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vendredi 16 octobre 2020

N°365) La Maison d'Albret au moyen âge en Guyenne

 

Au milieu des grandes Landes, la ou se situaient les territoires délaissés de la Guyenne et Gascogne, terres ingrates composées de marais bourbeux et de lagunes insalubres, vivait une modeste Châtellenie habitée par des Seigneurs pauvres et loqueteux. Cette région se trouvait bien à l'écart des chemins empruntés par les hommes des steppes Nordiques, lors des invasions barbares, ils avaient des destinations d'un meilleur profit, avec des régions plus grasses et des bourgades plus riches pour les razzias qu'ils entreprenaient !

Cependant la région était propice aux malandrins,voleurs, déserteurs et manants en rupture du ban de la société, aussi fallait il un bras protecteur afin de préserver les autochtones, pauvres et miséreux, de leurs farouches atteintes. Le Baron qui prit en main la destinée de cet habitat misérable et éloigné de tout, donna son nom au village, donnant Labrit, Labret, Lebret, puis pour finir Albret. A notre connaissance le premier à entrer dans l'histoire en tant que Sire d'Albret est Amanieu Premier, il est reconnu comme protecteur des Moines de l'Abbaye de Condom

Pourtant notre "Nobliau Rural" possédait déjà une réputation de Routier et de Pillard, prenant dans les Seigneuries des alentours ce que ses terres ne lui apportaient pas. Ces sortes de petites guerres privées courantes pendant le haut Moyen âge et qui entretenaient une certaine émulation entre voisins !






Ses successeurs vont persévérer dans ce sens étant toujours en quête d'argent et d'aventure, louant au plus offrant leur bras et leur épée ainsi que leur courage. En ce temps la le Fief de Labrit se composait d'une Motte Castrale surmontée d'un château de bois posé sur une place nivelée et délimitée par une enceinte réduite entourée d'une levée de terre et d'un fossé

En fait un ensemble défensif sommaire en rapport avec les ressources dérisoires de la région qui dissuadaient les conquérants bien plus que ne l'aurait fait de fortes murailles. Les Sires de Labrit abandonnérent ce domaine castral dès que les succés de leurs entreprises fournirent pécunes en suffisance pour s'installer à Casteljaloux ou ils construisirent une forteresse, ne revenant dans leur ancienne demeure que de façon épisodique (bien sur on y laisse un homme lige et quelques soudoyers)

Amanieu II va participer à la première croisade avec Godefroy de Bouillon en 1099, pas ou peu d'informations sur Amanieu III 1085-1143. Son successeur Amanieu IV va se soumettre à Richard Coeur de Lion fin XII siècle, puis rejoindra ensuite la Banière Papale lors de la Croisade des Albigeois en 1209, il laisse en donation à Amanieu V le château de Bazas vers 1250. Amanieu VI quand à lui meurt la même année que Saint Louis en 1270






Son descendant Amanieu VII va céder, de force forcée, sa chatellenie de Millau au futur Edouard Premier d'Angleterre, en 1272, ceci afin de respecter les accords royaux entre la France et Albion, mais en 1308 il va acheter les Vicomtés de Dax et de Tartas

Ses titres il va les fractionner à sa descendance et seront portés par son héritier qui va les adjoindre à ses domaines, mais si le père avait rendu hommage au Duc d'Aquitaine et par le fait à l'Angleterre, il n'en va pas de même pour le fils héritier qui lui se soumet au Roi de France Philippe V le Long

Nous entrons dans les prémices de la guerre de cent ans (en fait 116 ans !!), et les seigneurs Gascons louvoyaient entre les deux allégeances pour en tirer de meilleurs profits. Or donc au court de ce très long conflit les Sires d'Albret poursuivront leur destin au grè des avantages et des événements, étant bien entendu que les grands féodaux faisaient passer le profit avant toutes chose, le concept de nation et de patriotisme n'émerge qu'à la toute fin du moyen âge










Arnaud Amanieu VIII
va prêter l'hommage lige au souverain Anglais en 1363, mais cinq ans plus tard il va refuser à son fils le Prince Noir le paiement de la taxe de Fouage. Il fut fait prisonnier à la bataille de launac par Gaston III de Foix Béarn dit Phébus, puis libéré après paiement d'une rançon de 100 000 Florins ( ça fait mal à l'escarcelle !!), plus tard son mariage avec Marguerite de Bourbon le fera rallier définitivement Charles V le Sage et sera même nommé Grand Chambellan de France 

Charles I d'Albret ne va se rallier aux Français qu'après la mort d'Edouard III en 1377, devient Connétable de France, mais il fut tué à la bataille d'Azincourt, ce qui tenterait à prouver qu'en tant que Connétable il n'était pas suffisant !!!

Charles II d'Albret s'illustre à la délivrance d'Orléans par la Pucelle de Domrémy, alors que son frère Guillaume y laisse ses bottes, c'est lui qui portera l'épée de justice lors du sacre de Charles VII à Reims











A l'issue, en 1453, de ce très long conflit, entrecoupé de trêves et de traités, la Maison d'Albret retrouvait toutes les terres subtilisées par les Anglois, ce qui formait le plus puissant ensemble de fiefs et de terres d'Aquitaine, car la maison d'Albret hérite en 1462 du Captalat de Buch, puis en 1470 du Périgord et de la Vicomté de Limoges

Alain dit le Grand qui dirige à partir de 1471 la Maison d'Albret fut le plus puissant féodal de la région Sud Ouest, son fils Jean d'Albret devient par mariage avec l'héritière du Comté de Foix Béarn, Roi de Navarre 

A la renaissance, en 1550, la puissante Maison d'Albret fut élevée au rang de Duché Pairie, puis Jeanne d'Albret deviendra Reine de Navarre et le fils qu'elle aura avec Antoine de Bourbon deviendra Roi de Navarre et ensuite Roi de France sous le nom de Henri IV


PS: Oui on sait !!!!....la poule au pot tout ça !!!....mais bon le gars Henri IV c'est pas lui qui faisait la bouffe mordious M de V

dimanche 9 juillet 2017

Jeanne II reine de Navarre Comtesse d'Evreux

Fille unique de Louis X le Hutin, sa mère fut Marguerite de Bourgogne, enfermée et sans doute assassinée à château Gaillard, pour avoir cocufié son royal époux, avec un des frères d'Aulnay ( fameuse histoire d'adultère de la tour de Nesles ).

Toute la jeunesse de Jeanne sera entachée par la faute de sa mère, et par le fait qu'on ne la reconnaissait pas comme légitime fille du Hutin, même son père la croyait bâtarde d'un des frères d'Aulnay.

Or donc, Louis X en mourant, ne laissait que sa fille Jeanne à la succession des deux couronnes, France et Navarre, qui toutes deux lui revenaient de droit. Mais Charles comte de Valois l'oncle, et ses deux cousins, Philippe comte de Poitiers et Charles comte de la Marche, bourdonnent furieusement dans la ruche royale




Philippe Comte de Poitiers, rentre précipitamment d'Avignon, afin de s'emparer de la régence, avec l'appui non négligeable d'un fort parti de barons lui ayant rendu hommage.

