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mardi 18 février 2020

Naufrage de la Blanche Nef, en l'an de grâce 1120

Le 25 novembre 1120, un navire nommé la blanche nef, fait naufrage peu de temps après avoir quitté le port de Barfleur en Normandie, parmi les victimes (plusieurs centaines de personnes au bas mot), figurent les fils du roi Henri premier Beauclerc, surnommé ainsi parce qu'il avait fait des études. Ce qui est remarquable, voir fort rare pour l'époque, car bien peu de gens de haut lignage, ou de chevalerie en avaient fait autant

Henri premier Beauclerc est le fils cadet de Guillaume le Conquérant (voir article 87, de Rollon à Guillaume le Conquérant), il était devenu roi d'Albion en lieu et place de ses aînés, Guillaume le Roux et de son brouillon de frère Robert Courteheuse (courte cuisse)

Désespéré par la perte de Guillaume Adelin, son fils héritier, le roi va désigner pour lui succéder, sa fille Mathilde, épouse du Comte d'Anjou, Geoffroy le Bel (voir article 337, un seul trône pour deux cousins), il va s'ensuivre après la mort du monarque, deux décennies de guerres civiles

Mais que c'est il donc passé à Barfleur pour que cette nef fasse naufrage ???. En cette fin d'automne 1120, la cour du roi n'était pas pressée de retourner en Angleterre, car après seize années de manoeuvres patientes, de tractations et de négociations secrètes, le roi Henri premier Beauclerc était maître D'Albion, mais également de la Normandie !!. Vous pensez bien que la chose ne s'était pas faite toute seule, il avait bien fallu jouer des coudes, voir écraser ou bousculer quelques gêneurs !!!









On prétend même selon certaines sources, que le monarque aurait prêté la main à la disparition de ses frères, l'un ayant été hâtivement enterré sous la tour de Winchester, tandis que l'autre, Robert Courteheuse, était prisonnier à Devizes, d'ou il avait fort peu de chances de resurgir

La cour pouvait donc se permettre folâtrer un peu afin que le roi puisse profiter à loisir de sa victoire, l'ambiance était donc aux festivités. La flotte de navires à postes à Barfleur, se préparait à voguer vers Albion, emmenant en ses flancs matériels et personnels, le roi comptant être sur l'île à la fin du mois

Si Barfleur est aujourd'hui un charmant port de pêche coquet et accueillant, c'était au moyen âge le plus important port de Normandie, mais la navigation y était particulièrement difficile en raison de nombreux écueils, dont le célèbre "Quilleboeuf", baptisé ainsi par les Danois, précisons que ce dernier n'était visible qu"à marée Basse

Voila légèrement romancé, et après divers recoupements de sources, ce qui se serait passé. Au soir de ce funeste jour, le vaisseau royal et son monarque quittait lentement et avec prudence Barfleur, tandis que la Blanche Nef, ou se trouvait le Prince finissait son chargement, l'ambiance était à la fête à bord et l'on avait mis du vin en perce !!

Le breuvage monta vite à la tête de l'équipage, qui à chaque ballot qu'ils chargeaient passaient boire un godet !!!, il en allait de même pour le timonier maître du navire. Sous l'effet de la boisson ils devinrent arrogants et insultants envers quelques ecclésiastiques et Abbés encore à quai, ainsi que quelques femmes. En tout et pour tout une douzaine de personnes qui refusèrent d'embarquer, tellement l'état d'ébriété du timonier et de ses hommes était flagrant

Enfin ils levèrent l'ancre, se mirent à la rame puis à la voile, rapidement, dans l'intention manifeste de rattraper la nef royale, alors la Blanche Nef s'enfonça à vive allure dans la nuit noire, avec un équipage ayant trop tâté de la dive amphore !!!....pour aller s'éventrer à quelques encablures de Barfleur sur le Quilleboeuf



PS: voila en quelques mots comment un roi se retrouve sans héritier, seule lui reste Mathilde veuve de L'empereur d'Allemagne, à qui son père allait faire épouser Geoffroy d'Anjou M de V

jeudi 13 février 2020

Service de Dieu, service des Princes, au bas Moyen âge

L'opposition entre le service de Dieu et celui des Princes, ou si vous préférez celui d'un état, est loin de recouvrir l'opposition entre Clercs et Laïcs. Si dans les pays méditerranéens le personnel politique et administratif employé par les cités et les princes était déjà largement laïcisé au Bas Moyen âge, il n'en allait pas de même, et loin s'en faut, dans l'Europe du Nord !!

Nous trouverons deux raisons à cet état de faits : premièrement les Laïcs lettrés y étaient encore fort peu nombreux, et en second lieu, parce qu'il était commode pour le pouvoir séculier de faire appel à des Clercs dont l'église assurait la rémunération !!!!. Beaucoup de serviteurs de l'état étaient donc des ecclésiastiques, chanoines, évêques, abbés ou moines. Mais soulignons que l'église et en particulier son premier représentant, le Pape, ne paraissait pas s'opposer à cette situation !!, bien qu'elle aille à l'encontre d'anciennes interdictions canoniques, contre la pratique par des Clercs de disciplines profanes

Il semble même que du XIII au XV siècles, nos Papes aient volontiers octroyés des bénéfices ecclésiastiques à des Clercs déjà engagés aux services de différents princes et recommandés par eux. Bien sur on peut s'interroger sur les causes de cette générosité pontificale ???. L'église y voyait elle un moyen de garder une certaine influence sur les appareils d'états, ou sur ceux en train de se constituer ???. Quoi qu'il en soit on peut admettre qu'à l'évidence, l'aide ainsi octroyée, pour ainsi dire gratuitement par l'église envers un état était généreuse

Les services rendus par ces prélats étaient de plusieurs genre, il pouvait s'agir de services de nature domestique et personnel, gardant une connotation religieuse, tel que: confesseurs, chapelains, familiers, précepteurs et secrétaires de maisons, comme Jehan Froissart, secrétaire de Philippa de Hainaut, reine d'Angleterre (voir article). Ou au contraire de services relevant clairement de la sphère publique et laïque, tel que: officiers de justice, ou de finances, voir même ambassadeurs etc !!!!

