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jeudi 5 septembre 2019

N°330) La Haine de deux Rois au sein de la famille de France

Les défauts qui faisaient de Jean II dit le Bon un roi bien inférieur à sa tâche, n'étaient pas moins visible dans sa vie privée, que dans ses actes de monarque !!. Par ses incessants changements d'opinions, son manque de confiance en lui (comme son père), son humeur pour le moins vindicative, il tournait contre lui même ses plus proches parents, il apportait jusque dans son privé cette imprudence et cette passion aveugle qui compromirent si gravement son royaume !!

Sur le trône un roi doit savoir que les plus petites choses peuvent avoir de grandes conséquences, et la puissance souveraine n'a pas à l'intérieur d'un palais, cette liberté de conduite, qui est l'heureux privilège d'une personne d'humble condition comme un Bourgeois ou un Artisan par exemple. Philippe IV le Bel, nommé également le Roi de Fer l'avait bien compris (voir article), ce monarque était impénétrable tant dans sa vie privée que dans sa vie publique !!

Les querelles de famille ne furent pas moins funestes à Jean II, que ses démêlés avec Edouard III d'Angleterre, et il va apprendre ce qu'il en coûte à un roi d'oublier que la politique est intéressée à la moindre de ses paroles ou de ses actions !!!. Or donc il y avait à la cour de France un jeune Prince de sang royal, qui portait le titre de Roi de Navarre, c'était Charles II Comte d'Evreux, fils de Philippe d'Evreux, précédent roi de Navarre (voir article), et de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin (voir article)

Aucune comparaison n'était possible entre les deux monarques, tant par les actes que dans leurs comportements respectifs, autant comparer un paon et un aigle !!!!










Par son père Charles II était arrière petit fils de Philippe III le Hardi, et par sa mère petit fils de Philippe IV le Bel. Il était donc cousin de Jean II dit le Bon, mais qui bien que roi de France n'était pas un descendant direct des Capétiens !!!, ce n'était finalement qu'un Valois. Les luttes que Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux eut à soutenir contre ce fourbe de Jean II le Bon, pour qui l'existence seule de Charles troublait le repos furent on ne peu plus nombreuses, qu'elles soient sourdes ou déclarées. Bref Jean II avait en face de lui, et fort souvent, ce qu'il ne deviendrait jamais !!!

Ce sobriquet de "le mauvais" il le doit à ses sujets de Navarre pour avoir puni avec sévérité une conspiration qui avait éclaté contre lui alors qu'il se trouvait à Pampelune  pour son couronnement, le surnom lui est resté. Il faut bien comprendre que les chroniqueurs de l'époque ne vivaient et mangeaient que par la grâce de protecteurs. Si l'on prend un Jehan Froissart il va réécrire son livre I cinq fois, je vous laisse juge de ses orientations politiques (voir article)

Or donc Jean II était le Bon et Charles II devenait pour la postérité le mauvais !!!. Charles II était un homme tirant vers le petit, mais plein de feu et d'esprit, soucieux et réfléchi. Il était vif, la taille bien prise et possédait une éloquence persuasive. Sa figure était agréable et ses manières attrayantes, bref tout le contraire de Jean II dit le Bon. Il possédait l'art de se faire aimer et chacun dans la famille royale le préférait au roi, il jouissait en France d'une véritable popularité, aucun chroniqueur ne dira le contraire même ses détracteurs. A la lecture de ce que je viens de vous dire, vous aurez compris que cela ne pouvait que mal se terminer !!










Ce prince va endurer à la cour de France de criantes injustices et de cruels outrages (voir article), qui vont éveiller dans son coeur le désir de vengeance. Il faut rappeler que sa mère déjà !!!, fut spoliée de ses possession de Champagne par le père de jean II, puis que les terres qui furent données en échange, furent subtilisées par Jean II au nez et à la barbe de Charles II, afin de les donner à ce gros bouffon de Charles la Cerda, son favori dont il avait fait un Connétable. Enfin Jean II avait marié sa fille à Charles II roi de Navarre, afin de se l'attacher, mais ce dernier ne toucha jamais la dote de son épouse !!!

Il ne faut pas oublier que ces Valois, en partant de Charles de Valois, frère du roi de fer, étaient dénués de scrupules en ce qui concerne la fortune des autres !!!. Son fils Philippe VI de Valois suivi l'exemple de son père et Jean II fit de même (voir article). Aucun de ces trois personnages ne valait tripette !!!

Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux devra subir les outrages de ce déplorable sire que fut La Cerda et de son ami le Maréchal Arnould d'Audrehem, triste maréchal qui ayant les ongles si pâles montrait plus souvent son cul que son poitrail dans les batailles (voir article). Il faut préciser que c'est ce déplorable Connétable La Cerda qui fit de notre Arnould un Maréchal de France !!!

On en rirait presque si avec l'histoire nous pouvions faire de l'humour, mais il faut dire que Jean II dit le Bon savait s'entourer, à son image, de personnes dépourvues de qualités, et pour enfoncer le clou pourquoi ne pas parler de son ami Arnaud de Cervolles, l'Archiprêtre, routier notoire qui changeait d'allégeance aussi souvent que l'on changeait de chemise (voir article). On peu dire qu'il savait choisir ses plus proches collaborateurs notre Jean II le Bon, et que ce sobriquet de le Bon ne saurait le réhabiliter en aucune manière !

Pourquoi lui en voudrait on d'avoir voulu se venger de cet insipide La Cerda ???, il voulait le faire prisonnier, mais à L'Aigle rue de la Truie qui file ou résidait notre fumeux Connétable, ceux qui furent envoyés par Charles II vont l'envoyer ad patres !!! (voir article). Mais que dire de ce fourbe de Jean II dit le Bon qui par vengeance fera assassiner les amis de Charles II à Rouen (voir article) !!!!. Car le roi de Navarre ne voulant s'attaquer au roi de France, et désirant se venger, s'était attaqué à l'odieux favori qui s'enrichissait des terres qui lui étaient dues !!










Il faut aussi rappeler que la noblesse, pour une grande part, était du côté de Charles II roi de Navarre et Comte d'Evreux, car il était l'exemple parfait des injustices de ce Valois envers le peuple, la bourgeoisie et la noblesse, ne reculant devant aucun stratagème pour dépouiller son prochain, tout lui était bon même le croûton !!!!

Par le fait les moeurs de l'époque toléraient les vengeances privées, et pour tout un chacun la disparition du Connétable n'était point une grande perte !!!, mais celle ci frappait Jean II dans ce qu'il avait de plus précieux, l'affection de son favori qui lui ressemblait tant !!. Bon soyons sérieux, car même à la cour de France personne ne pouvait supporter La Cerda, il était odieux envers tout le monde, bref un courtisan qui savait si bien, comme son ami Arnould d'Audrehem, flatter ce monarque !!

Alors le Nain pense que de nos deux souverains, Jean II dit le Bon, et Charles II dit le Mauvais, aucun ne méritait le sobriquet attaché à son nom, mais je laisse le soin à mes lecteurs d'inverser les sobriquets, vous faites comme bon vous semble !!



PS: documentation BNF comme il se doit, pour la prose le nain confesse qu'elle est de sa main, et il assume son manque de compassion pour la bande à Jean II dit le Bon M de V


samedi 24 août 2019

Le Roy Jean II le Bon

Jamais les naïves espérances que le peuple conçoit à l'avènement d'un Roi ne furent plus mal fondées que le jour ou Jean II dit le Bon vint poser son royal postérieur sur le trône de France, funeste jour !!!. Entouré dès son plus jeune âge de gouverneurs, d'amis et de conseillers dont l'incurie et la bêtise égalait la sienne. Il ne sentait point la nécessité d'entreprendre de fortes études, restant ainsi dans les limites de son esprit borné, il était à des lieues de comprendre à quel point, son père, Philippe VI de Valois s'était montré inconséquent et pitoyable dans sa tache de Roi !!!!!