Une fois régent, il se heurte au Duc Eudes de Bourgogne, qui dans la crainte de quelques fraudes envers sa nièce Jeanne, demande qu'elle lui soit confiée, jusqu'à ce que soit statué la succession au trône, elle sera donc élevée parmi les proches de cet oncle du côté maternel. On peut penser que les actes de cet oncle furent désintéressés, du moins au début!!!

En juillet 1316, le Duc de Bourgogne, passe un accord avec le Régent, sous forme de traité, il est stipulé que Jeanne aurait en héritage, aussitôt qu'elle serait en âge de se marier, le royaume de Navarre et les comtés de Champagne et de Brie.



La condition de ce traité était que Jeanne abandonne la succession et les prétentions au trône de France, en cas de refus, la couronne de Navarre et les deux comtés resteraient attachés au royaume de France.

Le régent sera sacré roi à Reims, sous le nom de Philippe V le long, en présence de Louis comte d'Evreux, frère du feu Roi de Fer, et de quelques  barons, les portes de la ville closes et sous haute surveillance, son oncle et son frère, évincés du pouvoir, ne vinrent pas.

Autre grand absent, Eudes IV de Bourgogne, qui lui refusa tout bonnement d'y assister. Philippe V pour remercier son oncle Louis d'Evreux, de son appui lors de son sacre, va ériger en Pairie, son Comté d'Evreux.




Eudes de bourgogne et la noblesse de Champagne se sont alliés pour défendre, dit on !!, les droits de sa nièce Jeanne, héritière de la couronne de Navarre, un nouvel arrangement s'instaure sous forme de traité;

C'est la farce du roi dépouillé!!!, Eudes au nom de Jeanne, renonce aux droits qu'elle pouvait avoir sur la couronne de France, mais aussi sur celle de Navarre!! le tout au profit de Philippe V le long, on ne lui laisse même pas ses comtés de Champagne et de Brie.

En échange, on lui fait don de quelques miettes, à savoir, 15000 livres de rentes sur le comté d'Angoulême et la châtellenie de Mortain et une somme de 50 000 livres, afin de faire passer plus facilement cette inique spoliation!!

Dérisoire compensation par rapport à la perte d'un royaume de Navarre et de ses deux Comtés de champagne et de brie, Eudes se devait de faire ratifier le traité par sa nièce lorsqu'elle aurait 12 ans



En juin 1318 Eudes de bourgogne, obtenait en récompense de sa fourberie, dans la spoliation de sa nièce, ce traité inique lui apportait la main de Marguerite la fille aînée du roi Philippe V le long!! Tout le monde plumait cette pauvre Jeanne.

Dans le même temps, Louis Comte d'Evreux, fait épouser Jeanne par son fils Philippe, il a 13 ans et Jeanne n'en avait que six, elle est confiée à Marie de Brabant, mère du comte d'Evreux.

Bien sur!! Eudes n'en avait plus besoin, il avait obtenu ce qu'il voulait, il fallait laisser les autres profiter de l'occasion pour grappiller quelques miettes!!



Mais voila! même si Philippe V le long gardait le royaume de Navarre, grâce aux malversations des uns et des autres, ils avaient oubliés une composante essentielle de l'équation, les Navarrais!!!

Les nobles de ce royaume de Navarre vont le traiter d'usurpateur et il eut contre lui toute la population de ce pays, les gens commencèrent à ruer dans les brancards et la patience dans cette région n'est pas une vertu cardinale!!!

Philippe V le long meurt en 1322, le dernier des fils du roi de fer monte sur le trône, et croyez moi, c'est loin d'être une lumière, Charles IV le bel, surnommé " l'oison, tant il était niais "

Il voulut brûler les étapes en forçant les états de Navarre à lui jurer fidélité, il faut dire qu'il était conseillé par son benêt d'oncle, Charles de Valois, ( ce dernier comptait bien en sous main gouverner le pays ) mais Charles IV meurt à peine six ans après son frère.




Les Valois succèdent au trône des Capétiens, Philippe VI est le digne fils de son père!!! Charles Comte de Valois, par certains côtés il est même pire ( surnommé par les Anglais le roi trouvé )

La France voulut soutenir les droits de ce roi sur la couronne de Navarre, alors même qu'il n'avait pas droit à celle de France!!!

Les Navarrais se rebiffent, les jurisconsultes et le peuple de Navarre disent qu'ils placent le principe d'hérédité bien au dessus d'une prétendue loi salique apportée d'un pays inconnu par eux!!

La colère fut à son comble quand le roi de France ordonne la réunion des états Navarrais, afin qu'il soit reconnu comme roi. Les états vont proclamer sa déchéance et reconnaître Jeanne pour Reine




Une députation apporte cette proclamation à Jeanne Comtesse d'Evreux, elle récupère sa couronne à l'âge de 18 ans, le roi de France renonce à sa deuxième couronne face à l'attitude belliqueuse des Navarrais.

Mais cette reine de Navarre reste spoliée, elle continuait à manger son rôt à la fumée!!! elle ne vit jamais cet hypothétique Comté d'Angoulême, ni cette châtellenie de Mortain, qu'elle aurait du recevoir en échange de ses possessions. De plus jamais elle ne récupérera ses Comtés de Champagne et de Brie.

Comment voulez vous que plus tard son fils Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux puisse supporter les Valois.





PS: Si pour Philippe VI le roi de fer était son grand oncle, pour Charles II c'était son arrière grand père, sa filiation était plus droite en matière de succession que celle du roi trouvé, de même que pour Edouard III d'Angleterre, pour qui le roi de fer était son grand père. C'est donc bien cette loi salique sans aucun texte écrit qui fut à l'origine de la guerre de cent ans ( 116 ans) M de V

vendredi 21 janvier 2022

Moyen âge le Voeu de Pèlerinage 2/3

Ce vagabond qui chemine courbé, son bourdon en main, dans ses habits usés de toutes ronces, des ardeurs du soleil, maculés des boues du chemin et des eaux ruisselantes, traverse inchangé toute la durée des siècles du Moyen âge....mais qui vous empêche de mettre vos pas dans les siens ?????

Avant de cheminer il nous faut cependant mieux cerner ce pèlerin médiéval, le saisir dans l'effort quotidien de son engagement, depuis son voeu jusqu'au matin radieux du terme de son voyage !!

Il n'existe guère, faut il le préciser, de mesure commune entre la puérilité des serments irréfléchis d'une civilisation comme la nôtre et la décision héroïque par laquelle un Seigneur, un Bourgeois ou un Paysan du moyen âge se font les vagabonds de Dieu !

Il ne me semble pas, mais le nain peut se tromper, que la satisfaction d'intérêts purement matériels, comme la réussite d'une entreprise humaine par exemple, aient inspiré un grand nombre de voeux.