La France et Albion sont les deux états ou les Clercs ont le plus longtemps tenu une place importante dans l'appareil monarchique, surtout au niveau central. En fait cette tradition de Clercs au services d'un Prince ou d'un état ne disparaîtra totalement qu'à la révolution











En Angleterre le Chancelier était presque toujours un prélat, le plus souvent l'archevêque de Canterbury, mais les services centraux de la monarchie, chancellerie, banc du roi, tribunal suprême et échiquier étaient peuplés de Clercs au moins jusqu'à la toute fin du XIV siècle

En France à l'époque du roi de fer (1285-1314), une enquête sur les personnels qui composent un milieu social, et portant sur le personnel des organes centraux du gouvernement, à la fois dans son hôtel et ses services administratifs, a montré que 273 des 1884 officiers recensés, soit 15%, étaient chanoines, à quoi il faut ajouter les évêques et les religieux non gradés du monde ecclésiastique

En fait ils représentaient plus de la moitié des notaires, secrétaires de la chancellerie, des maîtres des comptes des conseillers du parlement. Par la suite ces pourcentages baissèrent, mais lentement. Ajoutons que les chanoines utilisés par les princes de l'Europe du nord étaient principalement ceux qui possédaient des diplômes universitaires

En Italie en revanche le personnel des chancelleries, des administrations et des tribunaux a été très tôt laïcisé, c'est sans faire appel à l'église que dès 1224, Frédéric II va fonder à Naples le studium de rhétorique et de droit, qui devait former les officiers dont il avait besoin pour gouverner le royaume de Sicile

Au XIV et XV siècles les chancelleries et les tribunaux des villes italiennes sont essentiellement peuplés de secrétaires et de juges laïcs, issus soit de Bologne, ou des autres universités juridiques de la péninsule, les Clercs étaient presque systématiquement écartés des charges politiques et administratives

Même à Saint Pierre de Rome, dans l'état pontifical, on ne peut guère distinguer service de l'église et service de l'état, 19% seulement des chanoines se virent confier des charges publiques, dont 1% à peine de charges strictement laïques !!

Ce qui pourrait laisser penser que beaucoup de ces ecclésiastiques diplômés pouvaient s'expatrier dans les différents royaumes du nord de l'Europe afin d'offrir leurs services aux différents appareils gouvernementaux, mais la le nain ne fait qu'une supposition ????











L'administration centrale du royaume de France, si nous laissons de côté le conseil (organisme politique), l'hôtel du roi ( organisme domestique), ainsi que le commandement des armées, n'employait guère vers 1350 que 250 personne en tout et pour tout.

C'est à dire qu'en détaillant, accordons une centaine de personnes au parlement, puis une soixantaine à la chancellerie, et le reste dans divers services financiers et monétaires, ce chiffre n'augmentera pratiquement pas avant la fin de la guerre de cent seize ans

Il est vrai que la plupart de ces officiers, mis à part les gens des finances, chargés des aides et du trésor, méritaient fort à l'époque la qualification " d'hommes de savoir "

La quasi totalité des conseillers du parlement et des maîtres de comptes étaient licenciés ou docteurs en droit. Beaucoup de notaires et de secrétaires l'étaient aussi, ou du moins étaient ils maîtres ès arts !!

Ces personnes possédaient tous une solide culture à la fois juridique et rhétorique. De Gervais du Bus, virulent auteur du Roman de Fauvel (voir article), qui évoluait dans la sphère gouvernementale du roi de fer, vers 1314, aux premiers humanistes du temps de Charles VI le Fou, nombreux furent ces gens de chancellerie qui jouèrent un rôle important dans le développement de la littérature et de la pensée politique française






PS: cet article est tiré du livre de Jacques Verger, historien médiéviste spécialisé dans l'étude des Universités du Moyen âge " les gens de savoir en Europe à la fin du Moyen âge "...le nain n'a presque rien ajouté M de V


lundi 27 janvier 2020

N°340) Le siège de Metz, ville république de l'Empire 1444-1445

Le roi Charles VII avait activé des opérations militaires dans le pays des trois évêchés, Metz, Toul et Verdun, cette contrée ayant fait partie du royaume il comptait bien les faire revenir dans le giron de la France !!!, c'est suite à la dissolution féodale de l'Europe occidentale qui suivi le démembrement des possessions de Charlemagne, qu'avait été distrait de leurs adhérences naturelles ces régions, pour se retrouver soumises aux Empereurs Allemands. Le dessin du roi était de faire triompher son droit sur ces contrées !!!

On évalue les forces pour cette entreprise, à environ 30 000 hommes. Le monarque avait envoyé le 4 septembre 1444 un héraut sommer les gens d'Epinal d'avoir à reconnaître son autorité, la ville à cette époque relevait de l'évêque de Metz, les habitants vont accueillir sans aucune résistance l'injonction du roi, et quelques jours plus tard remettent les clefs de la ville à Pierre de Brezé

Le 10 du même mois, 10 000 français, alliés et écorcheurs, entrèrent en armes sur le territoire Messin, s'emparant à la chaude, de divers postes et maisons fortes que l'état de Metz entretenait sur ses terres. Le 22, un héraut parut aux portes de la cité et somma l'autorité de la ville d'envoyer des plénipotentiaires à Nancy, afin de recevoir les ordres et l'ultimatum de Charles VII.

Pas plaisant à entendre quand cela fait des décennies que l'on est autonome et que l'on gère sa cité pratiquement sans aucune ingérence, le message ne passe pas bien, c'est le moins que l'on puisse dire !!!







Il faut dire que Toul la Sainte, Verdun la Noble et Metz la Riche, formaient autant de petits états indépendants, avec en plus le titre de villes libres Impériales !!!. Metz la plus puissante des trois était fort jalouse de ses immunités et va seule opposer une sérieuse résistance aux troupes de Charles VII

La direction politique de cette cité, désignée sous le nom de République était confiée à un conseil dont les membres étaient pris dans les trois ordres, Noblesse, Clergé et Tiers état. Le Maître échevin élu par ses pairs y exerçait le pouvoir exécutif, assisté de membres de différents conseils collectifs, qui délibéraient

L'un de ces conseils dit: " les sept de la guerre ", était préposé à la défense et aux opérations militaires, aux premières rumeurs d'invasion, les sept, vont déployer une intense activité. La ville entretenait dans son enceinte et les Maisons fortes aux alentours, une garnison composée de Soudoyers, de Chevaliers à gages et de compagnons d'armes aguerris, la cité elle même était protégée par de fortes murailles 

Ils vont augmenter leurs effectifs et se pourvoir en abondance de provisions de bouche et de munitions d'artillerie, ce qui fait que lorsque les troupes du roi arrivèrent ils étaient prêt à les recevoir !!








