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vendredi 11 février 2022

Etre Aubain au Moyen âge

Le pauvre Manant de Laboureur courbé sur le sol, qui a confié la semence à cette terre qui ne lui appartient pas va attendre 9 mois pour arracher à ses vastes flancs le fruit de son labeur. Il se cramponne à elle des ongles et des dents, il mourra s'il le faut en attendant la récolte la ou il a semé !!

Hélas elle lui manquait souvent cette terre que les rutilants Fer-Vêtus, les Abbés Mitrés et les Evêques avaient accaparée et sur laquelle il avait juste le droit de travailler sans jamais la posséder

Certains Manants désertaient cette terre essayant d'améliorer leur condition, passant d'une Châtellenie, d'une Province, parfois même d'un Royaume dans un autre. Notre Vilain devenait " Aubain " sans conserver dans cette fuite l'espoir d'un sort meilleur. On connait les rigueurs du droit de l'Aubainage. Le Serf entrant dans le domaine d'un nouveau Maître se faisait tondre par celui qu'il quittait pour se faire plumer par celui ou il s'installait. Il avait " Bonne Aubaine " le nouveau Seigneur, mais pour notre Manant c'était juste éviter le mal pour rencontrer le pire ! 

Celui qu'il venait de fuir gardait tous ses biens et tout ce qu'il allait amasser sur son nouveau lopin appartenait (sauf s'il a un enfant) à son nouveau Maître. Notre paysan n'avait comme horizon possible que le bout de son champ !!!






De plus notre Vilain devait payer le droit de " Fors Fuyance " pour obtenir la permission de passer dans un autre domaine et il lui fallait encore payer 3 Sols de " Bienvenue " au Seigneur du domaine qui lui donnait sa précaire hospitalité

Il était fort difficile au paysan de bouger de place tant les seigneuries émettaient de limites étroites, sans risque pour lui de devenir Aubain. Il suffisait seulement, selon l'expression de l'époque, d'aller hors Baptême, car il lui était interdit de passer d'une paroisse à une autre, sans cause légitime ou sans urgente nécessité !!!

L'aubainage était en réalité le servage dans toute sa rigueur. Il en allait de même pour les étrangers isolés et sans protection qui en étaient réduits à se faire Serfs !!, ils ne possédaient rien, ne léguaient rien, bref " moritur ut servus " mourir et servir !!!!

Si nous prenons par exemple le Juif au Moyen âge, c'est un Aubin, et selon le droit, le Roy lui succéde à cet Aubin quand il meure, mais pas seulement de ses biens, également ceux de ses enfants et descendants mêmes nés en France !!!. Il était toléré car étant le seul à pouvoir faire selon la religion de l'usure et du prêt à intérêts






Or donc Roys, Princes, Hauts Barons, Evêques et Abbés dépouillent de leurs biens les étrangers qui fuyants en vain n'ont aucun asile sur terre, l'antique hospitalité est remplacée par l'odieux Aubainage !

Puis des exactions nouvelles s'introduisent peu à peu et se glissent en tous lieux. Déjà commencent les entraves apportées aux moyens de communications, cet élément primordial à toute civilisation. Il faut payer pour circuler sur les routes, les ponts et naviguer sur les rivières et ceci devient légitime à force d'ancienneté !

Chacun veille jalousement sur ses biens, faisant profit de tout, s'entourant de barrières et d'interdits afin d'empêcher ses sujets de sortir et ceux du seigneur limitrophe d'entrer. c'est l'immobilisme complet ou même le voisin est l'ennemi. Chaque Châtellenie, Abbaye ou domaine de quelque importance devient un petit royaume !

Ce n'est que sous Louis IX (Saint Louis), que l'on va travailler à adoucir les effets de l'Aubainage. Dans les " Etablissements de Saint Louis " il est dit: tout étranger venant en la châtellenie d'un Baron, sans le reconnoître pour son seigneur, sera dans l'an et le jour exploitable à merci par le dit seigneur. S'il vient à mourir sans avoir légué quatre Deniers au Baron, tous les meubles de l'étranger lui appartiendront !. Voila un changement qui semble intéressant même si ce n'est pas l'extase !!!!









Car dès lors, ce n'est plus qu'une menace !, aux effets de laquelle le manant ou l'étranger peut se soustraire !, à la condition bien sur de s'avouer l'homme du Baron et de lui payer ses quatre Deniers !

Puis bientôt, les héritiers prirent les biens de leurs géniteurs en payant dans le jour qui suit l'inhumation quatre Deniers sur " bourse neuve ", expression voulant dire que le légue passe du père décédé à son fils. L'aubainage ainsi modifié se retrouve jusqu'à la fin du moyen âge dans la plupart des coutumes

Nota: il faut savoir que la législation qui régit les Aubins régissait également les " Bâtards ", car fort nombreux à une époque ou Prêtres, Eveques voir mêmes Abbés Mitrés, donnaient l'exemple d'un concubinage qu'ils dissimulaient à peine !!. Mais ils avaient pris leurs précautions, on trouve ici deux législations, l'une à l'usage du vil Manant de l'artisan ou du Bourgeois, puis celle à l'usage des hautes castes dirigeantes !!!



PS: Or donc, en conclusion. Pour le Seigneur ou le Souverain quelle belle Aubaine que d'avoir un Aubain sur son terrain....Bin quoi ça rime m'enfin !!...M de V

jeudi 10 février 2022

L'autre Vision du Bourreau Médiéval

Quand bien même !, je sais, j'ai déjà écrit sur le sujet, il me fallait préciser la place qu'occupaient nos seigneurs justiciers, qu'ils soient Grands Ecclésiastiques ou Hauts Barons !, ils distribuaient les peines sous la seule dictée de leur volonté arbitraire. Notre imagination à peine à concevoir jusqu'ou pouvait aller la férocité de leur justice répressive !

On faisait règner, à cette époque, l'autorité par la terreur en multipliant les sévices que l'on pratiquait sur un même condamné, si tant est qu'il fut coupable, et à la moindre petite faute !

L'officiant était donc le bourreau, avec ses aides, l'homme savait pousser fort loin l'art du tourmenteur, et ce, bien sur, à la hauteur de l'imagination des juges des tribunaux. Il connaissait à fond l'anatomie du corps humain, à tel point qu'il aurait pu sans façon donner des leçons aux ignorants médicastres de cette période médiévale qui dura 1000 ans. Je vais essayer de vous brosser un tableau de ce que représentait le personnage !










Inutile de préciser qu'il n'avait rien à voir avec le triste paria, qu'était un bourreau du début du XX siècle, avec sa triste machine à trancher les têtes, qui péniblement arrivait dans l'ombre à escamoter quelques têtes par an, alors que jadis cette vedette des places publiques moissonnait...Ohooo faut pas comparer m'enfin !, Y avait un artiste la !