 L'homme médiéval, je crois, n'attacha jamais à ses aises une importance extrême, la vie était rude au moyen âge et le Seigneur, le Bourgeois ou le Paysan ne l'étaient pas moins, mais ils avaient ce bon sens pratique de prendre sans rechigner ce que la vie leur offrait !






Sans doute que l'espérance légitime de retrouver la santé, pour soi même, ou pour un être cher, dicta t'elle plus souvent l'idée de prendre le cheminement. Dans l'état dérisoire pour ne pas dire désastreux de la médecine de l'époque, le recours au tombeau d'un Saint Thomaturge me semble révélateur d'un choix judicieux pour le vagabond de Dieu ! 

Les grands sanctuaires de pèlerinage grouillaient littéralement d'impotents, d'infirmes avec ou sans béquilles, d'aveugles et de goitreux, ainsi qu'un grand nombre de malades geignants et fébriles. Certains n'hésitaient pas à entreprendre les cheminements les plus éprouvants, se trainant de chasses en reliquaires jusu'à ce qu'ils trouvent un Saint qui veuille bien consentir à les guérir !!!

Le livre des miracles de Sainte Foy raconte comment un jeune paralytique, natif de Reims, parcourut la Belgique, la Germanie, l'Italie, pour finir par l'Espagne et Saint Jacques de Compostelle, d'ou il rentrera chez lui en passant par Toulouse. Il retrouvera l'usage de ses membres grâce à Saint Foy de Conques. Il ne m'appartient pas de douter, je cite juste ce qui est inscrit dans la chronique ! 

Précision: Pour sur le nain n'a confiance qu'en la pierre !, mais il a un profond respect pour les croyants de toutes confessions...tout en compissant et conchiant les intégristes de tout poils bien sur !









Toutefois on trouve au fond de pareils actes, l'esprit de pénitence, bien plus que celui d'aventure ou d'exutoire à un débordement de vitalité qui animait ces grands engagements. Quelques uns vont y subordonner toute leur existence, on trouvera de véritables professionnels du pèlerinage, finissant l'un pour commencer l'autre, éternels vagabonds de Dieu !

Il est presque impossible, selon les spécialistes, de déterminer dans qu'elle mesure le pèlerin médiéval obéissait au désir ascétique du " Désert ", c'est à dire ce refuge que procure des conditions de vie hors normes de l'époque, mais qui permettait en marchant aussi dans sa tête de méditer et trouver Dieu

On trouvera aussi tout un Quarteron de désenchantés, qui trouveront leur lot de déceptions, ceux qui emprunteront le cheminement du pèlerinage avec juste l'esprit d'aventure, de vagabondage, voir de simple curiosité humaine ou par simple envie de rapines. Le harassement quotidien du chemin aura vite raison de ce genre de pèlerins. Il est plus que probable que ces gens partis dans cet état d'esprit auront dévié du chemin et renonçé avant d'en atteindre le terme. Pour avoir discuté avec des pèlerins c'est toujours le cas actuellement (sauf pour les rapines bien sur ! )










Le vrai pèlerin, même chargé de ses ambiguïtés humaines, chaque jour faisait son chemin, suivant ses pieds il s'approchait chaque jour de son " Désert ", aspérités et orniéres usant chausses et poulaines avec dans son esprit l'espoir de trouver Dieu !

Et puis il faut se pencher sur le fidèle du moyen âge, sa vie de tous les jours, ce qui est difficilement imaginable de nos jours !. Il y avait cette proximité, je dirais même cette familiarité avec les leçons bibliques et l'exemple de tout ces Saints ayant fuit le monde avec ses attraits et ses vanités !

La mort elle même n'a pour ce fidèle ni le poids, ni la signification que nous lui donnons. Elle n'est pas pour lui cette hideuse Camarde ( mort ), trônant sur un royaume d'ombres, ni même ce squelette dansant dont le XV siècle popularisa l'image. il représente l'accomplissement d'un long et douloureux chemin s'ouvrant sur l'éternité !  

PS: Ayant moi même beaucoup marché tout au long de ma vie je ne peux qu'éprouver un profond respect pour nos pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, car c'est avant tout une aventure solitaire, une rencontre avec soi-même...ce personnage que l'on ne connaissait pas forcement avant le cheminement M de V

samedi 11 mai 2019

Les Drapiers de Paris en 1219

   
Les Drapiers constituaient le premier des six corps de métiers, auxquels appartenait le gouvernement du commerce de Paris. Cet article vient compléter la documentation du Blog sur cette profession, je citerais l'article 272 sur le drap "escarlate" au moyen âge, le 257 sur les drapiers de Reims aux XIII, XIV et XV siècles et pour finir le 211 sur les soies d'or et d'argent au moyen âge









Cette corporation Parisienne faisait remonter leurs privilèges et leur constitution au règne de Philippe Auguste, comme on le constate dans le préambule d'une Ordonnance qu'ils obtinrent du roi Jean II le Bon en 1362

Oyez la supplication dis cet acte, à nous faicte, de par noz bien amez, les maîstres et confrères de la draperie de nostre bonne ville de Paris. Contenant aux environ de l'an mil quatre vint et huit, au mois de décembre, que la confrarie de la dicte draperie a esté encommencée !!!!!

De ces termes il résulte qu'en 1362 les drapiers ne sont pas en mesure de produire cette Charte de Philippe Auguste ??, puisque dans l'ordonnance on y énonce d'une manière approximative ce fameux document !! De la peuvent naître des doutes sur la véritable période à laquelle nos drapiers Parisiens commencèrent à former un corps de métier ??

Cependant on sait par d'autres documents qu'ils agissaient déjà comme une communauté en 1183, car cette année la ils reçurent du roi, moyennant cent livres Parisis de cens annuel, 24 maisons confisquées aux Juifs. Ces maisons saisies étaient situées non loin du palais dans une rue qui s'appelait " Judoearia pannificorum ", et qui plus tard portera le nom de rue de la vieille Draperie












L'ordonnance de 1362 dont nous parlions plus haut, révèle cependant un fait qui expliquerait ?....jusqu'à un certain point, comment avait pu disparaître un document aussi important pour le corps des Drapiers !!, document qui confirmait leur institution.

Nous parlons la d'une missive de Philippe VI de Valois (le roi trouvé), qui s'adresse à son Prévôt de Paris, ce document est daté du 21 avril 1339, dans lequel le roi déclare rétablir la corporation suspendue précédemment ?, n'est ce pas à cette suppression temporaire de cette confrérie (dont on ne connait pas le motif), qu'il faut rapporter la perte, voir la destruction volontaire, faite sur ordre du roi de ce document fondamental ?????

Le livre des métiers d'Etienne Boileau (voir article), ne renferme aucune disposition relative aux Drapiers. Le titre cinquantième de son livre I, parle des "Toisserans de lange", mais cela concerne seulement les fabricants de drap commun et de couvertures établis en Paris. Mais ni ce titre ni ceux qui suivent après, quoiqu'ils se rapportent aux Foulons et Teinturiers, ne font pas la moindre allusion au commerce de nos Drapiers ???