Le siège de Metz devait durer environ sept mois, car malgré la disproportion apparente des forces, les conditions de la guerre à cette époque, et la défense des places rendaient la situation de Metz inexpugnable

Les troupes d'écorcheurs se livrèrent contre la ville et le pays environnant à leurs exactions et débordements habituels !!. Mais les Messins ne furent pas en reste, et n'épargneront rien à leurs adversaires ni les représailles, ni même les actes de barbaries, les prisonniers français étaient le plus souvent sommairement noyés, seul un tout petit nombre fut conservé pour être mis à rançon. Il faut bien avouer que cela allait à l'encontre de toutes les lois de la guerre et de l'honneur de faire subir ce genre de traitement aux prisonniers !!

Les Messins, toutefois, se voyaient de jours en jours incommodés dans leur commerce, ainsi que dans leurs possessions vont finir par négocier et entrer dans une phase de pourparler. Ils vont députer des fondés de pouvoir auprès de Charles VII, le 28 février 1445, un traité fut signé, la ville devait payer 20 000 écus au roi pour frais de guerre, mais leur état conservait ses privilèges

De part et d'autre les prisonniers devaient être rendus sans rançon, mais sur les 700 prisonniers fait par la ville de Metz, seulement une petite soixantaine avait survécu !!!




PS: les infos proviennent de la BNF, sur de la documentation de l'école des Chartes M de V

dimanche 26 janvier 2020

La Bataille de la Birse, ou bataille de Saint Jacques 1444

Le 26 août 1444, sous les murs de Bâle, entre le village de Saint Jacques et Grundolingen, les Suisses exaltés par leurs succès de la veille, à Prattelen et Muttens, vinrent se heurter au gros de l'armée du Dauphin Louis, qui possédait force artillerie et des troupes bien supérieures en nombre aux confédérés Suisses, les Français les attendaient donc dans une position stratégique avantageuse !!

C'est Jean V de Bueil (lire article 306, Jean V de Bueil, le Fléau des Anglois), qui commandait les troupes du Dauphin ce jour. Jean avait été formé fort jeune au métier des armes par La Hire et Xaintrailles (lire article 136, La Hire et Xaintrailles Capitaines de Charles VII), le moins que l'on puisse dire c'est qu'il était à son affaire le Jean !! Les Suisses ayant passé la Birse, engagèrent le combat dans la plaine. Ces confédérés étaient armés de longue lances et combattaient à pied, et jamais dans leurs luttes précédentes sur le sol de France les soldats du Roi Charles VII n'avaient eut à affronter une aussi redoutable infanterie

Les Suisses inférieurs en nombre vont combattre avec une rare intrépidité, repoussés d'abord sur l'île de la Birse. Une partie des confédérés vont s'adosser contre la muraille d'un cimetière attenant à la maladrerie du couvent de Saint Jacques et défendirent chèrement leurs vies, pratiquement jusqu'au dernier. L'ensemble des troupes Suisses furent écrasés sous le nombre, les deux tiers restant morts sur le terrain







Le Dauphin Louis n'assista pas à cette chaude journée de Saint Jacques, ce qui semble normal pour l'époque considérée, car on n'expose pas au danger l'héritier du trône, dans un conflit hors de France !!

Le Dauphin alla ensuite s'installer à Ensisheim, ou il passera, en date du 28 octobre 1444, un Traité avantageux avec les Suisses et les Bâlois. Au terme de cet accord, non seulement la paix générale était faite entre la France et les Allemands, mais les Suisses contractèrent des lors, avec la monarchie Française, des liens d'alliance et d'amitié qui donnèrent lieu, de la part des Suisses envers la France, à des services durables

Louis restera marqué par la qualité manoeuvrière de l'infanterie Suisse, à tel point que plus tard, quand il fut Roi, il fera venir un fort contingent de ces lances Suisses, afin de servir d'instructeurs et de former l'infanterie Française (lire article 111 Louis XI et ses Suisses instructeurs de l'infanterie de France)



PS: BNF, documentation de l'école des Chartes M de V

vendredi 24 janvier 2020

Charles VII, Marie d'Anjou, Yolande d'Aragon et Agnès Sorel

Charles VII en prenant de l'âge va se modifier , avec des progrès significatifs dans l'exercice de sa fonction de monarque. Ils furent à une période, si rapides et complets, qu'ils avaient été jusque-la lents et tardifs, et c'est le moins que l'on puisse dire !!!!. Mais comment expliquer cette magnifique et soudaine transformation ????

Ce changement dans son caractère, si subit, si radical, semble dénoter une influence extérieure. Bien sur nous remarquerons la présence d'Agnès Sorel et l'histoire prête à cette femme, par la séduction et des facultés supérieures cette transformation du roi Charles VII. Par contre des érudits et des moralistes austères ont opposé à cette hypothèse une fin de non recevoir préjudiciable, et se sont attachés à nier la réalité historique en la réfutant par moult arguments.

D'aucuns ont voulu que cette influence vienne de la Reine Marie d'Anjou, tandis que d'autres voulaient l'attribuer à la mère du roi, Yolande d'Aragon !??!. Essayons de remettre les choses à leur place mordious !!

En ce qui concerne Marie D'Anjou cette attribution ne subsiste pas devant une étude approfondie, des caractères et des facultés de cette modeste reine, Marie était l'exemple même des plus pures vertus domestiques, dévouée à son époux, la pieuse Marie n'aspira jamais à la direction morale du roi Charles VII. Dans sa naïve et chrétienne abnégation, les actes de sa vie nous la font voir, comme admirant son époux, ou subissant, pour le moins !!, sa volonté souveraine

Quand à sa mère, Yolande d'Aragon, si elle avait pris la tutelle morale de son fils, lorsque ce dernier était adolescent et qu'il naissait à la vie publique, son influence et ses conseils ne permettent pas de l'imputer personnellement dans le changement soudain du Monarque après la paix d'Arras. Car Yolande atteinte par l'âge du repos et de la retraite, semble avoir pris dès lors une part peu active aux affaires du royaume, et entretenait avec son fils des relations personnelles épisodiques

Cela s'applique également à ses conseillers, qui bien que lui inspirant d'heureuses ou de malheureuses suggestions, ne pouvaient changer ce monarque à ce point !!!. Force est donc de constater qu'il nous reste qu'une seule hypothèse tenant debout, et c'est celle se rapportant à Agnès Sorel !!