C'était le Maître des Hautes Oeuvres, le Tourmenteur Juré, un bon catholique citoyen de moeurs irréprochables, vivant seul ou marié, mais avec la fille d'un autre bourreau, cercle très fermé ou ils vivaient entre eux

Sa science était immense et dans certaines grandes cités, comme Paris, il était une sorte de Star du théâtre de rues que l'on venait voir officier. Il pouvait sans souci se vanter d'avoir plusieurs cordes.....à sa potence ( Oups,désolé je m'égare !), bon OK je vais faire gaffe à ce que je dis promis !











Néanmoins le Feu, l'Epée, la Hache, la Fosse, l'Ecartelage, la Roue, le Sac, la Fourche et le Gibet n'avaient point de secret pour lui, il maîtrisait le bougre. Car il savait traîner les corps, les poindre, les Piquer, Echeler, Briser dents et os, mais aussi brûler les yeux, couper poings et pieds, nez, lèvres et oreilles

C'était un artiste de la pendaison, malheur au condamné qui l'insultait en montant à la potence, car il savait au kilo près de qu'elle hauteur il devait le faire choir pour briser ses cervicales ! et s'il désirait plaçer le noeud de façon différente et le faire tomber de plus bas...il dansait un long moment au bout de sa corde !!!Très mauvais plan de la part de l'ingénu qui comptait en l'insultant se venger du bourreau avant que de trépasser, mieux valait en sous main payer pour abréger ses souffrances !









Il pouvait vous coudre dans un sac et vous jeter à l'eau, estrapader, fouetter, marquer, tenailler les corps, puis répandre sur les plaies ainsi faîtes le plomb fondu, l'huile ou la poix brûlante, ou le souffre et la cire mélangés auquels l'on mettait le feu ensuite suivant les directives des juges !

Il savait démenbrer, rompre ou écorcher vif un condamné, voir le faire bouillir ou rôtir finement selon la décision du tribunal, quel luxe dans la pénalité !!. Ainsi le voyageur Médiéval pouvait constater que nul peuple n'approche le Français dans l'art de martyriser les condamnés

Humain à sa manière il pouvait faire preuve d'une certaine galanterie avec les Dames, sauf ordres des juges. Mais il pouvait à l'occasion,lancer un bûche sur sa tête afin de l'assommer pour lui éviter la souffrance des flammes du Bûcher









Selon la loi au Moyen âge on ne pendait pas les femmes, par respect pour la pudeur, mais on faisait bien pire puisqu'en lieu et place elles étaient enterrées vives. La encore, le bourreau dans un geste de pitié pouvait assommer ou écraser le larinhx de la condamnée pour hâter son trépas

Notre Maître des Hautes Oeuvres accompagnait aussi les bannis jusqu'aux limites de la zone de pouvoir des juges dont il dépendait, et en signe d'exclusion leurs fournissait un vigoureux coup de pied de par le cul !

Le Pilori était son théâtre, l'échafaud son trône, on l'y voyait dans toute sa gloire, les exécutions étant annoncées sur toutes les places publiques par des officiers de justice, sommant les habitants d'y assister, ou d'y envoyer, à tout le moins, une personne par foyer !









Il avait l'orgueil de l'importance vitale de son métier, que sa conscience lui inspirait, pour le reste il avait vu et tourmenté tant de gens, que la particuliarité de son métier lui échappait. Mais mille fois plus heureux était l'exécuteur Juré de Paris, auquel le destin, et surtout les juges, accordaient les plus beaux cas à tourmenter. Il voyait à cent lieues à la ronde, les bourreaux et leurs aides, venir dans l'intérêt de leur instruction voir travailler le bourreau de Paris

Ce dernier excellait dans la question préparatoire, comme dans la question préalable, ordinaire ou extraordinaire, il était la pierre angulaire de l'édifice féodal judiciaire. En plus du paiement de son travail en tant qu'exécuteur, il pouvait comme un seigneur lever la taille à sa façon, prenant au marché tout ce que sa main pouvait contenir dans hottes, étals, sacs ou paniers des marchands. contrairement à ce que l'on pourrait croire le Bourreau n'était pas pauvre !!!



PS: Il faut bien avouer, la je vais me faire aimer !, que l'on doit à la religion triomphante du Moyen âge l'importance du Bourreau, elle qui organisait la société selon ses désirs. Si pour une grande part de la société la mort du coupable suffisait, l'église elle demandait le marthyre, l'expiation, la torture...j'entend déjà les chiens hurler à mes chausses M de V

lundi 7 février 2022

Le Formariage

Notre Manant privé de tout droit civil, mort pour lui même, ne vivant que pour autrui, ne pouvait naître, travailler et mourir qu'au profit du Seigneur Laîc ou Ecclésiastique. Tout ce qu'il gagnait par son travail appartenait au Baron, Abbé, Evêque ou même curé de lieu ou il logeait !

Il ne pouvait vendre, aliéner ou transmettre à un homme libre, ni même à Noble sans l'accord du Sire dont il dépendait. Ce dernier pouvant reprendre la terre la faire cultiver par un autre, car si le Seigneur se doit de servir au mieux le fief donné par son suzerain. Le Serf vivant dessus doit en quelque sorte " servir sa servitude !! "

Le mariage et le célibat des gens de Main morte étaient à l'entière discrétion des gentilhommes, chevaliers Fiefés ou Barons. Le coeur ne comptait pour rien et il ne pouvait battre au delà des limites du Châtel ou de l'Abbaye dont ils dépendaient 

Alors imaginez l'injustice qu'ils pouvaient ressentir quand ils voyaient les gens des cités qui peu à peu s'allégeaient de ces carcans et de ces chaines, car elles pèseront encore bien longtemps encore sur le pauvre Paysan, le Vilain du plat pays !!










Le père ne peut marier sa fille à son gré, la veuve sera contrainte de prendre un nouveau mari, du moins tant qu'elle aura la possibilité de procréer !, et ne peuvent se marier qu'avec une personne de même condition et appartenant au même Maître !

S'ils désiraient le faire hors du domaine du Seigneur, ce ne sera qu'à la condition de laisser à ce dernier le quart ou la moitié de ses maigres biens, vache, charrue, boeuf, mouton et seulement après avoir obtenu la permission du Maître, sous peine dans le cas contraire d'avoir une lourde amende. Nous dirons que la devise de ces seigneurs se résumait à ceci " Prendre au manant tout est bon même le croûton ! "

Si un homme libre décidait d'épouser une femme serve il subissait d'office la condition de celle ci, sans pouvoir espérer recouvrer sa franchise perdue !, même par le veuvage ou par remariage avec une femme libre. Comme disent les coutumes du Formariage " le pire emporte le bon "

Bref le manant de main libre, amoureux, se trouve entrainé par la main de celle qui ne l'est point. Le seigneur du cru lui fait comprendre que s'il monte une de ses poules...bin il devient son coq mordious !!