Cette absence presque complète de documents pour une corporation dont la suprématie ne fut jamais contestée reste un mystère !!. Nous ne trouvons qu'un acte d'août 1219, un contrat de vente passé entre la Confrérie des marchands Drapiers et un bourgeois de la cité, nommé Raoul Duplessis, lequel cède à la dite confrérie une maison située derrière le mur du petit pont, ainsi que les droits qu'il percevait sur diverses maisons contiguës à l'hôtel ou se tenait les réunions de la corporation des Drapiers




PS: documents BNF, sur des textes de l'école des Chartes M de V

mardi 3 octobre 2017

Eustache Deschamps 1346-1407 poète

Eustache Morel dit Deschamps, du nom de sa maison de campagne, il naquit à Vertus, dans la Marne, aux alentours de l'an 1346, il semble qu'il soit issu d'une famille aisée, mais pas de noblesse.

Il étudie le Trivium à Reims, ou il va se lier avec Guillaume de Machaut (voir article) , dont une fable du XV siècle fait de ce dernier son Oncle, sans aucun moyen de vérifier ce lien de parentée.

Ce que l'on sait par contre, c'est qu'Eustache Deschamps le considérera tout au long de sa vie comme son Maître. Puis il se déplace vers Orléans pour faire ses études de droit romain.








En 1367 sans avoir terminé son cursus universitaire il entre comme messager au service du Roi Charles V le Sage.

Dés la naissance de Louis d'Orléans en 1372 il est attaché à sa maison, il assurera pendant une trentaine d'années diverses charges administratives, dont celle de Bailly du Valois.

Poète avant tout il fréquente dans sa jeunesse les éléments les plus frivoles de la cour, marié en 1373, veuf trois ans plus tard, père de deux fils et d'une fille.

On peut dire qu'il mène une vie particulièrement dispersée surtout depuis l'avènement de Charles VI le fou en 1380.

Tandis que sa santé chancelle il accompagne le roi à deux reprises dans ses campagnes de Flandres (voir article Olivier de Clisson)

Après une mésentente s'installe entre lui vieux !!! et Louis Duc D'orléans, son protecteur mais aussi un des Oncles rapaces de Charles VI le fou, dont il critique la politique sans ménagement









Mais bientôt il démissionne de son Baillage et va peu à peu se replier dans une profonde morosité.

Il meurt en 1406 ou 1407 avant l'assassinat du protecteur qu'il désavouait, Louis D'Orléans le 23 novembre 1407

A la différence d'un Guillaume de Machaut (article), ou d'un Jean Froissart (article), il négligea de rassembler son oeuvre, celle ci était immense 82 000 vers dispersées en de courtes poèsies;

Le seul volume des œuvres complètes d'Eustache Deschamps contient 1032 balades

142 chants royaux

170 rondeaux

84 virelais

14 lais



Mais nous comptons également 10 pièces en strophes diverses, 34 pièces à rimes plates, 30 ouvrages en prose et 12 pièces Latines. Il est un point important de ce personnage c'est qu'il eut une correspondance suivie avec Geoffrey Chaucer (voir article) ils échangèrent même des balades entre 1370 et 1380...M de V




mardi 11 avril 2017

Le Maréchal Arnould d'Audrehem


A l'attention des lecteurs: Je vais essayer de rester objectif et de vous dépeindre le personnage tel qu'il était au XIV siècle, mais il représente pour moi tout ce que ne devait pas être un chevalier, j'exècre ce sinistre personnage, bien vous voilà prévenus!!

Né vers 1300 (1300-1302) en pas de calais dans le village de Audrehem, proche de la rivière Hem et à 4 lieues de Saint Omer. Son père était chevalier, mais il faut bien l'avouer malgré les recherches nous ne savons rien de sa jeunesse.

C'est à partir de 1332 que nous pouvons commencer à le suivre sur le chemin de sa formidable ascension sociale. On le trouve en Ecosse ou il prend part avec des troupes françaises à une expédition contre l'Anglois, le chef de cette compagnie est le seigneur de Garencières.

Il rentre au pays en septembre 1337, il rejoint l'Ost à Amiens convoqué par Philippe VI de Valois en Août 1338. En 1340 c'est un nouveau départ pour l'Ecosse avec 200 hommes d'armes qu'il commande conjointement avec le seigneur d'Aubigny, son retour en France se fait en 1341.








Il traverse de nouveau la mer pour faire parti du corps expéditionnaire qui battra en retraite devant les troupes commandées par Edouard III.
De retour sur le continent en juillet 1342 on le nomme Capitaine du Roi en Bretagne, il se trouve à la défense de Ploërmel quand elle fut prise par Edouard III dans la même année.

En 1343 grâce à l'appui du Prince Jean Duc de Normandie (futur Jean II le Bon), il obtient 700 livres de rentes qui lui sont versées par le trésor royal. Il s'attache à ce Prince comme un bernicle sur son rocher et s'empresse de suivre son mentor à Châtillon et à Aiguillon quand le roi Philippe VI décide d'éloigner son fils de la zone des combats lors de la première chevauchée d'Edouard III, ce qui fait que notre Arnould ne participera pas à la bataille de Crècy en 1346.








En septembre 1349 le roi tente la reprise de Calais en l'assiégeant, et si Jean de Vienne parvient à entrer dans la ville en suivant la grève, quelques hommes dont notre parangon de la chevalerie y entrèrent en bateau, il est fait prisonnier puis envoyé en Albion en attendant le paiement de la rançon.

De retour en France il se marie avec Jeanne d'Hamelicourt, veuve de Jean de Walincourt, il devient de ce fait Châtelain d'Angoulême et capitaine de guerre du Comté.

Quel grand capitaine nous avons la!! Alors même que cette région des Flandres est en proie à d'incessants combats, il restera éloigné des zones de conflit bien à l'abri derrière les murs de sa ville.







La mort du roi Philippe VI en 1350 va propulser notre personnage vers les sommets, se plaçant dans l'ombre du roi Jean II le bon, qui lui avait si bien mis le pied à l'étrier lorsqu'il était duc de Normandie.

 Il figure peut de temps après parmi le vaincus de la bataille de Taillebourg, prisonnier de nouveau il attend le paiement de la rançon que le roi payera. De retour dans sa ville il fait le voyage jusqu'à paris afin de passer devant Notaire pour une donation au dernier vivant, le couple n'ayant pas eu d'enfant,

Oh joie pour la France car il en est de ce personnage comme de certains oiseaux, il faut trouver le nid et casser les oeufs! " je m'excuse je divague.....)

Notre homme est devenu fort étoffé et sa richesse est due aux largesses de son roi, qu'il savait si bien flatter. Il figure dans les combats du 6 et du 15 juin 1351 et sera peu de temps après nommé Maréchal grâce à la Cerda le favori du roi.








