce venin, et brossons un rapide tableau de faits assez remarquables, pour provoquer l'envie d'aller se plonger dans les écrits de Dante, Pétrarque, Boccace, ou de partager une petite journée d'un simple citadin, ou d'une personne rurale. Qu'elle soit noble, ou de basse extraction, issue de la paysannerie, du monde de la guerre, marchands et artisans, peu importe, la connaissance est savoureuse à celui qui veut s'y nourrir.

Ou l'on découvre que les écoles étaient bien plus nombreuses qu'il n'y paraît, qu'elles étaient un formidable ascenseur social, même si je vous concède que ce ne fut qu'à partir du XIII siècle.

Vous constateriez que certains bordels pouvaient être gérés par un évêché ou financé sur le budget municipal, et que l'homosexualité était fort bien tolérée, dans la mesure ou elle ne faisait pas scandale en s'exposant dans les rues.

Il est bon de savoir que Coluche n'était pas un précurseur, car les restos du coeur au nom de la charité chrétienne existaient déjà, les tables des pauvres offraient le gîte et le couvert aux indigents. Que dire de Saint Louis qui fut le premier à faire une campagne anti alcoolique, recommandant à ses nobles, chevaliers et bourgeois de couper leur vin d'eau.

De découvrir des femmes responsables et libérées, associées au pouvoir, femmes d'entreprise ou érudites, mais aussi femmes roturières qui retroussant leurs manches font tourner le commerce familial. A tout prendre il valait mieux être une femme du XIV siècle, qu'au XIX siècle !!

Que penser à notre époque de réduction de temps de travail, du fait que l'homme médiéval disposait d'au moins 140 jours chômés par an.

Ou tout bonnement sourire de cette glorieuse époque de mai 68, ou nos étudiants lançaient leur slogan " la Sorbonne aux étudiants ", alors même que l'étudiant médiéval est le maître de l'université, les professeurs sont contrôlés par les élèves organisés en confréries.

Sans oublier le domaine social ou fleurissait les mutuelles, agricoles en milieu rural, ou artisanales dans nos cités, bien avant nos GMF, MAAF, MACIF, et j'en passe!!!

Bien sur au XIII un poète comme Rutebeuf, stigmatisait les défauts des dirigeants et des grands du royaume, plus tard au XIV nous trouvons le roman de Fauvel, pamphlet satirique, écrit entre 1310 et 1314 par un modeste Clerc normand (Gervais du Bus), qui aurait été notaire royal et chapelain de E de Marigny, ou à travers un animal ( un âne ), nommé FAUVEL, stigmatise lui aussi les gens de pouvoirs orgueilleux, et leurs vices, et plus particulièrement Philippe IV le Bel et son principal conseiller Enguerrand de Marigny.

Force est de constater que depuis cette époques nous n'avons guère faits de progrès en ce qui concerne la direction des affaires de notre beau pays, le Fauvel peut à tout instant reprendre du service il aurait de quoi noircir quelques pages!!!!


                                                                                           Marcus de Valbrun




mercredi 17 mai 2017

Dante Alighieri ou la société au XIII et XIV siècle

Dante le grand poète italien est né à Florence en 1265; il fut exilé pour avoir pris part aux luttes intestines de sa patrie et mourut à Ravenne en 1321. La vie de Dante a été tant de fois écrite depuis Boccace, Vilani et Benvenoto da Imola jusqu'à nos jours, que l'on ne peut que répéter ce que savent tous ceux qui se sont un peu occupé de ce grand poète.

Son vrai nom était Durante dont Dante est une abréviation, il rappelle en se glorifiant, l'origine noble de ses ancêtres. Dante était encore dans l'enfance lorsqu'il perdit son père, vers cette époque une circonstance fortuite fit naître en lui la passion si connue, qui eut tant d'influence sur sa vie entière. Nous emprunterons ici le récit détaillé que fit de cet instant Boccace.







C'était le 1er mai, jour ou, selon la coutume, Folco Portinari, homme en grande estime parmi ses concitoyens, avait rassemblé chez lui ses amis avec leurs enfants. Dante alors âgé de neuf ans seulement, était du nombre de ces jeunes hôtes

De cette joyeuse troupe enfantine faisait partie la fille de Folco,dont le nom était Bice (Béatrice), elle avait à peine atteint sa huitième année. C'était  une charmante et gracieuse enfant avec de séduisantes manières.