Si l'on admet un accord entre deux Seigneurs voisins, afin qu'une femme serve aille épouser un Vilain sur les terres de celui d'en face. Ce Sire sera tenu de rembourser par une autre Vilaine, en échange, encore faudra t'il qu'elle soit d'âge et de condition identique

Avec Vilains et manants on ne tenait aucun compte ni de la famille, ni de la moralité ils étaient juste un instrument pour repeupler les domaines un point c'est tout. Les Seigneurs étaient de vulgaires maquignons !

Il va sans dire quand nous parlons de seigneurs et de Fiefs qu'il nous faut donc englober les Ecclésistiques hein !!!..Ils ne faisaient ni mieux ni pire. Car bien souvent Evêques ou Abbés Mitrés étaient issus de la Noblesse...c'était bien souvent un second fils de Baron ne pouvant hériter de la terre qui entrait dans les ordres ! 

De plus ce juteux bénéfice en tant qu'Evêque ou Abbé restait ensuite dans la famille comme un bien héréditaire, rien ne devait échapper à un haut Baron ou à ses enfants leurs doigts étaient griffus et leurs escarcelles sans fond










L'auteur " des essais sur Paris " nous rapporte les termes d'une Charte de 1242, ou il est dit : Qu'il soit notoire que tous ceux que cette présente liront, que nous Guillaume, indigne Evêque en Paris consentons à ce que Odeline, fille de Rodolphe Gaudin du village de Vuissons, femme de corps de notre église, épouse Bertrand, fils du défunt Hugon, du village de Verrière, homme de corps de l'Abbaye de Saint Germain des Près !! Que si ladite Odeline vient à mourir sans enfants, tous les biens mobiliers ou immobiliers dudit Bertrand retourneront à l'Abbaye. 

Or donc quel que soit le Seigneur on se disputait joyeusement la moitié d'une Vilaine, le quart d'un Manant voir le tiers d'un ou deux enfants !!!!

Prenons un exemple: La seigneurie de Châtillon sur Seine avait trois Suzerains en puissance, le Duc, l'Evêque et l'Abbé. parmi les hommes et les femmes de ce vaste domaine les uns avaient un seul maître, certains en avaient deux et d'autres étaient communaux aux trois Sires du lieu. 

Mais les enfants de ces manants du plat pays, il faut savoir que nos trois tristes Sires se les partageaient entre eux !!!!!










Ainsi le manant ne pouvait vraiment être époux, ni la femme vraiment mère !. Le Duc, l'Evêque et l'Abbé avaient oblitérés les forces vives de ce domaine à trois têtes, aucun espoir, du Manant au Vilain, comme s'ils étaient de vulgaires mécréants

Passe encore pour le Duc, un Noble, qui devait tout juste ânonner son livre de corne, il n'en allait pas de même pour ces Ecclésiastiques sachant lire et écrire le Latin qui bafouaient allégrement les principes de la religion !. Mordious cela ne semblait pas les déranger dans la rédaction de leurs sermons, desquels ils fustigeaient leurs pauvres ouailles pendant la messe



PS: je rappelle que ceci est la vision du nain et comme tout bon copiste du Moyen âge et je vous la présente sans façon à la sauce Naine morbleu !!!...M de V








jeudi 3 février 2022

N° 420) la Main Morte ou le Main Mortable

Nous savons tous que dans le monde de la reconstitution on ne parle que fort peu des hommes et des femmes qui courbant l'échine, à plus d'un titre, grattaient la terre. Des gens de cette époque les paysans ne devaient attendre aucune reconnaissance, car tout le monde était d'accord sur le fait qu'ils étaient la pour nourrir tout le monde, du Noble à l'Ecclésiastique, en passant par le Bourgeois et l'Artisan, ainsi que toutes personnes vivant en Bourgades, Bourgs ou cités. En bref tout ceux qui se goinfraient pendant que le pécore dansait devant le buffet (si vous voyez l'image !!! )

Dans ce chaos que fut le Haut Moyen âge il nous faut parler de ce droit de " Main Morte ", et d'ou venait ce nom sinistre et morbide ?. C'était un droit très variable selon les formes, les variétés et les régions et il n'est pas facile de lui assigner des limites fixes !

Quand à son nom il venait de l'usage odieux de couper la main droite d'un Serf décédé, pour la présenter au Seigneur du lieu. Ce dernier, à ce moment prenait tous les biens et effets du serf mutilé, au préjudice et à l'exclusion des enfants de celui ci, ( je parle de main droite, jamais la gauche c'était la main du diable)









Puis comme il fallait bien faire quelque chose de ce pauvre reste faisant office de preuve de décès, le Seigneur, l'ecclésiastique religieux ou séculier, propriétaire de la terre ou était mort le Serf, la clouait à la porte de sa tour ou de son domaine, au même titre qu'une patte de loup ou la tête d'un animal ramené de la chasse

Selon du Cange, la Main Morte s'emploie diversement dans les coutumes et chez les Légistes, car elle peut désigner quelquefois les hommes eux mêmes et d'autres fois les possessions que l'on appellent " biens de Main Morte "

Ces hommes de main morte sont Serfs de la glébe et ne peuvent donc disposer de leurs biens par testament. Or donc les hommes de main morte qui décédent sans enfants laissent tous leurs biens au Seigneur Laïc ou ecclésiastique sous la puissance duquel ils se trouvaient










D'autres fois ce droit s'applique aux héritages eux mêmes, et si un individu sans travail se reconnait de la puissance d'un Seigneur Laïc ou ecclésiastique, en s'avouant l'esclave de ce dernier pour y travailler cette terre vacante, cela suffit à établir une subdivision en servitude personnelle !

Cela adhère à la chair et aux os de notre individu et le rendant Serf de suite !, cette servitude réelle attachée à ce lopin de terre qu'il va défricher puis travailler pour vivre est une sorte de conséquence, que le pauvre Manant va secouer en la quittant, mais aussi qu'il va subir en venant y vivre pour la cultiver et tenter de subsister 

Soyons honnête et parlons plutôt de " survie " car le quotidien de celui qui travaillait la terre n'était pas une partie de plaisir !!!! et sur un campement médiéval vous ne trouverez que rarement des gens jouant le rôle de paysans !!!










Serfs de corps, la dénomination varie selon les régions et les périodes, la confusion est d'autant plus facile que dans les documents de l'époque féodale, tous les travailleurs de la terre sont le plus souvent confondus sous la commune dénomination de Serf !!

Cependant à partir du XIII siècle la distinction sera parfaitement établie entre " les Serfs " et " Les Vilains " ( vilain, de villa, maison des champs), ou " Colons ", qui occupaient les degrés intermédiaires entre " la pleine servitude " et " la franchise "

Des Légistes de l'époque tels que Beaumanoir et Pierre de Fontaines ont nettement tracés dans leurs écrits les limites existants entre ces différents types de paysans. je voudrais pas enfoncer le clou, mais encore fallait il trouver des gens pour lire leurs textes, car peu de gens savaient lire surtout chez les Nobles !!! 