Jean ne rêvait que chevalerie et ne désirait que paraître à l'égal de son royal paternel. Il n'atteignit, comme son père, qu'à la gloire d'être un expert dans cette science, déjà obsolète, qu'était devenue la Chevalerie en ce milieu du XIV siècle !!!. C'est à dire comme l'écrivait Jehan Froissart " d'être gai, frisque, amoureux et bachelereux ", mais sa bravoure n'était qu'aveugle témérité. On peu même se demander si après la bataille de Poitiers, le Prince Noir, qui l'accueille tel un preux du cycle Arthurien, ne le fait pas par pure dérision ....???

Pour maintenir ses prérogatives royales rien ne l'arrêtait pour se venger de ses ennemis, lent d'esprit, ayant peine à concevoir, il ne fut digne de tenir le sceptre ni par l'art de gouverner, ni par celui de conduire ses armées. Jean était esclave de ses sens et de ses passions colérique et rancunier, il ne savait ni se modérer, ni faire barrage à ses caprices. Le surnom qu'il a gardé dans l'histoire ne serait qu'ironie si l'histoire se prêtait aux jeux de l'esprit










Tout porte à croire que nous disons Jean II le Bon parce qu'un jour Jehan Froissart a dit  " le bon roi Jean ", mais ne le disait il pas pour faire entendre qu'il était léger, trop confiant, étourdi, voir même un bon homme à ses heures ????, néanmoins cela ne l'empêchait pas de tuer ou faire tuer ses gens !, voir même comme à Rouen de les assassiner (voir article), ou de les ruiner ce qui était fréquent !!!!

Il fit par exemple exécuter le Comte d'Eu, son Connétable, sous le fallacieux prétexte de trahison, personne n'y cru dans son temps, pas plus que dans le notre d'ailleurs. Mais pour placer à ce poste son favori, Charles la Cerda, personnage de même farine que son roi, vit on jamais personnage plus incompétent que lui à la tête de l'Ost de France

Il navrait encore plus son peuple pour les ruiner, car son goût des plaisirs et du faste le guidait, il imaginait chaque jour des raisons de dépenser un argent qu'il n'avait pas, ne tenant aucun compte des règles, des lois et des usages pour arriver à ses fins, levant des aides sous les plus frivoles prétextes par la plénitude de sa puissance royale en ces temps de détresse. Il faisait comme l'avait fait avant lui son père, et surtout son grand père, ce Paon bouffi d'orgueil qu'était Charles de Valois, frère du Roi de Fer, Philippe IV le Bel

Il va remanier les monnaies, les rogner, dépassant par ses actes les méfaits que firent tous les autres rois avant lui. Chaque année on comptait de six à huit remaniement des monnaies, voir davantage !!!. Ce prince ne réfléchissait pas aux conséquences de ses actes, ne pensant qu'aux divertissements, les fêtes et les tournois vidèrent son trésor, mais lui ne rêvait qu'à de nouveaux plaisirs !!

On est même en droit de se demander comment un tel benêt put engendre un fils comme le Dauphin Charles, puis Régent et futur Roi Charles V le Sage !!!, cela défie l'entendement. On comprend facilement que le Roi jean II le Bon et le Dauphin son fils ne s'entendaient pas, pour faire simple il y avait une sorte de haine entre le père et le fils !!!. Car le Dauphin était aussi brillant que sont père était limité dans ses entendements

Ce dont va profiter Charles II Roi de Navarre et Comte d'Evreux, lui qui avait plus que tout autre à se plaindre de ce roi batteur d'estrade, champion de nos rutilants fers vêtus à courtes visions










L'échec de la royauté sous Jean II le Bon était visible et manifeste, mais sur son trône, Jean II, toujours frivole, même dans les circonstances les plus graves n'en était point troublé. Car d'idées suivies il n'en avait point, de plan arrêté qu'un seul !! se procurer de l'argent à tout prix !!!

Les états généraux refuseront ce qu'il demande, les détails manquent sur la plupart de ces assemblées, mais on peu juger de toutes par celles des états de Normandie, qui firent entendre d'amères doléances sur l'état de leur province et sur les ravages que provoquaient les hommes d'armes, le négoce interrompu, les monnaies altérées, les privilèges méprisés et les impôts excessifs !!

Quatre ans s'écoulèrent pendant lesquels Jean II le Bon parvint à vivre d'expédients et à trouver l'argent pour ses plaisirs. Mais à la fin tout s'épuise et en 1355 les Ordonnances de ce Prince étaient reconnues inutiles !!!. Il va dès lors se réfugier dans le pur despotisme !!

Il se voyait à la merci de ses sujets et réduit pour leur arracher de l'argent à leur accorder des garanties. Pour la première fois en 1355 les trois ordres, avant même la première réunion des états, se promirent qu'ils remédieraient aux abus  du monarque, et que si une aide était accordée à ce roi, on frapperait alors une monnaie forte à laquelle on ne ferait subir aucun changement, ni rognage, ni dévaluation !!

Lors de cette assemblée Gauthier de Brienne parlait au nom de la Noblesse, Jean de Craon Archevêque de Reims au nom du Clergé, et enfin la ville de Paris avait envoyé son prévôt des Marchands Etienne Marcel, ce dernier y fut brillant !!. On peu se  demander si c'est à partir de ce moment qu'il développa son goût pour la politique ???, et est ce à partir de la que vint chez lui ces idées de réforme à la mode Flamande ??. On ne peu l'affirmer, mais cependant l'exemple pitoyable que donnait le roi Jean II le Bon fut surement un élément déclencheur !!!


PS: Documentation BNF comme il se doit M de

vendredi 16 août 2019

La Prévôté Bourgeoise avant Etienne Marcel

Avant que d'entrer dans la période des troubles qui suivirent l'emprisonnement du Roi Jean II le Bon en Albion, rappelons ce qu'avait été jusqu'alors la Prévôté Bourgeoise, cette administration paisible et subordonnée, ce gouvernement de marchands et de pères de famille, qui désapprouveront l'extension abusive que Marcel va lui donner, et indiquent leur peu de sympathie pour ce magistrat devenu, malgré lui peut être ?, et par la force des choses le grand agitateur de la cité !!!

Il semble a propos de dire ce qu'était avant lui, le vieux et traditionnel régime "de la marchandise de l'eau ", et ce qu'il est devenu après la crise que le Drapier Etienne Marcel lui a fait traverser. Il succédait à de petits Bourgeois, confinés dans les affaires de leurs commerce et de leur échevinage, occupés qu'ils étaient en temps normal, par l'approvisionnement de la cité, le pavage des rues, l'établissement des fontaines, la police des ports, la répartition de la taille, d'assister le roi de leurs deniers dans les moments difficiles, de mettre s'il le faut la ville en état de défense, de gouverner les corporations et gens de métiers tout en maintenant le bon ordre sous l'autorité du Parlement et du Prévôt Royal du Châtelet

Qui sont donc ces bourgeois et marchands qui traitent directement avec l'autorité royale ?. Ce sont les continuateurs des " Nautoe Parisiaci ", les représentants successifs de ces antiques corporations de Bateliers, que l'on trouvait aussi bien sur le Rhône, la Loire ou la Seine









Ces gens qui par les services qu'ils rendent aux villes en les approvisionnant, par le développement de la richesse acquise, et la puissance inhérente à toute collectivité arrivent à constituer le noyau de la bourgeoisie. Ils vont se placer naturellement à la tête des populations urbaines. Marchands et édiles font habituellement le commerce par l'eau, remplissant dans l'intervalle les fonctions municipales, ils sont magistrats la tranquillité de la ville et l'approvisionnement en sont le principal objet !!