Ses beaux traits respiraient la douceur et ses paroles annonçaient en elle des pensées au dessus de ce que semblait comporter son âge. Si aimable était cette enfant, si modeste dans sa contenance, que plusieurs la regardaient comme un ange.

Tout enfant qu'était Dante, cette image se grava soudain si avant dans son coeur, que de ce jour jusqu'à la fin de sa vie, jamais elle ne s'en effaça. Mais Dante en cet âge tendre devint l'esclave dévoué de l'amour. le progrès des années ne fit qu'accroître sa flamme. A peine Béatrice avait elle accompli sa vingt cinquième année qu'elle mourut en juin 1290.







A son départ Dante ressenti une affliction si profonde, si poignante, il versa tant et de si amères larmes, que ses amis crurent qu'elles n'auraient d'autre terme que la mort seule, et que rien ne pourrait le consoler.

Cet événement que nous conte Boccace, contribua peut être à développer en lui le fond de mélancolie qu'il semble avoir apporté en naissant. Quoi qu'il en soit, jamais béatrice ne sorti de sa mémoire, il la célébra dans ses premiers vers pleins d'amour et de douleurs, et l'immortalisa dans le poème" la vita nuova " devenu immortel monument de sa propre gloire.

Brunetto Latini renommé pour ses deux ouvrages, le Tesoro et le Tesoretto, fut son premier guide dans l'étude des lettres et de la philosophie. Ce fut à ce maître qui ne cessa jamais de lui être cher, qu'il dut la connaissance des poètes anciens, objet pour lui d'une admiration presque religieuse.
Il dut aussi beaucoup à l'amitié de Guido Cavalcanti. Le goût de la peinture et de la musique le lia également avec Giotto, et avec Oderici da Gubbio, qui fut célèbre pour ses miniatures et avec Casella, celui qui en son temps mit en chant plusieurs de ses propres canzoni.







La science ne l'attira pas moins que les arts et les lettres. Il visita dans sa jeunesse les Universités de Bologne et de padoue, peut être dans son exil celle de Crémone et de Naples.

Ce dont on est vraiment sur c'est qu'il fut dans celle de Paris ou il s'appliqua particulièrement en ces lieux à l'étude de la théologie.

On a dit que jeune encore il entra dans l'ordre des frères mineurs, et qu'il le quitta avant d'avoir fait sa profession. Mais ce fait n'étant rapporté après recherche que par un seul biographe  ( Francesco da Buti ) nous semble plus que douteux. Pressé par ses amis de se marier, il épousa Gemma de la famille des Donati, si l'on en croit Boccace, (que d'autres contredisent sur ce point), le caractère fâcheux de cette femme rendit cette union peu heureuse.Allez savoir !! Toujours est il qu'il eut d'elle cinq fils et une fille nommée Béatrice.







Sa fille prit le voile dans le couvent Della Uliva de Ravenne, trois de ses fils moururent jeunes. Pierre l'aîné acquis quelque réputation comme légiste, et écrivit comme son frère Jacopo un commentaire sur la divine comédie.

En ces temps troubles et agités que ceux ou vivait Dante, il lui était impossible de ne pas prendre part aux affaires publiques. Né d'une famille Guelfe il combattit à Campaldino contre les Gibelins, auxquels il s'unit lorsqu'il fut proscrit par les Guelfe. On le retrouve également dans la guerre contre les Pisans.






Distingué par sa prudence et sa fermeté on le consultait avec empressement dans les conjectures importantes. Suivant quelque uns de ses biographes, il fut quatorze fois envoyé comme ambassadeur près de différents princes. Son chef d'oeuvre qui est le monument le plus important de la littérature Italienne c'est la Divine Comédie en trois cantiques, l'Enfer, le Purgatoire, le paradis. Cette oeuvre peint merveilleusement l'état de la société et de l'esprit humain du XIII au XIV siècle, elle vint résumer tout le moyen âge avant qu'il ne s'enfonçât dans les abîmes des temps écoulés M de V









                                                    Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir !!!

mardi 16 mai 2017

Montaillou présentation d'un village au XIV siècle

Présentons en premier l'auteur qui nous permet de décrire la vie rurale tel qu'elle était à cette époque. En 1320 Jacques Fournier, évêque de Pamiers, déploie ses talents d'inquisiteur sur le village Occitan de Montaillou.