Citons Beaumanoir : Cette manière de gens ne sont pas tous de même condition. Il existe plusieurs conditions de servitude !, les uns sont si sujet à leurs seigneurs, que les dits Sires peuvent prendre tout ce qu'ils ont ...à mort et à vie...et jeter leurs corps en prison toutes les fois qu'il leur plait...à tord ou à droit..sans qu'ils ne doivent en rendre compte sauf à Dieu !.Les autres sont traités plus débonnairement, car tant qu'ils vivent le seigneur ne leur peut rien demander, s'ils ne meffont, fors le Cens, les Rentes et les Redevances qu'ils sont accoutumés à payer pour leur servitude ....il est gentil le Beaumanoir mais c'était quand même pas la panacée !!!...même si pour l'époque cela faisait une énorme différence pour le paysan de base !

Passons à l'autre Légiste que j'ai nommé, Pierre des Fontaines, il écrit. Saches bien, que selon Dieu tu n'a mie plein pouvoir sur ton Vilain, donc si tu prend son bien, fors les droits de redevances qu'il te doit, tu le prend contre Dieu, sur le péril de ton âme et comme voleur !!









Je reviens sur le fait que peu de gens sachant lire ce texte de légiste restait lettre morte comme la main du même nom !!. Le pauvre paysan contraint de se lever et se coucher sur cette terre appartenant à un seigneur devint ce que l'on nomma " un Manant " ( de manens, demeurant, restant à )

D'autres fois les campagnards sont appelés " Rustres " (rus, rusticus, rusticola ), ailleurs on dira qu'ils sont " Casés " ( casati ) casaniers ou vivant en casement. En fait parqués sous bonne garde et sous la domination d'un berger terrible dont la Houlette fut bien souvent une lance ou une épée !!

Le premier pas que fera cet esclave fut de changer sa condition de Serf contre celle de Vilain soumis à une infinité de redevances et de services 


PS: bref pas le pied d'être paysan au moyen âge ! ...je vais creuser pour écrire une suite il y a matière à raconter M de V 

samedi 22 janvier 2022

La Route du Pèlerin médiéval 3/3

Qu'il se nomme Paulmier (pélerin de terre Sainte), du nom des palmes qu'on s'en allait cueillir à Jéricho, ou bien Romée, Roumieux (pèlerin de Rome), mais encore Jacquot, Jacquet, Jacquaire (pèlerin de Saint Jacques de Compostelle), voici donc notre pèlerin ou vagabond de Dieu, assuré dans son voeu, prêt à prendre la route !!!

Par élection volontaire il s'est déjà retranché des siens, le terme de "Peregrinus " le désignant, spécifie bien sa condition nouvelle, en latin classique, c'est à l'étranger qu'il s'applique ou à l'hôte en voyage et qui n'a pas le droit de cité !!. Le sens religieux de ce terme semble être devenu courant après la première croisade

Le costume du Pèlerin tel que l'iconographie médiévale le consacrera au fil de ses mille ans d'histoire, nous a conservé plusieurs exemplaires. On représente volontiers Saint Jacques ou son disciple Saint Roch, dans un long manteau en forme de pèlerine (le terme n'ayant pas d'autre origine),couvrant tout le corps jusqu'aux pieds, un capuchon protège la tête, ou le bonhomme porte un chapeau rond à larges bords, relevé devant et retenu par une jugulaire. Il a en main l'attribut traditionnel qu'est le bâton de marche nommé Bourdon, son soutien, servant éventuellement de moyen de défense ! 






Il porte sous la pèlerine une tunique courte serrée à la taille par une ceinture à laquelle pend généralement l'escarcelle et le couteau à manger, chausses et chaussures complète cette tenue. En bandoulière il porte l'escharpe (entendez par ce terme la besace recelant ses maigres biens)

Nota: L'investiture des deux objets que sont le Bourdon et l'Escharpe donne lieu à une cérémonie présidée par un Clerc qui va les consacrer par ces mots " au nom de notre Seigneur jésus Christ, reçoit cette escharpe et ce bourdon, attributs de ton pèlerinage, afin que tu parvienne sauf et amendé au parvis de Saint Jacques ( ou de tout autre lieu de pélerinage), que tu désire atteindre et qu'une fois ton cheminement accompli tu nous reviennes en santé !

Beaucoup de pèlerins appréhendaient à bon droit les périls du chemin solitaire, ils redoutaient l'attaque de brigands et de pillards de tous poils, qui hantent certains passages obligés, détroussant, frappant ou assassinant le pèlerin. Puis les animaux sauvages, croiser un Ours de mauvaise humeur n'est pas une partie de plaisir !, rencontrer des loups n'était guère mieux, on sait que le loup n'attaque pas l'homme en général, mais si notre pèlerin est blessé affaibli ou malade  ????

Et puis faire une chute et se briser un membre en solitaire sur le chemin, c'était au moyen âge la mort assurée !!






Mais ils craignaient tout autant un danger plus insidieux " la solitude morale ", ce sentiment éprouvant qui décourage les énergies, aggrave la fatigue et vous incitant sournoisement à l'abandon !. Qui a tant soit peu marché ou couru sur de longues distances le sait bien !

Il en va tout autrement du cheminement à plusieurs, l'étape de la journée paraît moins longue, on s'entretient, on plaisante, on s'esclaffe et l'on chante en cadence, à la pause on partage quignon de pain et oignon sorti de la besace

Le pèlerin médiéval n'a rien du larmoyant chrétien confit en dévotions c'est un gaillard truculent qu'aucun juron ne rebutte Putentrailles !!, friand de grasses plaisanteries qui détendent et vous secoue la sous ventrière, toutes choses que l'on ne peut faire qu'à plusieurs mordious !

Toute étendue d'eau que ce soit étang ou ruisseau et prétexte au bain. Seuls les habitués des longues randonnées sur plusieurs jours savent le poids que représente cette saleté graisseuse qui poisse les mains, colle les vêtements à la peau, sans parler de l'odeur âcre des habits fripés et souillés. Notre pèlerin, s'il se lave, ne peut, lui, changer d'habits et dans sa tenue dégoûtante se sent chaque jours plus retranché de ce monde dans lequel il doit évoluer ! 






A mesure son apparence devient misérable et l'acception médiévale du terme perigrinus colle de plus en plus au personnage. Ce vagabond qui n'est nulle part chez lui. Si son manteau misérable et ses insignes lui épargnent le plus souvent le mépris, ce n'est cependant pas toujours le cas, car la vie est rude au moyen âge et les gens le sont aussi. Il trouvera, parfois, chemin faisant, hôtes francs et généreux, croyants compatissants, voir d'anciens pèlerins eux mêmes, qui les hébergeront, les nourirront, soignants leurs pieds meurtris et douloureux  

Il faut savoir que passé un certain degré de fatigue, la prière elle même devient balbutiement informe, au fil des Lieues il n'existe plus, pour le pèlerin que vide et harassement total sans pensée ni recours, l'étape du soir est vitale. Or donc coucher à la belle étoile, pour lui n'est pas idéal. Il va se créer au fil du temps des gîtes d'étapes, afin qu'ils puissent en sécurité se reposer et se soigner, avec des gens à demeure pour aider. Un endroit utile pour partager ses expériences et les infos de la route avec d'autres pèlerins rentrants chez eux. C'est aussi à ce moment de suprême faiblesse, que notre vagabond misérable, ne sachant plus pourquoi il marche, l'esprit tendu vers ce " Désert " parlera à Dieu. Ainsi se forge une spiritualité routière faite de dénuement et de résignation.