Charles VII en accordant à cette femme célèbre une faveur intime, absolue et incontestée, viola sans doute (pour cette époque), la sainteté du lien conjugal, car l'idéal qui dominait les moeurs au moyen âge, ce que nous nommons aujourd'hui "l'Amour" s'est transformé de siècle en siècle. Mais sous le règne de Charles VII le principe prépondérant dans les lois était la doctrine de l'église

L'amour y était signalé flétrissure, comme un des périls de la chair, comme un piège ou la vertu ne peut que succomber. L'église n'en permettait les plaisirs que dans les limites du mariage !!!

Agnès Sorel, dit on, naquit vers 1410 à Fromenteau en Touraine, mais le lieu de sa naissance, aussi bien que la date ne nous est certifié par aucun document authentique, contemporain et irrécusable. Elle était fille de Jean Soreau (ou Sorel), et de Catherine de Maignelais, son père était écuyer seigneur de Coudun

Jean était conseiller et serviteur de Charles Comte de Clermont en l'an 1425, mais selon les sources il était mort avant 1446. Sa mère Catherine était châtelaine de Verneuil en bourbonnais et mourut après 1459. Les Magnelais et les Sorel étaient deux familles de chevalerie ancienne bien connues en Picardie

D'après l'affirmation du Pape Pie II, témoin et acteur du traité d'Arras, Agnès passa à la cour de France en septembre-octobre 1435, elle accompagnait, dit il, Isabelle de Lorraine, lorsque cette princesse, épouse de René d'Anjou, se disposait à partir pour Naples. Il ajoute qu'Agnés resta dès lors parmi les femmes de la suite de Marie d'Anjou

Un contemporain Jacques du Clercq, s'exprime sur cette liaison en ces termes: Le Roy Charles, avant qu'il eut paix avec le Duc Philippe de Bourgoigne, menoit moult sainte vie, et disoit ses heures canoniaulx. Mais depuis la paix faite au dit Duc, encore qu'il continuast au service de Dieu, il s'accointa d'une jeune femme, laquelle fut depuis appelée la belle Agnès !!!










Charles VII eut d'Agnès quatre filles, dont la dernière ne survécu seulement que quelques mois à sa mère. Le Père Anselme qui suit ordinairement l'ordre de primogéniture énumère ainsi les trois autres enfants: Charlotte, Marie, et Jeanne

Charlotte naquit en 1434, et Marie naquit peu de jours après le mariage du Dauphin Louis et de Marguerite d'Ecosse célébré en 1436. Quand à Jeanne la troisième, elle fut mariée le 23 décembre 1461 à Antoine de Bueil, mineur d'ans, et fils aîné de l'amiral Jean de Bueil. M Delort affirme que Jeanne avait vu le jour au château de la Beauté sur Marne en 1445

D'après ces dates la liaison de Charles VII et d'Agnès Sorel (ou Sorelle), remonterait au moins à l'an 1434, et que si l'on transpose l'ordre de primogéniture du Père Anselme, on arrive fatalement à l'époque du Traité d'Arras, septembre-octobre 1435 !!!

Ces mêmes dates que l'on retrouve dans les écrits de Pie II et de Jacques du Clercq. Or donc cette période correspond d'une manière remarquablement troublante avec la phase historique à laquelle nous avons cru bon de donner le nom de métamorphose de Charles VII ????

Pour le nain cela ne fait pas un pli !!!...Agnès fut bien à l'origine de cette transformation du monarque mordious !!!.....mais je ne suis qu'un Nain, alors à vous de vous faire votre propre opinion ???



Nota: a sa mort Agnès Sorel légue à l'Abbaye de Jumièges 800 Saluts d'Or, monnaie frappée sous Charles VI et Charles VII. Le Salut valait 25 sous Tournois de l'époque. Ceci afin que tous les jours et à perpétuité les moines disent une messe basse pour le salut de son âme. Avec le convertisseur dont je dispose cela représente 160 000 euros quand même !



PS : la documentation de cet article provient comme d'habitude de la BNF et de l'école des Chartes... M de V

mardi 17 décembre 2019

Un seul trône pour deux cousins, Mathilde l'Emperesse et Etienne de Blois

Cinquante neuf ans se sont écoulés depuis la conquête d'Albion par les Normands, Henri I, fils de Guillaume le conquérant, avait succédé à son frère Guillaume le roux. Mais son fils unique, le prince Henri, avait péri dans un tragique naufrage en 1120.

Il ne restait à ce monarque qui régnait sans partage, que sa fille Mathilde, celle ci se trouvait être veuve de l'Empereur d'Allemagne Henri IV (et oui lui aussi se nommait Henri !!!). Or donc pour fixer la couronne d'Angleterre dans sa famille il lui fallait pouvoir léguer le trône à sa fille !!!. Plusieurs obstacles allaient entraver son chemin.

Premièrement sa fille Mathilde aimait l'Allemagne et ne désirait aucunement changer son rang élevé ainsi que son douaire dans l'Empire Germanique, pour une succession incertaine !!

D'un autre côté les Barons Anglais et Normands n'étaient pas disposés, eux non plus, à se soumettre au gouvernement d'une femme !!!...à cette époque un tel gouvernement était sans précédent en Albion comme en Normandie

Il faut dire que les grands du royaume avaient la tête près du Bonnet, qu'ils soient d'Angleterre ou de Normandie ils étaient souverains sur leurs domaines et ne s'en laissaient pas facilement compter !!!!








Cependant le monarque d'Albion ne voulait pas que s'éteigne avec lui la dynastie fondée par son père, il va donc imposer sa volonté souveraine. Mathilde va céder et les grands du royaume le durent aussi. Barons et Ecclésiastiques de haut rang furent convoqués en assemblée, et durent reconnaître " l'Imperesse " comme héritière du trône d'Angleterre.