Le pavage des rues, en particulier, est une attribution fondamentale des corps municipaux !!, l'entretien des chaussées, des quais, des ponts et des fontaines leur incombaient dès la plus haute antiquité. Cette besogne imposée aux bourgeois au titre de dépense municipale, comme le fut plus tard la construction d'une enceinte défensive, comprenait le pavage de toutes les voies publiques, autres que la croisée Royale !

La croisée royale correspondait à deux grandes voies se croisant en la cité, du nord au sud, l'une menait de la porte Saint Denis à la porte Saint Jacques, et d'est en ouest menait de la porte Baudoyer au château du Louvres, et qui par le fait de leur croisement formait 4 rues principales, dont le pavage et l'entretien restait à la charge du trésor royal, comme chemin du roi

Pour le reste bourgeois et marchands se répartissaient entre eux les frais de premier établissement et d'entretien selon l'importance des voies










Les voies les plus fréquentées étaient à la charge de la communauté, les plus petites bordées ordinairement par les propriétés de deux ou trois habitants étaient entretenues par ces derniers. Cette attribution, ce partage, entre la ville, le roi et ses habitants sont confirmés en 1285 par Philippe IV le Bel lors de son avènement au trône, et cela traversera les siècles en formant longtemps la base de notre droit public !!

Mais revenons à nos marchands de l'eau, que l'on voit en 1200 traiter avec leurs confrères de Rouen, puis solliciter en 1204 de Philippe Auguste, une Charte, pour confirmer l'accord entre les marchands parisiens et les commerçants de France et de Bourgogne. En 1258 ils font rendre au Parlement un arrêt maintenant les privilèges de la marchandise de l'eau

Puis comme magistrats municipaux ils obtiennent du roi des lettres octroyant des droits de navigations allant de deux à six sous afin d'établir à Paris un port de chargement et de déchargement. Si l'on désire parler du sérieux de ces gens ils suffit de dire que le roi Philippe Auguste leur confie son fils en partant pour la croisade !!

Pendant le XII et la première moitié du XIII siècle, nous ne trouvons que des marchands et des bourgeois à ces postes. Mais vers 1260 apparaissent pour la première fois des traces d'une hiérarchie plus municipale que bourgeoise et marchande, une autorité rivale !!!, les corporations de métiers, elles sont de plus en plus puissantes et organisées.  Le XIV siècle verra le début du compagnonnage et de la Franc Maçonnerie









Le Prévôt des marchands le plus anciennement connu est Jehan Augier, c'est du moins le nom que l'on voit apparaître pour la première fois sur un document en 1268 (ce qui ne veux pas dire qu'il n'y eut pas de prévôts avant lui !!!), il siégeait au " Parloir aux Bourgeois " (l'hôtel de ville n'existera qu'après Etienne Marcel), avec Cochin, Martin Poitevin, et de Chastiau Festu.

Dès 1292 ils arrêtent l'état des revenus du parloir aux Bourgeois, c'est à dire qu'ils établissent leur budget, en cens et rentes, sur les particuliers, le Clergé séculier et régulier, les seigneurs et le roi

En 1298, le prévôt, les échevins, les preudomes, vont soumettre à l'arbitrage du Prévôt Royal du Châtelet, la répartition d'un don de cent mille livres fait au roi par les habitants !!!!, mais ils demandent que les Templiers dont tous connaissaient le luxe et la richesse, prennent leur part de cette charge vu qu'ils logeaient en Paris. Ce qui prouve déjà la puissance de l'organisation municipale, comme d'ailleurs le début des conflits avec les Blancs manteaux !!!

Mais on voit aussi la Prévôté Bourgeoise résister et s'opposer aux prétentions des Sergents à cheval du Prévôt Royal du Châtelet, qui voulaient s'arroger des privilèges contraires à ceux du Prévôt des marchands !!!




PS: documentation BNF, sur un texte de L M Tisserand, le prochain article portera vous vous en doutez sur notre Marchand Drapier, qui déclencha la révolution manquée du XIV siècle, Etienne Marcel ....M de V

mercredi 14 août 2019

Pierre III du Terrail, nommé Bayard sans Peur et sans reproche !!

Bien sur, l'homme n'est pas un médiéval !!, mais il incarne pour beaucoup le " Dernier Chevalier ", le nain fera donc une entorse à la règle de son Blog, afin de rendre hommage à ce personnage Historique se trouvant être né au Moyen âge et ayant vécu en Renaissance !!. La province du Dauphiné revint au royaume de France sous le règne de Philippe VI de Valois (de sinistre mémoire), et le premier enfant royal à avoir porté le titre de Dauphin tout en étant investi de ce territoire sera le futur Charles V le Sage, à l'age de 12 ans

La maison Terrail ou du Terrail était située dans la partie supérieure du Dauphiné, tout en confinant à la Savoie par la vallée du Graisivaudan, elle jouissait de la seigneurie de Grenion. Cette famille était féconde en guerriers et s'allia aux plus nobles maisons, que certains nommaient alors " l'écarlate de la noblesse "

Les aïeux de Bayard moururent sur tous les lieux des grandes batailles, Poitiers, Azincourt, Verneuil etc..., l'un d'eux Pierre I, se rendit si illustre dans les guerres de Charles VI le Fou et Charles VII le bien servi, qu'il était surnommé " l'épée Terrail ". Le père de Bayard, Aymon, servi toute sa vie jusqu'à Guinegate ou il reçut quatre blessures et perdit l'usage d'un bras, ce qui força notre géniteur à se retirer âgé de 65 ans au château Bayard ou il mourut en 1496

Aymon et son épouse avaient  quatre fils, Georges l'ainé, puis Pierre III notre Bayard, ensuite Philippe et Jacques qui étaient destiné à une carrière ecclésiastique. Mais aussi quatre filles Marie, Claude, Catherine et Jeanne. Les armes de cette Maison étaient " d'azur au chef d'argent, chargé d'un lion naissant de gueules à la cotice d'or brochant sur le tout ". Pierre du Terrail naquit au château Bayard en l'an de grâce 1476, sous le règne de Louis XI.

Georges l'ainé se destine à rester sur le domaine pour prendre la succession après son père amoindri et mal portant. Pierre se détermine lui pour la carrière des armes dès l'âge de 13 ans. Il sera présenté au Duc de Savoie leur plus proche Suzerain qui le recevra en qualité de page. Notre Pierre se fera vite aimer de cette cour et de son maître c'est alors que ce dernier part visiter le Roi Charles VIII, qui se trouve à Lyon, celui ci  visitait son royaume logeant de grandes villes en cités, Pierre du Terrail sera du voyage. C'est lors de la réception que lui fait le roi que le Duc de Savoie va lui offrir son page, qui le reçoit en sa maison avec satisfaction.










C'est à partir de ce moment que le surnom de Piquet sera donné à Pierre du Terrail, du fait des ses exceptionnelles qualités de cavalier. Le roi va le recommander et le donner au Comte de Ligny. A quelques temps de la, le seigneur de Vaudray organise et publie un grand tournoi à Lyon, qui consistait en des courses de chevaux, des combats à pied et à cheval avec lances et haches. Bayard va aller frapper les écus pour s'y engager à combattre !!

Mais voila il lui manque l'argent nécessaire pour y jouter avec l'équipement, il faut savoir qu'à cette époque il revenait fort cher de tournoyer et de paraître à son avantage en lice !!!. Or donc notre page va emprunter, non sans mal, à son pingre d'oncle l'Abbé d'Ainay, afin de s'équiper pour combattre lors de cette emprise !!

Il en sort victorieux tout en étant âgé d'à peine 17 ans, au vu de ses qualités équestres et comme combattant, il est fait Homme d'Armes dans la Compagnie de l'Ordonnance du Comte de Ligny avec un émolument de 300 livres par an. Notre Piquet prend alors congé du roi qui va le combler de bienfaits sur sa propre cassette, puis l'amitié que professe pour lui le Comte de Ligny font que notre jeune gentilhomme part pour sa garnison en Picardie avec un équipage digne d'un seigneur !!! Voila donc notre Bayard faisant parti de ces unités imaginées par Charles V le Sage et mises en place Par Charles VII le Bien Servi !!