Nota: Pour la France, Saint Jacques est incontestablement vénéré tout au long de la période médiévale, mais les pèlerins allant en Galice n'étaient pas les plus nombreux, et on ne trouve pas trace de foules immenses dont on parle maintenant à satiété, selon Denise Péricard Méa, Docteur en histoire et spécialiste de Compostelle et de ses pèlerins. Ce n'est qu'au XVI siècle que Compostelle finit par s'imposer comme lieu unique de culte, marquant la victoire définitive du Majeur !!!

PS: selon Béatrice Leroy, Professeur d'histoire médiévale, les voyageurs ayant franchi les Pyrénées, pour prier, étudier la médecine, commercer, rencontrer des souverains comme ambassadeurs ou tout simplement pour voir du pays sont nombreux au Moyen âge. Mais les plus nombreux ne furent pas les pèlerins, loin s'en faut. Au XV siècle l'Espagne possédait déjà de véritables touristes ayant laissés par écrit le récit de leurs périples M de V

vendredi 21 janvier 2022

Moyen âge le Voeu de Pèlerinage 2/3

Ce vagabond qui chemine courbé, son bourdon en main, dans ses habits usés de toutes ronces, des ardeurs du soleil, maculés des boues du chemin et des eaux ruisselantes, traverse inchangé toute la durée des siècles du Moyen âge....mais qui vous empêche de mettre vos pas dans les siens ?????

Avant de cheminer il nous faut cependant mieux cerner ce pèlerin médiéval, le saisir dans l'effort quotidien de son engagement, depuis son voeu jusqu'au matin radieux du terme de son voyage !!

Il n'existe guère, faut il le préciser, de mesure commune entre la puérilité des serments irréfléchis d'une civilisation comme la nôtre et la décision héroïque par laquelle un Seigneur, un Bourgeois ou un Paysan du moyen âge se font les vagabonds de Dieu !

Il ne me semble pas, mais le nain peut se tromper, que la satisfaction d'intérêts purement matériels, comme la réussite d'une entreprise humaine par exemple, aient inspiré un grand nombre de voeux.

 L'homme médiéval, je crois, n'attacha jamais à ses aises une importance extrême, la vie était rude au moyen âge et le Seigneur, le Bourgeois ou le Paysan ne l'étaient pas moins, mais ils avaient ce bon sens pratique de prendre sans rechigner ce que la vie leur offrait !






Sans doute que l'espérance légitime de retrouver la santé, pour soi même, ou pour un être cher, dicta t'elle plus souvent l'idée de prendre le cheminement. Dans l'état dérisoire pour ne pas dire désastreux de la médecine de l'époque, le recours au tombeau d'un Saint Thomaturge me semble révélateur d'un choix judicieux pour le vagabond de Dieu ! 

Les grands sanctuaires de pèlerinage grouillaient littéralement d'impotents, d'infirmes avec ou sans béquilles, d'aveugles et de goitreux, ainsi qu'un grand nombre de malades geignants et fébriles. Certains n'hésitaient pas à entreprendre les cheminements les plus éprouvants, se trainant de chasses en reliquaires jusu'à ce qu'ils trouvent un Saint qui veuille bien consentir à les guérir !!!

Le livre des miracles de Sainte Foy raconte comment un jeune paralytique, natif de Reims, parcourut la Belgique, la Germanie, l'Italie, pour finir par l'Espagne et Saint Jacques de Compostelle, d'ou il rentrera chez lui en passant par Toulouse. Il retrouvera l'usage de ses membres grâce à Saint Foy de Conques. Il ne m'appartient pas de douter, je cite juste ce qui est inscrit dans la chronique ! 

Précision: Pour sur le nain n'a confiance qu'en la pierre !, mais il a un profond respect pour les croyants de toutes confessions...tout en compissant et conchiant les intégristes de tout poils bien sur !









Toutefois on trouve au fond de pareils actes, l'esprit de pénitence, bien plus que celui d'aventure ou d'exutoire à un débordement de vitalité qui animait ces grands engagements. Quelques uns vont y subordonner toute leur existence, on trouvera de véritables professionnels du pèlerinage, finissant l'un pour commencer l'autre, éternels vagabonds de Dieu !

Il est presque impossible, selon les spécialistes, de déterminer dans qu'elle mesure le pèlerin médiéval obéissait au désir ascétique du " Désert ", c'est à dire ce refuge que procure des conditions de vie hors normes de l'époque, mais qui permettait en marchant aussi dans sa tête de méditer et trouver Dieu

On trouvera aussi tout un Quarteron de désenchantés, qui trouveront leur lot de déceptions, ceux qui emprunteront le cheminement du pèlerinage avec juste l'esprit d'aventure, de vagabondage, voir de simple curiosité humaine ou par simple envie de rapines. Le harassement quotidien du chemin aura vite raison de ce genre de pèlerins. Il est plus que probable que ces gens partis dans cet état d'esprit auront dévié du chemin et renonçé avant d'en atteindre le terme. Pour avoir discuté avec des pèlerins c'est toujours le cas actuellement (sauf pour les rapines bien sur ! )










Le vrai pèlerin, même chargé de ses ambiguïtés humaines, chaque jour faisait son chemin, suivant ses pieds il s'approchait chaque jour de son " Désert ", aspérités et orniéres usant chausses et poulaines avec dans son esprit l'espoir de trouver Dieu !

Et puis il faut se pencher sur le fidèle du moyen âge, sa vie de tous les jours, ce qui est difficilement imaginable de nos jours !. Il y avait cette proximité, je dirais même cette familiarité avec les leçons bibliques et l'exemple de tout ces Saints ayant fuit le monde avec ses attraits et ses vanités !

La mort elle même n'a pour ce fidèle ni le poids, ni la signification que nous lui donnons. Elle n'est pas pour lui cette hideuse Camarde ( mort ), trônant sur un royaume d'ombres, ni même ce squelette dansant dont le XV siècle popularisa l'image. il représente l'accomplissement d'un long et douloureux chemin s'ouvrant sur l'éternité !  