Au nombre des grands seigneurs qui jurèrent de soutenir les droits de Mathilde, fille de leur roi, figurait Etienne Comte de Blois, et neveu de Henri I, il allait en son temps supplanter sa cousine sur le chemin du trône

Henri I, désirait également remarier sa fille afin qu'il puisse avoir une descendance assurée. Le monarque avait une grande amitié envers Foulques Comte d'Anjou, ce grand seigneur venait de laisser ses possessions à son fils aîné, afin d'accepter pour lui même, la brillante mais fragile couronne de Jérusalem

Henri s'empresse d'offrir la main de sa fille au nouveau Comte d'Anjou, Geoffroy surnommé " Plantagenêt ", pour le fait de l'habitude qu'avait ce dernier de porter une branche de genêt fleuri sur son chaperon, le monarque par moult caresses et honneurs l'attirera à sa cour et le fera même chevalier à Rouen, le mariage fut célébré dans cette cité en grande pompe en 1127









Ce ne fut pas du goût de tout le monde, loin s'en faut !!!, car cette union ayant été négociée en secret avait excité le mécontentement des Barons, ceux ci s'offusquaient que l'on donne la main de leur future souveraine sans les consulter

Le Roi va braver toutes ces plaintes, tout en s'applaudissant en secret d'avoir confondu, par ce mariage, les intérêts de sa famille et ceux des Plantagenêts. Mais comme toujours il y a un revers à la médaille, si Geoffroy était beau, aimable, vaillant, ce n'était tout de même qu'un jeune homme de 16 ans lorsqu'il épousa Mathilde !!!!

Mathilde avait cédé à regrets aux injonctions de son père. Perdre son titre d'Impératrice pour ne recevoir en échange que celui de Comtesse et être soumise à un adolescent était pour elle une situation humiliante

Geoffroy fit entendre rapidement à sa femme que sa lignée valait bien celle des Ducs de Normandie, et qu'il ne serait jamais l'humble serviteur de la fille de Henri I, fusse t'elle même devenue Reine. De violentes querelles éclatèrent bientôt entre les époux et Mathilde va se retirer à Londres auprès de son vieux monarque de père. Ils se rapprochèrent après un an de séparation et auront ensemble trois fils dont l'aîné devait commencer la dynastie des Plantagenêts sur le trône d'Albion









Mais voila !!!...rarement les souverains ont pu imposer leurs volontés à leur peuple après leur mort. Henri I croyait avoir assuré la couronne à sa fille et lui avoir préparé un règne paisible, il n'en fut rien !!. Car après son décès en 1135 le trône fut ravi à sa fille par un cousin qu'elle ne soupçonnait même pas !!!. Etienne Comte de Blois, fils d'une des soeurs de l'ancien monarque avait été l'un des premiers à lui rendre hommage comme future souveraine ah le fourbe !!!!

Etienne était populaire tant en Albin qu'en Normandie, c'était un homme habile et résolu, qui avait de plus l'avantage notable de se trouver sur le théâtre des événements !!!, tandis que la cousine Mathilde se trouvait sur le continent elle !!!

A peine la bonne cousine débarque t'elle en Angleterre pour recueillir son héritage, accompagné de quelques fidèles, que le cousin Etienne s'était fait couronner à Londres !!!!. La guerre civile éclata entre les partisans d'Etienne et de Mathilde, elle fut contrainte de repasser la mer. On dit que son mari, Geoffroy Plantagenêt vendit la paix pour une pension annuelle de cinq mille marcs ?????



PS: documentation BNF arrangée à a façon de votre copiste le Nain M de V

vendredi 15 novembre 2019

Techniques et Traités militaires en Occident

En Occident nous trouvons dès le début du XIII siècle dans la littérature, les chansons, les poèmes et les Traités militaires, des informations efficaces, d'autres totalement erronées !!!, sur les engins de guerre et de siège qui existaient, ainsi que sur leur utilisation

Citons quelques auteurs et en premier lieu (a tout seigneur tout honneur), Végèce, dont Charles V le Sage, bien que n'étant pas un roi guerrier faisait grand cas, il possédait d'ailleurs dans sa vaste bibliothèque, plusieurs exemplaires de son " Epitoma rei militaris " (Traité de la chose militaire). Végèce ou Flavius Vegetius Renatus, est un écrivain militaire latin de la fin du IV siècle au début du V siècle après JC.

L'homme est un habitué de la cour impériale de Constantinople, il sera l'un des auteurs les plus lus du moyen âge. Si l'on voulait se lancer dans une comparaison, Végèce fut traduit en langue vernaculaire dès 1271, alors que César devra attendre 1473, cela fait tout de même deux siècles !!!

Notre auteur dit avoir compilé les oeuvres de ses prédécesseurs, mais en fait notre Flavius avait fait bien plus !!, car il décrit la vie militaire en des termes techniques voir argotiques de son temps, ce qui nous laisse à penser que c'était un habitué des campements militaires. Nous sommes même en droit de croire qu'il fut un important personnage dans le fonctionnement de l'état ayant sillonné pour l'Empire les contrées les plus reculées de celui ci ????









Son "De re militari", ( de la chose militaire), raccourci de " Epitoma rei militaris", est divisé en cinq parties. la première traite de la sélection et de l'entrainement des soldats, la seconde de l'organisation de la légion, dans la troisième il développe les tactiques d'une armée en campagne

Le quatrième volet traite de Poliorcétique, c'est à dire cette spécialité particulière qu'est l'attaque et la défense des places fortes, et pour finir son traité il nous parle de la marine et de la guerre navale !!

Il faut comprendre que ce travail de compilation des auteurs, qu'ils soient militaires ou historiens, tels que Végèce, Caton, Saluste etc....formera la référence avec un grand R, pour tout soldat de la période médiévale, il faut néanmoins noter que les illustrations pouvaient prêter à confusion !!