Lors de la réception que va lui faire sa compagnie lors de son arrivée en garnison, Bayard donne un tournoi en l'honneur des Dames de la cité, il faut dire qu'il était en fonds, tant par le roi que par l'amitié du Comte de Ligny, il va remporter tous les prix de ce Pas d'Armes, mais chevalier dans l'âme il les distribue aux perdants !!

Charles VIII part pour la conquête du royaume de Naples et fait son entrée à Rome en souverain, puis lors de sa progression le souverain va être être attaqué par un parti supérieur en nombre, ce sera la bataille de Fornoue. Bayard s'y distingue tuant deux chevaux sous lui au plus fort de la mêlée, il en rapportera une enseigne de 50 hommes dont il fait don au roi qui le récompensera !!

De retour en France le roi apprend dans son château d'Amboise la révolte de Naples, mais le monarque meurt subitement. Ce sera le début de ces campagnes d'Italie ou Bayard s'illustrera !!


Voila résumé en quelques mots le début de la carrière militaire de Pierre III du Terrail de Bayard, le chevalier sans Peur et sans Reproche,






PS: documentation BNF, je vous laisse lire par vous même l'histoire de Pierre du Terrail dit Chevalier Bayard, rédigée par M Guyard de Berville 1697-1770, adressée à ces messieurs les Gentilshommes, élèves de l'école Royale Militaire ..M de V

lundi 29 juillet 2019

La triste fin d'Enguerrand de Marigny

Les infortunes de Marigny sont navrantes, mais instructives, lors de son procès il ne fut même pas défendu et sera voué à la mort la plus ignominieuse. Nous y voyons un homme d'état d'une probité incontestable pour l'époque, livré aux aveugles rancunes de la foule, mais nous y verrons aussi les fautes d'un roi retomber, après sa mort, sur un ministre innocent !!

L'auteur de cette étude nous offre l'un des plus mémorables exemples des vicissitudes auxquelles sont soumis les hommes d'état. Il nous permet de vérifier, s'il en était besoin, cette vérité première " nolite confidere in principibus ", ne vous fiez pas aux princes !!

Enguerrand naquit en Normandie vers 1265. Sa famille est de petite noblesse, mais de noblesse ancienne longtemps connue sous le nom de Le Portier, il n'ont pris le nom de Marigny qu'au commencement du XIII siècle, à la suite de l'union de Hugo Le Portier seigneur de Rosay, avec Mahaut de Marigny.

Notre personnage fut d'abord écuyer dans la Mesnie du Sire de Bouville, pour être attaché plus tard à la Maison de la Reine de France. Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel, va marier Enguerrand avec sa filleule Jeanne de Saint Martin.

Ce fut ainsi qu'il entra à la cour du roi de fer, le monarque lui trouvait beaucoup d'esprit, de sagesse et d'habileté. Il va lui donner en 1298 la garde du château royal d'Issoudun, et le gratifier d'une rente sur son trésor. Voila l'origine de sa formidable ascension et de sa fortune !










Bientôt son crédit à la cour ne connut plus de bornes, et en quelques années il fut fait chevalier, Comte de Longueville, Chambellan du Roi, surintendant des finances et capitaine du Louvres !!!!

Mais pour donner une idée plus précise, contons un fait important qui marque au mieux la faveur qu'avait notre Enguerrand en cour !!. Cela se passe au début du XIV siècle, deux nobles familles normandes sont à couteaux tirés, Les Harcourt et les Tancarville. Ils étaient en procès au sujet d'un moulin, situé près de l'antique cité de Villebonne, les vassaux de la maison d'Harcourt ayant pris le moulin de vive force une petite guerre privée avait éclaté entre nos deux grandes maisons féodales !!

Vint un jour ou nos deux grands féodaux se rencontrent, le sire d'Harcourt, sans provocation préalable, tira son épée pour en frapper son rival, crevant un oeil au passage du sire de Tancarville !!!. Marigny était un ami de Tancarville, et va donc prendre fait et cause pour celui ci...!!!, tandis que le Comte Charles de Valois, ce paon bouffi d'orgueil, cet hypothètique roi de Constantinople, prend parti pour le seigneur d'Harcourt et tente de le justifier. Charles de Valois est cependant le frère du roi de fer !!.











Malgré son insistance et le fait qu'il siégeait au conseil privé, le roi Philippe IV se prononcera contre son frère et appuiera la requête de Marigny. Un combat solennel en champ clos aura lieu entre les deux grands féodaux, à la suite duquel ils vont se réconcilier

Cette affaire montre clairement comment l'influence de Marigny avait effacé, le frère du roi. Mais dès lors le Comte de Valois, brouillon notoire et fauteur de troubles était exaspéré par son échec, il va désormais tout faire pour salir Marigny, répandant mille et une calomnies contre ce dernier. Il sera un des principaux acteurs de sa chute !!!

Peu de temps après en 1306, le favori du roi  fut chargé de présider la cour de l'échiquier de Normandie se tenant à Rouen, imaginez le ressenti parmi les grands personnages de ce Duché, tel un Comte de Saint Pol, un ecclésiastique comme l'évêque de Narbonne, ou n'importe quel grand feudataire du royaume possédant des terres en Normandie!!!. Ils aspiraient tous à ce genre de position, et la déconvenue, pour eux, d'assister à la session sous la présidence de Marigny, va créer bien des haines cuites et recuites à l'encontre du Chambellan du roi !!!

Cependant le nain se dit que si à cette époque, comme le bon vin, les titres, les fonctions et les honneurs montaient vite à la tête, je pense qu'il en est toujours de même dans notre XXI siècle, or donc ne jetons pas trop vite la pierre à nos grands ancêtres !!











Si la première composante fut les ennemis qu'il se fit en servant son roi, la seconde fut celle des actes de Philippe IV le bel lui même !!. le monarque va créer des contributions, sommes à verser qui pesaient lourdement sur les seigneurs propriétaires terriens, sur les corporations de métiers d'artisans et de commerçants. Puis les Juifs furent rançonnés, les marchands étrangers aussi, et enfin les monnaies du royaume furent rognées et par le fait gravement altérées !!

Enguerrand eut le tord de prendre part à ces désastreuses mesures, et surtout de préparer la plupart des ordonnances royales du roi de fer, mais avait il vraiment le loisir de faire autrement ?????. Philippe IV avait une idée hégémonique du pouvoir qui était renforcée par ses juristes tel Pierre Flote, Nogaret ou Plaisians.

Dans le même temps notre homme amassait les honneurs, titres et terres, sa fortune était immense et le roi le comblait. Durant les années allant de 1308 à 1313, le roi donne des rentes, des droits d'usage, puis des droits de chasse, d'affouage, mais aussi des seigneuries, des près et des forêts.

Il eut cependant le malheur d'oublier sa modeste origine et d'humilier les plus grands personnages de la cour !!. Un manuscrit du Roman de Renart dit: " tant se fioit en son argent, qu'il ne prisoit nulle gent "









Le voila donc au fait de sa gloire en 1314, lorsque Philippe IV tomba gravement malade et à son chevet siégeait Enguerrand élevé au rang de premier ministre, Pierre Flote était passé et Nogaret aussi, il se demandait devant son roi moribond ce qu'il allait devenir de lui ?, il allait être servi !!

L'avènement de Louis X le Hutin, roi brouillon et colérique, entièrement sous la coupe de son oncle Charles de Valois, fut le signal d'une violente réaction contre les serviteurs du feu roi en général et de Marigny en particulier !!!!. Ce fut la curée, la haine du Valois, les rancunes du petit peuple, des artisans des commerçants, du Comte de Saint Pol ou du Chevalier de Pecquigny furent un formidable levier !!