PS: Ayant moi même beaucoup marché tout au long de ma vie je ne peux qu'éprouver un profond respect pour nos pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, car c'est avant tout une aventure solitaire, une rencontre avec soi-même...ce personnage que l'on ne connaissait pas forcement avant le cheminement M de V

mercredi 19 janvier 2022

Le Pèlerin et les Reliques du Haut Moyen âge 1/3

Le pèlerinage est l'acte volontaire et désintéressé par lequel un homme abandonne ses lieux coutumiers, ses habitudes et même son entourage pour se rendre, dans un esprit religieux, jusqu'au sanctuaire qu'il s'est délibérément choisi, ou qui lui a été imposé par pénitence 

Ce croyant de fait, à besoin de signes sensibles pour entretenir et accroître sa foi. L'originalité, si l'on ose dire, du Christianisme est de multiplier ces supports. Son levain historique sera le sang, les os, les dents, voir les cheveux des Martyrs. 

Ces témoins de la foi sont l'objet, au moyen âge, d'une vénération dont les catacombes fournissent d'innombrables exemples, appuyés par des textes et des traditions, et l'on va en grand nombre prier à leurs tombeaux !

Aussi longtemps qu'à vécu l'Empire Romain, les souvenirs de l'évangélisation, les exemples de paix et de charité transmis par les premiers chrétiens demeurent vivaces. Après la rupture de l'unité romaine, chacun ressent en ce début de moyen âge une nostalgie attisée par les désastres et les invasions. Les chrétiens vont puiser leur réconfort dans l'apostolicité !






Dans cette insécurité engendrée par la dissolution de l'Empire Romain et le déferlement des invasions des hordes de l'Est, des Vikings venant du Nord, ou des Arabes venant du sud, en ce début de Moyen âge, rares seront les cités qui ne possédent pas " son Martyr ", ou sa Vierge privilégiée dont on vénère le corps

Le culte des reliques charnelles en est le trait le plus frappant, os, cheveux, dents ou sang. Mais également les objets, anneau, morceau de bois, pierre, vêtements tout ce qui touchait de près le martyr !!!

A tout prix, églises, monastères et cités cherchent à se procurer ces trésors pour en enrichir leurs lieux de culte. Certains audacieux n'hésiterons pas à les dérober pour embellir l'église d'une cité ou d'un monastère, mais aussi, il faut bien l'avouer, dans un but lucratif puisque cela faisait venir les pèlerins !

Ce genre de coup de main audacieux rapporté complaisamment dans certaines chroniques peuvent paraîtres cocasses à nôtre époque !, mais elles étaient pour le moins scandaleuses au Moyen âge et engendraient des contestations et des chicanes de clochers interminables

Je sais, que pour nous désormais, cela peut prêter a rire, le fait que dans cet élan de ferveur religieuse ils séparaient comme d'un jeu Légo les os d'un martyr de la foi chrétienne mordious !!!






Au vrai l'écartèlement et le dépeçage, qu'il soit amiable ou frauduleux des dépouilles de nos Saints ne tourmentait aucunement la conscience de nos pèlerins. Ils n'étaient pas étonnés de rencontrer les reliques d'un même Saint dans deux ou trois lieux de culte différents, ici un doigt, la un pied et trois jours de cheminement plus tard, et à des lieues de la, trouver une main. Ils vénéraient tout bonnement et simplement le même Saint dans plusieurs sanctuaires, sans s'inquiéter davantage du pourquoi ou du comment de la chose 

Pour ce qui est des objets il nous faut raison garder !, car si l'on s'amuse à comptabiliser les morceaux de la vraie croix qui transitaient à cette époque, on aurait facilement pu construire dans sa totalité la flotte de navires de la Ligue Hanséatique mordious !!

Il faut comprendre que beaucoup de ces vendeurs d'indulgences ou de reliques étaient de tristes charlatans, capables de vous vendre un brin de paille ayant appartenu à la litière du berceau de Jésus !!!, voir même un poil de l'âne ou du boeuf qui se trouvait dans l'étable de Bethléem...de vrais mécréants c'est l'nain qui vous le dit 

Que ce soit le citadin, le chapitre d'une église ou même un monastère, beaucoup se feront rouler dans la farine par excès de confiance ou une trop grande crédulité !! 






Or donc partout ou le permet une sécurité relative les précieux restes ou les objets sont enfouis dans des chasses ouvragées décorées d'or et d'argent, que l'on expose à la vue des pèlerins. Dès le XI siècle sera entrepris la construction d'églises monuments, apparemment copiés ou imités les uns sur les autres, possédant de longues nefs, comme des vaisseaux inversés, capables de contenir la foule des fidèles et des pèlerins venant en masse ! 

L'esprit de pèlerinage n'a cessé de se développer tout au long du XI siècle jusqu'à aboutir à l'explosion, cet engouement que fut la croisade. L'étude du pèlerinage comme fait social, à la fois mentalité intime et comportement extérieur, collectifs ou individuels est des plus ardues !!!

Car les premiers pèlerins connus d'Occident ne sont guère que des noms !!. Leurs équipées aventureuses ( c'est le moins que l'on puisse dire ), s'embrument de légendes et nos braves copistes de l'époque, laissant voguer leurs imaginations ajouterons quelques épisodes aux aventures du cheminement de nos premiers pèlerins ! 


PS: j'ai puisé dans le livre de R Oursel, Docteur ès lettres et diplômé de l'école des Chartes en y mettant mon grain d'sel M de V

jeudi 6 janvier 2022

En Queue, Pipe ou Barreau, Evreux produira en vins, moult tonneaux 4/4

A tout seigneur tout honneur ! rendons au vin d'Evreux l'honneur qui lui est dû. Alors que nous savons après recherches, quel était l'écrasante supériorité du vin parmi les diverses sources de revenus de la cité Ebroïcienne !. La moitié, voir les deux tiers des recettes destinées à soutenir l'effort de guerre provenait du commerce du vin pendant la guerre de cent ans !

Il faut savoir qu'aux XIV et XV siècles, la majorité du vin négocié par la cité provenait du vignoble ébroïcien. En 1447 et 1448 sont vendues au détail ou en gros 1584 queues de vin !!!!. Quand on sait que la futaille nommée Queue, avait une contenance de 400 à 800 litres !, je vous laisse faire le compte....c'est énorme mordious ! !

L'importance de la production locale n'est cependant pas surprenante si l'on tient compte que toutes les pentes de la vallée de l'Iton, bien exposées, étaient alors couvertes de vignes.Partout la vigne prospérait, bénéficiant de la présence de la forêt, qui fournissait le bois pour perches, fourches et eschallas (tuteur de ceps), nécessaires à son soutien, mais aussi, chênes et châtaigniers, qui selon les époques, et les modes servaient à faire les tonneaux, Queues, Pipes ou Barreaux. Pour info: la Queue de 400 à 800 L, la Pipe 400 L, le Barreau 100 L on trouvait aussi le Pega  de 3 L (pour petit joueur !!) 










L'ensemble du vignoble ébroïcien se trouvait, semble t'il, réparti en de nombreuses petites tenures. Ou l'on trouve écrit dans les archives qu'un certain Pierre de la Motte, Parcheminier dans la cité, reconnait tenir du chapitre d'Evreux, un Acre de vignes en deux pièces du côté de la Rochette et entre plusieurs Boutières. Les Boutières désignaient les extrémités d'un groupe de parcelles, ce qui nous évoque un morcellement assez prononcé des exploitations !