Les missions que l'on va lui confier sont bien au dessus de ses prétendues qualités guerrières, nommé lieutenant du roi en Poitou, Saintonge, Limousin, Angoumois et Périgord, il va désormais puiser largement dans les caisses du royaume. Nommé depuis peu lieutenant du roi pour la Normandie il devient l'ami de la Cerda devenu Connétable du royaume et favori du roi, comment pourrait il en être autrement développant tous deux le même culte de la personnalité. C'est lors d'un repas avec le favori du roi et Du Gesclin au château de Montmuran que notre Arnould se fait remarquer pour son incompétence, les Anglais de Calvelay avaient eut vent de notables logeant dans ce château, ils avaient décidé de tendre une embuscade.

C'était sans conter avec notre breton teigneux de Bertrand, qui ne se campait jamais dans un endroit sans placer des guetteurs, la manoeuvre éventée il y eut fort belle escarmouche, car dans cet âpre combat fut fait prisonnier Calveley. Mais ce haut fait d'armes eut lieu sans la présence de notre baudruche gonflée d'orgueil qui prétendit ne pas avoir eut le temps de s'armer, et les autres alors!!?. Malgré tout le voila une nouvelle fois nommé lieutenant du roi en Artois, Boulonnais et Picardie, ou des troubles semblent nécessiter une répression énergique. Il est à son affaire dans ce domaine et semble posséder les compétences, mais il est vrai que combattre villageois, bourgeois et paysans mal armés lui laisse le temps de s'équiper pour une fois....







C'est tout autre chose Quand Edouard III sort de calais pour entreprendre une nouvelle chevauchée, le roi se porte à sa rencontre avec l'ost, devinez....,,? Hé oui une fois de plus pas d'Arnould, on se trouve pourtant dans sa région et pour un Maréchal cela fait brouillon!! Mais lorsqu' Edouard III fait demi tour, qui voit on apparaître, notre divin maréchal qui se lance à la tête de ses hommes pour harceler l'ennemi. laissez moi rire, il n'attaque rien du tout à part quelques traînards qui conduisaient des chariots de butin. Il retourne ensuite vers son roi se venter d'avoir participé à la retraite des Anglais, il n'y avait pas plus menteur que cette outre gonflée d'orgueil, il faut dire que cela ne semblait pas déranger notre monarque.

Notre roi va promulguer un nouvel impôt et provoquer de ce fait la colère du peuple, des villes entières se révoltent, pour Arras c'est Arnould le spécialiste que l'on envoi et il s'y entend le bougre, il fait pendre 100 bourgeois le 27 avril 1356 et le lendemain il en fait décapiter 14, pour ces belles actions guerrières Jean II va lui octroyer 1000 livres de rentes qui s'ajoutait à sa pension de chevalier de l'ordre de l'étoile. Lui au sein de cet ordre voila qui laisse rêveur, et il est loisible de penser que la chose a du en faire rire plus d'un, surtout quand on sait que la règle primordiale de cet ordre était l'interdiction de reculer au combat!!!! Voila pour Arnould qui avait les ongles si pâles un effroyable dilemme, lui qui à la bataille montrait plus souvent son cul que son poitrail.






Cela étant dit nous arrivons à la bataille de Poitiers ou la les fanfarons ne sont pas de mise, une fois de plus il montrera son cul en tournant bride et sera fait prisonnier. En Angleterre son roi lui permet de faire des navettes entre les deux pays, en tant que prisonnier sous caution il peut aller et venir, la seule chose qui lui soit interdite c'est de porter les armes contre les Anglais, voila qui arrangeait bien notre batteur d'estrade.

Cependant la guerre reprend Edouard lassé de ne pouvoir faire signer un traité à son avantage, reprend le titre de roi de France, débarque en octobre 1359, ravage le nord et marche sur Reims pour se faire sacrer roi. Il ne peut prendre la ville de force et part hiverner en bourgogne, puis marche sur Paris c'est alors que survient la catastrophe du Black Monday, provoquant l'arrêt de la chevauchée et le début des négociations du traité de Brétigny

Notre Arnould a retraversé le bras de mer vers son roi prisonnier, ils seront même malades ensemble au dire des chroniques Anglaises. Il faut désormais nous pencher sur un fait singulier, au dire de ses chroniques notre Arnould touchait une pension sous forme de rente viagère versée par le roi Edouard III......!!!!, nous ne saurons jamais pourquoi il la touchait.

Après la paix de Brétigny, notre personnage va largement fricoter avec les routiers des grandes compagnies et bien que le roi le charge de guerroyer contre eux il sera absent de la bataille de Brignais, mais il semble évident qu'il ne pouvait se battre contre ceux qui lui rapportaient tant de pécunes.







Il partira avec eux en Espagne est sera fait une nouvelle fois prisonnier à Najera par le Prince Noir, qui le traitera de parjure et de traître, de parjure parce qu'il n'avait toujours pas payé la rançon de sa capture de Poitiers, mais de traître cela laisserait supposer " que la pension qu'il touchait de l'Angleterre ", n'était pas à notre avantage. Arnould meurt au mois de décembre 1370

Pour conclure que dire de notre maréchal, lui qui fit parti d'une armée en retraite en Angleterre, vaincu à Ploërmel, absent à Crécy, prisonnier à Calais, absent de la guerre des Flandres, vaincu à Taillebourg, absent à l'escarmouche de Montmuran, fuyant à Poitiers, pensionné par l'ennemi, absent à Brignais et prisonnier à Najera.

Lui le spécialiste de la répression des bourgeois et des paysans, faisant joyeusement de grands massacres de gens désarmés, lui le voleur absorbant les fortunes en se servant à pleines mains dans les deux camps, menteur et traître à sa parole, mais surtout traître à son roi qui l'avait couvert d'honneurs et d'or. Etsurtout n'oublions pas son incapacité au combat, il restera dans les mémoires comme un aposthume planté dans la fesse de son monarque ce qui ne semblait pas le déranger pour s'asseoir.




PS: Quel grand Maréchal nous avons eut la!! Ce qui est surprenant dans tout cela c'est qu'il ait vécu si vieux, car en toute logique il aurait du depuis fort longtemps mourir écrasé par le poids de sa vanité M de V





mercredi 28 avril 2021

Médecine le Temps du Grand Changement

Le grand boulversement de l'Art Médical et la diversification de la profession se place aux XI et XII siècles, avec pour cause principale l'effacement progressif du Clergé de la pratique de la Médecine !