Louis X n'avait pas les épaules, ni le courage de résister à la meute qui hurlait aux chausses de Marigny et il le fit donc arrêter. La suite est navrante, emprisonné dans la grosse tour du Louvres, il sera ensuite transféré au Temple, exposé à la vindicte populaire criant " au gibet au gibet ".

Vint alors un simulacre de procès et pas de défense, on ne lui donna même pas le droit de défendre sa cause les armes à la main contre ses détracteurs, pourtant tout accusé noble ou roturier pouvait invoquer ce droit, ce jugement de Dieu en champ clos, il faut dire que cette grosse baudruche de Valois faisait tout pour arriver à ses fins










Louis X le Hutin hésita plusieurs semaines, mais il fut condamné à être pendu aux fourches patibulaire de Montfaucon, cet édifice de maçonnerie que Marigny avait lui même fait ériger !!

Ce fut donc la que se terminera l'ascension d'Enguerrand de Marigny, par une pendaison, et même après sa mort le Valois continuera de le poursuivre de sa haine !!






PS: documentation BNF sur une étude historique de AP Simian, je vous engage à lire ce document de 40 pages qui fourmille d'informations. M de V


NOTA: Vous avez sûrement remarqué mon manque de courtoisie envers le Comte Charles de Valois, ce mangeur de charrettes ferrées, ce batteur d'estrade !!!, car il engendrera le premier roi Valois? Philippe VI, qui était comme son père, lent à comprendre et encore plus à concevoir ( comme disait Jehan Froissart), et le fils de celui ci, Jean II le bon ( que ce titre de le bon ne saurait réhabiliter !!!), un benêt notoire ayant les mêmes traits de caractère que son grand père, je persiste et je signe M de V

mercredi 24 juillet 2019

N°325) Guillaume Tirel dit Taillevent

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Le Traité de Taillevent est le plus ancien écrit culinaire Français en langue vernaculaire. Il fut plusieurs fois réimprimé depuis la fin du XV siècle, et l'on peu s'étonner du succès de l'ouvrage car il contient tant de phrases tronquées et de fautes, que jamais cuisinier, fut il le plus habile, n'aura pu mettre en pratique et avec profit les recettes de ce traité !!

On connait trois manuscrits anciens de cet ouvrage, sans compter celui mentionné dans l'inventaire du Duc de Berry. L'un se trouve à la BNF, c'est le plus ancien, le nom de l'auteur se lit sur le manuscrit et il porte la mention suivante, prouvant de manière irréfutable son existence avant 1392. Je cite: "c'est viandier fu acheté a Paris par moy, Pierre Buffaut l'an mil ccc IIII xx XII au prix de VI S Par "...lire en l'an 1392 au prix de six Sols Parisis. Il est donc incontestable que ce traité de Taillevent fut écrit au XIV siècle, on suppose à la demande de Charles V, ce monarque étant à l'origine de la Bibliothèque nationale

Mais qui estoit Taillevent son auteur ???. L'intitulé du viandier donne à Guillaume Tirel la qualité de Maistre Queux du Roy notre Sire.....oui mais lequel ???. C'est dans une pièce d'archive de 1326, nommée " Officiers des maisons de Roys, Reynes, enfants de France et Princes de sang " relative au couronnement de la Reine Jeanne d'Evreux, épouse de Charles IV le Bel (surnommé l'oison), et dernier Capétien direct, que nous voyons figurer pour la première fois le nom de Taillevent









Le futur auteur du plus ancien écrit gastronomique y est cité parmi les enfants de cuisine qui sont: Jeanin le camus, Guillaume de Recloses, Taillevent et Galerne. Nous pouvons donc envisager qu'à cette époque il avait entre 10 et 12 ans environ. Puis pendant vingt ans, de 1326 à 1346, nous perdons sa trace, il n'est plus question de lui dans aucune des différentes ordonnances compulsées ??

Ce n'est donc qu'en 1346 qu'il réapparaît au service de Philippe VI de Valois (surnommé le Roy trouvé, par les Anglois). D'enfant de cuisine de Jeanne d'Evreux nous le retrouvons Queux de Bouche du premier roi Valois !!!

En 1349, Philippe VI permet " a son amé queux de bouche Guillaume Tirel dit Taillevent et à sa femme Jeanne ", de fonder une chapelle pour leur salut et celui des leurs, avec une rente de 24 Livres sur la maison dite " Larchière ", que le couple possédait à Saint Germain en Laye§

Il y est noté également que ce don estoit fait à Guillaume Tirel en considération des bons et agréables services que le roi avoit reçu de lui. Cette chapelle familiale fut fondée au prieuré de Notre Dame d'Hennemont, se trouvant proche de Saint Germain en Laye, par Taillevent, il devait à peu de temps de la y fixer sa sépulture.

Sa femme Jeanne s'est éteinte en 1363 et il est probable que ce fut à cette époque que Tirel mis à exécution son projet. Notre grand cuisinier va ultérieurement se remarier, il trouvera chaussure à son pied en la personne de Isabeau le Chandelier

Plus tard, on ne sait pas vraiment à quelle date, Tirel fera faire une superbe pierre tombale, ou on le trouvera représenté après sa mort, les mains jointes, armé de toutes pièces entre ses deux épouses. On suppose la encore, que ce travail fut réalisé de son vivant, puisqu'il a été retrouvé des esquisses de cette dalle ???

Essayons de décrire son gisant par rapport aux esquisses, puisque c'est à peu prêt la seule chose qu'il nous reste !!!. Nos excellents révolutionnaires étant passés par la, la dalle fut brisée en de nombreux morceaux et les visages martelés. J'ai toujours exécré cette manie de nos bons Français de tout vandaliser !!










Sa tête est coiffée d'un bassinet à camail, sur le corps une cotte de maille protégeant bras et descendant à mi cuisses, par dessus il porte une cotte (visiblement de cuir), puisqu'on la voit garnie de clous, et les jambes armées de toutes pièces. Il porte en ceinture masse d'armes et dague côté gauche, et à droite se trouve son épée à laquelle est suspendu son écu à ses armes.

Nous ne connaissons pas la couleur de ses armes, mais le fascé est chargé de trois chaudrons accompagné de six roses, trois au chef  et trois en pointe deux et un. C'est tout ce que je peu en dire car je n'ai jamais trouvé un armorial ou il fut représenté en couleurs ????

Jusqu'à preuve du contraire je ne pense pas que notre Queux de Bouche ai guerroyé ???? du moins je n'en ai trouvé aucune trace, mais des découvertes sont faites tous les ans dans les archives, qui sait ????











Quatre pièces toutes datées de 1355 et en bas desquelles on trouve apposé le sceau au armes de Taillevent, nous montre que notre queux de bouche est au service du Dauphin Charles, Duc de Normandie (fils de Jean II le bon), dans la première il a le titre d'escuyer de l'hostel de monseigneur le Dauphin.

Dans une ordonnance de novembre 1360, et relative aux officiers de la maison du Dauphin (désormais Régent), il est mentionné un Tailleventer, en qualité de Queux de bouche, il y est dit qu'il aura les mêmes émoluments que l'écuyer de cuisine, lequel aura le même traitement que l'échanson

En 1361 le Dauphin donne à Taillevent son queux de bouche, cent francs Or (monnaie qui fut frappée pour payer la rançon de son père, ce benêt de Jean II le Bon), ce don est fait afin qu'il achète une maison en la ville de Paris, afin que Guillaume soit plus proche de lui pour mieux le servir

De 1361 à 1368, nous n'obtenons aucun renseignement sur Tirel, mais durant cette période Jean II le Bon est retourné en captivité en Albion, et pour y mourir !!. Le Dauphin va devenir Charles V le Sage. Taillevent continue d'exercer dans la maison du roi











En janvier 1369 le roi lui fait payer une somme assez importante, et une quittance de février nous apprend qu'il cumuloit les fonctions de queux de bouche et de sergent d'armes ???