Pendant toute la guerre de cent ans le vin apparaît étroitement lié à l'histoire de la ville et abondamment mentionné dans le registre : Compte de recettes et dépenses du Roy de Navarre, Comte d'Evreux, de 1367 à 1370

Car la garnison du château d'Evreux était copieusement fournie en vin goulayant de Gravigny, tandis que de notables quantités de nectar de la rivière d'Eure étaient acheminées vers Cherbourg, ville fortifiéé et place forte du Roy de Navarre

C'est bien connu qu'au M-A pour bien batailler, il faut associer bonne mangeaille et nombreuses futailles !









Mais c'est surtout grâce à la possibilité donnée aux Magistrats municipaux, de faire des Dons, des Coutoisies et des Présents, que ce soit en poisson, viande ou vin à des personnes importantes, ayant rendu ou pouvant rendre service à la ville que le Nectar ébroïcien sera connu, car les édiles d'Evreux vont préférer offrir du vin !!

Sans lui point d'hospitalité qui soit jugée digne !. Cette simple manières de gagner les bonnes grâces des grands, ne laissait pas d'être efficace, car aussi longtemps que va durer l'ancienne Monarchie, l'offrande de vin aux visiteurs de qualité...fut chez ceux ayant la charge de défendre les intérêts de la ville l'objet d'un souci constant !

Du XV au XVII siècle les comptes des receveurs de la cité d'Evreux font ressortir des dépenses en vin non négligeables à titre de courtoisies...faut dire que l'eau était pas en odeur de Sainteté, hormis dans les bénitiers ....Heuuuu désolé j'ai dérapé la ..le nain y s'excuse !!!!

Après divers recoupements il apparaît que de tous les grands personnages à qui allaient ces témoignages de respect c'était le Bailli Royal d'Evreux le plus choyé....ou son épouse !!!!!









Observons que par une délicate attention c'était fort souvent de l'hypocras, breuvage liquoreux qui était offert à " Damoizelle la Baillivie " l'heureuse épouse du bailli, comblée de prévenances !!

Mais chaque fois que les procureurs de la ville s'adressaient au bailli Royal pour résoudre des problèmes ou un litige de la cité, on faisait porter à son Hostel quelques munitions, afin de pratiquer quelques libations pour d'aider aux tractations entre le Bailli, les gens d'église, procureurs et bourgeois à la table des négociations !!  

Il faut bien avouer que pour Evreux, comme pour d'autres régions vinicoles, la période dites " des vaches grasses " correspond à toute la période ou l'Aquitaine appartenait aux Anglois !

Car pour une grande partie de la production des vins de cette région partait pour Albion....Y faut point croire que l'Anglais ne buvait que de la bière à cette époque !!

Beaucoup de marchands de vins du Bordelais avaient un comptoir à Londres...Bon le nain va aller boire un verre à votre santé M de V



dimanche 2 janvier 2022

N°415) l'Enigme du Vert-Noir d'Evreux 3/4

Quel était donc ce tissu ?, ce produit qui venait de la production drapière, ce " Vert Noir " de la cité d'evreux, le secret devait en être jalousement gardé, car en voila une énigme en provenance direct de notre Moyen âge Normand !!!!

Comment se présentait ce drap fabriqué et teinté par nos Artisans Ebroïciens ?. Ce drap était il effectivement bicolore vert et noir ?, ou grâce à un procédé secret de teinture, formait il un marbré de vert et de noir chatoyant et changeant au contact de la main, mystère et boules de gomme ??????

Nous ne trouvons nul trace d'un quelconque procédé de fabrication, ce qui peut paraître normal, car fort peu de gens savaient écrire à cette époque et les secrets de fabrications se transmettaient de bouches d'artisans à oreilles d'artisans !!!

Percer ce mystère est impossible mais du moins pouvons nous clarifier queques points de façon à voir ensemble ce que nous savons sur le sujet. Votre copiste le nain ayant écrit plus de 500 pages sur Charles II Roy de Navarre et Comte d'Evreux j'ai glané quelques infos en marge de l'histoire de ce Monarque 

Nota: ne cherchez pas ce livre sur Charles II Roy de Navarre, je ne l'ai pas publié, mais je l'ai découpé en plus de 400 articles qui alimentent ce Blog depuis 4 ans !!! 




Ce que nous savons sur le Vert-Noir d'Evreux : Nous trouvons écrit dans le registre des Recettes et dépenses de Charles II Roy de Navarre, Comte d'Evreux (publié en 1885 par le libraire des archives de l'école des Chartes), que ce Monarque fait acheter du Vert-Noir " pour VI grans aulnes de drap de deux couleurs achetez chez Thomas Espingues et Guillaume Fleuri, pour faire robes à certaines personnes que Monseigneur Charles mandoit aler devers li en Navarre et payé XII Francs et demi "

Pour avoir capté l'intérêt de Charles II ce drap devait jouir d'une renommée suffisante et son commerce devait occuper une place considérable dans la vie économique de la cité Ebroïcienne ??

Tous les auteurs l'ont prêtendu ! et si à une certaine époque elle parue moins florissante ce fut pendant l'occupation Angloise du XV siècle, sans doute que les traces des opérations ont toutes alors disparues ?

Mais que les Baillis, Comtes et Rois se soient mêlés de ce marché bien spécifique de la production drapière d'Evreux semble être une preuve irréfutable de son effervescence !. 

Son activité va faire progresser les Foulons qui s'installèrent aux abords de la porte Chartraine, puis le long de " la rue grande ", et firent du quartier du Faubourg Saint Léger un de leurs fiefs attitrés du Moyen âge !





Nous savons que les moulins " Foulerez " appartenaient au Comte et qu'il fallait pour tout artisan y porter ses étoffes et payer les " Banalités ". Cependant la puissante et fort riche corporation drapière n'en souffrait pas trop !

Elle faisait vivre une population importante d'ouvriers laineurs, tisseurs, foulonniers, tondeurs et détailleurs de drap. Tous travaillaient pour le compte des " Maîtres Drapiers drapants ", ce que nous nommons des marchands en gros

Leurs laines, draps et demi draps s'étalèrent sur tous les marchés du Royaume et passèrent les frontières. mais elles connurent un succés particulier sur les foires Toulousaines et celles de Saint Denis aux portes de Paris. De bons clients montaient régulièrement du Sud de la France pour s'assurer d'une provision annuelle de ce produit

Tout le Moyen âge ne connut pas les conditions prospères de ce marché. Ce que l'on constate cependant, c'est que le XIII siècle et le début du XIV siècle fût glorieux grâce à la renommée du Vert-Noir d'Evreux !...du moins jusqu'au début de la guerre de cent ans !

Mais il n'y eut pas que les drapiers qui subirent les méfaits de cette longue période de conflits !