Maigret avant l'heure, ses suspects il les poursuit de manière obsessive et maniaque, il remarque tout, note tout, il finit par déterrer tous les secrets du village. Rien n'échappe à cet ecclésiastique fureteur, ni les vies intimes, ni les drames de l'existence quotidienne.

Je me propose de vous inviter dans ce village ressuscité par les soins de monsieur Emmanuel le Roy Ladurie historien, professeur au Collège de France.


Cette bourgade n'est pas une grosse paroisse,la population locale se compose de 200 à 250 habitants, après le passage de la peste noire et les atteintes directes ou indirectes de la guerre de cent ans, fin XIV siècle, le village ne compte plus qu'une centaine d'âmes réparties sur 23 feux.

Mais lors du passage de notre inquisiteur nous n'en sommes pas là. Le pays d'Aillou est un beau plateau entouré de pâturages et de forêts, Montaillou  domine ce plateau formant une construction étagée.

Au sommet de la butte sévit le château, les maisons sont souvent contiguës ou séparées de temps à autre par des jardins ou s'ébattent les porcs, l'agglomération n'est pas fortifiée, en cas de périls les habitants se réfugient derrière les remparts de la forteresse. Les maisons en contre bas du village se serrent  les unes contre les autres, formant une défense naturelle, trouée d'une entrée qu'ils nomment portail.



Les environs immédiats forment un damier de parcelles de 20 à 30 acres chacune, les terres cultivées le sont à l'araire traînée par des boeufs, vaches, mules ou ânes. Les terres sont trop en altitude pour avoir de la vigne, on produit du grain: avoine et froment qui suffisent tout juste en production à cause de la rigueur du climat.

Il y a aussi le chanvre que les femmes se chargent de teiller et de peigner en hiver. Pour le companage nous avons les raves les choux, poules et oies en basse cour, les porcs et bien sur des centaines de moutons.

Nous avons cité tout à l'heure l'araire!! et pour cause, le village ignore la roue tant comme instrument de tractation que de transport, donc pas de charrues ni de charrette. Celle ci ne roulent que dans le bas pays ou dans la vallée de l'Ariège.


La division du travail se fait selon l'âge et le sexe: L'homme laboure, coupe les grains, cueille les raves, chasse et pêche les torrents regorgent de truites et les forêts alentours grouillent d'écureuils et de coqs de bruyère. L'enfant déjà grand garde le troupeau paternel. La femme prend soin de l'eau, du feu, du jardin, des fagots et de la cuisine, mais elle doit aussi cueillir les choux, sarcler les blés, lier les gerbes, laver les pots à cuire à la fontaine et en saison participer aux moissons. Elle est surtout durement menée depuis son enfance.


L'exploitation agricole est centrée sur la maison, dont une partie séparée par une cloison est réservée à la stabulation des bêtes: moutons non transhumants, boeufs, porcs et mules viennent s'y entasser entre quatre murs l'hiver à proximité des chambres et de la cuisine.

Chez les plus riches du village (ils ne sont pas nombreux), un bâtiment du type bergerie ou étable est isolé par une cour de la maison d'habitation.

On ne trouve pas hors village, en rase campagne, de bâtisse ou de bâtiment d'exploitation, à part quelques cabanes pour les bergers transhumants et leurs troupeaux.


Les pâturages d'altitude constituent le monde de ces bergers transhumants, gouverné par ses lois propres, les idées, les hommes, la monnaie y circule de cabanes en cabanes sur de longues distances. Le contraste est énorme par rapport à l'économie de gagne petit qui règne au village. Celle ci est basée sur le troc, le prêt ou sur le don mutuel et sans grande circulation d'argent.



Pour l'Artisanat, la panne d'argent est chronique, Guillemette Clergue raconte que son mari le cordonnier du village, devait  attendre que ses clientes aient vendus leurs volailles à la pentecôte pour se faire payer les réparations des souliers qu'il avait effectuées pour leurs époux.

Le Tisserand, Raymond Maury, exerce son métier dans une chambre de bois profonde, sorte de cave humide et ronde demi souterraine aménagée à cet effet, mais il est aussi éleveur de brebis, pour améliorer l'ordinaire.