Un mandement de 1370, nous apprend que Taillevent prêtoit au roy, pendant six semaines la somme de 67 francs Or, il sera remboursé par Nicolas Tricart, receveur des Aides, ainsi que le prouve une quittance revêtue du sceau portant les trois chaudrons et les six roses. En 1373 il est premier queux du roy et ce jusqu'en 1377

On le retrouve en 1381, ou il est écuyer de cuisine, il figure en tête de liste sur une Ordonnance, avant les queux de cuisine du roy Charles VI le Fou (pour notre malheur), la suite nous laisse à penser qu'à partir de 1388, Guillaume Tirel, devenu vieux avait résigné ses fonctions pour jouir d'un repos bien gagné




PS: documentation BNF pour les puristes reportez vous sur le livre en ligne de Jêrome Pichon et Georges Vicaire  M de V

lundi 22 juillet 2019

Ustensils et bonnes manières de table au XV siècle

Pour réunir les convives on sonnait du cor ou autrement dit " on cornait l'eau ", c'était bien sur privilège de gentilshommes comme le dit Jehan Froissart, ce que faisait donc notre hôte le Seigneur de Craon. Cette sonnerie indiquait aux convives qu'ils devaient se laver les mains, la chose était indispensable !!!

Chez les gentilshommes un page ou un serviteur voir un écuyer selon le rang, ou la maison, présentait la serviette, l'aiguière et le bassin. On se servait d'eau aromatisée à la sauge, la camomille, le romarin, l'écorce d'orange, mais les eaux de roses et d'iris étaient en grande faveur.

Mains lavées on se présentait à table, on faisait siéger les hôtes selon leurs rangs plus ou moins prêt du chef de table, lieu ou se trouve le seigneur du lieu.

Puis un Chapelain ou un enfant récitait le " benidicité ", ensuite seront placées les salières, les cousteaux, cuillers sur la table, viendra en second le pain qui sera suivi par les viandes préparées de diverses manières. A l'entre mets arriveront les menestrieux avec leurs instruments et leurs tours afin d'esbaudir l'assistance

Ensuite on renouvelle vins et viandes, puis à la fin on apporte le dessert ou le fruit, ce qui n'était pas d'usage partout (comme nous l'avons vu dans l'article précédent). Quand le dîner est accompli on se lave à nouveau les mains et l'on rend grâce à Dieu et à son hôte !!

On remarque que les assiettes étaient peu connues au XV siècle et que pour les mets solides l'on servait toujours sur des tranchoirs. Ces épais morceaux de pain bis, qui imprégnés de sauces, finissaient selon le rang des maisons, dans les estomacs des convives, des serviteurs, voir des animaux de compagnie. Pour les mets liquides on les buvaient dans des écuelles, ou même à plusieurs dans le même récipient à l'aide du cuiller !!









La fourche à manger reste un objet de luxe en or ou en argent avec un manche, par exemple Charles V le Sage en possédait neuf, son fils Charles VI le fou trois, nous n'en trouvons pas trace dans l'inventaire du seigneur de Craon, elle est inconnue aussi de la riche bourgeoisie. Du reste bien souvent celle ci ne servait qu'à manger les fruits !

Or donc au XV siècle du Roi au manant tous mettaient la main au plat, tous mangeaient avec leurs doigts, après que les viandes furent tranchées sommairement, soit par un écuyer ou un serviteur selon le rang auquel vous apparteniez. Les gens raffinés ne devaient prendre les morceaux qu'avec trois doigts. Il était interdit par l'usage de prendre ses viandes à deux mains et de ronger les os avec les dents, ou de déscharner avec les ongles, mais on pouvait proprement les racler et amasser la chair avec le couteau.

Nous ne devons pas pour autant en conclure qu'il y avait abondance de cousteaux sur la table de votre hôte, selon G de Calviac on se servait de trois ou quatre couteaux en fontion du nombre d'invités, et sans faire de difficulté de le prendre, de le demander ou le passer à quiconque en avait besoin

Il n'était pas convenable de lécher ses doigts ou de les essuyer sur son pourpoint, on utilisait pour ce faire la nappe ou les serviettes qu'un serviteur passait aux convives. On en changeait fort souvent pendant le repas et l'on était soumis à l'impérieuse nécessité de se laver les mains avant et après la moindre collation









Nous avons parlé des assiettes ou écuelles, des cuillers, cousteaux et fourches à manger, traitons maintenant la question des verres. Nos aïeux avaient également réduit le service de table à sa plus simple expression, et si l'on se rapporte aux seuls inventaires, sources de précieux renseignements , nous serions en droit de croire que les vases à boire étaient innombrables !!

En 1309 la maison du roi achète en une seule fois à Thiébaut, orfèvre de son état, 34 hanaps, puis en 1316 en fait faire 61. Charles V le Sage, selon un inventaire fait après sa mort possédait 14 hanaps d'or et 177 d'argent, mais ces récipeients servaient ils vraiment à boire ????? rien n'est moins sur.

Sur trois gravures sur bois du XV siècle représentant divers festins, servis à des rois, ou des grands seigneurs (puisque les plats étaient couverts), on constate au mieux, et ce dans les trois cas, que le hanap est partagé par deux ou trois convives. Vous pouvez d'ailleurs le constater vous même lors de vos recherche sur les enluminures

Quand aux Pots, brocs, flacons et bouteilles de cuir ou d'argent, ils se trouvaient sur les buffets que des serviteurs allaient prendre pour servir à boire, et ils y allaient souvent car si nos pères avaient de robustes appétits, c'étaient également de rudes buveurs, même si le vin de cette époque était moins fort à leur époque !!!! Les récipients en verre étaient fort rares et particulièrement onéreux









Un certain cérémonial était d'usage pour ce qui concerne la boisson et l'utilisation du hanap, car lorsque l'on boit à plusieurs dans un verre commun, le savoir vivre exige quelques recommandations: d'abord de vider sa bouche avant de boire, de l'essuyer, ainsi que le bord du hanap avant de s'abreuver, si ce dernier n'est pas trop lourd le tenir à trois doigts comme pour les victuailles, Puis il faut le vider entièrement afin qu'il puisse ensuite servir à son plus proche voisin de table.

Quand on buvait à la santé de quelqu'un on utilisait le terme " pléger " et l'on plégeait fort souvent dans la joie comme dans la peine ou la douleur !! je ne voudrait pas me répéter mais nos aïeux étaient de rudes buveurs et buveuses, car n'oublions pas nos nobles Dames !!!!!









PS: en trois article votre nain copiste a essayé d'exposer la vie les us et coutumes d'un grand seigneur du XV siècle, ce en vous fournissant des renseignements sur divers points de son existence, mais comme l'auteur j'ai laissé de côté tout ce qui se rapporte à la vie publique du seigneur de Craon. Les documents utilisés sont consultable sur la BNF


Pour information veillez à votre ligne pour ne pas finir comme le personnage de cette enluminure à caractère humoristique que je vous baille à titre d'exemple en bas de page de cet article et le nain vous plége tous en levant son hanap M de










dimanche 21 juillet 2019

Quelques recherches sur le repas au XV siècle

L'inventaire que nous avons donné dans l'article précédent au sujet de la cuisine, semble bien sommaire pour un cuisinier de notre époque !! Par malheur le Duc de la Tremoille ne nous a fourni aucun menu de ses ancêtres (voir article, intérieur d'un grand seigneur au XV siècle).

Essayons de combler cette lacune, et pour ce faire utilisons les données de A L Franklin, fournissant de précieux renseignements sur la vie domestique, empruntons donc gaillardement à cet auteur ce qui a rapport à l'époque qui nous occupe, c'est à dire le XV siècle !!