Si l'on prend en exemple celles faites par Christian Wechel à la fin du XV siècle, le moins que l'on puisse dire c'est qu'elles sont surprenantes !!, il nous montre des techniques de l'Antiquité, mais en dessinant des personnages en tenue Renaissance. Mais ne lui jetons pas la pierre car ils l'ont tous fait en fonction de l'époque ou l'auteur écrivait !!!. De ce fait nous faisons actuellement de nombreuses confusions entre les machines de l'Antiquité, du Moyen âge et même de la Renaissance








Nous trouverons ensuite un auteur, tel que, Aegidius Colonna, dit Gilles de Rome, il fut en son temps précepteur du roi de Fer, Philippe IV le Bel, il écrira vers 1285 son " De regimine principum libri ", cet ecclésiastique fut le premier à tenter de mettre de l'ordre, voir de classifier les différentes appellations des machines militaire ou non de son temps

Puis vint ensuite Théodore Paléologue II qui écrira un Traité nommé " les enseignements ", autour de l'année 1326, et qui fut écrit en Grec. on trouvera une traduction latine de ce texte à partir de 1330

On peu citer également encore un religieux avec le Traité du Bénédictin Honoré Bouet, qui écrit son " De bello de represaliis et de duello ", en 1360

Pour en arriver à la célèbre Christine de Pisan (1364-1430), qui vécut enfant à la cour de Charles V le Sage (voir article). Veuve avec trois enfants à la cour de Charles VI le Fol, à l'âge de 25 ans, elle fût l'une des premières femmes à vivre de ses écrits. Elle compose de nombreux ouvrages, mais pour notre sujet je ne citerais que son " Art de la Chevalerie "

Cet écrit est tellement édifiant qu'un grand seigneur comme Jean V de Bueil, surnommé le Fléau des Anglais, reprendra plusieurs passage du livre de Christine de Pisan dans son ouvrage le Jouvencel, ce qui est ma fois un bel hommage d'un homme d"épée envers les talents d'écrivain de Christine de Pisan








On trouve aussi dans la première moitié du XV siècle, Conrad Keyser, qui dans son " Bellifortis ", décrit de nombreuses machines et engins, mais mélangeant allègrement et comme à plaisir l'Antique et le Médiéval, l'on y perd facilement son latin

Pour finir ce survol de l'Occident en matière de technique militaire on trouve le " De machinis libri ", composé en 1449 par Toccola, ce livre illustré rassemble un grand nombre de machines de guerre du moyen âge, mais en y adjoignant les dernières inventions contemporaines :

-Tel que les Grues et les systèmes hydrauliques

-les trébuchets et les Couillards

-les bombardes et les artifices et autres pétards

-les ponts et les échelles mobiles, ainsi que les navires armés



PS: pour ce bref article ( le domaine étant si vaste), j'ai utilisé les écrits de Renaud Beffeyte, qui est actuellement l'un des rares experts mondiaux en ingénierie ancienne et médiévale M de V

jeudi 7 novembre 2019

N°335) Caen, son Château, sa cité, lors de la guerre de cent ans

La Normandie conquise par Philippe Auguste en 1204, passant sous l'administration directe des Capétiens, va connaître une longue période de paix et de prospérité d'environ un siècle et demi (XIII et première moitié du XIV siècle), mais au moment ou commence la guerre de cent ans (1346), l'outil militaire de défense, pour être efficace, manquait cruellement à Caen !!!

Les remparts de la ville et le château se trouvait à l'aube de cette période guerrière qui devait durer 116 ans, dans un état de délabrement avancé, que l'on peut expliquer par le laxisme de la population et l'absence de menace et de danger pendant une si longue période !!!

Si le château était assez régulièrement entretenu (pour rester poli !!), il n'en était pas de même pour les remparts de la ville, car en fait les trois Bourgs qui composaient la ville avaient chacun leur rempart !!, le Bourg le Roi (au pied du château), le Bourg l'Abbé (à l'Ouest), et le Bourg l'Abbesse (à l'Est), les rendant quasi indépendants malgré leur proximité

Le pire c'était au Sud, ou l'on trouvait l'île Saint Jean, qui s'était considérablement développée au XIII siècle et qui n'avait pas de rempart du tout !!!. Voila un bien piètre tableau me direz vous ???...non non vous n'avez pas tout entendu !!!!!








La cerise sur le gâteau c'était surtout les murs de Bourg le Roi !!!, qui étant en mauvais état étaient également percés de trous permettant de passer hors enceinte suite au développement démographique et donnant accès à des constructions diverses, jardins potagers et petits champs de cultures, installés aux abords des fortifications

Cette cité à trois bourgs indépendants étirait la ville en longueur, entraînant vous vous en doutez des faiblesses défensives criantes. Or donc cette disposition particulière de l'urbanisme Caennais fut à l'origine des déboires de cette ville, et à chaque menace grâve de cette longue période de guerre, la ville ne résista pas aux assauts Anglais ou Français (1346, 1417, 1450), alors que le château lui tint bon !!

C'est en conquérant sûr de son droit qu'Edouard III débarque à Saint Vaast la Hougue, le 12 juillet 1346 !!...Le Roi d'Albion, petit fils du Roi de Fer et descendant de Saint Louis, croit en la légitimité de ses prétentions, face à son cousin Philippe VI de Valois, qu'il brocarde de fils de Comte et de Roi trouvé

Et oui Philippe n'est qu'un neveu du roi de fer, et ce qui n'est pas à son avantage, il est le fils de ce paon bouffi d'orgueil de Charles de Valois, hypothétique Roi de Constantinople. Ce qui n'arrange pas nos affaires c'est que depuis sa victoire navale de l'Ecluse (voir article), Edouard a la maîtrise de la manche aucune marine ne peu s'opposer à lui désormais








Edouard parvient à Caen le 26 juillet 1346, et comme c'est loin d'être un demeuré, il place ses troupes au nord de la ville, sur les hauteurs qui dominent Bourg le Roi, la ou le terrain et découvert !!, ou la ville est mal défendue par des remparts crevés de trous !!!. La ville cède le jour même

Pourtant la milice communale renforcée par 500 arbalétriers Génois résiste avec acharnement, mais Edouard attaque aussi du côté de l'île Saint Jean, sans rempart et avec le réseau de rivières et canaux presque à sec en été, ce sont autant de facteurs expliquant la défaite aussi rapide de Caen

Le château lui va tenir bon et ne pas se rendre, car ils savent bien que Edouard III ne peut attendre et tenir le siège !!








Edouard III fait un Raid, ce n'est pas une armée d'invasion, il est donc pressé de poursuivre son offensive. Il va donc quitter Caen dès le 31 juillet en laissant une petite garnison, afin de reprendre sa marche vers l'est, son armée se compose d'environ 20 000 hommes dont 8000 cavaliers, il ne peu se permettre de s'imposer durablement sur le terrain.

A peine est il parti de Caen que la population se soulève, soutenue par des troupes venant du château. Les Anglais sont chassés et la ville libérée, de ce fait l'occupation n'aura duré que quelques jours !!