Alors qu'au X siècle cet Art se trouve encore entièrement entre les mains des ecclésiastiques, qu'ils soient moines ou prêtres !. L'église va inviter les membres du Clergé à s'en dégager afin de se consacrer à des activités plus conformes à leur état, qui il faut bien le dire était plus de sauver les âmes que les corps

Le Concile de Clermont en 1130, puis celui de Reims en 1131 interdisent aux Moines de pratiquer l'art médical. A cette époque le médecin était encore appelé Physicien. En 1139 le Pape Innocent III va lui interdire aux Prêtres, la délivrance de médicaments, puis Alexandre III quelques années plus tard va confirmer cette interdiction

En 1163, le Concile de Troyes déclare que l'église abhorre le sang !!! et dans le même élan interdit la pratique de la chirurgie (la dissection des corps), aux religieux qu'ils soient Moines ou Prêtres

Mais c'est en 1215 au Concile de Latran que l'église ferme totalement la porte !, en interdisant aux Clercs l'interdiction de verser le sang et de manier le scalpel, c'est à dire tous ceux qui se reconnaissent de l'autorité de l'église, cela faisait beaucoup de monde !!!!










Faisons un bref saut en arrière dans le temps pour clarifier les choses. Dans l'Antiquité beaucoup de Physiciens (médecins), recouraient à des auxiliaires spécialisés, soit dans la cueillette " des Simples ", la confection " des Drogues ", ou pour effectuer les actes " de la petite Chirurgie ".

Il n'en va pas de même au Haut Moyen Moyen âge, ou Moines et Prêtres soignants, fabriquaient et délivraient eux mêmes les médicaments qu'ils prescrivaient et ces ecclésiastiques pratiquaient les actes chirurgicaux qu'ils jugeaient utiles !!!

Or donc en France c'est autour de l'an 1180 que vont apparaître les Apothicaires (Pharmaciens), et les chirurgiens. Ces derniers ne sont à cette époque que de simples Barbiers, que nos Médecins " Clercs à longue Robe " utilisent comme " manoeuvres " de la profession médicale et qu'ils nommaient avec hauteur " les gens mécaniques "

Cependant si les connaissances de ces mécaniques sont modestes, par rapport à nos pédants crottés de Médecins, la pratique journalière de la Lancette et du Scalpel donne aux plus habiles de ces Barbiers un savoir faire bien supérieur à nos inconditionnels du Latin qui n'avaient désormais le droit que de pratiquer une médecine théorique !!!...En bref il ne leur restait plus qu'à mirer les urines et consulter les matières fécales pas cool le plan !!










Nos Barbiers les plus habiles vont chercher à se spécialiser et à se distinguer du simple Barbier qui pratique la saignée ou retire les abcès. Ainsi sera créee en 1268 la Confrérie de Saint Côme, Collège des Chirurgiens Jurés de longue Robe !!

A partir de ce moment ils seront jalousés par nos Théoriciens Latinistes de la Médecine ainsi que par les simples barbiers de robe courte. Nos chirurgiens ne vont pas moins poursuivre en organisant leur propre cycle d'enseignement et conférer les grades de la Maîtrise en chirurgie, que le Roy de Fer, Philippe IV le Bel officialisera en 1311

Ce qui bien évidemment n'empêchera pas d'incessantes querelles de préseance entre Médecins et chirurgiens jusqu'au XVII siècle. Même un Ambroise Paré, ce grand chirurgien de la Renaissance était déprisé car il ne savait pas le Latin !

La vue d'ensemble du corps médical dans cette seconde partie du moyen âge peu être résumé par quelques chiffres, qui je pense pour quelques uns feront plaisir à mes lectrices passionnées du monde médiéval

Wouais !! c'est pas quelques chiffres qui vont vous faire peur tout de même hein !










On compte en France du XII au XV siècle 4406 médecins, 930 chirurgiens et 2219 Barbiers. Dans cet ensemble on dénombre 126 femmes dont 86 médecins et chirurgiens, ainsi qu'une quarantaine de " Matrones " professionnelles, qui pour ces dernières n'apparaissent pas avant le XIII siècle.   

Ce qui nous donne tout de même un certaine vision de la profession:

XII siècle: 218 médecins, 01 chirurgiens, 06 barbiers

XIII siècle: 564 médecins, 66 chirurgiens, 364 barbiers

XIV siècle: 1708 médecins, 337 chirurgiens, 698 barbiers

XV siècle: 1916 médecins, 526 chirurgiens, 1151 barbiers 


PS: ce qui à mon goût fait fort peu de professionnels de la santé au regard d'une population qui au début du XIV siècle frisait les 16 millions de personnes en France, bon c'est l'avis du nain....c'est vous qui voyez !! M de

jeudi 27 avril 2017

La Bataille de Cocherel 1/2

Le Dauphin doit se rendre à Reims pour son sacre, qui le fera Roi de France, mais il sait que Jean III de Grailly est à Evreux et qu'il compte bien lui couper la route et s'opposer à son couronnement s'il le peut. De plus le lieutenant du roi de Navarre vient de recevoir des renforts, il s'agit de Jean Jouel et de ses archers. Il est prévenu également du fait que Don Louis de Navarre régent du royaume de Navarre et frère de Charles II de Navarre, doit rejoindre Jean de Grailly avec plusieurs centaines de lances.

Sur demande du dauphin, Bertrand rassemble ses troupes et dès le 11 mai, fait mouvement vers Pont de l'Arche, afin de traverser la Seine et prendre la direction de Pacy, il compte de ce fait couper la route du Captal de Bush, il marche dans la vallée de l'Eure avec la Seine à dextre et la rivière de l'Eure à sénestre, néanmoins un doute s'insinue dans ses mérangeoises, il est inquiet à la possibilité que Jean de Grailly l'évite s'il se fait ouvrir les portes de Vernon.

Le captal, au jour du 13 mai, se rend à Vernon, pour voir sa promise, Jeanne (plus jeune soeur du roi de Navarre), mais surtout pour rencontrer l'autre soeur de Charles II, Blanche, Reine douairière de France, seconde épouse du roi Philippe VI de Valois. Cette ville est son fief, avec les villes de Gisors et Melun, elle sait que le Captal ne vient pas uniquement pour le banquet et qu'il a une requête à formuler.

Le Captal sait très bien que Dugesclin est sorti de Rouen !
et qu'il cherche à le fixer pour le combattre, mais il veut atteindre le Dauphin avec des troupes intacts et le seul moyen de l'éviter passe par Blanche. Ce qu'il ne sait pas en revanche c'est que le Bertrand  ne se laisse pas pousser l'herbe sous le pied, il se trouve déjà à l'Abbaye Sainte Lieufroy, tout près du gué de Cocherel!! (seul gué possible avec Vernon)









Nous sommes le 14 mai, Jean est déçu, blanche est restée inflexible, il ne peut donc pas faire passer ses troupes par Vernon, il retourne à Evreux. Il faut savoir que Blanche avait épaulé bien longtemps son frère Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, dans ce conflit avec les Valois, servant même de médiateur plusieurs fois. Trois semaines plus tôt elle avait promis au Dauphin de tenir closes les portes de sa ville, donc Jean de Grailly se trouve bloqué de ce côté de la Seine !!