Toutes les cuisines étaient semblables, elles ne différaient que par le nombre d'ustensiles et de cheminées. Ainsi dans une cuisine royale, elles ne renfermeront que plus de poêles, poêlons, chaudières et chaudrons que celle de Georges de la Tremoille, si ce n'est 4 grills, 2 lèchefrites, passoires et autres mortiers

Les viandes et le poisson étaient rôtis ou bouillis, l'art du Queue de Bouche ne se manifestait que par la variété de ses sauces. Et quelles sauces !!!!!, l'amour des épices et leurs mélanges incroyables étaient poussés aux dernières limites

Mais fournissons un exemple afin de marquer les esprits en ce qui concerne les quantités en stock dans les différentes maisons










Prenons la liste de l'inventaire de la maison de Jeanne d'Evreux après sa mort, elle est significative !!. Trois balles d'amandes, 6 livres de poivre noir, 23 livres de gingembre, 13 livres de cannelle, 5 livres de graines de paradis (grande cardamome), 3 livres de girofles, 1 livre de safran, 1 livre de poivre long (beaucoup plus onéreux), 1 quarteyron de macis (coque de la muscade), 1 quarteyron de fleur de cannelle, 3 quarteyrons d'espies (fleur de la grande lavande), 5 livres de sucre commun et 20 livres de sucre fin, énorme !!! Pour info le quarteyron représentait 26 livres au poids !!!!

Parmi toutes ces épices si chères et si rares, donc si précieuses, venant de contrées reculées de l'Orient, de Ceylan, des Moluques, dont à l'époque on ignorait jusqu'au nom !!!, on ne voit pas figurer un condiment spécifique à la France, et qui se trouve être l'orgueil de la gastronomie Française actuelle ????, nous voulons parler de la Truffe, et cependant elle était déjà appréciée. Ceci fut une découverte parmi tant d'autres de Siméon Luce

Car si l'on en croit d'aucuns notre truffe n'aurait été connue qu'à la fin du XVI siècle !!!. Or en dépouillant les registres de la comptabilité de jean Duc de Berry, frère de notre monarque Charles V le Sage, il trouva de nombreuse pièces prouvant que le Duc savait apprécier ce savoureux tubercule !!. La truffe aura même un détracteur réputé en la personne du poète Eustache Deschamps (voir article), qui attaque avec acrimonie le précieux tubercule !!









Puis un Tirrel dit Taillevent, l'auteur du Viandier, qui nous donne quelques recettes !, voyons celle de son brouet d'Allemagne : prenez oeufs frits dans l'huile, puis prenez amandes que vous pelez et pilez, ensuite émincez des oignons que vous ferez frire. Prenez les ensemble et faites chauffer dans un bouillon de viandes. Pendant ce temps broyez ensemble gingembre, cannelle, girofle et un peu de safran en mortier, puis le mouiller de verjus.

Il vous faut ensuite mettre votre préparation d'épices dans votre bouillon, celui ci doit être liant et pas trop jaune. Vous me direz qu'à lire comme cela, il semble simple de réaliser cette recette ????...mais à déguster !!!!!!!!

Le Ménagier de Paris nous fourni lui d'utiles indications sur les moeurs du commencement du XV siècle, il nous dresse un menu de dîner à quatre services. Nous n'en donnerons pas la longue énumération, mais remarquons seulement l'abondance des rôtis, des poissons, et des pâtés !!!, l'absence pratiquement systématique de légumes et de fruits, sans compter la rareté des plats de desserts

Nous signalerons cependant quelques plats étranges comme le Brouet d'Allemagne dont nous avons parlé plus haut, de l'arbaloustre qui nous est totalement inconnue ???, la rosée de lapereaux et d'oiselets, le lait lardé (mélange d'oeufs de lard et de lait frits ensemble) Mais rien que pour le plaisir des papilles donnons la recette d'un met très recherché à cette époque, je veux parler du Chapon à la Doline !!










Après avoir fait cuire le chapon ( qui selon certaines sources était préalablement bouilli avant d'être rôti), faisons griller du pain blanc, que nous tremperons ensuite dans un vin fort et vermeil, puis prenons oignons que nous ferons frire dans du saindoux, nous passerons ensuite le tout à l'étamine (passoire). Ajoutons les incontournables épices chères à nos grands ancêtres, cannelle, muscade, clous de girofle, sucre et un peu de sel. Après avoir porté à ébullition notre mixture nous la verserons sur notre chapon

Je vous passe les queues de sanglier, le blanc manger, et tous les rôtis de chairs de venaison et pâtés de boeuf, puis les poissons, pâtés de poissons, tourtes et autre rissolles de brêmes ou de saumon, lamproies, tanches, plies et anguilles !!!!

Ce que mangeaient nos pères nous ne pouvons vraiment le concevoir, mais il semble que les anémiés devaient être à cette époque fort rares (du moins pour une certaine catégorie de la population). Il fallait manger pour satisfaire son appétit en premier lieu (il semble qu'il n'était pas mince), mais il fallait aussi manger en quantité parce que le savoir vivre l'exigeait !!!

J'en veux pour preuve la curieuse raison que donne l'auteur de ce fort long poème du " Castoiement ", sorte d'instruction que donne le père à son fils, le titre entier en est " Li castoiement que li pères ensaigne a son fils "








Dans le texte le fils demande à son père " quand je suis à table chez un hôte, dois je manger peu ou beaucoup ?? "...et le vieil homme de répondre "mange le plus que tu pourras, car si tu est chez un ami il en sera ravi, et si tu est chez un ennemi il en sera déconfit !!!!! "



PS: comme d'habitude la documentation provient de la BNF, et je ne remercierait jamais assez ces gens de mettre en ligne cette documentation M de V

jeudi 18 juillet 2019

Un intérieur de grand Seigneur au XV siècle

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Le Baron de Watteville nous dit : Dans ces temps reculés nous ne les voyons que bardés de fer, casques en tête, brandissant leur épée, il faut un effort d'imagination, moi le premier, pour nous rappeler qu'ils n'étaient pas sans cesse flamberge en main, et qu'ils vivaient eux aussi une vie ordinaire, dormant, buvant et mangeant comme nous, et si ce n'est mieux du moins plus que nous. Voyons à travers les propos de l'auteur les détails de cette existence intime !!!

Il prend pour exemple un grand serviteur du roi Louis XI, il se nommait Georges de la Trémoille, c'était le second fils de cet autre Georges de la Tremoille qui fut premier ministre de Charles VII. C'est à dire un cadet de famille et non pas l'héritier direct du nom et des armes de la maison

Cependant ce cadet, serviteur du royaume occupa de hautes fonctions, sans pour autant mener la vie princière d'un aîné de grande maison. Il va devenir Sire de Craon, Comte de Ligny et sera successivement gouverneur de Touraine, puis de Champagne, et de Brie, du Barrois, et après la mort du Téméraire gouverneur des deux Bourgognes

L'auteur prend sources sur deux documents, le Chartrier de Thouars, et les archives d'un serviteur de Louis XI, tous deux sont dus au Duc Louis de la Tremoille, qui puisa dans les archives de sa maison, nous nous bornerons à commenter celles qui peuvent nous donner un aperçu du train de maison d'un grand seigneur au XV siècle









Ce fut au château de Liney que notre personnage mourra en 1481, l'inventaire de ses biens dressé en septembre de la même année va nous faire connaître l'importance du château et la façon dont il était meublé. De cette demeure seigneuriale il ne reste aucun vestige, il était pour l'époque de moyenne grandeur, comprenant tout de même outre la chapelle 14 ou 15 pièces, chambres, salles et cuisine.