Comme pour Cherbourg (voir article), la peste va s'abattre sur la ville de Caen en 1348-1349, et dans les années qui suivirent l'épidémie reprendra plusieurs fois de la vigueur. Les décès sont si nombreux que la défense de la ville est fortement affectée, mais c'est la même chose pour l'ennemi

Cependant la guerre est de retour en 1356, les Anglais mais aussi les bandes Navarraises sévissent dans toute la région, mais la leçon a porté et pendant cette période la ville avait très nettement amélioré ses défenses !!, remparts réparés et relevés autour de Bourg le roi, et un rempart installé autour de l'île Saint Jean. Ils ont même doté le château de quelques pièces d'artillerie et un trébuchet balançant des boulets de pierre taillés sur place !!. comme quoi prendre une bonne correction peu avoir tendance à faire réfléchir non ?????









Désormais plutôt que de s'attaquer directement et de front à Caen son château et ses Bourgs, l'ennemi cherche à faire le blocus de la ville en l'encerclant de nombreux postes ou places fortifiées. Le but étant bien évidemment de gêner, voir d'empêcher le ravitaillement en marchandises et fournitures de bouche !!

L'armée royale et les défenseurs prendront une à une ces fortifications, quand enfin arriva le trop néfaste Traité de Brètigny et la paix qui allait avec (1360). Il n'en demeure pas moins que les campagnes entourant Caen ne sont pas en sécurité, car les mercenaires des armées, Anglaises, Navarraises ou Françaises sont brusquement sans emploi et sans solde !!!!

Formant des bandes ils restent sur place et se nourrissent sur le pays. Pillages et exactions sans nombre se succèdent, les Grandes compagnies nommeront la France " le Pays des Routiers ", on essaya bien de les réduire par la force mais lors de la bataille de Brignais, les chevaliers de France recevront d'eux une sévère raclée (voir article)

Seuls Charles V et Du Guesclin trouveront une solution, en faisant miroiter aux routiers le mirage de L'Espagne et la conquête de la Castille. la ville de Caen exprimera sa reconnaissance en 1370. Cependant à quelques années de la, le conflit entre Armagnacs et Bourguignons fera naître une guerre civile, bien plus cruelle qu'une invasion étrangère !!!



PS: article inspiré d'une étude de Joseph Decaëns, CRAM, Université de Caen M de V

mardi 5 novembre 2019

Cherbourg dans la guerre de cent ans

Lorsque Edouard III revendique ses droits à la couronne de France (il en avait autant que ce Benêt de Philippe VI de Valois), il y avait déjà plusieurs années que sur mer les hostilités étaient engagées entre Albion et la France !!. Les deux populations riveraines du " Channel ", ne s'aimaient pas ( c'est le moins que l'on puisse dire), et cette antipathie se traduisait par de nombreux raids et actes de pirateries commis sur les côtes Normandes, aussi bien que sur celles de l'Angleterre, causant grande misère et souffrance des deux côtés de la Manche !!

Sur cet échiquier politique et guerrier se dresse la place de Cherbourg, cette cité possédait une position privilégiée car elle était la pointe la plus avancée des frontières Normandes, et par temps favorable, les 72 milles la séparant de l'île de Wigth ne demandait à l'époque qu'une douzaine d'heures de traversée

Cherbourg fut donc de tout temps une proie tentante, convoitée par l'Anglois désireux de posséder une tête de pont sur le continent. Mais la ville au sud était protégée par les marais des Veys et de l'Ouve et le reste par la mer difficilement accostable. Quand à l'entrée de la place elle était défendue par un fort solide château et une enceinte fortifiée construite sous le règne de Philippe IV le Bel

Bref un lieu inexpugnable, car en 1325 c'est déjà la seconde fois que l'Anglois débarque et désire s'en prendre à la ville et il devra à chaque fois se contenter de piller et brûler les faubourgs, ainsi que la malheureuse Abbaye du Voeu, proche de la ville !!











En 1346 elle échappe également à la fureur du raid d'Edouard III, qui débarquant à Saint Vaast la Hougue avec environ 20 000 hommes ravage et brûle Barfleur, mais ne put que piller les faubourgs de Cherbourg et ruiner une troisième fois la pauvre Abbaye du Voeu, avant que d'aller remporter la fameuse victoire de Crécy

En 1348 lorsque survint la terrible épidémie de Peste Noire la chute de la population dans la Vicomté de Coutances fut de l'ordre de 30 à 40 %, on est en droit de croire que bon nombre de Cherbourgeois furent victimes de ce fléau. la funeste épidémie eut aussi pour effet de suspendre les hostilités, ayant pour cause un éclaircissement sévère dans les rangs des combattants des deux bords !!!

A partir de 1354 et pendant 1/4 de siècle Cherbourg deviendra possession Navarraise. Charles II Roi de Navarre et Comte d' Evreux, un esprit subtil et un politique retors, avait compris très tôt le parti qu'il pouvait tirer de l'île du Cotentin. En cet an de grâce 1354, par le Traité de Mantes, il obtient la maîtrise de l'Evrecin et se fait attribuer le Clos du Cotentin !!!

Dorénavant c'est en tant que souverain indépendant du royaume de Navarre qu'il va conduire des accords avec le Roi d'Angleterre, surtout dans le but de se protéger de son Beau père, le roi de France, ce gros benêt de Jean II le bon !!









Avec son frère Philippe de Navarre et par Guillaume de Trémons, Abbé du Monastère de Notre Dame du Voeu, il va renforcer considérablement la défense de Cherbourg en construisant une nouvelle enceinte. la cité devient alors pour lui comme une petite capitale Navarraise en terre de France, ou Charles II se plait à séjourner en 1355, 1365, 1369 et 1370, au nez et à la barbe de Jean II le Bon et plus tard de son fils Charles V le Sage

En 1378 tout se gâte, Charles V prononce la saisie de tous les domaines Navarrais et après s'être emparé de l'Evrecin il fait diriger ses troupes vers le Cotentin. Charles II en appelle au rois d'Angleterre, lui demandant argent et troupes de renfort. l'Anglois se fait une joie de l'aider, car selon la convention passée entre eux les hommes d'armes d'Albion pourront y rester trois ans !!!

Cette année 1378 sera particulièrement importante dans l'histoire de la cité, car elle va être assiégée par notre petit teigneux de Bertrand Du Guesclin et ses troupes !!!. Mais comme le dit Jehan Froissart dans ses chroniques " Cherbourg n'est point à conquérir, si ce n'est par la famine, car c'est l'un des plus forts châteaux du monde et bien conforté par la mer de toutes part ".....de fait le blocus échouera et notre Bertrand s'y cassa les dents !!!