Sur le chemin du retour, Jean de Grailly, " aurait rencontré " selon un chroniqueur, un King Messenger (messager, espion et clerc de la Chancellerie d'Edouard III), et ce providentiel personnage le prévient que Dugesclin se prépare à traverser à Cocherel. Il semble loisible de croire que Jean en bon capitaine, s'était informé de la topographie des lieux !!! et il avait surement placé des guetteurs pour sa sécurité. Ce n'était pas un benêt, il n'était pas sur que Blanche le laisserait passer à Vernon, et ce genre de guerrier a toujours une issue de secours, lui aussi savait très bien que à part Vernon, le seul gué possible était Cocherel !! Théorie plus crédible que cet hypothétique King Messenger.










Il n'en demeure pas moins que le 15 mai au matin notre Bertrand et ses officiers, reforment leurs troupes dans une vaste plaine, face à une colline qui formait les hauteurs de Hardencourt Coherel, ils viennent d'achever le passage du gué. Mais Dugesclin va avoir une surprise de taille, quand il voit la colline se couvrir d'armures, d'archers, de pennons et de bannières. Jean de Grailly en vrai soldat, avait de suite réagit, il s'était adapté a la situation, puisqu'il ne pouvait plus couper la route du Dauphin, il se devait d'occuper la meilleure position pour contrer Bertrand. Nous ne parlons plus ici de rutilants chevaliers gonflés d'orgueil et la tête farcie de romans de chevalerie, nous trouvons face à face deux experts du combat.

Jean de Grailly avait tambour battant rassemblé ses troupes et tracé sa route, par la Ronce et Cresne, puis franchissant la ligne de réunion des eaux, remonte sur le plateau d'Hardencourt, une fois encore les Anglais et les Gascons ont l'avantage du terrain, ce qui n'est pas sans mettre puces au poitrail de notre belliqueux Breton !!!



                                 


 Voila le décor est planté, les trois coups seront frappés

                                        cette macabre pièce par les acteurs peut être jouée ! M de V

jeudi 28 juin 2018

Le Serrurier Médiéval

La serrure de l'antiquité, chez les romains se nommait " Sera ", c'était un véritable cadenas suspendu à un piton ou passé dans les mailles d'une chaine, à ne pas confondre avec le mot " Serra " qui lui signifie scie.

De tout temps le Serrurier a eut pour fonction d'enclore et de mettre à l'abri tout ce qui pouvait être dérobé.

Il est un fait, que si le serrurier existait, il ne fait aucun doute que les Margoulins peu scrupuleux, avides des biens d'autrui existaient aussi !!

On ne sait presque rien des ouvriers du V au IX siècle, le serrurier de ces époques ne faisaient que des ferrures ordinaires et de grossières clôtures.
Ce n'est que peu à peu que cet art reprendra quelques valeurs, par exemple les grilles ciselées de Notre Dame d'Aix la Chapelle, ouvrage de cuivre et de Bronze, sortis des ateliers des Abbayes (et oui encore eux !!), exécutés sur les dessins d'artistes religieux. Ils sont par la préservation des écrits et des savoirs, à l'origine de la renaissance de biens des métiers








Les Cloîtres, Abbayes et Monastères, avaient recueillis patiemment les traditions artistiques dédaignées par les barbares envahisseurs et oubliées par un peuple miséreux, découragé par les nombreuses invasions barbares !!!

Ce n'est qu'au XII siècle que le serrurier, comme beaucoup d'autres spécialités, réapparaît vraiment, il prend dès lors une véritable importance par la fabrication des ferrures indispensables aux maisons et la confection de pièces d'art sur nos monuments, églises et châteaux.

Parmi les spécimens, le plus connu de l'art du serrurier, des XII et XIII siècles, les grilles du coeur de l'ancienne abbaye de Conques (Aveyron), les grilles et ferrures des églises de Rouen, Saint Quentin, Reims, Saint Martin d'Angers.

L'une de ces grilles à brindilles et ornements forgés est placée dans l'église du Puy en Velay, point de passage fort connu de tous les pèlerins de Compostelle. Viollet le Duc l'a reproduite dans son dictionnaire de l'architecture, ouvrage renfermant de merveilleux dessins, que je me dois de vous recommander.

Le Viollet le Duc se trouve facilement et selon les maisons d'éditions on peut se le procurer en un ou deux volumes (voila une acquisition que vous ne regretterez pas)








Les pentures des portes de la Cathédrale de Paris datent du XIII siècle, ce sont de véritables merveilles, un aboutissement dans l'art du métier de serrurier.

Elles furent réalisées par le fameux " Biscornet ", selon la légende notre homme aurait contracté un pacte avec le Diable, auquel il aurait vendu son âme !!! à la condition de venir à bout de ce travail qui pour lui représentait son chef d'oeuvre..., mais voila ! la porte qui livrait passage au Saint sacrement s'obstina à refuser de recevoir les ferrures devenues diaboliques de notre serrurier.

Le bois repoussait l'outil, et le fer volait en éclats à l'approche du boulon d'attache, il mourut en laissant son travail inachevé ( le diable a bien du rigoler !!)

Au moyen âge le serrurier ne se sert jamais pour les finitions de ses ouvrages d'art, de la Lime, bien sur il en fait usage pour de menus travaux, mais la dédaigne pour ses travaux de finition !!!

Le marteau est son outil de prédilection, pour lui c'est cet outil qui donne les reliefs mâles et puissants aux ferrures des portes, il est d'ailleurs d'une adresse merveilleuse et le métal sous son outil se plie et lui obéit au grès de son inspiration, à ses moindres caprices. Il nous faut aborder un point important, le travail du fer demande de la chauffe, voyons un sujet fort peu abordé en histoire !!!







Il est bon de noter que le fer travaillé par notre serrurier du moyen âge, était fabriqué et façonné en le chauffant au charbon de bois, la houille étant peu connue difficile d'extraction mis à part quelques gisements à fleur de terre (nommé charbon de pierre).

Mais il semble à la lueur de plusieurs écrits du moyen âge, que les utilisateurs de forges, qu'ils soient Forgerons, armuriers ou serruriers, ne juraient que par le charbon de bois.

Ils accordent même à ce charbon végétal un atout majeur, hormis le fait qu'il fourni rapidement une chaleur intense, nous dirons même un propriété particulière. Selon eux le charbon de bois laisse au fer après la chauffe des qualités de souplesse et de ductilité qu'en aucun cas la houille ne pouvait apporter.

J'en ai parlé personnellement avec un forgeron médiéviste Taliesin Pen Draig à sa Forge " au fil de la Flamme " que beaucoup de passionnés rencontrent lors des manifestations médiévales, il semble tout à fait d'accord avec cette théorie, je vous conseille même si vous le rencontrez de lui en parler, il est intarissable sur son travail !!!!