On trouve la Tavernière Fabrisse Rives, les clients ne viennent pas chez elle boire un coup, ni pour bavarder, elle se borne à vendre du  vin qu'elle fait monter à dos de mules depuis le bas pays, elle livre aussi de temps à autres le domicile des particuliers. Il faut reconnaître que le commerce local est moribond du fait du manque de liquidités des habitants, Ceux ci par obligation sont bricoleurs,  voire même bon bricoleurs, utilisant de nombreux tours de mains de divers métiers.



En temps normal on mange à peu près correctement au village, le pain de froment et le pain de millet forment le fond de la nourriture, comme il n'y a pas de moyen de moudre le grain on descend avec ânes ou mules au moulin Comtal, puis dans l'autre sens on remonte la farine pour la bluter à domicile dans le tamis domestique.

On cuit le pain chez soi, car il n'y a pas de four commun ou seigneurial dans cette petite bourgade, ce qui ne veut pas dire que tout le monde possédait son four au logis!! loin s'en faut.



C'était un signe de richesse, or donc ceux qui n'en avaient pas pétrissaient chez eux puis vont chez le voisin plus fortuné pour cuire son pain, ainsi fait Brune Pourcel, la pauvresse bâtarde qui utilise les facilités de cuisande que lui offre Alazaïs Rives.

Pour la viande on mange le mouton de réforme ( vieux ) quelques fois du cochon salé, mais surtout fumé, la consommation du porc semble courante et le fumage du lard après la tuerie des bêtes à l'hivernage, fait l'objet d'une entraide de voisinage comme pour le pain.

Dans tel foyer l'âtre et plus grand ou le feu plus nourri, permettant de traiter plus de chair, le propriétaire accueille donc telle famille plus indigente pour qu'ils fument leurs viandes. Ainsi fait Raymonde Belot à l'époque du carême, qui vers l'heur de vêpres portait chez Guillaume Benet, deux côtés de porcs pour les faire sécher.


La soupe implique toujours le lard et le pain, auxquels on ajoute selon le moment et la production, choux, poireaux, fèves et raves, les deux dernières sont cultivées en plein champ et non pas au potager, mais complètent l'herberie de celui ci.



La cueillette des noix, noisettes, châtaignes, champignons et escargots fournissent les ressources d'appoint, et comme cité plus haut divers gibiers et truites sont offerts par dame nature. On consomme parfois mais fort peu du poisson de bord de mer salé, il est monté à dos de mules dans des tonneaux.

Quand au vin il n'abonde guère, il n'y a pas de vigne à Montaillou, on en boit pour les grandes occasions et le soir à la veillée au coin du feu circulent deux ou trois coupes.

Le sucre enfin est la denrée la plus rare, que l'on peut si on en a les moyens acheter pour offrir à la dame de ses pensées, ce produit est généralement importé du monde islamique, pour les autres il reste le miel des abeilles et le sucre d'érable ou de bouleau que l'on récolte en forêt.






Nota: Nous avons parlé de l'Araire et de la Charrue, il me semble nécessaire de préciser les différences notables de ces deux outils:

Premièrement, la charrue a des roues l'araire n'en a pas, deuxièmement l'araire n'a qu'un seul outil la charrue en a trois, troisièmement l'araire est totalement en bois, même le soc, sur lequel on place une coiffe métallique, la charrue elle possède un coutre un soc et un versoir en métal

Particularités: si l'araire creuse des sillons, elle ne retourne pas la terre, donc ne l'aère pas !! elle est donc efficace sur des sols légers, mais pas sur les terres grasses ou argileuses.

La charrue avec ses trois outils apporte l'oxygène au terrain, son coutre coupe la terre verticalement, puis son soc coupe horizontalement, et enfin son versoir retourne la terre coupée sur le côté, elle est adaptée à tous les types de terrain, mais nécessite une force de traction supérieure

                                                                         _____________    



PS: la nourriture principale reste le pain et tout ce qui l'accompagne se nomme companage, pour ce qui est de notre évêque inquisiteur de Pamiers, si ses écrits sont parvenus jusqu'à nous c'est qu'il fut plus tard Pape et que ses écrits se trouvaient au Vatican bien à l'abri   M de V