Cet échec malheureusement eut pour conséquence de laisser les Anglois, venus en renfort, maîtres de la citadelle et ce jusqu'en l'an 1394 mordious !!!!!!










Pendant 16 ans les Godons grâce à des départs constamment repoussés, utiliseront Cherbourg comme tête de pont Anglaise comparable à Calais !!

De 1394 à 1404 Cherbourg redevient Navarraise, Charles III dit le noble, fils de Charles II roi de Navarre, jure fidélité au roi de France. Puis de 1404 à 1418 elle sera gouvernée par différents capitaines Français

Enfin en 1418 après une résistance de cinq mois, durement assiégée et menacée de famine elle capitulera pour retomber dans les mains Angloises jusqu'en 1450

Le 12 août 1450 après un siège ou les canons de Gaspar Bureau firent merveille, la ville commandée par Thomas Gower, qui n'attendait plus d'aide de l'Angleterre, fut amenée à composition, par l'entremise de Jacques Coeur qui va conclure un accord financier, permettant à Gower et sa Garnison de rentrer en Albion. Les troupes royales prirent possession de la ville et la bannière aux Lys flotta à nouveau sur le donjon de la citadelle !!

PS: article conçu à partir des recherches de André et Sylvie Plaisse et grâce aux publications de la société libre de l'Eure M de V

dimanche 3 novembre 2019

Londres, La Tour Blanche et son énigme 1483

Depuis plus de 900 ans la Tour Blanche domine la cité capitale d'Albion, au cours de sa longue histoire elle a servi de palais , de forteresse royale, de prison, de lieu d'exécution, d'armurerie, d'hôtel des monnaies, de ménagerie royale et de maison des joyaux de la couronne

Aujourd'hui elle renferme les trésors de la couronne, gardés par les Hallebardiers de la garde royale qui partagent cette fonction avec les très célèbres Corbeaux de la tour !!

Elle fut commencée sous le règne de Guillaume le Conquérant, comme tout le monde sait, et pendant plus d'un siècle elle resta inchangée, mais entre 1190 et 1285, celle que l'on nommait " la tour Blanche ", bâtie en pierres de Caen et en pierres du Kent fut cerclée par deux murs rideaux renforcés de tours ainsi que par d'imposantes douves

Puis sous Edouard III fut entamé la construction d'un quai, celui ci sera achevé sous le règne de son petit fils, Richard II (fils du Prince Noir). Ce fut le seul agrandissement d'importance que vît le château et jusqu'à ce jour les défenses médiévales sont restées les mêmes







Le premier mur rideau, le plus proche de la tour blanche était plus haut que celui qui bordait les douves, renforcé de tours il transforme les défenses faisant de la Tour de Londres une place forte. Les archers et les machines à lancer des projectiles placés le long de ce rempart et à l'intérieur des tours en saillie, dominaient toutes les terres entourant le château et pouvaient concentrer leurs tirs pour parer les attaques venant de n'importe quelle direction

Si l'ennemi parvenait à passer les premières défenses il restait exposé aux tirs de la deuxième enceinte ainsi que de ceux de la tour blanche. A l'instar de la plupart des châteaux d'Albion, rares furent les occasions ou la tour dû faire face à des attaques. Aussi en temps de paix les tours des remparts servaient à des usages domestiques plutôt qu'à des fins militaires

Chaque tour était composée de deux ou trois étages avec une grande salle à chaque niveau. Les salles d'une même tour pouvaient de la sorte former un ensemble de pièces destinées à un résident, ou un invité de tout premier rang accompagné de ses serviteurs. Il était également aisé de les modifier pour qu'elles accueillent des prisonniers, ceux ci étaient gardés dans une grande salle, soit en détention solitaire, soit en compagnie de leurs complices. D'autres encore, subissant un meilleur traitement de par leur rang élevé avaient droit d'être accompagnés de leur famille et de leurs serviteurs et disposaient d'une tour entière









Tout cela pour en arriver à l'énigme de la tour sanglante qui contrôlait la principale entrée au château côté fleuve, elle fut construite au début des années 1220, mais la partie supérieure de cette dernière fut reconstruite aux alentours de 1360 sous le règne d'Edouard III, son passage voûté était à l'origine défendu par une porte et une herse de chaque côté

Elle se nommait à une certaine époque " la tour du jardin ", mais c'est au cours de l'époque des Tudors que l'on commença à l'appeler la tour sanglante, car c'est de cet endroit que les Princes de la tour disparurent purement et simplement ????

En août 1483 plus personne dans la capitale ne se gène pour dire que les princes enfermés dans la tour ont été assassinés !!, même si nul n'a de certitude quand à leur sort. Lorsque le bon Tonton, Richard Duc de Gloucester, fut couronné on transféra les princes de leurs appartements royaux à la tour du jardin !!

Le Prince Edouard âgé de 12 ans (Edouard V), et son frère Richard Duc d'York, âgé de 10 ans, furent aperçus par des gens alors qu'ils tiraient à l'arc dans les jardins de la tour, accompagnés de domestiques et de leur médecin

C'est la dernière fois que les deux princes furent vus ....???? et les théories quand à leur fin  et la façon dont ils moururent abondent, poignardés, empoisonnés ou étouffés ????








Les princes auraient été logés quelques jours plus tard dans la tour blanche ou les pièces des étages supérieurs servaient à enfermer des prisonniers ??, mais jamais personne ne vit les jeunes garçons ni aux portes, ni aux ouvertures ou fenêtres de cette tour ??

Personne n'a plus jamais entendu parler d'eux après que le bon Tonton >Richard III fut couronné à Westminster en lieu et place du jeune prince Edouard V. Aux dires du médecin proche des princes le jeune Edouard savait qu'il allait mourir et se confessait tous les jours !!!

Ce qu'il advint d'eux fit couler beaucoup d'encre mais aucune preuve concluante n'a pu être produite au sujet de l'assassinat ou de l'implication du bon Tonton Richard !!!, et même les os de deux enfants trouvés ensevelis à proximité de la tour blanche en 1664, et qui furent officiellement enterrés à l'Abbaye de Westminster, en tant que dépouilles des princes ne peuvent être identifiés de façon irréfutable ??????


PS: voila ce que votre nain copiste peut en dire ......le mystère reste entier mordious !!!....M de