Les teinturiers de la ville d'Evreux étaient maîtres dans l'art de manier les couleurs la Guède, la Gaude et la Garance n'avaient plus aucun secret pour eux et les principes de ces colorants étaient utilisés fort adroitement pour la réalisation de cet unique et mystérieux Vert-Noir d'Evreux 

Ces pièces de draps étaient obligatoirement fixées à vingt aunes (soit environ 23 mètres) elles étoient ensuite marquées par le " Boujonneur ", un administratif de la cité qui marquait d'un sceau aux armes du Comte d'Evreux, nommé Boujon, toutes les pièces de tissus !....voila ce que votre copiste sait !!!

PS: à ma connaissance seules deux autres personnes on écrit sur Charles II Roy de Navarre et Comte d'Eveux. Ce sont André et Sylvie Plaisse de la Société Libre de l'Eure ...votre copiste de Nain fut à une époque membre de cette société, j'ai eu l'occasion de lire un des derniers exemplaires de leur livre remarquable sur Charles II, j'avais donc suivi leurs traces, fouillé les archives et écrit moi aussi sur ce personnage si particulier, un bouquin pour ma satisfaction personnelle M de V

Nota: cherchez pas l'exemplaire de A et S Plaisse hein !, je l'ai rendu à la Société Libre de l'Eure et doit être le seul exemplaire restant de leurs travaux !!!


Re nota: Wouais je sais que c'est mesquin de la part du Nain cette énigme du Vert-Noir d'Evreux !!...mais c'est pour faire fonctionner vos mérangeoises, pour cette année de peu que sera 2022 PTDR !

jeudi 30 décembre 2021

Evreux, La Confrérie de Charité 2/4



A la fin de la guerre de 100 ans la cité Ebroïcienne semblait reprendre un essor économique en ayant tiré profit des nombreuses périodes de trêve de ce fort long conflit. On retrouve ici cette faculté de se relever en dépit des déboires passés !

Ces malheurs causés par une alternance d'épidémies et de périodes de conflits avaient développé chez nos citadins le désir de venir en aide à leur prochain dans la détresse : l'idée du secours mutuel !

On trouve des monographies urbaines aux archives municipales traitant des Confréries. Ainsi naquit en novembre 1421 " la confrèrie de Charité " d'Evreux. C'est à l'instigation de quelques bourgeois dévots et avec l'accord du Vicaire général de l'évêché, Paul Capranica, que notre confrèrie allait siéger en l'église Saint Jacques de l'Hôtel Dieu

Son but : assister son prochain dans la mort, la maladie ou la misère. Non seulement elle s'attachait à rendre aux défunts un dernier hommage, mais venait souvent en aide aux deshérités par ses aumônes

Nota : Initiative fort louable quand on sait qu'à notre époque nous fuyons, sans souci, les gens sans le sou, ainsi que malades et personnes en fin de vie !!!




Notre confrèrie secourait les malades de l'hôtel dieu, qu'elle visitait régulièrement, mais plus singulièrement elle assistait les Lépreux lors de leur " Renvoi " de la société (voir article mort civile), Elle apportait à ces ladres un soutien moral, spirituel et parfois matériel

On inscrivit le mérite de cette fondation charitable dans la pierre du Tympan de l'église Saint Jacques ou la confrérie en grande procession fut immortalisée. Ses usages allaient se perpétuer de longs siècle pour s'éteindre progessivement à partir de la révolution jusqu'à nos jours 

La Charité d'Evreux était composée de treize membres rappelant ainsi les apôtres et Jésus. Il s'agissait généralement de 13 Bourgeois, hommes de poids étoffés de la cité Ebroïcienne. L'Aîné devenait " l'Echevin " de la corporation, son second le " Prévôst ", les onze autres formant les " Frères Servants "

Cette hiérarchie était bien sur accompagnée de tout un décorum ou la tenue jouait un grand rôle lors des processions et des déplacements pour les cérémonies mortuaires. Un uniforme était donc nécessaire à nos frères de la charité pour exercer leur office !




Il fallait les voir lors d'une inhumation se rendre en procession au domicile du défunt, avec sur la tête une toque galonnée d'Or, vêtus de robes noires et d'un chaperon bleu brodé. 

Il y avait aussi une riche broderie marquant l'épaule gauche, tandis qu'ils tenaient en main droite une sorte de torche faite de cire jaune, modelée à l'image de la Vierge Marie 

En tête de la procession se trouvait le " Crieur ", suivi de quatre " Frères Servants " portant une civière noire, puis derrière, l'Echevin, son Prévôst, et le reste des frères de la corporation

Le Crieur rythmait la marche en agitant alternativement deux " Tintenelles " (petites cloches au manche fondu à sa jupe), cette coutume venait de la grande épidémie de peste

Tous les frères assistaient le défunt tout au long de la cérémonie, l'aspergeait d'eau bénite, puis le déposait au fond d'une tombe qu'ils avaient eux même creusée 

Si il s'agissait de " la séparation " d'un lépreux le rite devenait plus curieux !, car ils devaient offrir à un " Vivant " dans les affres de la maladie les soins convenant à un mort  




Le pauvre Lépreux déclaré mort civilement à partir du moment ou un médecin avait reconnu son mal, assistait à son propre service funèbre. 

A l'issue de la cérémonie il se voyait conduire par la confrérie de la Charité à la maladrerie Saint Nicolas, aux portes d'Evreux, pour ne plus jamais en revenir

Nota : attention lire l'article sur le sujet, cela ne voulait pas dire que le lépreux possédant des biens perdait le bénéfice de ceux ci !!..il est même loisible de croire que la confrérie l'aidait dans la gestion et la transmission de ses biens

Nos frères de la Charité assuraient ainsi le service des morts des huit Paroisses d'Evreux. Chaque 11 Novembre ils faisaient procession à Saint Martin au cimetière Saint Aquilin, c'est au retour de cette cérémonie qu'il était de coutume de désigner celui qui serait le prochain " Echevin " de la confrérie.


PS: en cette nouvelle année je pense qu'il est bon, mais aussi d'actualité de parler de charité M de V



Info Renaissance: c'est au début du XVI siècle que la confrèrie fut investie d'une nouvelle mission, afin de faire suite à une donation par testament, d'une personne pieuse et généreuse de la cité. La confrèrie devait porter pain, viande et vin aux prisonniers des géoles d'Evreux ! Ou il était stipulé comme suit " Messieurs, vous aurez mémoire et recordation, de Feue, Damoiselle Georgette Legras, laquelle en son vivant a délaissé à chaque prisonnier détenu es prisons de ceste ville d'Evreux, asçavoir à chacun, pinte de vin, et pour trois jours de viande et de pain, ce chaque vendredi des quatre temps de l'an et aux quatre festes solennelles c'est asçavoir à Pasques, Penthecouste,Toussainctz et Noël et nous prierons Dieu qu'il lui plaise de leur donner bonne et briesve délivrance "