Au XIII siècle le charbon de bois se livrait au sac et par charrettes entières en la ville de Paris, car tout le monde travaillait au charbon de bois que ce soit le rôtisseur, le tavernier, le boulanger, les étuves ou la bourgeoise dans sa demeure. Si l'on en croit le crieur Parisien " charbon le sac por un denier !!! " bon crieur ne saurait mentir, hors donc il coûtait un denier







 Le Charbon de Terre, comme la tourbe ne fut employé que plus tard, pourtant dans la Rome antique ce combustible était connu et les foyers de leurs forges en étaient garnis ??

Le charbon de Pierre (houille), sur lequel une vieille légende perdure!!. Je me propose de vous en retracer les grandes lignes. C'est l'histoire d'un pauvre vieux forgeron qui dénué de ressources ne peut acheter le charbon de bois nécessaire au travail de sa forge. Ou l'on voit le pauvre artisan, gros jean comme devant, à la porte de la cabane du forestier, que ce dernier vient de lui fermer au nez refusant de faire crédit pour son charbon.Tout à coup apparaît un vieillard; il se présente au forgeron miséreux, puis effleure de son bâton le sol lui montrant ainsi la naissance d'une masse stratifiée de matière combustible, " puise " ici! dit il au forgeron, prend dans cette mine inépuisable ce charbon de pierre .








Ceci se passait paraît il en l'an 1049 aux environs de Liège, ce forgeron se nommait " Hullos "il employa ce minerai auquel il donna son nom !!

Quelle que fut la date de cette découverte de la houille, il est néanmoins certain que son exploitation a été quasiment nulle pendant plusieurs siècles, au moyen âge l'exploitation ne se faisait que sur les filons à fleur de terre


PS: dès le XIV siècle nous compterons parmi les serruriers, d'habiles mécaniciens fabricants des horloges à contre poids, mais ce sera le but d'un prochain article M de V





lundi 29 janvier 2018

La Vie de Château !! au Moyen âge

les débuts sont plutôt brutaux !, ce ne sont que chefs de bandes armées jusqu'aux dents pullulant sur les terres de France, du début du V jusqu'au IX siècle, ils se tailleront des domaines sur mesure.
                                        
  
Ils occuperont à leur compte des terres qu'ils dirigeront d'une poigne de fer, les armes à la main, s'emparant par la même d'un ou plusieurs châteaux !

Ils récompenseront leurs principaux compagnons d'armes en distribuant de petits domaines sur les possessions conquises, sur lesquels ces hommes d'armes feront construire de petits châteaux.

Ce ne sont pas des dons bien sur !, il faut à cet arrangement une contrepartie, ces petits Fiefs sont tenus " en Foi ", un engagement vis à vis de ce Suzerain régnant sur ce domaine et pour lequel ils vont devoir combattre.

Dans la réalité ils occuperont un château et géreront des terres pour ce chef de bande devenu Seigneur, ils sont les hommes lige, ils sont à disposition de ce seigneur un service de tous les instants, cette "foi jurée" pouvait être fort lourde à porter !!!







Au XIV siècle, la France est recouverte d'un maillage de Seigneuries, entretenant entre elles des relations complexes, mais organisées selon une hiérarchie somme toute fort simple.

Tout en haut se trouve le Roi et un groupe de grands Feudataires qui en théorie reconnaissent la suzeraineté du Souverain, mais qui sont parfois plus riches et bien plus puissants que le Roi lui même !!

Ces grands Seigneurs tel les Ducs de Bretagne, celui de Lorraine, le Duc d'Aquitaine ( qui se trouve être Roi d'Angleterre), le Duc d'Anjou (qui porte le titre de Roi de Sicile), le Duc de Bourgogne (également Comte de Flandres), les Comtes de Champagne, de Toulouse et de Foix, ils sont tous immensément riches !!!


Chacun de ces grands du Royaume possèdent un ensemble de châteaux et exercent leur suzeraineté sur tout donjon se dressant sur leurs terres c'est le premier maillage, celui de la Noblesse séculière.

Le second maillage concerne le Clergé et toute la mouvance religieuse, avec au centre le Pape dans sa principauté d'Avignon du Comtat Venaissin, composé de domaines ecclésiastiques appartenant à des Archevêques, des Evêques, des Abbés mitrés qui  avaient tous sous leurs dépendance des fiefs qui eux étaient séculiers !!!








Or donc ! il est fort difficile  à cette époque de savoir qui est le suzerain de qui ?? Bien sur le cas le plus simple reste celui du seigneur possédant une seule seigneurie tout en ayant qu'un seul suzerain.

Mais un grand seigneur possédant  de multiples seigneuries peut lui avoir de nombreux suzerains. prenons en exemple au XIII siècle, Le Comte de Champagne, il est à la fois Vassal  de L'Empereur du Saint Empire Germanique!, du Roi de France !, du Duc de bourgogne !, des Archevêques de Reims et de Sens !, des Evêques d'Autun, de langres et Auxerre !, et pour finir de l'Abbé de Saint Denis.

Les Rois sont eux même souverains en un lieu et vassal dans un autre !, Donc quand une lignée s'éteint faute de descendance directe, les problèmes de succession sont légion et sources de querelles.

Ce que l'on constate au début du XIV siècle lorsque le dernier des Capétiens direct meure sans descendance mâle !, Charles IV le Bel, dernier fils du Roi de fer, meurt en 1328, les querelles pour le trône de France vont mener le pays vers une guerre, qui bien qu'entrecoupée  de traités de paix et de trêves durera tout de même 116 ans s'étalant ainsi sur deux siècles, avec son cortège de massacres de famines et de misère.









On peut donc se poser la question, du petit seigneur jusqu'au grand seigneur...qui est le suzerain de son suzerain ??? Mais un fait s'impose, dans ce maillage!

Ils ont tous un point commun, ils sont nobles et leurs enfants avec eux, et pas seulement le premier né qui portera le titre.

Et tous ont conscience d'appartenir à une élite bien au dessus de la masse roturière, celle d'une aristocratie guerrière qui sert le roi en combattant.

Ils forment cette chevalerie du royaume de France, l'ordre de la Noblesse, comparé à l'ordre du Clergé et à celui des roturiers que l'on finira plus tard à nommer le tiers état !







Cette noblesse des châteaux grande ou petite est dispensée de l'impôt et bénéficie de privilèges juridiques, ainsi un noble ne peut être jugé que par des nobles !, de nombreuses charges et fonctions leurs sont réservées.

A de très rares exceptions près seul les nobles peuvent devenir Chevaliers !, ils portent une épée et de vêtements qui les distinguent des gens ordinaires,

Des lois ou des ordonnances étaient édictées sur la tenue vestimentaire et les couleurs des vêtements que ne pouvaient porter ceux qui n'étaient pas nobles, sur la taille des poulaines, les coiffes et les ceintures, les fashion victimes de l'époque n'étaient pas à la fête !!!


PS: La progression du Droit Romain au XIV siècle changera la donne ( voir articles ) car tout les Juristes ou presque étaient issu de la classe Bourgeoise, il se tailleront la part du Lion dans ce siècle de guerre ou la noblesse s'épuise et se ruine dans ce conflit de 116 ans M de V