Sur toutes ces pièces six seulement étaient des pièces à feu dont les deux grosses à chenets de la cuisine, pour les cinq restantes, trois se trouvaient dans le logement privé du sire de Craon. Cette sorte de suite seigneuriale était succinctement meublée, car le luxe de cette époque se constituait surtout dans la somptuosité des vêtements, des armes et des bijoux. Quand aux meubles on se bornait au strict nécessaire

Le logement du maître de maison se composait comme suit, une première chambre avec un lit de duvet, une table, un banc, un buffet et une couchette, car il était d'usage de faire coucher dans la chambre un serviteur de confiance, cette pièce était visiblement réservée pour les hôtes de qualité, le superflu était représenté par six belles pièces de tapisseries ouvrées sur les murs et au sol et d'un ciel de lit garni de rideaux verts, puis bien sur les deux landiers pour la cheminée (chenets en fer forgé)

Passons maintenant à la chambre du maître des lieux, qui dans une certaine mesure était plus simple encore, se composant des mêmes éléments que la précédente, tapisseries comprises, mais n'avait pas de buffet








Ce meuble était remplacé par la troisième pièce de sa suite seigneuriale, elle aussi équipée de cheminée. C'était la garde robe ou l'on conservait vêtements et pièces de tissus, elle n'avait pas de tapisserie, mais deux grandes tables à tréteaux pour couper et coudre les vêtements confectionnés au château, et deux chaires percées (les deux seules de la demeure)

L'armement général du domaine, en sachant que chaque homme d'armes, du sergent en passant par l'écuyer ou l'archer était propriétaire de ses armes, se composait comme suit : six arbalètes à arcs d'acier, entreposées dans la garde robe du seigneur, puis trois arbalestres à cranequin, une serpentine (petit canon à charges creuses), et 17 haquebouthes, arme nouvelle venant d'Allemagne, qu'ils nommaient Hack busse, d'ou notre mot ensuite d'arquebuse.

Cet armement se trouvait dans la salle basse ou mangeaient les gentilshommes, le château de Liney au fond de sa province n'a rien qui puisse rappeler les magnificences princières ou royales.

Si l'ameublement de monseigneur de Craon, Comte de Ligny est aussi simple, je vous laisse juger de celui des pièces ou logeaient les gentilshommes, la soldatesque et le personnel de sa maison !!!









Mais passons à la cuisine en commençant par la batterie qui se composait comme suit: trois grandes poêles d'airain, une chaudière à quatre anses, un grand chaudron, deux grands et deux petits pots en cuivre munis de pieds, sept broches de fer à rostir, deux rostisseuses, huit grands et huit petits plats en étain, vingt écuelles en étain, et bien sur deux gros chenets pour une imposante cheminée. On peu constater l'absence d'argenterie dans la vaisselle qui était pourtant un des grands luxe de cette époque !!

Mais ou le luxe et la magnificence apparaît ce sont dans les dépenses somptuaires chez le Tailleur !!, d'octobre 1467 à avril 1470, nous trouvons pour le sire de Craon 12 pourpoints de Damas ou de Satin, noirs, gris, violets ou cramoisi. Puis des jacquettes de satin, sorte de pourpoint que l'on portait sous la robe ou sous l'armure, suivent dix robes de velours violet, cramoisi, gris ou noir et presque toute doublées de Taffetas ou de Satin.

On trouve également deux Hoquetons (vêtement plus militaire que civil, puis deux cornettes (camail à capuchon), pouvant couvrir une grande partie du visage. Presque toujours le seigneur fourni l'étoffe et le tailleur ne fait payer que la façon et son déplacement. Il faut ajouter que l'usage voulait que deux fois l'an en février et en octobre, les gentilshommes, la soldatesque et les gens de maison, fussent habillés par leur seigneur. Le tailleur fournissait donc vêtements de velours, de satin ou de futaine, les premiers étant réservés aux officiers, et aux hommes d'armes de la maison





PS: pour les puristes je vous enjoint d'aller sur le site de la BNF afin de lire ce document d'une quarantaine de pages afin d'en retirer plus de renseignements M de V

dimanche 30 juin 2019

Le XIV siècle, la Philosophie par Alain de Libera

Les années 1300 voient l'apogée de la puissance Française avec le règne de Philippe IV le Bel, puis son irrésistible déclin avec ses descendants "les Rois Maudits", louis X le Hutin, Philippe V le Long, Charles IV le Bel dernier Capétien direct, et la dynastie des Valois dont le premier représentant, Philippe VI, subit en 1346 contre Edouard III d'Angleterre la défaite de Crécy, qui inaugure sur le plan militaire la désastreuse guerre de 100 ans.

La peste noire apparue en 1347 ravage ensuite l'Europe pendant trois ans. Au plus fort de l'épidémie en France il meurt plus de 800 personnes par jour à Paris !!. Le fléau passe ensuite en Allemagne, aux Pays Bas, puis en Angleterre.

Avec le règne de Jean II le Bon, la défaite de Poitiers et sa capture face au Prince de Galles, s'ouvre une période plus funeste à peine tempérée par la régence du Dauphin Charles. Le royaume de France semble au fond du gouffre. Le règne de Charles V le Sage l'en tire un temps avant que celui de Charles VI le fou ne l'y replonge !!

Marqué par le conflit Franco Anglais le XIV siècle connait d'autres luttes, la plus importante étant celle idéologique et politique que se mènent le Pape Jean XXII (jacques Duez), et l'Empereur d'Allemagne Louis IV de Bavière, opposé dans un conflit dynastique au Habsbourg Frédéric le Beau. Il sera excommunié par le pape partisan de Frédéric. Ce conflit va susciter l'éclosion d'une véritable philosophie politique, et les plus grands esprits de ce temps s'en mêleront, un Guillaume d'Ockham, un Marsile de Padoue, un Jean de Jaudun défendront le point de vue Impérial.

Sur le plan philosophique le XIV siècle, voit l'essor conjoint du Réalisme Scotiste et du Nominalisme Ockhamiste, puis la naissance du Thomisme et de l'Antithomisme (à la suite du correctoire de Guillaume de la Mare), l'irrésistible envolée de la philosophie Anglaise et, ce qui revient au même, de la théologie Franciscaine. A l'exception de l'Allemagne, ou Dietrich de Freiberg, Maître Eckart et Berthold de Moosburg, l'école Dominicaine allemande fondée par Albert le Grand maintient une orientation néo platonicienne originale

La plupart des pays "Universitaires", particulièrement la France et l'Italie, sont imprégnés d'idées anglaises, même les grands tenants du réalisme (Gautier Burley, Jean Wycliff) sont Anglais. Dans la querelle avec l'Empereur, les principaux théologiens partisans du Pape le sont aussi (Gautier de Chatton, Jean Lutterell)











Période d'une extraordinaire fécondité intellectuelle, le XIV, n'est aucunement le siècle le "siècle de décadence" décrit par les historiens qui voient dans le XIII siècle, l'âge de la synthèse scolastique, l'unique sommet du massif médiéval !!

La tendance générale du siècle est à l'émancipation par rapport aux modèles du passé. En Italie un Pétrarque, dénonce avec la dernière violence la science et la philosophie Arabe, l'Averroïsme particulièrement dans le " de sui ipsius et multorum ignorantia ".

Une tradition à la fois anti arabe et anti scolastique s'ébauche ici, qui donnera tout son sens au siècle suivant, au projet Humaniste, réalisme, nominalisme et mysticisme. Le XIV siècle a sa propre réalité, ses modèles, ses obsessions. Aucun auteur ne peut à lui seul prétendre l'incarner tout entier. Dans tout ce qu'il entreprend ou rejette, il doit autant à Duns Scot qu'à Ockham, Eckart et Burley












PS: c'est la transcription littérale du livre de Alain de Libera, votre copiste ne ce serait pas permis d'en changer un mot, je me suis juste permis de retirer les dates afin que ce soit plus agréable à lire. Je vous conseille bien sur de trouver son bouquin M de V